[Kikyo] IV - Vers l'Infini et on Verra
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Le chant des mouettes sur le port accompagnait celui des marins en plein travail. Décharger les navires, puis charger la nouvelle cargaison, briquer le pont, recoudre les voiles, toutes ces tâches harassantes qu'ils égayaient par un rythme soutenu, faisant ainsi paraître le travail moins difficile. Tous n'avaient pas l'air des plus amicaux, mais il en fallait plus pour effrayer Kimiko Kurusu nichée dans les bras de sa mère qui avançait le menton levé au milieu de cette foule matinale.
"Là !" s'écria l'enfant, pointait du doigt l'Eternal amarré au bout de la jetée. Kikyo acquiesça.
"Oui, c'est bien lui tu l'as reconnu."
La petite princesse bomba le leva la tête et bomba le torse, fière comme si elle venait d'accomplir un exploit digne du Guerrier de la Lumière. Quand sa mère se saisit de l'un des cordages, appelant pour qu'on la fasse monter à bord et que, depuis le pont, on commença à les tirer vers le haut, l'enfant se cramponna très fort. Elles auraient pu passer par une passerelle de la cale, bien sur, mais aujourd'hui le capitaine voulait impressionner sa fille.
Il n'était pas immense, ce navire hybride capable de s'envoler comme un gros aeronef, et sans capacité particulière lui permettant de dépasser la vitesse de la flotte limséenne ; sa "légende" venait principalement de son apparence "rétro" et de son précédent capitaine. Dans ce monde d'images et de symboles forts, il n'en fallait guère plus pour donner un sentiment de puissance, pour se démarquer, et c'est bien ce sur quoi le capitaine Kurusu comptait jouer à l'avenir ; pas auprès des eorzéens toutefois, ceux-là étaient passés maîtres dans l'art de la surenchère tel point que l'originalité était devenue la norme, non elle visait bien plus loin et bien plus haut.
L'enfant, elle, était très loin de ces réflexions. Elle regardait partout, observant chacun des membres d'équipage présent à bord ce matin là et suivant ses gestes afin de comprendre ce qu'il faisait. Elle semblait tout particulièrement intéressée par la danse des deux gabières dans les cordages. Meleth apprenait à U'napa comment se déplacer, comment faire des noeuds, quelle voile correspondait à telle ou telle manoeuvre et la miqo'te apprenait plutôt vite.
"Papa !" Dit-elle soudainement, pointant du doigt l'invité récent de l'Eternal qui semblait plongé dans ses pensées sur le pont supérieur et n'avait pas remarqué leur présence. Kikyo sourit un peu, intimant le silence à sa fille en plaçant un index sur sa petite bouche boudeuse.
"Papa est occupé à réfléchir, il nous rejoindra plus tard. Allons dans mes quartiers, maman veut te montrer quelque chose."
Brusquement, Kimiko fronça les sourcils avec sérieux. Après l'exploit héroïque, voilà qu'on allait lui confier un secret d'état, évidemment ce ne pouvait être moins, Kimiko Kurusu du haut de ses deux ans et demi méritait au moins cela.
A l'intérieur de la cabine, on entendait toujours le bruit des vagues et à travers la vitre depuis l'arrière du vaisseau, on pouvait voir l'activité sur le port et au loin l'ethérite principale à l'entrée de la Camelotade. Une mouette vint se poser sur le bord de la fenêtre mais nul de s'en soucia ; Kimiko ne lâchait plus sa mère des yeux. Celle-ci ouvrit un coffre au mur, au-dessus du secrétaire rempli de parchemins, de cartes marines et divers objets que l'enfant ne savait encore nommer excepté le compas avec lequel il lui avait été permit de jouer l'autre jour. Kikyo sortit du coffre un étui à cartes et en déroula le contenu sur la table où Kimiko était assise. L'enfant fronça les sourcils un peu plus, cela ne ressemblait en rien au plan qu'elle avait dessiné et qui traçait le chemin depuis la maison jusque chez Hotaru deux rues plus haut.
"Où c'est ? demanda-t-elle.
- Loin au Nord, maman et son équipage ont été mandatés pour y aller et explorer cet endroit.
- Pourquoi ?"
La question avait le mérite d'être posée, pourquoi. Pourquoi laisser derrière elle mari et enfants et pourquoi partir plusieurs jours, plusieurs semaines alors qu'il se passait des choses graves dans le monde, que le danger n'avait jamais été aussi proche ? Bien sur, Kimiko n'avait aucune conscience de cela, pour elle le question se limitait à comprendre l'absence de sa mère. Celle-ci se tourna vers le mur où était accrochée une mappemonde, elle pointa du doigt une île au Nord-Ouest d'Eorzéa. La petite fille qui ne savait pas lire se contenta de suivre du regard son index et de plisser les yeux pour mieux voir ce qu'elle lui montrait.
"Pas si loin d'ici, mais hors de notre portée, se trouve une ville connue de tous sous le nom de Sharlayan. On raconte que s'y trouverait tout le savoir du monde, les mages les plus puissants, et des secrets perdus par les autres nations depuis longtemps..."
Kikyo marqua une pause, voulant s'assurer d'avoir capté toute l'attention de sa fille aînée. Objectif rempli, ses yeux grands ouverts elle attendait la suite de cette nouvelle histoire.
"Mais la nation de Sharlayan a choisi l'isolement, et fermé ses portes à tout le monde."
Elle mima avec ses mains la fermeture des portes sous le nez de sa fille qui ouvrit la bouche, prise par le récit.
"Plus personne n'a le droit d'y aller et ils rappellent tous leurs citoyens à revenir au pays depuis des années. La plupart ont obéi mais certains résistent encore un peu. C'est le cas de certains hommes de maman, deux hommes."
Elle montra deux doigts à Kimiko, qui apprenait toujours à compter, celle-ci hocha une fois en se rappelant ce que représente le chiffre "deux".
"Grâce à eux, maman espérait trouver là-bas une oreille un peu moins... bornée.
- Comme papa colère ?"
Des mots si innocents ne purent qu'arracher un rire franc et léger à la jeune capitaine qui hocha la tête.
"Oui, un peu comme papa quand il est en colère.
- Pas facile.
- Non, en effet, même quasiment impossible."
Elle secoua la tête avant de reprendre.
"Mais on a fini par y arriver, et cette carte que tu vois là, nous arrive directement de Sharlayan. C'est une mission qu'ils nous confient et si nous réussissons, peut-être que nous pourrons y aller.
- Pourquoi ?
- Parce que nous voulons nous voir confier d'autres cartes comme celles-ci, voyager encore plus loin, et vous offrir à ton frère, ta soeur et toi, ainsi qu'à d'autres enfants, un monde dépourvu de frontières infranchissables."
Elle contemplait avec tendresse le visage fasciné de sa fille, un sourire de façade figé sur ses lèvres. Elle ne pouvait lui dire qu'en plus de ce rêve lointain, il y avait une autre raison plus urgente à prendre de tels risques. Beaucoup d'aventuriers se penchaient déjà sur l'affaire des tours et même si l'Eternal se prêtait volontiers en renfort pour ces recherches et contenir la menace des néo-primordiaux, il fallait prévoir le pire et trouver un refuge si jamais les choses tournaient mal. La tâche ne serait pas aisée et que ce soit au Nord, au Sud ou dans toute autre direction, les tours de l'apocalypse ne seraient jamais assez loin. En dernier recours, Sharlayan et sa magie que Kikyo, dans son désir de protéger ses enfants, idéalisait sans doute, pourrait être une option... Si seulement ils voulaient bien ouvrir leurs portes à l'Eternal ainsi elle pourrait mettre ses hommes et sa famille à l'abri. Elle ne pouvait pas sauver le monde, elle ne pourrait les sauver tous, elle n'était qu'un être humain, une mère de surcroit, qui ne pensait qu'à l'avenir de sa progéniture.
Kimiko, malgré son jeune âge, avait toujours su sentir le malaise et l'état d'esprit de ses parents. Aidée de ses deux mains elle se mit debout sur la table et avança jusqu'à sa mère. Elle posa ses deux mains à plat sur sa poitrine afin de tenir debout correctement et une fois stabilisée, déclara avec force et conviction :
"Kimiko vient."
Il n'en fallut pas plus à Kikyo pour entourer sa fille de ses bras et la serrer fort contre son coeur.
"Oui, petit lotus. Un jour tu viendras avec moi et ce jour viendra peut-être plus tôt que tu ne le penses."
De l'autre côté de la porte restée entrouverte, l'ombre du tigre s'éloigna à pas lents sur le pont du navire. Il y avait beaucoup à réfléchir ces temps-ci. Doma était aussi menacée par la catastrophe et trop peu d'informations concrètes empêchaient d'anticiper une quelconque tactique de défense ; il fallait attendre que les dirigeants de chaque nation prennent une décision. Foncer tête baissée, s'obstiner et mourir bêtement ne servirait à rien. Fallait-il attendre l'arme au poing, fallait-il chercher un abris sur au risque de devoir se terrer comme des rats en attendant la fin, avait-on seulement une chance de survivre pour mieux revenir ensuite ?
Beaucoup de questions étaient en suspend, mais une fois dehors deux évidences se présentaient selon la direction vers laquelle se tourne le regard : d'un côté l'horizon marqué par une de ces tours et le rayon rouge perçant le ciel, rappelant à l'incertitude et à la peur, de l'autre un horizon inconnu, certainement pas dénué de dangers, mais aussi porteur d'espoir. Que faire, dès lors que l'horloge tourne ?
"Là !" s'écria l'enfant, pointait du doigt l'Eternal amarré au bout de la jetée. Kikyo acquiesça.
"Oui, c'est bien lui tu l'as reconnu."
La petite princesse bomba le leva la tête et bomba le torse, fière comme si elle venait d'accomplir un exploit digne du Guerrier de la Lumière. Quand sa mère se saisit de l'un des cordages, appelant pour qu'on la fasse monter à bord et que, depuis le pont, on commença à les tirer vers le haut, l'enfant se cramponna très fort. Elles auraient pu passer par une passerelle de la cale, bien sur, mais aujourd'hui le capitaine voulait impressionner sa fille.
Il n'était pas immense, ce navire hybride capable de s'envoler comme un gros aeronef, et sans capacité particulière lui permettant de dépasser la vitesse de la flotte limséenne ; sa "légende" venait principalement de son apparence "rétro" et de son précédent capitaine. Dans ce monde d'images et de symboles forts, il n'en fallait guère plus pour donner un sentiment de puissance, pour se démarquer, et c'est bien ce sur quoi le capitaine Kurusu comptait jouer à l'avenir ; pas auprès des eorzéens toutefois, ceux-là étaient passés maîtres dans l'art de la surenchère tel point que l'originalité était devenue la norme, non elle visait bien plus loin et bien plus haut.
L'enfant, elle, était très loin de ces réflexions. Elle regardait partout, observant chacun des membres d'équipage présent à bord ce matin là et suivant ses gestes afin de comprendre ce qu'il faisait. Elle semblait tout particulièrement intéressée par la danse des deux gabières dans les cordages. Meleth apprenait à U'napa comment se déplacer, comment faire des noeuds, quelle voile correspondait à telle ou telle manoeuvre et la miqo'te apprenait plutôt vite.
"Papa !" Dit-elle soudainement, pointant du doigt l'invité récent de l'Eternal qui semblait plongé dans ses pensées sur le pont supérieur et n'avait pas remarqué leur présence. Kikyo sourit un peu, intimant le silence à sa fille en plaçant un index sur sa petite bouche boudeuse.
"Papa est occupé à réfléchir, il nous rejoindra plus tard. Allons dans mes quartiers, maman veut te montrer quelque chose."
Brusquement, Kimiko fronça les sourcils avec sérieux. Après l'exploit héroïque, voilà qu'on allait lui confier un secret d'état, évidemment ce ne pouvait être moins, Kimiko Kurusu du haut de ses deux ans et demi méritait au moins cela.
A l'intérieur de la cabine, on entendait toujours le bruit des vagues et à travers la vitre depuis l'arrière du vaisseau, on pouvait voir l'activité sur le port et au loin l'ethérite principale à l'entrée de la Camelotade. Une mouette vint se poser sur le bord de la fenêtre mais nul de s'en soucia ; Kimiko ne lâchait plus sa mère des yeux. Celle-ci ouvrit un coffre au mur, au-dessus du secrétaire rempli de parchemins, de cartes marines et divers objets que l'enfant ne savait encore nommer excepté le compas avec lequel il lui avait été permit de jouer l'autre jour. Kikyo sortit du coffre un étui à cartes et en déroula le contenu sur la table où Kimiko était assise. L'enfant fronça les sourcils un peu plus, cela ne ressemblait en rien au plan qu'elle avait dessiné et qui traçait le chemin depuis la maison jusque chez Hotaru deux rues plus haut.
"Où c'est ? demanda-t-elle.
- Loin au Nord, maman et son équipage ont été mandatés pour y aller et explorer cet endroit.
- Pourquoi ?"
La question avait le mérite d'être posée, pourquoi. Pourquoi laisser derrière elle mari et enfants et pourquoi partir plusieurs jours, plusieurs semaines alors qu'il se passait des choses graves dans le monde, que le danger n'avait jamais été aussi proche ? Bien sur, Kimiko n'avait aucune conscience de cela, pour elle le question se limitait à comprendre l'absence de sa mère. Celle-ci se tourna vers le mur où était accrochée une mappemonde, elle pointa du doigt une île au Nord-Ouest d'Eorzéa. La petite fille qui ne savait pas lire se contenta de suivre du regard son index et de plisser les yeux pour mieux voir ce qu'elle lui montrait.
"Pas si loin d'ici, mais hors de notre portée, se trouve une ville connue de tous sous le nom de Sharlayan. On raconte que s'y trouverait tout le savoir du monde, les mages les plus puissants, et des secrets perdus par les autres nations depuis longtemps..."
Kikyo marqua une pause, voulant s'assurer d'avoir capté toute l'attention de sa fille aînée. Objectif rempli, ses yeux grands ouverts elle attendait la suite de cette nouvelle histoire.
"Mais la nation de Sharlayan a choisi l'isolement, et fermé ses portes à tout le monde."
Elle mima avec ses mains la fermeture des portes sous le nez de sa fille qui ouvrit la bouche, prise par le récit.
"Plus personne n'a le droit d'y aller et ils rappellent tous leurs citoyens à revenir au pays depuis des années. La plupart ont obéi mais certains résistent encore un peu. C'est le cas de certains hommes de maman, deux hommes."
Elle montra deux doigts à Kimiko, qui apprenait toujours à compter, celle-ci hocha une fois en se rappelant ce que représente le chiffre "deux".
"Grâce à eux, maman espérait trouver là-bas une oreille un peu moins... bornée.
- Comme papa colère ?"
Des mots si innocents ne purent qu'arracher un rire franc et léger à la jeune capitaine qui hocha la tête.
"Oui, un peu comme papa quand il est en colère.
- Pas facile.
- Non, en effet, même quasiment impossible."
Elle secoua la tête avant de reprendre.
"Mais on a fini par y arriver, et cette carte que tu vois là, nous arrive directement de Sharlayan. C'est une mission qu'ils nous confient et si nous réussissons, peut-être que nous pourrons y aller.
- Pourquoi ?
- Parce que nous voulons nous voir confier d'autres cartes comme celles-ci, voyager encore plus loin, et vous offrir à ton frère, ta soeur et toi, ainsi qu'à d'autres enfants, un monde dépourvu de frontières infranchissables."
Elle contemplait avec tendresse le visage fasciné de sa fille, un sourire de façade figé sur ses lèvres. Elle ne pouvait lui dire qu'en plus de ce rêve lointain, il y avait une autre raison plus urgente à prendre de tels risques. Beaucoup d'aventuriers se penchaient déjà sur l'affaire des tours et même si l'Eternal se prêtait volontiers en renfort pour ces recherches et contenir la menace des néo-primordiaux, il fallait prévoir le pire et trouver un refuge si jamais les choses tournaient mal. La tâche ne serait pas aisée et que ce soit au Nord, au Sud ou dans toute autre direction, les tours de l'apocalypse ne seraient jamais assez loin. En dernier recours, Sharlayan et sa magie que Kikyo, dans son désir de protéger ses enfants, idéalisait sans doute, pourrait être une option... Si seulement ils voulaient bien ouvrir leurs portes à l'Eternal ainsi elle pourrait mettre ses hommes et sa famille à l'abri. Elle ne pouvait pas sauver le monde, elle ne pourrait les sauver tous, elle n'était qu'un être humain, une mère de surcroit, qui ne pensait qu'à l'avenir de sa progéniture.
Kimiko, malgré son jeune âge, avait toujours su sentir le malaise et l'état d'esprit de ses parents. Aidée de ses deux mains elle se mit debout sur la table et avança jusqu'à sa mère. Elle posa ses deux mains à plat sur sa poitrine afin de tenir debout correctement et une fois stabilisée, déclara avec force et conviction :
"Kimiko vient."
Il n'en fallut pas plus à Kikyo pour entourer sa fille de ses bras et la serrer fort contre son coeur.
"Oui, petit lotus. Un jour tu viendras avec moi et ce jour viendra peut-être plus tôt que tu ne le penses."
De l'autre côté de la porte restée entrouverte, l'ombre du tigre s'éloigna à pas lents sur le pont du navire. Il y avait beaucoup à réfléchir ces temps-ci. Doma était aussi menacée par la catastrophe et trop peu d'informations concrètes empêchaient d'anticiper une quelconque tactique de défense ; il fallait attendre que les dirigeants de chaque nation prennent une décision. Foncer tête baissée, s'obstiner et mourir bêtement ne servirait à rien. Fallait-il attendre l'arme au poing, fallait-il chercher un abris sur au risque de devoir se terrer comme des rats en attendant la fin, avait-on seulement une chance de survivre pour mieux revenir ensuite ?
Beaucoup de questions étaient en suspend, mais une fois dehors deux évidences se présentaient selon la direction vers laquelle se tourne le regard : d'un côté l'horizon marqué par une de ces tours et le rayon rouge perçant le ciel, rappelant à l'incertitude et à la peur, de l'autre un horizon inconnu, certainement pas dénué de dangers, mais aussi porteur d'espoir. Que faire, dès lors que l'horloge tourne ?
...Vers l'Infini, et on verra.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Les ténèbres avaient envahi le sanctuaire de Yume-dori, désormais noyé sous les toiles d'araignée et le sentiment constant d'être observé. Il y régnait un froid glacial, ombral, tous les petits yokais s'étaient évaporés : le silence ici était désormais roi. Seule la rive du lac semblait encore saine, sa surface sombre reflétait maintenant la lumière de la lune. La silhouette du loup noir marchant au bord de l'eau s'accompagnait parfois d'un bruissement dans la forêt, le gardien tenait encore cette partie du sanctuaire et comptait bien tenir jusqu'au bout quoi qu'il en coute, chaque fois qu'il sentait la présence de cette maudite tisseuse du Cauchemar il montrait les crocs.
