[Kikyo] I - Ainsi vint l'Aurore

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Lerith Il y a 12 mois et 3 jours

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La neige tombait lentement en continu sur les toits tandis qu'elle regardait Yumi jouer avec Akio au travers de la fenêtre. Jouer était un bien grand mot, l'enfant d'abord apeurée par le loups avait fini par ne plus le quitter et lui parlait continuellement. Ne plus avoir peur d'être battue dès qu'elle ouvrait la bouche, cela devait lui faire grand bien. Kikyo restait assise sur le fauteuil son livre sur les genoux, toujours le même. Un jour arriverait-elle à le finir si les dieux le veulent...
Tant de choses arrivaient, voilà qu'elle aspirait à un peu de tranquillité. Elle avait à peine pu remercier Shiho, Murasaki-dono, et surement y avait-il d'autres acteurs de sa libération. Elle avait revu son frère, soulagé de la revoir elle avait pu le rassurer ; elle avait appris que Byakuya aussi était rentré, elle le reverrait bientôt, Sanjuro-nii-sama avait été très clair.

"Nous rentrerons dans les prochains jours."

Rentrer... Elle s'était tellement habituée à séjourner ailleurs qu'au Palais de la Grue qu'elle en avait oublié son devoir d'y retourner maintenant qu'elle était supposée hors de danger. Elle était l'une des derniers samouraïs de la Grue ; Sans le vouloir, elle avait rempli ses fonctions en tant que duelliste Kakita, demeurant auprès d'un seigneur allié quand bien-même fut-il son fiancé. Elle avait joué un rôle dans de nouveaux échanges diplomatiques, même avec le Scorpion, et pouvait maintenant informer son daimyo du retour de Murasaki-dono et du Clan Ise.Oui, il y avait beaucoup à faire et elle était certainement attendue.
Pourquoi ce silence songeur ? Son regard se porta sur le paysage hingashien avant qu'elle ne se lève pour aller rassembler ses affaires, plus par principe que nécessité puisqu'elle avait pris soin de ne jamais les déballer afin de ne pas s'imposer dans l'intimité de Kurusu-dono. Ironique, alors qu'elle se trouvait ici dans sa chambre, et pouvait d'ici l'entendre travailler dans son bureau. Le rythme régulier, parfois interrompu, de la plume grattant le parchemin et du boulier pour tenir les comptes, elle s'y était habituée. Voilà qu'elle restait là, assise devant son sac de voyage, sans avoir rien à faire et tournait en rond dans ses propres pensées. Elle soupira.
"J'ai besoin de faire le vide, après tout ça."
Elle n'avait que peu de blessures, elle pouvait encore porter le daisho. Elle sortit dans le jardin à son tour. Akio leva une oreille, entendant la clochette accrochée à la garde de son katana tinter délicatement alors qu'elle fermait la porte. Yumi s'arrêta de parler, souriant avec innocence. Kikyo s'avança dans le jardin, près de la fontaine, et ferma les yeux avant de tirer lentement la lame de son fourreau, laissant tomber ce dernier au sol.





La lame d'un duelliste n'est tirée que lorsque le sang doit être versé pour la vie ou l'honneur de son seigneur...





"...Ou pour la purifier."
La clochette tinta une fois encore, comme une mélodie silencieuse sous la neige. La lame étincelait sous les reflets d'un pâle soleil d'hiver alors qu'elle dansait. Depuis combien de temps n'avait-elle prié de la sorte offrant aux dieux et aux ancêtres sa grâce et sa dévotion ?
Cette fois, le loups blanc était près d'elle et la regardait avec bienveillance.
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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[bandeau à refaire]


En Orient et après bien des péripéties, le Clan de la Grue peut à nouveau compter l'intégralité de ses membres. Byakuya sauvé d'une étrange secte tandis que Kikyo dévoile une affinité avec les okamis d'un village de montagne près duquel elle a grandi et qui intéresse Garlemald... Sanjuro peut enfin souffler, tout le monde est sauf.
Pas de temps à perdre, l'alliance d'Emeraude n'est pas encore totalement sur pieds et le Palais de la Grue est en pleine reconstruction. Les pierres et le bois envoyés par Kurusu no Akira furent plus que bien accueillies et déjà le bâtiment principal voit ses deux premiers niveaux habitables. Il reste pourtant beaucoup à faire. Des émissaires continuent de venir, alicorne, scorpion, crabe, et même l'ancienne suivante de Tsuki-hime qui compte entreprendre un voyage à l'intérieur des terres ; elle souhaite que Byakuya l'accompagne. Celui-ci demeure hélas cloîtré entre les murs en attendant que l'on décide de son sort. Sa malédiction ne passe plus du tout inaperçu.

