[Kikyo] IV - Vers l'Infini et on Verra

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Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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Elle ouvrit les yeux avec le sourire ; reposée pour la première fois depuis bien longtemps. Les bras du tigre autour d'elle, une fenêtre ouverte oubliée à l'autre bout de la pièce lui donna prétexte pour se blottir contre lui sans la moindre hésitation. Dormait-il ? une main se posa sur ses cheveux, elle entendit sa respiration, il était réveillé. Bouger ? Non pas encore. Cette journée était importante, en plus du caractère singulier de leur nouvelle situation. Tous ces changements dont le fait qu'il l'appelle désormais "capitaine" et qu'elle se dispense désormais de "Akira-sama", excepté dans certains contextes du type de la nuit dernière ; elle rougit à cette pensée.
Qu'allait-elle voir encore de changé dans son quotidien les jours à venir ? Lui ne semblait pas s'en inquiéter outre mesure. S'il ne manifestait aucun enthousiasme particulier vis à vis de sa nouvelle condition, il s'en disait satisfait ou du moins semblait s'en accoutumer. Il n'y avait bien que Kikyo pour se poser autant de questions dès le réveil, alors même que son corps appelait simplement à enserrer la taille de celui dont elle avait été trop longtemps privée.
La chaleur simple d'une étreinte sous les couvertures, quand le vent dehors se rafraichit. Elle sentit un baiser approcher de ses lèvres quand soudain quelque chose appuya sur le couvre-lit, à ses pieds. Quelque chose était en train de bouger.

"Hmmm... mama, papa, vous do'mez plus ?" Demanda une voix ensommeillée.

Le couple se redressa d'un même élan, brusquement réveillés d'être pris sur le fait par une Kimiko encore emmitouflée dans le couvre-lit, et avec elle deux tous petits blottis l'un contre l'autre. Ils avaient du se glisser dans la chambre après qu'ils se soient endormis et ils ne les avaient même pas sentit dans leur sommeil. Akira fronça les sourcils, Kikyo ravala sa surprise ne sachant si elle devait être en colère ou impressionnée par tant d'audace et de discrétion de la part d'une enfant de trois ans.
"Que faites-vous là tous les trois ? Demanda t-elle,n'arrivant pas à hausser le ton.
- Aujou'd'hui on part !" Annonça fièrement l'aînée de la fratrie en posant ses mains sur ses hanches, debout sur le lit dans son yukata à poissons.
C'était là la seule excuse de la meneuse Kimiko, prête à guider ses troupes jusqu'à destination. Akira soupira tandis que Kikyo faisant en sorte de garder le drap suffisamment levé bien qu'aucun des trois enfants ne fut en age de comprendre la situation. Elle finit par répondre avant que son mari ne se lève à son tour :
"Eh bien tu ferais mieux d'aller vérifier avec ton frère et ta soeur que vos jouets pour le voyage sont bien rangés dans votre valise."
Ni une, ni deux, la petite troupe dont plus d'une moitié peinait à tenir sur ses deux jambes sans tituber s'en retourna à leur chambre, laissant aux parents le minimum d'intimité nécessaire à leur lever. Kikyo laissa échapper un rire  contenu, songeant combien elle avait hâte de retrouver Ten no Tsuki maintenant qu'ils étaient de nouveau ensemble. De retour de Sharlayan, ce serait probablement la première chose qu'elle ferait. Après bientôt six lunes, elle commençait sérieusement à douter que cette "apocalypse" soit si dangereuse...
"Comptez-vous toujours nous accompagner, quitte à ce que l'on vous refoule sur le quai ?
- Oui."

Elle le vit de dos, couvrir le tigre qui bougeait en même temps que ses omoplates. Ce genre de réponse se passait de tout commentaire, quel père se priverait du troisième anniversaire de sa fille ? Kimiko était si enthousiaste, à sa manière, de recevoir pour cadeau de voir par ses propres petits yeux la "belle cité blanche" que représentait Sharlayan à ses yeux, après avoir observé tout ce temps sa mère s'acharner à en obtenir le droit d'entrée. Une aventure digne d'elle.
"Je vous laisse préparer vos affaires, nous ne partons que cet après-midi."
Elle allait quitter la pièce quand une main se posa sur sa hanche. Elle se tourna, elle avait envie de rester un peu plus longtemps elle aussi.




Sur le quai numéro quatre du port de Limsa Lominsa, les dockers s'affairaient à charger leurs caisses pendant que les passagers embarquaient. Kikyo se surprit à voir autant de sharlayanais en visite sur le continent, eux qui se disent si fermés. Certains jetèrent des regards curieux à Akio qui avait -à contrecoeur- choisi d'adopter sa forme de louveteau pour les accompagner.
Le soleil se couchait au loin sur la mer, teintant le ciel d'or et de mauve sur la ligne d'horizon. Hotaru jouait son rôle de gouvernante à merveille, tenant la main de Kimiko d'un côté et de l'autre portait Akihiko contre sa hanche. Kiyoko tirait un peu sur la main de sa mère qui la retenait d'approcher du bastingage. Ainsi ils avaient tous les six l'air d'une famille on ne peut plus ordinaire, en route vers une destination inconnue au-delà du nom et de sa réputation. Valentinault était demeuré en retrait bien que présent et avenant envers eux, il scrutait en direction du nord non sans une lueur d'anxiété au coin des yeux.
"Serons-nous logés sur place ? demanda Hotaru.
- Rosamarine Dandelion nous invite à séjourner dans leur demeure, répondit Kikyo. Pensez-vous qu'il obtiendront de quoi permettre à mon époux de poser le pied dans la ville ?"
Elle se tourna vers l'elezen.
- Cela prendra plusieurs heures, voir plus d'un jour. Mais oui, vos documents et vos liens familiaux devraient suffire à lui accorder au moins un préavis le temps qu'il trouve un bateau pour repartir. Et puis, mère nous attendra au port à l'arrivée."
Sur ces mots, il s'adossa contre le mat et sortit son violon. Kikyo se baissa pour prendre Kiyoko dans ses bras, celle-ci faisant de même avec sa poupée dont la couleur des cheveux lui rappela Shinme. Elle secoua la tête, chassant de son esprit le visage de son amie désormais absente et enfouie dans sa mémoire.

Tout avait changé dans sa vie en si peu de temps, du retour à ses convictions les plus profondes et le rejet de toute forme d'affaiblissement, une discipline de fer et un coeur de diamant que l'amitié n'influencerait plus jamais, pas plus que l'amour d'un homme qu'elle avait bien pensé perdre jusqu'à ce qu'elle comprenne l'ampleur de ce qu'il était prêt à faire, afin de la pousser vers le sommet. Elle avait enfin brisé ce plafond de verre que la mesure et la tradition orientale l'empêchaient de traverser ; elle avait entre autres trouvé sa force.
Son regard se posa sur sa cousine dont le masque était à nouveau présent sur son visage. Hotaru si jeune, si ordinaire dans ses travers comme dans sa pureté et c'est là ce qui faisait toute sa beauté. Les deux femmes partageaient beaucoup plus que des liens du sang, et elle se faisait un devoir de la guider elle aussi dans les changements qui commençaient à s'opérer dans sa vie, pour peu qu'elle veuille bien de son aide.
"Le sire Fauchet n'est pas venu nous dire aurevoir ?"
La jeune raenne se contenta de sourire l'air complice, Kikyo s'en amusa sans le montrer sous le regard d'un Akira aux sourcils levés, silencieux, il ne tarderait pas à comprendre. Ils avaient tout le trajet pour cela. Akio émit un bâillement, couché à ses pieds, il attendait le départ.

Le navire mit les voiles sans tarder, quittant les terres eorzéennes pour les emmener au-delà de leurs frontières connues, sur le vieux continent. Sharlayan, cité des sages, après plus d'une année de travail acharné, de réussites et d'échecs, de sacrifices autant que d'erreurs commises dont elle avait payé le prix, s'ouvrait à présent devant elle.
Elle avait tant appris, et avait tant à apprendre. Sans savoir que le monde était sur le point de basculer, elle regardait cet horizon qu'elle se pensait enfin prête à saisir. L'avenir seul nous dirait si elle avait raison.


"Vers l'infini, et on verra."




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Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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Sans aucun doute, Sharlayan était une ville magnifique. Pavée de blanc de la mer aux Rostres, la neige recouvrait par moment les toits et les rues à la fois animée et pourtant paisibles, un habitant sur trois ayant la plupart du temps le nez dans un livre même en marchant. Le calme de cette terrasse au troisième étage d'un petit manoir de ville apportait au capitaine l'occupation dont elle avait besoin pour calmer sa frustration, les doigts encore serrés autour de la lettre portée par un coursier du cabinet de règlement des litiges maritimes il y a moins d'une heure.
"Vous n'arrangerez rien en ruminant votre impatience, capitaine." Déclara une voix bienveillante dans son dos.

Le majordome de la famille Dandelion n'était pas de ceux qui se complaisent dans la discrétion et le mutisme. Si son dévouement envers leurs hôtes n'en demeurait pas moins exceptionnel, l'elezen d'une quarantaine d'années se permettait toujours de s'introduire dans les conversations, ou de les engager à sa guise sans que cela ne choque qui que ce soit. Sa fille Elodine, âgée de quatre ans, tenait sans doute de lui et la petite fille au caractère opposé à celui de Kimiko s'entendait pourtant à merveille avec cette dernière qui avait eu droit pour ses trois ans à un goûter d'anniversaire digne d'une princesse entourée des peluches et des poupées de sa nouvelle amie dont le petit frère tout juste né attisait la curiosité de la jeune fratrie Kurusu au grand complet. Au moins, il y en avait pour qui les retards de procédure administrative et le prolongement de leur séjour à la Vieille Sharlayan était loin d'être source de tracas.
Kikyo soupira, sans répondre au majordome qui se contenta de lui servir une tasse de thé ainsi qu'un sourire chaleureux.
"Vous devriez profiter de la ville, capitaine, pendant que le jeune maître se renseigne. Cela vous fera passer le temps plus vite, votre cousine semble s'occuper aussi aimable que curieuse.
- Je me demande bien ce qui peut provoquer à ce point les remous de l'administration de la cité, pour ainsi botter en touche sur une entrevue prévue depuis des semaines. Ne parlons pas non plus de cet individu, "Mouse" des services de renseignement qui subitement ne donne plus signe de vie... Qu'est ce qui peut bien les occuper à ce point ?
- Allez savoir ce que le conseil peut bien discuter en ce moment..."