"Cela ne résoudra rien mon frère, gronda le loup blanc en le fixant de son seul oeil valide. Tu vois bien que le Rêve est submergé."
Le silence pour toute réponse, les deux loups continuaient de marcher côte à côte en longeant la rive. Derrière eux, Kikyo restait perchée sur le dos d'Akio. Ils avaient accompagné Rama jusqu'ici dans l'espoir qu'il parvienne à convaincre Gaïto, mais en vain. Le dernier des fils de Kurokami se refusait à laisser entrer quiconque en ces lieux.
"Kikyo et Hotaru peuvent amener du renfort, tu en as besoin. La meute n'est pas assez forte, ce ne sont que de jeunes hanyos qui ne portent qu'une infime partie du sang de notre sang. Même Akio et Bara sont trop jeunes.
- Assez, Rama ! s'agaça le noir. Tu es venu ici pour tenter de me corrompre à leur cause ? Aucun humain ne posera plus le pied en ces lieux, aucun tu m'entends ?!"
Kikyo soupira, elle préférait ne pas interférer dans la discussion des deux grands yokais, c'était un coup à se faire arracher la tête à coup de crocs.
"Quand bien-même auraient-ils de bonnes intentions, ce que je pourrais concevoir s'ils sont amenés par une Fille des Songes, ils sont faibles et imbéciles, le Cauchemar les prendra et ils feront plus de mal que de bien. Ce sont les humains qui ont corrompu ce sanctuaire la première fois !
- L'Araignée n'est plus, mais il n'y a plus de miko pour veiller le sanctuaire. Hotaru n'était pas prête, elle n'y arrivera pas seule.
- Justement, si comme tu le dis, c'est elle qui est la cause de tout ceci, si c'est elle qui a été faible et qui n'est pas encore assez forte, alors ses amis ce sera pire. Je dévorerais le premier qui tentera d'entrer ici !"
Un rire lointain retentit dans le sous-bois. Elle était là, elle entendait tout, elle était dominante. Sur le dos de son compagnon, Kikyo se tourna face à la forêt mais aucune ombre ne se présenta à eux. Les deux gardiens dressèrent les oreilles, puis grognèrent sans pouvoir non plus la débusquer. Rien à faire, le rire semblait venir de partout.
"Elle sera bientôt assez puissante pour sortir, renchérit Rama.
- Alors je la tuerais.
- Elle a ouvert une brèche, cela ne suffira pas d'autres suivront. On ne pourra pas contenir le cauchemar et les humains seront en proie au tourment une nouvelle fois dans les forêts yanxiennes pendant des décennies, peut-être des siècles. Te souviens-tu de la guerre, des nations en flammes et de la souffrance lorsque cela se produisit il y a bien des âges ? En ce temps-là, Kurokami et Okamisama protégeaient les humains, les Tisseurs de Rêve protégeaient les humains.
- Qu'ils aillent au démon, ces humains ! protéger, protéger et regardes ce qu'il en résulte ! Plus de miko, plus de grand prêtre, plus de gardien. Si le Cauchemar nous prend alors ils n'auront que ce qu'ils méritent. Quelques siècles de tourments dans l'obscurité du cauchemar leur fera peut-être retrouver leurs esprits."
Kikyo fronça les sourcils, cette fois elle ne comptait pas se taire. Elle descendit de sa monture sous le regard incrédule d'Akio qui s'apprêtait à la retenir, quand brusquement une explosion d'énergie émergea de la surface du lac, faisant vibrer le sol sous leurs pattes. Une vague de givre étincelante submergea toute la rive et les bois environnants. Au-dessus des arbres, la lune brillait plus fort que jamais, les étoiles dansaient à la surface agitée, le givre tenace reflétait leur lumière. Le rire cessa, et au loin on entendait comme de la musique et des rires, comme si un concert se produisait très loin d'ici.
Le silence.
"... Elle attaque !" S'écria Rama.
Aussitôt, l'ombre surgit de touts parts tentant de ronger le givre qui lui résistait. Il lui résistait, et même gagnait du terrain par endroits. Stupéfaits, les deux loups qui se tenaient prêts à attaquer ce qui sortirait de bois demeurèrent immobiles voyant le Cauchemar reculer ; ce n'était pas de leur fait. De son côté, Kikyo s'était tournée vers le lac, protégée par Akio.
"Cette chanson..."
Elle l'avait déjà entendue, sur la scène de l'Escale.
"Hotaru-chan... elle est en concert ce soir avec Meleth. Ils sont allé les encourager à la Rose des Vents."
Elle sentit son coeur battre plus fort, elle sentait la présence lointaine mais bien réelle de ses compagnons reliés à elle à travers l'Eternal. Elle entendait la musique à travers eux, pas seulement dans Yume-dori mais aussi dans sa tête, dans son coeur. Ils vibraient, ils riaient, ils chantaient même silencieux.
Ses deux mains se joignirent alors au niveau de son cou, concentrée, elle en appela à son maigre pouvoir et elle sentit que le pendentif de diamant sous sa tunique commençait à se dissoudre. Entre ses mains, se forma un éclat scintillant dont la lumière commençait à filtrer entre ses doigts. Elle ouvrit lentement ses mains, voyant cet éclat irradier dans la clairière. Gaïto et Rama se tournèrent vers elle, surpris par son visage dur, ses sourcils froncés et une flamme combative dans le regard. Elle pouvait sentir ce pouvoir passer au travers de son corps, elle sentait le Rêve se défendre alors qu'un instant plus tôt il était submergé et acculé.
"Les humains ne sont pas si faibles, Gaïto. Ce sont des humains qui ont forgé le Dernier Rêve... et si Hotaru le possède, ce n'est pas pour rien. Oui, nous faisons des erreurs... mais nous les réparons."
Le cri d'effroi de la jorogumo se fit entendre. Kikyo laissa un mince sourire se dessiner sur ses lèvres.
"Elle n'a pas peur de toi, elle a peur ...de nous."
La demi-raenne ouvrit les bras, laissant éclater toute la puissance du diamant. Les fines particules dispersées se dispersèrent et mêlée au givre fraichement posé, formèrent un bouclier translucide, étincelant. L'énergie provenant du lac était à présent claire, lumineuse. Rama se tourna à nouveau vers Gaïto, et sous ses babines tordues par les nombreuses cicatrices qu'il portait là comme si le reste de son corps, il semblait qu'un sourire narquois commençait à poindre.
"Alors, que dis-tu ?"
Gaîto gronda, mécontent. Peut-être admettrait-il enfin qu'il n'avait pas entièrement raison à propos de l'humanité.
"Cela ne résoudra rien mon frère, gronda le loup blanc en le fixant de son seul oeil valide. Tu vois bien que le Rêve est submergé."
Le silence pour toute réponse, les deux loups continuaient de marcher côte à côte en longeant la rive. Derrière eux, Kikyo restait perchée sur le dos d'Akio. Ils avaient accompagné Rama jusqu'ici dans l'espoir qu'il parvienne à convaincre Gaïto, mais en vain. Le dernier des fils de Kurokami se refusait à laisser entrer quiconque en ces lieux.
"Kikyo et Hotaru peuvent amener du renfort, tu en as besoin. La meute n'est pas assez forte, ce ne sont que de jeunes hanyos qui ne portent qu'une infime partie du sang de notre sang. Même Akio et Bara sont trop jeunes.
- Assez, Rama ! s'agaça le noir. Tu es venu ici pour tenter de me corrompre à leur cause ? Aucun humain ne posera plus le pied en ces lieux, aucun tu m'entends ?!"
Kikyo soupira, elle préférait ne pas interférer dans la discussion des deux grands yokais, c'était un coup à se faire arracher la tête à coup de crocs.
"Quand bien-même auraient-ils de bonnes intentions, ce que je pourrais concevoir s'ils sont amenés par une Fille des Songes, ils sont faibles et imbéciles, le Cauchemar les prendra et ils feront plus de mal que de bien. Ce sont les humains qui ont corrompu ce sanctuaire la première fois !
- L'Araignée n'est plus, mais il n'y a plus de miko pour veiller le sanctuaire. Hotaru n'était pas prête, elle n'y arrivera pas seule.
- Justement, si comme tu le dis, c'est elle qui est la cause de tout ceci, si c'est elle qui a été faible et qui n'est pas encore assez forte, alors ses amis ce sera pire. Je dévorerais le premier qui tentera d'entrer ici !"
Un rire lointain retentit dans le sous-bois. Elle était là, elle entendait tout, elle était dominante. Sur le dos de son compagnon, Kikyo se tourna face à la forêt mais aucune ombre ne se présenta à eux. Les deux gardiens dressèrent les oreilles, puis grognèrent sans pouvoir non plus la débusquer. Rien à faire, le rire semblait venir de partout.
"Elle sera bientôt assez puissante pour sortir, renchérit Rama.
- Alors je la tuerais.
- Elle a ouvert une brèche, cela ne suffira pas d'autres suivront. On ne pourra pas contenir le cauchemar et les humains seront en proie au tourment une nouvelle fois dans les forêts yanxiennes pendant des décennies, peut-être des siècles. Te souviens-tu de la guerre, des nations en flammes et de la souffrance lorsque cela se produisit il y a bien des âges ? En ce temps-là, Kurokami et Okamisama protégeaient les humains, les Tisseurs de Rêve protégeaient les humains.
- Qu'ils aillent au démon, ces humains ! protéger, protéger et regardes ce qu'il en résulte ! Plus de miko, plus de grand prêtre, plus de gardien. Si le Cauchemar nous prend alors ils n'auront que ce qu'ils méritent. Quelques siècles de tourments dans l'obscurité du cauchemar leur fera peut-être retrouver leurs esprits."
Kikyo fronça les sourcils, cette fois elle ne comptait pas se taire. Elle descendit de sa monture sous le regard incrédule d'Akio qui s'apprêtait à la retenir, quand brusquement une explosion d'énergie émergea de la surface du lac, faisant vibrer le sol sous leurs pattes. Une vague de givre étincelante submergea toute la rive et les bois environnants. Au-dessus des arbres, la lune brillait plus fort que jamais, les étoiles dansaient à la surface agitée, le givre tenace reflétait leur lumière. Le rire cessa, et au loin on entendait comme de la musique et des rires, comme si un concert se produisait très loin d'ici.
Le silence.
"... Elle attaque !" S'écria Rama.
Aussitôt, l'ombre surgit de touts parts tentant de ronger le givre qui lui résistait. Il lui résistait, et même gagnait du terrain par endroits. Stupéfaits, les deux loups qui se tenaient prêts à attaquer ce qui sortirait de bois demeurèrent immobiles voyant le Cauchemar reculer ; ce n'était pas de leur fait. De son côté, Kikyo s'était tournée vers le lac, protégée par Akio.
"Cette chanson..."
Elle l'avait déjà entendue, sur la scène de l'Escale.
"Hotaru-chan... elle est en concert ce soir avec Meleth. Ils sont allé les encourager à la Rose des Vents."
Elle sentit son coeur battre plus fort, elle sentait la présence lointaine mais bien réelle de ses compagnons reliés à elle à travers l'Eternal. Elle entendait la musique à travers eux, pas seulement dans Yume-dori mais aussi dans sa tête, dans son coeur. Ils vibraient, ils riaient, ils chantaient même silencieux.
Ses deux mains se joignirent alors au niveau de son cou, concentrée, elle en appela à son maigre pouvoir et elle sentit que le pendentif de diamant sous sa tunique commençait à se dissoudre. Entre ses mains, se forma un éclat scintillant dont la lumière commençait à filtrer entre ses doigts. Elle ouvrit lentement ses mains, voyant cet éclat irradier dans la clairière. Gaïto et Rama se tournèrent vers elle, surpris par son visage dur, ses sourcils froncés et une flamme combative dans le regard. Elle pouvait sentir ce pouvoir passer au travers de son corps, elle sentait le Rêve se défendre alors qu'un instant plus tôt il était submergé et acculé.
"Les humains ne sont pas si faibles, Gaïto. Ce sont des humains qui ont forgé le Dernier Rêve... et si Hotaru le possède, ce n'est pas pour rien. Oui, nous faisons des erreurs... mais nous les réparons."
Le cri d'effroi de la jorogumo se fit entendre. Kikyo laissa un mince sourire se dessiner sur ses lèvres.
"Elle n'a pas peur de toi, elle a peur ...de nous."
La demi-raenne ouvrit les bras, laissant éclater toute la puissance du diamant. Les fines particules dispersées se dispersèrent et mêlée au givre fraichement posé, formèrent un bouclier translucide, étincelant. L'énergie provenant du lac était à présent claire, lumineuse. Rama se tourna à nouveau vers Gaïto, et sous ses babines tordues par les nombreuses cicatrices qu'il portait là comme si le reste de son corps, il semblait qu'un sourire narquois commençait à poindre.
"Alors, que dis-tu ?"
Gaîto gronda, mécontent. Peut-être admettrait-il enfin qu'il n'avait pas entièrement raison à propos de l'humanité.
"Qu'ils viennent."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Aucune beauté en ce monde n'égalait à ses yeux le coucher de soleil sur l'Orient, et le ciel rougeoyant dans les derniers instants qui précèdent le crépuscule. Debout sur le pont au-dessus de l'étang, la maîtresse de maison contemplait ce paisible jardin où elle aimait se reposer et où ses enfants avaient fait leurs premiers pas. Cette maison, la première possession qu'elle n'ai jamais eu, lui manquerait.
Les pleurs d'un enfants la sortirent de ses pensées. Sunori venait de fermer la porte, le couffin des jumeaux dans les bras, et si Kiyoko dormait paisiblement quoi qu'il advienne, l'anxiété d'Akihiko s'était muée en peur lorsqu'il avait vu sortir ses affaires de la maison et lui en suivant dans les bras d'une servante. Il avait aperçu sa mère et s'était alors mit à hurler en l'appelant comme le feraient tous les enfants en bas âge. Il n'en fallut pas plus à la maîtresse de maison pour accourir au secours de la servante confuse.
"Là, là. Ce n'est rien." Dit-elle, alors que son fils se cramponnait à son haori. Les pleurs cessèrent aussitôt mais il continuait de renifler.
"Pardonnez-moi, Kurusu-tsubone...
- Allons, ne vous culpabilisez pas. Je vais prendre le relais à partir de maintenant.
- Êtes-vous certaine que tout ira bien ? C'est un long voyage.
- Cela ne durera qu'un été, Sunori. Continuez d'entretenir la maison et retournez dans vos familles, votre salaire ne sera pas affecté et nous serons de retour à l'automne si tout se passe bien."
La servante s'inclina, gardant précieusement la clé de la résidence dont elle et les autres employés auraient la charge en l'absence de leurs maîtres. Dans la rue, les dernières malles contenant les affaires des enfants et l'indispensable garde-robe de Kikyo finissaient d'être chargées. Les voisins n'avaient pas manqué de sortir dans leurs jardins, s'affairant au jardinage ou à d'autres occupations afin d'assister du coin de l'oeil au départ de la famille. Kikyo ne leur accorda pas le moindre regard, ses jumeaux dans les bras et son loup auprès d'elle, elle rejoignit le port sans un mot et sous les salutations respectueuses du personnel de maison.
Les pleurs d'un enfants la sortirent de ses pensées. Sunori venait de fermer la porte, le couffin des jumeaux dans les bras, et si Kiyoko dormait paisiblement quoi qu'il advienne, l'anxiété d'Akihiko s'était muée en peur lorsqu'il avait vu sortir ses affaires de la maison et lui en suivant dans les bras d'une servante. Il avait aperçu sa mère et s'était alors mit à hurler en l'appelant comme le feraient tous les enfants en bas âge. Il n'en fallut pas plus à la maîtresse de maison pour accourir au secours de la servante confuse.
"Là, là. Ce n'est rien." Dit-elle, alors que son fils se cramponnait à son haori. Les pleurs cessèrent aussitôt mais il continuait de renifler.
"Pardonnez-moi, Kurusu-tsubone...
- Allons, ne vous culpabilisez pas. Je vais prendre le relais à partir de maintenant.
- Êtes-vous certaine que tout ira bien ? C'est un long voyage.
- Cela ne durera qu'un été, Sunori. Continuez d'entretenir la maison et retournez dans vos familles, votre salaire ne sera pas affecté et nous serons de retour à l'automne si tout se passe bien."
La servante s'inclina, gardant précieusement la clé de la résidence dont elle et les autres employés auraient la charge en l'absence de leurs maîtres. Dans la rue, les dernières malles contenant les affaires des enfants et l'indispensable garde-robe de Kikyo finissaient d'être chargées. Les voisins n'avaient pas manqué de sortir dans leurs jardins, s'affairant au jardinage ou à d'autres occupations afin d'assister du coin de l'oeil au départ de la famille. Kikyo ne leur accorda pas le moindre regard, ses jumeaux dans les bras et son loup auprès d'elle, elle rejoignit le port sans un mot et sous les salutations respectueuses du personnel de maison.
Les journées passèrent lentement à bord de l'aeronef qui les conduisit de Kugane jusqu'à Limsa Lominsa. Bien qu'inquiet, Akihiko demeura sage tant qu'il pouvait voir sa mère ou être dans ses bras. Les quelques crises de larmes nocturnes ne duraient que le temps de se lever pour le bercer, et Kiyoko ne bronchait pas tant qu'elle avait sa soeur pour jouer avec elle. Kimiko le vivait comme une aventure, elle tenait au moins cela de sa mère, et profitait à sa façon de la cabine en première classe que ce soit pour en explorer les recoins ou bien se faufiler la nuit entre ses deux parents endormis.
Bien sur, il n'était pas question pour Kikyo de mentir à ses enfants. Dès le départ, Kimiko savait que ce voyage n'était pas un caprice de famille fortunée mais une necéssité de la garder, elle et ses frères, en sécurité auprès de leur mère proche de l'endroit le plus sûr à leurs yeux si le pire venait à arriver pendant que leur père était à la guerre. La malchance voulait que ces tours soient sorties de terre en même temps que le seigneur Hien envoyait les troupes domiennes de la cohalition orientale soutenir le front bozjien. Akira se devait d'y aller, tout comme il se devrait de protéger le peuple domien si l'apocalypse annoncée finissait par se produire. On ne peut pas toujours compter sur les exploits d'un héros.
Il comptait sur sa femme pour veiller sur leur famille, elle comptait sur lui pour leur revenir vivant. Ils n'en parlaient pas d'ailleurs, l'un comme l'autre. Par moment, une brève étreinte, deux bras enroulé autour de la taille et une tête reposant sur ou derrière une épaule suffisaient à dire ce que les mots n'avaient aucune utilité à transmettre. Profiter du temps accorder, simplement, jusqu'à ce que les trois coups d'un membre d'équipage viennent résonner derrière la porte.
"Le capitaine vous informe que nous allons bientôt arriver."