De retour chez elle, Kikyo accompagnée de son loups blanc Akio s'est enfermée dans ses nouveaux quartiers pour la nuit. Tous ont remarqué la présence à ses côté de l'animal plus grand que la moyenne dont émane une légère aura ethérée, mais plus que cela ce sont les bruits de couloir et les regards en coin qui lui sont lancés qui la poussent à se faire discrète. On parle beaucoup, depuis son retour, de cette promesse de mariage qui la lie au Daimyo du Lotus Blanc.


"Quand on pense que ce n'est pas la fille légitime du commandant..."

"Il lui auront trouvé une utilité finalement.
- Ils l'échangent contre des matières premières ?
- Yaten-dono y gagne, c'est une sage décision."



"Elle s'en sort plutôt bien, la sœur de l'héritier."


"En d'autres temps, elle n'aurait même pas eu le droit de paraître en public...
- Il faut vraiment que les Kakita soient en mauvaise posture..."



"Ce doit être pour asseoir sa position à la tête du clan.
- Vous avez raison, un coup de son frère de la placer rapidement où il faut."




"Quelle honte..."





Elle referma la porte pour ne plus entendre, et porta un regard sur Akio, couché près du lit. Elle soupira. Les prochains jours allaient être bien longs...
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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[bandeau à refaire]


Elle ouvrit les yeux sur un sentiment de déjà vécu, quand les rayons du soleil passèrent au travers de la fenêtre pour caresser ses paupières. Kikyo remua légèrement, ouvrant les yeux avec difficulté. Il était tard, mais cette fois elle n'entendait pas la plume gratter le papier de l'autre côté de la cloison. Cette fois, elle ne pouvait se tourner sans heurter celui qui l'entourait de ses bras puissants, l'empêchant de trop bouger même dans son sommeil. D'un autre côté, elle n'avait pas besoin de bouger car nul ne l'attendait ailleurs. Ces quelques heures autorisées loin du Palais et de ces appartements solitaires s'étaient transformés en une nuit entière, peut être même un peu plus. Seul son frère aurait pu la demander, mais là où lui l'était il ne lui était pas permit de le suivre.
Ce matin là, aucun élément de son passé ne viendrait la tirer d'ici, elle ferma les yeux, détendue. Repensant à la veille, elle glissa un regard sur la chambre silencieuse. Le feu crépitait dans la cheminée, émanant une douce chaleur, elle voyait la neige tomber dehors.



"Une seule seconde,
se répète à l'infini,
nait l'éternité."



Son regard glissa sur le visage endormi de l'homme couché près d'elle, elle s'en éloigna doucement afin de trouver son yukata... laissé près du bain. Elle soupira, malgré la chaleur du foyer quitter celle des draps lui arracha un frisson. Elle n'avait pris aucun vêtement de rechange, rien n'avait été prévu pour son passage improvisé. Après une brève hésitation, elle se saisit de la tunique qu'il portait la veille et l'enfila. En chemin, son regard croisa l'instrument qu'elle avait déjà accordé en cachette lors de son dernier séjour.
Peut-être était-il temps... maintenant ? Peut-être pas. Mais un fin sourire se dessina, à peine visible, sur ses lèvres tièdes. Elle vint s'asseoir, effleurant les cordes délicatement avant d'en pincer quelques unes jusqu'à ce qu'une douce mélodie se fasse entendre.

Tous les secrets ne sont pas sombres à partager, celui-ci serait un présent.
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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[Bandeau à venir]


Elle avait remercié les servantes, et aidé Yumi à rassembler ses affaires avant de l'accompagner à Kugane, accompagnées d'Akio perché sur son épaule. Sous cette apparence de mascotte inoffensive, il ne risquait plus d'inquiéter personne. Sur tout le trajet depuis Ten no Tsuki, l'enfant n'avait cessé de lui serrer la main, inquiète. Au final, l'antiquaire n'était pas venu. Sans doute le message de Meiken-san l'avait refroidit.
"Tu m'écriras, ne Kikyo-chan ?
- Haî.
- Il y aura d'autres enfants là-bas tu crois ?
- ... Haî. Probablement.
- C'est vrai qu'il y a des griffons comme dans les livres ?
- Tu poses trop de questions, Yumi-chan."

