[Kikyo] I - Ainsi vint l'Aurore
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
L'éclat de Shiroyume reflétait la chaleur de son cœur depuis ces derniers jours. Elle ne voulait pas presser les choses, elle avait encore beaucoup à faire et du temps à prendre. Chaque jour, chaque nuit, s'habituer à sa présence et à ses rares pleurs lorsqu'il était temps de lui donner ses repas. Bien assistée, être mère lui paraissait moins difficile. Et ces longues heures assise, elle contemplait l'éclat de sa lame de diamants en attendant le bon jour, sans se presser.
Elle entendait, dans les couloirs, les servantes qui conversaient à voix basse.
"Je n'aurais pas pensé qu'un enfant puisse être si calme.
- Elle ne pleure même pas la nuit. Pourtant, elle se réveille... je l'ai trouvée ce matin les yeux grands ouverts dans son berceau.
- Elle a de jolis yeux !
- Si elle n'avait pas ce collier d'écailles, elle serait le portrait du maître."
Ces murmures innocents lui arrachaient parfois un sourire. Elles avaient raison, pourquoi le nier ? Elle comprenait enfin celles qui, enfermées dans leurs cages dorées, se contentaient de la seule fierté d'être mère, de n'être qu'une ombre derrière leur époux. Si elle n'avait pas été duelliste, si elle n'avait pas été samourai, si elle n'avait pas été Haut-Commandeur des Quatre Tours, s'il n'avait pas été Akira Kurusu, elle aurait volontiers accepté ce destin. Shiroyume aurait pu rester sur son présentoir, au-dessus du lit, et sa lame de diamant oubliée jusqu'à ce qu'un des nombreux enfants promis au Lotus Blanc ne soit en âge de la porter.
Après cette nuit de tempête, le ciel s'était dégagé. Bien qu'il fasse plus froid, la lumière du soleil réchauffait les tapis pourpre sur lesquels elle marchait pieds nus, son enfant dans les bras, chantant doucement pour l'endormir après l'avoir nourrie. Bientôt, elle aurait moins de temps à lui consacrer, chaque minute en valait la peine.
Et le fusuma s'ouvrit.
"Kurusu-tsubone... un message urgent !"
Ce moment n'arrivait que trop vite. Elle déposa Kimiko dans son berceau, et se saisit de Shiroyume.
"Comment vont-ils ?
- Ils se reposent, madame. Ils sont tous tirés d'affaire."
Elle entra dans la clinique, presque surprise par le calme qui y régnait. Elle n'entendait que leurs respirations, quelques toux, mais ils dormaient profondément. Elle baissa d'un ton, se tournant légèrement vers Marinche.
"La mission ?
- Réussie avec brio madame. Je ne serais pas surprise que le lieutenant Tsakuyi rédige son rapport avant même d'être debout.
- Qu'ils se reposent. Entre cela et la question de ce "parasite", je ne veux pas qu'ils prennent trop de risques.
- Bien madame."
Elle ouvrit à peine les rideaux de chaque alcôve, constatant de ses yeux l'état de ses hommes. Ils avaient réussi à repousser un démon, à refermer une faille, à empêcher une vague de morts... Ils faisaient honneur à son serment, ainsi qu'à l'Ordre tout entier. Et voilà qu'ils étaient tous dans un piteux état. Elle n'était que trop longtemps restée en retrait pour protéger son enfant à naître. Elle devait maintenant protéger le monde dans lequel elle allait grandir. Si seulement les armes avaient été prêtes... mais Jo'lyne ne pouvait pas forger plus vite que le temps lui-même.
Elle entendait, dans les couloirs, les servantes qui conversaient à voix basse.
"Je n'aurais pas pensé qu'un enfant puisse être si calme.
- Elle ne pleure même pas la nuit. Pourtant, elle se réveille... je l'ai trouvée ce matin les yeux grands ouverts dans son berceau.
- Elle a de jolis yeux !
- Si elle n'avait pas ce collier d'écailles, elle serait le portrait du maître."
Ces murmures innocents lui arrachaient parfois un sourire. Elles avaient raison, pourquoi le nier ? Elle comprenait enfin celles qui, enfermées dans leurs cages dorées, se contentaient de la seule fierté d'être mère, de n'être qu'une ombre derrière leur époux. Si elle n'avait pas été duelliste, si elle n'avait pas été samourai, si elle n'avait pas été Haut-Commandeur des Quatre Tours, s'il n'avait pas été Akira Kurusu, elle aurait volontiers accepté ce destin. Shiroyume aurait pu rester sur son présentoir, au-dessus du lit, et sa lame de diamant oubliée jusqu'à ce qu'un des nombreux enfants promis au Lotus Blanc ne soit en âge de la porter.
Après cette nuit de tempête, le ciel s'était dégagé. Bien qu'il fasse plus froid, la lumière du soleil réchauffait les tapis pourpre sur lesquels elle marchait pieds nus, son enfant dans les bras, chantant doucement pour l'endormir après l'avoir nourrie. Bientôt, elle aurait moins de temps à lui consacrer, chaque minute en valait la peine.
Et le fusuma s'ouvrit.
"Kurusu-tsubone... un message urgent !"
Ce moment n'arrivait que trop vite. Elle déposa Kimiko dans son berceau, et se saisit de Shiroyume.
"Comment vont-ils ?
- Ils se reposent, madame. Ils sont tous tirés d'affaire."
Elle entra dans la clinique, presque surprise par le calme qui y régnait. Elle n'entendait que leurs respirations, quelques toux, mais ils dormaient profondément. Elle baissa d'un ton, se tournant légèrement vers Marinche.
"La mission ?
- Réussie avec brio madame. Je ne serais pas surprise que le lieutenant Tsakuyi rédige son rapport avant même d'être debout.
- Qu'ils se reposent. Entre cela et la question de ce "parasite", je ne veux pas qu'ils prennent trop de risques.
- Bien madame."
Elle ouvrit à peine les rideaux de chaque alcôve, constatant de ses yeux l'état de ses hommes. Ils avaient réussi à repousser un démon, à refermer une faille, à empêcher une vague de morts... Ils faisaient honneur à son serment, ainsi qu'à l'Ordre tout entier. Et voilà qu'ils étaient tous dans un piteux état. Elle n'était que trop longtemps restée en retrait pour protéger son enfant à naître. Elle devait maintenant protéger le monde dans lequel elle allait grandir. Si seulement les armes avaient été prêtes... mais Jo'lyne ne pouvait pas forger plus vite que le temps lui-même.
"Un katana, une claymore, et une paire de dagues de jet. Cela devrait suffire pour leur prochain combat. Pour l'heure... ils ne sont de toute façon plus en état."
Le dernier rideau ouvert fut celui du lit de Hamelin Harper. Son regard s'attarda sur ce dernier. Miwa enceinte, partie, comment allait-elle prendre cette nouvelle ? L'infirmière ignorait si on pouvait encore le sauver. Nekhi'a absent, elle ne pouvait compter que sur Tsakuyi pour gérer la Balance, prendre la place de Hamelin plus tôt que prévu. Le temps, toujours le temps qui ne cesse d'augmenter la cadence.
Elle referma derrière elle la porte de l'infirmerie, et quitta le relais avant que quiconque soit informé de sa présence cette nuit-là.
Ces lunes s'étaient écoulé si vite. Libérée, rentrée, reconnue, fiancée, mariée, devenue haut-commandeur puis mère. Elle ne pouvait pas ralentir les heures qui défilent. Elle rentra à Ten-no-Tsuki où son enfant dormait paisiblement. Elle retira ses vêtements, et se coucha en espérant entendre le fusuma s'ouvrir à nouveau quand le tigre rentrerait. Près de la fenêtre au-dessus du lit, le présentoir était désormais vide.
Le dernier rideau ouvert fut celui du lit de Hamelin Harper. Son regard s'attarda sur ce dernier. Miwa enceinte, partie, comment allait-elle prendre cette nouvelle ? L'infirmière ignorait si on pouvait encore le sauver. Nekhi'a absent, elle ne pouvait compter que sur Tsakuyi pour gérer la Balance, prendre la place de Hamelin plus tôt que prévu. Le temps, toujours le temps qui ne cesse d'augmenter la cadence.
Elle referma derrière elle la porte de l'infirmerie, et quitta le relais avant que quiconque soit informé de sa présence cette nuit-là.
Ces lunes s'étaient écoulé si vite. Libérée, rentrée, reconnue, fiancée, mariée, devenue haut-commandeur puis mère. Elle ne pouvait pas ralentir les heures qui défilent. Elle rentra à Ten-no-Tsuki où son enfant dormait paisiblement. Elle retira ses vêtements, et se coucha en espérant entendre le fusuma s'ouvrir à nouveau quand le tigre rentrerait. Près de la fenêtre au-dessus du lit, le présentoir était désormais vide.
Shiroyume avait regagné sa véritable place.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Kimiko s'était endormie. Kikyo se leva du fauteuil, et son regard croisa celui de la servante, la dernière encore présente ce soir à Ten-no-Tsuki.
"Que faites-vous encore ici ? lui demanda t-elle, la voix douce, le ton dur.
- Madame, je..."
Elle était bien mal à l'aise, le regard presque triste, mais Kurusu-tsubone n'en laissa rien paraître. Son enfant dans les bras, elle s'approcha de quelques pas.
"Votre famille vous attend certainement pour le réveillon. Il n'est pas encore minuit. Rentrez chez vous."
La servante leva les yeux, encore hésitante. Kikyo insista, plus sèchement.
"Je peux très bien me passer de vos services pour ce soir, dépêchez-vous.
- Oui... merci madame."
Elle tourna les talons et sortit. Désormais seule dans la maison, Kikyo reposa son regard sur sa petite fille âgée de tout juste trois semaines. Akio se leva lui aussi, prenant garde à ne pas heurter un meuble. Le loups blanc s'avança jusqu'à la porte. Il semblait attendre.
"Tu as raison. Il n'est pas encore tout à fait minuit."
Dehors, la neige artificielle avait grandement refroidi le jardin. La demi-raenne avait pris soin d’emmailloter sa fille dans une petite couverture afin qu'elle ne tombe pas malade. Elle la porta jusqu'à la statue de glace qui trônait entre les cerisiers et les saules. Kikyo posa sa main libre sur le torse gelé de son époux, fixant son regard impérieux.
"Dormez-vous ?"
Aucune réponse ne vint. Elle n'en attendait pas.
"Peut-être êtes-vous conscient, prisonnier de ce maléfice. Mes hommes ont fait le nécessaire, tenez bon, anata."
Le tigre demeurait de glace, au sens littéral. Au regard des voisins il aurait pu sembler que son épouse parlait seule. Elle ne se souciait guère du froid, blottie contre son époux silencieux. Akio se coucha à leurs pieds, pour les réchauffer. La neige tombait en silence. Kimiko finit par ouvrir les yeux lorsqu'un flocon se posa sur son nez. L'enfant ne pleurait pas, elle se contentait d'observer les étoiles alors que sa mère écartait un peu la couverture pour lui permettre de regarder le ciel.
"Il est minuit."
Ce n'était pas ainsi qu'elle avait envisagé cette nuit. Rien ne se passe jamais comme on l'imagine, dans sa vie du moins, rien n'avait été comme elle l'aurait imaginé après sa fuite de l'armée garlemaldaise. Elle pouvait toujours sourire intérieurement, se disant que s'il avait été "éveillé" il n'aurait sans doute pas été plus loquace ; au final ils étaient quand même tous les trois cette nuit.
"C'est une douce nuit."
"Que faites-vous encore ici ? lui demanda t-elle, la voix douce, le ton dur.
- Madame, je..."
Elle était bien mal à l'aise, le regard presque triste, mais Kurusu-tsubone n'en laissa rien paraître. Son enfant dans les bras, elle s'approcha de quelques pas.
"Votre famille vous attend certainement pour le réveillon. Il n'est pas encore minuit. Rentrez chez vous."
La servante leva les yeux, encore hésitante. Kikyo insista, plus sèchement.
"Je peux très bien me passer de vos services pour ce soir, dépêchez-vous.
- Oui... merci madame."
Elle tourna les talons et sortit. Désormais seule dans la maison, Kikyo reposa son regard sur sa petite fille âgée de tout juste trois semaines. Akio se leva lui aussi, prenant garde à ne pas heurter un meuble. Le loups blanc s'avança jusqu'à la porte. Il semblait attendre.
"Tu as raison. Il n'est pas encore tout à fait minuit."
Dehors, la neige artificielle avait grandement refroidi le jardin. La demi-raenne avait pris soin d’emmailloter sa fille dans une petite couverture afin qu'elle ne tombe pas malade. Elle la porta jusqu'à la statue de glace qui trônait entre les cerisiers et les saules. Kikyo posa sa main libre sur le torse gelé de son époux, fixant son regard impérieux.
"Dormez-vous ?"
Aucune réponse ne vint. Elle n'en attendait pas.
"Peut-être êtes-vous conscient, prisonnier de ce maléfice. Mes hommes ont fait le nécessaire, tenez bon, anata."
