[Kikyo] IV - Vers l'Infini et on Verra
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Un courant d'air pousse légèrement sur le loquet mal fermé de la fenêtre qui s'ouvre dans un claquement discret du bois contre le mur, repoussant le rideau sombre qui maintenait encore la chambre dans la pénombre. Ce rayon du lumière intrus se pose d'abord sur le plancher neuf en bois laqué depuis le bureau jusqu'au lit, et les draps violet qui bougent quand le soleil vient taquiner la paupière d'une Kikyo encore endormie. Quelle heure est-il ? Sans doute la même heure que d'habitude. La routine a cette double facette. Pour certains synonyme d'ennui et d'apathie, des instants répétés à l'infini demeurent, comme suspendus dans le temps et paraissent toujours aussi exceptionnels que la première fois.
D'abord lever les yeux vers la fenêtre et constater que le jour s'est levé, le temps clair et les arbres en fleur. Ensuite, baisser la tête légèrement sur le côté pour voir son visage paisible, allongé sur le dos un bras autour d'elle, le drap remonté jusqu'à la taille.
D'abord lever les yeux vers la fenêtre et constater que le jour s'est levé, le temps clair et les arbres en fleur. Ensuite, baisser la tête légèrement sur le côté pour voir son visage paisible, allongé sur le dos un bras autour d'elle, le drap remonté jusqu'à la taille.
Wise men say only fools rush in
Il y a toujours une brève hésitation à ce moment. Le réveiller pourrait interrompre ce moment et pourtant nécessaire à ce que la journée commence, sinon comment réussir à détacher son regard de lui pour se lever ? Elle replace alors une mèche de cheveux derrière sa corne et se penche doucement au-dessus de lui. Lorsqu'elle l'embrasse, sa main se pose toujours au même endroit près de son épaule, elle-même ne s'en rend pas compte tant le geste est devenu familier. Avant de se redresser, elle sent son souffle contre ses lèvres alors qu'il émerge de ses songes, puis, leurs regards se croisent comme chaque matin.
But I can't help falling in love with you
Il a toujours l'air sérieux, même au réveil. Plus encore lorsqu'il s'est endormi contrarié et cela arrive bien souvent. Son mauvais caractère, ses déceptions, leurs disputes font partie de ce quotidien. Les sujets changent mais le processus varie peu ; elle voudrait pouvoir dire qu'elle le comprend et dans bien des cas elle le comprend mieux que personne... mais pas dans tous les cas. Les désaccords, autant que les conflits, sont nombreux entre ces murs. A se demander parfois s'ils sont vraiment ensemble, s'ils sont faits pour vivre l'un avec l'autre.
Le doute est permit, rien n'est jamais totalement acquis, et s'ils sont encore là c'est au prix d'un choix imposé par la force.
Le doute est permit, rien n'est jamais totalement acquis, et s'ils sont encore là c'est au prix d'un choix imposé par la force.
Shall I stay
Depuis qu'elle l'avait forcé à rejoindre l'Eternal, elle payait à chaque fois que le ton monte, le prix de sa déception. Elle avait beau se répéter que de toute façon, sans la guerre contre l'Empire, il se serait ennuyé tout autant, elle vivait assez mal de lui imposer une vie à laquelle il n'aspirait pas et qu'il ne manquait pas de lui envoyer en pleine figure quand l'envie lui prend malgré ses efforts vis à vis de l'équipage, et envers lui-même dans ce nouvel objectif qu'il s'était fixé.
Affaibli, apathique, dans les pires moments lorsqu'il l'accusait d'avoir tué l'homme qu'il était autrefois elle se demandait si elle n'aurait pas mieux choisi de le laisser partir, ou de partir d'elle-même ainsi que les bienveillants le pensaient, suggéré par les mots ou un regard compatissant.
Affaibli, apathique, dans les pires moments lorsqu'il l'accusait d'avoir tué l'homme qu'il était autrefois elle se demandait si elle n'aurait pas mieux choisi de le laisser partir, ou de partir d'elle-même ainsi que les bienveillants le pensaient, suggéré par les mots ou un regard compatissant.
Would it be a sin
Le Tigre prend ce qu'il veut, quand il veut. Il lui avait appris à en faire de même, et elle avait pris ce qu'elle voulait sans faire cas de son avis pour une fois. Pour rester ensemble, il avait fallu que l'un des deux prenne le pas sur l'autre par la force. En Eorzéa ce genre de relation ferait hurler au tyran et à la maltraitance à moins que l'autre se sacrifie de son propre chef dans un mélodrame dégoulinant de bien-pensance. La logique, la raison aurait tout simplement voulu qu'ils se séparent, au prétexte de n'avoir plus rien en commun.
Pourtant, malgré ce poids sur son cœur les difficultés récurrentes, elle sourit en voyant ses sourcils se froncer naturellement et se penche sur son visage une deuxième fois, comme chaque matin.
Pourtant, malgré ce poids sur son cœur les difficultés récurrentes, elle sourit en voyant ses sourcils se froncer naturellement et se penche sur son visage une deuxième fois, comme chaque matin.
If I can't help falling in love with you
La logique, la raison n'ont rien à voir avec l'amour. C'est le genre de phrase qui ferait sourire Ivanhault et ses croyances sur "la plus grande force en ce monde". Peut-être a t-il raison au fond mais jamais elle ne l'admettra en public. Cette même force qui avait un jour, il y a plus de quatre ans, poussé un tigre à s'emparer d'une grue sans demander son avis et obtenir tout ce qu'il voulait alors qu'il était seul avec son argent et sa détermination en menaçant de réduire son clan en cendres si elle n'était pas sienne, et qu'il la prendrait malgré tout une fois son daimyo défait.
Et c'est ainsi depuis le premier jour, ces rapports de force continu. Cet amour que tant ne comprennent pas, serait-il moins légitime faux qu'un autre ? Cinq ans bientôt, et ce baiser sera toujours aussi brûlant que le premier échangé le premier matin où ils se sont réveillé dans le même lit.
Et c'est ainsi depuis le premier jour, ces rapports de force continu. Cet amour que tant ne comprennent pas, serait-il moins légitime faux qu'un autre ? Cinq ans bientôt, et ce baiser sera toujours aussi brûlant que le premier échangé le premier matin où ils se sont réveillé dans le même lit.
Like a river flows surely to the sea
C'est comme avancer vers la mer, les pieds dans l'eau ; la marée entraîne irrémédiablement vers le large quelque soit le moment où elle va remonter puis redescendre. Ils se sont opposé, ils s'opposeront encore et à maintes reprises il viendra des matins où les draps seront froids, où les rideaux seront tirés et les couloirs déserts. La colère du tigre sera toujours aussi violente, et celle du diamant toujours aussi glaciale. Mais ils en viendraient toujours à choisir de faire plier l'autre plutôt que de s'en défaire, conscients de ne plus jamais pouvoir refaire ce chemin avec quelqu'un d'autre même si l'un des deux venait à disparaître.
Darling so it goes, some things are meant to be
Elle n'a pas fini de se redresser que le drap se froisse lorsqu'elle bascule sur le côté. Le tigre domine, toujours à la fin. Front contre front, la trève n'est pas encore levée même si le soleil l'est déjà depuis longtemps. Les bras autour de son cou, elle sent les siens dans son dos qui l'enserrent avec force. Ils en reviennent toujours ici, à ce moment où plus rien ne compte, ces sentiments qui sont toujours les mêmes.
Take my hand, take my whole life too
D'un geste insolite, il vient prendre sa main qu'il savait où trouver sans même la regarder, quelque part sur sa nuque. Les yeux fermés il embrasse sa paume sans qu'elle le lâche du regard. Une seule seconde qui restera gravée dans son esprit, parmi toutes celles qui se répèteront encore chaque fois que le vent fera s'ouvrir la fenêtre, poussant le rideau pour que le soleil vienne la réveiller la première. Est-ce à Ten no Tsuki, ou bien à bord de l'Eternal, à l'Escale peut-être ou quelque part au cours de l'un de leurs prochains voyages, puisqu'il sera avec elle désormais ?
Cela n'a que peu d'importance, au moment où elle s'apprête à fermer les yeux à son tour et d'oublier l'heure une fois de plus.
Cela n'a que peu d'importance, au moment où elle s'apprête à fermer les yeux à son tour et d'oublier l'heure une fois de plus.
For I can't help falling in love with you
Ils sont mariés depuis hier, depuis quatre ans.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Ishgard, ville grise et froide aussi bien dans la pierre que ses habitants, ne manquait pas de beauté et de chaleur une fois qu'on a passé certaines portes. Kikyo avait toujours aimé cette ville depuis sa première visite, à l'époque où Akira cherchait un cristal de chevalier noir. Ce sentiment était partagé, la rigueur militaire et la loyauté des ishgardais envers leur patrie trouvant un certain écho dans le caractère du tigre domien. Et pour cause, les Kurusu étaient appréciés de plusieurs familles ishgardaises dont les Delacroix, avec qui l'alliance officielle et visible avait accordé certaines facilités comme l'accès à la propriété. Ils avaient appréciés les bains d'Azurée, et voir ces quartiers en plein essor rappelait un peu Shirogane à son ouverture, certains établissements et particuliers tendaient à se retrouver dans les mêmes secteurs. Le secteur seize d'Empyrée était tout particulièrement demandé lorsqu'elle passa devant le tableau des enchères immobilières.
"On dirait que les affaires tournent par ici."
Pour toute réponse, le tigre souffla du nez, amusé ? On l'aurait juré pendant un instant. Ce n'est qu'une fois à destination qu'elle comprit la raison de cette sortie qu'il avait lui-même proposé.
Ils étaient à deux pas de l’Entrepôt, cet établissement à succès dont même ses propres hommes lui parlaient et prenaient leurs mandats entre deux expéditions, et tout autour les maisons, grandes ou petites, en construction ou achevées, appartenaient à des têtes qu'elle connaissait au moins de loin. Des résidences privées mais aussi des boutiques ou des maisons de compagnie libre. Il lui avait même semblé apercevoir Alden un peu plus bas dans le quartier, l'armurerie de Shelsin Lancefer, et savait que Silius et Ivanhault allaient emménager près du Mémorial Dangoulin.
Mais ce qui capta toute son attention fut ce petit manoir citadin, un pavillon aux couleurs de la famille Kurusu derrière une grand portail.
"Vous plait-elle ?" résonna la voix impérieuse dans sa tête tandis qu'elle sentait sa main serrer la sienne.
"On dirait que les affaires tournent par ici."
Pour toute réponse, le tigre souffla du nez, amusé ? On l'aurait juré pendant un instant. Ce n'est qu'une fois à destination qu'elle comprit la raison de cette sortie qu'il avait lui-même proposé.
Ils étaient à deux pas de l’Entrepôt, cet établissement à succès dont même ses propres hommes lui parlaient et prenaient leurs mandats entre deux expéditions, et tout autour les maisons, grandes ou petites, en construction ou achevées, appartenaient à des têtes qu'elle connaissait au moins de loin. Des résidences privées mais aussi des boutiques ou des maisons de compagnie libre. Il lui avait même semblé apercevoir Alden un peu plus bas dans le quartier, l'armurerie de Shelsin Lancefer, et savait que Silius et Ivanhault allaient emménager près du Mémorial Dangoulin.
Mais ce qui capta toute son attention fut ce petit manoir citadin, un pavillon aux couleurs de la famille Kurusu derrière une grand portail.
"Vous plait-elle ?" résonna la voix impérieuse dans sa tête tandis qu'elle sentait sa main serrer la sienne.
Et trois jours plus tard elle se trouvait encore ici à superviser les premiers plans des architectes, le jardin pour commencer. Les cerisiers d'hiver étaient une nécessité pour encadrer l'entrée de la résidence. Akira voudrait un onsen mais la structure devait s'harmoniser à la pierre ishgardaise, l'affaire était des plus sérieuses pour Kikyo qui s'appliquait à donner à Ten no Yuki la touche orientale évidente et nécessaire sans jurer avec le cadre coerthien ; autrement dit le genre de problématique qui passait largement au-dessus de la tête de son mari, des hommes en général. A une époque, Shinme l'aurait assisté dans cette tâche mais maintenant c'était Hotaru qui prenait la suite, Hotaru déjà occupée à apprendre à Lucien comment meubler une chambre sans donner des cauchemars à son occupant.