Comment lui en vouloir ? à neuf ans, l’orpheline s'apprêtait à vivre une grande aventure, comme beaucoup. La sienne, heureusement, se ferait avec une personne de confiance. Elle reconnut sur le quai le médecin vêtu d'un haori, un bandeau sur le front. quand elle le vit, Yumi lâcha la main de Kikyo pour courir vers lui.
"Lantis !"
Il sursauta, nerveux, mais sourit en voyant l'enfant se jeter contre sa jambe. Après l'avoir pris sur son bras pour la soulever au niveau de son épaule, il s'adressa à la demi-raenne.
"Tout s'est bien passé ?
- Haî, ne t'en fais pas. Les servantes de Kurusu-dono s'en sont occupé. Quand part votre navire ?
- Dans peu de temps, je ne tiens pas à m'attarder."

Elle acquiesça et posa son regard sur l'enfant.
"Sois sage, ne, Yumi-chan.
- Hm hm !"

Le courage de la petite raenne lui arracha un sourire bref. Elle avait encore la volonté de sourire et de voir la vie comme une fabuleuse aventure alors que sur ses chevilles, on voyait encore les marques des coups de ceintures de son précédent tuteur. Comme pour les effacer du regard de son amie, Lantis tira un peu sur le bas du tissus en déclarant tout bas : "Aller, c'est l'heure Yumi."
Dans un dernier aurevoir de la main, ils disparurent sur le port. Kikyo demeura un temps à cet endroit, récitant une prière silencieuse pour que leur voyage se passe bien. Puis, elle ouvrit son sac devant sa poitrine.
"Aller, saute. On a encore un peu de route à faire."

Ce n'est qu'en milieu d'après midi qu'elle arriva dans les hauteurs, à une petite heure du village de Namaï, dans ce petit village qui abritait autrefois les miko d'un sanctuaire dédié aux kamis gardiens de la forêt. Et puis, les garlemaldais étaient passé par là, avec leurs idéaux et leur volonté de briser toutes les croyances envers les divinités. Elle avait grandi ici, non pas dans un village mais dans le camp de prisonniers qu'ils avaient fait sur ses ruines. C'est ici qu'elle avait appris à marcher, à lire, à écrire, ici qu'elle avait porté des seaux d'eau du lever au midi avant d'aller jouer un peu plus loin pendant que les adultes se portaient volontaires pour les tâches les plus ingrates afin d'obtenir un peu plus de nourriture ou quelques couvertures. C'est ici qu'elle avait été une enfant, une otage, une servante... avant de devenir adulte. Tout au bout du petit chemin, dans la clairière près du petit cabanon où se trouvait encore l'autel, elle s'agenouilla près d'une tombe. Akio repris sa forme naturelle, celle d'un grand loups blanc, et se coucha sous un arbre non loin tel un vigile silencieux.
"Bonjour maman. Pardonne-moi si je ne t'ai pas rendu visite ces dernières années, je n'en suis pas très fière tu sais."
Tout en nettoyant la tombe avec les manches de sa tunique, ternissant sans remords le tissus hors de prix, elle lui raconta tout, tout ce qui s'était passé et pourquoi elle s'était retrouvée, après des années d'absence, enchaînée à cette stèle par des garlemaldais venus provoquer les gardiens ; comment toutes ces personnes étaient venues la sauver alors qu'elle n'attendait aucune aide...
"Je ne sais pas si tu aurais aimé le Clan de la Grue maman. Sans doute as-tu aimé mon père, mais j'ignore si tu aurais pu vivre ainsi, recluse à l'autre bout du Palais comme une pestiférée, concubine mère d'un enfant illégitime... Sanjuro-nii-sama est un frère pour moi, mais il doit se plier à son rang malgré tout, même si cette promesse de mariage me donne sans doute un peu plus de valeur à leurs yeux."
Assise devant la tombe, elle regarda ses mains sales et ses manches noircies par la pierre. Elle n'avait rien d'une noble, au fond. Moitié Kakita, moitié hyure, moitié raenne, moitié domienne, moitié garlemaldaise... y avait-il quoi que ce soit qu'elle fut vraiment ?
Peut-être une chose, oui...
"Je t'ai si souvent demandé de me parler de mon père. Ce n'est ni la richesse, ni le pouvoir de la noblesse... c'est ce regard, n'est ce pas ? C'est ce que tu disais. Sans doute, mon père avait-il le même... je commence à comprendre pourquoi tu l'as aimé sans l'avoir vraiment connu."
Ses joues rosirent légèrement, même à une pierre tombale, parler de lui était toujours aussi délicat. Mais s'il y avait une chose qu'elle se savait être, sans ambiguïté et sans aucun doute possible, qu'elle était de façon pleine et entière, c'était bien sa fiancée et il le lui avait fait comprendre. Elle était pour lui une Grue de plumes et de crocs.
"Je pense que tu l'aurais approuvé, même si... il est différent. Dangereux, on pourrait dire. Mais tu sais il... quand il veut quelque chose..."
Elle fut interrompue par le grognement d'Akio. Elle leva les yeux, le soleil déclinait de plus en plus et l'obscurité commençait à envahir la forêt. Il n'était guère prudent de rester dans les parages à la tombée de la nuit. Les esprits sont agités en ce moment. Kikyo se leva et se hissa sur le dos de son compagnon, saisissant le harnais qu'elle lui avait fait confectionner sur mesure.
"Je reviendrais, je te parlerai de lui davantage."
Sur ces derniers mots, le loups poussa sur ses pattes et s'élança vers le Sud.
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours

