[Kikyo] I - Ainsi vint l'Aurore
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Elle s'apprêtait à rentrer à Shirogane, sa main était déjà posée sur l'ethérite quand un cri affolé résonna sur la linkperle. Un appel au secours ô combien attendu par Kikyo depuis plus de deux semaines, un seul mot lui vint à cet instant : "enfin !"
"L’hôpital est attaqué, ils ont invoqué un démon dans le hall !
- Que tous les hommes disponibles me suivent à la Lavandière, prenez des cristaux de feu et de foudre !"
Plus de quinze jours à feindre le désintérêt, après avoir reçu les rapports d'Octavia, Nashasha et Khaidai. Quinze jours à étudier les plans de l’hôpital avec Alexois pour préparer cette attaque, jusqu'à accepter de se rendre à cette audience des Deux Vipères afin d'avoir l'occasion de leur parler discrètement de tout ceci puisqu'elle savait les mouvements de l'Ordre surveillés par cette secte. Oui, elle avait utilisé Nahko comme appât et savait depuis le début que l’hôpital serait tôt ou tard le théâtre de combats... et elle s'y était préparée, faute de savoir quand et comment ils attaqueraient.
Elle se retrouva devant la porte avec Nazah et Gualeb, autour d'eux, les gardes qui n'étaient pas morts combattaient toujours les intrus.
"Une fois à l'intérieur, suivez mes ordre.
- Oui madame !
- Gualeb, quoi qu'il arrive, tenez cette porte c'est leur seule issue. Nazah, montez directement !
- Bien, Haut-Commandeur !"
La porte s'ouvrit avec fracas, mais ils furent aussitôt accueilli par l'énorme démon à cornes qui les chargea à l'extérieur. Kikyo esquiva la bête mais Gualeb fut projeté contre le mur et Nazah vola dehors. Sans perdre un instant, elle s'élança vers les escaliers. Elle entendait Mikh'a crier depuis la chambre sécurisée où Nahko était gardée depuis des jours, il n'y avait qu'un seul passage pour y accéder, et pour en sortir. La duelliste fusa en ligne droite, vu l'espace étroit cela aurait été manquer un auroch dans un magasin de porcelaine, mais l'un d'eux lança sur les escaliers une dague explosive. Elle évita la première, puis la seconde, mais ne put éviter l'éffondrement de l'escalier et se retrouva de nouveaux en bas, aux prises avec l'un d'eux.
A l'étage, une vague d'eau propulsa l'un des intrus par dessus la rambarde, Mikh'a défendait corps et âme leur protégée. Gualeb tenait tête à la création du Néant comme il pouvait, Nazah s'était portée au renfort du Haut-Commandeur mais impossible maintenant de prendre les escaliers.
"Derrière moi, un ascenseur mène au niveau des bains à l'étage, fonce !" lui cria Kikyo.
La miqo'te s’exécuta. Cela faisait maintenant plus d'une heure qu'ils tenaient le bâtiment, et toujours aucune trace de renforts des Deux Vipères.
"Bon sang qu'est ce qu'ils font ?!"
Gualeb commença à canaliser son ether pour en finir avec le démon, mais celui-ci leur envoya une décharge ethérée rougeâtre en cône qui les envoya contre le mur. Gualeb s'écrasa sur le sol un peu plus loin, Kikyo heurta la colonne avec fracas avant de retomber, inconsciente. Le choc avait été très violent...
"L’hôpital est attaqué, ils ont invoqué un démon dans le hall !
- Que tous les hommes disponibles me suivent à la Lavandière, prenez des cristaux de feu et de foudre !"
Plus de quinze jours à feindre le désintérêt, après avoir reçu les rapports d'Octavia, Nashasha et Khaidai. Quinze jours à étudier les plans de l’hôpital avec Alexois pour préparer cette attaque, jusqu'à accepter de se rendre à cette audience des Deux Vipères afin d'avoir l'occasion de leur parler discrètement de tout ceci puisqu'elle savait les mouvements de l'Ordre surveillés par cette secte. Oui, elle avait utilisé Nahko comme appât et savait depuis le début que l’hôpital serait tôt ou tard le théâtre de combats... et elle s'y était préparée, faute de savoir quand et comment ils attaqueraient.
Elle se retrouva devant la porte avec Nazah et Gualeb, autour d'eux, les gardes qui n'étaient pas morts combattaient toujours les intrus.
"Une fois à l'intérieur, suivez mes ordre.
- Oui madame !
- Gualeb, quoi qu'il arrive, tenez cette porte c'est leur seule issue. Nazah, montez directement !
- Bien, Haut-Commandeur !"
La porte s'ouvrit avec fracas, mais ils furent aussitôt accueilli par l'énorme démon à cornes qui les chargea à l'extérieur. Kikyo esquiva la bête mais Gualeb fut projeté contre le mur et Nazah vola dehors. Sans perdre un instant, elle s'élança vers les escaliers. Elle entendait Mikh'a crier depuis la chambre sécurisée où Nahko était gardée depuis des jours, il n'y avait qu'un seul passage pour y accéder, et pour en sortir. La duelliste fusa en ligne droite, vu l'espace étroit cela aurait été manquer un auroch dans un magasin de porcelaine, mais l'un d'eux lança sur les escaliers une dague explosive. Elle évita la première, puis la seconde, mais ne put éviter l'éffondrement de l'escalier et se retrouva de nouveaux en bas, aux prises avec l'un d'eux.
A l'étage, une vague d'eau propulsa l'un des intrus par dessus la rambarde, Mikh'a défendait corps et âme leur protégée. Gualeb tenait tête à la création du Néant comme il pouvait, Nazah s'était portée au renfort du Haut-Commandeur mais impossible maintenant de prendre les escaliers.
"Derrière moi, un ascenseur mène au niveau des bains à l'étage, fonce !" lui cria Kikyo.
La miqo'te s’exécuta. Cela faisait maintenant plus d'une heure qu'ils tenaient le bâtiment, et toujours aucune trace de renforts des Deux Vipères.
"Bon sang qu'est ce qu'ils font ?!"
Gualeb commença à canaliser son ether pour en finir avec le démon, mais celui-ci leur envoya une décharge ethérée rougeâtre en cône qui les envoya contre le mur. Gualeb s'écrasa sur le sol un peu plus loin, Kikyo heurta la colonne avec fracas avant de retomber, inconsciente. Le choc avait été très violent...
A son réveil, Arthurin était là. L'elezen avait quitté son poste, la situation devait être grave. Elle et les autres se trouvaient dans l'infirmerie. Elle n'était pas vraiment blessée, même si sa tête lui faisait encore mal et que ses membres craquaient de partout. L'armure avait encaissé la plupart des dégâts.
Dès qu'elle eut retrouvé ses esprits, elle se redressa.
"Où sont les autres ?!"
Arthurin baissa les yeux.
"Gualeb est encore inconscient, Nazah a été blessée aux pieds... les assaillants ont pu repartir avec Nahko, ils ont ouvert un portail du Néant à l'intérieur du bâtiment...
- C'est impossible, personne ne peut survivre au Néant...!"
Alors c'était tout ? L'échec après une telle préparation ? Arthurin gardait les yeux baissés, les lèvres pincées comme s'il avait eu une boule dans la gorge.
"... Le médecin ?
- Il n'a pas survécu... madame. Il s'est battu jusqu'au bout."
Elle sentit alors monter la rage, et un regain d'énergie. Elle savait qui étaient les coupables.
"Mon arme, Arthurin.
- Madame, ce n'est pas...
- MON ARME !"
Dès qu'elle eut retrouvé ses esprits, elle se redressa.
"Où sont les autres ?!"
Arthurin baissa les yeux.
"Gualeb est encore inconscient, Nazah a été blessée aux pieds... les assaillants ont pu repartir avec Nahko, ils ont ouvert un portail du Néant à l'intérieur du bâtiment...
- C'est impossible, personne ne peut survivre au Néant...!"
Alors c'était tout ? L'échec après une telle préparation ? Arthurin gardait les yeux baissés, les lèvres pincées comme s'il avait eu une boule dans la gorge.
"... Le médecin ?
- Il n'a pas survécu... madame. Il s'est battu jusqu'au bout."
Elle sentit alors monter la rage, et un regain d'énergie. Elle savait qui étaient les coupables.
"Mon arme, Arthurin.
- Madame, ce n'est pas...
- MON ARME !"
Elle était arrivée à Gridania encore dans son armure et les cheveux dénoués, personne ne l'avait arrêtée mais dans le bureau où elle fut reçue, on entendait sa voix depuis le couloir. Jamais elle n'avait démontré une telle rage, même lors de l'audience.
"Est-ce à nous de défendre les quartiers résidentiels à votre place ?! Je vous avais prévenu, je vous ai fait passer toutes les informations obtenues par mes hommes dont les derniers rapports datent de moins de quatre jours ! Où étaient les Deux Vipères hier soir ?! Ces individus ont invoqué un démon au cœur de la Lavandière, à moins de trente yalms des habitations !
- C'est la guerre, nos effectifs sont limités...!
- UNE HEURE ! Nous avons tenu le bâtiment pendant UNE HEURE alors que vous saviez. Trois semaines de travail en prévision de cette attaque et vous avez tout fait rater. La fille a été enlevée, et un civil est mort par votre faute ! Sans parler des soldats que vous avez laissé mourir à leur poste sans réagir !"
Dans le couloir, le temps semblait s'être arrêter. On n'entendait plus qu'à peine les balbutiements de l'officier à travers la porte. Face à la fureur de cette femme qui n'avait pourtant aucune autorité en ces lieux, la culpabilité de la grande compagnie était évidente. Ils n'avaient rien fait, ils avaient laissé faire, sans doute avaient-ils sous-estimé la menace songeant qu'une poignée d'aventuriers se battant contre une poignée de cultistes, même en plein secteur résidentiel, se règlerait facilement.
Quand la porte s'ouvrit, l'homme était encore assis à son bureau, ratatiné sur sa chaise. Kikyo allait partir, quand il osa l'interpeler une dernière fois, d'une voix incertaine :
"Qu'allez-vous faire maintenant, dame Kurusu ?
- Mon travail."
Nul ne survit dans le Néant, et il n'existe aucune autre forme de portail. Nahko était d'ores et déjà morte à ses yeux, Milirkis qui avait voulu la suivre aussi. S'ils ne l'étaient pas, ils étaient au minimum rongés par la corruption et il faudrait abréger leurs souffrances.
Avant de rentrer, elle retourna à la Lavandière constater les dégâts matériels. Elle ne le supportait pas. Le poing serré, elle se força à contempler les vestiges de sa toute première défaite.Tant de travail et de préparation, aucun de ses hommes n'avait démérité à ses yeux pas même Octavia dont l'efficacité avait permit de prévoir cette attaque des semaines à l'avance. Une vie avait été perdue... elle le connaissait à peine.
"Est-ce à nous de défendre les quartiers résidentiels à votre place ?! Je vous avais prévenu, je vous ai fait passer toutes les informations obtenues par mes hommes dont les derniers rapports datent de moins de quatre jours ! Où étaient les Deux Vipères hier soir ?! Ces individus ont invoqué un démon au cœur de la Lavandière, à moins de trente yalms des habitations !
- C'est la guerre, nos effectifs sont limités...!
- UNE HEURE ! Nous avons tenu le bâtiment pendant UNE HEURE alors que vous saviez. Trois semaines de travail en prévision de cette attaque et vous avez tout fait rater. La fille a été enlevée, et un civil est mort par votre faute ! Sans parler des soldats que vous avez laissé mourir à leur poste sans réagir !"
Dans le couloir, le temps semblait s'être arrêter. On n'entendait plus qu'à peine les balbutiements de l'officier à travers la porte. Face à la fureur de cette femme qui n'avait pourtant aucune autorité en ces lieux, la culpabilité de la grande compagnie était évidente. Ils n'avaient rien fait, ils avaient laissé faire, sans doute avaient-ils sous-estimé la menace songeant qu'une poignée d'aventuriers se battant contre une poignée de cultistes, même en plein secteur résidentiel, se règlerait facilement.
Quand la porte s'ouvrit, l'homme était encore assis à son bureau, ratatiné sur sa chaise. Kikyo allait partir, quand il osa l'interpeler une dernière fois, d'une voix incertaine :
"Qu'allez-vous faire maintenant, dame Kurusu ?
- Mon travail."
Nul ne survit dans le Néant, et il n'existe aucune autre forme de portail. Nahko était d'ores et déjà morte à ses yeux, Milirkis qui avait voulu la suivre aussi. S'ils ne l'étaient pas, ils étaient au minimum rongés par la corruption et il faudrait abréger leurs souffrances.