"Et dire que nous partons dans quelques jours.
- Je suis surpris justement que vous n'ayez pas passé cette dernière semaine sur les derniers préparatifs."
Lucien s'accouda à la rambarde à côté d'elle, observant à son tour le quartier grouillant de monde et d'ouvriers en plein travail.
"C'est volontaire. Pour Ivanhault je ne m'inquiète pas mais pour Iko et Kyuuji c'est une première en tant qu'officiers et je voulais qu'ils puissent agir sans avoir le réflexe de regarder constamment derrière leur épaule comment je juge leur travail. J'ai reçu ce matin leur dossier suite à la réunion où j'étais absente à propos du système de communication Liizperle, ils s'en sont très bien sortit."
Lucien sourit, le regard perdu sur l'horizon montagneux.
"Vous leur laissez le champ libre pour qu'ils se fassent la main.
- Mhm. Encore une chose qu'Akira m'a appris. C'est lui qui m'a donné carte blanche la première fois qu'il m'a confié une mission.
- Et aujourd'hui il vous offre une maison..."
Kikyo jeta un œil sévère vers le portail, les jardiniers n'avaient pas encore terminé de planter les quatre cerisiers, ce qui amusait le templier s'imaginant les officiers de l'Eternal à la place des hommes et leur capitaine pour les juger en permanence. Caricature certes, mais après tout, Kikyo avait la réputation d'être une mégère intransigeante.
"En tout cas, il n'a pas fait les choses à moitié, reprit l'elezen. "L'avenue centrale est juste à côté, la vue est imprenable.
- Cela ne m'étonne pas, il ne fait jamais les choses à moitié. Je reviendrais m'en occuper à notre retour.
- Je regrette de ne pouvoir vous accompagner cette fois.
- Ce n'est rien, ce sera pour la prochaine nous restons principaux alliés, ne ?"
Ils échangèrent un regard, le sourire n'a pas besoin d'être visible ailleurs que dans le regard dans ces moments là. Les deux amis restèrent un long moment sur ce surplomb de l'autre côté de la rue à contempler le magnifique paysage coerthien sous un ciel azur.
Ishgard était froide et grise, autant dans la pierre que le coeur de ses habitants, mais les Kurusu y avaient des alliés, des amis et des proches. Leur nom connu et de bonne réputation dans la Sainte Cité, en plus de quelque alliance bien pensée avec la baronnie Delacroix, leur avait permit de s'offrir une propriété qui sonnait déjà comme un petit coin d'orient au cœur de la neige. Ten no Yuki, au cœur de l'effervescence du secteur seize d'Empyrée, allait fleurir petit à petit.
"Et dire que nous partons dans quelques jours.
- Je suis surpris justement que vous n'ayez pas passé cette dernière semaine sur les derniers préparatifs."
Lucien s'accouda à la rambarde à côté d'elle, observant à son tour le quartier grouillant de monde et d'ouvriers en plein travail.
"C'est volontaire. Pour Ivanhault je ne m'inquiète pas mais pour Iko et Kyuuji c'est une première en tant qu'officiers et je voulais qu'ils puissent agir sans avoir le réflexe de regarder constamment derrière leur épaule comment je juge leur travail. J'ai reçu ce matin leur dossier suite à la réunion où j'étais absente à propos du système de communication Liizperle, ils s'en sont très bien sortit."
Lucien sourit, le regard perdu sur l'horizon montagneux.
"Vous leur laissez le champ libre pour qu'ils se fassent la main.
- Mhm. Encore une chose qu'Akira m'a appris. C'est lui qui m'a donné carte blanche la première fois qu'il m'a confié une mission.
- Et aujourd'hui il vous offre une maison..."
Kikyo jeta un œil sévère vers le portail, les jardiniers n'avaient pas encore terminé de planter les quatre cerisiers, ce qui amusait le templier s'imaginant les officiers de l'Eternal à la place des hommes et leur capitaine pour les juger en permanence. Caricature certes, mais après tout, Kikyo avait la réputation d'être une mégère intransigeante.
"En tout cas, il n'a pas fait les choses à moitié, reprit l'elezen. "L'avenue centrale est juste à côté, la vue est imprenable.
- Cela ne m'étonne pas, il ne fait jamais les choses à moitié. Je reviendrais m'en occuper à notre retour.
- Je regrette de ne pouvoir vous accompagner cette fois.
- Ce n'est rien, ce sera pour la prochaine nous restons principaux alliés, ne ?"
Ils échangèrent un regard, le sourire n'a pas besoin d'être visible ailleurs que dans le regard dans ces moments là. Les deux amis restèrent un long moment sur ce surplomb de l'autre côté de la rue à contempler le magnifique paysage coerthien sous un ciel azur.
Ishgard était froide et grise, autant dans la pierre que le coeur de ses habitants, mais les Kurusu y avaient des alliés, des amis et des proches. Leur nom connu et de bonne réputation dans la Sainte Cité, en plus de quelque alliance bien pensée avec la baronnie Delacroix, leur avait permit de s'offrir une propriété qui sonnait déjà comme un petit coin d'orient au cœur de la neige. Ten no Yuki, au cœur de l'effervescence du secteur seize d'Empyrée, allait fleurir petit à petit.
L'été ishgardais n'était pas si mal après tout.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Parle-moi, s'il est vrai que tu es une extension de mon âme. Ils la ressentent tous, ta conscience au coeur de ce réseau de glyphes plus anciens que les ruines qui t'ont donné naissance. Toi qu'ils considèrent presque comme un être vivant, ils se sont attachés à ton existence et tu réponds à leur volonté, à ce qu'ils sont... à la façon dont je les vois. S'il est vrai que tu es une partie de moi désormais, dis-moi pourquoi tu as fait cela.
Dans le silence de la nuit, le capitaine arpentait les couloirs étroits de l'Eternal, sa main glissant le long des murs en suivant le réseau ethéré qu'elle pouvait maintenant percevoir. Jour après jour ses facultés magiques augmentaient, même si sa puissance restait minime. Ceux qui n'étaient pas partit pour la Forêt Morte dormaient dans leurs cabines ou vaquaient à leurs occupations à terre, sauf Liiz dont le bruit des outils se faisait entendre à l'autre bout du navire sous ses pieds.
Ce voyage, au-delà d'une énigme à résoudre pour Hawaiki, était une occasion pour la jeune capitaine d'observer une autre.
Je la sens, ta conscience, elle est en éveil ; tu es attentif à mes pensées mais tu ne me dis rien. Pourquoi ces entraves, pourquoi l'as-tu affaibli alors que tu n'as rien imposé à aucun d'entre eux. Je ne comprends pas ce qui est en train de se passer.
Elle s'arrêta face à la porte de la salle des artefact dans la cale, une main posée sur la porte. Pour elle, aucune lueur ne s'illumina et la porte demeura close comme à chaque fois qu'elle venait ici seule.
Qu'as-tu fait, pourquoi lui ? Il est bien le seul qui aurait besoin de voir que tu n'es pas dangereux, que tu es un outil qui obéit et non un esprit qui trompe par la magie. Si tu obéis à ma volonté, pourquoi as-tu été à l'opposé de ce que je veux ? Libère-le, rends-lui sa force, rends-la lui que cette culpabilité qui me ronge cesse de croître indéfiniment !
... Toi aussi, tu culpabilise ? Ou alors ce sont mes émotions qui se fondent en toi. Je ne sais plus discerner ce qui est autonome de ce qui sort de ma tête.
Adossée à la porte, la demi-raenne lève les yeux vers l'escalier menant au pont inférieur. Une boule dans sa poitrine pulse doucement, et résonne avec l'ether de l'Eternal plus fort à cet endroit. En fermant les yeux, elle pouvait sentir à travers lui le lien vers le reste de l'équipage. Sans les voir elle pouvait sentir leur respiration, par moment elle entendait des éclats de voix en écho comme s'ils se trouvaient quelque part à bord, des mots inaudibles seuls témoins qu'ils sont en vie ; sauf un. Le silence qui entoure l'objet de ses pensées ne fait qu'accroître ce malaise.
Il est en colère, frustré, et pour ne rien arrangé affaibli. Nul besoin de lien pour le sentir mais il renforce ce sentiment qui la ronge de l'intérieur.
Tu ne veux pas faire de mal, je le sais puisqu'aucun de nous ne le veut.
Tu te mens.
Ce n'était pas l'Eternal, mais Akio qui veillait sur les enfants dans sa cabine. Il n'était pas là pour lui répondre mais le souvenir de ces paroles la frappèrent de plein fouet. Elle se laissa glisser contre la porte jusqu'à tomber sur les fesses, les épaules basse.
C'est moi... est-ce moi qui ai voulu cela ?
Je n'ai jamais souhaité qu'il souffre, seulement qu'il accepte d'observer le monde sous un autre angle. Je pensais qu'une fois à bord ce serait plus simple j'en accepte le prix mais chaque pas en avant équivaut à trois en arrière. Il lutte, tous les prétextes sont bons pour réfuter ce qu'il a admis la veille, et je suis frustrée moi aussi, et je prends sur moi pour le bien de mes hommes, je retiens mes cris. Mais je suis en colère, constamment lorsque je le vois et ce peu importe l'amour, le désir, le respect et l'admiration. Et plus elle grandit, plus je culpabilise. Je le punis, comme je me punis...
Un rictus amer se posa sur ses lèvres. Elle pouvait les voir, ces glyphes à l'intérieur des murs sans invoquer de sortilège. Tout était vrai, il était une partie d'elle ; la magie lui permet de s'adapter à l'équipage et de satisfaire leurs attentes mais il ne serait jamais un être vivant à part entière sur qui rejeter la faute de ce qui ne va pas dans ses protocoles. Comme toute magie, le lien peut-être utilisé pour le bon comme le mauvais et puisque Kikyo avait forcé Akira à la suivre, l'Eternal ne faisait que répondre à sa volonté. Et plus il s'entêtait, plus sa colère grandissait.
J'aurais beau le vouloir de tout mon cœur, je ne pourrais même pas inverser le processus... puisqu'au fond de moi je veux le faire plier. J'ai tué un homme que je dois faire renaître au cœur de l'Eternal.
Elle ferma les yeux, soufflant l'ironie de la situation. La seule ici qui ne contrôlait pas ses propres désirs était le capitaine elle-même. Elle avait peut-être remporté son duel, mais le combat faisait toujours rage entre les deux Kurusu, s'arrêterait-il un jour ?
Dans le silence de la nuit, le capitaine arpentait les couloirs étroits de l'Eternal, sa main glissant le long des murs en suivant le réseau ethéré qu'elle pouvait maintenant percevoir. Jour après jour ses facultés magiques augmentaient, même si sa puissance restait minime. Ceux qui n'étaient pas partit pour la Forêt Morte dormaient dans leurs cabines ou vaquaient à leurs occupations à terre, sauf Liiz dont le bruit des outils se faisait entendre à l'autre bout du navire sous ses pieds.
Ce voyage, au-delà d'une énigme à résoudre pour Hawaiki, était une occasion pour la jeune capitaine d'observer une autre.
Je la sens, ta conscience, elle est en éveil ; tu es attentif à mes pensées mais tu ne me dis rien. Pourquoi ces entraves, pourquoi l'as-tu affaibli alors que tu n'as rien imposé à aucun d'entre eux. Je ne comprends pas ce qui est en train de se passer.
Elle s'arrêta face à la porte de la salle des artefact dans la cale, une main posée sur la porte. Pour elle, aucune lueur ne s'illumina et la porte demeura close comme à chaque fois qu'elle venait ici seule.
Qu'as-tu fait, pourquoi lui ? Il est bien le seul qui aurait besoin de voir que tu n'es pas dangereux, que tu es un outil qui obéit et non un esprit qui trompe par la magie. Si tu obéis à ma volonté, pourquoi as-tu été à l'opposé de ce que je veux ? Libère-le, rends-lui sa force, rends-la lui que cette culpabilité qui me ronge cesse de croître indéfiniment !