Elle frotte doucement ses mains gantée l'une contre l'autre avant de se saisir de la tasse, remerciant le majordome d'un signe de tête. Ce dernier posa la théière sur une petite table près de la porte vitrée, et s'inclina pour retourner à l'intérieur. C'est là que Kikyo remarqua qu'il avait également laissé un livre assez volumineux mais sans excès, à la couverture marron et lettres d'argent. La curiosité finissant par l'emporter, elle finit par s'en approcher après trois longues gorgées de thé qui la réchauffa très vite. Elle jeta malgré tout un rapide coup d'oeil sur le palier de l'autre côté de la porte, où les enfants jouaient tranquillement, avant de poser son regard sur la couverture : "Sharlayan, histoire et politique".
Tsch...
Elle ouvrit sans attendre, quitte à passer encore une heure sur cette terrasse à ruminer, autant que cela soit productif.




Contre toute attente, ce livre s'était révélé fort intéressant. Kikyo n'avait jamais été une érudite bien qu'appréciant la littérature, et plus particulièrement la poésie, elle n'avait jamais eu la fibre savante égale à celle de Valorius ou Nashasha. Peut-être était-ce l'ambiance de cette cité qui s'y prêtait, la voilà qui s'accordait plus de temps à l'étude de divers sujets propres à Sharlayan tels que son histoire, ses différentes alliances au fil des âges notamment avec Eorzéa, rien avec Doma contrairement à ce qu'on lui avait laissé entendre mais la déception fut brève quand le récit de la colonie devenue Idyllée lui paraissait maintenant plus clair que lorsqu'on le lui avait expliqué la première fois. Bien des histoires appelaient à son attention, et bien des récits de grandes expéditions sharlayanaises aux quatre coins du monde inspiraient sa propre vocation.
Kikyo leva les yeux vers la mer à la fin du dernier chapitre de "Histoire d'un Glaneur, voyages en Orient". La neige avait laissé la place à un soleil froid posé sur le parc où elle s'était rendue, entourée d'étudiants et d'habitants eux aussi plongés dans leur lecture. Trois jours déjà, et toujours aucune nouvelle de l'entrevue.
"Mama, regarde."
Kimiko portait à présent une robe d'Elodine, trop grande mais que les deux fillettes avaient ajustées à la taille à l'aide d'une petite ceinture de satin. Le jupon trainait au sol mais qu'importe cela amusait les enfants. Kiyoko regardait avec jalousie sa sœur à la "traine de princesse". La petite Elezenne lui brossait les cheveux tout en lui racontant mille et une histoire que seuls les enfants connaissent.
"N'abîmes pas le tissus petit lotus, nous irons tout à l'heure en trouver une à votre taille, pour chacune."
Aussitôt les yeux de la cadette des Kurusu s'illuminèrent d'un intérêt certain. Le seul à ne pas s'en soucier était Akihiko, assis sur le banc et comme toujours collé à sa mère dont l'attention était un peu trop accaparée par ce livre à ses yeux. Il ne cessa de froncer les sourcils que lorsqu'elle se tourna enfin vers lui.
"Et toi mon fils. Tes soeurs vont avoir une nouvelle robe, qu'est ce que tu aimerais rapporter de ce voyage ?"
Le garçonnet réfléchit un instant, la tête penchée sur le côté.
"Livre Magique !"
Kikyo soupira. Depuis qu'Isarmaux avait offert à sa sœur ce jouet semblable à un bâton d'occultiste produisant quelques effets d'étincelles et de fausses flammes, ce n'était pas tant Kimiko adoratrice de peluches qui s'en servait mais son petit frère déjà captivé par les tours de magie. Et dans une ville comme sharlayan ce genre d'accessoires ne manquait pas. Ils avaient déjà croisé une petite fille avec des peluches vivantes, des automates magiciens et même les livres de la petite Elodine leur racontaient des histoires tout seul le soir au coucher. C'était ce livre-là que le seul garçon de la fratrie avait immédiatement repéré, et comme tous les enfants face à un jouet qu'ils adorent, ne manqua pas de le réclamer à la première occasion.
"Tu veux un livre d'histoires magique toi aussi ?
- Hai !"

Akihiko hocha la tête vivement, posant sa petite main sur le livre fermé qui occupait les genoux de sa mère, place qui lui était normalement réservée, ainsi qu'à ses sœurs mais de préférence à lui en premier. Kikyo sourit légèrement avant de poser sa main sur la tête de son garçon. Près de la fontaine, les trois petites filles continuèrent de jouer sous le regard bienveillant de la mère d'Elodine.
"C'est entendu. Nous allons chercher Hotaru et nous irons ensemble au magasin.
- Hota-nee !"
s'écrièrent les trois enfants en cœur et en levant les bras.

Le livre sous le bras, son fis porté de l'autre côté, Kikyo se leva du banc prête à rentrer. Elle porta son regard vers la mer, songeant à son Eternal et ses hommes qui attendaient son retour ou ne serait ce que la possibilité de la rejoindre.
Une semaine maintenant que la famille Kurusu séjournait à Sharlayan, un séjour qui se prolongeait chaque jour, d'un jour de plus. L'administration bloquait toujours et l'audience sans cesse repoussée ne semblait pas vouloir s'arranger, pour une raison que tous ignoraient. Ils espéraient tous que cette visite débouche sur de nouvelles opportunités, ils comptaient sur elle et elle ne voulait pas les décevoir ils avaient travaillé si dur pour en arrivait là. Il fallait qu'elle soit patiente, attende qu'on la convoque enfin. En attendant, chaque jour apportait son lot de découverte...


... Qui sait ce qui en résultera ?
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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"Il faut reconnaitre que le résultat, bien que peu visible, dépasse nos espérances, vous ne trouvez pas ?
- Mhm."

Kikyo n'écoutait qu'à moitié, bien que l'aimable Rosemarine Dandelion faisait son possible pour lui tenir compagnie durant sa séance d'essayage. Un présent de la part de son hôte, ravie de recevoir autant de visites "improvisées" chaque jour depuis que le capitaine Kurusu était présent dans sa demeure. Touchée par l'attention, la sienne se trouvait malheureusement ailleurs depuis que la nouvelle de la création d'une délégation pour Ilsabard était parvenue jusqu'à ses cornes par le biais d'Ivanhault. Elle se contentait d'écouter d'une corne distraite tout en laissant le tailleur effectuer ses retouches.
"Capitaine, m'écooutez-vous ?
- ... Oh ? Je... mes excuses. Je me suis laissée emporter dans une réflexion personnelle."

Elle inclina la tête en guise d'excuses face au regard plus inquiet qu'inquisiteur de l'éminente violoniste sharlayanaise.
"Je disais que ce bleu vous sied à ravir, j'ai hâte de voir le chapeau qu'a choisi votre cousine. Mais à l'évidence vous n'êtes guère intéressée par la mode aujourd'hui vous qui prenez tant soin de votre présentation à chaque visite que vous recevez dans mon salon. Quelles pensées vous tourmente ?
- A rien qui ne devrait vous inquiéter, madame. Veuillez pardonner mon impolitesse ce présent est déjà au-dessus de mes attentes."

Têtue, l'elezenne resserra sa main gantée autour de son jupon vert émeraude et se dirigea vers le guéridon en chêne où les attendaient le courrier de la journée. Entre les différentes visites annoncées par quelques relations curieuse de rencontrée l'invitée de la maison, se trouvait encore la lettre venue de l'Escale à l'enveloppe ouverte et dont les premières lignes étaient sorties et visibles.
"L'on vous a informé de la création d'une délégation humanitaire pour le nord. Avez-vous des proches sur place ?
- Mes hommes vont s'y rendre, Ivanhault et Isaudorel s'y trouvent déjà.
- Oh ? Les deux messieurs qui vous ont accompagné à l'audience avant-hier ?"


L'audience, oui, enfin. Après plus d'une semaine d'attente entrecoupée d'allers-retours dans les bureaux de l'administration où elle avait parfois croisé dame Lenore tout autant agacée qu'elle par les reports successifs de ses propres affaires avec les Sharlayanais, elle avait enfin eu lieu. En moins d'une heure la question était réglée, les deux partit satisfaits, cette comédie avait rempli son rôle et l'Eternal désormais inscrit comme fournisseur de la maison Dandelion devenait publiquement un partenaire potentiel ayant déjà un pied dans la cité, ce qui facilitait depuis le contact avec ceux que les traditions sharlayanaises et aussi l'orgueil retenaient d'approcher davantage d'un parti aussi intéressant tel que l'Eternal. Ivanhault et Isaudorel l'assistaient du mieux qu'ils pouvaient, l'accompagnant dans ses rendez-vous, lui présentant divers chercheurs et personnalités de leur réseau, tous des excentriques même pour Sharlayan mais aucune surprise. Ici, son devoir était rempli elle avait semé les graines de la curiosité et attisé la flamme de l'ambition en prenant parfois quelques risques. Tous ces gens n'étaient pas intéressés par son équipage elle le sentait, c'était avant tout l'Eternal qu'ils voulaient avoir à portée et le capitaine pourtant plus que méritante avait tout à prouver si elle voulait leur faire comprendre que les deux vont de paire.
L'offre des Subtle Mouse lui trottait encore dans la tête. Une opportunité alléchante, le soutient des archiviste était l'assurance d'entrer par la grande porte et de voir toutes leurs demandes d'accès aux bibliothèques de carthigraphie acceptées. Mais elle s'en méfiait. Que voulait-il réellement ?