Avant de rentrer, elle retourna à la Lavandière constater les dégâts matériels. Elle ne le supportait pas. Le poing serré, elle se força à contempler les vestiges de sa toute première défaite.Tant de travail et de préparation, aucun de ses hommes n'avait démérité à ses yeux pas même Octavia dont l'efficacité avait permit de prévoir cette attaque des semaines à l'avance. Une vie avait été perdue... elle le connaissait à peine.
Aucune vie ne vaut plus qu'une autre,
aucune vie ne mérite qu'on en sacrifie plusieurs pour une chance de la sauver.
Ils avaient de toute façon déjà perdu plus qu'ils ne pouvaient gagner.
aucune vie ne mérite qu'on en sacrifie plusieurs pour une chance de la sauver.
Ils avaient de toute façon déjà perdu plus qu'ils ne pouvaient gagner.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
"Je te l'ai dit maintes fois, je ne serais jamais une entrave pour toi."
Elle l'avait toujours su. Depuis le début, depuis le premier pas en arrière, cela ne pouvait durer. Elle avait maintes fois tenté d'y mettre un terme et enjoint sa suivante à renoncer à elle, demeurer auprès des siens malgré le lien qui grandissait de jour en jour... et il avait grandi, rendant cette séparation attendue de plus en plus difficile.
"...Il n'y a pas de chaîne, seule la volonté d'être pour l'autre ce que nous attendons de nous-même. Je n'ai cédé certaines choses de moi qu'à vous et ne le referai jamais..."
Elle rendait tout si compliqué, à parler et parler pour ne rien dire. Autant de défauts qu'elle avait appris à aimer.
"C'est ce qui me différencie de ta famille, Shinme. Là où ils soutiennent parce qu'ils aiment avant tout... moi je l'aime, parce que je le soutiens. Il est mon seigneur avant d'être mon époux. Il est mon guide, avant d'être mon amant. Alors oui, je suis complice de tout ce qu'ils rejettent, et je le suis de mon plein gré, avec ou sans l'alliance que je porte. Mais au moins, je ne me cache pas derrière ce voile de "famille" qui pousse à se mêler de la vie des autres, et à vouloir vous imposer leur vision alors que tu dis que vous êtes tous libres de faire ce que bon vous semble. Inelis était libre de faire ce que bon lui semblait et regarde ce qu'ils te font à cause de son choix ? Ce choix qui ne semblait pas la déranger outre mesure quand nous prenions le thé au relais avant hier."
Glaçante, tranchante. Elle n'éprouvait aucun regret, aucune rancœur. Shinme tremblait, elle aussi voulait paraitre dure mais la raenne peinait à contenir ses sanglots. Le regard rivé sur la mer, les cheveux noués dans une queue de cheval haute, elle tira de son armure une dague affûtée. Kikyo savait ce qu'elle allait faire, elle lui avait si souvent parlé de cette symbolique au sein de son clan. C'était inutile.
Ce fut le seul geste que la Grue de Diamant eut envers son ancienne suivante, posa sa main sur l'arme sans se tourner vers elle.
"Cesse. Inelis a déjà perdu un doigt pour satisfaire tes amis. Et tu vois ce que cela a apporté."
Si elle avait su... si seulement elle avait su qu'Inelis ne faisait pas cela pour elle, pour sa propre rédemption, mais dans l'espoir de faire taire l'Egide à propos de l'Ordre et de son clan... son Clan qui ne connaissait même pas leur existence, un comble. Si seulement elle l'avait su, elle l'en aurait empêché.
Shinme tremblait.
"Je ne sais même pas si je vous reverrais. Souffla t-elle.
- Oublie moi, et tout ce qui a pu nous lier. Vois leur sourire satisfait apaiser ton cœur qui ne sera plus jamais tiraillé par leurs perpétuels reproches. Ils ont gagné."
Elle inspira profondément.
"Nous ne nous reverrons plus. Ni toi, ni Inelis, ne devez revenir au relais. Ne vous approchez plus de moi. Ne cherchez plus à me voir, ni à me parler. Accusez-moi de tout, conspuez mon ordre et mon clan. Faites de moi le monstre que je dois être à vos yeux pour vivre en paix avec ceux que vous avez choisi de suivre."
Shinme abaissa sa dague, son bras reposant le long de son flanc. Kikyo croisa ses mains devant elle, et laisse sa voix mourir devant un silence de glace. Telle une statue, elle ne bouge plus et seuls ses cheveux volent encore dans le vent marin.
"Pars Shinme, avant de regretter."
Celle-ci secoua la tête, les poings serrés. Elle repris alors, plus fort et plus ferme.
"Pars je te dis ! fais-le ou c'est eux que tu perdras."
Après toute cette souffrance, il n'était pas question de la faire douter, de lui faire des reproches ou même de plaider sa cause. L'heure n'était plus au débat, c'en était terminé. Elle l'entendit alors réciter entre deux hochements de tête :
Elle l'avait toujours su. Depuis le début, depuis le premier pas en arrière, cela ne pouvait durer. Elle avait maintes fois tenté d'y mettre un terme et enjoint sa suivante à renoncer à elle, demeurer auprès des siens malgré le lien qui grandissait de jour en jour... et il avait grandi, rendant cette séparation attendue de plus en plus difficile.
"...Il n'y a pas de chaîne, seule la volonté d'être pour l'autre ce que nous attendons de nous-même. Je n'ai cédé certaines choses de moi qu'à vous et ne le referai jamais..."
Elle rendait tout si compliqué, à parler et parler pour ne rien dire. Autant de défauts qu'elle avait appris à aimer.
"C'est ce qui me différencie de ta famille, Shinme. Là où ils soutiennent parce qu'ils aiment avant tout... moi je l'aime, parce que je le soutiens. Il est mon seigneur avant d'être mon époux. Il est mon guide, avant d'être mon amant. Alors oui, je suis complice de tout ce qu'ils rejettent, et je le suis de mon plein gré, avec ou sans l'alliance que je porte. Mais au moins, je ne me cache pas derrière ce voile de "famille" qui pousse à se mêler de la vie des autres, et à vouloir vous imposer leur vision alors que tu dis que vous êtes tous libres de faire ce que bon vous semble. Inelis était libre de faire ce que bon lui semblait et regarde ce qu'ils te font à cause de son choix ? Ce choix qui ne semblait pas la déranger outre mesure quand nous prenions le thé au relais avant hier."
Glaçante, tranchante. Elle n'éprouvait aucun regret, aucune rancœur. Shinme tremblait, elle aussi voulait paraitre dure mais la raenne peinait à contenir ses sanglots. Le regard rivé sur la mer, les cheveux noués dans une queue de cheval haute, elle tira de son armure une dague affûtée. Kikyo savait ce qu'elle allait faire, elle lui avait si souvent parlé de cette symbolique au sein de son clan. C'était inutile.
Ce fut le seul geste que la Grue de Diamant eut envers son ancienne suivante, posa sa main sur l'arme sans se tourner vers elle.
"Cesse. Inelis a déjà perdu un doigt pour satisfaire tes amis. Et tu vois ce que cela a apporté."
Si elle avait su... si seulement elle avait su qu'Inelis ne faisait pas cela pour elle, pour sa propre rédemption, mais dans l'espoir de faire taire l'Egide à propos de l'Ordre et de son clan... son Clan qui ne connaissait même pas leur existence, un comble. Si seulement elle l'avait su, elle l'en aurait empêché.
Shinme tremblait.
"Je ne sais même pas si je vous reverrais. Souffla t-elle.
- Oublie moi, et tout ce qui a pu nous lier. Vois leur sourire satisfait apaiser ton cœur qui ne sera plus jamais tiraillé par leurs perpétuels reproches. Ils ont gagné."
Elle inspira profondément.
"Nous ne nous reverrons plus. Ni toi, ni Inelis, ne devez revenir au relais. Ne vous approchez plus de moi. Ne cherchez plus à me voir, ni à me parler. Accusez-moi de tout, conspuez mon ordre et mon clan. Faites de moi le monstre que je dois être à vos yeux pour vivre en paix avec ceux que vous avez choisi de suivre."
Shinme abaissa sa dague, son bras reposant le long de son flanc. Kikyo croisa ses mains devant elle, et laisse sa voix mourir devant un silence de glace. Telle une statue, elle ne bouge plus et seuls ses cheveux volent encore dans le vent marin.
"Pars Shinme, avant de regretter."
Celle-ci secoua la tête, les poings serrés. Elle repris alors, plus fort et plus ferme.
"Pars je te dis ! fais-le ou c'est eux que tu perdras."
Après toute cette souffrance, il n'était pas question de la faire douter, de lui faire des reproches ou même de plaider sa cause. L'heure n'était plus au débat, c'en était terminé. Elle l'entendit alors réciter entre deux hochements de tête :
"Inévitables ;
mère des étoiles est son reflet ;
monstres du peuple."
mère des étoiles est son reflet ;
monstres du peuple."
Shinme releva les bras pour, d'un coup net, venir sectionner la queue de cheval à sa racine.
"Plus rien de noble ;
éclat d'ambre évanoui ;
je suis ma honte."
éclat d'ambre évanoui ;
je suis ma honte."
Kikyo détourna le regard.
"Tu as choisi.
- J'ai choisi."
Shinme rabattit ses bras puis relâcha, d'un mouvement, la chevelure et dague vers la mer, vers les airs, tout se confondant dans l'alizé marin, disparaissant dans l'épais voile nocturne.
"J'apprendrai à ne plus vous aimer. Mais jamais je ne trahirai ce que vous avez été pour moi, l'intimité de nos moments précieux. Je ne serai, simplement, plus cette personne. Kikyo."
Elle ne dit rien, elle n'entendait que les sanglots étouffés de l'éclat d'ambre désormais terne. Elle maudissait tous ceux qui par leur égoïsme l'avaient ainsi contrainte à plier par peur de perdre ses proches. Elle attendait simplement qu'elle parte. Mais une fois encore, elle entendit sa voix s'adresser à elle.
"Vous méritez tant.
- iee."
Le ton se fit plus sec, mais aussi plus bas. Elle refusait de laisser entendre la moindre de ses émotions si elle venait à parler trop fort.
"J'ai mérité de te perdre, car j'ai tenu à ne pas te faire la même chose que ce qu'ils te faisaient. Pas une fois je n'ai tenté d'influencer ta pensée, ou fait le moindre reproche. J'ai refusé d'entrer dans ce jeu. Et je t'ai perdu. Si c'était à refaire, je ne changerai rien. Maintenant laisse Chusei et mon emblème, et disparais de ma vie."
Entre les sanglots et le bruissement du vent marin sur les herbes haute, elle ne put discerner que deux mots dans la bouche de celle qu'elle affectionnait tant.
"Ne ... pas ... regretter..."
Shinme contenait ses pleurs autant qu'elle le pouvait. Elle détacha, lentement, les mains tremblantes, le fourreau, les ornements, la grue de diamant qu'elle avait jusque là porté avec fierté. Kikyo demeura immobile telle une statue tournée vers la mer. Son cœur se glaçait un peu plus chaque seconde.
"Laissez ... Laissez, je vous en prie, Inelis en dehors de cela. Elle a déjà payé le prix. Je ... Je ne souhaite pas qu'elle porte les conséquences de mes actes.
- Je ferais ce que bon me semblera, Shinme. Ses actes nous ont bien punies toutes les deux."
Il fallait que cela se termine vite, avant que la colère ne remplace toute raison.
"Je vous ai aimé, plus que l'on entendrait aimer un époux ou tout amant.
- Vas t-en."
Les pas de Shinme s'éloignant conclurent cette histoire. Akio, couché un peu plus loin, couinait silencieusement. Venir auprès d'elle n'aurait servi à rien. Elle ne plia pas les genoux, ne s’effondra pas, elle resta simplement debout face à la mer durant de longues minutes jusqu'à ce qu'un appel sur sa linkperle se fasse entendre.
"Kikyo ?"
C'était Byakuya. Elle mit un long moment, plus de dix minutes avant de répondre. Entretemps, son regard s'était durcit, il était devenu plus glaçant que jamais.
"Que veux-tu ?
- J'arrive plus à utiliser la magie correctement..."
D'autres problèmes appelaient. D'autres combats l'attendaient. Elle avait expérimenté l'amitié fusionnelle, sincère, protectrice, un sentiment plus fort que l'affection sincère qu'elle éprouvait pour les membres de l'Ordre, un lien différent de celui qu'elle partageait avec Byakuya et semblable à ce qu'elle éprouvait pour Lantis. Elle avait aimé, on ne l'y reprendrait plus.
"Il n'en est qu'un seul qui, dans la passion comme dans le conflit, ne m'a jamais déçu."
Le soleil se couchait sur la Noscea, dont la chaleur annonçait l'été qui approche mais ne pouvait réchauffer ce cœur désormais de glace. Kikyo Kurusu, la Grue de Diamant, retourna auprès des siens. Si l'Histoire retenait son nom, on dirait un jour d'elle qu'elle eut une seule véritable amie, et passa le restant de ses jours à tenter de l'oublier...