Le Byakuren, apaisé, dormait paisiblement à sa juste place, l'un comme l'autre d'ailleurs. Si le katana demeurait en sommeil dans le dojo, l'héritier avait fini par s'endormir lui aussi peu avant l'aube, tenant fermement contre lui une autre de ses possessions. Les yeux de Kikyo étaient quant à eux encore bien ouverts, et sa main posée sur le cœur du Hyurois, elle ne disait rien. La fatigue était pourtant bien présente, la récupération de la relique ne fut pas sans heurt. Elle s'était pourtant contentée de suivre, d'observer et de n'intervenir que si la vie d'un homme était menacée. Malgré cela, elle avait encaissé en plein fouet le déferlement de puissance du Byakuren. Toute la puissance de l'okami -qu'elle contrôlait encore à grand peine- n'avaient pas été de trop pour survivre et même là, elle sentait encore les brûlures de la foudre sur tout son corps, et ce malgré la nuit.
Les marques étaient encore visibles un peu partout sur le corps d'Akira, qui avait tenté une première fois de le dominer la veille. Il y aurait encore de nombreuses tentatives infructueuses comme celle-là, et de nombreuses blessures à soigner.
Elle ferma les yeux, profitant de l'instant, espérant trouver le sommeil...

Akio était nerveux. Habituellement couché en bas sur l'un des canapés du salon ou sur le tapis, il avait passé la nuit dans le couloir devant la porte de la chambre et n'avait de cesse de se lever, de descendre puis de remonter les escaliers pour se coucher à nouveau. Il regardait par toutes les fenêtres et semblait tourner en rond, agité. le hanyo sentait quelque chose, la présence de la relique ne l'aurait pas perturbé autant mais son réveil avait éveillé en lui de nouveaux instincts, ainsi qu'en sa maîtresse.


Quatre silhouettes dans une forêt, quatre animaux courent et défilent dans le fourré. La peur, la colère, le désespoir... le gout du sang, des machines de guerre. Un vrillement dans sa tête. Un cri comme un millier d'âmes torturées. Tout devient rouge. Tout devient noir...


Kikyo se réveilla en sursaut, elle se redressa, en sueur. Il faisait grand jour dehors bien que les rideaux soient tirés et la pièce encore sombre.
Qu'est ce que c'était ? Encore un cauchemar ?
Celui-ci n'avait rien à voir avec ceux qu'elle faisait d'ordinaire, sur son passé et sur les horreurs qu'elle, comme tant d'autres, avaient vu à la guerre. Le drap remonté contre sa poitrine, elle replia les genoux et y posa son front, la respiration saccadée. Il ne fallut guère longtemps avant qu'elle ne sente le matelas s'affaisser derrière son dos et que deux bras entourent ses épaules. Il savait pour Akio, il savait aussi pour ses cauchemars, sans doute lui aussi songeait à une mauvaise association des deux mais cette fois cela n'avait rien à voir.
Ce n'est pas qu'un rêve, je suis certaine que ces visions ont un sens... quelque chose va arriver...
Le fil de ses pensées fut interrompu par la voix de son fiancé, alors qu'il resserrait son étreinte autour d'elle. Comme à chaque fois, il ne lui était plus possible de penser à autre chose. Elle se souvint du lieu où elle se trouvait, avec qui, et des mots de la veille auxquels s'ajoutèrent ceux-ci.
"Pas maintenant, anata. Cette nuit n'est pas encore finie."
Elle se laissa retomber en arrière, entre ses bras. Le soleil était déjà haut dans le ciel pourtant, mais le tigre obtient toujours ce qu'il veut, même de remonter le temps si tel était son désir entre ses murs.
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours


[size=5]"Vous êtes un homme dangereux, Akira-sama.
- Dites-moi quelque chose que j'ignore."
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Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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"Tu as bien compris, Kikyo.
- Hai, dono. Je ne vous décevrais pas."