Le tigre demeurait de glace, au sens littéral. Au regard des voisins il aurait pu sembler que son épouse parlait seule. Elle ne se souciait guère du froid, blottie contre son époux silencieux. Akio se coucha à leurs pieds, pour les réchauffer. La neige tombait en silence. Kimiko finit par ouvrir les yeux lorsqu'un flocon se posa sur son nez. L'enfant ne pleurait pas, elle se contentait d'observer les étoiles alors que sa mère écartait un peu la couverture pour lui permettre de regarder le ciel.
"Il est minuit."
Ce n'était pas ainsi qu'elle avait envisagé cette nuit. Rien ne se passe jamais comme on l'imagine, dans sa vie du moins, rien n'avait été comme elle l'aurait imaginé après sa fuite de l'armée garlemaldaise. Elle pouvait toujours sourire intérieurement, se disant que s'il avait été "éveillé" il n'aurait sans doute pas été plus loquace ; au final ils étaient quand même tous les trois cette nuit.
"C'est une douce nuit."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Ouvrir les yeux était certainement le plus difficile, après ces dernières semaines sans trop dormir. La main posée sur le cœur du tigre, elle le sentait battre dans sa poitrine. Une sensation dont elle ne se laissait plus depuis son réveil, et depuis la nouvelle des mouvements de troupes en Gyr Abania. La volonté du seigneur Hien était d'envoyer tous ceux qui peuvent utiliser les ethérite au renfort des mhigois, et l'un comme l'autre des deux époux voyaient se profiler leur destin sur cette ligne de front.
Cette fois, je me tiendrais au côté des miens et non derrière la ligne ennemie avec mes remords.
Elle y goutait enfin, à ce sentiment double. Fière de se tenir à ses côtés face à leur ennemi, et terrifiée à l'idée de le perdre. S'il n'y avait eu Kimiko, ce sentiment ne l'encombrerait guère se sachant prête à le suivre dans la mort.
Elle se redressa. Il dormait profondément. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres un bref instant, repensant à l'échange qu'ils avaient eu quelques heures avant sur la plage de Brumée. Si elle n'avait rien à envier sur le contrôle de ses émotions, elle s'étonnait chaque fois de voir avec quelle facilité il pouvait passer de l'entêtement le plus sévère au désir. "Je ne suis qu'un homme" se plaisait-il à dire, ce qui la faisait rire intérieurement. Elle déposa un baiser sur ses lèvres avant de se lever.
Si vous saviez le nombre d'hommes qui ont l'air de penser qu'aimer, c'est cesser de s'affronter.
Une fois hors du lit, elle sentit le froid. Une sensation étrange qui remontait le long de ses jambes, accompagné d'une intuition. Elle resta debout un moment, en silence face à son armure. Loin dans son esprit, comme un écho, il lui sembla entendre le rugissement des machines de guerre et les cris des soldats, le grondement de la terre, et les pleurs du vent.
La réalité revient frapper à la porte de son esprit. Celui qui dirait de pas avoir peur avant de partir pour la guerre serait un menteur, ou un fou.
"J'ai peur Lantis..
- Kikyo regardes moi. Regardes-moi !
- ...
- Moi aussi, j'ai peur. Mais si tu recules face à cette ligne, on ne rentrera jamais chez nous. Ni l'un, ni l'autre !"
Elle frémit. Une douleur lancinante, éveillée par de lointain souvenirs, remonta le long de sa jambe.
"Tu vas t'en sortir !
- J'ai mal...
- Restes éveillée, surtout n'arrêtes pas de parler même si c'est pour me hurler dessus !
- Je n'ai pas la force de hurler...
- Crois-moi, dans une minute tu vas hurler... je n'ai plus d'anesthésiant."
Son regard se couvrit d'un voile rouge, le gout métallique du sang envahit sa bouche. La guerre revient, plus tôt qu'elle ne le pensait et en même temps elle se demandait pourquoi l'Empire avait attendu aussi longtemps avant de contre-attaquer. Presque deux ans... c'était inhabituel, du moins du peu qu'elle connaissait de leur fonctionnement militaire.
Un nouveau frisson remonta le long de son dos. C'est vrai, elle avait froid. Elle choisit de laisser là son armure pour l'instant et de se saisir d'un yukata près du lit, quand elle entendit le froissement des draps et son époux qui s'éveillait. Elle se tourna alors pour le voir assis, le regard toujours aussi impérieux. Le soleil à présent haut dans le ciel de Shirogane perçait au travers des carreaux pour venir éclairer le tatouage qui couvrait son dos. Il ne prononça pas un mot, mais la volonté était sans équivoque. Kikyo retira sa main du tissus et retourna vers le lit.
Cette fois, je me tiendrais au côté des miens et non derrière la ligne ennemie avec mes remords.
Elle y goutait enfin, à ce sentiment double. Fière de se tenir à ses côtés face à leur ennemi, et terrifiée à l'idée de le perdre. S'il n'y avait eu Kimiko, ce sentiment ne l'encombrerait guère se sachant prête à le suivre dans la mort.
Elle se redressa. Il dormait profondément. Un mince sourire se dessina sur ses lèvres un bref instant, repensant à l'échange qu'ils avaient eu quelques heures avant sur la plage de Brumée. Si elle n'avait rien à envier sur le contrôle de ses émotions, elle s'étonnait chaque fois de voir avec quelle facilité il pouvait passer de l'entêtement le plus sévère au désir. "Je ne suis qu'un homme" se plaisait-il à dire, ce qui la faisait rire intérieurement. Elle déposa un baiser sur ses lèvres avant de se lever.
Si vous saviez le nombre d'hommes qui ont l'air de penser qu'aimer, c'est cesser de s'affronter.
Une fois hors du lit, elle sentit le froid. Une sensation étrange qui remontait le long de ses jambes, accompagné d'une intuition. Elle resta debout un moment, en silence face à son armure. Loin dans son esprit, comme un écho, il lui sembla entendre le rugissement des machines de guerre et les cris des soldats, le grondement de la terre, et les pleurs du vent.
La réalité revient frapper à la porte de son esprit. Celui qui dirait de pas avoir peur avant de partir pour la guerre serait un menteur, ou un fou.
"J'ai peur Lantis..
- Kikyo regardes moi. Regardes-moi !
- ...
- Moi aussi, j'ai peur. Mais si tu recules face à cette ligne, on ne rentrera jamais chez nous. Ni l'un, ni l'autre !"
Elle frémit. Une douleur lancinante, éveillée par de lointain souvenirs, remonta le long de sa jambe.
"Tu vas t'en sortir !
- J'ai mal...
- Restes éveillée, surtout n'arrêtes pas de parler même si c'est pour me hurler dessus !
- Je n'ai pas la force de hurler...
- Crois-moi, dans une minute tu vas hurler... je n'ai plus d'anesthésiant."
Son regard se couvrit d'un voile rouge, le gout métallique du sang envahit sa bouche. La guerre revient, plus tôt qu'elle ne le pensait et en même temps elle se demandait pourquoi l'Empire avait attendu aussi longtemps avant de contre-attaquer. Presque deux ans... c'était inhabituel, du moins du peu qu'elle connaissait de leur fonctionnement militaire.
Un nouveau frisson remonta le long de son dos. C'est vrai, elle avait froid. Elle choisit de laisser là son armure pour l'instant et de se saisir d'un yukata près du lit, quand elle entendit le froissement des draps et son époux qui s'éveillait. Elle se tourna alors pour le voir assis, le regard toujours aussi impérieux. Le soleil à présent haut dans le ciel de Shirogane perçait au travers des carreaux pour venir éclairer le tatouage qui couvrait son dos. Il ne prononça pas un mot, mais la volonté était sans équivoque. Kikyo retira sa main du tissus et retourna vers le lit.
L'appel de la guerre peut bien attendre quelques heures de plus.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Après toutes ces lunes à côtoyer la Noscea, il lui semblait la redécouvrir ce soir-là. Depuis quand cette ville était-elle si plaisante ? Un repaire de corsaires, de l'alcool et des bagarres à chaque coin de rue et pourtant elle ne les voyait plus. Marchant dans les rues pavées elle s'arrêtait pour contempler les lumières du port qui s'allumaient les unes après les autres sur le chemin du Bismarck.
"Madame, vous avez réservé ?
- Non. Mais j'attends quelqu'un, je voudrais une table pour deux."
Près du bastingage sur la terrasse du restaurant, elle appréciait la vue sur la baie. Kikyo soupira longuement, bien installée contre le dossier de sa chaise. Depuis combien de temps n'était-elle pas sortie dîner ? Ce genre d'activités oisives n'étaient guère dans ses habitudes, ce qui ne les rendait que plus agréable en un sens.
"Pardon de vous avoir fait attendre..."
Elle tourna la tête pour saluer la raenne qui vint la rejoindre.
"Ne vous inquiétez pas Akiji-san, je viens d'arriver."
Sans doute ses hommes auraient haussé un sourcil si l'un d'entre eux s'était aventuré par hasard ce soir-là sur le Tillac. Jamais Kikyo Kurusu ne s'était affichée ainsi, dînant paisiblement en compagnie d'un autre être vivant sans y avoir été contrainte par ses obligations ou l'image du Lotus. Et pourtant c'était elle qui avait proposé cette sortie et alors qu'elle écoutait sa nouvelle "amie" - pourrait-on dire cela ?- lui parler d'elle, et de sa vie, elle y prêtait un intérêt sincère qui n'était en rien motivé par la politique ou un engagement quelconque.
"... Et qu'est-il arrivé à ce garçon ?
- Il est mort quelques semaines plus tard, un accident sur les docks."
Ce genre de questions ne lui ressemblait pas. Elle écoutait toujours, entendait ce qu'on lui disait mais jamais elle n'en demandait plus, ou ne cherchait à savoir. Cela avait toujours été pour elle le signe d'une indiscrétion dans la vie des autres ce qui lui valait parfois un jugement un peu hâtif sur sa personne ; on la disait indifférente. Insociable était sans doute plus proche de la vérité... sauf ce soir.
Les heures passant, les deux femmes échangeaient paisiblement anecdotes et souvenirs de leurs vies en Orient à la lueur des chandelles. Un repas simple où elle n'avait pas cette impression d'être seule au milieu d'une foule bruyante. Akiji-san racontait sa vie avec la fraîcheur de l'insouciance et à la fois une froideur rationnelle qui plaisait à Kikyo. Elle n'en rajoutait pas, elle n'étalait aucun jugement moral ni conclusion idéologique sur ses récits. Elle l'entendait énoncer des faits, pragmatiques, intéressant pour ce qu'ils étaient et non ce qu'on pourrait en faire. Elle était différente et pourtant comme tout le monde. Mais l'heure tourne, et vint le moment de partir.
"Je dois vous laisser, Akiji-san. On m'attend sur le front.
- Faites-moi une faveur, revenez en vie. Je souhaite que nous puissions parler à nouveau à votre retour.
- Moi aussi, Akiji-san. Moi aussi..."
Les deux femmes s'inclinèrent et se séparèrent. Kikyo regagna le port, guettant le prochain bateau pour la baie de Brumée.
"Quelle étrange rencontre..."
Il lui était arrivée de croiser nombre de personnes intéressantes, à commencer par Sterne sont les Haikus avaient aussitôt séduit son esprit poétique. Chaque membre de l'Ordre valait son intérêt, sans parler du clan, de Sachiko si dévouée et bien sur d'Akira. Son ressenti suite à ce dîner était plus proche de ces deux derniers et elle tentait de comprendre le pourquoi. Elle la connaissait à peine.
A Brumée, alors qu'elle enfilait son armure, son regard s'était perdu sur le crépuscule étoilé, baignant la mer dans une lumière apaisante. Elle pensait à "lui" à présent. Trop influencée par les eorzéens, disait-il. L'était-elle ?
Sa main se referma sur la garde de son katana. Non. Bien sur que non. Rien ne valait à ses yeux la beauté d'un ciel rougeoyant sur Othard. Elle ne comprenait rien à leur humour et leurs loisirs, pas plus qu'à leur politique de cités états qui prônent les libertés individuelles au point d'encourager les électrons libres indisciplinés qui pensent que de bonnes intentions suffisent à tout pardonner. Elle avait la patience, elle apprenait et comprenait leur fonctionnement mais ne l'approuvait guère... La beauté de ce continent s'arrêtait au choc des cultures parfois trop fort pour son esprit.
Et pourtant elle allait se battre pour Eorzéa. Rien ne l'y forçait, et à entendre son époux encore aigri par la trahison de ses anciens eorzéens, rien ici ne "méritait" qu'elle le fasse autrement que par obéissance envers le seigneur Hien. Rien ne la motivait à faire ça, rien...
"Madame, vous avez réservé ?
- Non. Mais j'attends quelqu'un, je voudrais une table pour deux."
Près du bastingage sur la terrasse du restaurant, elle appréciait la vue sur la baie. Kikyo soupira longuement, bien installée contre le dossier de sa chaise. Depuis combien de temps n'était-elle pas sortie dîner ? Ce genre d'activités oisives n'étaient guère dans ses habitudes, ce qui ne les rendait que plus agréable en un sens.