"Tu as choisi.
- J'ai choisi."
Shinme rabattit ses bras puis relâcha, d'un mouvement, la chevelure et dague vers la mer, vers les airs, tout se confondant dans l'alizé marin, disparaissant dans l'épais voile nocturne.
"J'apprendrai à ne plus vous aimer. Mais jamais je ne trahirai ce que vous avez été pour moi, l'intimité de nos moments précieux. Je ne serai, simplement, plus cette personne. Kikyo."
Elle ne dit rien, elle n'entendait que les sanglots étouffés de l'éclat d'ambre désormais terne. Elle maudissait tous ceux qui par leur égoïsme l'avaient ainsi contrainte à plier par peur de perdre ses proches. Elle attendait simplement qu'elle parte. Mais une fois encore, elle entendit sa voix s'adresser à elle.
"Vous méritez tant.
- iee."
Le ton se fit plus sec, mais aussi plus bas. Elle refusait de laisser entendre la moindre de ses émotions si elle venait à parler trop fort.
"J'ai mérité de te perdre, car j'ai tenu à ne pas te faire la même chose que ce qu'ils te faisaient. Pas une fois je n'ai tenté d'influencer ta pensée, ou fait le moindre reproche. J'ai refusé d'entrer dans ce jeu. Et je t'ai perdu. Si c'était à refaire, je ne changerai rien. Maintenant laisse Chusei et mon emblème, et disparais de ma vie."
Entre les sanglots et le bruissement du vent marin sur les herbes haute, elle ne put discerner que deux mots dans la bouche de celle qu'elle affectionnait tant.
"Ne ... pas ... regretter..."
Shinme contenait ses pleurs autant qu'elle le pouvait. Elle détacha, lentement, les mains tremblantes, le fourreau, les ornements, la grue de diamant qu'elle avait jusque là porté avec fierté. Kikyo demeura immobile telle une statue tournée vers la mer. Son cœur se glaçait un peu plus chaque seconde.
"Laissez ... Laissez, je vous en prie, Inelis en dehors de cela. Elle a déjà payé le prix. Je ... Je ne souhaite pas qu'elle porte les conséquences de mes actes.
- Je ferais ce que bon me semblera, Shinme. Ses actes nous ont bien punies toutes les deux."
Il fallait que cela se termine vite, avant que la colère ne remplace toute raison.
"Je vous ai aimé, plus que l'on entendrait aimer un époux ou tout amant.
- Vas t-en."
Les pas de Shinme s'éloignant conclurent cette histoire. Akio, couché un peu plus loin, couinait silencieusement. Venir auprès d'elle n'aurait servi à rien. Elle ne plia pas les genoux, ne s’effondra pas, elle resta simplement debout face à la mer durant de longues minutes jusqu'à ce qu'un appel sur sa linkperle se fasse entendre.
"Kikyo ?"
C'était Byakuya. Elle mit un long moment, plus de dix minutes avant de répondre. Entretemps, son regard s'était durcit, il était devenu plus glaçant que jamais.
"Que veux-tu ?
- J'arrive plus à utiliser la magie correctement..."
D'autres problèmes appelaient. D'autres combats l'attendaient. Elle avait expérimenté l'amitié fusionnelle, sincère, protectrice, un sentiment plus fort que l'affection sincère qu'elle éprouvait pour les membres de l'Ordre, un lien différent de celui qu'elle partageait avec Byakuya et semblable à ce qu'elle éprouvait pour Lantis. Elle avait aimé, on ne l'y reprendrait plus.
"Il n'en est qu'un seul qui, dans la passion comme dans le conflit, ne m'a jamais déçu."
Le soleil se couchait sur la Noscea, dont la chaleur annonçait l'été qui approche mais ne pouvait réchauffer ce cœur désormais de glace. Kikyo Kurusu, la Grue de Diamant, retourna auprès des siens. Si l'Histoire retenait son nom, on dirait un jour d'elle qu'elle eut une seule véritable amie, et passa le restant de ses jours à tenter de l'oublier...
...Et que la seule larme qu'elle versa dans sa vie fut pour elle.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Debout près du pantin, les mains croisées dans le dos, elle attendait l'heure avec une certaine apréhension. Sur l'aeronef, les autres demeuraient silencieux, attendant eux aussi de voir à l'horizon l'ombre d'un navire pirate en route vers le lieu de rendez-vous... rendez-vous qu'ils ne devaient jamais atteindre.
Dans un cliquetis mécanique, le pantin l'informa qu'ils avaient atteint le périmètre de recherche.
"Bien, on se rassemble pour une dernière mise au point..."
Le plan avait été préparé longtemps à l'avance, adapté plusieurs fois au nombre et aux possibilités de "surprises" adverse. Ne jamais sous-estimer un pirate, même si la dernière victoire de l'Ordre sur la fratrie des Trois-Crânes avait été écrasante, André ne se laisserait pas abattre si facilement. Un homme désespéré, souhaitant en finir, est toujours capable du pire. Il voulait emmener des impériaux avec lui, après tout. Si encore ce n'était que ça, elle l'aurait laissé faire mais la capture de jeunes sahuagins influençables et le vol d'une énorme quantité de cristaux corrompus ne laissaient envisager rien de bon quant à la "façon" dont il voulait en finir.
"...Voilà pourquoi, si la bombe devait échouer et que nous devions aborder le navire, votre priorité sera les sahuagins. Nous devons les empêcher, par tous les moyens, d'invoquer Leviathan."
Chacun avait sa mission. Elle porta un regard sur Nazah, dans sa tenue de surineuse, la miqo'te avait une double mission ce soir. Son devoir envers la Guilde des Surineurs n'était en rien incompatible avec celle de l'Ordre, et elle avait accepté de la soutenir. Qu'importe les demandes implicites du Maelstrom, André voulait mourir, il ne se laisserait jamais capturer vivant et elle ne risquerait pas ses hommes pour le garder en vie à tout prix.
Le capitaine devra couler avec son navire.
Elle fera les yeux. Khaidai rompit le silence :
"Kikyo, je sens une forte concentration d'ether au loin.
- Tout le monde à son poste."
Dans un cliquetis mécanique, le pantin l'informa qu'ils avaient atteint le périmètre de recherche.
"Bien, on se rassemble pour une dernière mise au point..."
Le plan avait été préparé longtemps à l'avance, adapté plusieurs fois au nombre et aux possibilités de "surprises" adverse. Ne jamais sous-estimer un pirate, même si la dernière victoire de l'Ordre sur la fratrie des Trois-Crânes avait été écrasante, André ne se laisserait pas abattre si facilement. Un homme désespéré, souhaitant en finir, est toujours capable du pire. Il voulait emmener des impériaux avec lui, après tout. Si encore ce n'était que ça, elle l'aurait laissé faire mais la capture de jeunes sahuagins influençables et le vol d'une énorme quantité de cristaux corrompus ne laissaient envisager rien de bon quant à la "façon" dont il voulait en finir.
"...Voilà pourquoi, si la bombe devait échouer et que nous devions aborder le navire, votre priorité sera les sahuagins. Nous devons les empêcher, par tous les moyens, d'invoquer Leviathan."
Chacun avait sa mission. Elle porta un regard sur Nazah, dans sa tenue de surineuse, la miqo'te avait une double mission ce soir. Son devoir envers la Guilde des Surineurs n'était en rien incompatible avec celle de l'Ordre, et elle avait accepté de la soutenir. Qu'importe les demandes implicites du Maelstrom, André voulait mourir, il ne se laisserait jamais capturer vivant et elle ne risquerait pas ses hommes pour le garder en vie à tout prix.
Le capitaine devra couler avec son navire.
Elle fera les yeux. Khaidai rompit le silence :
"Kikyo, je sens une forte concentration d'ether au loin.
- Tout le monde à son poste."
"Ils nous attendaient !"
Le Corbeau glissa contre le mur d'eau qui servait de bouclier au navire des pirates. Elle entendit Ivanhault jurer et demander s'ils avaient déjà commencé l'invocation. Elle espérait que non. L'aeronef remonta après cet assaut sans succès. Les deux mages s'appliquaient à créer une faille dans le bouclier tandis qu'ils reprenaient de l'altitude. Ils eurent le temps de voir le sourire des pirates, à la fois dédaigneux et impatients.
Évidemment, André savait qu'ils le poursuivraient jusqu'à la fin. Il attendait ce combat, l'effet de surprise n'était donc pas total... qu'à cela ne tienne, ils avaient un Khaidai.
"Faites-moi sauter ce bouclier !
- Haut-Commandeur, ils lâchent des bêtes de guerre !"Cria Oyuun.
Dans la nuit et le vent de plus en plus fort, ils aperçurent deux zu montés par des xaelas au travers du rideau de pluie. Ils se séparèrent, l'un prenant à tribord où se trouvait la bombe, l'autre à bâbord.
"Oyuun, descends-le ! Protégez les mages !"
L'archère toucha l'aide, le sabre de Kikyo toucha le bec de l'autre qui tenta d'attaque sur la gauche. Sleeping Magma, Dannaroth et Nazah se ruèrent en renfort.
Le premier combat serait donc à bord du Corbeau, mais les deux Dotharl n'avaient pas l'air de pirates convaincus. Excellent combattant, certes, mais peu enclin à mourir ce soir. Quand l'un se fit trancher le bras, l'autre pris la fuite avant de mourir à son tour sous les poings du roegadyn. Oyuun tira une dernière flèche, en vain, le zu s'envole vers le Nord, laissant à leur sort l'autre oiseau et son cavalier à agonisant.
"Maintenant Kikyo, il y a une faille !"
Aucun répit, le combat n'était pas terminé.
"A vos postes, parés à larguer la bombe !"
Le Corbeau glissa contre le mur d'eau qui servait de bouclier au navire des pirates. Elle entendit Ivanhault jurer et demander s'ils avaient déjà commencé l'invocation. Elle espérait que non. L'aeronef remonta après cet assaut sans succès. Les deux mages s'appliquaient à créer une faille dans le bouclier tandis qu'ils reprenaient de l'altitude. Ils eurent le temps de voir le sourire des pirates, à la fois dédaigneux et impatients.
Évidemment, André savait qu'ils le poursuivraient jusqu'à la fin. Il attendait ce combat, l'effet de surprise n'était donc pas total... qu'à cela ne tienne, ils avaient un Khaidai.
"Faites-moi sauter ce bouclier !
- Haut-Commandeur, ils lâchent des bêtes de guerre !"Cria Oyuun.
Dans la nuit et le vent de plus en plus fort, ils aperçurent deux zu montés par des xaelas au travers du rideau de pluie. Ils se séparèrent, l'un prenant à tribord où se trouvait la bombe, l'autre à bâbord.
"Oyuun, descends-le ! Protégez les mages !"
L'archère toucha l'aide, le sabre de Kikyo toucha le bec de l'autre qui tenta d'attaque sur la gauche. Sleeping Magma, Dannaroth et Nazah se ruèrent en renfort.
Le premier combat serait donc à bord du Corbeau, mais les deux Dotharl n'avaient pas l'air de pirates convaincus. Excellent combattant, certes, mais peu enclin à mourir ce soir. Quand l'un se fit trancher le bras, l'autre pris la fuite avant de mourir à son tour sous les poings du roegadyn. Oyuun tira une dernière flèche, en vain, le zu s'envole vers le Nord, laissant à leur sort l'autre oiseau et son cavalier à agonisant.
"Maintenant Kikyo, il y a une faille !"
Aucun répit, le combat n'était pas terminé.
"A vos postes, parés à larguer la bombe !"
Il y eu un flash, et une détonation. Le mur d'eau vola en éclat, retombant en une brume nocturne opaque. Pendant plusieurs minutes, le silence fut, tandis que le corbeau s'éloignait de la zone d'impact afin de faire demi tour. Puis soudain, un chant s'éleva dans les airs, et l'Aventurier sortit des brumes toutes voiles dehors, allant vers les lieu de rendez-vous. La bombe avait détruit le bouclier, mais pas le navire.
"Préparez-vous pour l'abordage."
Ils s'étaient entraînés pour ça. si leurs informations étaient exactes, l'équipage était grandement réduit, le combat était jouable s'ils faisaient vite. Sur le pont supérieur, six hommes armés jusqu'aux dents les attendaient, chantant leur hymne malgré la pluie qui leur fouettait le visage. Ils se tenaient entre eux et André, voilà donc ce qui restait de l'équipage et de la fratrie des Trois Crânes. Kikyo fronça les sourcils, implacable.
Ils ont choisi leur façon de mourir.
Le Corbeau passa au-dessus de la poupe, Khaidai faisait de son mieux pour maintenir la stabilité dans le vent de plus en plus violent. L'un après l'autre, ils saisirent un cordage pour descendre en rappel.