Elle retourna dans ses quartiers, en silence, sans croiser un seul visage connu. Les invités s'étaient massé dans le bâtiment principal, seul ayant la capacité de les loger. Traversant les jardins, elle vit les grues paisibles prendre n bain au clair de lune. Les statues, même celles qui avaient été brisées, étaient désormais propres et ce qui avait autrefois fait la fierté de cette demeure pompeusement appelée "Palais de la Grue" retrouvait peu à peu de sa beauté. Elle s'arrêta au carrefour entre les cinq allées, perdue dans ses pensées.
Les tas de gravas avaient disparu, la grande porte reconstruite, le toit du dojo refait... tout ce qui restait, vestige des jours plus sombres de l'occupation, étaient les fondations en ruines des quatre bâtiments annexe, qui abritaient autrefois les quatre familles. Un autel de fortune avait été dressé devant celle des Daidoji, tout le monde priait pour un miracle. Mais elle n'avait guère le cœur à prier ce soir. Demain, à l'endroit où elle se trouvait, Byakuya danserait afin d'ouvrir la cérémonie. Tout le monde ou presque était arrivé, des kimono de différentes couleurs et des Mon tel que le Phénix, l'Alicorne, le Crabe... et bien sûr, Pluma Noctis.

"Kikyo-chan."
Elle se sortit de ses pensées au son de la voix de son frère. Il était là, le visage à la fois doux et neutre, dans son kimono d'apparat. La famille Kakita avait fait en sorte de placer l'héritier en position de force lors de l'accueil des clans de l'Alliance Emeraude et de faire de son magistrat une figure vue par tous et partout. Elle se tourna vers lui et s'inclina respectueusement.
"Sanjuro-nii-sama. Je vois que vous êtes prêts pour demain.
- Haî. Tu as vu Yaten-dono ?
- Hm."
Elle hocha doucement la tête, détournant le regard un bref instant. "Il semble que... les négociations aillent bien mieux que prévu.
- Oui. Que ce soit le Clan du Lotus Blanc ou Pluma Noctis, nous avons maintenant des appuis solide. Notre position au sein de l'Alliance est assurée, ainsi que notre futur. Nous ne dépendrons bientôt plus que d'une chose : la volonté du seigneur Hien."

Tandis qu'ils marchaient, ils regagnèrent le petit pavillon en annexe du bâtiment principal. De loin, on aurait pensé à un petit temple ou un entrepôt, mais c'est ici qu'elle logeait. Fille illégitime, mais promise à un allié de marque, elle avait été à la fois isolée et gâtée, disposant de ses quartiers à part en bord de promontoire, donnant sur la mer, la chambre idéale pour un invité de prestige. Elle ne s'en plaignait pas, et cela plairait sans doute à Kurusu-dono demain.
Quand ils arrivèrent devant la porte, la servante vint les accueillir alors que deux ouvriers quittaient les lieux.
"Oh, Kakita-dono, tout est près pour accueillir votre invité ! je viens d'installer un deuxième futon. Le bain de Kikyo-hime est prêt."
La demi-raenne baissa les yeux. Elle peinait encore à s'habituer à ce titre qui, il y a une semaine à peine, lui était encore interdit. Toute servante qui aurait eu l'audace de la nommer ainsi aurait été sévèrement punie mais maintenant que l'évènement était officié, daté et tout proche, elle n'entendait que cela.
"Bien. Prenez soin de ma sœur."
Sanjuro posa sur son épaule une main chaude et affectueuse, bien que son regard demeure sans expression. Il l'avait dès le début appelé "ma sœur" et ce bien avant que sa position au sein du clan ne soit revalorisée par son utilité politique. Elle aimait cela. Elle leva les yeux vers lui sans avoir besoin de dire quoi que ce soit.
"Demain, Kikyo-chan. Demain tout commence."
Sans rien ajouter il posa ses deux mains sur ses épaules et lui baisa le front avant de s'en retourner vers le bâtiment principal. Kikyo le regarda s'éloigner avant de se diriger vers le petit pavillon, suivie par la servante qui resta sur le pas de la porte.
"Y a t-il quoi que ce soit que je puisse faire pour vous, Kikyo-hime ?
- iee. Vous pouvez vous retirer."

Elle n'entendit que le claquement léger de la porte coulissante qui se referma sur elle.
"..."