... Toi aussi, tu culpabilise ? Ou alors ce sont mes émotions qui se fondent en toi. Je ne sais plus discerner ce qui est autonome de ce qui sort de ma tête.
Adossée à la porte, la demi-raenne lève les yeux vers l'escalier menant au pont inférieur. Une boule dans sa poitrine pulse doucement, et résonne avec l'ether de l'Eternal plus fort à cet endroit. En fermant les yeux, elle pouvait sentir à travers lui le lien vers le reste de l'équipage. Sans les voir elle pouvait sentir leur respiration, par moment elle entendait des éclats de voix en écho comme s'ils se trouvaient quelque part à bord, des mots inaudibles seuls témoins qu'ils sont en vie ; sauf un. Le silence qui entoure l'objet de ses pensées ne fait qu'accroître ce malaise.
Il est en colère, frustré, et pour ne rien arrangé affaibli. Nul besoin de lien pour le sentir mais il renforce ce sentiment qui la ronge de l'intérieur.
Tu ne veux pas faire de mal, je le sais puisqu'aucun de nous ne le veut.
Tu te mens.
Ce n'était pas l'Eternal, mais Akio qui veillait sur les enfants dans sa cabine. Il n'était pas là pour lui répondre mais le souvenir de ces paroles la frappèrent de plein fouet. Elle se laissa glisser contre la porte jusqu'à tomber sur les fesses, les épaules basse.
C'est moi... est-ce moi qui ai voulu cela ?
Je n'ai jamais souhaité qu'il souffre, seulement qu'il accepte d'observer le monde sous un autre angle. Je pensais qu'une fois à bord ce serait plus simple j'en accepte le prix mais chaque pas en avant équivaut à trois en arrière. Il lutte, tous les prétextes sont bons pour réfuter ce qu'il a admis la veille, et je suis frustrée moi aussi, et je prends sur moi pour le bien de mes hommes, je retiens mes cris. Mais je suis en colère, constamment lorsque je le vois et ce peu importe l'amour, le désir, le respect et l'admiration. Et plus elle grandit, plus je culpabilise. Je le punis, comme je me punis...
Un rictus amer se posa sur ses lèvres. Elle pouvait les voir, ces glyphes à l'intérieur des murs sans invoquer de sortilège. Tout était vrai, il était une partie d'elle ; la magie lui permet de s'adapter à l'équipage et de satisfaire leurs attentes mais il ne serait jamais un être vivant à part entière sur qui rejeter la faute de ce qui ne va pas dans ses protocoles. Comme toute magie, le lien peut-être utilisé pour le bon comme le mauvais et puisque Kikyo avait forcé Akira à la suivre, l'Eternal ne faisait que répondre à sa volonté. Et plus il s'entêtait, plus sa colère grandissait.
J'aurais beau le vouloir de tout mon cœur, je ne pourrais même pas inverser le processus... puisqu'au fond de moi je veux le faire plier. J'ai tué un homme que je dois faire renaître au cœur de l'Eternal.
Elle ferma les yeux, soufflant l'ironie de la situation. La seule ici qui ne contrôlait pas ses propres désirs était le capitaine elle-même. Elle avait peut-être remporté son duel, mais le combat faisait toujours rage entre les deux Kurusu, s'arrêterait-il un jour ?
"Capitaine, c'est à propos d'Akira.
- ... Qu'est ce qu'il a encore fait ?"
- ... Qu'est ce qu'il a encore fait ?"
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Elle retira ses gants avant d'arriver devant le Noumène, surprise par la douceur de l'été sharlayanais en pleine mer du Nord. Lui restaient en mémoire le voyage à Ilirslaent et les manteaux épais au beau milieu de l'été en Mer du Nord. Elle ne resta pas longtemps seule sous ces arbres au milieu des autres étudiants profitant du soleil, une voix familière résonna dans ses cornes.
"Kikyo !"
Son nom qui la ramena de longues années en arrière dans ces baraquements militaires sous étendard impérial. Un hyur d'une quarantaine d'année à la peau tannée par le travail dans les champs dormait toujours avec le portrait de sa femme et de son fils épinglé sous sa chemise, priant chaque soir pour les revoir un jour. Elle n'avait plus ses compagnons d'infortune depuis la libération. Mais l'homme sourit en lui tendant la main droite de son unique bras pour lui saisir l'épaule avec affection.
"Kiseru ?
- Je suis bien heureux de te revoir Kikyo. Ou devrais-je dire capitaine Kurusu, madame Kurusu peut-être ?"
Elle mit quelques instants à répondre, encore figée par la surprise.
"Kikyo, appelle-moi Kikyo. Qu'est ce que tu fais à Sharlayan ?
- J'accompagne les jeunes, ils étaient impatients de te voir tu sais."
Il pivota d'un quart pour laisser entrevoir un autre hyurois que Kikyo reconnut aussitôt comme le jeune garçon du portrait et qui devait maintenant approcher de la vingtaine, l'accompagnait un autre jeune homme plus petit dans un kimono plus neuf aux couleurs moins ternes. Tous deux affichaient, malgré l'apparente fatigue de leur voyage, un regard curieux et impressionné devant la demi-raenne en manteau.
"Je te présente mon fils Daisuke, et Itachi est le frère de Isame.
- Isame est avec toi ?"
Elle avait posé la question sans réfléchir mais le regard soudain plus sombre du jeune homme au kimono lui fit comprendre que son ancienne camarade de dortoir n'avait pas vu la fin de la guerre. Kiseru frotta l'épaule de Kikyo en silence avant de changer de sujet.
"On ne dirait pas qu'il lui ressemble hein ? En plus, sa mère lui a fait ce kimono pour le voyage, on dirait un fils de marchand !
- Alors vous êtes les deux étudiants domiens que je dois rencontrer ?"
Aussitôt les deux garçons s'inclinèrent respectueusement.
"Capitaine Kurusu, c'est nous qui avons demandé à vous rencontrer, déclara Daisuke en regardant le sol. Père nous a beaucoup parlé de vous !"
Elle cligna des yeux, habituée aux marques de respect mais peu souvent à l'intérieur de son propre pays elle qui voyage tant. Celles des eorzéens ne voyant que son statut de chef de compagnie et femme de tête ne comptaient pas vraiment car aucun d'eux ne la connaissaient, c'était étrange de voir ces deux garçons la considérer de la sorte.
"Moi aussi... moi aussi je veux voir à quoi ressemble le monde et étudier la magie. Je veux pouvoir améliorer l'agriculture de montagne pour mon village !
- Je suis Itachi Meru, et moi aussi je veux apprendre l'ingénierie et la magismologie, ma sœur me parlait du magiteck et de quels bienfaits cela apporterait à la vie des gens si les garlemaldais ne l'utilisaient pas pour la guerre !"
Son cœur manqua un battement à la vision de ces deux seuls garçons qui venaient de traverser la moitié du monde juste parce qu'ils voyaient au-delà des murs et des frontières le moyen d'avancer. Ce n'était pas vain, de petites graines commençaient à germer, d'autres suivraient, et plus jamais Doma ne serait isolée et laissée à son sort sans un mot et sans un regard.
"Nous serions honorés de recevoir vos conseils, madame !"
Cette fierté muette se mua en un pincement au coeur, sans que Kikyo ne se départisse de son demi-sourire de circonstance. Comme toujours, que ce soit Akira ou autre chose, l'ironie frappait à sa porte toujours dans ces moments-là. Elle songea à Hotaru dont elle portait la pierre gravée sous sa veste, sa cousine la lui avait tendue avec ces mots sans savoir ni chercher à obtenir de confessions sur ce qui la préoccupait : "accepte-le". Elle ferma les yeux, et inclina la tête.
"Hai. Suivez-moi."
"Kikyo !"
Son nom qui la ramena de longues années en arrière dans ces baraquements militaires sous étendard impérial. Un hyur d'une quarantaine d'année à la peau tannée par le travail dans les champs dormait toujours avec le portrait de sa femme et de son fils épinglé sous sa chemise, priant chaque soir pour les revoir un jour. Elle n'avait plus ses compagnons d'infortune depuis la libération. Mais l'homme sourit en lui tendant la main droite de son unique bras pour lui saisir l'épaule avec affection.
"Kiseru ?
- Je suis bien heureux de te revoir Kikyo. Ou devrais-je dire capitaine Kurusu, madame Kurusu peut-être ?"
Elle mit quelques instants à répondre, encore figée par la surprise.
"Kikyo, appelle-moi Kikyo. Qu'est ce que tu fais à Sharlayan ?
- J'accompagne les jeunes, ils étaient impatients de te voir tu sais."
Il pivota d'un quart pour laisser entrevoir un autre hyurois que Kikyo reconnut aussitôt comme le jeune garçon du portrait et qui devait maintenant approcher de la vingtaine, l'accompagnait un autre jeune homme plus petit dans un kimono plus neuf aux couleurs moins ternes. Tous deux affichaient, malgré l'apparente fatigue de leur voyage, un regard curieux et impressionné devant la demi-raenne en manteau.
"Je te présente mon fils Daisuke, et Itachi est le frère de Isame.
- Isame est avec toi ?"
Elle avait posé la question sans réfléchir mais le regard soudain plus sombre du jeune homme au kimono lui fit comprendre que son ancienne camarade de dortoir n'avait pas vu la fin de la guerre. Kiseru frotta l'épaule de Kikyo en silence avant de changer de sujet.
"On ne dirait pas qu'il lui ressemble hein ? En plus, sa mère lui a fait ce kimono pour le voyage, on dirait un fils de marchand !
- Alors vous êtes les deux étudiants domiens que je dois rencontrer ?"
Aussitôt les deux garçons s'inclinèrent respectueusement.
"Capitaine Kurusu, c'est nous qui avons demandé à vous rencontrer, déclara Daisuke en regardant le sol. Père nous a beaucoup parlé de vous !"
Elle cligna des yeux, habituée aux marques de respect mais peu souvent à l'intérieur de son propre pays elle qui voyage tant. Celles des eorzéens ne voyant que son statut de chef de compagnie et femme de tête ne comptaient pas vraiment car aucun d'eux ne la connaissaient, c'était étrange de voir ces deux garçons la considérer de la sorte.
"Moi aussi... moi aussi je veux voir à quoi ressemble le monde et étudier la magie. Je veux pouvoir améliorer l'agriculture de montagne pour mon village !
- Je suis Itachi Meru, et moi aussi je veux apprendre l'ingénierie et la magismologie, ma sœur me parlait du magiteck et de quels bienfaits cela apporterait à la vie des gens si les garlemaldais ne l'utilisaient pas pour la guerre !"
Son cœur manqua un battement à la vision de ces deux seuls garçons qui venaient de traverser la moitié du monde juste parce qu'ils voyaient au-delà des murs et des frontières le moyen d'avancer. Ce n'était pas vain, de petites graines commençaient à germer, d'autres suivraient, et plus jamais Doma ne serait isolée et laissée à son sort sans un mot et sans un regard.
"Nous serions honorés de recevoir vos conseils, madame !"
Cette fierté muette se mua en un pincement au coeur, sans que Kikyo ne se départisse de son demi-sourire de circonstance. Comme toujours, que ce soit Akira ou autre chose, l'ironie frappait à sa porte toujours dans ces moments-là. Elle songea à Hotaru dont elle portait la pierre gravée sous sa veste, sa cousine la lui avait tendue avec ces mots sans savoir ni chercher à obtenir de confessions sur ce qui la préoccupait : "accepte-le". Elle ferma les yeux, et inclina la tête.
"Hai. Suivez-moi."