Comme prévu, ils ouvrirent la voie à Oyuun qui fonça droit sur André. Les pirates ne semblaient déjà plus humains. Ils avaient les yeux ronds, des dents de requin, tout ce qui aux yeux de la demi-raenne touchait à une mutation magique. Il fallait y mettre un terme. Elle vit Sleeping Magma écraser l'un d'eux à peine arrivé sur le pont, lui brisant la nuque, Dannaroth en passa un autre par-dessus bord, lui ne cachait pas son plaisir à faire couler le sang mais dans le feu de l'action Kikyo ne pouvait guère y prêter attention, elle couvrait Oyuun du mieux qu'elle pouvait.
Dans le feu de l'action, elle vit Ivanhault passer à travers la verrière, il voulait atteindre les entrailles du navire sans doute à la recherche des sahuagins et des cristaux. Elle voulut le couvrir mais une détonation lui vrilla les tempes. Oyuun venait de prendre une balle dans l'épaule, et de passer par-dessus la balustrade vers le pont inférieur.
"Tseh" fit André avant de sauter à sa suite, et de disparaitre de leur champ de vision.
Nazah cria le nom de son commandeur, cherchant à la rejoindre, bloquée par une elezenne. San attendre, elle frappa les jambes de cette dernière avec force.
"Vas accomplir ton devoir."
La miqo'te acquiesça, et fonça vers le pont inférieur sans regarder derrière elle.
Le combat était de toute façon presque terminé. Ceux qui n'étaient pas morts le seraient bientôt. Sleeping bondit à son tour au travers de la verrière, Dannaroth et Kikyo se retrouvèrent les derniers sur le pont. Elle le fixa quelques secondes, peu approbatrice de son attitude, mais ils n'avaient pas le temps. La voix de Khaidai résonna dans sa linkperle :
"Kikyo, je sens de l'ether qui approche.
- Les impériaux ?
- Et comment je le saurais ?!" Répondit l'aveugle.
Elle secoua la tête, elle avait posé la question par pure réthorique. Dans son esprit cela ne faisait aucun doute qu'il s'agissait des navires ennemis.
Dannaroth était déjà descendu, elle le suivit. Elle le réprimanderait plus tard. En bas, André se tenait face à Nazah, un pistolet pointé sur Oyuun inconsciente et blessée.
Ils n'avaient plus le temps, et cette conversation n'avait aucune issue possible. Nazah n'attaquait pas, de peur qu'il tire, Ivanhault sortit des cales attendait de pouvoir intervenir, pris en otage par des sahuagins que Sleeping Magma s'occupait à neutraliser un à un par derrière. Dannaroth se tenait près de Nazah. Kikyo profita alors que le regard d'André passait de l'un à l'autre pour sortir son propre petit calibre et lui tirer dans la tête. On entendit un "merci !" de la part d'Ivanhault alors qu'André reculait, une main sur la tempe. Elle ne l'avait pas tué, mais restabilisé suffisamment pour qu'il lâche son arme.
Nazah, dagues en mains, s'occupa du reste.Sur l'ordre de Kikyo, Dannaroth descendit rapidement à la poudrière. Il constata bien vite que le navire entier était rempli de matières inflammable. Les pirates étaient bel et bien partit pour se faire sauter avec les navires impériaux. Ivanhault se précipita vers Oyuun.
"Il faut l'évacuer.
- On évacue, les impériaux approchent."
Ils remontèrent sur le Corbeau rapidement. Sleeping Magma voulut abréger les souffrances du capitaine pirate mais Nazah le retint. La miqo'te le laissa sur le pont, seul, deux dagues dans le ventre après qu'il lui ai murmuré quelque chose qu'elle seule avait entendu.
Depuis l'aeronef, ils virent André s'accrocher à la barre avant que le navire n'explose. Avec lui, la Fratrie des Trois Crâne disparaissait dans les flammes.
Nazah, dagues en mains, s'occupa du reste.Sur l'ordre de Kikyo, Dannaroth descendit rapidement à la poudrière. Il constata bien vite que le navire entier était rempli de matières inflammable. Les pirates étaient bel et bien partit pour se faire sauter avec les navires impériaux. Ivanhault se précipita vers Oyuun.
"Il faut l'évacuer.
- On évacue, les impériaux approchent."
Ils remontèrent sur le Corbeau rapidement. Sleeping Magma voulut abréger les souffrances du capitaine pirate mais Nazah le retint. La miqo'te le laissa sur le pont, seul, deux dagues dans le ventre après qu'il lui ai murmuré quelque chose qu'elle seule avait entendu.
Depuis l'aeronef, ils virent André s'accrocher à la barre avant que le navire n'explose. Avec lui, la Fratrie des Trois Crâne disparaissait dans les flammes.
De retour à Brumée, on envoya Oyuun directement en salle d'opération. Alexois était déjà sur place, il avait tout préparé pour leur retour. Les blessés n'avaient plus qu'à se rendre dans la clinique pour l'inspection habituelle de fin de mission.
Kikyo avait été blessée durant les combats. L'un des Dotharl avait frappé son épaule, laissant un hématome sous l'armure, la pointe de la lance d'un sahuagin avait réussi à lui percer la chair au niveau de la hanche avant que celui-ci ne cherche à lui lacérer le visage à coup de griffes. Un rude combat, enfin terminé. Elle endura sans broncher les soins "xaela" de Khaidai, efficaces mais douloureux.
Elle entendait Sleeping Magma parler de sa déception à Nazah de l'autre côté du rideau. Pour Dannaroth, il n'avait pas tort mais le moment était mal choisi pour lui faire des reproches. Il ne comprenait pas non plus pourquoi Nazah avait laissé André agoniser au lieu d'abréger ses souffrances. Elle tenta de lui expliquer qu'elle avait simplement respecté sa dernière volonté mais pour lui c'était se chercher des excuses. Le roegadyn choisit de partir, elle se contenta d'acquiescer et de lui souhaiter bonne continuation. Encore un qui alimenterait les rumeurs sur la "moralité douteuse" des Quatre Tours. Un de plus, un de moins, ça n'avait pas d'importance pour elle.
La mission était remplie, les deux missions en réalité. Le Maelstrom serait satisfait, même s'ils n'avaient pas pu récupérer le navire. Les surineurs seraient satisfaits aussi. Elle n'avait de compte à rendre à personne d'autre quant à ses décisions, pour Dannaroth... cela attendrait demain.
Une fois soignée, elle ne s'attarda pas. après avoir laissé son armure à l'atelier elle rentra à Ten no Tsuki afin de regagner le lit conjugal où son époux, une fois n'est pas coutume, s'était couché avant elle. Sa lame de diamant posée sur son râtelier, elle quitta son haori pour se glisser dans les draps, sans un mot.
Kikyo avait été blessée durant les combats. L'un des Dotharl avait frappé son épaule, laissant un hématome sous l'armure, la pointe de la lance d'un sahuagin avait réussi à lui percer la chair au niveau de la hanche avant que celui-ci ne cherche à lui lacérer le visage à coup de griffes. Un rude combat, enfin terminé. Elle endura sans broncher les soins "xaela" de Khaidai, efficaces mais douloureux.
Elle entendait Sleeping Magma parler de sa déception à Nazah de l'autre côté du rideau. Pour Dannaroth, il n'avait pas tort mais le moment était mal choisi pour lui faire des reproches. Il ne comprenait pas non plus pourquoi Nazah avait laissé André agoniser au lieu d'abréger ses souffrances. Elle tenta de lui expliquer qu'elle avait simplement respecté sa dernière volonté mais pour lui c'était se chercher des excuses. Le roegadyn choisit de partir, elle se contenta d'acquiescer et de lui souhaiter bonne continuation. Encore un qui alimenterait les rumeurs sur la "moralité douteuse" des Quatre Tours. Un de plus, un de moins, ça n'avait pas d'importance pour elle.
La mission était remplie, les deux missions en réalité. Le Maelstrom serait satisfait, même s'ils n'avaient pas pu récupérer le navire. Les surineurs seraient satisfaits aussi. Elle n'avait de compte à rendre à personne d'autre quant à ses décisions, pour Dannaroth... cela attendrait demain.
Une fois soignée, elle ne s'attarda pas. après avoir laissé son armure à l'atelier elle rentra à Ten no Tsuki afin de regagner le lit conjugal où son époux, une fois n'est pas coutume, s'était couché avant elle. Sa lame de diamant posée sur son râtelier, elle quitta son haori pour se glisser dans les draps, sans un mot.
"Vous, aventuriers, n'êtes pas si différents de moi."
Les dernières paroles d'André l'empêchèrent de dormir pendant un moment.
Les dernières paroles d'André l'empêchèrent de dormir pendant un moment.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
"Misaki-san est installée dans l'une des chambres, en attendant demain."
Kikyo était redescendue dans la grande salle d'audience. Elle savait qu'il y était encore, elle s'attendait à ce qu'il parle d'elle et de sa décision. A Noscea, nombre d'hommes accusaient bêtement Akira Kurusu de son meurtre, pour un cadavre trouvé portant poétiquement une fleur de lotus. Midori Miyake était bel et bien morte, et désormais libérée de son passé sous un nouveau nom, au service de son clan.
"Bien. En vérité, j'attends simplement de voir comment elle se comportera demain soir.
- Demain soir. Vous voulez qu'elle... soit présente ?
- Oui."
Ses mains jointes devant elle se crispèrent légèrement.
"Murasaki-san aussi, je présume.
- Murasaki, Akame, et elle, seront présente. J'imagine que puisque Shinme avait accompagné Inélis, celle-ci lui rendra la pareille. Je doute qu'elle soit capable de se tenir.
- Vous comptez autoriser Inélis dans l'enceinte du bâtiment ?
- Tout dépendra de leur attitude."
Elle tâchait de se tenir droite et de se focaliser sur les questions de sécurité. Elle ne voulait pas parler d'elle, de ce qui se passerait demain soir. Il lui avait accordé une audience, Shinme savait mieux que personne ce qu'elle risquait puisqu'elle avait vu Inélis le doigt coupé.
Mais le Tigre n'était pas dupe. La toisant en silence, il reprit.
"J'ignore encore si sa volonté d'entrer dans la tanière du tigre pour lui parler est courageux, ou bien une preuve de l'image qu'elle a d'elle même."
Elle détourna le regard, hésitant à répondre. Ne rien dire rendrait la chose plus facile, comme il serait aisé de la blâmer jusqu'à la rabaisser plus bas que terre, se convaincre de sa vilenie. Comme il serait aisé... mais injuste.
"Je ne me permettrais pas de présumer, souffla t-elle. Je pensais la connaître. J'ignore si je la connais encore."
Elle pouvait sentir sur elle le regard sévère de son mari. Ce n'était pas le regard du jugement, ni même de la désapprobation. Il attendait. Mais elle ne dit rien.
"Vous êtes incertaine, finit-il pas déclarer.
- Oui. Mais pas sur mes sentiments à son égard.
- Son insolence n'a que trop duré. Penser pouvoir passer par moi, pour vous atteindre, et m'utiliser comme un pion, sera puni.
- Pensez-vous que c'est là son objectif ?
- Pour quoi d'autre ?"
L'audience redevint silencieuse un moment. Akira Kurusu demeurait Implacable et inflexible. En toutes autres circonstances, elle aurait soutenu une telle rigidité. Il allait toujours au bout de ses idées, au bout de ses convictions sans jamais se laisser atteindre, c'était ce genre de choix qui faisait qu'il était lui et qu'elle l'aurait suivi sans réserve jusqu'au bout du monde. Et pourtant... elle hésitait. Etait-ce parce qu'elle connaissait trop bien Shinme ?
"Elle vous craint. Elle aura cherché par tous les moyens à vous éviter, à éviter d'avoir affaire à vous par peur que vous ne m'ordonniez de me séparer d'elle. Vous seriez la dernière personne en qui elle verrait un moyen de revenir vers moi."
Ayant prononcé ces mots, elle rassembla son courage et reporta son regard sur le Tigre.
"Sur le plan stratégique, ajouta t-elle, cela n'a aucun sens à moins d'être désespérée au point de risquer sa tête.
- Exactement."
Elle réprima un frisson. Le visage de Shinme au moment où elle coupait ses cheveux lui revint en mémoire. Le désespoir dans ses yeux, puis le vide. Elle devait lutter pour ne pas s'en émouvoir, que cette boule dans son ventre ne prenne pas le pas sur la raison.
"C'est bien ce qu'il se dit, non ? Qu'elle n'est que l'ombre d'elle-même."
Il insistait volontairement. La mettait-il à l'épreuve ? Ses poings se serrèrent, et elle détourna à nouveau le regard.
"Lorsque les gens sont au bord du gouffre, il suffit d'un simple geste pour les y pousser. Fermer les yeux est possible un temps. Comment disent les Eorzéens...le beurre et l'argent du beurre.