Un deuxième futon avait bien été installé à côté du sien derrière le paravent et il flottait dans l'air un parfum de thé et de vanille. Sa robe l'attendait sur le canapé, ainsi qu'un peigne à cheveux portant l'emblème de la Grue et orné d'une fleur de lotus blanc ; un présent de Yaten-dono. Mais ce ne fut pas cela qui capta son attention, mais le daisho resplendissant posé sur le présentoir. Le premier à sortir de la forge Kakita, une lame légère et solide qu'elle ne pourrait toucher avant demain. Elle en effleura le fourreau du bout des doigts.
"Nous y sommes", songea t-elle à haute voix. Demain elle se serait pas seulement fiancée, elle allait aussi prêter serment au Lotus Blanc et offrir cette lame à un seigneur allié. Délaissant le katana elle délaissa ses getas pour se diriger vers son bain ; le thé était servi. Portant à ses lèvres la tasse en terre elle contempla l'aquarium.
"Demain, tout commence."
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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"Faites en sorte que cela ne se reproduise plus."
Tels furent les seuls mots qu'il prononça, avant de les congédier tous les deux hors de la salle d'audience. Byakuya et Kikyo se retrouvèrent une fois de plus seuls dans l'antichambre entre la cour principale et le cœur du Palais de la Grue. La colère glaçante de Yaten-dono suffisait à leur malaise, il n'avait pas eu besoin de hausser le ton ni même de les punir. Il avait entendu leur récit, et consentit à leur proposition après que Kikyo lui ai transmit le soutient inflexible et entier du Lotus Blanc. "En voilà au moins un qu'il ne fut pas difficile de satisfaire" avait-il simplement déclaré, sur le ton du reproche, en fixant Kikyo. Et puis rien, rien de plus, à eux de régler cela.

"Est-ce que... tu veux un moment pour voir ton frère ?
- Veux-tu... aller voir ta sœur ?"

La question de l'un comme la réponse de l'autre étaient lourds de sens. Ils voulaient quitter les lieux au plus vite, et en finir avec cette histoire. Ils décidèrent de rentrer sans tarder pour Hingashi. Moins de deux jours plus tard, une date était fixée et ils se préparaient pour le voyage vers Kumo. Un voyage bref, un aller retour, un passage, ils ne pouvaient s'éterniser mais au moins faire ce qu'il faut.
"Kikyo, tes cheveux...?!"
Byakuya était entré dans le bureau, elle avait encore son tanto dans une main, sa chevelure blanche dans l'autre.
"Ils refusent que je le fasse, mais ne me demande pas de ne pas assumer ma part de responsabilités.
- Kikyo, tu n'as rien fait de mal !
- Rien, dis-tu ?"

Elle avait accepté de l'accompagner, de ne voir poser son front contre le sol et présenter ses excuses au nom du Clan de la Grue pour un acte qu'elle seule avait commise. Non, elle se rendrait à Kumo en portant ses responsabilités, son geste indigne d'une duelliste Kakita. 

Oh ça, personne ne le lui reprochait. Les Kusakari reprochaient la forme, les Kakita reprochaient l'humiliation, Byakuya louait la sagesse et Kurusu-dono pardonnait la témérité, mais elle, elle ne se pardonnait pas, et ce bien qu'elle ne regrette rien. 
"Vous avez sauvé plus d'une vie ce soir" avait-il dit. Personne n'en saurait jamais rien, une fois les excuses présentées et l'amitié entre les deux clans rétablies. Elle avait prôné le duel non pas pour l'honneur, non pas pour protéger Kurusu-dono ou empêcher Yatsurugi-san d'intervenir, elle ne l'avait fait pour le prestige ou sous l'influence de Kurokami, ni même dans la panique. Elle l'avait fait pour protéger Buhen-san, rien d'autre. Elle savait qu'en tant que Daimyo, pour une telle insulte, il était partit pour la châtier, la tuer même. Elle avait vu la rage dans ses yeux, la détermination dans sa lame. En prônant le duel, c'est à lui qu'elle avait manqué de respect, à son propre seigneur. Elle avait prôné le duel pour l'inciter à combattre jusqu'au premier sang, à ne pas réclamer sa tête dans l'instant.
Elle avait bafoué son serment, et touché la frontière du déshonneur pour sauver une vie. Et cela, lui seul le savait puisqu'il était le seul à part elle, à savoir ce qu'il aurait pu vouloir à ce moment si elle n'était pas intervenue. "Vous avez sauvé plus d'une vie ce soir" avait-il dit. S'il avait tué Buhen no Koharu, qu'il fut ou non dans son bon droit, les Kusakari l'auraient tué en retour, et en se défendant il aurait sans doute fait d'autres victimes. Plus d'une vie, avait-elle sauvé. Plus d'une faute avait-elle commise aussi...