Debout devant le berceau qui accueillerait son quatrième enfant, Kikyo profitait d'un moment de calme à l'intérieur de Ten no Tsuki. Akira avait emmené Kimiko à sa leçon du jour et les jumeaux faisaient la sieste dans le jardin sous l’œil avisé de Sunori. Elle flottait entre deux eaux, là où elle aurait dû être comblée ; elle l'était en réalité mais il fallait que ce bonheur marque la fin d'autre chose. Ironie dit-on ? Son premier sort diagnosis parfaitement exécuté et d'un niveau au-dessus, lancé sur elle-même, et elle avait vu avec ses maigres compétences médicales le résultat inévitable de sa grossesse : un enfant en parfaite santé, plus fort et plus grand que les trois autres, plus que Kimiko s'il continuait de grandir à la même vitesse ; elle n'aurait aucun mal à lui donner la vie même si cela se ferait dans une douleur bien pire.
Quatre enfants nés de son corps métisse, les trois premiers l'avaient grandement affaiblie et le quatrième serait le dernier. Elle mesurait déjà la chance qui lui était offerte, d'avoir donné quatre enfants à son mari. Quatre enfants désirés, aimés, qui allaient grandir dans sur une planète sauvée de l'Apocalypse, sans guerre contre l'Empire de Garlemald. Quatre enfants à qui elle rêvait d'offrir le monde. Quatre, c'était plus que suffisant. Elle aurait juste... souhaité que...
J'aurais aimé avoir plus de temps.
Quatre enfants nés de son corps métisse, les trois premiers l'avaient grandement affaiblie et le quatrième serait le dernier. Elle mesurait déjà la chance qui lui était offerte, d'avoir donné quatre enfants à son mari. Quatre enfants désirés, aimés, qui allaient grandir dans sur une planète sauvée de l'Apocalypse, sans guerre contre l'Empire de Garlemald. Quatre enfants à qui elle rêvait d'offrir le monde. Quatre, c'était plus que suffisant. Elle aurait juste... souhaité que...
J'aurais aimé avoir plus de temps.
"Promettez-moi de garder le secret, Silius."
L'elezen s'était contenté d'une réponse brève mais sincère en acquiesçant ; il serait une tombe. En tant que son premier médecin personnel de toute façon il aurait été le premier à être au courant si elle n'avait pas si bien réussi son diagnosis. Elle n'était pas encore prête à l'annoncer à tout le monde, à leur dire ce qui allait se passer et ce à quoi elle devait se préparer. A Akira non plus, elle l'avait évité toute la semaine et peu importe qu'il s'imagine que ce soit à cause de ce qui s'était passé à Hawaiki elle ne voulait pas qu'il s'en serve de support pour appuyer sa colère dans son état.
"Tu dois penser à l'équipage Kikyo."
Elle reprit une gorgée de thé, le regard posé sur la mer depuis le Dernier Rempart. La saison des expédition battait son plein, l'été grouillait de vie et sa grossesse apportait aussi de la joie à la compagnie, cet enfant conçu au beau milieu de l'Apocalypse représentait bien plus qu'un Kurusu de plus à leurs yeux ; et il serait fort.
"Nous avons encore du temps devant nous. Je n'ai pas l'intention d'abandonner mes ambitions quelque soit la forme ou la place que j'occupe, je reste à la tête de cette compagnie.
- L'aura, Kikyo. Ton aura."
Se plonger dans ses études de noologie était un bon moyen de faire le vide et son mentor non-assumé ne le savait que trop bien. Kikyo avait toujours été du genre à méditer par le travail acharné. Quand il se leva et avant de repartir, il la "mit au défi" -pour ne pas dire qu'il la guidait comme le professeur qu'il était- d'apprendre le sort "zoe" d'un niveau tellement plus avancé que les schémas qu'elle traçait déjà avec quelques difficultés. Elle s'y attelait avec le plus grand sérieux, d'abord à Sharlayan puis à son retour dans son bureau, dans le jardin, sans cesse. Aux yeux de tous, Kikyo semblait se murer dans un silence concentré, sans doute pour digérer les derniers déboires avec son mari. Dans ces conditions, personne n'osait venir la troubler plus que nécessaire.
Elle traçait les diagrammes avec son ether, toujours plus précis, toujours plus stable, mais ils manquaient clairement de puissance. Ce sort était sensé renforcer le niveau des soins prodigués, bien plus difficile à réaliser qu'un sort de base mais elle voulait y arriver, quoi qu'il en coûte.
Après tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai accompli, tout ce que j'endure encore et encore...!
Ce sort, bien trop avancé pour elle, était devenu la représentation de tout le reste... tout ce qui lui échappait, qui se dérobait depuis qu'elle avait vu l'avenir inévitable peser au bas de son ventre. Ce à quoi elle ne pouvait échapper, et elle n'y voulait pas d'ailleurs. Cet enfant, son enfant comptait plus que tout.
Mon fils, MON fils. Je refuse de le regarder comme la cause de mon malheur, je refuse que lui me regarde en se sentant coupable.
Le tracé toujours parfait refusait inexorablement de se charger en énergie suffisante pour se lancer, et chaque échec faisait monter les larmes dans ses yeux, des larmes de rage. Elle avait juré de leur offrir le monde, de servir son pays et l'avenir de Doma était en marche. Des étudiants domiens entraient à Sharlayan et elle leur ouvrirait d'autres possibilités aussi longtemps que l'Eternal pourrait voyager, Ivanhault avait même parlé un jour d'une flotte entière alors pourquoi pas ? Ses rêves, ses ambitions... ça ne s’arrêterait pas, ELLE n'arrêterait jamais et ce fichu diagramme finirait par s'activer !
L'explosion d'ether fit voler les feuilles de son bureau et renversa un verre presque vide, Kikyo se retrouva au sol de fatigue à frapper le sol de son poing. des pas s'arrêtèrent derrière la porte, comme si quelqu'un allait frapper.
"J'ai dit que je voulais rester seule !"
Mais personne ne frappa, aucune voix ne se fit entendre. Elle entendit qu'on déposait quelque chose dans le couloir et les pas s'éloignèrent. Il fallut un certain temps avant que Kikyo ne se décide à aller ouvrir, et ramasser la mallette qui se trouvait là à son attention. une très grande mallette qu'elle eut du mal à porter à l'intérieur et la poser sur la table. Un mot y était également laissé à son attention :
[size=4][font=georgia]"Ces noulithes ont autrefois appartenue à une Sharlayanaise du nom d'Izene Lauvoix. Médecin de génie appartenant à une lignée de grand botaniste, elle s'est tournée vers les remèdes de tout type de poisons. C'était d'ailleurs sa plus grande spécialité. Nous, Archiviste, ne connaissons pas grand chose de sa vie et de ses fréquentations antérieur, mais nous savons ce qu'elle a fait et ce qu'elle a accomplie durant sa vie. Quand tu auras progressé, tu auras le droit de les manipuler. Pas avant. "[/font][/size]
La signature de Silius, ainsi que le sceau officiel des Archivistes y était apposé. Pendant un instant, toute émotion avait laissé place à une curiosité soudaine dans les yeux de Kikyo qui s'empressa d'ouvrir le contenant.
Les noulithes y avaient été recouvertes d'une soie bleu azur avec des dorures argentés. En dessous, deux matérias bleu claires déjà taillés attendaient visiblement d'être sertie. En dessous, elle découvrit les quatre noutiths magnifiques taillées dans un matériaux bleu sombre. Malgré l'aspect abimé, très vécu, elles semblaient toujours actives et prête à l'emploi, mais aussi maintenues par des chaines éthérés, signifiant sans doute un "On touche qu'avec les yeux".
Enfin un sourire naquit sur ce visage blessé. Le temps ne lui manquait pas pour tout au final, elle en avait encore assez pour envisager l'avenir autrement et faire en sorte que rien n'arrête ni l'Eternal, ni les rêves de ceux qui se trouvent à bord.
L'elezen s'était contenté d'une réponse brève mais sincère en acquiesçant ; il serait une tombe. En tant que son premier médecin personnel de toute façon il aurait été le premier à être au courant si elle n'avait pas si bien réussi son diagnosis. Elle n'était pas encore prête à l'annoncer à tout le monde, à leur dire ce qui allait se passer et ce à quoi elle devait se préparer. A Akira non plus, elle l'avait évité toute la semaine et peu importe qu'il s'imagine que ce soit à cause de ce qui s'était passé à Hawaiki elle ne voulait pas qu'il s'en serve de support pour appuyer sa colère dans son état.
"Tu dois penser à l'équipage Kikyo."
Elle reprit une gorgée de thé, le regard posé sur la mer depuis le Dernier Rempart. La saison des expédition battait son plein, l'été grouillait de vie et sa grossesse apportait aussi de la joie à la compagnie, cet enfant conçu au beau milieu de l'Apocalypse représentait bien plus qu'un Kurusu de plus à leurs yeux ; et il serait fort.
"Nous avons encore du temps devant nous. Je n'ai pas l'intention d'abandonner mes ambitions quelque soit la forme ou la place que j'occupe, je reste à la tête de cette compagnie.
- L'aura, Kikyo. Ton aura."
Se plonger dans ses études de noologie était un bon moyen de faire le vide et son mentor non-assumé ne le savait que trop bien. Kikyo avait toujours été du genre à méditer par le travail acharné. Quand il se leva et avant de repartir, il la "mit au défi" -pour ne pas dire qu'il la guidait comme le professeur qu'il était- d'apprendre le sort "zoe" d'un niveau tellement plus avancé que les schémas qu'elle traçait déjà avec quelques difficultés. Elle s'y attelait avec le plus grand sérieux, d'abord à Sharlayan puis à son retour dans son bureau, dans le jardin, sans cesse. Aux yeux de tous, Kikyo semblait se murer dans un silence concentré, sans doute pour digérer les derniers déboires avec son mari. Dans ces conditions, personne n'osait venir la troubler plus que nécessaire.
Elle traçait les diagrammes avec son ether, toujours plus précis, toujours plus stable, mais ils manquaient clairement de puissance. Ce sort était sensé renforcer le niveau des soins prodigués, bien plus difficile à réaliser qu'un sort de base mais elle voulait y arriver, quoi qu'il en coûte.
Après tout ce que j'ai fait, tout ce que j'ai accompli, tout ce que j'endure encore et encore...!
Ce sort, bien trop avancé pour elle, était devenu la représentation de tout le reste... tout ce qui lui échappait, qui se dérobait depuis qu'elle avait vu l'avenir inévitable peser au bas de son ventre. Ce à quoi elle ne pouvait échapper, et elle n'y voulait pas d'ailleurs. Cet enfant, son enfant comptait plus que tout.
Mon fils, MON fils. Je refuse de le regarder comme la cause de mon malheur, je refuse que lui me regarde en se sentant coupable.
Le tracé toujours parfait refusait inexorablement de se charger en énergie suffisante pour se lancer, et chaque échec faisait monter les larmes dans ses yeux, des larmes de rage. Elle avait juré de leur offrir le monde, de servir son pays et l'avenir de Doma était en marche. Des étudiants domiens entraient à Sharlayan et elle leur ouvrirait d'autres possibilités aussi longtemps que l'Eternal pourrait voyager, Ivanhault avait même parlé un jour d'une flotte entière alors pourquoi pas ? Ses rêves, ses ambitions... ça ne s’arrêterait pas, ELLE n'arrêterait jamais et ce fichu diagramme finirait par s'activer !
L'explosion d'ether fit voler les feuilles de son bureau et renversa un verre presque vide, Kikyo se retrouva au sol de fatigue à frapper le sol de son poing. des pas s'arrêtèrent derrière la porte, comme si quelqu'un allait frapper.
"J'ai dit que je voulais rester seule !"
Mais personne ne frappa, aucune voix ne se fit entendre. Elle entendit qu'on déposait quelque chose dans le couloir et les pas s'éloignèrent. Il fallut un certain temps avant que Kikyo ne se décide à aller ouvrir, et ramasser la mallette qui se trouvait là à son attention. une très grande mallette qu'elle eut du mal à porter à l'intérieur et la poser sur la table. Un mot y était également laissé à son attention :
[size=4][font=georgia]"Ces noulithes ont autrefois appartenue à une Sharlayanaise du nom d'Izene Lauvoix. Médecin de génie appartenant à une lignée de grand botaniste, elle s'est tournée vers les remèdes de tout type de poisons. C'était d'ailleurs sa plus grande spécialité. Nous, Archiviste, ne connaissons pas grand chose de sa vie et de ses fréquentations antérieur, mais nous savons ce qu'elle a fait et ce qu'elle a accomplie durant sa vie. Quand tu auras progressé, tu auras le droit de les manipuler. Pas avant. "[/font][/size]
La signature de Silius, ainsi que le sceau officiel des Archivistes y était apposé. Pendant un instant, toute émotion avait laissé place à une curiosité soudaine dans les yeux de Kikyo qui s'empressa d'ouvrir le contenant.