- Je ne suis pas une girouette que l'on peut tourner selon le sens du vent."
Son regard se fit plus dur. Là où l'appel de sa suivante désespérée captait son attention, celui-ci ne pouvait percer la glace qui entourait maintenant son cœur. Elle releva les yeux sur son seigneur avec plus d'assurance pour affronter son regard. Celui-ci fronça légèrement les sourcils.
"Suis-je en train de parler de vous ?"
- iee. Mais si c'est ce qu'elle désire... comment ose t-elle ? Elle sait ce que je lui ferais pour un tel affront. Elle sait qu'elle n'a rien à y gagner. Comment pourrait-elle croire que vous, vous seriez plus clément ?"
Cela n'avait aucun sens.
" C'est pour cela que j'ai accepté de lui offrir une audience. Entre ces murs, je peux exécuter selon mon bon vouloir qui que ce soit s'y trouvant.
- Vous allez la tuer ?"
Akira regarda Kikyo, impassible.
"Oui."
Son cœur s'arrêta, son sang se glaça, elle demeura figée le regard vide d'émotion alors qu'à l'intérieur de son esprit un coup de tonnerre venait de retentir. Il allait la tuer, il le ferait. Il ne disait jamais rien sans le penser même s'il lui arrivait de réviser son avis.
Elle chercha dans ses prunelles d'améthyste une faille, n'importe laquelle, en vain.
"Elle a brisé votre cœur, après tout."
Il n'y en avait aucune, elle le savait. Il était vain d'ignorer ce qu'elle seule savait mieux que quiconque, ce que tout le monde croyait inexistant : l'amour que le Tigre lui portait. Il avait déjà juré de tuer quiconque la courtiserait,
"En l’occurrence, votre cœur, votre être, m'appartient."
Il avait accepté la présence de Shinme, l'amitié qui l'avait liée à cette femme qu'il trouvait insupportable et qualifiait "d'animal de compagnie". Il avait accepté sa présence par amour pour elle, il avait accepté sa faiblesse par amour pour elle, il avait accepté l'inévitable issue de cette histoire... parce que c'était elle. Mais la Grue de Diamant lui appartenait, à lui seul, et il le lui ferait payer.
"Est-ce pour moi, ou bien parce que j'ai eu la faiblesse de l'aimer ?
- Je ne vais pas vous blâmer. Je savais qu'elle était faible. La raison pour laquelle jamais elle ne rejoindrait le Lotus Blanc.
- Vous devriez.. Elle est lâche.
- Mais elle n'a pas menti. C'est pour cela que c'est difficile."
Il ne la blâmait pas d'avoir gouté à l'amitié. Lui aussi avait connu ce sentiment, avant d'être à son tour trahi par les membres de Fraternité, abandonné du jour au lendemain, sa perle désactivée, plus aucun message. Elle l'avait vu se renfermer, renier cette amitié voyait sa blessure chaque fois qu'il raillait les aventuriers eorzéens dans leur ensemble.
"Vous hésiterez. Ce n'est qu'au dernier moment que vous aurez votre réponse."
Sa voix, calme, la tira de ses pensées. Elle réalisa que ses mains tremblaient légèrement et les serra contre son ventre pour tenter de le dissimuler.
"C'est donc à moi que vous confiez cela, ne ?
- Non, je ne vais pas vous demander de l'exécuter. Parce que vous hésitez. C'est moi qui vais abattre ma lame. D'une manière ou d'une autre, cette situation se résolvera.
- D'une manière ou d'une autre ?"
Il demeura imperturbable, son regard plongé dans le sien. Ses mots accompagnaient un autre discours qu'elle seule pouvait comprendre en cet instant.
"Je compte frapper pour tuer. Je n'arrêterai pas ma lame."
Un frisson plus fort remonta le long de son échine, les mots sortirent de sa bouche avant qu'elle ne puisse les contenir.
" Elle... ne mérite pas la mort. Même pour ça.
- Pourquoi vous en souciez vous.
- ...
- Ce sera tout, vous connaissez mes intentions pour demain. Vous pouvez disposer."
Avec une lenteur extrême, elle recula d'un pas, hésitante. Pourquoi était-elle si faible ? Elle prit une profonde inspiration, et s'inclina respectueusement avant de se retirer.
" ... Hai, Akira-sama."
L'obscurité de la nuit cachait son visage tandis que le claquement de ses getas sur les rues pavées étaient le seul son encore audible. Elle s'y raccrochait de toutes ses forces afin que ses jambes la conduisent jusqu'à ten no Tsuki.
Elle savait. Elle avait compris ce message, ce qu'il lui demandait de faire. Il ne la mettait pas au défi, ce n'était pas un ordre non plus, c'était simplement "fais-le ou acceptes les conséquences". Il la tuerait, si elle n'agissait pas, si elle n'intervenait pas devant tout le clan pour protéger Shinme, pour protéger celle qui l'avait abandonnée. La tempête faisait rage dans son esprit. Comment pouvait-elle faire cela ? S'opposer à la lame de son seigneur était impensable... surtout pour une Kakita. Comment pouvait-il lui suggérer de se dresser entre elle et lui ? ... Comment pouvait-elle simplement fermer les yeux et le laisser la tuer alors qu'elle ne voulait pas sa mort ? L'une ou l'autre de ces possibilités lui paraissaient invraisemblable. Elle savait ce qu'il voulait, elle savait aussi que malgré cela elle en subirait les conséquences. Si elle s'opposait à lui, elle le payerait cher, si elle ne faisait rien, elle le payerait aussi.
Kikyo était redescendue dans la grande salle d'audience. Elle savait qu'il y était encore, elle s'attendait à ce qu'il parle d'elle et de sa décision. A Noscea, nombre d'hommes accusaient bêtement Akira Kurusu de son meurtre, pour un cadavre trouvé portant poétiquement une fleur de lotus. Midori Miyake était bel et bien morte, et désormais libérée de son passé sous un nouveau nom, au service de son clan.
"Bien. En vérité, j'attends simplement de voir comment elle se comportera demain soir.
- Demain soir. Vous voulez qu'elle... soit présente ?
- Oui."
Ses mains jointes devant elle se crispèrent légèrement.
"Murasaki-san aussi, je présume.
- Murasaki, Akame, et elle, seront présente. J'imagine que puisque Shinme avait accompagné Inélis, celle-ci lui rendra la pareille. Je doute qu'elle soit capable de se tenir.
- Vous comptez autoriser Inélis dans l'enceinte du bâtiment ?
- Tout dépendra de leur attitude."
Elle tâchait de se tenir droite et de se focaliser sur les questions de sécurité. Elle ne voulait pas parler d'elle, de ce qui se passerait demain soir. Il lui avait accordé une audience, Shinme savait mieux que personne ce qu'elle risquait puisqu'elle avait vu Inélis le doigt coupé.
Mais le Tigre n'était pas dupe. La toisant en silence, il reprit.
"J'ignore encore si sa volonté d'entrer dans la tanière du tigre pour lui parler est courageux, ou bien une preuve de l'image qu'elle a d'elle même."
Elle détourna le regard, hésitant à répondre. Ne rien dire rendrait la chose plus facile, comme il serait aisé de la blâmer jusqu'à la rabaisser plus bas que terre, se convaincre de sa vilenie. Comme il serait aisé... mais injuste.
"Je ne me permettrais pas de présumer, souffla t-elle. Je pensais la connaître. J'ignore si je la connais encore."
Elle pouvait sentir sur elle le regard sévère de son mari. Ce n'était pas le regard du jugement, ni même de la désapprobation. Il attendait. Mais elle ne dit rien.
"Vous êtes incertaine, finit-il pas déclarer.
- Oui. Mais pas sur mes sentiments à son égard.
- Son insolence n'a que trop duré. Penser pouvoir passer par moi, pour vous atteindre, et m'utiliser comme un pion, sera puni.
- Pensez-vous que c'est là son objectif ?
- Pour quoi d'autre ?"
L'audience redevint silencieuse un moment. Akira Kurusu demeurait Implacable et inflexible. En toutes autres circonstances, elle aurait soutenu une telle rigidité. Il allait toujours au bout de ses idées, au bout de ses convictions sans jamais se laisser atteindre, c'était ce genre de choix qui faisait qu'il était lui et qu'elle l'aurait suivi sans réserve jusqu'au bout du monde. Et pourtant... elle hésitait. Etait-ce parce qu'elle connaissait trop bien Shinme ?
"Elle vous craint. Elle aura cherché par tous les moyens à vous éviter, à éviter d'avoir affaire à vous par peur que vous ne m'ordonniez de me séparer d'elle. Vous seriez la dernière personne en qui elle verrait un moyen de revenir vers moi."
Ayant prononcé ces mots, elle rassembla son courage et reporta son regard sur le Tigre.
"Sur le plan stratégique, ajouta t-elle, cela n'a aucun sens à moins d'être désespérée au point de risquer sa tête.
- Exactement."
Elle réprima un frisson. Le visage de Shinme au moment où elle coupait ses cheveux lui revint en mémoire. Le désespoir dans ses yeux, puis le vide. Elle devait lutter pour ne pas s'en émouvoir, que cette boule dans son ventre ne prenne pas le pas sur la raison.
"C'est bien ce qu'il se dit, non ? Qu'elle n'est que l'ombre d'elle-même."
Il insistait volontairement. La mettait-il à l'épreuve ? Ses poings se serrèrent, et elle détourna à nouveau le regard.
"Lorsque les gens sont au bord du gouffre, il suffit d'un simple geste pour les y pousser. Fermer les yeux est possible un temps. Comment disent les Eorzéens...le beurre et l'argent du beurre.
- Je ne suis pas une girouette que l'on peut tourner selon le sens du vent."
Son regard se fit plus dur. Là où l'appel de sa suivante désespérée captait son attention, celui-ci ne pouvait percer la glace qui entourait maintenant son cœur. Elle releva les yeux sur son seigneur avec plus d'assurance pour affronter son regard. Celui-ci fronça légèrement les sourcils.
"Suis-je en train de parler de vous ?"
- iee. Mais si c'est ce qu'elle désire... comment ose t-elle ? Elle sait ce que je lui ferais pour un tel affront. Elle sait qu'elle n'a rien à y gagner. Comment pourrait-elle croire que vous, vous seriez plus clément ?"
Cela n'avait aucun sens.
" C'est pour cela que j'ai accepté de lui offrir une audience. Entre ces murs, je peux exécuter selon mon bon vouloir qui que ce soit s'y trouvant.
- Vous allez la tuer ?"
Akira regarda Kikyo, impassible.
"Oui."
Son cœur s'arrêta, son sang se glaça, elle demeura figée le regard vide d'émotion alors qu'à l'intérieur de son esprit un coup de tonnerre venait de retentir. Il allait la tuer, il le ferait. Il ne disait jamais rien sans le penser même s'il lui arrivait de réviser son avis.
Elle chercha dans ses prunelles d'améthyste une faille, n'importe laquelle, en vain.
"Elle a brisé votre cœur, après tout."
Il n'y en avait aucune, elle le savait. Il était vain d'ignorer ce qu'elle seule savait mieux que quiconque, ce que tout le monde croyait inexistant : l'amour que le Tigre lui portait. Il avait déjà juré de tuer quiconque la courtiserait,
"En l’occurrence, votre cœur, votre être, m'appartient."
Il avait accepté la présence de Shinme, l'amitié qui l'avait liée à cette femme qu'il trouvait insupportable et qualifiait "d'animal de compagnie". Il avait accepté sa présence par amour pour elle, il avait accepté sa faiblesse par amour pour elle, il avait accepté l'inévitable issue de cette histoire... parce que c'était elle. Mais la Grue de Diamant lui appartenait, à lui seul, et il le lui ferait payer.
"Est-ce pour moi, ou bien parce que j'ai eu la faiblesse de l'aimer ?
- Je ne vais pas vous blâmer. Je savais qu'elle était faible. La raison pour laquelle jamais elle ne rejoindrait le Lotus Blanc.
- Vous devriez.. Elle est lâche.
- Mais elle n'a pas menti. C'est pour cela que c'est difficile."
Il ne la blâmait pas d'avoir gouté à l'amitié. Lui aussi avait connu ce sentiment, avant d'être à son tour trahi par les membres de Fraternité, abandonné du jour au lendemain, sa perle désactivée, plus aucun message. Elle l'avait vu se renfermer, renier cette amitié voyait sa blessure chaque fois qu'il raillait les aventuriers eorzéens dans leur ensemble.
"Vous hésiterez. Ce n'est qu'au dernier moment que vous aurez votre réponse."
Sa voix, calme, la tira de ses pensées. Elle réalisa que ses mains tremblaient légèrement et les serra contre son ventre pour tenter de le dissimuler.
"C'est donc à moi que vous confiez cela, ne ?