"Pardon de vous avoir fait attendre..."
Elle tourna la tête pour saluer la raenne qui vint la rejoindre.
"Ne vous inquiétez pas Akiji-san, je viens d'arriver."
Sans doute ses hommes auraient haussé un sourcil si l'un d'entre eux s'était aventuré par hasard ce soir-là sur le Tillac. Jamais Kikyo Kurusu ne s'était affichée ainsi, dînant paisiblement en compagnie d'un autre être vivant sans y avoir été contrainte par ses obligations ou l'image du Lotus. Et pourtant c'était elle qui avait proposé cette sortie et alors qu'elle écoutait sa nouvelle "amie" - pourrait-on dire cela ?- lui parler d'elle, et de sa vie, elle y prêtait un intérêt sincère qui n'était en rien motivé par la politique ou un engagement quelconque.
"... Et qu'est-il arrivé à ce garçon ?
- Il est mort quelques semaines plus tard, un accident sur les docks."
Ce genre de questions ne lui ressemblait pas. Elle écoutait toujours, entendait ce qu'on lui disait mais jamais elle n'en demandait plus, ou ne cherchait à savoir. Cela avait toujours été pour elle le signe d'une indiscrétion dans la vie des autres ce qui lui valait parfois un jugement un peu hâtif sur sa personne ; on la disait indifférente. Insociable était sans doute plus proche de la vérité... sauf ce soir.
Les heures passant, les deux femmes échangeaient paisiblement anecdotes et souvenirs de leurs vies en Orient à la lueur des chandelles. Un repas simple où elle n'avait pas cette impression d'être seule au milieu d'une foule bruyante. Akiji-san racontait sa vie avec la fraîcheur de l'insouciance et à la fois une froideur rationnelle qui plaisait à Kikyo. Elle n'en rajoutait pas, elle n'étalait aucun jugement moral ni conclusion idéologique sur ses récits. Elle l'entendait énoncer des faits, pragmatiques, intéressant pour ce qu'ils étaient et non ce qu'on pourrait en faire. Elle était différente et pourtant comme tout le monde. Mais l'heure tourne, et vint le moment de partir.
"Je dois vous laisser, Akiji-san. On m'attend sur le front.
- Faites-moi une faveur, revenez en vie. Je souhaite que nous puissions parler à nouveau à votre retour.
- Moi aussi, Akiji-san. Moi aussi..."
Les deux femmes s'inclinèrent et se séparèrent. Kikyo regagna le port, guettant le prochain bateau pour la baie de Brumée.
"Quelle étrange rencontre..."
Il lui était arrivée de croiser nombre de personnes intéressantes, à commencer par Sterne sont les Haikus avaient aussitôt séduit son esprit poétique. Chaque membre de l'Ordre valait son intérêt, sans parler du clan, de Sachiko si dévouée et bien sur d'Akira. Son ressenti suite à ce dîner était plus proche de ces deux derniers et elle tentait de comprendre le pourquoi. Elle la connaissait à peine.
A Brumée, alors qu'elle enfilait son armure, son regard s'était perdu sur le crépuscule étoilé, baignant la mer dans une lumière apaisante. Elle pensait à "lui" à présent. Trop influencée par les eorzéens, disait-il. L'était-elle ?
Sa main se referma sur la garde de son katana. Non. Bien sur que non. Rien ne valait à ses yeux la beauté d'un ciel rougeoyant sur Othard. Elle ne comprenait rien à leur humour et leurs loisirs, pas plus qu'à leur politique de cités états qui prônent les libertés individuelles au point d'encourager les électrons libres indisciplinés qui pensent que de bonnes intentions suffisent à tout pardonner. Elle avait la patience, elle apprenait et comprenait leur fonctionnement mais ne l'approuvait guère... La beauté de ce continent s'arrêtait au choc des cultures parfois trop fort pour son esprit.
Et pourtant elle allait se battre pour Eorzéa. Rien ne l'y forçait, et à entendre son époux encore aigri par la trahison de ses anciens eorzéens, rien ici ne "méritait" qu'elle le fasse autrement que par obéissance envers le seigneur Hien. Rien ne la motivait à faire ça, rien...
...Si ce n'était ces curieuses rencontres...
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
"Je dormirai avec vous cette nuit.
- Madame...?"
Aucune explication ne suivit cette curieuse annonce. Les servantes échangèrent un regard, elle voulurent aider leur maîtresse à s'installer mais celle-ci refusa. Ce fut sans doute pour Sachiko le plus difficile, de retourner dans sa chambre en laissant Kikyo avec Akame pour partager un lit mais la petite nouvelle, bien qu'intimidée, restait pleine de bonne volonté. Elle était prête à laisser son lit mais Kikyo refusa à nouveau. Elle dormit peu cette nuit-là. Au matin, les rumeurs commençaient à circuler dans les cuisines pendant qu'elle accompagnait Akame étendre le linge à l'extérieur.
"C'est la première fois que le maître la renvoie de leur chambre, se pourrait-il...?
- Shhht, ne parles pas ainsi de Kurusu-dono. Il ne regarde que son épouse. Je pense qu'ils se sont encore disputé...
- Ce n'était jamais allé jusque là...
- Akame dit qu'elle a peut-être refusé de... tu sais..."
L'autre servante rougit brusquement avant de hocher la tête. Mais quand la porte s'ouvrit, plus aucun son ne se fit entendre ; on aurait entendu un mog voler. Kikyo entra, suivie par Akame. Elle affichait toujours ce visage de glace dont aucune émotion ne transpirait. Ce silence, permanent, suscitait bien des conversations. Sa tâche accomplie, l'épouse du Daimyo quitta les lieux toujours sans un mot, après s'être changée. Seule sa fidèle Sachiko la suivit à l'extérieur en trottinant, sans doute inquiète. Elle avait mit son plus beau kimono, avait coiffé ses cheveux, couvert ses lèvres d'un rouge sombre et le contour de ses yeux d'un noir profond.
Sa suivante la suivit jusqu'au petit autel en bord de mer, elle la vit s'agenouiller et prier avant de tirer de sa manche le wakizachi qui accompagnait toujours son katana. La lame étincelante arracha à la raenne un cri d'effroi étouffé, craignant le pire.
"Kurusu-tsubone ne faites pas cela...!"
La lame se leva alors que son autre main soulevait sa chevelure qu'elle trancha d'un coup net. Le pire cauchemar de la fidèle suivante, la favorite de sa maîtresse, se réalisait. Ou du moins, l'un des pires. Kikyo se releva, tenant dans sa main la longue et épaisse masse de cheveux. Pour la première fois depuis la veille, elle ouvrit la bouche.
"Sais-tu pourquoi les Kakita se décolorent les cheveux, Sachiko ?
- O.. oui madame. Vous m'aviez dit... que les blanchir inlassablement, jour après jour, est un rituel qui représente la recherche de la perfection car elle est inatteignable comme vous cheveux qui ne seront jamais totalement blanc. Mais dès lors que l'on cesse de les blanchir, ils ternissent et s'en éloignent. Vous aviez même dit qu'il ne fallait jamais reculer même l-..."
Confuse, elle s'interrompit, consciente de s'être laissée emporter. Elle fixait le dos de la Grue de Diamant, de plus en plus inquiète. Celle-ci pris la suite cependant d'une voix calme et monocorde.
" ...Même si on sait que la perfection ne peut être atteinte, comme la lune qui semble si près et pourtant ne peut être saisie dans le creux de la main. Ainsi sont les Kakita."
Elle ferma les yeux, et poussa un long soupir.
"Madame... Je vous en prie, dites-moi comment vous aider ?
- Lorsqu'un Kakita faillit à son rôle, quel qu'il soit, sa faute est affichée aux yeux de tous. Je n'ai pas besoin d'aide, Sachiko. Le temps redonnera à mon honneur son éclat, tout comme à mes cheveux."
Ce n'était pas la première fois que Kikyo et Akira se disputaient, ce n'était pas non plus la première fois que la dureté du Tigre envers son épouse inquiétait les servantes. Mais Sachiko en était témoin, c'était la première fois que sa maîtresse semblait avoir plus sur le cœur que le désir de ne pas décevoir son époux. Quelque chose tiraillait son âme, et elle était incapable de comprendre de quoi il s'agissait.
Kikyo glissa le wakizachi dans sa manche. Elle se tourna vers la mer et leva sa main, laissant ses cheveux s'envoler. Sachiko la regardait, elle voyait l'astre du jour décliner lentement jusqu'à presque se "poser" dans sa paume. Il baignait d'or la demi-raenne dont le regard s'était durcit ces derniers temps. Nulle larme ne coulait sur sa joue, nulle tristesse n'était visible, et nul soupir ne se fit entendre.
- Madame...?"
Aucune explication ne suivit cette curieuse annonce. Les servantes échangèrent un regard, elle voulurent aider leur maîtresse à s'installer mais celle-ci refusa. Ce fut sans doute pour Sachiko le plus difficile, de retourner dans sa chambre en laissant Kikyo avec Akame pour partager un lit mais la petite nouvelle, bien qu'intimidée, restait pleine de bonne volonté. Elle était prête à laisser son lit mais Kikyo refusa à nouveau. Elle dormit peu cette nuit-là. Au matin, les rumeurs commençaient à circuler dans les cuisines pendant qu'elle accompagnait Akame étendre le linge à l'extérieur.
"C'est la première fois que le maître la renvoie de leur chambre, se pourrait-il...?
- Shhht, ne parles pas ainsi de Kurusu-dono. Il ne regarde que son épouse. Je pense qu'ils se sont encore disputé...
- Ce n'était jamais allé jusque là...
- Akame dit qu'elle a peut-être refusé de... tu sais..."
L'autre servante rougit brusquement avant de hocher la tête. Mais quand la porte s'ouvrit, plus aucun son ne se fit entendre ; on aurait entendu un mog voler. Kikyo entra, suivie par Akame. Elle affichait toujours ce visage de glace dont aucune émotion ne transpirait. Ce silence, permanent, suscitait bien des conversations. Sa tâche accomplie, l'épouse du Daimyo quitta les lieux toujours sans un mot, après s'être changée. Seule sa fidèle Sachiko la suivit à l'extérieur en trottinant, sans doute inquiète. Elle avait mit son plus beau kimono, avait coiffé ses cheveux, couvert ses lèvres d'un rouge sombre et le contour de ses yeux d'un noir profond.
Sa suivante la suivit jusqu'au petit autel en bord de mer, elle la vit s'agenouiller et prier avant de tirer de sa manche le wakizachi qui accompagnait toujours son katana. La lame étincelante arracha à la raenne un cri d'effroi étouffé, craignant le pire.
"Kurusu-tsubone ne faites pas cela...!"
La lame se leva alors que son autre main soulevait sa chevelure qu'elle trancha d'un coup net. Le pire cauchemar de la fidèle suivante, la favorite de sa maîtresse, se réalisait. Ou du moins, l'un des pires. Kikyo se releva, tenant dans sa main la longue et épaisse masse de cheveux. Pour la première fois depuis la veille, elle ouvrit la bouche.
"Sais-tu pourquoi les Kakita se décolorent les cheveux, Sachiko ?
- O.. oui madame. Vous m'aviez dit... que les blanchir inlassablement, jour après jour, est un rituel qui représente la recherche de la perfection car elle est inatteignable comme vous cheveux qui ne seront jamais totalement blanc. Mais dès lors que l'on cesse de les blanchir, ils ternissent et s'en éloignent. Vous aviez même dit qu'il ne fallait jamais reculer même l-..."
Confuse, elle s'interrompit, consciente de s'être laissée emporter. Elle fixait le dos de la Grue de Diamant, de plus en plus inquiète. Celle-ci pris la suite cependant d'une voix calme et monocorde.
" ...Même si on sait que la perfection ne peut être atteinte, comme la lune qui semble si près et pourtant ne peut être saisie dans le creux de la main. Ainsi sont les Kakita."
Elle ferma les yeux, et poussa un long soupir.
"Madame... Je vous en prie, dites-moi comment vous aider ?
- Lorsqu'un Kakita faillit à son rôle, quel qu'il soit, sa faute est affichée aux yeux de tous. Je n'ai pas besoin d'aide, Sachiko. Le temps redonnera à mon honneur son éclat, tout comme à mes cheveux."
Ce n'était pas la première fois que Kikyo et Akira se disputaient, ce n'était pas non plus la première fois que la dureté du Tigre envers son épouse inquiétait les servantes. Mais Sachiko en était témoin, c'était la première fois que sa maîtresse semblait avoir plus sur le cœur que le désir de ne pas décevoir son époux. Quelque chose tiraillait son âme, et elle était incapable de comprendre de quoi il s'agissait.
Kikyo glissa le wakizachi dans sa manche. Elle se tourna vers la mer et leva sa main, laissant ses cheveux s'envoler. Sachiko la regardait, elle voyait l'astre du jour décliner lentement jusqu'à presque se "poser" dans sa paume. Il baignait d'or la demi-raenne dont le regard s'était durcit ces derniers temps. Nulle larme ne coulait sur sa joue, nulle tristesse n'était visible, et nul soupir ne se fit entendre.