Bien sur, il n'était pas question pour Kikyo de mentir à ses enfants. Dès le départ, Kimiko savait que ce voyage n'était pas un caprice de famille fortunée mais une necéssité de la garder, elle et ses frères, en sécurité auprès de leur mère proche de l'endroit le plus sûr à leurs yeux si le pire venait à arriver pendant que leur père était à la guerre. La malchance voulait que ces tours soient sorties de terre en même temps que le seigneur Hien envoyait les troupes domiennes de la cohalition orientale soutenir le front bozjien. Akira se devait d'y aller, tout comme il se devrait de protéger le peuple domien si l'apocalypse annoncée finissait par se produire. On ne peut pas toujours compter sur les exploits d'un héros.
Il comptait sur sa femme pour veiller sur leur famille, elle comptait sur lui pour leur revenir vivant. Ils n'en parlaient pas d'ailleurs, l'un comme l'autre. Par moment, une brève étreinte, deux bras enroulé autour de la taille et une tête reposant sur ou derrière une épaule suffisaient à dire ce que les mots n'avaient aucune utilité à transmettre. Profiter du temps accorder, simplement, jusqu'à ce que les trois coups d'un membre d'équipage viennent résonner derrière la porte.
"Le capitaine vous informe que nous allons bientôt arriver."
Partout dans l'Escale résonnaient les rires et les conversations des clients se mêlant aux résidents. Les "finitions" des travaux avaient au final été mieux reçu que ce qu'elle aurait imaginé. Voir des explorateurs au travail ou en pantoufles pour raconter leurs voyages tout en buvant un verre était une attraction à succès, et "se rapproprier leur territoire" en envahissant l'espace de leurs affaires et meubles personnalisés était pour l'équipage un évènement joyeux et festif qui collait avec l'ambiance des festivités anniversaire pour les trois ans de l'établissement.
Dans ses quartiers, Kikyo finissait de défaire les malles de ses enfants quand on frappa à la porte.
"Entrez."
L'kihi passa la tête dans l'embrasure de la porte.
"C'est moi, madame, pour vous avertir qu'ils sont rentrés du Coerthas.
- Ah, merci. Kimiko surveille ton frère et ta soeur, je reviens."
La miqo'te avait eu tôt fait de disparaitre dans le couloir, laissant à la famille Kurusu son intimité. Kikyo la suivit jusque dans la salle principale où les membres d'équipage fraîchement de retour -frais était le mot d'ailleurs- se faisaient passer à tour de rôle le butin du jour, le bouclier de Lancelot, attendant de voir pour qui le précieux artefact brillerait le plus. Lorsque cela arrivait ils pointaient du doigt leur compagnon en criant "élu !" et riaient aux éclats. Cette vision arracha un faible sourire à Kikyo qui toutefois demeura en retrait. Son regard se porta surtout sur le hyurgoth assis en tailleur sur la scène, et son grand arquelyre posé à ses pieds.
Bjarnulf était sans conteste un personnage atypique, qu'elle se surprenait à apprecier. Elle avait toujours eu en horreur les pirates, et l'ancien équipage de l'Eternal ne faisait pas exception à la règle sauf Nashasha qui était plus une aventurière curieuse qu'une réelle boucanière. Bjarnulf, lui, avait tout du corsaire rangé : le langage, l'abstinence à l'alcool après des années de beuveries, la barbe de trente jours et la franchise. Ses premiers mots, à leurs première rencontre, furent qu'il n'avait pas l'intention de rempiler et pourtant le voilà, à peine s'était absentée le temps de faire traverser la mer à ses enfants, qui s'était installé ici et s'intégrait au nouvel équipage comme s'il en avait toujours fait partie. Il y avait chez cet homme un sentiment de sécurité qui émanait de lui et le capitaine pouvait le sentir.
S'il est ici, ce n'est pas par hasard.
Son regard se leva en direction de ses quartiers, elle songea à sa famille, ses enfants mais aussi ses hommes. Ils étaient tous ici, rassemblés, et prêts à prendre la mer à bord de ce navire qui à leurs yeux était encore l'endroit le plus sur au monde en cas d'apocalypse. Et si l'Eternal avait rappelé à lui Bjarnulf, d'une façon ou d'une autre... fallait-il craindre le pire ?
Kikyo prévoyait toujours le pire, espérant le meilleur. De nouveaux éclats de rire lorsque le bouclier irradia de lumière entre les mains d'un Silius désabusé firent s'envoler ses sombres présages. Tout irait pour le mieux tant qu'ils seraient ensemble, et prêts. Dans les étages lui parvinrent les échos des leurs de son fils, laissé trop longtemps sans sa mère dans un lieu encore inconnu, s'y joint aussitôt la petite voix de Kimiko.
"Mamaaaaaa !"
Dans ses quartiers, Kikyo finissait de défaire les malles de ses enfants quand on frappa à la porte.
"Entrez."
L'kihi passa la tête dans l'embrasure de la porte.
"C'est moi, madame, pour vous avertir qu'ils sont rentrés du Coerthas.
- Ah, merci. Kimiko surveille ton frère et ta soeur, je reviens."
La miqo'te avait eu tôt fait de disparaitre dans le couloir, laissant à la famille Kurusu son intimité. Kikyo la suivit jusque dans la salle principale où les membres d'équipage fraîchement de retour -frais était le mot d'ailleurs- se faisaient passer à tour de rôle le butin du jour, le bouclier de Lancelot, attendant de voir pour qui le précieux artefact brillerait le plus. Lorsque cela arrivait ils pointaient du doigt leur compagnon en criant "élu !" et riaient aux éclats. Cette vision arracha un faible sourire à Kikyo qui toutefois demeura en retrait. Son regard se porta surtout sur le hyurgoth assis en tailleur sur la scène, et son grand arquelyre posé à ses pieds.
Bjarnulf était sans conteste un personnage atypique, qu'elle se surprenait à apprecier. Elle avait toujours eu en horreur les pirates, et l'ancien équipage de l'Eternal ne faisait pas exception à la règle sauf Nashasha qui était plus une aventurière curieuse qu'une réelle boucanière. Bjarnulf, lui, avait tout du corsaire rangé : le langage, l'abstinence à l'alcool après des années de beuveries, la barbe de trente jours et la franchise. Ses premiers mots, à leurs première rencontre, furent qu'il n'avait pas l'intention de rempiler et pourtant le voilà, à peine s'était absentée le temps de faire traverser la mer à ses enfants, qui s'était installé ici et s'intégrait au nouvel équipage comme s'il en avait toujours fait partie. Il y avait chez cet homme un sentiment de sécurité qui émanait de lui et le capitaine pouvait le sentir.
S'il est ici, ce n'est pas par hasard.
Son regard se leva en direction de ses quartiers, elle songea à sa famille, ses enfants mais aussi ses hommes. Ils étaient tous ici, rassemblés, et prêts à prendre la mer à bord de ce navire qui à leurs yeux était encore l'endroit le plus sur au monde en cas d'apocalypse. Et si l'Eternal avait rappelé à lui Bjarnulf, d'une façon ou d'une autre... fallait-il craindre le pire ?
Kikyo prévoyait toujours le pire, espérant le meilleur. De nouveaux éclats de rire lorsque le bouclier irradia de lumière entre les mains d'un Silius désabusé firent s'envoler ses sombres présages. Tout irait pour le mieux tant qu'ils seraient ensemble, et prêts. Dans les étages lui parvinrent les échos des leurs de son fils, laissé trop longtemps sans sa mère dans un lieu encore inconnu, s'y joint aussitôt la petite voix de Kimiko.
"Mamaaaaaa !"
L'Escale allait devenir de plus en plus bruyante les semaines à venir.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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"Te souviens-tu, Akio, quand tout était plus simple ? J'ai l'impression d'être complètement dépassée, noyée sous le flot des résurgences concernant ma propre famille, perdue dans les méandres d'un héritage que je ne comprends plus ; l'ai-je jamais compris au final ? je me le demande."
Le village de Tenshi-ka dormait paisiblement, les mineurs ne se lèveraient pas avant quelques heures quand le soleil se lèverait face à la montagne blanche. Le vent faisait frémir la cime des arbres sur le versant ouest, les hurlements des loups s'élevaient dans les airs de tous côtés, comme un chant provenant du sanctuaire et qui se répétait en écho tout autour de l'ancienne route des pèlerins. Le ciel pleurait des étoiles, qui disparaissaient l'une après l'autre au fur et à mesure que l'horizon s'éclaircissait. La lance posée contre l'épaule, Kikyo attendait l'aurore, appuyée contre son compagnon de toujours dont le museau reposait sur ses genoux.
"Autrefois tu as choisi de ne pas revendiquer cet héritage, murmure la loup blanc sans ouvrir la gueule.
- Et regarde ce qui se passe. J'ai laissé Hotaru se risquer sur cette voie sans mentor et sans la moindre aide, et aujourd'hui alors que je voudrais l'aider à réparer ses erreurs de débutante je suis complètement...
- Dépassée.
- ... Dépassée. Le seul qui semble véritablement savoir quoi faire c'est Kyuuji, et ma réticence me vaut de me faire sermonner et remettre en cause ma loyauté envers mes ancêtres."
La domienne serra les dents, sentant la colère monter une fois encore rien que d'y repenser. Il aurait pu dire n'importe quoi, dénigrer son manque de foi envers les kamis, pointer du doigt sa fierté ou sa froideur, reprocher son manque de compassion pour cette femme qui avait jadis été humaine, et dont elle avait été la première à supposer l'identité, mais il avait emprunté la pente glissante en remettant en cause sa loyauté envers sa famille.
"Il ne voulait pas t'insulter.
- Je le sais, Akio, c'est bien pour cela que je suis venue ici plutôt que de lui trancher la main sur place. Tout autre que lui ou un autre de mes hommes n'aurait quitté les lieux sans perdre quelques morceaux."
Elle expira longuement, la colère finirait par passer.
"C'était bien la peine de venir me voir si c'était pour me manquer de respect, alors que j'avais déjà accepté qu'il suive son plan de purification, puisque le sort de Hotaru est en jeu."
Un nouveau soupir glissa sur ses lèvres. Tout était tellement plus simple avant, quand la magie des rêves se résumait à détruire les jorogumos, quand il n'y avait pas d'idéalistes utopistes pour vouloir aller plus loin que cette tâche basique. si même un prêtre étranger à sa lignée était plus capable qu'elle ne serait-ce que d'analyser la situation et de dire ce qui se passerait, alors elle avait fait le bon choix en renonçant à Shiroyume.
"Pourquoi faut-il toujours qu'il y ai une histoire de sacrifice qui vienne compliquer les choses, tout était si simple autrefois..."
Elle n'avait jamais rien compris à ces choses-là et n'avait jamais cherché à comprendre que le minimum pour s'en sortir et protéger les siens. Elle avait pourtant sauvé Yume-dori par deux fois et remplacé les vieilles pierres du temple de Tenshi-ka par un village prospère sur lequel elle n'avait jamais réclamé le moindre pouvoir bien qu'elle en avait la légitimité. Elle avait redonné aux Hommes le pouvoir sur la terre, et aux yokais du sanctuaire la tranquillité de la forêt. Elle avait offert à Hotaru le maigre savoir qu'elle possédait, et même lorsque celle-ci s'était malencontreusement attiré l'appétit d'une jorogumo elle avait aidé autant qu'elle pouvait, jusqu'à se défaire de sa lame.
"J'ai fait tout ce que j'ai pu, mais même Kyuuji semble plus Tenshi que moi au final."
Dépassée, à l'écart, et pour la première fois frustrée. Elle s'enfonça un peu plus dans la fourrure étincelante de son compagnon qui la réchauffait. Même l'été, au sommet de la montagne les nuits étaient fraîches.
Elle était venue ici trouver du calme, c'était sans compter sur Ivanhault et Nazah évidemment, ils avaient bien choisi leur soir ces deux-là pour venir lui parler de Silius. Ah, Silius... le plus capricieux et impulsif d'entre tous, et pourtant il la comprenait mieux que n'importe lequel des membres de l'équipage, Ivanhault disait qu'ils se ressemblaient un peu, sans doute avait-il raison ; et passer la soirée à regarder les étoiles avec Silius serait plus tranquille que d'écouter ses officiers argumenter encore et encore pour tenter de la convaincre d'aller lui parler.
Tout était si simple avec Silius, même quand il était en colère, même quand ils étaient tous les deux en colère. Au moins l'avait-il conforté dans sa position quand bien-même subissait-il sa froideur devant une lettre de démission. La lettre fut jetée au feu sans être lue, Silius était loyal, l'un des plus attaché à elle, et il n'avait jamais eu besoin de le dire pour qu'elle le sache. Tout était si simple avec Silius, qui n'attendait pas d'elle une quelconque preuve d'attachement ; il savait.
Le ciel devint plus clair, l'aube approchait. La nuit était finalement passée sans qu'elle cède à cette pulsion de brûler la forêt et tout ce qui s'y trouve, mettant fin au règne de terreur de cette jorogumo pour le bien des habitants de Tenshi-ka, quitte à sacrifier sa propre cousine, et à subir le courroux de Gaïto. Tout serait tellement plus simple ainsi, à agir en Kurusu et assumer ses choix ; mettre un terme à la lignée Tenshi comme ils l'avaient fait avec les Hunter. Le monde ne s'en porterait que mieux.
Mais non, cette fois la confiance en ses hommes l'emportait, poussée par l'envie de libérer Hotaru qui n'était qu'une victime dans cette affaire. Depuis un an ces épuisantes péripéties parasitaient sa famille, son quotidien et celui d'une partie de l'équipage avec ces cauchemars, ces attaques à répétitions qui encombraient leurs pensées, retardaient leurs voyages, menaçaient maintenant la vie des siens en plus d'entraver leur liberté alors qu'ils avaient signé pour une vie d'exploration sans chercher à sauver le monde. Pardonner, quelle blague. Oui, un parasite, curieux comme ce nom résonnait en écho avec celui donné à "l'anomalie" de Claim qui semblait liée à tout ça. Non, elle ne pouvait se résoudre à cette conclusion malgré tout, elle ne pourrait se satisfaire que de savoir Hotaru saine et sauve, et Yume-dori à nouveau vide de toute présence humaine.
Le soleil se leva et Kikyo se mit debout, brandissant sa lance vers l'horizon montagneux. Cette histoire serait bientôt terminée, Kyuuji ferait ce qu'il fallait de son côté, et ferait surement mieux qu'elle comme un Tenshi puisqu'à ses yeux elle reniait ses ancêtres. Elle allait remplir son devoir, ainsi qu'elle l'avait toujours fait, il serait toujours temps de trancher dans le vif ensuite.
Le village de Tenshi-ka dormait paisiblement, les mineurs ne se lèveraient pas avant quelques heures quand le soleil se lèverait face à la montagne blanche. Le vent faisait frémir la cime des arbres sur le versant ouest, les hurlements des loups s'élevaient dans les airs de tous côtés, comme un chant provenant du sanctuaire et qui se répétait en écho tout autour de l'ancienne route des pèlerins. Le ciel pleurait des étoiles, qui disparaissaient l'une après l'autre au fur et à mesure que l'horizon s'éclaircissait. La lance posée contre l'épaule, Kikyo attendait l'aurore, appuyée contre son compagnon de toujours dont le museau reposait sur ses genoux.
"Autrefois tu as choisi de ne pas revendiquer cet héritage, murmure la loup blanc sans ouvrir la gueule.
- Et regarde ce qui se passe. J'ai laissé Hotaru se risquer sur cette voie sans mentor et sans la moindre aide, et aujourd'hui alors que je voudrais l'aider à réparer ses erreurs de débutante je suis complètement...
- Dépassée.
- ... Dépassée. Le seul qui semble véritablement savoir quoi faire c'est Kyuuji, et ma réticence me vaut de me faire sermonner et remettre en cause ma loyauté envers mes ancêtres."
La domienne serra les dents, sentant la colère monter une fois encore rien que d'y repenser. Il aurait pu dire n'importe quoi, dénigrer son manque de foi envers les kamis, pointer du doigt sa fierté ou sa froideur, reprocher son manque de compassion pour cette femme qui avait jadis été humaine, et dont elle avait été la première à supposer l'identité, mais il avait emprunté la pente glissante en remettant en cause sa loyauté envers sa famille.
"Il ne voulait pas t'insulter.
- Je le sais, Akio, c'est bien pour cela que je suis venue ici plutôt que de lui trancher la main sur place. Tout autre que lui ou un autre de mes hommes n'aurait quitté les lieux sans perdre quelques morceaux."
Elle expira longuement, la colère finirait par passer.
"C'était bien la peine de venir me voir si c'était pour me manquer de respect, alors que j'avais déjà accepté qu'il suive son plan de purification, puisque le sort de Hotaru est en jeu."
Un nouveau soupir glissa sur ses lèvres. Tout était tellement plus simple avant, quand la magie des rêves se résumait à détruire les jorogumos, quand il n'y avait pas d'idéalistes utopistes pour vouloir aller plus loin que cette tâche basique. si même un prêtre étranger à sa lignée était plus capable qu'elle ne serait-ce que d'analyser la situation et de dire ce qui se passerait, alors elle avait fait le bon choix en renonçant à Shiroyume.
"Pourquoi faut-il toujours qu'il y ai une histoire de sacrifice qui vienne compliquer les choses, tout était si simple autrefois..."
Elle n'avait jamais rien compris à ces choses-là et n'avait jamais cherché à comprendre que le minimum pour s'en sortir et protéger les siens. Elle avait pourtant sauvé Yume-dori par deux fois et remplacé les vieilles pierres du temple de Tenshi-ka par un village prospère sur lequel elle n'avait jamais réclamé le moindre pouvoir bien qu'elle en avait la légitimité. Elle avait redonné aux Hommes le pouvoir sur la terre, et aux yokais du sanctuaire la tranquillité de la forêt. Elle avait offert à Hotaru le maigre savoir qu'elle possédait, et même lorsque celle-ci s'était malencontreusement attiré l'appétit d'une jorogumo elle avait aidé autant qu'elle pouvait, jusqu'à se défaire de sa lame.
"J'ai fait tout ce que j'ai pu, mais même Kyuuji semble plus Tenshi que moi au final."
Dépassée, à l'écart, et pour la première fois frustrée. Elle s'enfonça un peu plus dans la fourrure étincelante de son compagnon qui la réchauffait. Même l'été, au sommet de la montagne les nuits étaient fraîches.
Elle était venue ici trouver du calme, c'était sans compter sur Ivanhault et Nazah évidemment, ils avaient bien choisi leur soir ces deux-là pour venir lui parler de Silius. Ah, Silius... le plus capricieux et impulsif d'entre tous, et pourtant il la comprenait mieux que n'importe lequel des membres de l'équipage, Ivanhault disait qu'ils se ressemblaient un peu, sans doute avait-il raison ; et passer la soirée à regarder les étoiles avec Silius serait plus tranquille que d'écouter ses officiers argumenter encore et encore pour tenter de la convaincre d'aller lui parler.