- Non, je ne vais pas vous demander de l'exécuter. Parce que vous hésitez. C'est moi qui vais abattre ma lame. D'une manière ou d'une autre, cette situation se résolvera.
- D'une manière ou d'une autre ?"
Il demeura imperturbable, son regard plongé dans le sien. Ses mots accompagnaient un autre discours qu'elle seule pouvait comprendre en cet instant.
"Je compte frapper pour tuer. Je n'arrêterai pas ma lame."
Un frisson plus fort remonta le long de son échine, les mots sortirent de sa bouche avant qu'elle ne puisse les contenir.
" Elle... ne mérite pas la mort. Même pour ça.
- Pourquoi vous en souciez vous.
- ...
- Ce sera tout, vous connaissez mes intentions pour demain. Vous pouvez disposer."
Avec une lenteur extrême, elle recula d'un pas, hésitante. Pourquoi était-elle si faible ? Elle prit une profonde inspiration, et s'inclina respectueusement avant de se retirer.
" ... Hai, Akira-sama."
L'obscurité de la nuit cachait son visage tandis que le claquement de ses getas sur les rues pavées étaient le seul son encore audible. Elle s'y raccrochait de toutes ses forces afin que ses jambes la conduisent jusqu'à ten no Tsuki.
Elle savait. Elle avait compris ce message, ce qu'il lui demandait de faire. Il ne la mettait pas au défi, ce n'était pas un ordre non plus, c'était simplement "fais-le ou acceptes les conséquences". Il la tuerait, si elle n'agissait pas, si elle n'intervenait pas devant tout le clan pour protéger Shinme, pour protéger celle qui l'avait abandonnée. La tempête faisait rage dans son esprit. Comment pouvait-elle faire cela ? S'opposer à la lame de son seigneur était impensable... surtout pour une Kakita. Comment pouvait-il lui suggérer de se dresser entre elle et lui ? ... Comment pouvait-elle simplement fermer les yeux et le laisser la tuer alors qu'elle ne voulait pas sa mort ? L'une ou l'autre de ces possibilités lui paraissaient invraisemblable. Elle savait ce qu'il voulait, elle savait aussi que malgré cela elle en subirait les conséquences. Si elle s'opposait à lui, elle le payerait cher, si elle ne faisait rien, elle le payerait aussi.
Quoi qu'il arrive demain, la destinée de l'Ambre était liée à la sienne.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
"Sachiko,mes gants.
- Les voici, madame."
Lentement, elle se vêtit. Face au miroir, elle laissait la servante l'aider à nouer chaque couche de tissus qui recouvrait son corps. Le noir, couvert de blanc paré de rouge et de dorures. Sachiko épingla chaque broche, chaque fermoir, avec une précision calculée. Kikyo observait son reflet, le regard vide.
"Chusei est prête, madame."
Son regard se posa sur la lame au fourreau azur. Lavée, affûtée comme une belle promise, bafouée, qui viendrait réclamer vengeance. Elle la prit à deux mains, bien qu'elle porte déjà Shiroyume au côté, Chusei serait présente. Elle était liée à ce destin, peu importe comment cela se finirait.
Son reflet l'observait en retour, le doute transpirait de ses yeux clair. Que ferait-elle ce soir ? Elle ne voulait pas la mort de Shinme. Elle ne voulait pas de fin tragique, de châtiment, le sang ne laverait pas son honneur, n'achèterait pas son pardon. Si Shinme venait à mourir, elle serait libérée de tout ça, mais elle ne pourrait alors pas réparer le mal causé, elle n'aurait plus jamais la possibilité de faire un autre choix.
"J'ai tué un homme, pour avoir traité mon frère de faible. J'ai fait couler le sang pour moins que cela. Suis-je devenue aussi sentimentale que les eorzéens, Sachiko ?"
La jeune servante acheva de lisser son dôgi jusqu'à ses chevilles, elle se releva.
" Nul ne devrait avoir à taire ses sentiments, madame. Pas même vous.
- ... Mais à quel prix ?
- Le maître tuerait pour vous, madame. n'est ce pas une forme d'émotion sincère ? Peut-être retiendra t-il sa lame pour vous aussi..."
La servante se recula, avant de s'incliner, attendant qu'on l'autorise à se retirer.
Kikyo demeura silencieuse, affrontant le miroir. Elle finit par acquiescer en direction de Sachiko afin qu'elle puisse disposer. Elle voulait rester seule. Le tic-tac de la pendule lui rappelait sans cesse que le temps ne lui laisserait pas le moindre répit.
L'heure approche, et les paroles d'Akira lui revenaient sans cesse à l'esprit.
- Les voici, madame."
Lentement, elle se vêtit. Face au miroir, elle laissait la servante l'aider à nouer chaque couche de tissus qui recouvrait son corps. Le noir, couvert de blanc paré de rouge et de dorures. Sachiko épingla chaque broche, chaque fermoir, avec une précision calculée. Kikyo observait son reflet, le regard vide.
"Chusei est prête, madame."
Son regard se posa sur la lame au fourreau azur. Lavée, affûtée comme une belle promise, bafouée, qui viendrait réclamer vengeance. Elle la prit à deux mains, bien qu'elle porte déjà Shiroyume au côté, Chusei serait présente. Elle était liée à ce destin, peu importe comment cela se finirait.
Son reflet l'observait en retour, le doute transpirait de ses yeux clair. Que ferait-elle ce soir ? Elle ne voulait pas la mort de Shinme. Elle ne voulait pas de fin tragique, de châtiment, le sang ne laverait pas son honneur, n'achèterait pas son pardon. Si Shinme venait à mourir, elle serait libérée de tout ça, mais elle ne pourrait alors pas réparer le mal causé, elle n'aurait plus jamais la possibilité de faire un autre choix.
"J'ai tué un homme, pour avoir traité mon frère de faible. J'ai fait couler le sang pour moins que cela. Suis-je devenue aussi sentimentale que les eorzéens, Sachiko ?"
La jeune servante acheva de lisser son dôgi jusqu'à ses chevilles, elle se releva.
" Nul ne devrait avoir à taire ses sentiments, madame. Pas même vous.
- ... Mais à quel prix ?
- Le maître tuerait pour vous, madame. n'est ce pas une forme d'émotion sincère ? Peut-être retiendra t-il sa lame pour vous aussi..."
La servante se recula, avant de s'incliner, attendant qu'on l'autorise à se retirer.
Kikyo demeura silencieuse, affrontant le miroir. Elle finit par acquiescer en direction de Sachiko afin qu'elle puisse disposer. Elle voulait rester seule. Le tic-tac de la pendule lui rappelait sans cesse que le temps ne lui laisserait pas le moindre répit.
L'heure approche, et les paroles d'Akira lui revenaient sans cesse à l'esprit.
"Ce n'est qu'au dernier moment que vous aurez votre réponse."
Elle fut la première à entrer dans l'audience du Lotus, rejointe par son mari qui ne lui accorda pas un regard. Ils demeurèrent silencieux jusqu'à la toute dernière minute. Puis elle entra, escortée par les quatre membres du clan. Elle posa son regard sur elle, ses cheveux courts, le sourire discret sur son visage tandis que chacun prenait... elle osait sourire.
"Membres du Lotus Blanc...
- Qui vous a donné la permission de parler ?"
Cela commençait bien mal pour elle. Plus elle se montrerait suffisante, plus il serait intraitable avec elle. N'avait-elle donc rien appris à ses côtés, ou avait-elle tout oublier ?
Passé les premiers faux pas, Shinme reçut l'autorisation de s'exprimer. Le regard fixe, Kikyo l'écouta parler pendant plus d'une demi-heure, exposant ses actes et ses regrets, ses désillusions, sa culpabilité... sans jamais qu'elle ne lève les yeux vers elle, ne s'adresse directement à elle, sans jamais lui demander pardon. Quand elle eut fini, et que le seigneur lui demanda ce qu'elle voulait elle ne su répondre. Même Murasaki, pourtant stricte au possible, tenta de l'aider à s'exprimer plus simplement.
Plus les minutes passaient, plus elle sentait grandir la colère dans l'esprit du Tigre. La voix de ce dernier finit par tonner dans la salle d'audience. Quand il se leva brusquement et s'avança pour la gifler devant tout le monde, c'en était fini.
"Vous aimez vous écouter parler, mais vous n'avez pas eu un seul mot ni un seul regard envers celle que vous prétendez aimer !"
Il saisit son épée. Elle se souvint de ses mots : "Je frapperai pour tuer".
Shinme bougeait à peine, droite et rigide comme une actrice qui aurait tant et tant répété son rôle qu'elle n'aurait plus la moindre parcelle de spontanéité, fausse jusqu'à la pointe des cheveux. Elle avait tout d'une courtisane, d'une espionne... tout de celle qu'elle fut autrefois. Tout ce qu'Akira Kurusu détestait le plus. N'avait-elle donc rien appris auprès de sa "famille" ? N'avait-elle donc rien retenu de ses leçons auprès d'elle ?
Il leva sa lame, chargeant la raenne le regard incandescent. Il avait perdu toute patience. Il la tuerait, mettant fin à la douleur qu'elle ressentait. Et pourtant...
"iee... Akira-sama, yamete !"
Les mots sortirent de sa bouche avant que son esprit ne les retiennent. La lame du daimyo s'arrêta au plus près du visage de Shinme qui mit quelques secondes à bouger. Tout le clan leva les yeux vers celle qui venait de briser son silence, surpris. Pendant un instant, le temps semblait suspendu.
"Kurusu-tsubone, cette "femme"... ne pense qu'à elle, à son propre bien-être. A aucun moment elle n'a parlé de vous !
- Je sais..."
Le Tigre grondait, furieux. Les prunelles d'Ambre se levèrent enfin sur l'éclat glacé du diamant. Kikyo se tenait toujours sur les genoux, légèrement penchée en avant dans son élan, les mains posées à plat devant elle. Elle gémit tout bas.
"Ma da-...
- SILENCE ! rugit Akira. Vous n'avez que trop parlé !"
Il l'écrasa au sol de son pied. Autour d'eux, tous les membres du Lotus Blanc la jugeaient du regard. L'un après l'autre, ils lui reprochèrent la même chose, d'une voix calme contrastant avec la fureur de leur maître.
"Membres du Lotus Blanc...
- Qui vous a donné la permission de parler ?"
Cela commençait bien mal pour elle. Plus elle se montrerait suffisante, plus il serait intraitable avec elle. N'avait-elle donc rien appris à ses côtés, ou avait-elle tout oublier ?
Passé les premiers faux pas, Shinme reçut l'autorisation de s'exprimer. Le regard fixe, Kikyo l'écouta parler pendant plus d'une demi-heure, exposant ses actes et ses regrets, ses désillusions, sa culpabilité... sans jamais qu'elle ne lève les yeux vers elle, ne s'adresse directement à elle, sans jamais lui demander pardon. Quand elle eut fini, et que le seigneur lui demanda ce qu'elle voulait elle ne su répondre. Même Murasaki, pourtant stricte au possible, tenta de l'aider à s'exprimer plus simplement.
Plus les minutes passaient, plus elle sentait grandir la colère dans l'esprit du Tigre. La voix de ce dernier finit par tonner dans la salle d'audience. Quand il se leva brusquement et s'avança pour la gifler devant tout le monde, c'en était fini.
"Vous aimez vous écouter parler, mais vous n'avez pas eu un seul mot ni un seul regard envers celle que vous prétendez aimer !"
Il saisit son épée. Elle se souvint de ses mots : "Je frapperai pour tuer".
Shinme bougeait à peine, droite et rigide comme une actrice qui aurait tant et tant répété son rôle qu'elle n'aurait plus la moindre parcelle de spontanéité, fausse jusqu'à la pointe des cheveux. Elle avait tout d'une courtisane, d'une espionne... tout de celle qu'elle fut autrefois. Tout ce qu'Akira Kurusu détestait le plus. N'avait-elle donc rien appris auprès de sa "famille" ? N'avait-elle donc rien retenu de ses leçons auprès d'elle ?
Il leva sa lame, chargeant la raenne le regard incandescent. Il avait perdu toute patience. Il la tuerait, mettant fin à la douleur qu'elle ressentait. Et pourtant...
"iee... Akira-sama, yamete !"
Les mots sortirent de sa bouche avant que son esprit ne les retiennent. La lame du daimyo s'arrêta au plus près du visage de Shinme qui mit quelques secondes à bouger. Tout le clan leva les yeux vers celle qui venait de briser son silence, surpris. Pendant un instant, le temps semblait suspendu.
"Kurusu-tsubone, cette "femme"... ne pense qu'à elle, à son propre bien-être. A aucun moment elle n'a parlé de vous !
- Je sais..."
Le Tigre grondait, furieux. Les prunelles d'Ambre se levèrent enfin sur l'éclat glacé du diamant. Kikyo se tenait toujours sur les genoux, légèrement penchée en avant dans son élan, les mains posées à plat devant elle. Elle gémit tout bas.