"Vos hommes sont d'un courage exceptionnel, ajouta Rosemaine d'une voix empreinte de sincérité. Sans parler de leur ouverture d'esprit, beaucoup de personnes après ce que vous avez vécu, en particulier les domiens comme vous, seraient réticents à l'idée d'apporter une quelconque aide aux galemaldais..."
Les mots de la musicienne n'étaient porteurs d'aucune méchanceté, la dame se contentait d'exprimer sa pensée le plus simplement du monde tandis que Kikyo replongeait dans son mutisme. Les années de service "forcé" dans l'armée impériale ainsi que le souvenir de ceux qu'elle y avait rencontré, le meilleur comme le pire de Garlemald, refaisait surface par vagues incontrolées la plongeant dans un flot de questions. Et parmi tous ces visages, un fantôme refusait de quitter son esprit : Lantis.
Le seul nom de son meilleur ami défunt il y a moins d'un an suffisait à lui nouer l'estomac sans qu'elle n'en montre rien. Elle n'avait oublié la promesse qu'ils s'étaient fait des années auparavant, celle de se rendre à nouveau ensemble dans la capitale et de libérer son frère.
Dimitri était le dernier en vie de la fratrie, arrêté et condamné à une peine de prison pour dissidence peu de temps après que Lantis et elle aient déserté lors de la libération de Doma. Elle ne l'avait jamais connu que par les lettres que Lantis recevait et les histoires qu'il lui racontait sur cet adolescent idéaliste proche de la mouvance Populares et prompt à s'engager dans toutes les causes qu'il estimait juste. Détenu dans une prison de la capitale, était-il seulement au courant de son oncle, de sa soeur, de son frère ; était-il seulement toujours en vie lui aussi au vu des rumeurs inquiétantes parvenues jusqu'en Eorzéa ?

"Ah, voilà. C'est magnifique ainsi vous ne trouvez pas ?"
Sortie de ses pensées, Kikyo croisa le regard du tailleur plus que satisfait du résultat. La veste était maintenant à sa taille, soulignant ses courbes, les manches un peu larges ajustées à ses fins poignets afin qu'elle puisse les glisser dans une paire de gants plus épais. Elle se tourna pour voir ce que son reflet donnait de dos, et jusqu'où descendait la cape.
"Je ne sais que dire, si ce n'est merci.
- Vous égayez ma triste demeure après avoir rendu à mon fils la flamme de sa musique. Vous devriez faire une bonne impression devant le professeur Blacke.
- Qu'en est-il des glaneurs ?
- Eh bien je suppose que nous allons devoir attendre que le sage Derinloire vous présente ce fameux dont il vous a parlé mais en attendant il y a un petit groupe mandaté par les équipes de Labyrinthos qui ne cracheraient pas sur votre aide. Cela vous plairait-il de les rencontrer ?
- Le Labyrinthos ?"

Le haussement de sourcil du capitaine fit s'élargir le sourire de l'elezenne.
"Ah, on dirait que j'ai votre attention. Tenez, essayez donc le chapeau, mademoiselle Hotaru a très bon gout."




A force d'observer Sharlayan au travers des grandes fenêtres du manoir citadin, elle avait fini par s'habituer à ce paysage mais après deux semaines passées au milieu des savants et des étudiants il était temps de retourner à des préoccupations plus sérieuses. Si ce que lui disait la lettre d'Arthurin était vrai, la situation en Ilsabard était critique. Si elle voulait tenir la promesse faite à Lantis, elle n'avait plus de temps à perdre.
Elle songeait également à Isaudorel. Silius... Garlemald était autant sa patrie que Sharlayan. Qu'allait-il retrouver là-bas si tout était véritablement en ruines ?

Elle se remémora sa seule et unique visite de la capitale il y a bien des années. A l'époque elle avait été impressionnée par l'immensité de la ville, des immeubles si hauts qu'ils cachaient la vue du ciel, de l'agitation partout, l'ordre militaire qui régissait l'Empire lui donnait un sentiment d'oppression. Elle se souvenait à peine du froid mordant, inexistant dans les rues protégées du vent et chaque bâtiment chauffé au céruléum. Que pouvait-il bien rester de tout cela maintenant, elle peinait à imaginer cet endroit sous les décombres et la glace.
Depuis si longtemps je rêvais de voir l'Empire s'éffondrer. Mais à présent qu'on y est je me demande... ce que vont devenir tous ces gens. Quand je vois Silius, je me rappelle... que les premiers à subit le joug impérial et ses mensonges, c'étaient eux.
Elle ne pouvait qu'espérer que le dernier des Varisis serait encore vivant, qu'elle pourrait tenir sa promesse, que la triste histoire des Vasiris ne laisserait pas derrière eux que des cadavres.

Kikyo ajusta son col et ses manches, et quitta d'un pas pressé la chambre d'invités du manoir Dandelion, son sac déjà devant la porte. Les portes de Sharlayan venaient tout juste de s'ouvrir devant eux qu'il lui fallait déjà s'en aller vers le chaos et la guerre dans le froid glacial des montagnes d'Ilsabard ; elle ne pouvait faire autrement. En espérant qu'à son retour dans la cité du savoir les glaneurs soient toujours dans le besoin, maintenant qu'elle voulait absolument voir ce fameux Labyrinthos.
Une chose à la fois, Kikyo, tes hommes ont besoin de toi et des vies sont en jeu...


... Je te le promets Lantis, je sortirais Dimitri de cet enfer.
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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Ce froid mordant rendait toute activité difficile, le sommeil aussi venait difficilement malgré la présence de nombreux poeles à céruleum dans les bâtiments et les potions anti-froid. Elle avait pourtant connu l'hiver garlemaldais lors de ses deux visites à la capitale, du temps où cette dernière était encore debout et qu'elle-même servait dans l'armée de réserve comme interprête. En ce temps-là, les hauts immeubles protégeaient du vent et dans les rues bien ordonnées, à la lumière des lampadaires, la température était bien plus supportable sans parler des trains et des véhicules circulant à vive allure.  De toute cela ne restait plus qu'un paysage désolé, et cette abominable structure semblable aux tours de l'Apocalypse en lieu et place du palais impérial.
Kikyo soupira avant d'ouvrir les yeux ; vingt minutes c'était mieux que rien et ce, grâce à l'épais col en fourrure du manteau d'Akira retombant sur l'épaule où elle avait pu reposer sa tête. Elle le sentit bouger, il fixait l'entrée du bâtiment où eux comme d'autres venaient s'asseoir ou bien s'allonger un moment pour récupérer.
"Que se passe t-il ? Demanda Kikyo.
- Je l'ignore, répondit son mari. Cela fait deux fois que ce xaela vient parler aux garlemaldais du camp."
Suivant son regard elle tomba sur le-dit xaela en armure parlant à voix basse à deux garlemaldais réfugiés ici depuis quelques jours, comme quoi tous n'étaient pas totalement hostiles bien qu'ils ne soient pas non plus réjouis d'en être réduits à demander de l'aide à ceux qu'ils voyaient comme des envahisseurs. La discussion semblait des plus sérieuses ; d'ailleurs elle pouvait voir que dans leur dos à l'extérieur du bâtiment, le camp tout entier s'agitait.
"Il est temps d'y aller, je pense."
De concert le couple Kurusu se leva pour sortir. Un attroupement formé devant la salle des opérations des chefs de la délégation semblait attendre, en passant près d'eux les termes "légion" et "Général Quintus" revenaient souvent. Le nom fit tiquer Kikyo qui se figea.
"La première légion ? Par les ancêtres..."
Le haussement de sourcils d'Akira la sortit de ses pensées, elle expliqua.
"Je ne le connais pas personnellement mais la première légion est connue par celui qui la dirige, les défenseurs de la capitale... des radicaux, il n'y a pas d'autres mots. Avec eux cela risque d'être encore plus compliqué de parlementer.
- Laissons cela aux diplomates. Où en sont vos recherches ?"

Ce fut à son tour de froncer les sourcils. Elle pointa de l'index la tente logistique où tous les réfugiés en état de donner leurs noms et camps de civils repérés dans les environs étaient soigneuement répertoriés.
"Nous allons le voir tout de suite."

Pour ne rien arranger à l'aspect inhabituel de cette matinée à bris-de-Glace, les deux élémentalistes qui se relayaient d'ordinaire sous cette tente étaient présents tous les deux autour d'un café et discutaient eux aussi des nouvelles récentes. Ces derniers jours le flot des réfugiés subjugués -ou disons des cas encore guérissables- s'était considérablement affaibli, bien malheureusement.
"Capitaine Kurusu, monsieur."
Ils saluèrent les deux domiens d'un signe de tête, habitués à voir la demi-raenne les visiter tous les jours, plusieurs fois lorsqu'elle le pouvait, et chaque fois pour la même chose.
"Navré capitaine, toujours rien. Nos équipes ont été visiter la demeure Satore et Lucini, les deux ont été pillées et abandonnées.
- Qu'en est-il d'Albini et Londinum ?
- Trop éloigné, il est impossible que quiconque se soit réfugié là-bas.
- Vous m'aviez dit que des équipes devraient s'y rendre malgré tout."