"Face aux yeux du Tigre,
Mes promesses jetées au vent.
Mon cœur se consume."
Mes promesses jetées au vent.
Mon cœur se consume."
Pardonne-moi, Sanjuro-nii-sama.
Le ciel de Gyr Abania n'était pas d'or mais d'obsidienne. Était-ce le jour ou bien la nuit ? Nul n'aurait su le dire, le ciel demeurant caché par ces nuages de fumée noire. Kikyo se redressa, la main serrant la lame de son katana face aux troupes impériales qui approchaient. La ligne de front n'avançait pas d'un yalm et pourtant ils ne cessaient de revenir en force. Elle était épuisée. Sa jambe commençait à la lancer un peu mais une main se saisit de son bras et la releva.
"S'il te plait, ne lâche pas maintenant."
Il avait toujours été à ses côtés, même dans les pires moments. Maintenant qu'elle savait pour qui elle se battait, il était toujours là à ses côtés. Bandeau sur le front pour masquer ses origines, il luttait pour sa nouvelle patrie.
"Lantis, il faut qu'on sorte de cette fourmilière avant qu'ils n'y mettent le feu !
- Tu penses que c'est ce qu'ils vont faire ?
- Ils seraient idiot de ne pas le faire plutôt, même moi je le ferais !
- Bon argument, on décampe."
La poussant dans le dos, l'homme s'élança à sa suite vers les hauteurs. Les tirs fusaient, comme la duelliste l'avait prédit plus par expérience que par intuition, et les hommes tombaient comme des mouches. Un rocher tout près d'eux vola en éclat sous l'impact d'un tir de croiseur.
"Je ne comprends pas, il leur suffirait d'envoyer la moitié de la flotte pour percer la ligne. Pourquoi se limitent t-il à trois chasseurs magiteck et une dizaine de drônes ?
- Qu'est ce que j'en sais, tu penses vraiment que c'est le moment de se poser ce genre de question ? Je ne vois plus mes hommes !
- Ils ont dû se replier aussi, aller on bouge !
- Lantis att-...!"
Il se prit un tir dans l'épaule et s'écrasa contre le sol pour tenter de ramper à couvert. Du sang coulait abondamment le long de son bras et il gémissait. Impossible de le rejoindre. Les tirs ne cessaient pas. Elle l'entendait lui crier "dégage de là !" tout en s'éloignant. Sa raison lui dictait d'obéir, son honneur de ne pas l'abandonner, l'honneur et autre chose. Un drône apparut. Elle se souvint de l'exploit réalisé quand elle avait sauvé Kaeris de cet enfer il y a quelques temps... un tel miracle ne se reproduirait pas. Pourtant elle saisit la petite arme à feu dans le dos de sa ceinture.
"Kikyo fais pas l'imbécile, dégage !"
Le tir manqua sa cible, évidemment. Mais il attira l'attention du drone qui la prit en chasse entre les rochers aussi tranchant que des rasoir.
"BORDEL ! KIKYO !"
L'ex-médicus n'écoutait plus que les tirs du drone qui s'était éloigné de lui, comme si la symphonie macabre dans son dos était occultée par son esprit. Il espérait l'entendre, encore et encore, signifiant qu'il n'avait toujours pas touché sa cible. Il se mit à courir lui aussi, elle avait pris la direction du camp. Elle pouvait encore l'atteindre, elle avait une chance de s'en tirer tant que...
Le bruit des tirs cessa, son coeur cessa de battre pendant quelques secondes.
"S'il te plait, ne lâche pas maintenant."
Il avait toujours été à ses côtés, même dans les pires moments. Maintenant qu'elle savait pour qui elle se battait, il était toujours là à ses côtés. Bandeau sur le front pour masquer ses origines, il luttait pour sa nouvelle patrie.
"Lantis, il faut qu'on sorte de cette fourmilière avant qu'ils n'y mettent le feu !
- Tu penses que c'est ce qu'ils vont faire ?
- Ils seraient idiot de ne pas le faire plutôt, même moi je le ferais !
- Bon argument, on décampe."
La poussant dans le dos, l'homme s'élança à sa suite vers les hauteurs. Les tirs fusaient, comme la duelliste l'avait prédit plus par expérience que par intuition, et les hommes tombaient comme des mouches. Un rocher tout près d'eux vola en éclat sous l'impact d'un tir de croiseur.
"Je ne comprends pas, il leur suffirait d'envoyer la moitié de la flotte pour percer la ligne. Pourquoi se limitent t-il à trois chasseurs magiteck et une dizaine de drônes ?
- Qu'est ce que j'en sais, tu penses vraiment que c'est le moment de se poser ce genre de question ? Je ne vois plus mes hommes !
- Ils ont dû se replier aussi, aller on bouge !
- Lantis att-...!"
Il se prit un tir dans l'épaule et s'écrasa contre le sol pour tenter de ramper à couvert. Du sang coulait abondamment le long de son bras et il gémissait. Impossible de le rejoindre. Les tirs ne cessaient pas. Elle l'entendait lui crier "dégage de là !" tout en s'éloignant. Sa raison lui dictait d'obéir, son honneur de ne pas l'abandonner, l'honneur et autre chose. Un drône apparut. Elle se souvint de l'exploit réalisé quand elle avait sauvé Kaeris de cet enfer il y a quelques temps... un tel miracle ne se reproduirait pas. Pourtant elle saisit la petite arme à feu dans le dos de sa ceinture.
"Kikyo fais pas l'imbécile, dégage !"
Le tir manqua sa cible, évidemment. Mais il attira l'attention du drone qui la prit en chasse entre les rochers aussi tranchant que des rasoir.
"BORDEL ! KIKYO !"
L'ex-médicus n'écoutait plus que les tirs du drone qui s'était éloigné de lui, comme si la symphonie macabre dans son dos était occultée par son esprit. Il espérait l'entendre, encore et encore, signifiant qu'il n'avait toujours pas touché sa cible. Il se mit à courir lui aussi, elle avait pris la direction du camp. Elle pouvait encore l'atteindre, elle avait une chance de s'en tirer tant que...
Le bruit des tirs cessa, son coeur cessa de battre pendant quelques secondes.
"... KIKYO !!!!"
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Cette jungle était immense, mystérieuse, dangereuse aussi, mais rien n'aurait pu entamer cette fascination qu'elle gardait pour elle, bien cachée derrière son visage de marbre. Un sentiment d'excitation et d'impatience face à l'inconnu, son cœur battant à tout rompre sans que cela ai le moindre rapport avec leur atterrissage forcé. Jusqu'à lors, une seule personne avait su faire battre son cœur de cette façon. Enfin elle voyait le monde, au-delà des frontières connues.
Le campement était à présent monté près de l'aeronef que le pantin faisait son possible pour réparer d'ici demain. Les dégâts étaient moindre, tout au plus quelques barres à redresser et des rayures sur la coque, plus de peur que de mal ; elle n'y pensait déjà plus. Autour du feu de camp, Wilwarin administrait les premiers soins à Dannaroth légèrement blessé par les combats dans la jungle. Lui aussi, plus de peur que de mal, sauf pour son égo masculin certainement. Romarique et L'nazah s'étaient absentés, déterminés à retrouver cette étrange créature bipède aux longues oreilles qui les avait observé depuis leur arrivée, Oyuun s'était isolée dans mais restait à porter de vue, ne restait que Kaeris, Byakuya et elle silencieux, occupés à manger leur dîner.
Il souriait. Lui aussi, il était curieux à propos de cet endroit au-delà de la nécessité de retrouver cette toxine. Kaeris était déjà penchée sur ses notes, à griffonner frénétiquement tout ce qu'elle pouvait retenir de ce voyage. Ils étaient fatigués et à la fois excités par ce nouvel environnement.
"Je vais faire un tour, finit-elle par dire en se levant.
- Veux-tu que je t'accompagne ? Demanda Byakuya.
- Inutile, je vais simplement à la cascade pour me laver, je préfèrerai qu'aucun homme ne me suive."
L'endroit avait beau être une jungle peuplée de créatures étranges et surement dangereux, Kikyo ne pouvait s'empêcher de trouver ce lieu reposant. Une fois certaine d'être seule, la demi-raenne se déshabilla et entra dans l'eau. Fraîche, mais elle avait tant transpiré dans cet environnement tropical que ce contact lui procura un soupir d'aise. Prudente, elle demeura cependant près de la rive, à proximité de son katana.
Aucune terre n'était plus belle que Doma, et la guerre appelait au loin en occident. Pourtant, elle brûlait du désir de demeurer ici plus longtemps, d'explorer cet endroit, de voir, de comprendre. Elle n'avait qu'à lever les yeux sur ces grands arbres noueux pour que son cœur se remette à battre plus fort.
J'ai passé tant de temps à ne voir que l'intérieur de mon pays ravagé par la guerre, à observer mes semblables opprimés, à espérer leur libération. J'ai tant voulu me racheter et servir ma patrie, j'en avais presque oublié de regarder l'horizon.
En temps de paix, elle avait d'abord souhaité voir le monde. Son destin avait changé quand son regard avait croisé celui du Tigre. Elle avait fait des choix et son devoir était maintenant auprès de son seigneur et de leur enfant. Elle n'envisageait pas un instant de quitter Kimiko, même pour quelques jours. Elle aspirait à se battre pour le Lotus Blanc, répondre à l'appel du seigneur Hien, et l'Ordre aussi s'était engagé dans cette guerre. Cette cause était pour l'heure, plus importante que tout. C'est pour cela qu'ils étaient ici, pour empêcher que les armes de Vasiris ne créent un nouveau carnage sur la frontière mhigoise.Quand ce serait terminé, peut-être que...
Un bruit sur sa gauche capta son attention. Par réflexe, elle saisit son arme. Hors de question de se laisser surprendre par l'un de ces animaux sauvages, pas après ce que les autres avaient croisé tout à l'heure dans le sous-bois. Par chance, ce n'était qu'un bel oiseau au plumage coloré qui se posa sur une branche sans se soucier d'elle. Dans ces zones reculées, ils devaient voir trop peu d'hommes pour s'en méfier. Elle reposa donc sa lame et contempla l'animal faire sa toilette. Il était splendide.
Elle se pencha pour prendre un peu d'eau dans ses mains. Elle voyait la lune se refléter entre ses doigts. Un sourire discret se dessina sur ses lèvres.
Le campement était à présent monté près de l'aeronef que le pantin faisait son possible pour réparer d'ici demain. Les dégâts étaient moindre, tout au plus quelques barres à redresser et des rayures sur la coque, plus de peur que de mal ; elle n'y pensait déjà plus. Autour du feu de camp, Wilwarin administrait les premiers soins à Dannaroth légèrement blessé par les combats dans la jungle. Lui aussi, plus de peur que de mal, sauf pour son égo masculin certainement. Romarique et L'nazah s'étaient absentés, déterminés à retrouver cette étrange créature bipède aux longues oreilles qui les avait observé depuis leur arrivée, Oyuun s'était isolée dans mais restait à porter de vue, ne restait que Kaeris, Byakuya et elle silencieux, occupés à manger leur dîner.
Il souriait. Lui aussi, il était curieux à propos de cet endroit au-delà de la nécessité de retrouver cette toxine. Kaeris était déjà penchée sur ses notes, à griffonner frénétiquement tout ce qu'elle pouvait retenir de ce voyage. Ils étaient fatigués et à la fois excités par ce nouvel environnement.
"Je vais faire un tour, finit-elle par dire en se levant.
- Veux-tu que je t'accompagne ? Demanda Byakuya.
- Inutile, je vais simplement à la cascade pour me laver, je préfèrerai qu'aucun homme ne me suive."
L'endroit avait beau être une jungle peuplée de créatures étranges et surement dangereux, Kikyo ne pouvait s'empêcher de trouver ce lieu reposant. Une fois certaine d'être seule, la demi-raenne se déshabilla et entra dans l'eau. Fraîche, mais elle avait tant transpiré dans cet environnement tropical que ce contact lui procura un soupir d'aise. Prudente, elle demeura cependant près de la rive, à proximité de son katana.
Aucune terre n'était plus belle que Doma, et la guerre appelait au loin en occident. Pourtant, elle brûlait du désir de demeurer ici plus longtemps, d'explorer cet endroit, de voir, de comprendre. Elle n'avait qu'à lever les yeux sur ces grands arbres noueux pour que son cœur se remette à battre plus fort.
J'ai passé tant de temps à ne voir que l'intérieur de mon pays ravagé par la guerre, à observer mes semblables opprimés, à espérer leur libération. J'ai tant voulu me racheter et servir ma patrie, j'en avais presque oublié de regarder l'horizon.