Les noulithes y avaient été recouvertes d'une soie bleu azur avec des dorures argentés. En dessous, deux matérias bleu claires déjà taillés attendaient visiblement d'être sertie. En dessous, elle découvrit les quatre noutiths magnifiques taillées dans un matériaux bleu sombre. Malgré l'aspect abimé, très vécu, elles semblaient toujours actives et prête à l'emploi, mais aussi maintenues par des chaines éthérés, signifiant sans doute un "On touche qu'avec les yeux".
Enfin un sourire naquit sur ce visage blessé. Le temps ne lui manquait pas pour tout au final, elle en avait encore assez pour envisager l'avenir autrement et faire en sorte que rien n'arrête ni l'Eternal, ni les rêves de ceux qui se trouvent à bord.
Elle était encore leur capitaine.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Le hall de l'académie de magie grouillait de monde aux alentours de midi. A la sortie des cours de la matinée, ceux qui ne se précipitaient pas au Dernier Rempart chercher un repas décent se précipitaient sur les bancs et les moindres recoins où s'asseoir pour manger leur infâme sagepain tout en étudiant les cours de l'après-midi.
"Cela fait maintenant six lunes, professeur, que nous vous avons transmis les cristaux du Pandora. Pourquoi est-ce si long ?
- Croyez bien que j'en suis le premier frustré, capitaine Kurusu. Avec tout ce remue-ménage à Sharlayan, l'ouverture aux aventuriers étrangers et ce qui se passe au niveau de la Tour de Babil les chercheurs sont constamment réquisitionnés... et comme vous le savez mon département n'es pas le plus populaire, ni le plus subventionné."
Ils ne parlaient pas très fort, même noir de monde on aurait presque pu entendre les mouches voler dans l'entrée et le moindre éclat de voix résonnait comme dans un théâtre. Kikyo souffla par le nez, agacée, tandis que le professeur Blake tentait en vain de la rassurer d'un sourire.
"Dans un autre registre, madame, votre dernière expédition a été un succès on ne me parle plus que de vous lorsque je reçois un confrère. Je pense, sans mentir, que Hawaiki pourrait figurer dans les premières conférences de la rentrée prochaine. Si nous jouons correctement nos cartes, vous et moi obtiendront ce que nous voulons."
Kikyo haussa les sourcils.
"Vous faites sensation auprès de plus en plus d'enthousiastes de l'ouverture, l'exploration du monde va de paire avec ce nouveau souffle qui anime la ville, on parle de vous. Je vous imagine déjà rejoindre les premières expéditions officielles à Mare Lamentorum !
- Et vous, vous y gagnez quoi ?"
Un sourire benêt mais pas moins sincère se dessina sur les lèvres du professeur Blake qui joignit alors ses deux mains devant son menton, le regard illuminé d'espoir.
"Un bureau plus grand qu'un cagibi et un laboratoire de recherche au premier étage avec des fenêtres, de vraies fenêtres ! Fini les ronflements de la buanderie à l'autre bout du couloir..."
Le ton rêveur ne dissimulait pas les réelles ambitions derrières l'humour. Se voir cantonné au banc de touche alors que les groupes d'aventuriers se massaient au port de l'Erudit, après avoir travaillé d'arrache-pied pendant des lunes pour faire entrer l'Eternal et obtenir ce partenariat devait être tout aussi frustrant pour lui que pour elle ; néanmoins elle ne voulait pas se laisser attendrir par la chaleureuse excentricité de son allié.
"Faites votre travail dans ce cas, mes hommes commencent à s'impatienter.
Il pourra un long soupir en réaction.
"Tout se passe normalement, ceci dit c'est un peu long. Et je vous assure que chaque donnée récupérée vous est aussitôt transmise. Vos hommes n'ont-ils pas de quoi s'occuper d'ici là ?
- Cela reste notre quête, professeur. La nôtre, pas celle de Sharlayan."
Le hyurois se contenta de hocher la tête ; quand cette femme tranche il est inutile de discuter. De toute façon cela ne ferait pas aller plus vite quand on sait tout ce sur quoi le Conseil pose ses priorités.
Il la raccompagna jusqu'à la place de l'ethérite avant de se séparer pour se rendre au labyrinthos. Après l'avoir salué, Kikyo resta pensive un moment à contempler l'agora et les passants venus de partout. La patience, qui d'ordinaire était son principal atout, commençait à vaciller et elle ne pouvait mettre cela sur le compte de sa grossesse ; trop de choses à attendre dans un délai plus ou moins long sans pouvoir rien faire pour accélérer les choses. Dans doute était-ce dû également à la possibilité qu'elle ne soit plus en mesure de poursuivre cette entreprise avec autant d'assiduité dans quelques semaines.
"Cela fait maintenant six lunes, professeur, que nous vous avons transmis les cristaux du Pandora. Pourquoi est-ce si long ?
- Croyez bien que j'en suis le premier frustré, capitaine Kurusu. Avec tout ce remue-ménage à Sharlayan, l'ouverture aux aventuriers étrangers et ce qui se passe au niveau de la Tour de Babil les chercheurs sont constamment réquisitionnés... et comme vous le savez mon département n'es pas le plus populaire, ni le plus subventionné."
Ils ne parlaient pas très fort, même noir de monde on aurait presque pu entendre les mouches voler dans l'entrée et le moindre éclat de voix résonnait comme dans un théâtre. Kikyo souffla par le nez, agacée, tandis que le professeur Blake tentait en vain de la rassurer d'un sourire.
"Dans un autre registre, madame, votre dernière expédition a été un succès on ne me parle plus que de vous lorsque je reçois un confrère. Je pense, sans mentir, que Hawaiki pourrait figurer dans les premières conférences de la rentrée prochaine. Si nous jouons correctement nos cartes, vous et moi obtiendront ce que nous voulons."
Kikyo haussa les sourcils.
"Vous faites sensation auprès de plus en plus d'enthousiastes de l'ouverture, l'exploration du monde va de paire avec ce nouveau souffle qui anime la ville, on parle de vous. Je vous imagine déjà rejoindre les premières expéditions officielles à Mare Lamentorum !
- Et vous, vous y gagnez quoi ?"
Un sourire benêt mais pas moins sincère se dessina sur les lèvres du professeur Blake qui joignit alors ses deux mains devant son menton, le regard illuminé d'espoir.
"Un bureau plus grand qu'un cagibi et un laboratoire de recherche au premier étage avec des fenêtres, de vraies fenêtres ! Fini les ronflements de la buanderie à l'autre bout du couloir..."
Le ton rêveur ne dissimulait pas les réelles ambitions derrières l'humour. Se voir cantonné au banc de touche alors que les groupes d'aventuriers se massaient au port de l'Erudit, après avoir travaillé d'arrache-pied pendant des lunes pour faire entrer l'Eternal et obtenir ce partenariat devait être tout aussi frustrant pour lui que pour elle ; néanmoins elle ne voulait pas se laisser attendrir par la chaleureuse excentricité de son allié.
"Faites votre travail dans ce cas, mes hommes commencent à s'impatienter.
Il pourra un long soupir en réaction.
"Tout se passe normalement, ceci dit c'est un peu long. Et je vous assure que chaque donnée récupérée vous est aussitôt transmise. Vos hommes n'ont-ils pas de quoi s'occuper d'ici là ?
- Cela reste notre quête, professeur. La nôtre, pas celle de Sharlayan."
Le hyurois se contenta de hocher la tête ; quand cette femme tranche il est inutile de discuter. De toute façon cela ne ferait pas aller plus vite quand on sait tout ce sur quoi le Conseil pose ses priorités.
Il la raccompagna jusqu'à la place de l'ethérite avant de se séparer pour se rendre au labyrinthos. Après l'avoir salué, Kikyo resta pensive un moment à contempler l'agora et les passants venus de partout. La patience, qui d'ordinaire était son principal atout, commençait à vaciller et elle ne pouvait mettre cela sur le compte de sa grossesse ; trop de choses à attendre dans un délai plus ou moins long sans pouvoir rien faire pour accélérer les choses. Dans doute était-ce dû également à la possibilité qu'elle ne soit plus en mesure de poursuivre cette entreprise avec autant d'assiduité dans quelques semaines.
"Capitaine ! madame !"
Un Gyoban agité frappa trois fois à la porte du bureau avant d'entrer, et se dandinait vers elle sa queue de namazu se balançant nerveusement. Il trébucha trois fois avant de l'atteindre -alors qu'ils n'étaient séparés que de trois yalms- tout en lui tendant une lettre.
"Monsieur Ashina a envoyé ceci à l'Escale, c'est arrivé ce matin. Madame il faut que vous rentriez vite vite !"
Il sautillait sur place, attendant qu'elle finisse de lire. Les sourcils du capitaine froncèrent et elle se mordit la lèvre inférieure ; son sang bouillonnait déjà d'excitation. Yone était partit retrouver sa mère malade pour quelques jours, sans se douter que la pauvre femme, qui avait jusque là toujours refusé de lui parler de son père, était sur le point de flancher. En silence, elle ne pouvait qu'imaginer la douleur et les difficultés qu'Ayame Ashina avait affronté en élevant seule son fils unique... un fils dont la destinée était liée à l'Eternal par on ne sait quel moyen.
Elle fixa la carte qui accompagnait la lettre, et ne lui disait absolument rien. Cela semblait se trouver dans les régions montagneuses de Yanxia on peut être un pays voisin mais impossible à localiser avec précision.
"C'est ce que son père cherchait... alors cela a peut-être un lien avec l'Eternal, et avec nous."
Elle tendit la carte et la lettre au namazu avant d'ouvrir le premier tiroir de son bureau.
"Épinglez ceci au tableau de bord, vous allons chercher à quoi correspond cette carte. Ensuite nou-
- Bien madame, mais vous savez... Mademoiselle Hotaru est déjà partie enquêter !"
Il y eut un silence, suivi d'un éclat de rire comme on les entendait rarement dans le bureau du capitaine Kurusu, heureusement la porte était fermée. L'kihi manqua d'en laisser tomber sa serpillère et Devara en renversa quelques gouttes de café en servant une tasse à Arthurin. "Les hormones, ce n'est pas possible autrement" maugréa l'elezen avant de boire. Personne n'oserait imaginer qu'il pourrait en être autrement.
"Ma-... madame ?! Bredouilla le namazu choqué.
- Allons, ne perdons pas plus de temps. Assure-toi qu'ils aient tous les moyens de leur enquête et envoie un courrier à Yone pour l'avertir. Je vais me rendre en personne au Quartier Enclavé, j'en profiterais pour informer les autorités de notre projet d'expédition dans les montagnes."
Gyoban s'inclina et s'en fut en se dandinant frénétiquement. Kikyo sourit et se tourna vers la baie vitrée derrière son fauteuil. Elle se saisit de l'élastique sortit de son tiroir et releva ses cheveux pour les attacher au-dessus de sa nuque, le regard sur l'horizon devant elle.
Un Gyoban agité frappa trois fois à la porte du bureau avant d'entrer, et se dandinait vers elle sa queue de namazu se balançant nerveusement. Il trébucha trois fois avant de l'atteindre -alors qu'ils n'étaient séparés que de trois yalms- tout en lui tendant une lettre.
"Monsieur Ashina a envoyé ceci à l'Escale, c'est arrivé ce matin. Madame il faut que vous rentriez vite vite !"
Il sautillait sur place, attendant qu'elle finisse de lire. Les sourcils du capitaine froncèrent et elle se mordit la lèvre inférieure ; son sang bouillonnait déjà d'excitation. Yone était partit retrouver sa mère malade pour quelques jours, sans se douter que la pauvre femme, qui avait jusque là toujours refusé de lui parler de son père, était sur le point de flancher. En silence, elle ne pouvait qu'imaginer la douleur et les difficultés qu'Ayame Ashina avait affronté en élevant seule son fils unique... un fils dont la destinée était liée à l'Eternal par on ne sait quel moyen.