Tout était si simple avec Silius, même quand il était en colère, même quand ils étaient tous les deux en colère. Au moins l'avait-il conforté dans sa position quand bien-même subissait-il sa froideur devant une lettre de démission. La lettre fut jetée au feu sans être lue, Silius était loyal, l'un des plus attaché à elle, et il n'avait jamais eu besoin de le dire pour qu'elle le sache. Tout était si simple avec Silius, qui n'attendait pas d'elle une quelconque preuve d'attachement ; il savait.
Le ciel devint plus clair, l'aube approchait. La nuit était finalement passée sans qu'elle cède à cette pulsion de brûler la forêt et tout ce qui s'y trouve, mettant fin au règne de terreur de cette jorogumo pour le bien des habitants de Tenshi-ka, quitte à sacrifier sa propre cousine, et à subir le courroux de Gaïto. Tout serait tellement plus simple ainsi, à agir en Kurusu et assumer ses choix ; mettre un terme à la lignée Tenshi comme ils l'avaient fait avec les Hunter. Le monde ne s'en porterait que mieux.
Mais non, cette fois la confiance en ses hommes l'emportait, poussée par l'envie de libérer Hotaru qui n'était qu'une victime dans cette affaire. Depuis un an ces épuisantes péripéties parasitaient sa famille, son quotidien et celui d'une partie de l'équipage avec ces cauchemars, ces attaques à répétitions qui encombraient leurs pensées, retardaient leurs voyages, menaçaient maintenant la vie des siens en plus d'entraver leur liberté alors qu'ils avaient signé pour une vie d'exploration sans chercher à sauver le monde. Pardonner, quelle blague. Oui, un parasite, curieux comme ce nom résonnait en écho avec celui donné à "l'anomalie" de Claim qui semblait liée à tout ça. Non, elle ne pouvait se résoudre à cette conclusion malgré tout, elle ne pourrait se satisfaire que de savoir Hotaru saine et sauve, et Yume-dori à nouveau vide de toute présence humaine.
Le soleil se leva et Kikyo se mit debout, brandissant sa lance vers l'horizon montagneux. Cette histoire serait bientôt terminée, Kyuuji ferait ce qu'il fallait de son côté, et ferait surement mieux qu'elle comme un Tenshi puisqu'à ses yeux elle reniait ses ancêtres. Elle allait remplir son devoir, ainsi qu'elle l'avait toujours fait, il serait toujours temps de trancher dans le vif ensuite.
Ainsi que le ferait Kurusu no Kikyo, la Fille des Songes.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Le bruit des vagues cognant contre la coque de l'Eternal la réveilla en douceur, les mouettes affamées se disputant près de la fenêtre de sa cabine nettement moins. Kikyo ouvrit les yeux et ne fit pas un geste, Kimiko dormait encore paisiblement à sa gauche, à moitié couchée sur l'oreiller. A sa droite, Akihiko et Kiyoko dormaient eux aussi l'un contre l'autre sous la couverture. Ils avaient passé la nuit ici tous les quatre, une façon pour elle de leur montrer ce qu'elle allait faire et où elle allait vivre durant ces deux semaines loin d'eux. Avant le lever du soleil, ils devraient avoir quitté le navire et L'kihi les attendait probablement déjà sur le port.
Elle soupira, le moment était venu.
"Allons, debout mes enfants" murmura t-elle avec tendresse.
Kimiko se frotta les yeux, et sans surprise Akihiko se mit à pleurer ; il savait pourquoi on le réveillait et ce qui se passerait ensuite. Rampant à quatre pattes sur le matelas, le petit garçon se cramponna à sa mère qui eut un pincement au coeur. Quoi qu'on en dise, c'était difficile de les laisser sachant que pour la première fois elle les laissait vraiment tout seuls sans leur père pour combler son absence.
"Mon petit prince, mes enfants, venez tous là."
Elle les ramena tous contre elle, les serrant contre sa poitrine sans perdre sa fermeté. Si elle leur montrait ne serait ce qu'un signe de faiblesse cela n'en serait que plus douloureux pour tous.
"Deux semaines, quinze jours. Kimiko sait compter jusqu'à dix, elle comptera pour vous trois d'accord ? une fois jusqu'à dix, et une autre fois jusqu'à cinq, et quand ce serait fait je ne serais pas loin si la météo le permet. Et je vous promets qu'à chaque escale que nous ferons, si j'en ai la possibilité, je vous enverrais une lettre que L'kihi vous lira. Soyez sages avec elle, d'accord ?"
Akihiko pleura de plus belle, Kiyoko se blottit un peu plus contre elle. Kimiko posa sa petite main sur la tête de son frère avant de lever les yeux vers sa mère.
"Tu promets."
Elle avait déjà l'assurance et la sévérité de son père, ce qui lui arracha un sourire.
"Je promets. La fin du monde elle-même ne saurait me garder loin de vous."
Dans leurs oreilles, ce n'était qu'une façon de parler. Dans la bouche de Kikyo, c'était on ne peut plus sérieux.
Elle soupira, le moment était venu.
"Allons, debout mes enfants" murmura t-elle avec tendresse.
Kimiko se frotta les yeux, et sans surprise Akihiko se mit à pleurer ; il savait pourquoi on le réveillait et ce qui se passerait ensuite. Rampant à quatre pattes sur le matelas, le petit garçon se cramponna à sa mère qui eut un pincement au coeur. Quoi qu'on en dise, c'était difficile de les laisser sachant que pour la première fois elle les laissait vraiment tout seuls sans leur père pour combler son absence.
"Mon petit prince, mes enfants, venez tous là."
Elle les ramena tous contre elle, les serrant contre sa poitrine sans perdre sa fermeté. Si elle leur montrait ne serait ce qu'un signe de faiblesse cela n'en serait que plus douloureux pour tous.
"Deux semaines, quinze jours. Kimiko sait compter jusqu'à dix, elle comptera pour vous trois d'accord ? une fois jusqu'à dix, et une autre fois jusqu'à cinq, et quand ce serait fait je ne serais pas loin si la météo le permet. Et je vous promets qu'à chaque escale que nous ferons, si j'en ai la possibilité, je vous enverrais une lettre que L'kihi vous lira. Soyez sages avec elle, d'accord ?"
Akihiko pleura de plus belle, Kiyoko se blottit un peu plus contre elle. Kimiko posa sa petite main sur la tête de son frère avant de lever les yeux vers sa mère.
"Tu promets."
Elle avait déjà l'assurance et la sévérité de son père, ce qui lui arracha un sourire.
"Je promets. La fin du monde elle-même ne saurait me garder loin de vous."
Dans leurs oreilles, ce n'était qu'une façon de parler. Dans la bouche de Kikyo, c'était on ne peut plus sérieux.
"Membres d'équipage à vos postes, on lève l'ancre ! "
Les voiles se gonflèrent sous le vent marin qui accompagnait l'aurore. Peu de personnes étaient présentes si tôt ce matin-là pour voir l'Eternal quitter la baie de Brumée pour deux longues semaines d'expédition loin d'Eorzéa. Les cris du capitaine qui transmettait ses instructions n'atteignaient pas le rivage, couverts par le bruit des vagues berçant encore les habitants endormis, pourtant le pont était en effervescence, une vraie fête. Dans les cordages dansaient les gabiers forts de deux nouveaux renforts tandis que le dernier arrivé, le lalafell armé de sa serpillère courrait en long et en large pour le faire briller et mériter son ticket de dernière minute pour la première grande aventure de sa vie.
"Les machines sont parées, capitaine. Annonça une voix posée dans sa perle. Kikyo répondit aussitôt.
- En route vers la Mer du Nord. Nous avons un cap, monsieur Terrechant ?
- Le voici, capitaine."
Sur la pointe du beaupré un chant s'éleva dans les airs, bientôt suivi par d'autres voix reprenant le même refrain. Les vertes falaises de la Noscea s'éloignèrent petit à petit, sans que nul ne les regarde directement. Tenant la barre, le capitaine et bien d'autres avaient le regard fixé sur cet horizon tant désiré. Lentement l'Eternal s'éleva au-dessus des vagues.
Enfin, ils partaient.
Les voiles se gonflèrent sous le vent marin qui accompagnait l'aurore. Peu de personnes étaient présentes si tôt ce matin-là pour voir l'Eternal quitter la baie de Brumée pour deux longues semaines d'expédition loin d'Eorzéa. Les cris du capitaine qui transmettait ses instructions n'atteignaient pas le rivage, couverts par le bruit des vagues berçant encore les habitants endormis, pourtant le pont était en effervescence, une vraie fête. Dans les cordages dansaient les gabiers forts de deux nouveaux renforts tandis que le dernier arrivé, le lalafell armé de sa serpillère courrait en long et en large pour le faire briller et mériter son ticket de dernière minute pour la première grande aventure de sa vie.
"Les machines sont parées, capitaine. Annonça une voix posée dans sa perle. Kikyo répondit aussitôt.
- En route vers la Mer du Nord. Nous avons un cap, monsieur Terrechant ?
- Le voici, capitaine."
Sur la pointe du beaupré un chant s'éleva dans les airs, bientôt suivi par d'autres voix reprenant le même refrain. Les vertes falaises de la Noscea s'éloignèrent petit à petit, sans que nul ne les regarde directement. Tenant la barre, le capitaine et bien d'autres avaient le regard fixé sur cet horizon tant désiré. Lentement l'Eternal s'éleva au-dessus des vagues.
Enfin, ils partaient.
"A vous la barre, je descends un moment."
Après plusieurs heures de navigation, la fatigue commençait à se faire sentir et l'enthousiasme seul ne fait pas tenir debout un homme. Partout la bonne humeur semblait contagieuse, un bâillement incontrôlé aurait quelque peu entaché cette ambiance. Nazah n'avait pas encore tenté de s'infiltrer dans sa cabine pour profiter de sa baignoire -il faut bien que la cabine du capitaine ai ses avantages- elle était donc seule, et au calme.
Par la fenêtre, on voyait les montagnes du Coerthas noyées sous une mer de nuages très fins, le soleil ne chauffait plus assez pour se passer d'une veste. Dans un des placards de la cabine qui n'avait pas été rempli de vêtements -cinq malles, et dire que Hotaru en avait pris quatre pour la petite cabine qu'elle partageait avec Meleth et Nashasha...- se trouvaient les documents précieux du capitaine, et du capitaine précédents ; ceux que Kikyo n'avait pas eu le coeur de jeter et grand bien lui avait pris car se trouvaient dans ces pages les indices qu'elle conservait pour leur première quête. Enfin, quand on parle d'indice... le capitaine Rahz avait une écriture des plus basique, pleine de fautes, et palabrait pour ne rien dire même dans ses propres carnets. Dans les courts écrits qui concernaient l'aventure de Bjarnulf avec cette figure de proue, une seule mention à Abalathia y faisait référence.
Après plusieurs heures de navigation, la fatigue commençait à se faire sentir et l'enthousiasme seul ne fait pas tenir debout un homme. Partout la bonne humeur semblait contagieuse, un bâillement incontrôlé aurait quelque peu entaché cette ambiance. Nazah n'avait pas encore tenté de s'infiltrer dans sa cabine pour profiter de sa baignoire -il faut bien que la cabine du capitaine ai ses avantages- elle était donc seule, et au calme.
Par la fenêtre, on voyait les montagnes du Coerthas noyées sous une mer de nuages très fins, le soleil ne chauffait plus assez pour se passer d'une veste. Dans un des placards de la cabine qui n'avait pas été rempli de vêtements -cinq malles, et dire que Hotaru en avait pris quatre pour la petite cabine qu'elle partageait avec Meleth et Nashasha...- se trouvaient les documents précieux du capitaine, et du capitaine précédents ; ceux que Kikyo n'avait pas eu le coeur de jeter et grand bien lui avait pris car se trouvaient dans ces pages les indices qu'elle conservait pour leur première quête. Enfin, quand on parle d'indice... le capitaine Rahz avait une écriture des plus basique, pleine de fautes, et palabrait pour ne rien dire même dans ses propres carnets. Dans les courts écrits qui concernaient l'aventure de Bjarnulf avec cette figure de proue, une seule mention à Abalathia y faisait référence.
On a trouvé aucune fée ni aucune sirène, mais il s'est passé des choses ici, et si je ne retrouves pas Bjarnulf il faudra bien que j'y retournes un jour pour comprendre, qu'il m'explique.
Dit ainsi, le voyage était peu engageant mais Kikyo avait longuement réfléchi à cette phrase. D'accord, la miqo'te n'avait certes pas l'ether à tous les étages mais elle avait tout de même un lien avec l'Eternal, plus fort qu'elle-même ou que l'équipage actuel. Et l'Eternal protégeait Bjarnulf de quelque chose, donc il savait. Peut-être que l'Eternal allait réagir, comprendre et leur faire comprendre ce qui se passe en passant à proximité de l'endroit ?
"Je suis complètement tordue... tout ce que j'ai c'est une localisation approximative et la certitude que nous alons apercevoir quelque chose comme si d'un coup l'univers allait envoyer un signal."
Elle soupira longuement. Déjà qu'ils se lançaient à l'aveuglette ou presque dans cette aventure en Mer du Nord, cette escale en Abalathia serait une mise en bouche plutôt dans le ton. Et tandis que son regard remontait en direction de la mappemonde accrochée au mur, elle baissa le livre et dévoila un mince sourire.
"Je suis complètement tordue... tout ce que j'ai c'est une localisation approximative et la certitude que nous alons apercevoir quelque chose comme si d'un coup l'univers allait envoyer un signal."
Elle soupira longuement. Déjà qu'ils se lançaient à l'aveuglette ou presque dans cette aventure en Mer du Nord, cette escale en Abalathia serait une mise en bouche plutôt dans le ton. Et tandis que son regard remontait en direction de la mappemonde accrochée au mur, elle baissa le livre et dévoila un mince sourire.
"Capitaine de l'Eternal, ne le veut-on ?"
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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"Retournez à bord, on part tout de suite. Exécution !"
La sensation était venue d'un coup. De l'appel de détresse provenant de cet étrange appareil, la remontée d'angoisse venant du creux de son ventre sonnait l'alerte générale. Elle ne savait pas ce qu'était ce vaisseau, ou plutôt cette épave flottante, elle avait vaguement entendu parler de cette "arche" échouée en Gyr Abania et savait que cette dernière avait été conçue sur les terres du Nord, mais cela dépassait pour l'heure sa réflexion accaparée par la manoeuvre.
Sur le pont, ceux qui n'étaient pas partit en éclaireurs s'agitaient nerveusement ; le moindre de ces débris flottant pouvaient causer de gros dégats s'il était précipité à pleine vitesse contre le bois de l'Eternal, et justement, le vent se levait. La météo changeait trop vite, ce ciel rouge et la soudaine accélération des rochers volants trop près des voiles ne laisseraient que pe de répits à Kyuuju qui faisait de son mieux pour les dévier de la trajectoire de l'Eternal. Elle voulait sortir d'ici, maintenant, elle n'attendait plus que les deux appareils partits en éclaireurs.
Elle savait l'attrait de Nashasha et surement d'autres pour ces reliques du passé, aussi colossales soient-elles, mais l'urgence lui glaçait le sang. Moins d'une seconde après son appel, le ciel se déchira en deux autour d'un vortex rougeoyant, rien de naturel, une spirale rouge s'illumina en son centre.
"Un portail ? Bon sang qu'ont-ils fait là-dedans ?!"
Les débris commençaient à voler de toutes parts, portés par un vent de tempête totalement aléatoire. Kyuuji tenait le bouclier mais il ne le tiendrait pas longtemps à lui-seul autour de l'Eternal tout entier, déjà de petits cailloux passaient au travers et trouaient les voiles, il fallait sortir de là au plus vite.
"Bon sang mais où sont-ils ?"
Liiz, à ses côtés, se cramponna au bastingage et pointa du doigt comme elle le pouvait le manacutter et l'iklil emportés par le vent et les collisions. Yone avait beau tenter de redresser son manacutter, il avait totalement perdu le contrôle.
"Capitaine, on va les perdre !
- pas encore !"
Elle s'empara du gouvernail sans même chercher à réfléchir à ses gestes. Quelque chose l'habitait, et pendant une fraction de seconde elle ressentit comme la présence du capitaine Rahz guidant sa main. Sans plus de paroles, elle se laissa portée par cette impulsion soudaine et l'Eternal vira de bord si brusquement qu'il se coucha presque sur le côté, faisant rouler tous ceux qui s'y trouvaient. Heureusement, le réflexe des lignes de sécurité était déjà respecté par nous et personne ne passa par-dessus bord à cette hauteur. Elle piqua, droit sur l'iklil que pilotait A'iko avec Nashasha, puis vers Yone qui tourbillonnait en tous sens et tentait de garder son calme. Jamais un capitaine si expérimenté n'aurait pu réussir un tel numéro de voltige et pourtant Kikyo Kurusu venait d'accomplir cet exploit ; ils n'étaient pas sortit d'affaire pour autant.
"Capitaine, le tunnel de sortie est bouché !"
Piégés, ils n'avaient plus aucun moyen de sortir de l'oeil du cyclone et la concentration d'ether n'y arrangeait rien. Le Destin semblait décider de leur sort, mais Kikyo Kurusu avait déjà prouvé qu'elle se jouait aisément de l'un comme de l'autre. Les mains serrées autour du gouvernail, elle cria à ses hommes sur le pont de se cramponner une fois de plus.
Aller... Aller !
Les trois rescapés furent ramassés sur le pont en urgence, tandis que le capitaine les dirigeait tous droit vers le portail. Quoi qu'il soit, et s'il venait de ce mystérieux vaisseau nordique, peut-être avaient-ils tenté de l'activer pour échapper eux-même à la mort. Si tel était le cas, ils auraient au moins contribué à sauver un autre vaisseau des siècles plus tard. Sinon...
Les mots de Mitsuhide sur sa disparition en mer, laissant seuls ses enfants en bas-âge frappèrent son esprit. Elle hésita, une seconde, puis se ressaisit. Cela ne finirait pas ainsi.
ON Y VA !
Un dernier effort, les débris cognaient contre la coque, Silius criait aussi sur leur fréquence linkperle sans doute l'urgence de la situation, mais elle n'entendait plus. Droit devant, vers l'infini et on verra. Une lueur rougeoyante l'aveugla avant qu'elle ne s'effondre sur la barre. Elle vit le ciel, les étoiles, et la mer du nord. Elle n'eut pas le temps de pousser un soupir de soulagement, ses forces l'avaient quitté.
La sensation était venue d'un coup. De l'appel de détresse provenant de cet étrange appareil, la remontée d'angoisse venant du creux de son ventre sonnait l'alerte générale. Elle ne savait pas ce qu'était ce vaisseau, ou plutôt cette épave flottante, elle avait vaguement entendu parler de cette "arche" échouée en Gyr Abania et savait que cette dernière avait été conçue sur les terres du Nord, mais cela dépassait pour l'heure sa réflexion accaparée par la manoeuvre.