En temps de paix, elle avait d'abord souhaité voir le monde. Son destin avait changé quand son regard avait croisé celui du Tigre. Elle avait fait des choix et son devoir était maintenant auprès de son seigneur et de leur enfant. Elle n'envisageait pas un instant de quitter Kimiko, même pour quelques jours. Elle aspirait à se battre pour le Lotus Blanc, répondre à l'appel du seigneur Hien, et l'Ordre aussi s'était engagé dans cette guerre. Cette cause était pour l'heure, plus importante que tout. C'est pour cela qu'ils étaient ici, pour empêcher que les armes de Vasiris ne créent un nouveau carnage sur la frontière mhigoise.Quand ce serait terminé, peut-être que...
Un bruit sur sa gauche capta son attention. Par réflexe, elle saisit son arme. Hors de question de se laisser surprendre par l'un de ces animaux sauvages, pas après ce que les autres avaient croisé tout à l'heure dans le sous-bois. Par chance, ce n'était qu'un bel oiseau au plumage coloré qui se posa sur une branche sans se soucier d'elle. Dans ces zones reculées, ils devaient voir trop peu d'hommes pour s'en méfier. Elle reposa donc sa lame et contempla l'animal faire sa toilette. Il était splendide.
Elle se pencha pour prendre un peu d'eau dans ses mains. Elle voyait la lune se refléter entre ses doigts. Un sourire discret se dessina sur ses lèvres.
Jamais mon cœur ne s'oppose à mes serments.
Je t'offrirai le monde.
Je t'offrirai le monde.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Le Drakkar était un puissant navire de guerre, large, presque plat, il arborait la tête du primordial léviathan en tête de proue. De nombreux bouclier parsèment les côtés de celui-ci et pourrait presque être considéré comme vivant si l'on venait a regarder trop longtemps dans ces yeux rougeoyant. Les guerriers présent sur le navire transpiraient le sang des guerriers, pirates aguerris a l'art de la brutalité et des armes. Aucunes expression ne les caractérisait si ce n'est une grande nervosité. Que ce soit la peur du combat ou l'impatience de celui-ci, une seule goutte aurait suffit à faire déborder ce vase. A leur arrivée, ils firent descendre Kaeris et avancèrent vers le centre de l'ilot, leur capitaine Syvarr en première ligne suivi par un mégalocrabe dressé en bête de guerre.
Le hyurgoth était la fureur maritime personnifée. Haut, large avec une longue barbe et le crâne rasé. Il attendait sur le sable, une hache orienté vers le sol, les deux mains sur le manche de celle-ci. L'on aurait dit monstre de muscle, capable d'abattre un coeurl a mains nue. Tout fois, son regards trahissait une longue expérience de la mer.
Byakuya s'était avancé le premier pour engager les négociations, mais l'homme ne s'y laissa pas berner.
"Qu'avance la cheffe des quatre tours, seuls un chef, parle a un autre chef !"
Elle s'avança, suivie de près par Gualeb qui, en bon protecteur, avait déjà la main sur la garde de son épée. Il était prêt à en découdre.
"Aurais-je donc affaire a la dame-commandante des quatres tours ?
- Même si je ne l'étais pas vous n'en sauriez rien, puisque de toute évidence vous ne connaissez pas mes traits. Que voulez-vous ?"
Syvarr fit un mouvement de mains, les deux hommes derrière lui rapprochèrent Kaeris, puis la débâillonnèrent, laissant ainsi, celle-ci libre de parole. Ce qu'elle ne manqua pas de faire d'ailleurs, sans attendre.
"Il arrive ! L'orrtogar arrive !"
Kikyo ne broncha pas, mais elle avait déjà entendu le nom. Elle laissa aux autres le soin de prévenir ceux qui attendaient sur l'aeronef qui ne tarderait pas à arriver lui aussi, caché au-dessus des nuages. Elle reporta son attention sur Syvarr, faisant mine de se concentrer sur les négociations.
"Nous voulons arriver a une trêve, nous détenons l'une de vos haute-commandante. Nous avons frappé là où vous ne pouviez frapper. Par le biais de cette prise, je demande, un combat entre la cheffe des quatres tours, et le chef du Drakkar, moi Syvarr bloodaxe. Le gagnant imposera UN ordre, au groupe appartenant a son adversaire."
Il avait parlé d'une voix forte, puissante, comme les barbares des mers où les fameux maraudeurs, vibrant de la vigueur maritime. Kikyo lui répondit alors, sans ciller ni hausser le ton, d'une voix qui aurait presque semblé douce si elle n'avait été si froide.
"Je vous accorde une trêve. Vous nous rendez Kaeris, demandez pardon, et jurez de démanteler votre fratrie. Vous aurez alors une chance de survivre à cette guerre que vous ne pourrez gagner contre nous."
L'homme haussa un sourcil, un long silence ce fit sentir alors que le vent soufflait sur l'île, il tourna la tête vers son équipage avant de revenir vers son interlocutrice.
" Si vous en êtes si sûr, alors pourquoi nous donner la possibilité de choisir ?
- Parce que vous n'êtes pas ceux qui ont tiré sur mes hommes il y a cinq jours. Que décidez-vous ?
- Que même si j'acceptais, alors je ferais preuve de lâcheté, en n'ayant même pas croiser le fer, je ne pourrais imposer cela! Vous voulez la paix ? Alors vous devrez me vaincre dans un combat de règne !"
Les yeux du Haut-Commandeur se fermèrent lentement. Il apparut d'abord qu'elle faisait preuve de résignation. Les mains croisées dans son dos, elle redressa alors sur le capitaine du Drakkar un regard dur, et prononça ces mots d'une fois à la fois forte et glaçante que tous entendirent, même dans la linkperle :
Le hyurgoth était la fureur maritime personnifée. Haut, large avec une longue barbe et le crâne rasé. Il attendait sur le sable, une hache orienté vers le sol, les deux mains sur le manche de celle-ci. L'on aurait dit monstre de muscle, capable d'abattre un coeurl a mains nue. Tout fois, son regards trahissait une longue expérience de la mer.
Byakuya s'était avancé le premier pour engager les négociations, mais l'homme ne s'y laissa pas berner.
"Qu'avance la cheffe des quatre tours, seuls un chef, parle a un autre chef !"
Elle s'avança, suivie de près par Gualeb qui, en bon protecteur, avait déjà la main sur la garde de son épée. Il était prêt à en découdre.
"Aurais-je donc affaire a la dame-commandante des quatres tours ?
- Même si je ne l'étais pas vous n'en sauriez rien, puisque de toute évidence vous ne connaissez pas mes traits. Que voulez-vous ?"
Syvarr fit un mouvement de mains, les deux hommes derrière lui rapprochèrent Kaeris, puis la débâillonnèrent, laissant ainsi, celle-ci libre de parole. Ce qu'elle ne manqua pas de faire d'ailleurs, sans attendre.
"Il arrive ! L'orrtogar arrive !"
Kikyo ne broncha pas, mais elle avait déjà entendu le nom. Elle laissa aux autres le soin de prévenir ceux qui attendaient sur l'aeronef qui ne tarderait pas à arriver lui aussi, caché au-dessus des nuages. Elle reporta son attention sur Syvarr, faisant mine de se concentrer sur les négociations.
"Nous voulons arriver a une trêve, nous détenons l'une de vos haute-commandante. Nous avons frappé là où vous ne pouviez frapper. Par le biais de cette prise, je demande, un combat entre la cheffe des quatres tours, et le chef du Drakkar, moi Syvarr bloodaxe. Le gagnant imposera UN ordre, au groupe appartenant a son adversaire."
Il avait parlé d'une voix forte, puissante, comme les barbares des mers où les fameux maraudeurs, vibrant de la vigueur maritime. Kikyo lui répondit alors, sans ciller ni hausser le ton, d'une voix qui aurait presque semblé douce si elle n'avait été si froide.
"Je vous accorde une trêve. Vous nous rendez Kaeris, demandez pardon, et jurez de démanteler votre fratrie. Vous aurez alors une chance de survivre à cette guerre que vous ne pourrez gagner contre nous."
L'homme haussa un sourcil, un long silence ce fit sentir alors que le vent soufflait sur l'île, il tourna la tête vers son équipage avant de revenir vers son interlocutrice.
" Si vous en êtes si sûr, alors pourquoi nous donner la possibilité de choisir ?
- Parce que vous n'êtes pas ceux qui ont tiré sur mes hommes il y a cinq jours. Que décidez-vous ?
- Que même si j'acceptais, alors je ferais preuve de lâcheté, en n'ayant même pas croiser le fer, je ne pourrais imposer cela! Vous voulez la paix ? Alors vous devrez me vaincre dans un combat de règne !"
Les yeux du Haut-Commandeur se fermèrent lentement. Il apparut d'abord qu'elle faisait preuve de résignation. Les mains croisées dans son dos, elle redressa alors sur le capitaine du Drakkar un regard dur, et prononça ces mots d'une fois à la fois forte et glaçante que tous entendirent, même dans la linkperle :
"Ce combat était terminé avant même d'avoir commencé."
C'était le signal pour Clarelys. Le Corbeau qui tournait en rond au-dessus de leur position piqua alors au travers de nuages.
"Préparez-vous à larguer la première bombe !"
Puisqu'ils avaient été informés par Romarique de quel navire il s'agissait, ils avaient préparé à l'avance l'une des bombes fournies par le Maelstrom. L'aeronef perça le ciel, l'ironie du sort fit qu'à ce moment précis le vent qui soufflait écarta les nuages. Les pirates du Drakkar n'eurent que le temps de lever les yeux avant que l'Enfer se déchaine sur leur tête. Un sifflement, une détonation et ce fût les flammes. Le navire se brisa en deux et hurla de son bois craquelé comme le ferais une bête a l'agonie. Ceux qui avait survécu étaient désormais en mer, ou sur terre, peinant a retrouver le rivage et a ce relever.
Kikyo demeura imperturbable, un air impérieux et digne, son visage éclairé par les flammes du drakkar détruit, toisant son capitaine d'un regard qui ne sera pas sans rappeler quelqu'un. Elle était à la fois de feu et de glace, elle n'avait eu aucune pitié. Les pirates sur l'ilot, les seuls à avoir été préservés de l’explosion, eurent comme un temps d'arrêt, le genre de silence qui précède la rage du désespoir. Ils contemplèrent le Drakkar sombrer, et les corps brisés fumant au milieu des débris en flammes.
Syvarr resserra alors sa prise sur le manche de sa hache, et dans un élan de fureur il se tourna vers Kikyo pour la frapper, les yeux injectés de sang. Celle-ci fit un pas de côté, esquivant le coup. Il fut suivi par les autres, et leur bête de guerre. La bataille commençait à peine...
Aux prises avec Syvarr, elle voyait Gualeb couvrir leurs arrières en tenant tête à trois de ces barbares avec un courage impressionnant. Légèrement blessé, il avait plus de chance que Byakuya qui encaissait autant de coups qu'il en donnait. Heureusement pour lui, le mégalocrabe tombait plus vite grâce au soutient de Kaeris qui avait su se libérer de ses liens dans la confusion générale.
Le Corbeau descendit vers eux, il sembla une minutes qu'il allait atterrir. Flare eut le temps de tirer une flèche qui perça le torse de l'un des assaillants de Gualeb. Tout se passa très vite. La voix d'Ivanhault retentit sur sa linkperle.
"Navire en approche, sa description correspond à l'Intrépide. Il n'est pas encore sur nous. Que fait-on ?"
Ils n'avaient que deux options, la première achever les pirates du Drakkar et tenter de fuir avant d'être à portée de leurs canons, ou... prendre un risque calculé, osé, mais jouable. Elle ne pouvait pas répondre, ils devaient se débrouiller seul. La réflexion ne dura qu'un instant, le temps qu'elle remarque la surprise dans les yeux de Syvarr qui ne s'attendait pas à voir l'Intrépide arriver. Le temps qu'une balle de Romarique l'atteigne et le fasse tomber à genoux devant elle. Le temps qu'Ivanhault prononce tout haut cette folle idée.
"Prenons les devant, nous avons le gaz paralysant. On a une chance !"
Terrechant et situations risquées. Les approbations se firent entendre sur la Perle, elle n'entendit pas Oyuun crier ses ordres mais ils virent le Corbeau reprendre de l'altitude. Ils ne virent pas les évacuer, et alors que les combats se poursuivaient sur l'ilot, elle voyait ses hommes affronter leur véritable cible.
Un grand BANG retentit, lorsque la deuxième bombe explosa. Prévue spécialement pour cette mission, la première explosion perça le pont du bâtiment de guerre qui, en plus d'être lourd, n'avait plus assez d'hommes pour manœuvrer rapidement une esquive. La deuxième explosion envoya le gaz paralysant à l'intérieur et sur le pont. De là où elle était, elle ne voyait pas ce qui se passait. L'écho de quelques cris furent portés par le vent. Ici, les combats étaient terminés. Mais après plusieurs longues minutes elle entendit la voix de Dannaroth ou de Jonathas, elle n'aurait su dire à cause du masque qu'ils portaient sur le visage.
"Nous avons pris possession de l'Intrépide. L'orrtogar est notre prisonnier."