Le hyur et l'elezen échangèrent un regard désolé avant que le second ne réponde sur un ton compatissant.
"Désolé capitaine, mais la situation vient d'évoluer. Toutes les opérations de reconnaissance prévues au-delà du périmètre fixé sont annulées.
- Pourquoi ?"

Ils échangèrent un regard à nouveau, plus hésitant. Akira resté en retrait fronça les sourcils un peu plus mais c'est bien le regard glacé de Kikyo qui fit parler le hyur.
"Les... les vivres et le matériel, ainsi que les hommes, doivent être préservés. On ne connait pas les détails mais il y aurait comme... des complications au niveau des ruines de la capitale."
L'inquiétude de Kikyo ne fit qu'augmenter mais elle ne laissa rien paraitre.
"Quelles complications ?
- On n'en est pas sûrs...
- Dites-moi ce que vous savez.
- Une... prise d'otages. Désolé on ne peut pas en dire plus, les chefs de la délégation vont se réunir, nous avons nos ordres et vous, vous devriez rester à l'écart de tout ça."

Kikyo serra les dents comme les poings ; elle ne pouvait pas leur reprocher de suivre des directives on ne peut plus sensées. Elle tourna les talons et quitta la tente sans un mot. Dehors, son regard se tourna irrémédiablement vers l'Est en direction des deux sites supposés où se cacheraient les prisonniers politiques évadés lors des affrontements dans la capitale.

Deux maisons isolées, sans vivres et sans chauffage, personne ne pourrait y survivre plus de quelques jours et pourtant elle n'avait aucune autre piste. Elle pouvait toujours organiser sa propre expédition sur place, prendre un risque calculer pendant que les troupes régulières organisaient leurs négociations avec le général Quintus, ce serait toujours mieux que de rester ici à attendre. Ou bien elle pouvait proposer son aide à la communication, après tout elle avait été soldat impérial, c'était encore la décision la plus raisonnable. La situation présente était bien plus sérieuse et préoccupante que la possibilité d'un groupe de civils cachés dans les montagnes, Non ?
...Mais depuis quand Kurusu et raisonnable s'accordaient-ils dans la même phrase ? Elle se tourna vers Akira qui n'avait pas bougé, mains dans le dos, attendant.
"Il faut que j'aille voir.
- Je sais."


Les heures défilaient, voyant Bris-de-Glace de plus en plus sous tension. Hotaru le remarqua elle aussi lorsqu'elle vint voir Kikyo pour lui apporter son soutient, parler de choses plus légères tout en gardant un oeil sur l'agitation. Les patrouilles avaient doublé en nombre et en fréquence, de nombreux messagers allaient et venaient, sortant et entrant de la salle de commandement sans piper mot sur ce qui se passait à l'intérieur. Kikyo demeura silencieuse, penchée sur sa carte, évaluant ce qu'elle allait mettre en jeu dans cette opération.
Pressée par le temps et ignorant tout de la tragédie qui allait bientôt se jouer à la Gare de Tertium, Kikyo n'avait qu'une seule pensée.


"Il faut aller voir."
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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Debout face à la porte de l'infirmerie, ses pieds ne voulaient pas faire un pas de plus quand sa raison lui ordonnait de faire ce qui devait être fait ; il y avait bien plus de drames ici et tous ces gens autour qui ramassaient les débris des évènements de la veille ne souffraient pas moins que la personne de l'autre côté de ce mur.
"Fais-le Kikyo, s'ordonna t-elle intérieurement. Personne n'aimerait être à ta place, pas plus que tu ne voudrais être à la leur."
Elle entra, pour affronter le triste spectacle des blessés allongés sur des lits de camp et couchettes de fortune entre lesquels s'agitaient les soigneurs et médecins courrant d'un bout à l'autre de la pièce, le tout dans un silence de mort. On n'entendait que le bruit des pas et des gémissements sourds lorsque l'un des patients ne pouvait plus contenir sa douleur. Heureusement, la majeure partie était endormie, naturellement ou sous les effets d'un sédatif.
Le capitaine s'avança jusqu'au fond de la pièce, là où les blessés moins graves s'étaient rassemblés. Elle reconnut au chevet d'Octavien et Servillius profondément endormis, Dimitri assis sur le sol froid, adossé au mur. Elle prit une profonde inspiration et s'approcha de lui.
"Comment allez-vous ?"
Il leva les yeux, prenant conscience de sa présence.
"Oh, capitaine ! Je suis soulagé de vous voir debout j'ai vu tellement de blessés passer par ici... on m'a plus ou moins expliqué de quoi en retourne. Nous vous devons une fière chandelle, surtout à cet elezen qui m'a protégé..."
Il coula un regard sur le visage inerte de ses deux camarades. Eux n'avaient pu échapper à la subjugation, la vague de radiation les ayant tous pris par surprise. Il parlait avec calme mais légèrement enroué, de la même manière que Lantis lorsqu'il était nerveux. Kikyo posa un genou à terre, et une main sur son épaule.
"Ils sont en sécurité maintenant, et ils vont guérir. Vous aussi, vous ne risquez plus rien.
- Que vont-ils faire de nous à présent ?"

Il soupira, perdu dans cette tourmente comme tous les autres de ses compatriotes. C'était peut-être moins pire pour lui qui découvrait tout cela après avoir passé des lunes caché dans un bunker, à l'abri mais dans l'ignorance de tout ce qui se passait quand les autres avaient lentement vu leur patrie s'enfoncer dans les ténèbres.
"La guerre est finie. J'ai entendu plusieurs officiers des grandes compagnies évoquer la possibilité d'envoyer une partie des réfugiés en Eorzéa, au moins le temps que la situation s'améliore, que le céruléoduc soit remit en état ainsi que le minimum des infrastructures pour vous permettre de vivre dignement.
- Je... j'aimerais aller en Eorzéa. J'ai un frère là-bas, il est médecin. Cela fait plus de trois ans qu'il a déserté sa légion et qu'il est partit retrouver une amie à lui."

Kikyo sentit sa gorge se nouer mais ne laissa rien paraître. Tout en cherchant ses mots elle continua de l'écouter parler.
"Il s'appelle Lantis. J'ai une sœur aussi, mais elle, je doute qu'elle veuille me revoir. Quand j'ai été emprisonné elle ne m'a plus jamais adressé la parole, pas même une lettre... j'imagine qu'elle est avec mon oncle.
- Le commandant Vasiris a été tué dans son centre de recherches en Abalathia, c'est votre frère qui a mit fin à ses agissements."

Il la regarda avec surprise, il ne semblait pas attristé par la mort de son oncle mais rien de surprenant sachant l'aversion des deux frères pour cet homme qui les avait élevé en les montant les uns contre les autres dans un cadre de compétition perpétuel, en plus de ses recherches sur les arbes biologiques les plus controversées, et même révoquées par la majorité de l'état major.
"Vous connaissez mon frère ?"
On y était. Kikyo se laissa glisser contre le mur à ses côtés mais ne le lâcha pas du regard. Elle devait affronter ce qui allait suivre quoi qu'il se passe.
"Lantis et moi étions ensemble à l'armée. Il vous a parlé de moi dans ses lettres, Kikyo. C'est pour lui que je suis venue vous chercher, je lui en ai fait la promesse.
- Vous... vous êtes Kikyo !"

Il sourit, un sourire rempli d'espoir qui ne fit que tordre un peu plus l'estomac de la jeune femme.
"Il me parlait de vous dans ses lettres, oui. Je savais qu'il allait venir vous retrouver. Quand j'ai été arrêté... il n'avait plus de raison de se forcer à rester dans l'armée pour me préserver, c'est ce qui m'a fait tenir tout ce temps. Je me disais que... au moins maintenant il avait pu s'en aller, et que tôt ou tard il viendrait me chercher."

Kikyo ferma les yeux douloureusement, et cette fois-ci l'expression de son visage n'échappa pas au jeune homme qui perdit aussitôt son sourire. Il cessa de parler, elle n'entendait plus que sa respiration saccadée et inquiète, tous les autres bruits s'étaient comme évaporés.
"Je suis sincèrement désolée, Dimitri. Lantis... a été assassiné par des soldats de l'Empire il y a maintenant un an."
Le couperet tomba, et ainsi qu'elle se l'était promis, elle affronta le visage mortifié du jeune homme qui un instant plus tôt savourait sa liberté. Elle aurait pu le lui dire autrement, mettre les formes et lui parler de tout ce qu'ils avaient vécu avant sa mort. Lantis avait été médecin, il avait adopté la petite Yumi, trouvé sa place en Gyr Abania et s'était même fiancé. Elle aurait pu lui dire tout cela mais à quoi bon en rajouter à sa peine ? Lantis n'était plus, et elle devrait aussi lui dire pour Salieri. Il était seul maintenant, il lui faudrait se reconstruire, autant que ce soit sur une vérité brute et cruelle plutôt que sur un mensonge apaisant.
Il baissa les yeux, elle entendit ses sanglots étouffés, puis elle le laissa retomber sa tête contre son épaule sans bouger. Elle ferma simplement les yeux ; il n'y avait plus rien à dire pour l'instant. C'était à lui d'exprimer sa souffrance, et à elle de l'entendre autant qu'il serait nécessaire sans broncher.