Sur le pont, ceux qui n'étaient pas partit en éclaireurs s'agitaient nerveusement ; le moindre de ces débris flottant pouvaient causer de gros dégats s'il était précipité à pleine vitesse contre le bois de l'Eternal, et justement, le vent se levait. La météo changeait trop vite, ce ciel rouge et la soudaine accélération des rochers volants trop près des voiles ne laisseraient que pe de répits à Kyuuju qui faisait de son mieux pour les dévier de la trajectoire de l'Eternal. Elle voulait sortir d'ici, maintenant, elle n'attendait plus que les deux appareils partits en éclaireurs.
Elle savait l'attrait de Nashasha et surement d'autres pour ces reliques du passé, aussi colossales soient-elles, mais l'urgence lui glaçait le sang. Moins d'une seconde après son appel, le ciel se déchira en deux autour d'un vortex rougeoyant, rien de naturel, une spirale rouge s'illumina en son centre.
"Un portail ? Bon sang qu'ont-ils fait là-dedans ?!"
Les débris commençaient à voler de toutes parts, portés par un vent de tempête totalement aléatoire. Kyuuji tenait le bouclier mais il ne le tiendrait pas longtemps à lui-seul autour de l'Eternal tout entier, déjà de petits cailloux passaient au travers et trouaient les voiles, il fallait sortir de là au plus vite.
"Bon sang mais où sont-ils ?"
Liiz, à ses côtés, se cramponna au bastingage et pointa du doigt comme elle le pouvait le manacutter et l'iklil emportés par le vent et les collisions. Yone avait beau tenter de redresser son manacutter, il avait totalement perdu le contrôle.
"Capitaine, on va les perdre !
- pas encore !"
Elle s'empara du gouvernail sans même chercher à réfléchir à ses gestes. Quelque chose l'habitait, et pendant une fraction de seconde elle ressentit comme la présence du capitaine Rahz guidant sa main. Sans plus de paroles, elle se laissa portée par cette impulsion soudaine et l'Eternal vira de bord si brusquement qu'il se coucha presque sur le côté, faisant rouler tous ceux qui s'y trouvaient. Heureusement, le réflexe des lignes de sécurité était déjà respecté par nous et personne ne passa par-dessus bord à cette hauteur. Elle piqua, droit sur l'iklil que pilotait A'iko avec Nashasha, puis vers Yone qui tourbillonnait en tous sens et tentait de garder son calme. Jamais un capitaine si expérimenté n'aurait pu réussir un tel numéro de voltige et pourtant Kikyo Kurusu venait d'accomplir cet exploit ; ils n'étaient pas sortit d'affaire pour autant.
"Capitaine, le tunnel de sortie est bouché !"
Piégés, ils n'avaient plus aucun moyen de sortir de l'oeil du cyclone et la concentration d'ether n'y arrangeait rien. Le Destin semblait décider de leur sort, mais Kikyo Kurusu avait déjà prouvé qu'elle se jouait aisément de l'un comme de l'autre. Les mains serrées autour du gouvernail, elle cria à ses hommes sur le pont de se cramponner une fois de plus.
Aller... Aller !
Les trois rescapés furent ramassés sur le pont en urgence, tandis que le capitaine les dirigeait tous droit vers le portail. Quoi qu'il soit, et s'il venait de ce mystérieux vaisseau nordique, peut-être avaient-ils tenté de l'activer pour échapper eux-même à la mort. Si tel était le cas, ils auraient au moins contribué à sauver un autre vaisseau des siècles plus tard. Sinon...
Les mots de Mitsuhide sur sa disparition en mer, laissant seuls ses enfants en bas-âge frappèrent son esprit. Elle hésita, une seconde, puis se ressaisit. Cela ne finirait pas ainsi.
ON Y VA !
Un dernier effort, les débris cognaient contre la coque, Silius criait aussi sur leur fréquence linkperle sans doute l'urgence de la situation, mais elle n'entendait plus. Droit devant, vers l'infini et on verra. Une lueur rougeoyante l'aveugla avant qu'elle ne s'effondre sur la barre. Elle vit le ciel, les étoiles, et la mer du nord. Elle n'eut pas le temps de pousser un soupir de soulagement, ses forces l'avaient quitté.
A son réveil, Ivanhault était sans surprise présent à son chevet, dans sa cabine, un livre à la main.
"Ah, le capitaine se réveille."
Engourdie par son comas, elle se redressa comme elle pouvait dans ses draps blancs. Le calme était revenu à bord et le froid ambiant indiquait qu'ils étaient bien arrivés à destination. Il suffisait de jeter un oeil par la fenêtre pour voir la neige tomber.
"Combien de temps j'ai dormi ?
- Deux jours, Yone ne s'est pas encore réveillé, Silius et Liiz s'occupent des réparations et les autres eh bien... ils explorent la région."
Il lui raconta l'accueil que leur avaient fait les locaux. Le village d'Ilirslaent se trouvait un peu plus haut dans les terres, ils avaient pu y trouver un guide et quelques informations sur la région et les coutumes locales. Territoire de chasse, tour maudite, lac hanté et autres croyantes régies par des prêtresses et protégées par des guerriers berzerk semblables à "la bête" de ceux qu'elle avait côtoyé. Tout semblait aller pour le mieux, en tout cas pour l'instant.
"Et pour l'Eternal ?
- Les dégats sont mineurs, mais pour les réparations il faut un peu de temps. Souhaitez-vous repartir tout de suite ?
- Non, pas encore. Je ne veux pas presser l'équipe technique et j'ai moi-même besoin d'un jour ou deux pour me remettre pleinement. Et puis, je ne voudrais pas interrompre Meleth et Hotaru qui semblent -à vos dires- déterminées à apercevoir ce monstre marin endormi dans le lac... Prenons le temps qu'il faut.
- Bien, capitaine."
Le second la laissa seule. Kikyo en profita pour se changer et observer le paysage à l'extérieur. Pour sur, il faisait froid, un thé ne serait pas de trop. Elle avait pensé à prendre plusieurs manteaux, de bonnes chaussures, quelques carnets même si son talent graphique était en dessous de la moyenne elle essayerait de reproduire quelques traits pour ses enfants.
Son regard glissa sur la carte tandis qu'elle refermait son col. Le village était bien ici, sur la bonne route. Le portail les avait fait avancer de plusieurs jours de navigation, une telle technologie datait certainement d'une autre époque.
"Ce voyage commence fort..."
Face au miroir, elle ajusta sa tenue et son sac. Il était temps d'aller rencontrer les autochtones et se présenter dignement, en bon capitaine. Ivanhault lui avait brièvement parlé d'un village de brasseurs, voilà qui promettait une discussion intéressante et de possibles accords commerciaux.
"Ah, le capitaine se réveille."
Engourdie par son comas, elle se redressa comme elle pouvait dans ses draps blancs. Le calme était revenu à bord et le froid ambiant indiquait qu'ils étaient bien arrivés à destination. Il suffisait de jeter un oeil par la fenêtre pour voir la neige tomber.
"Combien de temps j'ai dormi ?
- Deux jours, Yone ne s'est pas encore réveillé, Silius et Liiz s'occupent des réparations et les autres eh bien... ils explorent la région."
Il lui raconta l'accueil que leur avaient fait les locaux. Le village d'Ilirslaent se trouvait un peu plus haut dans les terres, ils avaient pu y trouver un guide et quelques informations sur la région et les coutumes locales. Territoire de chasse, tour maudite, lac hanté et autres croyantes régies par des prêtresses et protégées par des guerriers berzerk semblables à "la bête" de ceux qu'elle avait côtoyé. Tout semblait aller pour le mieux, en tout cas pour l'instant.
"Et pour l'Eternal ?
- Les dégats sont mineurs, mais pour les réparations il faut un peu de temps. Souhaitez-vous repartir tout de suite ?
- Non, pas encore. Je ne veux pas presser l'équipe technique et j'ai moi-même besoin d'un jour ou deux pour me remettre pleinement. Et puis, je ne voudrais pas interrompre Meleth et Hotaru qui semblent -à vos dires- déterminées à apercevoir ce monstre marin endormi dans le lac... Prenons le temps qu'il faut.
- Bien, capitaine."
Le second la laissa seule. Kikyo en profita pour se changer et observer le paysage à l'extérieur. Pour sur, il faisait froid, un thé ne serait pas de trop. Elle avait pensé à prendre plusieurs manteaux, de bonnes chaussures, quelques carnets même si son talent graphique était en dessous de la moyenne elle essayerait de reproduire quelques traits pour ses enfants.
Son regard glissa sur la carte tandis qu'elle refermait son col. Le village était bien ici, sur la bonne route. Le portail les avait fait avancer de plusieurs jours de navigation, une telle technologie datait certainement d'une autre époque.
"Ce voyage commence fort..."
Face au miroir, elle ajusta sa tenue et son sac. Il était temps d'aller rencontrer les autochtones et se présenter dignement, en bon capitaine. Ivanhault lui avait brièvement parlé d'un village de brasseurs, voilà qui promettait une discussion intéressante et de possibles accords commerciaux.
"Allons-y."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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La nuit était belle, les étoiles dansaient au-dessus du lac devant lequel le village s'était rassemblé autour de quatre nef de glace. L'équipage se tenait là, silencieux et légèrement en retrait, observant avec un profond respect mêlé de curiosité les funérailles réservées aux quatre villageois morts dans l'attaque. Des forgerons et des hommes de la terre, pas des soldats ; pourtant on leur rendait des honneurs digne de guerriers. Lorsque, dans la foule, une femme roegadyn tomba en larmes et à genoux, soutenue par d'autres, Kikyo la suivit du regard tout en essayant de demeurer stoïque ; elle repensait aux mots de Skaermhar : "nous sommes tous des guerriers quand il le faut". Le courage de ces hommes faisait écho en elle et à son propre peuple, des paysans yanxiens qui avaient su prendre les armes par deux fois. Ceux-ci forçaient le respect.
Son regard dévia sur les visages de ses hommes. La moitié d'entre eux avaient participé à la bataille, portés par Nazah et Iko toutes deux si promptes à aider. Elle n'était pas présente au village ce soir-là, mais elle aurait approuvé. Ces gens les avaient accueilli et accepté de leur servir de guides sur ces terres, leur venir en aide était la moindre des choses.
Ce qui inquiétait véritablement Kikyo se trouvait plus loin, derrière la ligne que formaient les membres de l'équipage en recueillement, derrière les montagnes et même derrière le bras de mer qui séparait l'île principale de celle où se trouvait l'objet de toutes les inquiétudes : une autre tour de l'apocalypse. Ainsi le Nord n'était pas à l'abri non plus. Tristement, ce premier objectif avait été vite rempli. Kikyo baissa les yeux une nouvelle fois sur le lac où dansaient les prêtresses ; elle songea à Hotaru et Meleth qui devaient les observer assidûment depuis leur poste d'observation.
Au moins, ces deux-là ont trouvé de quoi s'occuper.
Après les funérailles, le banquet de veille et la bagarre festive entre Bjarnulf et l'un des colosses du village, le calme revint tard dans la nuit. Tous les autres étaient rentrés à bord de l'Eternal pour dormir un peu mais Kikyo choisit de rester sur place. Les derniers veilleurs buvaient assis à l'entrée de la bergerie quand tous les autres ronflaient à l'intérieur, des feux avaient été allumés partout pour éloigner les prédateurs, et la neige tombait doucement, cachant de sa vue l'indésirable rayon rouge qui déchirait en deux l'horizon tant aimé.
Kikyo marchait aux côtés d'Akio qui, par respect, ne s'était pas approché jusque là ni du village, ni des roegadyns. Après tout, il était à première vue un prédateur lui aussi. Néanmoins il ne se cachait pas, et bien qu'ils ne l'entendent pas répondre, et bie nqu'ils soient tous plutôt éméchés, ils purent entendre la demi-raenne converser avec lui durant de longues heures jusqu'à ce que le ciel s'éclaircisse à l'Est et que l'aurore pointe son nez, alors le loup s'arrêta près de sa compagne et s'assit contre elle. Blottie contre sa fourrure, Kikyo pouvait s'accorder un moment de paix.
Son regard dévia sur les visages de ses hommes. La moitié d'entre eux avaient participé à la bataille, portés par Nazah et Iko toutes deux si promptes à aider. Elle n'était pas présente au village ce soir-là, mais elle aurait approuvé. Ces gens les avaient accueilli et accepté de leur servir de guides sur ces terres, leur venir en aide était la moindre des choses.
Ce qui inquiétait véritablement Kikyo se trouvait plus loin, derrière la ligne que formaient les membres de l'équipage en recueillement, derrière les montagnes et même derrière le bras de mer qui séparait l'île principale de celle où se trouvait l'objet de toutes les inquiétudes : une autre tour de l'apocalypse. Ainsi le Nord n'était pas à l'abri non plus. Tristement, ce premier objectif avait été vite rempli. Kikyo baissa les yeux une nouvelle fois sur le lac où dansaient les prêtresses ; elle songea à Hotaru et Meleth qui devaient les observer assidûment depuis leur poste d'observation.
Au moins, ces deux-là ont trouvé de quoi s'occuper.
Après les funérailles, le banquet de veille et la bagarre festive entre Bjarnulf et l'un des colosses du village, le calme revint tard dans la nuit. Tous les autres étaient rentrés à bord de l'Eternal pour dormir un peu mais Kikyo choisit de rester sur place. Les derniers veilleurs buvaient assis à l'entrée de la bergerie quand tous les autres ronflaient à l'intérieur, des feux avaient été allumés partout pour éloigner les prédateurs, et la neige tombait doucement, cachant de sa vue l'indésirable rayon rouge qui déchirait en deux l'horizon tant aimé.
Kikyo marchait aux côtés d'Akio qui, par respect, ne s'était pas approché jusque là ni du village, ni des roegadyns. Après tout, il était à première vue un prédateur lui aussi. Néanmoins il ne se cachait pas, et bien qu'ils ne l'entendent pas répondre, et bie nqu'ils soient tous plutôt éméchés, ils purent entendre la demi-raenne converser avec lui durant de longues heures jusqu'à ce que le ciel s'éclaircisse à l'Est et que l'aurore pointe son nez, alors le loup s'arrêta près de sa compagne et s'assit contre elle. Blottie contre sa fourrure, Kikyo pouvait s'accorder un moment de paix.
Bjarnulf était sortit de l'infirmerie dans la matinée, l'air plutôt en forme. Sa semaine de comas eut vite été effacée par une bonne bagarre. Comment un homme pouvait-il cumuler ainsi tant de vices et suffisamment de vertus pour gagner son estime ? D'autres avant lui s'y étaient essayé mais en vain, l'insolence passive jamais ne paye avec kikyo Kurusu. Mais Bjarnulf n'était pas insolent, sous ses airs de grand ours bourru il avait une véritable discipline et un mental d'acier. Elle n'avait encore constaté à son réveil.
"Je lui ai donné une perle, je ne vais pas le laisser de corvée de cuisine maintenant que nous avons une cuisinière à bord. Que faire ?"
Akio, qui avait repris sa forme de chiot, leva une oreille depuis la couchette où il s'était roulé en boule.
"Son plaidoyer pour Nazah, bien qu'inutile, était éloquent. Ne penses-tu pas tirer profit d'un tel élément autrement que dans une cuisine ?
- Bien sur que si. Il pourrait faire un bon mécanicien mais il sait aussi piloter des aeronefs, il est capable de cuisiner mais aussi de s'occuper des voiles et de seconder Kyuuji avec le bois. Il a de l'expérience, beaucoup d'expérience. Cependant il est un nouveau venu à bord cela passerait mal vis à vis des autres que je lui accorde une confiance si rapide. Ils pourraient -et moi aussi d'ailleurs- penser que je suis influencée par le navire.
- Cet homme a quelque chose, c'est indéniable. Cette expédition n'en est qu'à sa moitié, peut-être les autres ont-il le même sentiment que toi vis à vis de lui. Après tout, ils étaient tous prompts à l'aider pour son histoire de miroir.
- Parce que cela a un lien avec l'Eternal, pas pour lui.
- Au début peut-être, mais maintenant regarde-les."
Kikyo se retourna sur sa chaise pour voir les chasseurs volants et les manacutter s'envoler à travers la vitre de sa cabine. Bjarnulf avait pris Nazah avec elle, il était parmi eux comme un poisson dans l'eau. Elle les suivit du regard jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans le ciel avant de se laisser retomber, la tête en arrière sur le dossier, pour pousser un long soupir.
"Que penses-tu qu'il vont nous rapporter ce soir ?" demanda t-elle à son hanyo sans prendre la peine de poursuivre la discussion précédente. Akio ne répondit rien, et se contenta de se rouler en boule sur la couverture. Un léger sourire éclaira le visage de la capitaine solitaire.
Bjarnulf était irrémédiablement un des leurs, au même titre que Yone qui pourtant était là depuis peu de temps. Ce garçon aussi, elle devrait avoir une conversation avec lui, la rumeur se propageant vite à bord il se murmure qu'il pourrait être un "descendant" des premiers membres d'équipage à l'époque du sixième fléau, ou que l'Eternal l'ai reconnu pour une toute autre raison. Mais pour Bjarnulf c'était limpide, il était à sa place ici et sans la forcer à quoi que ce soit, elle sentait que le navire s'accordait à ses propres sentiments mélangés à ceux du reste du groupe.
"Il connait ce navire comme sa poche, il lui faut cependant s'adapter à ma façon de faire je suis pas sa précieuse Ako. Il a besoin de temps, ensuite nous verrons.... oui, nous verrons."
La raenne porta une main à sa lèvres pour couvrir ce sourire qui n'avait que trop duré. Elle avait déjà une idée en tête, depuis qu'elle l'avait vu avec les roegadyns hier à la fête, depuis qu'elle l'avait entendu parler de Nazah, depuis qu'Ivanhault avait même abordé le sujet avec elle. Elle observerait encore un peu, voir comment il s'adapterait durant leur séjour chez les froids guerriers du nord, et comment les choses allaient se mettre en place naturellement autour de lui comme ce fut le cas pour chacun de ses prédécesseurs.
De son autre main, elle saisit le verre d'eau qui allait faire passer le gout immonde du café dans sa bouche. Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour rester éveillée jusqu'à ce qu'ils rentrent de leur excursion. Sauraient-ils seulement un jour à quel point ils comptent, tous, chacun d'eux ?
"Je lui ai donné une perle, je ne vais pas le laisser de corvée de cuisine maintenant que nous avons une cuisinière à bord. Que faire ?"
Akio, qui avait repris sa forme de chiot, leva une oreille depuis la couchette où il s'était roulé en boule.
"Son plaidoyer pour Nazah, bien qu'inutile, était éloquent. Ne penses-tu pas tirer profit d'un tel élément autrement que dans une cuisine ?