Elle baissa alors le regard sur Syvarr, à genoux devant-elle les bras ouverts à l'horizontale. Sa lame sous sa gorge, elle le força à la regarder. Derrière elle, le Drakkar continuait de flamber.
"Ta vie m'appartient, et elle ne vaut plus grand chose.
- Le faible, dépends du fort. Je m'en remets à vous."
Il attendait la mort. A ses côtés, elle sentait que Byakuya et les autres attendaient qu'elle décide de son sort. "
"Jures-moi allégeance, et réponds de tes crimes. Si tu survis, tu me serviras."
"Plus aucun pirate ne souille notre vision désormais." Déclara Byakuya lorsque le Corbeau ramena vers eux les preneurs de l'Intrépide. Ivanhault avait appelé le Maelstrom, afin qu'ils viennent nettoyer tout ça, et au vu de la fumée noire qui montait vers le ciel depuis le Drakkar en flammes, ils ne tarderaient pas à voir arriver les drapeaux écarlates. Ils emmèneraient alors les deux capitaines prisonniers, et les survivants. Sur l'Intrépide, ils n'avaient épargné personne excepté le capitaine et l'un de ses hommes mais dans l'eau et sur les rochers autour de l'Ilot de Frasques, plusieurs naufragés se cramponnaient aux rochers, encore sonnés. La justice de l'Amirale déciderait de leur sort.
Les combats terminés, il était temps pour les membres de l'Ordre de se faire soigner à la clinique, puis de prendre du repos.
En silence, Kikyo avança vers l'aeronef. Elle porta son regard sur chacun de ses hommes. Cette victoire était totale, elle ne ferait pas de fausse modestie mais ils ne devaient pas oublier que André, même privé des deux tiers de la fratrie, était encore dangereux. Elle n'oubliait pas non plus pour qui ils l'avaient fait, pour Nazah, Finaen et Selaine.
Stratégie, entrainement, discipline et préparation avaient payé. Plus que leur approbation et leur respect, elle voyait dans le regard de chacun une flamme incandescente -sauf peut-être Terrechant et ses absences lunatiques- digne de ce qu'elle attendait dans leur combat. Les pirates n'étaient qu'un ennemi parmi tant d'autres, le combat pour l’Équilibre serait bien différent.
"Préparez-vous à larguer la première bombe !"
Puisqu'ils avaient été informés par Romarique de quel navire il s'agissait, ils avaient préparé à l'avance l'une des bombes fournies par le Maelstrom. L'aeronef perça le ciel, l'ironie du sort fit qu'à ce moment précis le vent qui soufflait écarta les nuages. Les pirates du Drakkar n'eurent que le temps de lever les yeux avant que l'Enfer se déchaine sur leur tête. Un sifflement, une détonation et ce fût les flammes. Le navire se brisa en deux et hurla de son bois craquelé comme le ferais une bête a l'agonie. Ceux qui avait survécu étaient désormais en mer, ou sur terre, peinant a retrouver le rivage et a ce relever.
Kikyo demeura imperturbable, un air impérieux et digne, son visage éclairé par les flammes du drakkar détruit, toisant son capitaine d'un regard qui ne sera pas sans rappeler quelqu'un. Elle était à la fois de feu et de glace, elle n'avait eu aucune pitié. Les pirates sur l'ilot, les seuls à avoir été préservés de l’explosion, eurent comme un temps d'arrêt, le genre de silence qui précède la rage du désespoir. Ils contemplèrent le Drakkar sombrer, et les corps brisés fumant au milieu des débris en flammes.
Syvarr resserra alors sa prise sur le manche de sa hache, et dans un élan de fureur il se tourna vers Kikyo pour la frapper, les yeux injectés de sang. Celle-ci fit un pas de côté, esquivant le coup. Il fut suivi par les autres, et leur bête de guerre. La bataille commençait à peine...
Aux prises avec Syvarr, elle voyait Gualeb couvrir leurs arrières en tenant tête à trois de ces barbares avec un courage impressionnant. Légèrement blessé, il avait plus de chance que Byakuya qui encaissait autant de coups qu'il en donnait. Heureusement pour lui, le mégalocrabe tombait plus vite grâce au soutient de Kaeris qui avait su se libérer de ses liens dans la confusion générale.
Le Corbeau descendit vers eux, il sembla une minutes qu'il allait atterrir. Flare eut le temps de tirer une flèche qui perça le torse de l'un des assaillants de Gualeb. Tout se passa très vite. La voix d'Ivanhault retentit sur sa linkperle.
"Navire en approche, sa description correspond à l'Intrépide. Il n'est pas encore sur nous. Que fait-on ?"
Ils n'avaient que deux options, la première achever les pirates du Drakkar et tenter de fuir avant d'être à portée de leurs canons, ou... prendre un risque calculé, osé, mais jouable. Elle ne pouvait pas répondre, ils devaient se débrouiller seul. La réflexion ne dura qu'un instant, le temps qu'elle remarque la surprise dans les yeux de Syvarr qui ne s'attendait pas à voir l'Intrépide arriver. Le temps qu'une balle de Romarique l'atteigne et le fasse tomber à genoux devant elle. Le temps qu'Ivanhault prononce tout haut cette folle idée.
"Prenons les devant, nous avons le gaz paralysant. On a une chance !"
Terrechant et situations risquées. Les approbations se firent entendre sur la Perle, elle n'entendit pas Oyuun crier ses ordres mais ils virent le Corbeau reprendre de l'altitude. Ils ne virent pas les évacuer, et alors que les combats se poursuivaient sur l'ilot, elle voyait ses hommes affronter leur véritable cible.
Un grand BANG retentit, lorsque la deuxième bombe explosa. Prévue spécialement pour cette mission, la première explosion perça le pont du bâtiment de guerre qui, en plus d'être lourd, n'avait plus assez d'hommes pour manœuvrer rapidement une esquive. La deuxième explosion envoya le gaz paralysant à l'intérieur et sur le pont. De là où elle était, elle ne voyait pas ce qui se passait. L'écho de quelques cris furent portés par le vent. Ici, les combats étaient terminés. Mais après plusieurs longues minutes elle entendit la voix de Dannaroth ou de Jonathas, elle n'aurait su dire à cause du masque qu'ils portaient sur le visage.
"Nous avons pris possession de l'Intrépide. L'orrtogar est notre prisonnier."
Elle baissa alors le regard sur Syvarr, à genoux devant-elle les bras ouverts à l'horizontale. Sa lame sous sa gorge, elle le força à la regarder. Derrière elle, le Drakkar continuait de flamber.
"Ta vie m'appartient, et elle ne vaut plus grand chose.
- Le faible, dépends du fort. Je m'en remets à vous."
Il attendait la mort. A ses côtés, elle sentait que Byakuya et les autres attendaient qu'elle décide de son sort. "
"Jures-moi allégeance, et réponds de tes crimes. Si tu survis, tu me serviras."
"Plus aucun pirate ne souille notre vision désormais." Déclara Byakuya lorsque le Corbeau ramena vers eux les preneurs de l'Intrépide. Ivanhault avait appelé le Maelstrom, afin qu'ils viennent nettoyer tout ça, et au vu de la fumée noire qui montait vers le ciel depuis le Drakkar en flammes, ils ne tarderaient pas à voir arriver les drapeaux écarlates. Ils emmèneraient alors les deux capitaines prisonniers, et les survivants. Sur l'Intrépide, ils n'avaient épargné personne excepté le capitaine et l'un de ses hommes mais dans l'eau et sur les rochers autour de l'Ilot de Frasques, plusieurs naufragés se cramponnaient aux rochers, encore sonnés. La justice de l'Amirale déciderait de leur sort.
Les combats terminés, il était temps pour les membres de l'Ordre de se faire soigner à la clinique, puis de prendre du repos.
En silence, Kikyo avança vers l'aeronef. Elle porta son regard sur chacun de ses hommes. Cette victoire était totale, elle ne ferait pas de fausse modestie mais ils ne devaient pas oublier que André, même privé des deux tiers de la fratrie, était encore dangereux. Elle n'oubliait pas non plus pour qui ils l'avaient fait, pour Nazah, Finaen et Selaine.
Stratégie, entrainement, discipline et préparation avaient payé. Plus que leur approbation et leur respect, elle voyait dans le regard de chacun une flamme incandescente -sauf peut-être Terrechant et ses absences lunatiques- digne de ce qu'elle attendait dans leur combat. Les pirates n'étaient qu'un ennemi parmi tant d'autres, le combat pour l’Équilibre serait bien différent.
Elle demeurerait inébranlable.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Elle posa la lettre sur le bureau en soupirant, avant de faire glisser la montre à gousset près du pendentif en forme de bois de cerfs. Elle savait déjà à qui les remettre, l'un comme l'autre, mais ce n'était pas une question de possibilités. Elle avait été négligente, très négligente.
"Bon, où est ce fichier...?"
Elle ouvrit un tiroir pour en sortir le registre des membres, et raya le nom de Kaeris Telyrann juste après celui de Runne. Elle en avait rayé beaucoup ces dernières lunes mais seule Kaeris l'attristait réellement. Les autres avaient été anticipés, attendus, voir proposés. Alors que son regard parcourrait la liste, elle se rendit compte à quel point elle avait durci l'Ordre, ou plutôt les critères de sélection des recrues. En excluant les départs prévus suite à la retraite de Tsakuyi, à savoir tous les aventuriers que cette dernière avait recruté sur un coup de tête, l'Ordre avait refusé pas moins de neuf candidatures depuis sa création.
Dubitative, Kikyo posa le document sur son bureau près d'un autre petit mot déplié et non signé sur lequel il était écrit "Runne a aimé son colis", avant de se balancer légèrement vers l'arrière en regardant le plafond. Ils allaient tous bien, excepté Kaeris.
Quelque chose la dérangeait, l'agaçait, mais ce n'était pas cela. La compassion qu'elle éprouvait pour Kaeris ne justifiait pas une telle agitation dans son esprit. Ce n'était pas non plus l'amertume vis à vis d'Inélis, qu'elle se soit sentie à ce point insultée après qu'elle ai accordé sa confiance. Ce n'était pas la guerre, l'affaire des pirates ou l'état de Nahko. Ce n'était rien de tout cela, ou bien était-ce tout cela à la fois ?
"Tsch..."
"Cessez de me comparer continuellement à ceux que vous rejetez à chaque fois que je dis quelque chose"
Le Tigre fronça les sourcils avant de la saisir par la gorge sans serrer.
"- Ne me parlez plus pour me dire des banalités.
- Je n'ai rien de banal, et vous le savez."
Elle osait de plus en plus se confronter à lui, mais cela n'avait rien à voir avec de la colère ou de la frustration. Toujours quelque chose d'inexpliqué qui bouillait en elle sans qu'elle puisse le contrôler. Visiblement, cela ne déplaisait guère au seigneur Kurusu dont le regard sévère brûlait de désir devant l'audace de son épouse. Il la rapprocha de lui, elle le défiait du regard même si elle savait ce combat perdu d'avance.
"Mais si vous continuez à me fixer ainsi, je ne pourrais plus vous tenir tête bien longtemps."
Les mots furent vite interrompu par un baiser possessif. Ce changement dans le comportement de son épouse, au-delà de leur discussion précédente, ravivait les braises d'une liaison endormie des derniers temps par les devoirs quotidiens et leur tempérament peu loquace.
Cette nuit-là comme tant d'autres, elle n'était rien qu'à lui. Ces instants où elle n'était qu'une femme et rien de plus, elle pouvait lâcher prise. Elle n'avait pas besoin de mots, elle n'avait même pas besoin de douceur, simplement de lui. Plus que jamais, elle chercha son étreinte, accrochée à son amant comme une ancre.
Pourtant, malgré leur étreinte, son esprit continuait d'être tourmenté. Le visage enfoui dans son cou, elle voulait plus que jamais se perdre entre ses bras.
Au matin, elle s'éveilla comme elle s'était endormie, ses bras autour de la taille de son époux aussi serrés que les siens autour d'elle. Il était encore tôt, et encore une fois elle n'avait pas rêvé. Elle n'avait pas vu Yume-dori, elle ouvrit les yeux avec un grand vide dans son esprit.
Un soupir d'aise s'échappa de ses lèvres, elle entendait les battements de son cœur dans sa poitrine. Elle sentit sa prise se faire plus ferme signalant qu'il lui était fortement déconseillé de ne serait-ce qu'envisager se lever maintenant. Elle céda sans peine aux ordres silencieux, jusqu'à ce qu'elle se sente rouler sur le dos. Quelques minutes plus tard d'autres soupirs troublèrent le silence de la maison, faisant rougir l'une des servantes qui montait changer les draps de l'héritière.
Il était encore tôt.
"Bon, où est ce fichier...?"
Elle ouvrit un tiroir pour en sortir le registre des membres, et raya le nom de Kaeris Telyrann juste après celui de Runne. Elle en avait rayé beaucoup ces dernières lunes mais seule Kaeris l'attristait réellement. Les autres avaient été anticipés, attendus, voir proposés. Alors que son regard parcourrait la liste, elle se rendit compte à quel point elle avait durci l'Ordre, ou plutôt les critères de sélection des recrues. En excluant les départs prévus suite à la retraite de Tsakuyi, à savoir tous les aventuriers que cette dernière avait recruté sur un coup de tête, l'Ordre avait refusé pas moins de neuf candidatures depuis sa création.