"Il a décidé de venir quand même en Eorzéa pour accompagner ses deux camarades, et il va essayer de retrouver leurs familles. Il pense qu'à Garlemald il sera toujours perçu comme un dissident qui a profité de la situation pour sortir de sa prison. Il attend encore de recevoir son avis de transport, il ne sait pas encore où il va être placé mais je lui ai dit qu'il pourrait compter sur mon aide."
Kikyo se pencha pour déposer le bouquet de lys de Nyméia sur la tombe de Lantis, juste à côté de celle de Yumi.
"Nous n'en avons pas encore terminé là-bas, mais cela m'a donné à réfléchir. Les garlemaldais vont affronter le regard des nations que l'Empire a autrefois occupé... Peu ont vu ce que j'ai vu, le pire comme le meilleur de cette nation ; peu voudront les accueillir."
Elle ferma les yeux en se redressant, les mains dans le dos, bien droite. Son regard s'illumina d'un sourire sincère, de ceux qu'elle ne montrait jamais tant ils étaient rares, comme ces larmes perlant au coin de ses yeux qu'elle ravalerait avant de les laisser rouler sur ses joues.
"Je vais inscrire l'Escale sur la liste des établissements volontaires à l'accueil de réfugiés. Nous ne manquons pas de place, ni de matériel médical. Je me doute que cela risque de ternir quelque peu notre image si parmi nos clients comptent des anti-garlemald mais... je veux faire ce qui est juste. Et puis ce ne sera pas la première fois que je m'expose aux critiques."
Elle secoua la tête afin de chasser les quelques pensées parasites qui ne la rendaient que trop émotive à son gout. Son visage retrouva sa neutralité habituelle en quelques instants, bien que ses iris azur continuent de briller.
"Je vais en parler à Silius avant, autant avoir l'avis d'un garlemaldais sur la question."

Un court instant, le vent se leva sur le cimetierre de Saint Adama-Landama. Malgré la chaleur du Thanalan un frisson remonta jusqu'à sa nuque et elle préféra tourner les talons. Ce genre d'éffusion n'était pas son fort, pas plus que de converser avec les morts qui était plutôt le propre de sa cousine. Les morts s'en vont, les souvenirs restent.
Akio, jusque là couché un peu plus bas à l'ombre d'un arbre mort se leva, et elle grimpa sur son dos sans attendre. Elle ne reviendrait sans doute pas ; elle avait tenu sa promesse.


"Ce sont les vivants qui ont besoin de moi maintenant.
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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"Ici le capitaine, nous avons besoin de renforts dans le secteur Tertium, on ne tiendra pas longtemps !"
La violence soudaine de ce champ de bataille urbain ne fut pas sans lui rappeler l'horreur de ce qu'elle avait connu sous l'occupation impériale, dans son propre pays. Pourtant, cette fois-ci elle s'était battue pour Garlemald sans y être forcée, pour protéger les civils terrés dans des abris de fortune de ces monstres mutant à moitié machine. Le râle de cette chose, Anima, dont ils apprirent le nom bien plus tard, fut le début d'un requiem macabre qui allait maculer de sang ce qui restait de cet empire.
Ces images hantaient ses pensées, au point qu'elle s'en réveille en pleine nuit alors qu'ils étaient rentrés en Eorzéa depuis la veille et que ses blessures étaient presque guéries.

Elle baissa le drap sur ses genoux pour mieux reprendre son souffle. Dans la petite pièce adjacente, les enfants dormaient paisiblement tout comme Akira allongé à ses côtés dont elle voyait le tigre tatoué sur son dos bouger au rythme lent de sa respiration, sous un rayon de lune. Elle tourna son visage vers la fenêtre pour la contempler.
Un primordial... Zordiarche... Quelle folie.
Depuis tout ce temps les Hommes levaient vers elle un regard émerveillé, contant maintes légendes, histoires et poésies à sa gloire, donnant à leurs oeuvres, leurs techniques de combat et même leurs dieux le nom ou un visage à cet astre. Les Kakita n'y faisaient pas exception dans leur rituel de décoloration des cheveux pour se rapprocher de cette perfection inatteignable qu'ils voyaient en elle... Et voilà. C'était donc cela, la lune, pas plus une déesse qu'un amas de roches stellaires, c'était une prison.
Se sentant plus épuisée qu'avant de dormir, Kikyo laissant reposer son front sur l'un de ses genoux repliés avant de sentir son mari bouger à ses côtés. Elle releva la tête pour croiser son regard, il ne posa qu'une question :
"Des rêves, encore ?"
Elle secoua la tête, mais affichait toujours une mine contrariée.
"Non, des images qui reviennent.
- Tant mieux, vos rêves n'apportent jamais rien de bon."

Sans réfléchir, ni demander une quelconque permission, elle se laissa glisser en arrière contre son épaule et attendit qu'il referme son bras sur elle. Elle soupira, frustrée de ne pouvoir profiter de ces instants comme elle le voulait. Elle aurait du se sentir soulagée, dormir pendant des heures pour récupérer et savourer cette nouvelle vie qu'elle avait à peine eu le temps de goûter depuis qu'Akira faisait partie de l'équipage. Elle voulait préparer la prochaine expédition, elle voulait aussi rentrer chez eux en Orient et que les enfants retrouvent leur maison, elle voulait reprendre ses affaires à Sharlayan, mais toutes ses pensées revenaient inlassablement vers l'astre qui dominait le ciel derrière la vitre, et la conversation qu'elle avait eu avec Ivanhault et Silius juste après leur retraite de la capitale en flammes. 




"Je veux apprendre la magie curative."


Elle n'aurait jamais pensé dire cela un jour, même si elle assumait pleinement désormais sa position tactique et non en première ligne, elle s'était toujours vue comme une combattante, pas une magicienne. Elle ne se voyait pas vénérer la sylve ou faire de la divination. Elle avait envisagé l'arcanisme bien sur, après tout l'Eternal était nymien mais les cristaux d'érudit ne courent pas les plaines et elle n'était pas eorzéenne. La discipline évoquée par Silius lorsqu'ils étaient à Sharlayan lui paraissait vraiment difficile et d'accès restreint, mais Ivanhault avait prononcé ces mots qui l'avaient aussitôt marqué.
"Il faut avoir une volonté très forte, infaillible, de protéger à tout prix."
Elle s'était tut. Elle s'attendait à tout sauf à cela, elle avait pensé à un quelconque serment médical ou tout autre adhésion à une école aux préceptes dont elle aurait forcément eu à redire -ce qui l'avait jusque là éloigné de toutes les formes de magie- mais là... quelque chose l'avait saisit au ventre. Ce sentiment elle le connaissait, elle le vivait chaque fois qu'ils se trouvaient en situation périlleuse et quelques heures avant cet échange elle l'avait ressenti plus fort que tout le reste, comme la nuit où elle avait donné naissance à Kimiko, puis celle des jumeaux, comme lors de la dernière bataille sur l'Île de la Flèche où elle avait endossé le rôle du Gardien pour les protéger durant la bataille. Protéger à tout prix, sa famille, c'est tout ce qui a toujours compté et tout ce qu'elle avait mit tant de temps à unifier jusqu'à ce que Akira l'y force lors de leur dernier duel.
Protéger à tout prix, même si pour cela elle devait passer pour un monstre sans cœur, c'est ce qui la caractérise le mieux. 





Quand elle ouvrit les yeux, elle s'aperçut que l'épuisement avait eu raison de ses réflexions et qu'elle s'était finalement endormie. Le jour était bien avancé, et elle était la dernière à se lever puisque son lit, comme celui des enfants, était vide.

Une fois habillée, le capitaine descendit non pas dans les communs mais à l'étage juste en dessous de ses quartiers, au salon des explorateurs. La grande mappemonde qui occupait le centre de cette salle qui leur servait de lieu de réunion avait été nettoyée et dégagée de tous ces petits papiers et pions qui l'occupaient généralement lorsqu'ils venaient discuter de leurs prochains voyages. Deux lunes qu'ils n'en avaient pas planifié de nouveau.
Faisant le tour de la table, son regard se posa sur Thavnair, l'orient, Dalmasca, Bozja, la Mer du Nord et celle du Sud... maintenant que le monde était presque sauvé, ils allaient pouvoir retrouver leur quotidien. Elle s'arrêta sur la Vieile Sharlayan bien sur, les souvenirs de la nuit dernière encore vivaces.
Il va falloir que j'y retourne.

Comme pour répondre à ses pensées, on frappa à la porte et la voix enthousiaste d'Arthurin se fit entendre de l'autre côté.
"Madame, vous êtes là ? Vous avez du courrier, et je pense que le cachet va vous plaire."
Kikyo eut tout juste le temps de hausser un sourcil avant que la porte ne s'ouvre pour laisser passer l'elezen suivi par L'kihi et plusieurs têtes curieuses qui avaient sans doute vu passer le courrier du matin et ne pouvaient contenir leur curiosité. Elle se saisit sobrement des deux enveloppes. L'une venait de Keanu, elle reconnaissait l'écriture d'Oyuun, l'autre portait le sigle de l'académie de Sharlayan.


"C'est une lettre du professeur Blacke."
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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".. En résumé, je ne suis pas passée inaperçue."
Kikyo posa la tasse de thé sur la rambarde du balcon, écoutant le récit de sa cousine. Le visage impassible qu'elle affichait ne dissimulait pas l'étincelle de fierté pour celle qui venait de faire honneur à la famille au bras d'un chevalier ishgardais.
"Te voilà introduite au sein de la bonne société ishgardaise.
- Oui, même si je serais incapable de nommer tous les groupes présents."

Hotaru afficha un mince sourire derrière sa tasse qu'elle avait vidé depuis déjà longtemps. La tranquillité de cette terrasse contrastait avec l'agitation à l'intérieur de la maison des Dandelion, et pas seulement les enfants qui jouaient sur le palier avec la petite Elodine. Depuis leur arrivée, les membres d'équipage allaient et venaient, impatients de découvrir la ville, et surtout leurs bibliothèques en attendant que Léontine, l'assistante du professeur Blacke, les reçoive lorsqu'elle aurait un moment de libre.
Elle l'avait vite remarqué depuis leur arrivée, cette tension dans l'air comme si quelque chose était sur le point d'arriver. Pourtant la menace des tours était dissoute.
"Toi aussi tu as remarqué" fit remarquer Hotaru en suivant son regard. La rue semblait normale à première vue, mais le passage récurent d'individus pressés, documents sous le bras et tous se dirigeant dans la même direction laissaient peu de place au doute quant aux préoccupations du Conseil.
"Oui... Mais nous avons d'autres priorités." 