- Bien sur que si. Il pourrait faire un bon mécanicien mais il sait aussi piloter des aeronefs, il est capable de cuisiner mais aussi de s'occuper des voiles et de seconder Kyuuji avec le bois. Il a de l'expérience, beaucoup d'expérience. Cependant il est un nouveau venu à bord cela passerait mal vis à vis des autres que je lui accorde une confiance si rapide. Ils pourraient -et moi aussi d'ailleurs- penser que je suis influencée par le navire.
- Cet homme a quelque chose, c'est indéniable. Cette expédition n'en est qu'à sa moitié, peut-être les autres ont-il le même sentiment que toi vis à vis de lui. Après tout, ils étaient tous prompts à l'aider pour son histoire de miroir.
- Parce que cela a un lien avec l'Eternal, pas pour lui.
- Au début peut-être, mais maintenant regarde-les."
Kikyo se retourna sur sa chaise pour voir les chasseurs volants et les manacutter s'envoler à travers la vitre de sa cabine. Bjarnulf avait pris Nazah avec elle, il était parmi eux comme un poisson dans l'eau. Elle les suivit du regard jusqu'à ce qu'ils disparaissent dans le ciel avant de se laisser retomber, la tête en arrière sur le dossier, pour pousser un long soupir.
"Que penses-tu qu'il vont nous rapporter ce soir ?" demanda t-elle à son hanyo sans prendre la peine de poursuivre la discussion précédente. Akio ne répondit rien, et se contenta de se rouler en boule sur la couverture. Un léger sourire éclaira le visage de la capitaine solitaire.
Bjarnulf était irrémédiablement un des leurs, au même titre que Yone qui pourtant était là depuis peu de temps. Ce garçon aussi, elle devrait avoir une conversation avec lui, la rumeur se propageant vite à bord il se murmure qu'il pourrait être un "descendant" des premiers membres d'équipage à l'époque du sixième fléau, ou que l'Eternal l'ai reconnu pour une toute autre raison. Mais pour Bjarnulf c'était limpide, il était à sa place ici et sans la forcer à quoi que ce soit, elle sentait que le navire s'accordait à ses propres sentiments mélangés à ceux du reste du groupe.
"Il connait ce navire comme sa poche, il lui faut cependant s'adapter à ma façon de faire je suis pas sa précieuse Ako. Il a besoin de temps, ensuite nous verrons.... oui, nous verrons."
La raenne porta une main à sa lèvres pour couvrir ce sourire qui n'avait que trop duré. Elle avait déjà une idée en tête, depuis qu'elle l'avait vu avec les roegadyns hier à la fête, depuis qu'elle l'avait entendu parler de Nazah, depuis qu'Ivanhault avait même abordé le sujet avec elle. Elle observerait encore un peu, voir comment il s'adapterait durant leur séjour chez les froids guerriers du nord, et comment les choses allaient se mettre en place naturellement autour de lui comme ce fut le cas pour chacun de ses prédécesseurs.
De son autre main, elle saisit le verre d'eau qui allait faire passer le gout immonde du café dans sa bouche. Qu'est ce qu'il ne faut pas faire pour rester éveillée jusqu'à ce qu'ils rentrent de leur excursion. Sauraient-ils seulement un jour à quel point ils comptent, tous, chacun d'eux ?
"J'ai vraiment de la chance."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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"Capitaine, ils nous prennent en chasse !
- Évidemment."
Ils n'étaient plus si loin de la chaîne de montagne d'Abalathia, l'Eternal voyait son expédition toucher à son terme. Mais voilà qu'une nouvelle rencontre menaçait de les retarder. Mais voilà que sortirent du brouillard deux vaisseaux pirates des cieux que Hotaru discerna avant tout le monde depuis le nid de pie, chacun aussi grand que l'Eternal et au moins aussi rempli. Le capitaine pouvait encore ordonner de pousser les machines à vitesse maximum et de les semer dans l'Ecume des Cieux, c'était encore l'option la plus raisonnable... ce que le capitaine Kurusu n'était pas. Un sourire discrèt se dessina sur ses lèvres fines tandis qu'elle resserrait sa prise sur le gouvernail, ses mots brefs suffirent à faire comprendre à l'équipage le sérieux des évènements à venir.
"Tous à vos postes, lignes de sécurité en place."
L'ordre fut aussitôt relayé par le second et l'Eternal augmenta légèrement l'allure, une course poursuite s'engageait.
"Hotaru, monte dans les haubans et garde un oeil sur chacun de leurs mouvement. Ils vont certainement tenter de nous prendre en tenaille. Derinloire, maintenez l'allure et préparez-vous à pousser la vitesse au maximum à mon signal, il faut les laisser croire que nous tentons désespérément de fuir. Liiz, aux canons tribord, prends Yone et Srael avec toi.
- Oui capitaine !"
Kikyo était calme, très calme. Elle savait exactement ce qu'elle allait faire. Etait-ce l'instinct, l'Eternal lui soufflait-il sa stratégie ou bien, comme le disaient certains, était-ce l'esprit du capitaine Rahz qui parlait encore à travers elle ? Seul Ivanhault, debout à ses côtés, pouvait voir sur son visage la détermination d'une femme aussi orgueilleuse que stratège. Ils avaient choisi leur sort au moment où ils avaient choisi de prendre son navire et ses hommes pour cible.
"Ils veulent jouer, ils vont perdre."
Aucun ne chercha à discuter ses ordres, ils avaient tous confiance en elle, et elle en eux. Suffisant pour ne pas douter, elle n'avait cependant pas le droit à l'erreur et durant toute la durée de la fausse poursuite elle regardait régulièrement par-dessus son épaule. Les deux vaisseaux se rapprochaient peu à peu et, comme pour confirmer ses dires, se préparaient à les prendre en tenaille pour les aborder des deux côtés. Sur le pont, Hotaru leur signalait voir les pirates s'agiter armes à la main, convaincus d'avoir déjà gagné, ils ne se méfiaient pas et criaient vers eux, se voulant intimidant.
"Pas encore... pas encore...maintenant."
Elle poussa le gouvernail à fond sur tribord d'un coup sec, y mettant toute la force de ses bras. La secousse fut violente quand l'Eternal vira de bord, se retrouvant pendant quelques secondes, perpendiculaire à ses deux poursuivants maintenant pile à portée de ses canons.
"FEU A VOLONTÉ !"
La manoeuvre était parfaite, les pirates n'eurent pas le temps de réagir et la première bordée perça le premier adversaire de pars en parts, celui qui se trouvait face à la proue de l'Eternal qui continua d'avancer, en le contournant pour se protéger des salves de tirs provenant de l'autre vaisseau malheureusement indemne, et qui parvint à percer la coque, provoquant une voie d'air. L'aeronef touché commença à tomber lentement et en passant proche du pont, l'équipage vit les futurs naufragés se ruer sur les petits appareils de sauvetage.
"Comment ça se passe en bas ?
- Un peu secoués mais ça va, Kyuuji s'occuper des dégats !"
Heureusement, Kyuuji était là pour utiliser sa magie sur le bois ; "l'arbraen" était parfaitement préparé et le temps de faire demi tour, c'était réparé. ils se trouvaient maintenant derrière le vaisseau pirate encore capable de voler, les poursuivis devinrent les poursuivants.
Hélas, ce fut à ce moment précis, alors que Kikyo allait donner l'ordre de pousser la vitesse au maximum afin de surprendre l'autres vaisseau avec une dernière bordée, qu'un tuyau lâcha en salle des machines, provoquant un arrêt presque complet des accélérateurs. On entendit dans la perle les injures garlemaldaises d'Isaudorel et beuglait ses ordres à Walt. Il fallait cependant trouver une solution avant que tous les pirates naufragés ne soient récupérés par leurs alliés.
"On va faire ça à l'ancienne. Hotaru, Meleth, déployez toute la voilure. Kyuuji, on va avoir besoin de vent, beaucoup de vent !"
Ils avaient déjà le vent dans le dos, mais pour surprendre l'ennemi il fallait une accélération aussi brutale, entretenir la réputation de l'Eternal, celle d'un navire totalement imprévisible et aux mouvements aléatoires bien qu'ils soient en réalité parfaitement calculés. Elle voulait qu'ils aient peur.
"Aller mon beau, montre-leur ce que tu sais faire."
En quelques minutes, toutes les voiles de l'Eternal furent déployées qui se gonflèrent sous le vent, que Kyuuji décupla, ils étaient repartit avec autant de rapidité que de légèreté. Ils se cramponnaient au bastingage, le capitaine se cramponnait à la barre. Ils n'allaient cependant pas assez vite pour les surprendre et en face, ils pouvaient encore se défendre. En arrivant presque à sa hauteur par tribord, ils virent le vaisseau pirate ralentir brusquement et monter dans les airs pour leur passer au-dessus, l'ombre de sa coque bouchant un instant la vue des gabiers. Mais c'est à ce moment précis que les machines se remirent en marche et que l'Eternal s'esquiva à grande vitesse.
"Bien joué Silius !"
Kikyo ne perdit pas un instant : le tigre qui montre son ventre s'expose au chasseur. Sans prévenir, elle poussa à nouveau le gouvernail. A pleine vitesse, le demi-tour fut encore plus brutal que le précédent et dans son élan, le navire se coucha presque à l'horizontale, heureusement tous étaient parfaitement attachés à leur ligne de sécurité et dans cette position ils avaient à nouveau une fenêtre de tir de quelques secondes. "FEU !" hurla le capitaine juste avant de redresser. Les tirs résonnèrent mais une explosion sur le pont inférieur signala un problème. La coque du vaisseau pirate avait subit quelques dégats mais il semblait que eux aussi, comment ?
"Capitaine, l'un des canons a explosé, Yone est blessé.
- Kyuuji, vas t'occuper de lui. On en a pas encore terminé !"
A nouveau derrière leurs poursuivants, le capitaine réduisit l'allure et demanda une nouvelle fois à Hotaru ce qu'elle voyait.
"Pavillon noir et rouge, capitaine !" répondit la raenne accrochée au mat tel un koala à son arbre.
Noir et rouge, combat sans merci, soit. Kikyo fronça les sourcils, malgré son orgueil elle songeait tout de même à Yone qui était blessé, de toute façon ils ne pouvaient plus les suivre mais prendre la fuite n'était pas digne d'eux à ses yeux. Cela ne tenait qu'à ses ordres, et si elle n'avait écouté qu'elle, il n'y aurait pas eu d'hésitation. Elle se tourna vers son second.
"Votre avis, Terrechant ?"
L'elezen serra les dents.
"On les défonce."
C'était tout ce qu'elle avait besoin d'entendre. "Pleine vitesse, Derinloire." l'Eternal fonça une nouvelle fois sur les pirates, sachant que cette fois ils les attendaient, la clé de la manoeuvre serait leur réactivité. Cette fois, ce fut au tour de l'ennemi de virer de bord, cherchant à leur renvoyer la pareille, ce qui arracha à Kikyo un rictus de dédain quand les tirs de canon frôlèrent l'Eternal, causant de nouveaux dégats modérés.
"Non mais tu te crois où, garçon ?!" lança t-elle à l'attention du capitaine pirate alors qu'elle descendait en piquet, droit sur lui. Pendant une fraction de secondes, certains crurent à une collision frontale ce qui aurait entrainé la destruction des deux navires, mais Kikyo avait une toutre autre idée en tête, une idée... culottée. Elle dévia son bâtiment d'à peine quelques yalms, elle n'avait aucune intention de précipiter les deux vaisseaux l'un contre l'autre, non, elle visait le mat et les ballons adverses, que le beauprè de l'Eternal perça sans mal... et dans le même temps, l'aeronef qui se couchait sous la puissance de l'impact, voyait son pont supérieur bien en face de la fenêtre de ses canons.
"FEU" ordonna une dernière fois le capitaine Kurusu.
Cette fois c'était terminé. Tandis que l'Eternal se stabilisait un peu plus loin, faisant une nouvelle fois demi-tour, le deuxième aeronef descendant lentement vers les montagnes, sur le point de se crasher. A son bord, les pirates résignés se pressaient en silence vers leurs derniers appareils de sauvetage. Ils ne criaient plus, seule la voix de Hotaru parvint jusqu'aux cornes du capitaine Kurusu.
"Ils déploient fagnon blanc capitaine, ils se rendent !
- Enfin. Hotaru, Meleth, hissez nos couleurs !"
Dans le ciel d'Abalathia rougit par un coucher de soleil plutôt que par le sang, un étendard bleu nuit se déploya, affichant en surbrillance et se reflétant aux premiers rayons de lune le symbole de Llymlaen, et en son centre un magnifique pégage argenté aux ailes déployées.
- Messieurs, nous ne ferons pas de morts ce soir."
Mais cependant, elle dirigea l'Eternal en direction de l'Aeronef, le bâtiment quasi intact -merci aux bons soins de Kyuuji- les dominant de toute sa superbe. ils avaient gagné.
- Évidemment."
Ils n'étaient plus si loin de la chaîne de montagne d'Abalathia, l'Eternal voyait son expédition toucher à son terme. Mais voilà qu'une nouvelle rencontre menaçait de les retarder. Mais voilà que sortirent du brouillard deux vaisseaux pirates des cieux que Hotaru discerna avant tout le monde depuis le nid de pie, chacun aussi grand que l'Eternal et au moins aussi rempli. Le capitaine pouvait encore ordonner de pousser les machines à vitesse maximum et de les semer dans l'Ecume des Cieux, c'était encore l'option la plus raisonnable... ce que le capitaine Kurusu n'était pas. Un sourire discrèt se dessina sur ses lèvres fines tandis qu'elle resserrait sa prise sur le gouvernail, ses mots brefs suffirent à faire comprendre à l'équipage le sérieux des évènements à venir.
"Tous à vos postes, lignes de sécurité en place."
L'ordre fut aussitôt relayé par le second et l'Eternal augmenta légèrement l'allure, une course poursuite s'engageait.
"Hotaru, monte dans les haubans et garde un oeil sur chacun de leurs mouvement. Ils vont certainement tenter de nous prendre en tenaille. Derinloire, maintenez l'allure et préparez-vous à pousser la vitesse au maximum à mon signal, il faut les laisser croire que nous tentons désespérément de fuir. Liiz, aux canons tribord, prends Yone et Srael avec toi.
- Oui capitaine !"
Kikyo était calme, très calme. Elle savait exactement ce qu'elle allait faire. Etait-ce l'instinct, l'Eternal lui soufflait-il sa stratégie ou bien, comme le disaient certains, était-ce l'esprit du capitaine Rahz qui parlait encore à travers elle ? Seul Ivanhault, debout à ses côtés, pouvait voir sur son visage la détermination d'une femme aussi orgueilleuse que stratège. Ils avaient choisi leur sort au moment où ils avaient choisi de prendre son navire et ses hommes pour cible.
"Ils veulent jouer, ils vont perdre."
Aucun ne chercha à discuter ses ordres, ils avaient tous confiance en elle, et elle en eux. Suffisant pour ne pas douter, elle n'avait cependant pas le droit à l'erreur et durant toute la durée de la fausse poursuite elle regardait régulièrement par-dessus son épaule. Les deux vaisseaux se rapprochaient peu à peu et, comme pour confirmer ses dires, se préparaient à les prendre en tenaille pour les aborder des deux côtés. Sur le pont, Hotaru leur signalait voir les pirates s'agiter armes à la main, convaincus d'avoir déjà gagné, ils ne se méfiaient pas et criaient vers eux, se voulant intimidant.
"Pas encore... pas encore...maintenant."
Elle poussa le gouvernail à fond sur tribord d'un coup sec, y mettant toute la force de ses bras. La secousse fut violente quand l'Eternal vira de bord, se retrouvant pendant quelques secondes, perpendiculaire à ses deux poursuivants maintenant pile à portée de ses canons.
"FEU A VOLONTÉ !"
La manoeuvre était parfaite, les pirates n'eurent pas le temps de réagir et la première bordée perça le premier adversaire de pars en parts, celui qui se trouvait face à la proue de l'Eternal qui continua d'avancer, en le contournant pour se protéger des salves de tirs provenant de l'autre vaisseau malheureusement indemne, et qui parvint à percer la coque, provoquant une voie d'air. L'aeronef touché commença à tomber lentement et en passant proche du pont, l'équipage vit les futurs naufragés se ruer sur les petits appareils de sauvetage.
"Comment ça se passe en bas ?
- Un peu secoués mais ça va, Kyuuji s'occuper des dégats !"
Heureusement, Kyuuji était là pour utiliser sa magie sur le bois ; "l'arbraen" était parfaitement préparé et le temps de faire demi tour, c'était réparé. ils se trouvaient maintenant derrière le vaisseau pirate encore capable de voler, les poursuivis devinrent les poursuivants.
Hélas, ce fut à ce moment précis, alors que Kikyo allait donner l'ordre de pousser la vitesse au maximum afin de surprendre l'autres vaisseau avec une dernière bordée, qu'un tuyau lâcha en salle des machines, provoquant un arrêt presque complet des accélérateurs. On entendit dans la perle les injures garlemaldaises d'Isaudorel et beuglait ses ordres à Walt. Il fallait cependant trouver une solution avant que tous les pirates naufragés ne soient récupérés par leurs alliés.
"On va faire ça à l'ancienne. Hotaru, Meleth, déployez toute la voilure. Kyuuji, on va avoir besoin de vent, beaucoup de vent !"
Ils avaient déjà le vent dans le dos, mais pour surprendre l'ennemi il fallait une accélération aussi brutale, entretenir la réputation de l'Eternal, celle d'un navire totalement imprévisible et aux mouvements aléatoires bien qu'ils soient en réalité parfaitement calculés. Elle voulait qu'ils aient peur.
"Aller mon beau, montre-leur ce que tu sais faire."
En quelques minutes, toutes les voiles de l'Eternal furent déployées qui se gonflèrent sous le vent, que Kyuuji décupla, ils étaient repartit avec autant de rapidité que de légèreté. Ils se cramponnaient au bastingage, le capitaine se cramponnait à la barre. Ils n'allaient cependant pas assez vite pour les surprendre et en face, ils pouvaient encore se défendre. En arrivant presque à sa hauteur par tribord, ils virent le vaisseau pirate ralentir brusquement et monter dans les airs pour leur passer au-dessus, l'ombre de sa coque bouchant un instant la vue des gabiers. Mais c'est à ce moment précis que les machines se remirent en marche et que l'Eternal s'esquiva à grande vitesse.
"Bien joué Silius !"
Kikyo ne perdit pas un instant : le tigre qui montre son ventre s'expose au chasseur. Sans prévenir, elle poussa à nouveau le gouvernail. A pleine vitesse, le demi-tour fut encore plus brutal que le précédent et dans son élan, le navire se coucha presque à l'horizontale, heureusement tous étaient parfaitement attachés à leur ligne de sécurité et dans cette position ils avaient à nouveau une fenêtre de tir de quelques secondes. "FEU !" hurla le capitaine juste avant de redresser. Les tirs résonnèrent mais une explosion sur le pont inférieur signala un problème. La coque du vaisseau pirate avait subit quelques dégats mais il semblait que eux aussi, comment ?