Elle fixa la carte qui accompagnait la lettre, et ne lui disait absolument rien. Cela semblait se trouver dans les régions montagneuses de Yanxia on peut être un pays voisin mais impossible à localiser avec précision.
"C'est ce que son père cherchait... alors cela a peut-être un lien avec l'Eternal, et avec nous."
Elle tendit la carte et la lettre au namazu avant d'ouvrir le premier tiroir de son bureau.
"Épinglez ceci au tableau de bord, vous allons chercher à quoi correspond cette carte. Ensuite nou-
- Bien madame, mais vous savez... Mademoiselle Hotaru est déjà partie enquêter !"
Il y eut un silence, suivi d'un éclat de rire comme on les entendait rarement dans le bureau du capitaine Kurusu, heureusement la porte était fermée. L'kihi manqua d'en laisser tomber sa serpillère et Devara en renversa quelques gouttes de café en servant une tasse à Arthurin. "Les hormones, ce n'est pas possible autrement" maugréa l'elezen avant de boire. Personne n'oserait imaginer qu'il pourrait en être autrement.
"Ma-... madame ?! Bredouilla le namazu choqué.
- Allons, ne perdons pas plus de temps. Assure-toi qu'ils aient tous les moyens de leur enquête et envoie un courrier à Yone pour l'avertir. Je vais me rendre en personne au Quartier Enclavé, j'en profiterais pour informer les autorités de notre projet d'expédition dans les montagnes."
Gyoban s'inclina et s'en fut en se dandinant frénétiquement. Kikyo sourit et se tourna vers la baie vitrée derrière son fauteuil. Elle se saisit de l'élastique sortit de son tiroir et releva ses cheveux pour les attacher au-dessus de sa nuque, le regard sur l'horizon devant elle.
"Encore trop tôt pour être à la traine."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
Spoiler : cliquez pour afficher
"Izène Lauvoix était une toxicologue aux méthodes controversées, néanmoins ses travaux ont apporté quelque chose au monde de la médecine. Cela n'a pas empêché qu'elle soit renvoyée du collège des sages et elle quitta Sharlayan pour on ne sait où. Ses nouliths se nomment Atropia, ils ont été conservés par les Archivistes depuis."
Elle songeait toujours à ces mots de Silius lorsqu'elle déploya ses nouvelles armes pour la énième fois, s'habituant peu à peu à leur poids, leur raille et leur forme si particulière à ses yeux. Un symétrie parfaite, autour d'un centre de gravité bien équilibré qui augmente la fréquence de tir via une rotation des extrémités. Ils avaient l'apparence d'une aiguille, taillés pour l'offensive et la vitesse, exactement comme l'était son tout premier katana. Silius s'était arrangé pour lui offrir l'arme la plus adaptée à ses talents quitte à se mettre dans une situation inconfortable.
"Comment les avez-vous convaincu de me les donner ?
- Il leur a fait croire qu'ils étaient pour lui." Avait répondu Ivanhault, ne lui laissant aucune voie de secours via une réponse crédible.
Le visage renfrogné de l'elezen à cet instant lui avait arraché un demi-sourire. "Considérez ceci comme mon seul cadeau" avait-il dit, alors qu'il lui avait pourtant offert ses premiers nouliths d'entraînement et bon nombre de conseils pour son examen. Plus elle les regardait voler autour d'elle, répondant à ses gestes avec de moins en moins de difficultés, plus elle les aimait. Chaque pas en avant lui faisait apprécier cette discipline qu'Akira avait accepté sans mal dans leur vie, bien qu'il ai fait mention d'autres domaines qu'elle aurait pu choisir comme marionnettiste mais elle avait déjà un familier. Désormais, seul l'apprentissage du dressage de combat à la manière des bozjiens, si cela nécessitait un jour l'obtention d'un cristal, pourrait la détourner de la noologie parfaitement froide et pragmatique, sans contrainte de foi ou de conviction autre la protection et le soin. A l'image de l'ancienne propriétaire de ces nouliths, elle se voyait devenir un sage controversé à cause de ses pratiques, son vrai talent pointait déjà le bout de son nez.
"La meilleure défense, c'est l'attaque."
Debout devant la cible, elle concentra son ether à l'intérieur des nouliths afin de lancer le sort qu'elle maîtrisait le mieux, loin devant les diagrammes de soin et de bouclier.
"Eukrasia ! ... Dosis eucrasique !"
On ne se refait pas.
Elle songeait toujours à ces mots de Silius lorsqu'elle déploya ses nouvelles armes pour la énième fois, s'habituant peu à peu à leur poids, leur raille et leur forme si particulière à ses yeux. Un symétrie parfaite, autour d'un centre de gravité bien équilibré qui augmente la fréquence de tir via une rotation des extrémités. Ils avaient l'apparence d'une aiguille, taillés pour l'offensive et la vitesse, exactement comme l'était son tout premier katana. Silius s'était arrangé pour lui offrir l'arme la plus adaptée à ses talents quitte à se mettre dans une situation inconfortable.
"Comment les avez-vous convaincu de me les donner ?
- Il leur a fait croire qu'ils étaient pour lui." Avait répondu Ivanhault, ne lui laissant aucune voie de secours via une réponse crédible.
Le visage renfrogné de l'elezen à cet instant lui avait arraché un demi-sourire. "Considérez ceci comme mon seul cadeau" avait-il dit, alors qu'il lui avait pourtant offert ses premiers nouliths d'entraînement et bon nombre de conseils pour son examen. Plus elle les regardait voler autour d'elle, répondant à ses gestes avec de moins en moins de difficultés, plus elle les aimait. Chaque pas en avant lui faisait apprécier cette discipline qu'Akira avait accepté sans mal dans leur vie, bien qu'il ai fait mention d'autres domaines qu'elle aurait pu choisir comme marionnettiste mais elle avait déjà un familier. Désormais, seul l'apprentissage du dressage de combat à la manière des bozjiens, si cela nécessitait un jour l'obtention d'un cristal, pourrait la détourner de la noologie parfaitement froide et pragmatique, sans contrainte de foi ou de conviction autre la protection et le soin. A l'image de l'ancienne propriétaire de ces nouliths, elle se voyait devenir un sage controversé à cause de ses pratiques, son vrai talent pointait déjà le bout de son nez.
"La meilleure défense, c'est l'attaque."
Debout devant la cible, elle concentra son ether à l'intérieur des nouliths afin de lancer le sort qu'elle maîtrisait le mieux, loin devant les diagrammes de soin et de bouclier.
"Eukrasia ! ... Dosis eucrasique !"
On ne se refait pas.
Les derniers documents nécessaires au voyage attendaient sur un coin du bureau. Autorisation de circuler, mandat d'expédition officiel et certification de la compagnie, Yanxia comptait nettement moins d'aventuriers qu'Eorzéa et l'Eternal rencontrerait certainement plus d'un contrôle au cours de son prochain voyage. Elle les glissa dans son sac et fit un dernier tour le long des étagères ; tout est en ordre.
L'absence du quartier-maître se compensait tant bien que mal lors de ces préparatifs, chacun y mettait du sien afin qu'à sa sortir Kyuuji retrouve l'inventaire et les cargaisons de matériel bien en ordre et bien rangées au fond de la cambuse.
D'un geste de la main, Kikyo souleva les quatre nouliths dans les airs, qui vinrent s'accrocher à son dos. Contrairement à ses armes d'entrainement, celles-ci ne pourraient se dissimuler à sa ceinture sous forme de petites boules métalliques. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas affichée avec des armes visibles ? Cette pensée lui arracha un sourire. Deux ans qu'elle avait renoncé à Shiroyume pour une personne qui le méritait davantage ; sans regret. Ses doigts effleurèrent la pointe dépassant derrière son épaule, son visage se para d'un demi-sourire satisfait.
"Avec toi, je sens que mes progrès ne feront qu'augmenter."
Elle ne se sentait pas plus médecin que soigneuse malgré l'évolution conséquente de sa puissance magique au cours de ces dernières lunes. La magie protectrice et offensive lui paraissaient plus facile d'accès, plus naturelle. L'utilité du Kardia suffisait pour le moment à sa capacité de soin optimale, après tout elle n'avait pas de talent magique inné comme certains et sa réserve d'ether n'était pas très haute.
Elle n'avait pas fini d'ouvrir la porte que Gyoban déboula dans le couloir sur ses petits pieds de Namazu.
"Madame ! madame !"
Il agitait dans sa nageoire une lettre de Gridania, que Kikyo saisit au vol avant qu'il ne fonce, emporté par son élan, glisser à l'autre bout du couloir jusqu'à la porte de la salle d'armes. Elle n'avait pas besoin de l'ouvrir pour savoir de quoi il s'agissait, toutefois la date et l'heure qu'elle contenait avait toute son importance dans le prochain départ de l'expédition. Elle fronça les sourcils.
"Mercredi. Ils nous retardent d'un jour, fichus gridaniens."
La porte du bureau se ferma d'un coup sec, et l'on entendit les talons du capitaine claquer sur le plancher jusqu'à sa sortie de l'Escale ; ce genre de moment où il valait mieux ne pas chercher à la ralentir.
L'absence du quartier-maître se compensait tant bien que mal lors de ces préparatifs, chacun y mettait du sien afin qu'à sa sortir Kyuuji retrouve l'inventaire et les cargaisons de matériel bien en ordre et bien rangées au fond de la cambuse.
D'un geste de la main, Kikyo souleva les quatre nouliths dans les airs, qui vinrent s'accrocher à son dos. Contrairement à ses armes d'entrainement, celles-ci ne pourraient se dissimuler à sa ceinture sous forme de petites boules métalliques. Depuis combien de temps ne s'était-elle pas affichée avec des armes visibles ? Cette pensée lui arracha un sourire. Deux ans qu'elle avait renoncé à Shiroyume pour une personne qui le méritait davantage ; sans regret. Ses doigts effleurèrent la pointe dépassant derrière son épaule, son visage se para d'un demi-sourire satisfait.
"Avec toi, je sens que mes progrès ne feront qu'augmenter."
Elle ne se sentait pas plus médecin que soigneuse malgré l'évolution conséquente de sa puissance magique au cours de ces dernières lunes. La magie protectrice et offensive lui paraissaient plus facile d'accès, plus naturelle. L'utilité du Kardia suffisait pour le moment à sa capacité de soin optimale, après tout elle n'avait pas de talent magique inné comme certains et sa réserve d'ether n'était pas très haute.
Elle n'avait pas fini d'ouvrir la porte que Gyoban déboula dans le couloir sur ses petits pieds de Namazu.
"Madame ! madame !"
Il agitait dans sa nageoire une lettre de Gridania, que Kikyo saisit au vol avant qu'il ne fonce, emporté par son élan, glisser à l'autre bout du couloir jusqu'à la porte de la salle d'armes. Elle n'avait pas besoin de l'ouvrir pour savoir de quoi il s'agissait, toutefois la date et l'heure qu'elle contenait avait toute son importance dans le prochain départ de l'expédition. Elle fronça les sourcils.
"Mercredi. Ils nous retardent d'un jour, fichus gridaniens."
La porte du bureau se ferma d'un coup sec, et l'on entendit les talons du capitaine claquer sur le plancher jusqu'à sa sortie de l'Escale ; ce genre de moment où il valait mieux ne pas chercher à la ralentir.
Nul doute que Kikyo Kurusu compterait parmi les Sages les plus offensifs de l'histoire.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Dans une demi-obscurité, elle se voyait toujours debout face à la porte de la cale, observant chaque rune et chaque symbole sur son contour au point de s'en remémorer tous les détails au réveil. Elle restait simplement là, debout et immobile pendant un temps indéfinissable jusqu'à ce qu'elle entende le clic du déverrouillage et le grincement des rouages ; le loquet s'ouvre et lentement le passage se dévoile sans qu'elle puisse voir ce qui se trouve de l'autre côté lors qu'elle devrait normalement y voir les centaines d'objets précieux à inutiles contenus dans cette pièce si bien protégée.