Elle n'aurait jamais songé un jour fouler le sol d'une telle institution. De tout temps, Kikyo s'était bien gardée d'approcher la magie et ses enseignements, de près ou de loin, toujours méfiante à son égard presque malgré elle. L'influence garlemaldaise, bien qu'elle l'ai refoulé au plus profond d'elle-même, avait nourri depuis son adolescence une certaine réticence à cette pratique. Mais aujourd'hui, c'est d'un pas décidé qu'elle s'avançait jusqu'au comptoir de la réception.
"Madame, bonjour. Peut-on vous aider ? lui demanda l'aimable greffière tirée à quatre épingles derrière son pupitre.
- Je suis le capitaine Kurusu, je suis passée hier signaler mon arrivée à l'assistante du professeur Blacke."
La receptionniste ajusta ses lunettes pour mieux la voir.
"Ah, c'est vrai. je suis navrée mais Léontine n'est pas encore remontée du Labyrinthos. Ne vous inquiétez pas elle devrait être là demain au plus tard.
- Ce n'est pas pour cela que je suis venue ce matin, j'aurais une question à vous poser concernant votre département de noologie."

A nouveau l'employée ajusta ses lunettes, cette fois-ci dans un tic nerveux.
"Je vous écoute ?
- Les épreuves d'admission sont-elles ouvertes aux étrangers ?
- Hmmm... vous avez une recommandation, je présume."

Sans attendre, elle lui tendit la lettre portant le sceau des Dandelion. Ce n'étaient certes pas de puissants mage mais ils restaient des sharlayanais de bonne réputation. La greffière pinça les lèvres, lisant et relisant le courrier comme pour y chercher une anomalie, mais finit par sourire et se donna un tout autre visage, à la fois avenant et inquiétant.
"Les portes de l'académie sont toujours ouvertes à ceux qui désirent apprendre, madame Kurusu. Néanmoins le département de Noologie plus que les autres, est particulièrement sélectif sur le choix de ses admissions, les épreuves ne sont pas destinées aux... novices.
- Comment s'organisent ces épreuves ?
demanda Kikyo aussitôt, sans montrer une once de doute.
- Il y a deux séries d'épreuves, la première est commune à tous les départements afin d'évaluer le niveau de nos nouveaux étudiants, la seconde est proposée par chaque département et leur difficulté varie en fonction de la matière."
Elle marqua un temps, le ton se faisant plus sarcastique.
"Êtes-vous certaine de vouloir passer cet examen ?
- Oui."

Elle se redressa alors, et se saisit d'une pile de documents pré-disposés sur un coin d'étagère.
"Très bien, voici le formulaire d'inscription. La prochaine session d'examens aura lieu dans six semaines, mais si vous estimez cela trop juste nous pouvons...
- Six semaines, ce sera parfait. J'imagine qu'en cas d’échec, je pourrais retenter ma chance la fois suivante.
- O...oui, tout à fait madame."

Kikyo se saisit poliment des documents tout juste présentés devant elle, et les remplit sans ciller. Elle avait pris sa décision, et si elle avait eu des doutes le seul dédain de ces académiciens persuadés de leur supériorité piquait son égo au plus au point. L'orgueil ajoutait désormais à sa motivation le désir d'essuyer ses pieds sur leur paillasson et de repartir avec les honneurs, peu importe le temps et les efforts que cela lui prendrait.

En sortant de l'académie, sa liste d'ouvrages et d'études préparatoires en mains, elle se dirigea vers le Noumène, une main sur sa corne pour activer sa linkperle.
" - ♪ - C'est fait, je suis inscrite aux épreuves d'admission."
Chacun y allait de son petit commentaire, surtout Nazah qui s'amusait de la situation à sa manière, et Nashasha qui ne pouvait s'empêcher de proposer son aide même quand on ne la lui demande pas juste pour mettre en avant ses connaissances. Kikyo soupira, mais avec un sourire dans la voix malgré tout.
Cela faisait plus d'un an qu'elle s'était séparée de Shiroyume. Elle avait appris le maniement de la lance, de la naginata, retrouvé le pistolet que Lantis lui avait offert, pratiqué le combat monté et développé son binôme avec Akio mais sans jamais se fixer sur une discipline. Et si on lui avait dit, il y a un an à peine, qu'elle en viendrait à s'inscrire dans l'un des plus difficiles des cursus d'une académie de magie, elle-même n'y aurait jamais cru ; certains à bord comme Valorius avaient d'ailleurs du mal à l'imaginer. Pourtant, elle le sentait cette-fois, qu'elle touchait quelque chose du doigt.
"Plus question de reculer à présent."




"Donc, le département de noologie."
Hotaru posa sa tasse sur la rambarde, juste à côté de celle de Kikyo.
"Oui, cela me permettra de me rapprocher du département des Mystères que nous sommes sur le point d'intégrer. Nous avons maintenant plus d'un pied à Sharlayan.
- Et pour les épaves ?
- Je suis certaine que nos recherchent sur les prototypes nymiens achèveront de nous intégrer dans cette ville, et quoi qu'il se passe ici nous serons de toute façon bientôt repartit en expédition du côté d'Uznair.
- Je sens que ce sera encore une aventure rocambolesque, n'est ce pas ?"


Le soleil de l'après-midi sur les terrasses de Sharlayan offrait une vue magnifique sur les toits, les rues pavées, et les voiles des navires qui entraient et quittaient le port. Ces derniers temps la Sharlayan semblait davantage peuplée d'aventuriers et autres visiteurs, plus de monde, plus d'agitation, moins de blanc partout.
Devant la porte du manoir, juste sous le balcon où elles se trouvaient, les deux cousines Tenshi pouvaient voir leurs compagnons aller et venir, toujours plus curieux de visiter cette cité dont ils avaient parlé des lunes durant, tout en profitant d'un repos bien mérité loin des horreurs de Garlemald. Déjà le feu de l'action brillait dans leur regard, ils voulaient rêver, voir de nouvelles contrées, découvrir les secrets de leur bien le plus précieux qui les emmènerait au-delà des frontières connues. Mais pour cela, il leur manquait encore la nouvelle pièce de ce puzzle qu'on leur avait promise.


"Je suis impatiente de voir cette carte."
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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"Abandonner ce monde... ce serait abandonner aussi l'Eternal."
Presque une journée avait été nécessaire pour que le capitaine arrive enfin à cette conclusion. Les paroles du Grand Conseil sur le plateau des Rostres l'avaient frappé comme un éclair. Elle n'était pas la seule à qui les pensées se multipliaient dans la tête, échappant à tout contrôle, et comme tous les autres elle avait écouté chaque mot de ce long discourt comme un poignard de plus dans son ventre.
Sa première pensée fut pour ses enfants, sa famille puis plus largement son pays. Abandonner Doma, son histoire, sa culture, cette terre qu'ils venaient à peine de reconquérir et qu'ils avaient à peine commencé à rebâtir en tant que nation ? Sa seconde pensée fut pour son rêve, ses ambitions. S'il n'avait été question d'un exode, elle aurait sans doute été enthousiaste à l'idée de pouvoir un jour explorer la lune. La lune... sa troisième pensée fut pour Hotaru. Quand elle leva les yeux, la raenne qui se tenait il y a encore quelques secondes à ses côtés s'était volatilisée.

Quand elle rejoignit le manoir Dandelion, le majordome posté à l'entrée lui tint la porte avant même qu'elle ne frappe.
"J'ai vu plusieurs de vos camarades passer, dit-il avec toute la bienveillance non contenue qui distinguait si bien l'homme de la norme des domestiques. Je pensais bien que vous alliez venir."
-Avez-vous vu ma cousine ?"

Il se contenta de lui indiquer les escaliers du menton sans rien ajouter. Kikyo monta les marches d'un pas mécanique, tentant toujours de dissiper le flot de pensées qui submergeaient son esprit d'ordinaire si cloisonné. Ce devait être pire pour Hotaru, dont la Lune avait toujours été plus qu'un astre, c'était une divinité, une figure maternelle, la source de ses prières... et elle venait d'entendre que ce n'était même une seule de toutes ces choses. C'était une arche, une création habitée par des personnes chargées de nous faire quitter cette planète vers une autre.
Arrivée devant la porte de sa chambre, elle leva la main pour frapper mais hésita. Elle était venue ici mais qu'allait-elle dire ? Elle ne savait pas elle-même ce qu'elle devait penser. Alors elle resta là, debout face à la porte sans bouger.

De longues minutes passèrent avant qu'elle ne se ravise et se retourne pour se laisser glisser, le dos le long de la porte close, laissant échapper un long soupir d'incompréhension. Le monde allait bien, les tours ont disparu, Zordiarche est mort alors... pourquoi ? Qu'est ce que cela signifie ?
Elle resta assise là, son chapeau qui lui tombait sur les yeux. Elle finit par prendre son courage à deux mains et allumer sa linkperle.
"Akira ? Il faut que je vous parle."