Elle avait regardé Byakuya présenter ses excuses. Elle avait fixé sa nuque tout au long du voyage. Elle l'avait écouté lui répéter qu'elle n'avait rien fait de mal. "Si." Pensait-elle. "J'ai manqué de respect envers mon seigneur. Qu'il me pardonne et dise que j'ai bien agi, je n'en ai cure, cela n’efface en rien ce que j'ai fait. Et c'est aux autres de se repentir à ma place."
Elle marchait seule, sans Akio pour une fois, le bruissement de son Ao Dài dans le silence d'une marche sous les cerisiers en fleurs. C'était la première fois qu'elle assistait, de loin à cette fête si importante pour les jeunes filles. Combien de fois sa mère lui en avait-elle parlé, combien de fois s'était-elle prise à rêver d'un Sénéchal pour exaucer son vœu derrière les barreaux de sa prison. Un vœu, quel serait-il aujourd'hui ? Sa main se porta à ses cheveux coupés. Ils repousseront, comme l'honneur se reconstruit, comme le pardon se gagne, mais le pardon de qui ? Perdue dans ses pensées, elle ne s'aperçut pas tout de suite qu'elle s'était arrêtée sous un cerisier.
Son regard solitaire s'éleva, alors qu'un murmure s'échappait de ses lèvres, couvert par le vent.


"Je souhaite..."
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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"Pourquoi devenir bushi ?
- Pour protéger ceux qui en ont besoin, kakita-hime.
- Qui croyez-vous protéger, alors que vous n'êtes pas capable de vous protéger vous-même ?"

Mineko ne répondit pas, tête baissée alors que Kikyo tenait dans ses mains son katana familial. Une arme vieille, émoussée, de piètre qualité... autant que la qualité de son service. Et la duelliste la fixait avec une froideur que nul ne lui connaissait encore, excepté les autres duellistes du clan. Mais Mineko n'était même pas encore membre du clan, elle n'avait pas mérité cet honneur et chaque pas qu'elle faisait la faisait paraître toujours plus misérable aux yeux de la demi-raenne. Toujours à s'excuser, toujours à dire qu'elle dérange, et toujours à plus déranger par ses excuses incessantes et son incapacité à savoir ce qu'elle veut qu'à agir.
"Dame Kakita..?"
M'ulmo et Kynan étaient sortit du relai pour descendre sur la plage, à la demande d'Everill toujours inquiète d'avoir vu sa maîtresse sortir avec deux femmes en leur demandant de prendre leurs armes. Pourtant, Kikyo ne sembla pas remarquer leur présence.
"Vous n'avez aucune discipline, aucune maturité, aucun sens des responsabilités, aucune conscience de vos propres caprices. Caprices d'une enfant qui veut jouer à la guerre comme s'il s'agissait d'un roman. Asahina-dono n'a pas besoin d'une enfant de plus à surveiller comme du lait sur le feu."
M'ulmo Uhet hésitait à approcher, le regard fixé sur la samourai. Quand elle la vit lever l'arme de Mineko, elle esquissa un geste mais Kynan la retint d'une main sur son épaule et se pencha pour lui murmurer quelque chose. Natsumi restait impassible, solide comme un roc ainsi que se devait d'être la nouvelle meneuse du Clan du Crabe en devenir. Mineko ferma les yeux, attendant son châtiment...
... la lame se planta dans le sable, à deux centimètres de son visage. Kikyo recula lentement, sans la quitter du regard, laissant ainsi le tsuba du katana à la verticale.
"Je vous laisse deux choix."
On n'entendait plus que le bruit des vagues s'écrasant sur la plage derrière eux.
"Prenez votre sabre d'enfant capricieuse, et disparaissez avant minuit, et ne reparaissez plus jamais devant nous. Ainsi vous libèrerez Asahina-dono de votre sottise. ou alors..."
Mineko écoutait, sans bouger, sans rien dire...
"Laissez-la ici avec cette arme émoussée et fragile, représentatrice de votre faiblesse. Abandonnez-les, et devenez une servante de la Grue digne du rang auquel vous aspirez. Ne demandez plus jamais pardon, car vous ne ferez plus jamais rien qui vous obligera à demander pardon. Ne baissez plus jamais les yeux, car vous ferez en sorte de ne plus jamais avoir à rougir de vos actes. Et jurez de ne retoucher à une arme que le jour où vous serez digne de porter un daisho de la Grue."
Il passa plus d'une minute avant que Mineko, les yeux rivés sur son vieux katana, se décide à ouvrir la bouche.
"Je jure de ne plus retoucher à une arme tant que je ne serais pas digne de porter un daisho de la grue.
- Faites-lui vos adieux. Demain, je commence votre entrainement."

Elle dévia alors son regard de la raenne à genoux sur le sable et se dirigea vers les escaliers menant au relai. Elle passa près des deux aventuriers, impérieuse et glaciale. Le silence régnait sur la jetée.