"L'heure n'est pas encore venue."
Et la porte se refermait sous ses yeux, avant qu'elle se réveille au bruit du loquet résonnant à ses cornes.
Encore ce rêve...
C'était au beau milieu de la nuit et tout le monde dormait, mais comme à chaque fois elle ne put se rendormir et quitta le fauteuil à bascule de la chambre des enfants sans un bruit. Le plancher du couloir grinça légèrement sous ses pieds nus, arrachant à ses lèvres une grimace lors qu'elle baissait le regard sur son ventre désormais bien arrondi. Chaque jour, elle se sentait plus lourde, plus fatiguée.
Marcher jusqu'à l'ethérite ne fut pas plus difficile que traverser Limsa Lominsa, certes moins animée mais sillonner les rues entre les ivrognes en train de cuver et les derniers aventuriers fêtards jusqu'au quai numéro six.
"Si je ne dors pas, j'imagine que toi non plus n'est-ce pas ?"
Les pantins non plus ne dorment jamais, même à cette heure ils balayaient le pont sans se soucier de l'insomnie du capitaine qui se dirigea vers le mat central qu'elle effleura d'une main, avant de descendre vers les niveaux inférieurs, vides. Depuis que Liiz avait emménagé avec Iko, il y avait peu de chances que Kikyo croise qui que ce soit cette nuit-là et si quelqu'un avait été présent elle ne l'aurait sans doute pas remarqué, attirée vers la large porte à double battant ornée de symboles chargés d'ether et pulsant doucement, comme un cœur qui palpite.
Elle avait vu chacun de ses hommes devant cette porte, poser leur main sur le bois et vu ces tracés s'illuminer avant qu'elle s'ouvre pour les laisser entrer. Tous en étaient ressortit avec un artefact, tous sauf elle. Officiellement, rien de plus normal pour un capitaine qui n'a besoin d'un autre atout que son seul navire, elle ne s'était jamais sentie manquer de quoi que ce soit et appréciait toujours de les amener ici. Ivanhault avait eu raison sur ce point dès le départ : un membre de l'équipage n'en devient un réellement qu'au jour où il reçoit son artefact, aussi inutile ou extravagant soit-il, c'est un symbole auquel s'ajouterait bientôt l'insigne dessiné et réalisé par Valorius.
"... Oui, je crois qu'ils pensent la même chose. En fait la seule qui a du mal à se faire l'idée, c'est surtout moi."
Un long soupir ponctua cet aveux, avant qu'elle n'entende le clic derrière le loquet. La porte demeura close, mais elle ressentait pour la première fois cet étrange appel, comme un murmure silencieux, une intuition de plus en plus grande mais qui ne forçait rien dans son esprit. Ce n'était pas un manque de confiance, ce n'était pas non plus la crainte qui l'empêchait d'avancer mais elle savait que dès qu'elle aurait posé sa main sur la poignée, si celle-ci s'ouvrait, plus rien ne serait comme avant et elle aurait elle-même choisi l'issue à donner à ce chapitre.
"Bon, ce n'est pas comme si j'étais devenue coutumière de ces sauts dans le vide depuis que je suis venue a monde."
Mais le moment n'était pas-être pas encore venu, ce n'est pas pour rien si le capitaine n'entre jamais, s'il ne touche jamais à cette porte.
"L'heure n'est pas encore venue."
Et la porte se refermait sous ses yeux, avant qu'elle se réveille au bruit du loquet résonnant à ses cornes.
Encore ce rêve...
C'était au beau milieu de la nuit et tout le monde dormait, mais comme à chaque fois elle ne put se rendormir et quitta le fauteuil à bascule de la chambre des enfants sans un bruit. Le plancher du couloir grinça légèrement sous ses pieds nus, arrachant à ses lèvres une grimace lors qu'elle baissait le regard sur son ventre désormais bien arrondi. Chaque jour, elle se sentait plus lourde, plus fatiguée.
Marcher jusqu'à l'ethérite ne fut pas plus difficile que traverser Limsa Lominsa, certes moins animée mais sillonner les rues entre les ivrognes en train de cuver et les derniers aventuriers fêtards jusqu'au quai numéro six.
"Si je ne dors pas, j'imagine que toi non plus n'est-ce pas ?"
Les pantins non plus ne dorment jamais, même à cette heure ils balayaient le pont sans se soucier de l'insomnie du capitaine qui se dirigea vers le mat central qu'elle effleura d'une main, avant de descendre vers les niveaux inférieurs, vides. Depuis que Liiz avait emménagé avec Iko, il y avait peu de chances que Kikyo croise qui que ce soit cette nuit-là et si quelqu'un avait été présent elle ne l'aurait sans doute pas remarqué, attirée vers la large porte à double battant ornée de symboles chargés d'ether et pulsant doucement, comme un cœur qui palpite.
Elle avait vu chacun de ses hommes devant cette porte, poser leur main sur le bois et vu ces tracés s'illuminer avant qu'elle s'ouvre pour les laisser entrer. Tous en étaient ressortit avec un artefact, tous sauf elle. Officiellement, rien de plus normal pour un capitaine qui n'a besoin d'un autre atout que son seul navire, elle ne s'était jamais sentie manquer de quoi que ce soit et appréciait toujours de les amener ici. Ivanhault avait eu raison sur ce point dès le départ : un membre de l'équipage n'en devient un réellement qu'au jour où il reçoit son artefact, aussi inutile ou extravagant soit-il, c'est un symbole auquel s'ajouterait bientôt l'insigne dessiné et réalisé par Valorius.
"... Oui, je crois qu'ils pensent la même chose. En fait la seule qui a du mal à se faire l'idée, c'est surtout moi."
Un long soupir ponctua cet aveux, avant qu'elle n'entende le clic derrière le loquet. La porte demeura close, mais elle ressentait pour la première fois cet étrange appel, comme un murmure silencieux, une intuition de plus en plus grande mais qui ne forçait rien dans son esprit. Ce n'était pas un manque de confiance, ce n'était pas non plus la crainte qui l'empêchait d'avancer mais elle savait que dès qu'elle aurait posé sa main sur la poignée, si celle-ci s'ouvrait, plus rien ne serait comme avant et elle aurait elle-même choisi l'issue à donner à ce chapitre.
"Bon, ce n'est pas comme si j'étais devenue coutumière de ces sauts dans le vide depuis que je suis venue a monde."
Mais le moment n'était pas-être pas encore venu, ce n'est pas pour rien si le capitaine n'entre jamais, s'il ne touche jamais à cette porte.
Après avoir vérifié que les enfants dormaient toujours, elle entra dans le bain et poussa un soupir de fatigue. Longue soirée de réflexion, elle avait beau s'acharner sur ce dossier pour penser à autre chose le monde qui remplissait chaque soir l'Escale perturbait ses tentatives mais dans le bon sens ; plus elle tardait et plus longtemps elle aurait l'esprit occupé. Akira par contre n'avait rien arrangé, toujours aussi têtu et vindicatif mais il faut croire que tout le monde avait su voir le bon côté derrière ses menaces perpétuelles. Celui qui levait les yeux au ciel la minute d'avant se trouvait à lui demander conseil et parler à cœur ouvert le reste de la soirée.
"Vos hommes sont des enfants" avait-il dit en rentrant, après l'avoir rejoint. Cela avait sans doute un rapport avec Silius qu'elle savait pas dans son meilleur état. Finalement, Akira était le faux ennemi, celui qui reproche et menace mais vers qui ils se tournent et qui ne refusait jamais de les aider parce que malgré tout, il les appréciait. Ce serait toujours le cas, même ... après.
La nuit embrassa leur étreinte, l'eau du bain n'ayant qu'attisé les feux de l'été toujours aussi voraces. Pourtant elle n'oubliait pas ; elle n'oubliait pas ses forces la quittant peu à peu jusqu'à ne plus la laisser terminer sa marche quotidienne sans s'asseoir à mi-chemin, elle n'oubliait pas les regards et les mots de ses officiers lui assurant que tout se passerait bien malgré les regards en coin d'Iko, et elle n'oubliait pas ce rêve. La porte s'ouvrirait, tôt ou tard devant elle, afin qu'elle passe de l'autre côté et adviendra ce qu'il doit advenir...
"Vos hommes sont des enfants" avait-il dit en rentrant, après l'avoir rejoint. Cela avait sans doute un rapport avec Silius qu'elle savait pas dans son meilleur état. Finalement, Akira était le faux ennemi, celui qui reproche et menace mais vers qui ils se tournent et qui ne refusait jamais de les aider parce que malgré tout, il les appréciait. Ce serait toujours le cas, même ... après.
La nuit embrassa leur étreinte, l'eau du bain n'ayant qu'attisé les feux de l'été toujours aussi voraces. Pourtant elle n'oubliait pas ; elle n'oubliait pas ses forces la quittant peu à peu jusqu'à ne plus la laisser terminer sa marche quotidienne sans s'asseoir à mi-chemin, elle n'oubliait pas les regards et les mots de ses officiers lui assurant que tout se passerait bien malgré les regards en coin d'Iko, et elle n'oubliait pas ce rêve. La porte s'ouvrirait, tôt ou tard devant elle, afin qu'elle passe de l'autre côté et adviendra ce qu'il doit advenir...
... Le moment venu.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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"Ce soir je ne lève pas mon verre à ma dernière soirée comme capitaine de l'Eternal, mais au premier du capitaine Esthar. Je compte bien réaliser mes ambitions, réaliser notre rêve et remplir mon rôle d'armateur comme il se doit."
Ni contestation, ni regret, elle était enfin prête à faire le pas. Le monde continue de tourner et la main de Valorius posée sur son épaule reflétait le sentiment général autour de cette table. "Vous êtes le phare", cela suffisait à lui donner la force de lâcher prise, de laisser l'Eternal changer d'allégeance, il n'attendait que son ordre silencieux. Lorsque cela se fit, ils eurent tous un moment de silence le temps de ressentir ce changement dans la toile qui s'était considérablement renforcée au cours de ce voyage à Thavnair.
Un à un, ils étaient ensuite partit se coucher. Kikyo laissa Valorius et Kyuuji en fin de soirée. L'Eternal amarré à l'aerodrome de la cité, paisible comme la plupart des fois où elle était montée à bord.
"On dirait que nous allons nous voir moins souvent mon ami." Murmura-t-elle une main sur le mat principal.
Le vent jouait dans la joule autant que dans ses cheveux, les voiles remontées ne bouchaient pas la vue sur la voûte céleste et les étendues verdoyantes de cette oasis au milieu de la Mer d'Abondance. Lentement mais surement, elle sentait son lien se découdre au fur et à mesure qu'elle descendait vers la cale mais il y avait encore du temps. Un pas après l'autre, elle marcha lentement jusqu'à la porte qu'elle avait soigneusement évité ces dernières semaines. Les symboles et les runes pulsaient doucement d'une lieur bleue irisée.
"Capitaine ou non, je n'ai pas l'intention de renoncer à mes rêves."
Quand elle arriva à un mètre de la porte, elle entendit le loquet se défaire, elle n'avait même pas besoin de pousser pour l'ouvrir ; une main posée sur le bois suffit. Dans un grincement sourd, les deux battant s’écartèrent pour la faire entrer. Chaque fois qu'elle l'avait aperçue de l'extérieur, Kikyo s'était demandée comment cela était possible de laisser cette salle dans un tel désordre, comment faisaient-ils pour circuler au milieu d'un tel fouillis. Du sol au plafond, des tas de meubles, d'objets en tous genre du plus précieux au plus banal, du plus utile au plus dispensable, certains dont elle ignorait même la fonction ou l'existence. Pourtant chaque chose ici était un trésor aux yeux de l'équipage et des équipages précédents, elle l'avait toujours respecté.