Au soir venu, c'était encore au centre des conversations. Quoi de plus normal ? Tout ce chamboulement n'était pas provoqué à la légère et derrière les plaisanteries qui dissimulent tant bien que mal l'anxiété, elle les voyait chercher une ancre pour s'accrocher, un moyen de relativiser : "cela prendra du temps, au moins plusieurs lunes de toute façon.", "Il faut déjà que nous en sachions plus sur la nature de cette apocalypse", et bien sur l'arrivée presque providentielle de Léontine pour leur remettre les documents consacrés à l'épave du Pandora, leur prochaine expédition.
Les paroles d'Akira l'avaient quelque peu apaisées également : "Attendons. Tant que le seigneur Hier n'a pas parlé." Juste, pour l'heure les autorités légales de chaque nation ne s'étaient pas prononcées, rien n'était encore fait. Mais il est difficile de se sortir de telles pensées de l'esprit.
"Je vous laisse discuter, je vais aller faire un tour" dit-elle à Valorius et Milah lorsqu'elle quitta le balcon jusqu'à aujourd'hui encore, si agréable aux conversations.

Marchant aux alentours de la Stoa de Thaliak, elle vit Ivanhault et Silius assis sur les marches, trop loin d'elle pour les entendre. Elle fit le choix de ne pas les rejoindre et continua de longer le port pour s'approcher de l'Eternal.
Il se tenait là, immense à ses yeux, silencieux. Le vent jouait dans la houle, faisant grincer le bois et les cordages. Ses voiles ramenées et nouées avec soin lui donnaient un sentiment de tristesse et de retenue, comme chaque fois qu'elle avait l'impression que ce navire partageait ses états d'âme. L'idée même de l'abandonner ici lui était insoutenable mais s'il fallait vraiment partir, et s'il fallait déplacer toute la population d'une planète, elle doutait fort que l'on s'encombre de tels "encombrants", surtout pour aller sur la lune.
Appuyée contre le bastingage du pont supérieur, elle contempla l'astre qui n'en était pas vraiment un au milieu des étoiles. Ce qu'elle n'avait dit aux autres, ce qu'elle ne pouvait montrer, se manifesta alors sous la forme d'une longue expiration : le soulagement. Dans son tourment, Kikyo avait au moins et bien égoïstement, la certitude désormais qu'elle n'était pas folle et que son malaise persistant sans raison depuis leur retour de Garlemald et l'annonce de la mort de Zordiarche en avait une, elle ne savait simplement pas encore laquelle.
Lui revinrent en mémoire les paroles de ce vieux yol, Khaidai, peu de temps avant qu'elle ne renonce au commandement des Quatre Tours : l'écho, la voix de la planète. Cette petite chose dont Nashasha parlait si souvent et non elle n'avait cure mais que le chaman xaela lui avait affirmé qu'elle en possédait une forme mineure, dotée d'une forte intuition entre autres.
"Ce n'est pas ça qui sauvera notre futur..."
Abattue, elle refusait de se laisser aller.  Tous faisaient l'effort de rester calme, de ne pas afficher les pensées qui devaient les assaillir. Elle était leur capitaine, il fallait qu'elle tienne la barre au sens propre comme au figuré.

Quelques heures plus tard, c'est une Sharlayan plongée dans la nuit que l'Eternal leva l'ancre. Peu parviendraient à trouver le sommeil de toute façon mais une partie s'enferma rapidement dans ses quartiers. Ils avaient quitté Garlemald sur un sentiment amer, ils pensaient que venir dans cette Sharlayan dont ils avaient tant rêvé leur ferait du bien, et voilà qu'ils la quittaient la mine plus sombre.
L'Archipel Paradis se trouvait à un peu plus d'un jour de navigation, là-bas les attendaient des personnes joyeuses prêtes à fêter ce qu'ils pensaient être la fin de l'apocalypse.


"Nous leur dirons... après la fête."
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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Elle avait choisi de rester sur l'Eternal plutôt que de laisser les enfants seuls dans ses quartiers, encore moins les emmener avec elle dans cette fête où les corsaires, truands et contrebandiers du Souk seraient présents n'en déplaise au charme du prince autoproclamé de l'archipel : Hassim Al-Kabar. Elle les avait laissé jouer tard puis, après un long bain où Kimiko avait pu faire semblant de nager pour impressionner ses petits frères et soeurs, les avait bordé ensemble dans leur couchette sécurisée, devant la longue fenêtre sous la lumière des étoiles. C'est là qu'elle se trouvait quand cette vision d'horreur la frappa de plein fouet.

Un ciel rouge écarlate transpercé d'éclairs tandis que les étoiles tombent dans une pluie de feu sur la mer qui entoure le navire. Cela ne dura qu'un instant alors que des profondeurs de la terre remontait un rugissement strident qui lui vrilla les cornes. Elle se retint à la chaise de son bureau pour ne pas tomber, reprit son souffle. Tout semblait revenu à la normale.
Qu'est ce que c'était...?
Une vision de l'apocalypse -car cela en avait tout l'air- n'était pas du tout bon signe après ce qu'elle avait entendu un jour plus tôt. Haletante, elle leva les yeux vers ses trois enfants qui n'avaient pas bougé, endormis sous leur couette. Rassurée de voir que cette vision n'avait touché qu'elle seule dans la cabine, elle se dépêcha de sortir et de remonter sur le pont.

Mais elle n'eut même pas le temps de se remettre de ses émotions. Appuyée au bastingage, elle entendit un hurlement, bien humain celui-ci, venu de l'île où se tenait la fête, où se trouvaient ses hommes, bientôt rejoint par d'autres cris de terreur. Cette clameur monta depuis la forêt, mais elle ne vit rien sur la plage jusqu'à ce que, au-dessus des arbres depuis le cœur de l'île, le champ de fleurs, là où ils se trouvaient tous, s'élève une gréature ailée gigantesque et monstrueuse qu'elle ne pouvait discerner avec précision à cette distance. Au-dessus de lui, le ciel s'assombrit dans un amas de nuages avant de se tordre comme s'il s'ouvrait. Le noyau du tourbillon était rouge, un ciel couleur sang qui s'embrase quand les étoiles tombent, juste au-dessus de l'île.
Ce qu'elle prit d'abord comme une vague d'ether explosa depuis sa position et le remous provoqué fit tanguer l'Eternal et les nombreux autres navires et pirogues qui se trouvaient là. Elle se tint à la rambarde, le souffle court, ce n'était pas de l'ether c'était... autre chose, sa faible connaissance en magie ne permettait pas de lui faire comprendre davantage.

Et les cris de terreur et d'agonie continuaient. Pendant un instant, la question de se rendre à terre lui traversa l'esprit pour aller secourir ses hommes mais un cri de terreur encore plus terrible pour elle la fit réagir au quart de tour.
"HAAAAAAAAAAAAAAAA ! MAAAAAMAAAAAAAAAAAAAAAN !"
Ce genre de cri, aucune mère ne souhaitait l'entendre, et aucune mère ne resterait immobile ne serait ce qu'une demi seconde lorsqu'elle l'entend. La porte de la cabine s'ouvrit dans un fracas assourdissant quand elle se précipita auprès des enfants. Kimiko tenait Kiyoko en larmes contre elle, prostrées dans un coin du lit, toutes les deux criaient et pleuraient mais celui qu'elle avait entendu et qui couvrait leurs appels était le hurlement de son fils de deux ans, dont le corps se couvrait de volutes noires.
"AKI !"
Sans réfléchir, sans même chercher à comprendre, Kikyo se rua vers la couchette pour saisir le petit garçon et le prendre dans ses bras.
"Mon chéri tout va bien, maman est là qu'est ce qui t'arrive ?!"
L'enfant n'était pas en mesure de répondre, mais par miracle, pressé contre la poitrine de sa mère, il se calma aussitôt. Les filles pleuraient mais leurs sanglots diminuèrent quand leur frère se calma et que la fumée noire se dissipa.
"Les filles... tout va bien je suis là, tout va bien !"
Tenant Akihiko contre elle d'un bras, elle se baissa pour rejoindre les deux petites au fond de leur couchette. Dehors, à travers la vitre, on pouvait voir le ciel s'embraser au-dessus de l'île et entendre les cris toujours plus nombreux.
"Mama...!"
Kimiko et Kiyoko vinrent se blottir contre elle, et elle les entoura de son bras. Plusieurs minutes passèrent durant lesquelles mille questions se bousculaient dans son esprit. Ses hommes étaient là-bas, elle tenta de les contacter mais les linkperles ne fonctionnaient plus comme si l'ether avait disparu ou bien était couvert par autre chose de plus fort... plus fort que l'essence vitale de cette planète ? Ce qui se passait ici se produisait-il partout ailleurs, était-ce la fin ?
Elle ne pouvait pas flancher devant les enfants, elle devait faire confiance à ses hommes. Elle baissa les yeux sur les trésors de sa vie, tâchant de garder un visage le plus rassurant possible.
"Vous êtes en sécurité ici, maman doit remonter sur le pont pour attendre les autres mais tout va bien se passer d'accord ? Il y a un vilain monstre sur l'île, mais il ne peut pas venir jusqu'ici, nous sommes à l'abri.
- D'accor' mama."