Le lendemain, à l'aube, Mineko était au même endroit, attendant son heure. Alors que le soleil commençais à poindre à l'horizon, Kikyo apparut à nouveau en haut des escaliers. Mineko s'inclina.
"Commençons.
- Haî, Kakita-hime."

La duelliste la fixait, moins froide que la veille mais tout aussi ferme.
"Courrez.
- Ha-... haî. Jusqu'où ?
- Jusqu'à ce que vous tombiez à genoux de fatigue."

Elle marqua un temps, se retourna et prête à commencer sa course sur la plage elle posa une nouvelle question.
"Et... ensuite ?
- Recommencez."

Mineko s'en fut alors, sous le regard de Kikyo, faire des tours de plage au pas de course. Celle-ci demeurait impassible, assise le dos droit, la regardant passer une fois, dix fois, vingt fois jusqu'à ce qu'elle tombe de fatigue. Puis une fois assez reposée pour se relever, la disciple reprenait sa course de plus en plus fébrile.
Une heure, deux heures, dix heures s'écoulèrent sur cette longue journée... il n'est pas de limite à la perfection Kakita.
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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[bandeau à refaire]


Le soleil printanier, la douceur du littoral, tout à Shirogane en cette période de l'année semblait inspirer la joie de vivre et pourtant une jeune femme restait assise sur un banc face à la mer, silencieuse, depuis un moment. Sa main posée sur le tsuba de son katana, doublé d'un second katana dont la lame luisait d'un éclat vert au travers du fourreau. Elle suivait, d'un œil absent, la course régulière de sa "disciple" courant sur la plage.
Les nuits étaient difficiles, et les journées compliquées. La politique, encore, occupait les discussions de l'Alliance Emeraude et son statut n'était guère aisé. Celui de la Grue d'une manière générale, surtout au vu de l'état de Yaten-dono, mais Byakuya-san le portait avec droiture et dignité.
"Il est diplomate, pas moi."
Voilà ce qu'elle essayait de se répéter pour se convaincre, en vain. Elle se sentait incapable et inutile. Même si Kurokami et l'Araignée étaient vaincus, ils n'en auraient pas terminé et cela pourrait se finir tragiquement. "Vous avez peur de me perdre" avait dit Akira-sama, lorsqu'ils avaient évoqué ce possible duel à mort. Bien sur qu'elle avait peur, au fond qui était-elle ? Certainement pas une Hime, tout juste une duelliste, et au-delà de ça une femme ordinaire qui avait grandi dans la plus basse condition, sans aucune possession. Elle ne s'accrochait ni la richesse, ni le prestige de sa nouvelle condition, elle s'accrochait au rêve d'une femme simple de finir ses jours auprès de celui qui possède son cœur. La guerre pouvait l'enlever à tout moment, il pouvait toujours mourir au combat, mais pouvait-elle accepter qu'il livre sa vie au sort d'un duel d'honneur ?
"Je suis duelliste, plus que quiconque je sais qu'il en a le droit."
Mais elle était sa lame, c'était son rôle d'offrir sa vie si affront il devait laver. Elle se sentait plus isolée encore. Il la protégeait, oui, mais il lui refusait de remplir sa mission à ses côtés. il la forçait à rester silencieuse et spectatrice, se contentant de prier pour qu'on n'en arrive à cette extrémité.


"Tous payeront les conséquences."


Cette voix dans son esprit ne cessait de grandir. Ce n'était ni la sienne, si celle d'Akira-sama, encore moins celle de son frère. C'était celle de Byakuya. Il commençait enfin à trouver un peu d'apaisement dans son quotidien malgré ses dernière "frasques" qu'elle tâchait de couvrir.
Cela aussi, elle devait l'assumer. Aider, éponger, dissimuler... pour l'honneur de la Grue, pour la gloire de son frère, pour le regard de son seigneur. Elle réfléchissait des heures, conseillait dans l'ombre, s'épuisait à petit feu.


"Ils te détruisent, ils se détruisent. Tu ne fais que retarder l'inévitable."


La douleur grandissait dans son ventre, au niveau de sa blessure. Était-ce la pression ? les inquiétudes contenues ou encore la souillure qui se nourrissait d'un tout ?
La demi-raenne plongea son visage dans ses mains. Elle devait tenir, ne pas flancher, ne pas sombrer. Les sentiments n'ont pas de place, l'amour est moins important que l'honneur, son cœur doit servir et non réclamer. Quel seigneur serait-il s'il se laissait insulter ? Quelle épouse serait-elle si elle ne le soutenait pas ? Quelle Grue serait-elle si elle ne se montrait pas intransigeante ? Quel monde sera le sien, si le cauchemar l'emporte...


"Tu es en train de détruire ton rêve."

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