Dubitative, Kikyo posa le document sur son bureau près d'un autre petit mot déplié et non signé sur lequel il était écrit "Runne a aimé son colis", avant de se balancer légèrement vers l'arrière en regardant le plafond. Ils allaient tous bien, excepté Kaeris.
Quelque chose la dérangeait, l'agaçait, mais ce n'était pas cela. La compassion qu'elle éprouvait pour Kaeris ne justifiait pas une telle agitation dans son esprit. Ce n'était pas non plus l'amertume vis à vis d'Inélis, qu'elle se soit sentie à ce point insultée après qu'elle ai accordé sa confiance. Ce n'était pas la guerre, l'affaire des pirates ou l'état de Nahko. Ce n'était rien de tout cela, ou bien était-ce tout cela à la fois ?
"Tsch..."
"Cessez de me comparer continuellement à ceux que vous rejetez à chaque fois que je dis quelque chose"
Le Tigre fronça les sourcils avant de la saisir par la gorge sans serrer.
"- Ne me parlez plus pour me dire des banalités.
- Je n'ai rien de banal, et vous le savez."
Elle osait de plus en plus se confronter à lui, mais cela n'avait rien à voir avec de la colère ou de la frustration. Toujours quelque chose d'inexpliqué qui bouillait en elle sans qu'elle puisse le contrôler. Visiblement, cela ne déplaisait guère au seigneur Kurusu dont le regard sévère brûlait de désir devant l'audace de son épouse. Il la rapprocha de lui, elle le défiait du regard même si elle savait ce combat perdu d'avance.
"Mais si vous continuez à me fixer ainsi, je ne pourrais plus vous tenir tête bien longtemps."
Les mots furent vite interrompu par un baiser possessif. Ce changement dans le comportement de son épouse, au-delà de leur discussion précédente, ravivait les braises d'une liaison endormie des derniers temps par les devoirs quotidiens et leur tempérament peu loquace.
Cette nuit-là comme tant d'autres, elle n'était rien qu'à lui. Ces instants où elle n'était qu'une femme et rien de plus, elle pouvait lâcher prise. Elle n'avait pas besoin de mots, elle n'avait même pas besoin de douceur, simplement de lui. Plus que jamais, elle chercha son étreinte, accrochée à son amant comme une ancre.
Pourtant, malgré leur étreinte, son esprit continuait d'être tourmenté. Le visage enfoui dans son cou, elle voulait plus que jamais se perdre entre ses bras.
Au matin, elle s'éveilla comme elle s'était endormie, ses bras autour de la taille de son époux aussi serrés que les siens autour d'elle. Il était encore tôt, et encore une fois elle n'avait pas rêvé. Elle n'avait pas vu Yume-dori, elle ouvrit les yeux avec un grand vide dans son esprit.
Un soupir d'aise s'échappa de ses lèvres, elle entendait les battements de son cœur dans sa poitrine. Elle sentit sa prise se faire plus ferme signalant qu'il lui était fortement déconseillé de ne serait-ce qu'envisager se lever maintenant. Elle céda sans peine aux ordres silencieux, jusqu'à ce qu'elle se sente rouler sur le dos. Quelques minutes plus tard d'autres soupirs troublèrent le silence de la maison, faisant rougir l'une des servantes qui montait changer les draps de l'héritière.
Il était encore tôt.
"Veux-tu que je te montres ?
- Je ne suis pas encore prête pour cela, Khaidai.
- Oui, je le sais."
- Je ne suis pas encore prête pour cela, Khaidai.
- Oui, je le sais."
Kikyo marchait en silence le long de la plage de Brumée. Elle repassait dans sa tête tout ce qui était arrivé, tout ce qui avait troublé son âme, tout ce qui la rendait si... instable. Plus elle y pensait, plus la réalité se faisait difficile à accepter : rien. Du moins, rien de logique, rien qui s'attache au monde physique et à ce qui constitue l'esprit humain dans sa cohérence. Tout ce qui lui arrivait, coïncidait avec d'autres phénomènes inexpliqués comme le fait qu'il soit de plus en plus difficile d'utiliser la magie, que des sortilèges stables se brisent, que des enchantements parfaits ne tiennent plus aussi longtemps qu'ils le devraient. Tout ce qui avait lien avec la magie en ce monde et qu'elle ne comprenait pas... bien qu'elle en porte l'héritage.
"Il se passe des choses, même toi tu l'as senti."
Byakuya était aussi inquiet, même s'il se voulait rassurant. Khaidai, lui, ne faisait pas dans la dentelle. Et plus les jours passaient, plus elle y pensait. L'absence de rêves, le silence du sanctuaire, son état de nervosité inexpliqué... tout cela convergeait vers la même conclusion.
"Quelle plaie que d'être sensible à ces forces invisibles, sans pour autant être en mesure de les toucher..."
Lasse, elle se laissa tomber dans le sable, face à la mer. D'ordinaire, le flux et le reflux l'apaisaient. Maintenant elle n'avait plus qu'une chose en tête : son combat. Oui, elle était devenue plus dure, plus froide, bien qu'elle l'ai toujours été. Les autres avaient raison, elle avait refusé de voir les choses en face... Elle changeait. Mais était-ce un mauvais changement pour autant ? L'Ordre se recentrait maintenant sur son premier et principal combat : l’Équilibre. Oui, elle avait durci le recrutement, consciente de la tentation humaine à se rallier à un groupe par affinité plus que par engagement. Ses attaches, elle les avait conservées, son engagement lui devait rester intact.
Elle avait prêté serment devant son seigneur, et devant le conseil.
"Je ne suis pas encore prête..."
Elle se mentait à elle-même. Elle devait le faire, mais elle redoutait la suite. Plus rien ne serait comme avant, une fois qu'elle aurait regardé au-delà de la frontière. Elle était une femme accomplie, mariée, mère, commandeur d'une compagnie libre servant sa nation et une cause qu'elle estimait juste. Elle aimait sa vie, elle aimait ce qu'elle était devenue bien qu'elle ne l'ai pas toujours choisi seule. Que se passerait-il une fois le miroir brisé, que deviendrait-elle ?
"Il se passe des choses, même toi tu l'as senti."
Byakuya était aussi inquiet, même s'il se voulait rassurant. Khaidai, lui, ne faisait pas dans la dentelle. Et plus les jours passaient, plus elle y pensait. L'absence de rêves, le silence du sanctuaire, son état de nervosité inexpliqué... tout cela convergeait vers la même conclusion.
"Quelle plaie que d'être sensible à ces forces invisibles, sans pour autant être en mesure de les toucher..."
Lasse, elle se laissa tomber dans le sable, face à la mer. D'ordinaire, le flux et le reflux l'apaisaient. Maintenant elle n'avait plus qu'une chose en tête : son combat. Oui, elle était devenue plus dure, plus froide, bien qu'elle l'ai toujours été. Les autres avaient raison, elle avait refusé de voir les choses en face... Elle changeait. Mais était-ce un mauvais changement pour autant ? L'Ordre se recentrait maintenant sur son premier et principal combat : l’Équilibre. Oui, elle avait durci le recrutement, consciente de la tentation humaine à se rallier à un groupe par affinité plus que par engagement. Ses attaches, elle les avait conservées, son engagement lui devait rester intact.
Elle avait prêté serment devant son seigneur, et devant le conseil.
"Je ne suis pas encore prête..."
Elle se mentait à elle-même. Elle devait le faire, mais elle redoutait la suite. Plus rien ne serait comme avant, une fois qu'elle aurait regardé au-delà de la frontière. Elle était une femme accomplie, mariée, mère, commandeur d'une compagnie libre servant sa nation et une cause qu'elle estimait juste. Elle aimait sa vie, elle aimait ce qu'elle était devenue bien qu'elle ne l'ai pas toujours choisi seule. Que se passerait-il une fois le miroir brisé, que deviendrait-elle ?
"Tu as changé.
- J'ai toujours été ainsi."
"Je parles ainsi car j'en ai le droit, et le devoir !"
"Je ne sais jamais comment vous parler, ou quoi vous dire. Vous êtes tellement... distante."
"Le faible dépend du fort, je m'en remets à vous Dame."
"Des pieds aux cheveux, vous m'appartenez."
"Tiens bon Kikyo, Accroches-toi !
- J'ai peur Lantis..."
- J'ai peur Lantis..."
"Elle sera ton salut, ou ta perte."
"Tu n'as pas enduré tout cela pour rien, Fille des Songes."
Elle ouvrit les yeux, et porta sa main à sa corne pour atteindre sa linkperle.
"Khaidai ? ... Je crois que je suis prête."
"Khaidai ? ... Je crois que je suis prête."
L'heure était venue.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
"Kurusu-tsubone...?"
Kikyo leva la tasse pour prendre une gorgée de thé noir. Le liquide brûlant coulant dans sa gorge lui arracha un frisson. Dans son bureau silencieux, personne ne pouvait la voir aussi diminuée si ce n'est celle que tous reconnaissaient maintenant comme sa "suivante", sans toutefois oser prononcer le terme.
"Dites-moi ce qu'était..." Demanda Shinme en s'asseyant à ses pieds, les mains sur ses genoux. Elle avait le regard inquiet digne de la plus dévouée des servantes. Sa douceur candide, bien qu'elle soit consciente de son passé, arracha à la Grue de Diamant un nouveau soupir.
"Ce ne sont pas des visions, Shinme. Ce sont des rêves.
- Des songes peuvent-ils vous affecter à ce point ?
- Beaucoup de rêves ont un sens. Quelqu'un a voulu nous prévenir de quelques chose, mais cela n'a rien à voir avec un quelconque présage divin Shinme tu dois comprendre cela."
La raenne hocha la tête gravement, incitant sa maîtresse à reprendre du thé par un mouvement de tête. Elle voyait bien que quelque chose n'allait pas. Kikyo d'ordinaire si forte et si imperméable à toute émotion était passée en quelques heures de paisible à éprouvée.
"Pourquoi cela vous arrive t-il ?
- Parce que je ne suis pas une miko, ou un mage. Je n'ai pas la capacité physique à voir passer sur moi de telles concentrations d'ether sans que mon corps le ressente."
Le regard d'ambre de Shinme ne la quittait plus, mais après plusieurs minutes, celle-ci se leva pour aller rendre aux cuisines le service à thé. Elle soupira avant de se lever, fixant du coin de l’œil sa nouvelle suivante quitter la pièce. C'était arrivé progressivement, petit à petit et malgré sa lâcheté d'enfant terrifiée à l'idée de déplaire à ses amis, Shinme s'affichait pleinement à ses côtés avec l'accord de Kurusu-dono. Celui-ci estimait qu'elle n'était pas prête à renaître au sein du Lotus, trop de chaînes l'entravaient encore.
Elle s'était habituée assez vite à sa présence, d'une façon si naturelle qu'elle n'aurait su dire quand exactement cette situation s'était installée. Elles parlaient beaucoup mais au delà de sa seule compagnie, elle lui servait le thé, saisissait à moindre occasion de s'asseoir à ses genoux plutôt que sur un canapé, se proposait sans cesse de jouer pour elle de la lyre ou du shamisen, de l'accompagner dans ses tâches. Ce regard d'ambre ne la quittait que lorsqu'elle lui disait de rentrer, de rejoindre son maître et ses amis dont elle savait qu'ils ne l'appréciaient guère.
"Tenez, votre lame.
- Merci Shinme."
Elle voyait dans son regard, encore, le doute et l'entrave. Autant de choses qui lui donnaient parfois l'envie de la renvoyer à Vertegide une fois de plus, d'agir avec toujours plus de froideur afin de l'éloigner et de la contraindre à renoncer. Elle avait tenté par trois fois de l'inciter à offrir son allégeance à une autre, mais Shinme lui était toujours plus dévouée.
"Kurusu-tsubone a t-elle encore du travail ce matin ?
- Je m'en suis acquittée à l'aube. Je n'ai pas fermé l’œil de la nuit."
Une fois encore, le visage inquiet de Shinme se confronta au regard glacé de Kikyo. Elle ne montrait rien, alors que ses mains tremblaient encore en attachant Shiroyume à sa ceinture. Son regard glissa sur Chusei, fermement tenue par Shinme qui ne s'en séparait plus et cela lui arracha un sourire bref, qui se voulait rassurant.
"M'accompagneras-tu à Yume-dori, le moment venu ?
- Hai !"
La promesse d'un nouveau voyage suffisait à redonner toute son énergie à cette jeune femme tourmentée. Avant que l'heure de la congédier ne vienne, et qu'elle soit de nouveau confrontée à l'incompréhension de ses proches face à ses choix, elles iraient marcher de longues heures le long des falaises aux côtés d'Akio. Elle n'aborderait pas le sujet de son trouble, tout comme Shinme ne parlerait pas de ces sombres avertissements.