"Capitaine, l'un des canons a explosé, Yone est blessé.
- Kyuuji, vas t'occuper de lui. On en a pas encore terminé !"
A nouveau derrière leurs poursuivants, le capitaine réduisit l'allure et demanda une nouvelle fois à Hotaru ce qu'elle voyait.
"Pavillon noir et rouge, capitaine !" répondit la raenne accrochée au mat tel un koala à son arbre.
Noir et rouge, combat sans merci, soit. Kikyo fronça les sourcils, malgré son orgueil elle songeait tout de même à Yone qui était blessé, de toute façon ils ne pouvaient plus les suivre mais prendre la fuite n'était pas digne d'eux à ses yeux. Cela ne tenait qu'à ses ordres, et si elle n'avait écouté qu'elle, il n'y aurait pas eu d'hésitation. Elle se tourna vers son second.
"Votre avis, Terrechant ?"
L'elezen serra les dents.
"On les défonce."
C'était tout ce qu'elle avait besoin d'entendre. "Pleine vitesse, Derinloire." l'Eternal fonça une nouvelle fois sur les pirates, sachant que cette fois ils les attendaient, la clé de la manoeuvre serait leur réactivité. Cette fois, ce fut au tour de l'ennemi de virer de bord, cherchant à leur renvoyer la pareille, ce qui arracha à Kikyo un rictus de dédain quand les tirs de canon frôlèrent l'Eternal, causant de nouveaux dégats modérés.
"Non mais tu te crois où, garçon ?!" lança t-elle à l'attention du capitaine pirate alors qu'elle descendait en piquet, droit sur lui. Pendant une fraction de secondes, certains crurent à une collision frontale ce qui aurait entrainé la destruction des deux navires, mais Kikyo avait une toutre autre idée en tête, une idée... culottée. Elle dévia son bâtiment d'à peine quelques yalms, elle n'avait aucune intention de précipiter les deux vaisseaux l'un contre l'autre, non, elle visait le mat et les ballons adverses, que le beauprè de l'Eternal perça sans mal... et dans le même temps, l'aeronef qui se couchait sous la puissance de l'impact, voyait son pont supérieur bien en face de la fenêtre de ses canons.
"FEU" ordonna une dernière fois le capitaine Kurusu.
Cette fois c'était terminé. Tandis que l'Eternal se stabilisait un peu plus loin, faisant une nouvelle fois demi-tour, le deuxième aeronef descendant lentement vers les montagnes, sur le point de se crasher. A son bord, les pirates résignés se pressaient en silence vers leurs derniers appareils de sauvetage. Ils ne criaient plus, seule la voix de Hotaru parvint jusqu'aux cornes du capitaine Kurusu.
"Ils déploient fagnon blanc capitaine, ils se rendent !
- Enfin. Hotaru, Meleth, hissez nos couleurs !"
Dans le ciel d'Abalathia rougit par un coucher de soleil plutôt que par le sang, un étendard bleu nuit se déploya, affichant en surbrillance et se reflétant aux premiers rayons de lune le symbole de Llymlaen, et en son centre un magnifique pégage argenté aux ailes déployées.
- Messieurs, nous ne ferons pas de morts ce soir."
Mais cependant, elle dirigea l'Eternal en direction de l'Aeronef, le bâtiment quasi intact -merci aux bons soins de Kyuuji- les dominant de toute sa superbe. ils avaient gagné.
"Pourquoi ?" demanda Kimiko, assise sur un coussin le regard pendu aux lèvres de sa mère.
- Parce qu'ainsi ils ont pu voir qui ils avaient tenté d'abordé, et qui leur avait fait payer les conséquences de leur décision."
La petite fille ouvrit la bouche en grand, des étoiles emplissaient ses yeux violet. Sa petite main potelée se posa sur le bras de Kiyoko assise entre ses jambes, qui elle hocha la tête en buvant son biberon. Kikyo sourit tendrement, baissant les yeux sur Akihiko qui s'accrochait très fort au col de son kimono.
"Nous les avons regardé sans parler, et nous sommes repartit. Mais comme nous nous éloignons, nous savions qu'ils n'oublieraient pas de sitôt l'erreur qu'ils ont commise, et que pensant prendre un navire ils ont perdu les leurs. Leur histoire sera contée en Abalathia, et servira d'exemple pour tous les autres."
A son tour Kimiko fronça les sourcils et leva le poing, cherchant à imiter son père.
"Kimiko aussi !
- Hai, petit lotus. Un jour, l'Eternal sera à vous, et l'un de vous en sera le capitaine à son tour s'il le décide et s'en montre digne."
Ils étaient encore trop jeunes pour envisager une carrière, mais rien ne leur coûterait de rêver d'aventure pendant leur enfance. Voyant le regard plein d'assurance de ses filles, Kikyo soupira d'aise et se laissa glisser un peu plus en arrière, entre les bras du tigre qui avait entendu toute l'histoire, le menton posé contre ses cheveux. Bien qu'elle sente, à la façon dont il serrait ses bras autour d'elle, qu'il avait apprécié d'entendre le récit de cette rencontre et la façon dont ces pirates retiendraient le nom de Kurusu, elle savait qu'une autre pensée plus sérieuse occupait ses pensées. Quinze jours, c'était bien trop long pour des enfants dont le père pouvait lui aussi s'absenter sur de longues périodes ; même s'il était rentré du front. Les reniflements d'Akihiko qui, bien qu'il soit bercé contre le sein de sa mère de puis des heures, continuait de sangloter par moments, suffisait à envisager peut-être une autre solution ne serait-ce qu'à cause de la menace des tours.
Kikyo se serra un peu plus contre lui, et comme si elles avaient sentit le moment, les deux petites filles vinrent à leur tour s'installer sur leurs genoux et se blottir entre eux. Il serait toujours temps d'en parler demain.
- Parce qu'ainsi ils ont pu voir qui ils avaient tenté d'abordé, et qui leur avait fait payer les conséquences de leur décision."
La petite fille ouvrit la bouche en grand, des étoiles emplissaient ses yeux violet. Sa petite main potelée se posa sur le bras de Kiyoko assise entre ses jambes, qui elle hocha la tête en buvant son biberon. Kikyo sourit tendrement, baissant les yeux sur Akihiko qui s'accrochait très fort au col de son kimono.
"Nous les avons regardé sans parler, et nous sommes repartit. Mais comme nous nous éloignons, nous savions qu'ils n'oublieraient pas de sitôt l'erreur qu'ils ont commise, et que pensant prendre un navire ils ont perdu les leurs. Leur histoire sera contée en Abalathia, et servira d'exemple pour tous les autres."
A son tour Kimiko fronça les sourcils et leva le poing, cherchant à imiter son père.
"Kimiko aussi !
- Hai, petit lotus. Un jour, l'Eternal sera à vous, et l'un de vous en sera le capitaine à son tour s'il le décide et s'en montre digne."
Ils étaient encore trop jeunes pour envisager une carrière, mais rien ne leur coûterait de rêver d'aventure pendant leur enfance. Voyant le regard plein d'assurance de ses filles, Kikyo soupira d'aise et se laissa glisser un peu plus en arrière, entre les bras du tigre qui avait entendu toute l'histoire, le menton posé contre ses cheveux. Bien qu'elle sente, à la façon dont il serrait ses bras autour d'elle, qu'il avait apprécié d'entendre le récit de cette rencontre et la façon dont ces pirates retiendraient le nom de Kurusu, elle savait qu'une autre pensée plus sérieuse occupait ses pensées. Quinze jours, c'était bien trop long pour des enfants dont le père pouvait lui aussi s'absenter sur de longues périodes ; même s'il était rentré du front. Les reniflements d'Akihiko qui, bien qu'il soit bercé contre le sein de sa mère de puis des heures, continuait de sangloter par moments, suffisait à envisager peut-être une autre solution ne serait-ce qu'à cause de la menace des tours.
Kikyo se serra un peu plus contre lui, et comme si elles avaient sentit le moment, les deux petites filles vinrent à leur tour s'installer sur leurs genoux et se blottir entre eux. Il serait toujours temps d'en parler demain.
Le soleil se leva sur Brumée, éclairant à travers le vitrail des appartements du capitaine, une famille réunie.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Joyau des Mers du Sud, l'Archipel Paradis enchante par son climat tropical, ses plages et ses lagons, une farandole de couleurs pour dissimuler les requins. Le Souk, premier marché libre passé la frontière des eaux limséenne, était un autre genre de paradis, celui de la contrebande et de l'ancienne piraterie reconvertie en corsaires mais les vieilles habitudes ont la vie dure, surtout quand la douane taxe des marchandises qui se revendent à prix d'or à quelques brasses. Du coucher du soleil aux premières heures de l'aube, cette île minuscule au sud de l'archipel fourmillait de monde. Il y avait ici plus de tentes et d'étals qu'il n'y avait de maisons de bois et de pierres, et plus de bateaux dans le port, et de toutes tailles et nations, qu'il ne pouvait en accueillir. La plupart se contentaient de rester au large et d'envoyer des chaloupes ou des manacutters décharger leur cargaison.
ils avaient longtemps déambulé sur ce marché, rencontré ses têtes et principaux vendeurs, pris connaissance des relations entre les uns et les autres et, plus important encore, complété leur carte de l'archipel, mais si tout l'équipage avait eu le temps de se familiariser avec ce petit royaume clandestin, il en était une qui avait laissé la rumeur se propager sans se montrer.
C'est dans ces vapeurs de cigare et d'alcool, au milieu des rires et des chants, que le capitaine s'avança le long de l'allée principale qui reliait le port à l'unique auberge du Souk, sans se formalier des murmures sur son passage. Depuis la veille, que l'étendard de l'Eternal flottait en bas du marché, elle savait qu'elle et ses hommes étaient devenus l'attraction du moment. Elle comptait bien jouer son rôle dans ce milieu bien moins bon enfant qu'il voulait le laisser paraître.
Certains la fixaient sans se cacher, d'autres lui lançaient des oeillades sur son passage, attendant qu'elle se soit éloignée pour parler. Se demandaient-ils son nom ou se doutaient-ils de son identité ? Elle n'avait pas envie de s'attarder pour le savoir. Les deux lieutenant qu'on lui avait décrit, le thavnairois et l'orientale, sortaient quand elle entra sans qu'on chercher à l'arrêter. Après tout, elle était annoncée.
"Madame, puis-je vous renseigner ?"
Derrière son comptoir et un sourire accueillant, "Nico" était plus un bureau de renseignement qu'un véritable aubergiste dans cet endroit où personne ne restait dormir si ce n'est sur son propre bâtiment. En revanche, la collection de bouteilles derrière lui aurait fait pâlir d'envie les collectionneurs les plus raffinés. S'il réussissait sans doute dans le trafic d'informations, il devait certainnement arrondir ces fins de lune avec quelques spiritueux.
"Il m'attend" se contenta-t-elle de répondre.
Aussitôt le sourire de l'elezen diminua, comprenant à qui il avait affaire. Elle n'avait jusque là pas daigné poser le pied à terre, il avait fallu l'inviter officiellement et pas n'importe qui.
Il passa devant le comptoir pour l'accompagner jusqu'à la table du fond. Sur la demi douzaine de tables de la salle, celle-ci était encore la seule occupée comme si on avait ordonné que l'établissement soit désert le temps de cette entrevue. Le maître du domaine attendait, silencieux, assis dans l'immense fauteuil qui occupait le coin de la pièce. Kikyo inclina la tête et releva son chapeau pour tenter d'apercevoir son regard sous ses épais sourcils broussailleux, elle vit des iris qui furent sans doute autrefoisd'un bleu aussi éclatant que le sien, désormais blanchis et vitreux, presque aveugle. Le vieux corsaire se tenait vouté, les épaules basses et la main tremblant sur sa pipe, mais il émanait de lui une aura qu'elle pouvait discerner faute d'identifier, semblable à celle des duellistes Kakita juste avant un duel.
"Capitaine Kurusu, je présume.
- Gregor McCoff, régisseur du Souk. Vous m'avez invitée.
- Naturellement, madame. Je vous en prie prenez un siège j'ai demandé à ce que personne ne nous dérange. j'étais curieux de connaître le successeur de Rahz.
- Je vous arrête tout de suite, le coupa Kikyo en s'asseyant en face. Je ne suis le successeur que de moi-même, et le fruit de mes propres choix. Ce navire est le miens, n'attendez pas de moi que je nourrisse la nostalgie d'un ancien pirate à propos de l'un des leurs.
- Bien entendu, bien entendu. Pardonnez cependant au vieil homme que je suis de regarder le présent avec l'oeil du passé. Nico, apporte donc au capitaine Kurusu ce qu'il lui plaira.
- Thé noir."
Non, elle ne buvait pas de rhum. Sa demande fit grimacer l'elezen mais sourire son hôte qui le chassa en cuisine d'un geste de la main. Malgré son âge, il avait conservé son autorité. On lui servit un thé, du noir hingashien au parfum raffiné. Même à reculon, Nico restait capable de servir de la qualité.
"Capitaine Kurusu, vous avez abattu deux croiseurs du ciel sans avoir jamais suivi de formation militaire, vous n'êtes à la tête de l'Eternal que depuis peu. Permettez tout de même qu'un profil comme le votre suscite les questionnements comme les convoitises.
- Je n'ai pas l'intention de me faire pirate, je vous remercie. Ma présence au Souk est à desseins purement pratique.
- Pratique, c'est ce qui attire tous les visiteurs du Souk. La piraterie n'a plus d'avenir en ces eaux capitaine, même les corsaires ici représentent moins de la moitié des clients.
- Vous m'en direz tant."
Elle suivait du regard le moindre de ses gestes. Il avait beau ne pas paraitre hostile, il pouvait certainement se montrer aussi imprévisible qu'elle-même devait l'être à ses yeux.
"Dites-moi pourquoi vous m'avez fait venir, Mac Coff."
Il tira de sa manche un cryptex en cuivre.
ils avaient longtemps déambulé sur ce marché, rencontré ses têtes et principaux vendeurs, pris connaissance des relations entre les uns et les autres et, plus important encore, complété leur carte de l'archipel, mais si tout l'équipage avait eu le temps de se familiariser avec ce petit royaume clandestin, il en était une qui avait laissé la rumeur se propager sans se montrer.
C'est dans ces vapeurs de cigare et d'alcool, au milieu des rires et des chants, que le capitaine s'avança le long de l'allée principale qui reliait le port à l'unique auberge du Souk, sans se formalier des murmures sur son passage. Depuis la veille, que l'étendard de l'Eternal flottait en bas du marché, elle savait qu'elle et ses hommes étaient devenus l'attraction du moment. Elle comptait bien jouer son rôle dans ce milieu bien moins bon enfant qu'il voulait le laisser paraître.
Certains la fixaient sans se cacher, d'autres lui lançaient des oeillades sur son passage, attendant qu'elle se soit éloignée pour parler. Se demandaient-ils son nom ou se doutaient-ils de son identité ? Elle n'avait pas envie de s'attarder pour le savoir. Les deux lieutenant qu'on lui avait décrit, le thavnairois et l'orientale, sortaient quand elle entra sans qu'on chercher à l'arrêter. Après tout, elle était annoncée.
"Madame, puis-je vous renseigner ?"
Derrière son comptoir et un sourire accueillant, "Nico" était plus un bureau de renseignement qu'un véritable aubergiste dans cet endroit où personne ne restait dormir si ce n'est sur son propre bâtiment. En revanche, la collection de bouteilles derrière lui aurait fait pâlir d'envie les collectionneurs les plus raffinés. S'il réussissait sans doute dans le trafic d'informations, il devait certainnement arrondir ces fins de lune avec quelques spiritueux.
"Il m'attend" se contenta-t-elle de répondre.
Aussitôt le sourire de l'elezen diminua, comprenant à qui il avait affaire. Elle n'avait jusque là pas daigné poser le pied à terre, il avait fallu l'inviter officiellement et pas n'importe qui.
Il passa devant le comptoir pour l'accompagner jusqu'à la table du fond. Sur la demi douzaine de tables de la salle, celle-ci était encore la seule occupée comme si on avait ordonné que l'établissement soit désert le temps de cette entrevue. Le maître du domaine attendait, silencieux, assis dans l'immense fauteuil qui occupait le coin de la pièce. Kikyo inclina la tête et releva son chapeau pour tenter d'apercevoir son regard sous ses épais sourcils broussailleux, elle vit des iris qui furent sans doute autrefoisd'un bleu aussi éclatant que le sien, désormais blanchis et vitreux, presque aveugle. Le vieux corsaire se tenait vouté, les épaules basses et la main tremblant sur sa pipe, mais il émanait de lui une aura qu'elle pouvait discerner faute d'identifier, semblable à celle des duellistes Kakita juste avant un duel.
"Capitaine Kurusu, je présume.
- Gregor McCoff, régisseur du Souk. Vous m'avez invitée.
- Naturellement, madame. Je vous en prie prenez un siège j'ai demandé à ce que personne ne nous dérange. j'étais curieux de connaître le successeur de Rahz.
- Je vous arrête tout de suite, le coupa Kikyo en s'asseyant en face. Je ne suis le successeur que de moi-même, et le fruit de mes propres choix. Ce navire est le miens, n'attendez pas de moi que je nourrisse la nostalgie d'un ancien pirate à propos de l'un des leurs.
- Bien entendu, bien entendu. Pardonnez cependant au vieil homme que je suis de regarder le présent avec l'oeil du passé. Nico, apporte donc au capitaine Kurusu ce qu'il lui plaira.
- Thé noir."
Non, elle ne buvait pas de rhum. Sa demande fit grimacer l'elezen mais sourire son hôte qui le chassa en cuisine d'un geste de la main. Malgré son âge, il avait conservé son autorité. On lui servit un thé, du noir hingashien au parfum raffiné. Même à reculon, Nico restait capable de servir de la qualité.
"Capitaine Kurusu, vous avez abattu deux croiseurs du ciel sans avoir jamais suivi de formation militaire, vous n'êtes à la tête de l'Eternal que depuis peu. Permettez tout de même qu'un profil comme le votre suscite les questionnements comme les convoitises.
- Je n'ai pas l'intention de me faire pirate, je vous remercie. Ma présence au Souk est à desseins purement pratique.
- Pratique, c'est ce qui attire tous les visiteurs du Souk. La piraterie n'a plus d'avenir en ces eaux capitaine, même les corsaires ici représentent moins de la moitié des clients.
- Vous m'en direz tant."
Elle suivait du regard le moindre de ses gestes. Il avait beau ne pas paraitre hostile, il pouvait certainement se montrer aussi imprévisible qu'elle-même devait l'être à ses yeux.
"Dites-moi pourquoi vous m'avez fait venir, Mac Coff."
Il tira de sa manche un cryptex en cuivre.
"Je pense que ça va vous plaire, capitaine."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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"Et ils ont fait quoi ?"