C'était stupide, mais une mère ne ment jamais au regard d'un petit enfant. Kimiko hocha la tête mais cette fois, elle ne fronçait pas les sourcils avec assurance comme lorsqu'elle voulait se montrer aussi brave que son père. Kiyoko renifla et acquiesça, serrant très fort le jupon de sa mère dans ses petites mains avant de la relâcher mais Akihiko, lui, refusa de quitter ses bras. De peur de voir cette fumée noire se manifester à nouveau en son absence, elle choisit de le garder.
"Vous restez ici, Kimiko tu t'occupes de ta sœur, chante-lui ta berceuse d'accord ? Maman est juste derrière la porte et si vous avez le moindre problème tu m'appelles. Il ne faut pas avoir peur, je suis là."
Elle avait beau faire tout son possible, elle ne savait que trop bien qu'ils avaient tous peur, et il y avait de quoi. Quand elle remonta sur le pont, son fils dans les bras, elle vit une masse humaine en panique sortir de la forêt et se précipiter vers les embarcations. Pirates, corsaires, contrebandiers, lalafells des tribus de tout l'archipel et même les habitants de l'île aux fleurs. Elle garda le visage de son fils contre elle, le couvrant de ses deux bras pour lui éviter de regarder, mais à elle rien n'échappa de ce cauchemar. Quand enfin, elle reconnut ses hommes dans la foule, certains éparpillés mais ils couvraient la fuit de tous les autres avec les miliciens du Souk et les corsaires les plus aguerris. Le monstre avait presque disparu, s'élevant dans les airs au-dessus de l'île, mais d'autres créatures noires difformes sortaient de la forêt et se jetaient sur les malheureuses victimes pour les dévorer... mais ce n'était pas le pire. Même de loin, elle put voir certains de ces gens qu'elle avait côtoyé tomber au sol, de leur corps émanant une fumée noire et, pris de violentes convulsion, ils se transformèrent à leur tour en monstres. Un frisson lui glaça le sang alors qu'elle resserrait son étreinte autour de son fils.
"Quelle est cette abomination...!"




Tous ceux qui avaient pu fuir l'île aux fleurs étaient maintenant à l'abri sur les différents navires qui les conduisaient au Souk. Sur le pont, des civils, des miliciens, des lalafells... chacun avait embarqué sur le premier bateau qu'il avait pu sans distinction et que ce soit l'Eternal, l'Allégresse ou même les petites pirogues des pêcheurs de Hualani maintenant surchargées, personne n'avait réfléchi ou songé à refouler qui que ce soit. Ils avaient tous beaucoup perdu ce soir.
Ce ciel de feu et de sang ne s'était pas propagé au-delà de l'île mais il suffisait de regarder par-dessus son épaule pour contempler la "fissure" au-dessus de ce qui était autrefois le joyau de l'archipel.

Kikyo avait fini par laisser la barre au second pour atteindre le Souk. Quelques instants de répits, juste un instant. Assise dans le noir, au fond de sa couchette le dos contre le mur, le regard vide et les jours creusées, elle tenait dans ses bras les trois prunelles de ses yeux emmitouflés dans leur couverture. Ils s'étaient enfin endormis et leur respiration régulière parvenait à peine à apaiser son tourment.
Les nouvelles venaient d'un peu partout par le biais des linkperles qui re-fonctionnaient depuis qu'ils s'étaient éloigné de l'île aux fleurs. La Noscea, Gridania, même Doma semblaient aller bien le phénomène qu'ils avaient vécu ce soir était encore très localisé mais quelqu'un avait appris que le ciel s'embrasait au-dessus de Thavnair, bien pire qu'ici car c'était la nation toute entière qui se retrouvait plongée dans l'apocalypse. Elle avait essayé en vain d'appeler Akira, mais la communication était impossible ce qui tendait à confirmer l'information.

Alors c'est cela, la fin du monde ? L'avenir de l'humanité, celui de ses enfants, allait se jouer sur un exode après tous ces efforts, son ambition de leur offrir le monde sans aucune frontières pour les retenir afin qu'ils n'aient jamais à connaître la même enfance qu'elle avait vécu enfermée entre quatre murs, derrière des barreaux. Ils allaient finalement se retrouver entassés sur une arche, les dieux savent combien de temps avant de trouver une nouvelle planète habitable... Etait-ce cela, l'avenir ?
Une larme roula sur sa joue. Tout cela ne pouvait s'arrêter ainsi, pas comme ça après tout ce qu'ils avaient vécu. Elle avait enfin tout ce qu'elle voulait, elle avait trouvé sa place en ce monde, elle avait Akira enfin à ses côtés, elle avait tant de choses à faire.


Je refuse que tout s'arrête, je refuse !
Lerith Il y a 12 mois et 3 jours
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En d'autres circonstances, ils auraient vécu ce voyage d'une autre façon, apprécié les couleurs vives rayonnant à la lueur des lanterne et le parfum d'encens qui remplissait la chambre au dernier étage de la Mehyane de Merhyde. Un fragile sentiment de sécurité avait réduit les tensions de Radz-at-Han tandis que le dragon féal devenu Satrape aux yeux du monde survolait les alentours ; mais sous un orage carmin permanent nul ne pouvait oublier le drame qui se jouait en ce moment-même.

Sous les draps de satin pourpre, Kikyo enserra la taille du tigre. Depuis son retour de la Jungle des Sangha avec le reste de l'équipage, une fois les blessures lavées et bandées, le désir s'était mué en besoin, fulgurant et presque brutal de se raccrocher l'un à l'autre. Pour elle surtout et elle en était la première surprise, jamais elle ne s'était à ce point laissée emporter par la passion. En guise de réponse, elle sentit ses bras autour d'elle et son menton posé contre son front ; il regardait vers l'extérieur, les étoiles tomber du ciel.
Parler de l'apocalypse était une chose, la vivre en était une autre. La peur, le désespoir, ces émotions tiraient l'humanité vers l'abîme, et le seul espoir possible semblait être la fuite.
"Nous ne pouvons pas continuer à vivre comme si de rien était, souffla-t-elle contre son épaule.
-  Vous devez leur montrer le chemin que vous avez choisi.
- c'est bien tout le problème."

Sans le regarder, elle pouvait le sentir froncer les sourcils. Il la connaissait mieux que personne, et si Ivanhault était sensible à ses doutes, Akira savait pertinemment qu'elle n'en avait aucun, en tout cas pas ceux qu'on imaginait. Sans attendre de réponse elle leva les yeux vers lui.
"La raison voudrait que leur dise de se préparer à faire cet exod-...
- Suffit."

Les lèvres du tigre la coupèrent brusquement, et sans ménagement. L'instant d'après, elle se retrouva sur le dos, coincée entre son visage et les nombreux coussins à la tête du lit, affrontant l'améthyste.
"Ne me parlez pas d'être raisonnable."
Comme toujours, il parvenait à faire taire cette petite voix cachée dans un coin de sa tête avant qu'elle ne prenne trop de place. Il l'écrasait de tout son poids avec ce même regard impérieux et dominateur qui n'avait jamais eu d'autre effet que de broyer toutes ses peurs. Ce seul regard valait tous les sermons du monde, et en même temps témoignaient de la confiance qu'il plaçait en elle. Il savait, évidemment, il savait ce qu'elle voulait vraiment tout en craignant de le revendiquer car la logique voudrait qu'elle songe avant tout à la sécurité de son équipage ; ce même équipage qui avait juré qu'ils la suivraient au bout du monde et on ne pouvait pas dire que c'était une métaphore à présent.
Elle soupira, entourant son cou de ses bras avant de poser son front contre le sien. En se redressant ses cheveux glissèrent en cascade derrière sa nuque, attisant les braises au fond de ses yeux ; elle se contenta de sourire.
"Femme avide, souffla t-il à ses lèvres.
- Je refuse de perdre tout ceci."

Les heures passent mais l'apocalypse ignore jusqu'aux heures du jour et de la nuit, ce ciel restait toujours le même. Le froissement des draps réveilla la demi-raenne qui ouvrit les yeux pour voir son mari vêtu de son seul pantalon s'avancer sur le balcon pour contempler la ville. Elle se redressa pour le suivre du regard, le tigre tatoué dans son dos la fixait toujours.
Il avait beau contenir ses émotions et paraître aussi solide qu'un rocher, cette situation ne pouvait pas le laisser indifférent, pas maintenant qu'ils avaient vu.
"Les enfants resteront avec nous, dit-il en l'entendant se lever. Jusqu'à la fin."
Elle vint l'enlacer par derrière, le drap autour de sa poitrine maintenu par cette seule étreinte. Elle répondit :
"Comment cette histoire va se terminer, c'est toute la question.
- Ce n'est pas une question. Nous ne contrôlons ce qui est hors de nos mains. Nous ferons donc ce que nous pouvons donc faire, femme. Combattre."

Le silence s'installa une nouvelle fois, coupé par le rugissement du dragon seigneur de cette île qui survolait encore la jungle ravagée, si grand qu'on le voyait de loin.
"Il veut protéger son île, murmura Kikyo. Tout ce qu'il a contribué à bâtir et qui lui appartient autant qu'à son peuple, il les défendra jusqu'au dernier moment, jusqu'à ce que tout espoir ai disparu.
- Et vous ?"

Le ton était assuré, dur, combattif. C'était moins une interrogation qu'une mise au défi.
"Je ne veux pas quitter cette planète. Doma, notre famille, l'Eternal... Je veux me battre pour les conserver.
- Bien. Alors cessez de vous tourmenter de questions inutiles."

Quand il se retourna, son regard avait changé. Un vent tiède remonta jusqu'à eux, balayant la terrasse pour venir gonfler légèrement le drap qu'elle maintenait d'un bras. Quand il saisit délicatement une mèche de sa chevelure elle posa sa main sur la sienne et la serra de plus en plus fort.
"Je sais... ce que je dois faire."

Cette nuit serait la dernière qu'ils passèrent à Radz-at-Han. Le lendemain matin, l'Eternal quittait Thavnair pour retourner vers Eorzéa avec les informations nécessaires aux recherches du département des mystères, mais aussi un nouvel objectif. Avant de monter à bord, sa main toujours dans celle de l'homme qui lui inspirait cette volonté inébranlable, Kikyo leva une dernière fois le regard au-dessus des arbres et des immenses demeures aux murs colorés. Ce ne serait pas la dernière fois qu'elle voyait ce ciel, mais elle voulait graver son image dans son esprit pour ne pas oublier ce pour quoi, et ce contre quoi elle allait maintenant se battre.


Allons chasser de l'Hérésiarque.

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