Un pas après l'autre, elle avança avec prudence de peur de se prendre les pieds dans quelque chose. Son regard glissa sur certains objets tels que des vêtements de plus ou moins bonne qualité. Sure commode elle reconnut le peigne qui avait appartenu à Shinme. Sur un support en velours, elle s'attarda sur le bracelet de Meleth dont les breloques avaient toutes disparu. Elle eut un léger pincement au cœur sachant combien la viéra affectionnait cet objet, mais elle aimait l'Eternal et son équipage plus encore.
"...Ce n'est pas pour rien que le capitaine n'entre jamais ici."
Son errance aurait pu durer longtemps mais presque par hasard, son regard se posa sur un support d'insigne dépossédé de tout emblème comme un travail inachevé. Elle s'en saisit et vérifia l'attache dans son dos avec un fermoir en argent, très solide. Il était léger, d'une taille correspondante à l'insigne confectionné par Valorius. Après avoir cligné des yeux deux ou trois fois, elle sortit l'insigne de sa poche et le posa sur la broche ; non seulement la taille correspondait, mais le pégase fut instantanément soudé à la plaque d'argent comme un aimant.
"Qu'est ce que...?"
La demi-raenne eut le sentiment immédiat que cet objet lui était désigné. La sensation de chaleur était revenue ainsi que la présence de cette conscience bienveillante dans son dos. Ce n'était donc pas qu'une exception ce qu'elle avait lu dans les carnets d'Ako, il existe bel et bien des personnes, rares certes, qui sans faire partie de l'équipage s'étaient vu offrir un artefact et la confiance du navire. Elle sentit un poids quitter ses épaules, elle savait cela moins dû au navire qu'à l'équipage qui ne l'abandonnerait jamais. Ce lien allait bien au-delà d'un protocole magique, et l'outil pensé pour s'adapter, prenait en compte tous les paramètres. Un sourire sincère éclaira le visage de Kikyo tandis qu'elle soulevait son insigne "amélioré" pour le contempler, avant de l'accrocher à sa robe.
"Tu es vraiment une création exceptionnelle, Eternal. Le joyau de cette compagnie."
Ni contestation, ni regret, elle était enfin prête à faire le pas. Le monde continue de tourner et la main de Valorius posée sur son épaule reflétait le sentiment général autour de cette table. "Vous êtes le phare", cela suffisait à lui donner la force de lâcher prise, de laisser l'Eternal changer d'allégeance, il n'attendait que son ordre silencieux. Lorsque cela se fit, ils eurent tous un moment de silence le temps de ressentir ce changement dans la toile qui s'était considérablement renforcée au cours de ce voyage à Thavnair.
Un à un, ils étaient ensuite partit se coucher. Kikyo laissa Valorius et Kyuuji en fin de soirée. L'Eternal amarré à l'aerodrome de la cité, paisible comme la plupart des fois où elle était montée à bord.
"On dirait que nous allons nous voir moins souvent mon ami." Murmura-t-elle une main sur le mat principal.
Le vent jouait dans la joule autant que dans ses cheveux, les voiles remontées ne bouchaient pas la vue sur la voûte céleste et les étendues verdoyantes de cette oasis au milieu de la Mer d'Abondance. Lentement mais surement, elle sentait son lien se découdre au fur et à mesure qu'elle descendait vers la cale mais il y avait encore du temps. Un pas après l'autre, elle marcha lentement jusqu'à la porte qu'elle avait soigneusement évité ces dernières semaines. Les symboles et les runes pulsaient doucement d'une lieur bleue irisée.
"Capitaine ou non, je n'ai pas l'intention de renoncer à mes rêves."
Quand elle arriva à un mètre de la porte, elle entendit le loquet se défaire, elle n'avait même pas besoin de pousser pour l'ouvrir ; une main posée sur le bois suffit. Dans un grincement sourd, les deux battant s’écartèrent pour la faire entrer. Chaque fois qu'elle l'avait aperçue de l'extérieur, Kikyo s'était demandée comment cela était possible de laisser cette salle dans un tel désordre, comment faisaient-ils pour circuler au milieu d'un tel fouillis. Du sol au plafond, des tas de meubles, d'objets en tous genre du plus précieux au plus banal, du plus utile au plus dispensable, certains dont elle ignorait même la fonction ou l'existence. Pourtant chaque chose ici était un trésor aux yeux de l'équipage et des équipages précédents, elle l'avait toujours respecté.
Un pas après l'autre, elle avança avec prudence de peur de se prendre les pieds dans quelque chose. Son regard glissa sur certains objets tels que des vêtements de plus ou moins bonne qualité. Sure commode elle reconnut le peigne qui avait appartenu à Shinme. Sur un support en velours, elle s'attarda sur le bracelet de Meleth dont les breloques avaient toutes disparu. Elle eut un léger pincement au cœur sachant combien la viéra affectionnait cet objet, mais elle aimait l'Eternal et son équipage plus encore.
"...Ce n'est pas pour rien que le capitaine n'entre jamais ici."
Son errance aurait pu durer longtemps mais presque par hasard, son regard se posa sur un support d'insigne dépossédé de tout emblème comme un travail inachevé. Elle s'en saisit et vérifia l'attache dans son dos avec un fermoir en argent, très solide. Il était léger, d'une taille correspondante à l'insigne confectionné par Valorius. Après avoir cligné des yeux deux ou trois fois, elle sortit l'insigne de sa poche et le posa sur la broche ; non seulement la taille correspondait, mais le pégase fut instantanément soudé à la plaque d'argent comme un aimant.
"Qu'est ce que...?"
La demi-raenne eut le sentiment immédiat que cet objet lui était désigné. La sensation de chaleur était revenue ainsi que la présence de cette conscience bienveillante dans son dos. Ce n'était donc pas qu'une exception ce qu'elle avait lu dans les carnets d'Ako, il existe bel et bien des personnes, rares certes, qui sans faire partie de l'équipage s'étaient vu offrir un artefact et la confiance du navire. Elle sentit un poids quitter ses épaules, elle savait cela moins dû au navire qu'à l'équipage qui ne l'abandonnerait jamais. Ce lien allait bien au-delà d'un protocole magique, et l'outil pensé pour s'adapter, prenait en compte tous les paramètres. Un sourire sincère éclaira le visage de Kikyo tandis qu'elle soulevait son insigne "amélioré" pour le contempler, avant de l'accrocher à sa robe.
"Tu es vraiment une création exceptionnelle, Eternal. Le joyau de cette compagnie."
"Bonjour ca-... Kiky-... Madame Kurusu. Comment on doit vous appeler maintenant ?
- Madame, c'est très bien."
Kikyo inclina la tête et poursuivit son chemin vers son bureau, vêtue de son habituel tailleur recoupé pour le confort de sa grossesse et portant sur sa veste l'insigne de la compagnie Eternal. Tant qu'elle ne possèderais qu'un seul navire, elle maintiendra ce nom et aviserait par la suite. Dossier sous le bras, elle monta les escaliers d'un pas décidé -et plus lourd à presque sept lunes- ce qui interpella Gyoban qui vint à sa rencontre sitôt qu'il entendit le claquement de ses talons sur le plancher.
"Madame, nous avons reçu les actes de propriété envoyés par monsieur Al-kabar ce matin.
- Très bien, mettez en priorité ceux qui ont déjà pris leur décision. En haut de pile je veux voir l'île noire, Hualani et l'île aux fleurs. Je laisse Iko s'arranger avec G'krayn avant de lui faire signer quoi que ce soit. je veux également un état des lieux sur l'ancienne boutique de l'antiquaire et des fiches vierges pour les comptoirs d'Aletheia et Joyaux d'Azur, qu'Ivanhault et Valorius puissent donner leurs besoins, spécialités et exigences.
- Oui madame, autre chose ?"
Devant la porte, main sur la poignée, elle marqua un temps.
"Ah, oui je veux que tu passe voir ma cousine dans la semaine, laissons-la se reposer. Et appelle les ouvriers, j'ai une résidence secondaire à aménager et je ressens comme une envie de changement de décoration."
Avant même que Gyoban n'ai le temps d'émettre un cri de surprise à la crainte de revoir à nouveau le fantôme de l'escale changer tous les meubles de place, la porte du bureau s'était refermée devant son nez. Il se prit alors la tête entre les nageoires.
"Aieaieaie... Madame est terriblement en forme !"
Le monde continue de tourner, et ce qui doit arriver arrive sans qu'on puisse l'éviter. La roue du temps, immuable, fait son œuvre, la vie passe et voit passer de nombreuses personnes qui demeurent ou s’effacent pour emprunter d'autres chemins. Kikyo avait trouvé sa place, et pendant un temps elle avait cru que pour réaliser ses rêves elle devait être en première ligne. Éternelle solitaire, elle avait mit du temps à comprendre qu'elle n'était pas le capitaine mais le phare qui guide les navires depuis la terre ferme. Oh, elle reprendrait surement ses voyages après l'accouchement, et elle continuerait de faire ce qu'elle voulait, mais d'une autre manière.
Ce n'était pas un arrêt, ni un retrait, encore moins sa mise à la retraite. Ce n'était que le début de ce nouveau chapitre de sa vie en tant que chef d'une compagnie d'exploration, apprentie sage, épouse et mère de quatre enfants, pilier d'une famille qui s'étendait bien plus loin que les quatre murs de la geôle où elle avait commencé.
- Madame, c'est très bien."
Kikyo inclina la tête et poursuivit son chemin vers son bureau, vêtue de son habituel tailleur recoupé pour le confort de sa grossesse et portant sur sa veste l'insigne de la compagnie Eternal. Tant qu'elle ne possèderais qu'un seul navire, elle maintiendra ce nom et aviserait par la suite. Dossier sous le bras, elle monta les escaliers d'un pas décidé -et plus lourd à presque sept lunes- ce qui interpella Gyoban qui vint à sa rencontre sitôt qu'il entendit le claquement de ses talons sur le plancher.
"Madame, nous avons reçu les actes de propriété envoyés par monsieur Al-kabar ce matin.
- Très bien, mettez en priorité ceux qui ont déjà pris leur décision. En haut de pile je veux voir l'île noire, Hualani et l'île aux fleurs. Je laisse Iko s'arranger avec G'krayn avant de lui faire signer quoi que ce soit. je veux également un état des lieux sur l'ancienne boutique de l'antiquaire et des fiches vierges pour les comptoirs d'Aletheia et Joyaux d'Azur, qu'Ivanhault et Valorius puissent donner leurs besoins, spécialités et exigences.
- Oui madame, autre chose ?"
Devant la porte, main sur la poignée, elle marqua un temps.
"Ah, oui je veux que tu passe voir ma cousine dans la semaine, laissons-la se reposer. Et appelle les ouvriers, j'ai une résidence secondaire à aménager et je ressens comme une envie de changement de décoration."
Avant même que Gyoban n'ai le temps d'émettre un cri de surprise à la crainte de revoir à nouveau le fantôme de l'escale changer tous les meubles de place, la porte du bureau s'était refermée devant son nez. Il se prit alors la tête entre les nageoires.
"Aieaieaie... Madame est terriblement en forme !"
Le monde continue de tourner, et ce qui doit arriver arrive sans qu'on puisse l'éviter. La roue du temps, immuable, fait son œuvre, la vie passe et voit passer de nombreuses personnes qui demeurent ou s’effacent pour emprunter d'autres chemins. Kikyo avait trouvé sa place, et pendant un temps elle avait cru que pour réaliser ses rêves elle devait être en première ligne. Éternelle solitaire, elle avait mit du temps à comprendre qu'elle n'était pas le capitaine mais le phare qui guide les navires depuis la terre ferme. Oh, elle reprendrait surement ses voyages après l'accouchement, et elle continuerait de faire ce qu'elle voulait, mais d'une autre manière.
Ce n'était pas un arrêt, ni un retrait, encore moins sa mise à la retraite. Ce n'était que le début de ce nouveau chapitre de sa vie en tant que chef d'une compagnie d'exploration, apprentie sage, épouse et mère de quatre enfants, pilier d'une famille qui s'étendait bien plus loin que les quatre murs de la geôle où elle avait commencé.
"Vers l'Infini, et on verra."
[size=4]LES CHRONIQUES DU DIAMANT - TOME IV[/size]
[size=6]FIN[/size]
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