"Ma da-...
- SILENCE ! rugit Akira. Vous n'avez que trop parlé !"
Il l'écrasa au sol de son pied. Autour d'eux, tous les membres du Lotus Blanc la jugeaient du regard. L'un après l'autre, ils lui reprochèrent la même chose, d'une voix calme contrastant avec la fureur de leur maître.
"Apprenez où est votre place, vous aurez de la chance si vous sortez d'ici avec votre tête ou votre langue."
"Elle vient de s'opposer à Kurusu-dono pour vous, alors que vous n'avez même pas eu un seul regard pour elle depuis votre arrivée ici."
"Je doute que quiconque ici vous pardonne d'avoir amené dame Kikyo à presque faire dogeza en votre faveur."
Elle ne dit plus rien. Écrasée sur le sol, Shinme gémit un peu plus. Quand chacun des membres du clan ai pu s'exprimer, Kikyo se redressa légèrement et reprit d'une voix froide, trop froide pour être calme.
"Tu ne sais toujours que parler Shinme. Tu es venue ici en préparant tout ce que tu devais dire ou faire, au mot près, tu en as comme toujours oublié l'essentiel : être sincère. Je ne peux te pardonner ce que tu as fait, et pourtant..."
Elle ferma les yeux un instant.
"Devant mon seigneur et mon clan, je demande la clémence. Vous jugez ma faiblesse, et vous avez raison. Si vous la tuez ici, aujourd'hui, vous me libèrerez mais cela ne me rendra pas ma force. Laissez-moi lui apprendre."
Elle voyait clairement dans leurs yeux qu'ils doutaient, non pas d'elle, mais de la sincérité de Shinme. Comment leur en vouloir ? Depuis le début elle n'avait montré face à eux son talent dans le verbe, aucune spontanéité, aucune confiance en son propre instinct, rien de plus que le miel d'une courtisane et le texte répété d'une comédienne qui souhaitait s'en sortir vivante et obtenir ce qu'elle voulait sans même s'adresser directement à l'intéressée.
Lâche, jusqu'au bout. Voilà ce qu'ils pensaient d'elle à présent, qu'elle n'avait pensé qu'à elle, qu'elle ne comprendrait jamais, n'apprendrait jamais. Le jugement du Tigre était intraitable et pourtant...
"Onegai, Akira-sama... Je sais les mots sur son silence, comme je sais les vôtres. Vous savez ce que mes yeux peuvent voir."
En cet instant, elle sentait qu'il voulait l'écraser, la faire souffrir, lui rendre au centuple le mal qu'elle avait pu faire en l’affaiblissant, en l'abandonnant. Elle sentait sa fureur. Ce n'était pas un tigre, pas un démon, mais un homme ; un homme qui réclamait justice pour sa femme. Mais ce que l'on pardonnerait à n'importe qui, justifiant leurs actes par l'amour, on ne le lui excusait pas à lui parce qu'il était Akira Kurusu. Akira Kurusu éprouvait des sentiments, et malheur à celui qui s'en prendrait aux siens.
Il retira sa lame du cou de Shinme, avant de se pencher vers elle, appuyant un peu plus de son pied sur son torse.
"La seule raison pour laquelle je vous laisse vivre, c'est parce que ma femme l'implore. Elle a eu le courage de m'affronter pour vous, courage que vous n'aurez jamais."
Puis il retira son pied, la laissa se redresser, et revint vers l'estrade tandis que Kikyo se levait pour en descendre et rejoindre Shinme.
"Debout." Dit-elle froidement, sans l'aider à se mettre sur ses jambes.
Elle s'inclina respectueusement devant Kurusu-dono et adressa un salut du chef aux vassaux de celui-ci qui lui répondirent.
"Sortez cette chose de chez moi."
Une fois seules, Shinme s'était jetée à ses pieds en larmes. Toute la terreur, toute la honte, tout ce qu'elle avait contenu face au Lotus ressurgissait comme un bouchon qu'on ferait sauter. Elle éclata en sanglots, tenant le bas de son dôgi à deux mains tandis qu'Inelis posait la main sur son épaule.
Ce qu'elle ont pu se dire fut couvert par le bruit des vagues, elles le garderaient pour elles. Pour que ce nouveau chapitre s'ouvre, la vérité devait sortir, et pour qu'aucune rancune de plus ne vienne parasiter leurs efforts, il ne fallait plus entretenir ces histoires. Afin d'écrire une nouvelle page totalement vierge, elles jurèrent de ne parler à personne, pas même entre elles, de ce qui s'était passé ce soir là et garderaient pour elles ces instants.
Elle avait laissé Shinme sur la plage avec Inelis. Murasaki était là. Elle laissa l'ombre de son époux seule avec elles sans crainte. Quand elle rentra à Ten no Tsuki cette nuit-là, elle n'avait toujours pas pardonné à Shinme, mais elle pouvait clore ce chapitre de son histoire. Elle ignorait même si elle lui pardonnerait un jour ou si cela avait gelé à jamais le lien qui les unissait.
Akira se trouvait dans la chambre de Kimiko. Il n'était pas en colère, et elle put le rejoindre.
"Gardez cette femme auprès de vous si vous le désirez, mais si elle s'approche de Kimiko je l'étranglerais de mes mains."
Le temps ferait son œuvre. Elle ignorait combien de lunes, peut-être d'années, il faudrait pour qu'il envisage lui aussi de pardonner. Qu'importe, elle n'était plus à un miracle près.
"Tu ne sais toujours que parler Shinme. Tu es venue ici en préparant tout ce que tu devais dire ou faire, au mot près, tu en as comme toujours oublié l'essentiel : être sincère. Je ne peux te pardonner ce que tu as fait, et pourtant..."
Elle ferma les yeux un instant.
"Devant mon seigneur et mon clan, je demande la clémence. Vous jugez ma faiblesse, et vous avez raison. Si vous la tuez ici, aujourd'hui, vous me libèrerez mais cela ne me rendra pas ma force. Laissez-moi lui apprendre."
Elle voyait clairement dans leurs yeux qu'ils doutaient, non pas d'elle, mais de la sincérité de Shinme. Comment leur en vouloir ? Depuis le début elle n'avait montré face à eux son talent dans le verbe, aucune spontanéité, aucune confiance en son propre instinct, rien de plus que le miel d'une courtisane et le texte répété d'une comédienne qui souhaitait s'en sortir vivante et obtenir ce qu'elle voulait sans même s'adresser directement à l'intéressée.
Lâche, jusqu'au bout. Voilà ce qu'ils pensaient d'elle à présent, qu'elle n'avait pensé qu'à elle, qu'elle ne comprendrait jamais, n'apprendrait jamais. Le jugement du Tigre était intraitable et pourtant...
"Onegai, Akira-sama... Je sais les mots sur son silence, comme je sais les vôtres. Vous savez ce que mes yeux peuvent voir."
En cet instant, elle sentait qu'il voulait l'écraser, la faire souffrir, lui rendre au centuple le mal qu'elle avait pu faire en l’affaiblissant, en l'abandonnant. Elle sentait sa fureur. Ce n'était pas un tigre, pas un démon, mais un homme ; un homme qui réclamait justice pour sa femme. Mais ce que l'on pardonnerait à n'importe qui, justifiant leurs actes par l'amour, on ne le lui excusait pas à lui parce qu'il était Akira Kurusu. Akira Kurusu éprouvait des sentiments, et malheur à celui qui s'en prendrait aux siens.
Il retira sa lame du cou de Shinme, avant de se pencher vers elle, appuyant un peu plus de son pied sur son torse.
"La seule raison pour laquelle je vous laisse vivre, c'est parce que ma femme l'implore. Elle a eu le courage de m'affronter pour vous, courage que vous n'aurez jamais."
Puis il retira son pied, la laissa se redresser, et revint vers l'estrade tandis que Kikyo se levait pour en descendre et rejoindre Shinme.
"Debout." Dit-elle froidement, sans l'aider à se mettre sur ses jambes.
Elle s'inclina respectueusement devant Kurusu-dono et adressa un salut du chef aux vassaux de celui-ci qui lui répondirent.
"Sortez cette chose de chez moi."
Une fois seules, Shinme s'était jetée à ses pieds en larmes. Toute la terreur, toute la honte, tout ce qu'elle avait contenu face au Lotus ressurgissait comme un bouchon qu'on ferait sauter. Elle éclata en sanglots, tenant le bas de son dôgi à deux mains tandis qu'Inelis posait la main sur son épaule.
Ce qu'elle ont pu se dire fut couvert par le bruit des vagues, elles le garderaient pour elles. Pour que ce nouveau chapitre s'ouvre, la vérité devait sortir, et pour qu'aucune rancune de plus ne vienne parasiter leurs efforts, il ne fallait plus entretenir ces histoires. Afin d'écrire une nouvelle page totalement vierge, elles jurèrent de ne parler à personne, pas même entre elles, de ce qui s'était passé ce soir là et garderaient pour elles ces instants.
Elle avait laissé Shinme sur la plage avec Inelis. Murasaki était là. Elle laissa l'ombre de son époux seule avec elles sans crainte. Quand elle rentra à Ten no Tsuki cette nuit-là, elle n'avait toujours pas pardonné à Shinme, mais elle pouvait clore ce chapitre de son histoire. Elle ignorait même si elle lui pardonnerait un jour ou si cela avait gelé à jamais le lien qui les unissait.
Akira se trouvait dans la chambre de Kimiko. Il n'était pas en colère, et elle put le rejoindre.
"Gardez cette femme auprès de vous si vous le désirez, mais si elle s'approche de Kimiko je l'étranglerais de mes mains."
Le temps ferait son œuvre. Elle ignorait combien de lunes, peut-être d'années, il faudrait pour qu'il envisage lui aussi de pardonner. Qu'importe, elle n'était plus à un miracle près.
"Je suis votre honte, maîtresse.
- Tu es ma honte. Deviens ma fierté."
- Tu es ma honte. Deviens ma fierté."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Quatrième jour de repos. Elle avait tant dormi les deux premiers jours, qu'elle tournait maintenant en rond sans aucune raison. Entraînement le matin, administratif avant le déjeuner bien qu'à présent Shinme s'occupait de la plupart des affaires courantes. S'occuper davantage de Kimiko était un plaisir bien que son visage ne le laisse jamais paraître. Par chance, elle pouvait encore allaiter sa fille. Avec tout ce qui s'était passé ces derniers mois elle avait tant bien que mal dissimulé ses craintes de voir son lait se tarir trop tôt.
L'enfant ne pleurait, jamais, elle faisait ses nuits sans problème depuis le premier jour laissant à ses parents le loisir de profiter autant qu'ils le pouvaient de nuits paisibles. Il y avait cependant quelques désagréments à ce repos mérité, comme se réveiller avant l'aube et s'ennuyer. Que faire ? Tout était déjà réglé.
Dans un soupir encore endormi, Kikyo tourna légèrement la tête pour apercevoir la nuque d'Akira, profondément endormi à ses côtés. Lui, visiblement, n'avait pas ce genre de problème ou peut-être était-il encore sortit pêcher seul la nuit dernière comme cela lui arrivait parfois.
Plutôt que de se rapprocher et risquer de le réveiller, elle se redressa et s'empara d'un bloc de papier accompagné d'un pinceau. Elle en laissait toujours au pied du lit au cas où elle aurait besoin le soir de noter certaines choses pour le lendemain. Ce matin, elle avait surtout besoin d'organiser ses pensées et de faire le point, après tout ce qui lui était arrivé ces deux dernières années. En y repensait, elle n'avait jamais vraiment eu le temps ni même l'occasion de réfléchir à tout ça. Il lui arrivait encore de se demander "comment me suis-je retrouvée là alors que mon chemin me conduisait partout sauf ici ?"
Elle posa le pinceau contre la feuille, mais aucun mot ne vint. Kikyo fronça les sourcils, puis ferma les yeux.
[size=5]Liberté.[/size]
Un mot que l'on n'osait prononcer autrefois, quand l'Empire occupait Doma. Un mot chuchoté comme un voeu secret que l'on gardait pour soit, un peu d'espoir dans une vie de misère. Elle n'y avait jamais gouté, élevée en captivité tel un oiseau en cage, contrainte à porter l'uniforme ennemi et soudain... une main tendue.
Le premier choix de sa vie, dans les ruines inondées du château de Doma où son peuple faisait savoir qu'il était encore debout. Et elle, à terre avec l'oppresseur.
"Viens." a t-il dit.
Le premier vrai choix de sa vie, le bon choix. Elle avait vu son pays détruit, asservi, elle le voyait libre par la volonté des kamis et l'aide d'une nation étrangère. Toute son impuissante changée en honte, puis en soulagement.
Nation, c'était là l'image de sa liberté. Là où certains y voient des chaînes, c'est sous la loi de la dynastie Reijin qu'elle pouvait s'épanouir.