Aussi vrai que l'ambre ne la quittait plus, le diamant continuerait de la protéger, froide et dure, mais que nul ne brisera jamais.
Kikyo leva la tasse pour prendre une gorgée de thé noir. Le liquide brûlant coulant dans sa gorge lui arracha un frisson. Dans son bureau silencieux, personne ne pouvait la voir aussi diminuée si ce n'est celle que tous reconnaissaient maintenant comme sa "suivante", sans toutefois oser prononcer le terme.
"Dites-moi ce qu'était..." Demanda Shinme en s'asseyant à ses pieds, les mains sur ses genoux. Elle avait le regard inquiet digne de la plus dévouée des servantes. Sa douceur candide, bien qu'elle soit consciente de son passé, arracha à la Grue de Diamant un nouveau soupir.
"Ce ne sont pas des visions, Shinme. Ce sont des rêves.
- Des songes peuvent-ils vous affecter à ce point ?
- Beaucoup de rêves ont un sens. Quelqu'un a voulu nous prévenir de quelques chose, mais cela n'a rien à voir avec un quelconque présage divin Shinme tu dois comprendre cela."
La raenne hocha la tête gravement, incitant sa maîtresse à reprendre du thé par un mouvement de tête. Elle voyait bien que quelque chose n'allait pas. Kikyo d'ordinaire si forte et si imperméable à toute émotion était passée en quelques heures de paisible à éprouvée.
"Pourquoi cela vous arrive t-il ?
- Parce que je ne suis pas une miko, ou un mage. Je n'ai pas la capacité physique à voir passer sur moi de telles concentrations d'ether sans que mon corps le ressente."
Le regard d'ambre de Shinme ne la quittait plus, mais après plusieurs minutes, celle-ci se leva pour aller rendre aux cuisines le service à thé. Elle soupira avant de se lever, fixant du coin de l’œil sa nouvelle suivante quitter la pièce. C'était arrivé progressivement, petit à petit et malgré sa lâcheté d'enfant terrifiée à l'idée de déplaire à ses amis, Shinme s'affichait pleinement à ses côtés avec l'accord de Kurusu-dono. Celui-ci estimait qu'elle n'était pas prête à renaître au sein du Lotus, trop de chaînes l'entravaient encore.
Elle s'était habituée assez vite à sa présence, d'une façon si naturelle qu'elle n'aurait su dire quand exactement cette situation s'était installée. Elles parlaient beaucoup mais au delà de sa seule compagnie, elle lui servait le thé, saisissait à moindre occasion de s'asseoir à ses genoux plutôt que sur un canapé, se proposait sans cesse de jouer pour elle de la lyre ou du shamisen, de l'accompagner dans ses tâches. Ce regard d'ambre ne la quittait que lorsqu'elle lui disait de rentrer, de rejoindre son maître et ses amis dont elle savait qu'ils ne l'appréciaient guère.
"Tenez, votre lame.
- Merci Shinme."
Elle voyait dans son regard, encore, le doute et l'entrave. Autant de choses qui lui donnaient parfois l'envie de la renvoyer à Vertegide une fois de plus, d'agir avec toujours plus de froideur afin de l'éloigner et de la contraindre à renoncer. Elle avait tenté par trois fois de l'inciter à offrir son allégeance à une autre, mais Shinme lui était toujours plus dévouée.
"Kurusu-tsubone a t-elle encore du travail ce matin ?
- Je m'en suis acquittée à l'aube. Je n'ai pas fermé l’œil de la nuit."
Une fois encore, le visage inquiet de Shinme se confronta au regard glacé de Kikyo. Elle ne montrait rien, alors que ses mains tremblaient encore en attachant Shiroyume à sa ceinture. Son regard glissa sur Chusei, fermement tenue par Shinme qui ne s'en séparait plus et cela lui arracha un sourire bref, qui se voulait rassurant.
"M'accompagneras-tu à Yume-dori, le moment venu ?
- Hai !"
La promesse d'un nouveau voyage suffisait à redonner toute son énergie à cette jeune femme tourmentée. Avant que l'heure de la congédier ne vienne, et qu'elle soit de nouveau confrontée à l'incompréhension de ses proches face à ses choix, elles iraient marcher de longues heures le long des falaises aux côtés d'Akio. Elle n'aborderait pas le sujet de son trouble, tout comme Shinme ne parlerait pas de ces sombres avertissements.
Aussi vrai que l'ambre ne la quittait plus, le diamant continuerait de la protéger, froide et dure, mais que nul ne brisera jamais.
Elle n'avait pas besoin d'un serment pour cela.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Elle tombe à genoux, les jambes engourdies, son bokken à la main. Les échanges de la veille avec Byakuya avaient éprouvé son corps, que la révélation suivant sa défaite sur le tatami avaient achevé. Elle voulait se redresser, s'endurcir et ne plus s'afficher avec autant de faiblesse... en vain.
Elle se leva pour la sixième fois avant de recommencer ses enchaînements. Elle avait beau trembler, elle poursuivrait jusqu'à épuisement.
Le feu et la glace, un coup de tonnerre dans la brume et un gout de cendre dans la bouche. Le ciel se brise, comme un verre qui éclate et s'éparpille en mille et un éclats avant la chute, à la fois rapide et interminable. Jusqu'à ce que son dos heurte le tatami et qu'elle retrouve ses esprits. Elle fixait le plafond depuis dix minutes alors que tout ceci n'avait semblé duré qu'un instant.
Encore ce rêve. La fatigue des combats, sa défaite, chaque fois qu'elle prenait un coup et ressentait une douleur, ces images revenaient, comme si quelque chose ou quelqu'un tentait de l'avertir. Cela devenait de plus en plus préoccupant.
"Encore..."
Elle se leva, profitant de sa solitude pour s'acharner en toute discrétion, poussée par l'orgueil. Elle refusait de s'affaiblir, et si ces rêves devaient éprouver son corps, elle devrait s'entraîner à ne rien laisser paraître.
Les minutes défilèrent dans le dojo, la salle vide faisant écho à sa seule présence. Le soleil déclinait, il faudrait bientôt rentrer.
La douceur du printemps commençait à s'installer, mais plus que le ciel aux couleurs de l'ambre, c'était un tout autre spectacle qui attirait le regard des voisins. Habitués aux allées et venues habituelles des servantes de Ten no Tsuki, ils furent surpris de voir en train d'étendre les draps sur la corde à lingue, la maîtresse des lieux, les manches du kimono relevées et son enfant couchée dans un panier près d'elle, toujours aussi sage. Un tel spectacle, digne des plus humbles représentations picturales du monde paysan, ne manquait pas de surprendre.
Cette belle dame, toujours si digne et si noble, semblait pourtant tellement à sa place dans cette scène.
"C'est vrai, on m'a dit qu'elle était fille de rien... Mais tout de même, quelle honte pour un homme aussi respectable que son époux qu'elle se montre ainsi en femme de chambre !
- Peut-être que c'est sa place après tout !"
Malgré les commérages, rien ne semblait atteindre la demi-raenne dont le regard froid glissait des draps au panier sans un mot. Parfois un geste vers son bébé qui remuait de plus en plus, elle s’acquittait de sa tâche paisiblement. A plusieurs reprises, une ou deux servantes de la maison vinrent vers elle pour lui demander quelque chose d'un air gêné. Elle acquiesçait alors, aimable, avant de retourner à sa lessive.
Elle se leva après un moment, reprenant Kimiko dans ses bras et le panier sur la hanche. Pas une fois elle ne sourit à son enfant, mais elle la tenait avec le plus grand soin.
"On n'a jamais vu pareille statue. Au lieu de jouer à la ménagère, elle pourrait témoigner un peu d'affection à sa fille !"
Sitôt le fusuma fermé, Kikyo se laissa glisser sur le parquet vernis. Épuisée, le souffle court, cela n'avait rien à voir avec les corvées ou l'entraînement. Quelque chose qui n'était pas présent l'affectait de plus en plus.
"Je n'ai jamais été épuisée ainsi..."
Elle se rappelait les mots de Khaidai et ceux de Lantis, ceux de Byakuya aussi. Quelque chose cloche, quelque chose qu'elle ne peut voir mais qu'elle sent. Les mages qui ont de plus en plus de mal à utiliser la magie, les enchantements devenus soudainement plus difficile et qui durent de moins en moins longtemps. Quelque chose n'allait pas, et ce quelque chose l'affectait.
"Madame, que vous arrive t-il ?"
Une des servantes montée préparer le bain la trouva sur le sol et s'empressa de se jeter à son chevet, la croyant en proie à un malaise.
"Est-ce le travail madame ? Voulez-vous que je...?
- Non ! Non... laissez-moi, je vais bien. J'ai besoin de méditer."
Elle disparut, seule, après avoir pris soin de finir chacune de ses tâches ménagères et d'avoir nourri Kimiko. Ce n'était vraiment pas une journée normale pour Kurusu-tsubone.
Elle se leva pour la sixième fois avant de recommencer ses enchaînements. Elle avait beau trembler, elle poursuivrait jusqu'à épuisement.
Le feu et la glace, un coup de tonnerre dans la brume et un gout de cendre dans la bouche. Le ciel se brise, comme un verre qui éclate et s'éparpille en mille et un éclats avant la chute, à la fois rapide et interminable. Jusqu'à ce que son dos heurte le tatami et qu'elle retrouve ses esprits. Elle fixait le plafond depuis dix minutes alors que tout ceci n'avait semblé duré qu'un instant.
Encore ce rêve. La fatigue des combats, sa défaite, chaque fois qu'elle prenait un coup et ressentait une douleur, ces images revenaient, comme si quelque chose ou quelqu'un tentait de l'avertir. Cela devenait de plus en plus préoccupant.
"Encore..."
Elle se leva, profitant de sa solitude pour s'acharner en toute discrétion, poussée par l'orgueil. Elle refusait de s'affaiblir, et si ces rêves devaient éprouver son corps, elle devrait s'entraîner à ne rien laisser paraître.
Les minutes défilèrent dans le dojo, la salle vide faisant écho à sa seule présence. Le soleil déclinait, il faudrait bientôt rentrer.
La douceur du printemps commençait à s'installer, mais plus que le ciel aux couleurs de l'ambre, c'était un tout autre spectacle qui attirait le regard des voisins. Habitués aux allées et venues habituelles des servantes de Ten no Tsuki, ils furent surpris de voir en train d'étendre les draps sur la corde à lingue, la maîtresse des lieux, les manches du kimono relevées et son enfant couchée dans un panier près d'elle, toujours aussi sage. Un tel spectacle, digne des plus humbles représentations picturales du monde paysan, ne manquait pas de surprendre.
Cette belle dame, toujours si digne et si noble, semblait pourtant tellement à sa place dans cette scène.
"C'est vrai, on m'a dit qu'elle était fille de rien... Mais tout de même, quelle honte pour un homme aussi respectable que son époux qu'elle se montre ainsi en femme de chambre !
- Peut-être que c'est sa place après tout !"
Malgré les commérages, rien ne semblait atteindre la demi-raenne dont le regard froid glissait des draps au panier sans un mot. Parfois un geste vers son bébé qui remuait de plus en plus, elle s’acquittait de sa tâche paisiblement. A plusieurs reprises, une ou deux servantes de la maison vinrent vers elle pour lui demander quelque chose d'un air gêné. Elle acquiesçait alors, aimable, avant de retourner à sa lessive.
Elle se leva après un moment, reprenant Kimiko dans ses bras et le panier sur la hanche. Pas une fois elle ne sourit à son enfant, mais elle la tenait avec le plus grand soin.
"On n'a jamais vu pareille statue. Au lieu de jouer à la ménagère, elle pourrait témoigner un peu d'affection à sa fille !"
Sitôt le fusuma fermé, Kikyo se laissa glisser sur le parquet vernis. Épuisée, le souffle court, cela n'avait rien à voir avec les corvées ou l'entraînement. Quelque chose qui n'était pas présent l'affectait de plus en plus.
"Je n'ai jamais été épuisée ainsi..."
Elle se rappelait les mots de Khaidai et ceux de Lantis, ceux de Byakuya aussi. Quelque chose cloche, quelque chose qu'elle ne peut voir mais qu'elle sent. Les mages qui ont de plus en plus de mal à utiliser la magie, les enchantements devenus soudainement plus difficile et qui durent de moins en moins longtemps. Quelque chose n'allait pas, et ce quelque chose l'affectait.
"Madame, que vous arrive t-il ?"
Une des servantes montée préparer le bain la trouva sur le sol et s'empressa de se jeter à son chevet, la croyant en proie à un malaise.
"Est-ce le travail madame ? Voulez-vous que je...?
- Non ! Non... laissez-moi, je vais bien. J'ai besoin de méditer."
Elle disparut, seule, après avoir pris soin de finir chacune de ses tâches ménagères et d'avoir nourri Kimiko. Ce n'était vraiment pas une journée normale pour Kurusu-tsubone.
"On veut m'avertir de quelque chose... mais quoi ?"
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