Kikyo en oublia la tasse qu'elle tenait dans sa main, n'achevant pas le geste de la porter jusqu'à ses lèvres. Le vieux mac Coff ne se priva pas d'un sourire narquois derrière sa barbe tandis qu'il terminait sa bouteille de whisky au goulot. Pour son grand âge, le vieux loup de mer tenait particulièrement bien l'alcool.
"De la provocation, encore. Ils n'ont même pas eu le temps de débarquer au village de Tsukiko qu'ils s'en faisaient chasser. J'en suis venu à me demander si certains d'entre vous n'avaient pas un passé de corsaire.
- Non, mais l'une de nous les a fréquenté dans la Guilde des Surineurs.
- Les Surineurs ils savent se tenir, mettez-lui une muselière à votre miqo'te si elle ne sait pas faire autrement que de poser les pieds sur la table quand elle arrive chez quelqu'un d'autre. Je suis surpris que mon cher lieutenant ne soit pas venue exiger votre banissement, elle qui pinaille toujours sur les détails de ce genre...
- Je ne vous dirais pas de lui pardonner, ce n'est pas la première fois qu'elle arrive quelque part en se sentant indispensable et se permet de poser les questions avant même de songer aux politesses élémentaires. Mais disons que pour une Nazah, j'ai tout un équipage mieux éduqué. Ils sont juste un peu trop... passifs."
Elle fit un moulinet de sa main libre, revenant à son thé oublié une fois la surprise passée.
"En général, c'est moi qui doit jouer d'autorité. Mon second dit que je deviens trop autoritaire.
- Et vous, qu'en pensez-vous ?"
Une seconde gorgée lui permit de peser ses mots.
"Il pense qu'il est trop timoré. Pardon, Nazah le trouve trop timoré. La vérité selon moi est qu'il assume de partager mon sentiment -ce dont j'ai eu confirmation ensuite- mais que jouer le rôle du second qui va lui coller un taquet en public lorsqu'elle ouvre un peu trop sa grande bouche ne lui vient pas naturellement.
- L'inconvénient lorsque les gens sont amis, est qu'ils osent moins se confronter les uns aux autres et selon les tempéraments, on peut se retrouver dans une situation où un officier peut prendre l'ascendant sur un autre.
- Vous vous trompez sur ce point. Ivanhault a bien plus d'influence que lui-même ne le soupçonne. C'est juste que..."
Elle marqua un temps de réflexion, laissant ses mots suspendus dans les airs jusqu'au son de la tasse en porcelaine touchant le bois de la table.
"Ils ont tous l'image de Kikyo Kurusu faisant cela, et Ivanhault Terrechant qui temporise ensuite. Le jour où il fera quelque chose sur le moment sera le jour où les têtes brûlées commenceront enfin à réfléchir avant de l'ouvrir parce qu'ils le voient comme l'alternative "plus souple" à mes exigences d'orientale. Mais je comprends ce que vous voulez dire à propos de l'amitié."
Le visage du capitaine se ferma un peu. Le retour de Shinme, aussi heureux soit-il, avait fait remonter dans son esprit tous les changements qu'il y avait eu depuis son départ, tout ce qu'elle avait cessé d'autoriser, tolérer ou temporiser par souci du bien-être et de l'approbation de son amie et confidente. Dans son esprit, il n'avait jamais été question de favoritisme puisque ce qu'elle acceptait pour Shinme ou sur ses conseils s'appliquait à tous, mais le souci constant de son amie l'avait affaiblie, sans le voir tout de suite elle avait expérimenté les mauvais côtés de l'amitié, elle qui n'avait jamais eu de véritable amie avant. Quand on ne sait pas, on tombe facilement dans le piège... et Shinme n'y était pour rien, c'était là la seule faute de Kikyo Kurusu.
Depuis qu'elle l'avait compris, et maintenant qu'elle savait faire la part des choses, elle avait en l'absence de son ex-suivante retrouvé une vie en bon ordre et aux contours clairs. En cela, et malgré le chagrin du à l'absence, leur séparation lui fut bénéfique et le fait que Shinme revienne ne risquait pas d'influer à nouveau sur cet équilibre rien rodé.
Mais comment le vivrait-elle ? Car oui, cela ne changeait rien à ses sentiments et au souci du bien-être de sa précieuse amie. Elle avait été honnête, et ferme, lorsque celle-ci avait évoqué l'idée de voyager de nouveau à ses côtés. Elle devrait accepter de retrouver une Kikyo Kurusu aussi forte et inflexible que celle qu'elle avait rencontré trois ans plus tôt, sans espoir de retrouver la même influence qu'autrefois sur son jugement, celle qui n'avait même pas détourné les yeux de l'horizon lorsqu'elle s'était coupée les cheveux en lui annonçant son choix de rejoindre Chijiyu Uryuki, celle qui n'avait pas hésité à marquer son visage d'une cicatrice visible par tous lorsqu'elle la trahit et la laissait se noyer dans la tempête chaque fois que ses sentiments la menaient à vouloir concilier ses engagements stricts et ses relations incompatibles, comme un enfant qui voudrait faire entrer un cube dans un cercle. Celle qui ne lui avait rien épargné, et fait de sa suivante une femme digne de la famille Kurusu, avant de la laisser replonger dans l'abîme d'une vie dissolue et tiraillée par la peur de déplaire et de devoir se confronter à sa ribambelle d'amis opposés à une partie de ses choix. Ce genre de choses que Kikyo Kurusu ne tolèrerait plus.
"Vous ai-je perdu, capitaine ?
- Hm, que dites-vous ?
- Ma foi, vous sembliez perdue dans vos pensées. Je vous demandais quand reviendrez-vous au Souk ?
- Pas tout de suite. J'ai quelques affaires à régler en Noscea, mais nous allons trouver un moyen de rallier l'archipel plus facilement dans les jours à venir, pour les prochaines expéditions."
Elle ne comptait pas aborder le sujet de l'ethérite de Keanu, puisqu'ils avaient promis au chef Kahula qu'ils seraient les seuls à en avoir connaissance et à l'utiliser. Une fois que celle-ci serait réactivé et opérationnelle, ils pourraient établir un campement permanent là-bas sans se couper des affaires du continent en toute discrétion.
" Et pour votre lieutenant, Mac Coff, qu'allez-vous faire ?
- Les habitants de l'île aux fleurs sont en train de le soigner, contrairement à vos hommes qui n'ont été infecté qu'une dizaine de minutes cet imbécile est resté trois jours avec ce poison dans le corps.
- On dirait que je ne suis pas la seule à m'entourer de quelques têtes brûlées.
- Vous avez notre miqo'te et votre elezen, j'ai Hassim et Hikari. Ils sauront vous témoigner leur reconnaissance, considérez l'absence de représailles de Tsukiko comme tel la première, pour le deuxième il vous faudra attendre qu'il soit sur pieds.
- Oh je pense savoir ce qu'il pourrait nous offrir pour avoir sauvé sa peau et sacrifié le beaupré de l'Eternal pour son joli visage.
- Dans ce cas, nous nous reverrons bien assez tôt."
Il s'apprêtait à se relever quand la demi-raenne le prit de vitesse, tirant le cryptex de sa veste pour le poser sur la table, juste à côté de sa tasse. En le voyant, Mac Coff se ravisa et s'enfonça un peu plus dans son fauteuil.
" Vous ne l'avez pas encore ouvert.
- Je compte en parler à mes hommes avant. Je voulais attendre qu'ils connaissent un peu mieux l'archipel, plutôt qu'ils ne se lancent dans une chasse au trésor et se comportent tous de la même façon que Nazah et Nashasha ne se sont comportée avec les locaux. Mais une question me taraude et je veux être certaine de vouloir le garder.
- Je vous écoute, capitaine Kurusu.
- Pourquoi ne pas le confier à votre successeur, pourquoi à moi ? Vous ne vous attendez pas à ce que je rejoigne la compétition j'espère, parce que vous connaissez déjà ma réponse."
Le vieil homme émit un rire léger derrière sa barbe fournie, et ralluma sa pipe.
"Non, je n'ai pas l'intention de laisser le Souk aux mains de l'Eternal et de sa charmante capitaine bien trop... "vous" pour diriger mon domaine. C'est justement parce que mon successeur ne doit pas hériter de ceci que je vous le remets, et aussi parce que j'ai bien l'intention de finir mes jours auprès de mon fils si vous parvenez à vos fins."
Un silence s'en suivit, silence durant lequel Kikyo fixa le vieux corsaire sans ciller. Il reprit :
"Vous êtes allés sur l'île aux fleurs, vous avez rencontré Laura, donc vous savez que je n'en ai plus pour longtemps. Non pas que j'ai envie de tout miser sur vous, mais le temps me fait défaut, et l'Eternal a la réputation de faire des miracles alors peu m'importe son capitaine, son équipage et votre opinion de ma personne..."
Il fut interrompu par une quinze de toux, mais se ressaisit bien assez vite.
"Je veux vous voir réussir, et profiter à ma façon de votre victoire."
Kikyo en oublia la tasse qu'elle tenait dans sa main, n'achevant pas le geste de la porter jusqu'à ses lèvres. Le vieux mac Coff ne se priva pas d'un sourire narquois derrière sa barbe tandis qu'il terminait sa bouteille de whisky au goulot. Pour son grand âge, le vieux loup de mer tenait particulièrement bien l'alcool.
"De la provocation, encore. Ils n'ont même pas eu le temps de débarquer au village de Tsukiko qu'ils s'en faisaient chasser. J'en suis venu à me demander si certains d'entre vous n'avaient pas un passé de corsaire.
- Non, mais l'une de nous les a fréquenté dans la Guilde des Surineurs.
- Les Surineurs ils savent se tenir, mettez-lui une muselière à votre miqo'te si elle ne sait pas faire autrement que de poser les pieds sur la table quand elle arrive chez quelqu'un d'autre. Je suis surpris que mon cher lieutenant ne soit pas venue exiger votre banissement, elle qui pinaille toujours sur les détails de ce genre...
- Je ne vous dirais pas de lui pardonner, ce n'est pas la première fois qu'elle arrive quelque part en se sentant indispensable et se permet de poser les questions avant même de songer aux politesses élémentaires. Mais disons que pour une Nazah, j'ai tout un équipage mieux éduqué. Ils sont juste un peu trop... passifs."
Elle fit un moulinet de sa main libre, revenant à son thé oublié une fois la surprise passée.
"En général, c'est moi qui doit jouer d'autorité. Mon second dit que je deviens trop autoritaire.
- Et vous, qu'en pensez-vous ?"
Une seconde gorgée lui permit de peser ses mots.
"Il pense qu'il est trop timoré. Pardon, Nazah le trouve trop timoré. La vérité selon moi est qu'il assume de partager mon sentiment -ce dont j'ai eu confirmation ensuite- mais que jouer le rôle du second qui va lui coller un taquet en public lorsqu'elle ouvre un peu trop sa grande bouche ne lui vient pas naturellement.
- L'inconvénient lorsque les gens sont amis, est qu'ils osent moins se confronter les uns aux autres et selon les tempéraments, on peut se retrouver dans une situation où un officier peut prendre l'ascendant sur un autre.
- Vous vous trompez sur ce point. Ivanhault a bien plus d'influence que lui-même ne le soupçonne. C'est juste que..."
Elle marqua un temps de réflexion, laissant ses mots suspendus dans les airs jusqu'au son de la tasse en porcelaine touchant le bois de la table.
"Ils ont tous l'image de Kikyo Kurusu faisant cela, et Ivanhault Terrechant qui temporise ensuite. Le jour où il fera quelque chose sur le moment sera le jour où les têtes brûlées commenceront enfin à réfléchir avant de l'ouvrir parce qu'ils le voient comme l'alternative "plus souple" à mes exigences d'orientale. Mais je comprends ce que vous voulez dire à propos de l'amitié."
Le visage du capitaine se ferma un peu. Le retour de Shinme, aussi heureux soit-il, avait fait remonter dans son esprit tous les changements qu'il y avait eu depuis son départ, tout ce qu'elle avait cessé d'autoriser, tolérer ou temporiser par souci du bien-être et de l'approbation de son amie et confidente. Dans son esprit, il n'avait jamais été question de favoritisme puisque ce qu'elle acceptait pour Shinme ou sur ses conseils s'appliquait à tous, mais le souci constant de son amie l'avait affaiblie, sans le voir tout de suite elle avait expérimenté les mauvais côtés de l'amitié, elle qui n'avait jamais eu de véritable amie avant. Quand on ne sait pas, on tombe facilement dans le piège... et Shinme n'y était pour rien, c'était là la seule faute de Kikyo Kurusu.
Depuis qu'elle l'avait compris, et maintenant qu'elle savait faire la part des choses, elle avait en l'absence de son ex-suivante retrouvé une vie en bon ordre et aux contours clairs. En cela, et malgré le chagrin du à l'absence, leur séparation lui fut bénéfique et le fait que Shinme revienne ne risquait pas d'influer à nouveau sur cet équilibre rien rodé.
Mais comment le vivrait-elle ? Car oui, cela ne changeait rien à ses sentiments et au souci du bien-être de sa précieuse amie. Elle avait été honnête, et ferme, lorsque celle-ci avait évoqué l'idée de voyager de nouveau à ses côtés. Elle devrait accepter de retrouver une Kikyo Kurusu aussi forte et inflexible que celle qu'elle avait rencontré trois ans plus tôt, sans espoir de retrouver la même influence qu'autrefois sur son jugement, celle qui n'avait même pas détourné les yeux de l'horizon lorsqu'elle s'était coupée les cheveux en lui annonçant son choix de rejoindre Chijiyu Uryuki, celle qui n'avait pas hésité à marquer son visage d'une cicatrice visible par tous lorsqu'elle la trahit et la laissait se noyer dans la tempête chaque fois que ses sentiments la menaient à vouloir concilier ses engagements stricts et ses relations incompatibles, comme un enfant qui voudrait faire entrer un cube dans un cercle. Celle qui ne lui avait rien épargné, et fait de sa suivante une femme digne de la famille Kurusu, avant de la laisser replonger dans l'abîme d'une vie dissolue et tiraillée par la peur de déplaire et de devoir se confronter à sa ribambelle d'amis opposés à une partie de ses choix. Ce genre de choses que Kikyo Kurusu ne tolèrerait plus.
"Vous ai-je perdu, capitaine ?
- Hm, que dites-vous ?
- Ma foi, vous sembliez perdue dans vos pensées. Je vous demandais quand reviendrez-vous au Souk ?
- Pas tout de suite. J'ai quelques affaires à régler en Noscea, mais nous allons trouver un moyen de rallier l'archipel plus facilement dans les jours à venir, pour les prochaines expéditions."
Elle ne comptait pas aborder le sujet de l'ethérite de Keanu, puisqu'ils avaient promis au chef Kahula qu'ils seraient les seuls à en avoir connaissance et à l'utiliser. Une fois que celle-ci serait réactivé et opérationnelle, ils pourraient établir un campement permanent là-bas sans se couper des affaires du continent en toute discrétion.
" Et pour votre lieutenant, Mac Coff, qu'allez-vous faire ?
- Les habitants de l'île aux fleurs sont en train de le soigner, contrairement à vos hommes qui n'ont été infecté qu'une dizaine de minutes cet imbécile est resté trois jours avec ce poison dans le corps.
- On dirait que je ne suis pas la seule à m'entourer de quelques têtes brûlées.
- Vous avez notre miqo'te et votre elezen, j'ai Hassim et Hikari. Ils sauront vous témoigner leur reconnaissance, considérez l'absence de représailles de Tsukiko comme tel la première, pour le deuxième il vous faudra attendre qu'il soit sur pieds.
- Oh je pense savoir ce qu'il pourrait nous offrir pour avoir sauvé sa peau et sacrifié le beaupré de l'Eternal pour son joli visage.
- Dans ce cas, nous nous reverrons bien assez tôt."
Il s'apprêtait à se relever quand la demi-raenne le prit de vitesse, tirant le cryptex de sa veste pour le poser sur la table, juste à côté de sa tasse. En le voyant, Mac Coff se ravisa et s'enfonça un peu plus dans son fauteuil.
" Vous ne l'avez pas encore ouvert.
- Je compte en parler à mes hommes avant. Je voulais attendre qu'ils connaissent un peu mieux l'archipel, plutôt qu'ils ne se lancent dans une chasse au trésor et se comportent tous de la même façon que Nazah et Nashasha ne se sont comportée avec les locaux. Mais une question me taraude et je veux être certaine de vouloir le garder.
- Je vous écoute, capitaine Kurusu.
- Pourquoi ne pas le confier à votre successeur, pourquoi à moi ? Vous ne vous attendez pas à ce que je rejoigne la compétition j'espère, parce que vous connaissez déjà ma réponse."
Le vieil homme émit un rire léger derrière sa barbe fournie, et ralluma sa pipe.
"Non, je n'ai pas l'intention de laisser le Souk aux mains de l'Eternal et de sa charmante capitaine bien trop... "vous" pour diriger mon domaine. C'est justement parce que mon successeur ne doit pas hériter de ceci que je vous le remets, et aussi parce que j'ai bien l'intention de finir mes jours auprès de mon fils si vous parvenez à vos fins."
Un silence s'en suivit, silence durant lequel Kikyo fixa le vieux corsaire sans ciller. Il reprit :
"Vous êtes allés sur l'île aux fleurs, vous avez rencontré Laura, donc vous savez que je n'en ai plus pour longtemps. Non pas que j'ai envie de tout miser sur vous, mais le temps me fait défaut, et l'Eternal a la réputation de faire des miracles alors peu m'importe son capitaine, son équipage et votre opinion de ma personne..."
Il fut interrompu par une quinze de toux, mais se ressaisit bien assez vite.
"Je veux vous voir réussir, et profiter à ma façon de votre victoire."
Sur le pont de l'Eternal, Kikyo contemplait les étoiles en silence, ses mains posées sur la barre elle laissait le navire se diriger tout seul. Ils avaient rempli un objectif, trouvé un refuge assez loin des tours, exploré plus en profondeur l'Archipel et même percé une partie des secrets de l'île de Kilipili. L'existence de cet oiseau de feu était intrinsèquement liée à celle du Serpent d'Emeraude, et à la violence des habitants de l'île vis à vis des étrangers. Ils ne retourneraient pas sur cette île avant d'avoir étudié les éléments rapportés, et d'avoir compris ce que signifient ces deux pierres et les créatures qu'elles permettent d'invoquer.
Mais avant cela, Shinme avait demandé son aide, et elle s'était engagée à la lui apporter. L'équipe était maintenant constituée, ils avaient accepté de partir pour Hingashi et de prendre ce risque. Elle en informerait également Akira-sama à son retour.
Mais avant cela, Shinme avait demandé son aide, et elle s'était engagée à la lui apporter. L'équipe était maintenant constituée, ils avaient accepté de partir pour Hingashi et de prendre ce risque. Elle en informerait également Akira-sama à son retour.
"J'arrive, yamaboto."
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