Pas si aisé, hélas, de retrouver sa place dans une nation meurtrie qui panse encore ses plaies. Elle avait choisi de redevenir domienne, de retourner auprès du Clan de la Grue, et cela voulait dire se plier à l'étiquette et aux traditions, à la vertu et aux codes. Pas si aisé, quand votre propre existence est déjà une entorse à certaines règles cruciales...
[size=5]Honneur.[/size]
Un terme si vague, étroitement lié à son nom, "Kakita". Elle en savait si peu sur lui, sur ce samourai émérite, ce duelliste qui avait donné sa vie pour son pays alors qu'elle n'était pas encore née. Elle l'avait aimé, admiré et méprisé sans jamais l'avoir connu. Lui, qui avait aimé sa mère alors qu'il était déjà marié et père, lui qui avait fait d'elle une bâtarde doublée d'une orpheline, lui à qui elle pardonnait la faute dont elle devrait porter les conséquences toute sa vie.
Au travers du bushido, l'enfant illégitime devint à son tour duelliste. Pour l'honneur de son clan, celui de son demi-frère en qui elle voyait les traits de ce père invisible, pour elle.
Elle trouva son honneur dans son combat contre le Clan de l'Araignée. Aux côtés d'alliés, qu'ils viennent d'Orient ou d'Occident, elle embrassa pour toujours la Voie de la Grue.
Une voie difficile, exigeante, parfois cruelle. Le perfectionnisme Kakita aurait beau faire d'elle une duelliste émérite il ne pouvait la rendre légitime aux yeux d'un clan toujours très attaché aux anciennes coutumes. Acceptée parce qu'un clan au bord de l'extinction ne peut se permettre de refuser une lame, ce serait aussi pour l'honneur que les siens l'avaient rapidement écartée, cachée... puis vendue à une alliance politique.
[size=5]Amour.[/size]
Imprévisible, soudain, sans préavis ni préparation. Il avait frappé comme la foudre, un coup de tonnerre dans son esprit et brusquement la tempête alors qu'un instant avant le ciel était clair. Quand l'orage frappe, il ne vous laisse pas la choix.
Deux mots, et cela suffit. Il n'était qu'un homme parmi d'autres, qu'un allié précieux pour les siens, il n'était rien... il devint tout. Tigre, démon, homme, pêcheur ou seigneur, qu'importe. Qu'importe qu'il ne lui laisse pas le choix, qu'il soit si dur avec elle, que leur union soit avant tout politique. Elle le voyait tel qu'il était et non tel que le monde voulait qu'il soit, elle le comprenait que ce soit dans le dévouement comme dans le conflit. Elle le respectait et à ses côtés elle pouvait devenir plus forte chaque jour sans qu'il ai besoin de l'élever.
L'aimer ne la rendait pas plus faible, tout simplement.
Akira n'était pourtant pas le seul nom associé à l'amour. Elle avait porté son enfant, Kimiko, et lui en donnerait d'autres si les kamis et les ancêtres le veulent.
Depuis le premier soir, l'orage gronde sans cesse. L'amour n'est pas que chaleur derrière un masque de glace. Le Tigre est orgueilleux, le Tigre est impulsif, le Tigre n'est qu'un homme ; malgré sa fierté il aurait besoin d'elle autant qu'elle avait besoin de lui.
Kikyo leva son pinceau sans avoir rien écrit. Liberté, honneur, amour... elle avait tout et plus encore. Que pouvait-il bien manquer à sa vie ? Elle avait fondé les Quatre Tours mais si elle le voulait elle pouvait tout arrêter, se consacrer à son enfant et au Clan du Lotus. Son épopée pouvait s'arrêter là, ce ne serait pas une fin en soit. Pourquoi continuer ?
Un souffle amusé s'échappa de ses lèvres. Qui allait croire ça ?
Elle avait changé en deux ans, évolué c'est vrai, mais rien n'était terminé. Elle avait encore tant à apprendre au-delà de ces quatre murs, au-delà des frontières de Doma, de la portée de son sabre, et des bras de son amant. Elle ne voulait pas être qu'une épouse, qu'un samouraï, elle aspirait à plus, tellement plus...
Si elle avait choisi de refuser l'héritage des Tenshi et le pouvoir des songes, ce n'était pas par dédain ou mépris du mysticisme mais parce qu'elle prenait conscience de ses failles. Elle qui était si froide, que l'on disait si détachée des autres, voyait bien tout les problèmes liés à ces liens artificiels que les gens tissent grâce à la magie. Du faux, de l’éphémère, de l'artificiel... Aucun lien réel entre les personnes au-delà du sortilège. Son combat pour l'Equilibre prenait de nombreuses formes mas il commençait là.
Elle était le Haut-Commandeur de l'Ordre des Quatre Tours, garante humaine du lien qui unit les quatre piliers. Pas de magie, pas de volonté divine ou supérieure, juste celle des hommes qu'elle devrait incarner de son mieux.
Kikyo abaissa le pinceau et commença à écrire. Juste un mot sur un bout de papier qu'elle plia en forme de fleur de Lotus. Avec Shinme dans son entourage, elle recommençait à pratiquer les origami ponctuellement.
L'enfant ne pleurait, jamais, elle faisait ses nuits sans problème depuis le premier jour laissant à ses parents le loisir de profiter autant qu'ils le pouvaient de nuits paisibles. Il y avait cependant quelques désagréments à ce repos mérité, comme se réveiller avant l'aube et s'ennuyer. Que faire ? Tout était déjà réglé.
Dans un soupir encore endormi, Kikyo tourna légèrement la tête pour apercevoir la nuque d'Akira, profondément endormi à ses côtés. Lui, visiblement, n'avait pas ce genre de problème ou peut-être était-il encore sortit pêcher seul la nuit dernière comme cela lui arrivait parfois.
Plutôt que de se rapprocher et risquer de le réveiller, elle se redressa et s'empara d'un bloc de papier accompagné d'un pinceau. Elle en laissait toujours au pied du lit au cas où elle aurait besoin le soir de noter certaines choses pour le lendemain. Ce matin, elle avait surtout besoin d'organiser ses pensées et de faire le point, après tout ce qui lui était arrivé ces deux dernières années. En y repensait, elle n'avait jamais vraiment eu le temps ni même l'occasion de réfléchir à tout ça. Il lui arrivait encore de se demander "comment me suis-je retrouvée là alors que mon chemin me conduisait partout sauf ici ?"
Elle posa le pinceau contre la feuille, mais aucun mot ne vint. Kikyo fronça les sourcils, puis ferma les yeux.
[size=5]Liberté.[/size]
Un mot que l'on n'osait prononcer autrefois, quand l'Empire occupait Doma. Un mot chuchoté comme un voeu secret que l'on gardait pour soit, un peu d'espoir dans une vie de misère. Elle n'y avait jamais gouté, élevée en captivité tel un oiseau en cage, contrainte à porter l'uniforme ennemi et soudain... une main tendue.
Le premier choix de sa vie, dans les ruines inondées du château de Doma où son peuple faisait savoir qu'il était encore debout. Et elle, à terre avec l'oppresseur.
"Viens." a t-il dit.
Le premier vrai choix de sa vie, le bon choix. Elle avait vu son pays détruit, asservi, elle le voyait libre par la volonté des kamis et l'aide d'une nation étrangère. Toute son impuissante changée en honte, puis en soulagement.
Nation, c'était là l'image de sa liberté. Là où certains y voient des chaînes, c'est sous la loi de la dynastie Reijin qu'elle pouvait s'épanouir.
Pas si aisé, hélas, de retrouver sa place dans une nation meurtrie qui panse encore ses plaies. Elle avait choisi de redevenir domienne, de retourner auprès du Clan de la Grue, et cela voulait dire se plier à l'étiquette et aux traditions, à la vertu et aux codes. Pas si aisé, quand votre propre existence est déjà une entorse à certaines règles cruciales...
[size=5]Honneur.[/size]
Un terme si vague, étroitement lié à son nom, "Kakita". Elle en savait si peu sur lui, sur ce samourai émérite, ce duelliste qui avait donné sa vie pour son pays alors qu'elle n'était pas encore née. Elle l'avait aimé, admiré et méprisé sans jamais l'avoir connu. Lui, qui avait aimé sa mère alors qu'il était déjà marié et père, lui qui avait fait d'elle une bâtarde doublée d'une orpheline, lui à qui elle pardonnait la faute dont elle devrait porter les conséquences toute sa vie.
Au travers du bushido, l'enfant illégitime devint à son tour duelliste. Pour l'honneur de son clan, celui de son demi-frère en qui elle voyait les traits de ce père invisible, pour elle.
Elle trouva son honneur dans son combat contre le Clan de l'Araignée. Aux côtés d'alliés, qu'ils viennent d'Orient ou d'Occident, elle embrassa pour toujours la Voie de la Grue.
Une voie difficile, exigeante, parfois cruelle. Le perfectionnisme Kakita aurait beau faire d'elle une duelliste émérite il ne pouvait la rendre légitime aux yeux d'un clan toujours très attaché aux anciennes coutumes. Acceptée parce qu'un clan au bord de l'extinction ne peut se permettre de refuser une lame, ce serait aussi pour l'honneur que les siens l'avaient rapidement écartée, cachée... puis vendue à une alliance politique.
[size=5]Amour.[/size]
Imprévisible, soudain, sans préavis ni préparation. Il avait frappé comme la foudre, un coup de tonnerre dans son esprit et brusquement la tempête alors qu'un instant avant le ciel était clair. Quand l'orage frappe, il ne vous laisse pas la choix.
Deux mots, et cela suffit. Il n'était qu'un homme parmi d'autres, qu'un allié précieux pour les siens, il n'était rien... il devint tout. Tigre, démon, homme, pêcheur ou seigneur, qu'importe. Qu'importe qu'il ne lui laisse pas le choix, qu'il soit si dur avec elle, que leur union soit avant tout politique. Elle le voyait tel qu'il était et non tel que le monde voulait qu'il soit, elle le comprenait que ce soit dans le dévouement comme dans le conflit. Elle le respectait et à ses côtés elle pouvait devenir plus forte chaque jour sans qu'il ai besoin de l'élever.
L'aimer ne la rendait pas plus faible, tout simplement.
Akira n'était pourtant pas le seul nom associé à l'amour. Elle avait porté son enfant, Kimiko, et lui en donnerait d'autres si les kamis et les ancêtres le veulent.
Depuis le premier soir, l'orage gronde sans cesse. L'amour n'est pas que chaleur derrière un masque de glace. Le Tigre est orgueilleux, le Tigre est impulsif, le Tigre n'est qu'un homme ; malgré sa fierté il aurait besoin d'elle autant qu'elle avait besoin de lui.
Kikyo leva son pinceau sans avoir rien écrit. Liberté, honneur, amour... elle avait tout et plus encore. Que pouvait-il bien manquer à sa vie ? Elle avait fondé les Quatre Tours mais si elle le voulait elle pouvait tout arrêter, se consacrer à son enfant et au Clan du Lotus. Son épopée pouvait s'arrêter là, ce ne serait pas une fin en soit. Pourquoi continuer ?
Un souffle amusé s'échappa de ses lèvres. Qui allait croire ça ?
Elle avait changé en deux ans, évolué c'est vrai, mais rien n'était terminé. Elle avait encore tant à apprendre au-delà de ces quatre murs, au-delà des frontières de Doma, de la portée de son sabre, et des bras de son amant. Elle ne voulait pas être qu'une épouse, qu'un samouraï, elle aspirait à plus, tellement plus...
Si elle avait choisi de refuser l'héritage des Tenshi et le pouvoir des songes, ce n'était pas par dédain ou mépris du mysticisme mais parce qu'elle prenait conscience de ses failles. Elle qui était si froide, que l'on disait si détachée des autres, voyait bien tout les problèmes liés à ces liens artificiels que les gens tissent grâce à la magie. Du faux, de l’éphémère, de l'artificiel... Aucun lien réel entre les personnes au-delà du sortilège. Son combat pour l'Equilibre prenait de nombreuses formes mas il commençait là.
Elle était le Haut-Commandeur de l'Ordre des Quatre Tours, garante humaine du lien qui unit les quatre piliers. Pas de magie, pas de volonté divine ou supérieure, juste celle des hommes qu'elle devrait incarner de son mieux.
Kikyo abaissa le pinceau et commença à écrire. Juste un mot sur un bout de papier qu'elle plia en forme de fleur de Lotus. Avec Shinme dans son entourage, elle recommençait à pratiquer les origami ponctuellement.
[size=6]HORIZON[/size]
Avant de se recoucher, elle plaça ensuite la fleur de lotus au-dessus du lit, à côté le présentoir où reposait Shiroyume, la lame de diamant, sous un premier rayon de soleil estival.
...Et ainsi vint l'aurore.
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