Un jour après l'autre...

Là où les Kakita brillent par leur manque de constitution privilégiant toujours la vitesse à la puissance, Kikyo se montra particulièrement volontaire malgré sa faible capacité. Elle s'appliquait, plus lentement que les autres, mais y mettait de la volonté et de la patience.
Magnifique manœuvre de Kakita, ou l'art de faire passer la fragilité pour de l'endurance grâce à l'image. Elle économisa ses forces par une cadence plus lente et un visage concentré. Si au final elle n'accomplit que le tiers du travail journalier d'un fermier en deux fois plus de temps, elle le fit avec sérieux, sans jamais se plaindre.
Le soir venu, on la vit manger avec un appétit rarement affiché. Surtout pour une femme dont le palais ne peut plus sentir le goût des aliments non sucrés ou épicés.
Si elle était sur les rotules, elle l'aurait nié même sous la torture.
Magnifique manœuvre de Kakita, ou l'art de faire passer la fragilité pour de l'endurance grâce à l'image. Elle économisa ses forces par une cadence plus lente et un visage concentré. Si au final elle n'accomplit que le tiers du travail journalier d'un fermier en deux fois plus de temps, elle le fit avec sérieux, sans jamais se plaindre.
Le soir venu, on la vit manger avec un appétit rarement affiché. Surtout pour une femme dont le palais ne peut plus sentir le goût des aliments non sucrés ou épicés.
Si elle était sur les rotules, elle l'aurait nié même sous la torture.



Deux salles, deux ambiances ce matin dans les champs. Alors que sa camarade avait passé son temps de repos à explorer les secrets insondables des lieux, Liann avait eu la meilleure idée d'aller dormir tôt et de profiter d'un réveil devant un champ de fleurs multicolores magnifiques. De quoi commencer une bonne journée. En plus, c'est elle qui devait piloter, alors il valait mieux pour elle qu'elle soit en forme.
La fatigue se faisait sentir, elle n'avait pas l'habitude de manier la faux, mais le résultat était satisfaisant comme toujours. Un travail bien fait. Et l'occasion de dire à Mahruvvet : « J'te l'avais dit. »


Quand Ivanhault quitta la chambre où lui et Silius avaient passé la nuit, il était seul. Silius ne prendrait pas le petit déjeuner avec le groupe, et ne les rejoindrait d'ailleurs que très tard dans le champ, accompagnant péniblement Laurentia qui apportait le déjeuner des journaliers lors de la pause de midi. Ivanhault ne commenta pas les marques évidentes de fatigue sur le visage de Silius, ni le fait qu'il lui avait placé de force une canne sous la main, ce matin là. C'était un trouble bénin, dans cette journée de soleil, dans des champs de blé dorés comme dans les peintures anciennes, où des gens courbés liaient les gerbes à la même cadence.
L'elezen se plaisait paysan, dans ce court moment hors du temps. Vivre au rythme de la terre, suivre le temps des récoltes, appréhender la danse des saisons. Les racines de Silius plongeaient dans le même genre de terreau que le sien. Bien que Silius l'eût toujours nié, ait de nombreuse fois traité Ivanhault de pécore des bois, parfois pire, ils étaient semblables par leur origine. Sur ça, et sur ce qui se cachait dans le bois aux hiboux.
Silius n'aimait pas les similitudes, il avait le sentiment, quand il était semblable à un autre, d'être noyé dans la masse et de ne plus exister en tant que personne. Ivanhault, lui, aimait retrouver chez ses semblables quelque chose de familier, de fraternel, et c'est sans doute ce qui lui permettait de se lier si facilement d'amitié avec Caelius, et avec les autres faucheurs qui avançaient pas à pas en abattant leur arpent. C'était, il n'en doutait pas, ce qui les avait rapprochés, lui et Silius. Au delà de leurs premiers contacts, au delà de leurs premières disputes, et des premiers moments où Silius avait cherché à le tourmenter sans vraiment comprendre qu'il cherchait en réalité à se faire remarquer, Ivanhault estimait que Silius avait repéré d'instinct en lui quelque chose qu'il reconnaissait, et dont il était nostalgique. Anima Sola, d'une certaine façon, les unissait.
On s'étonna de la dextérité et du naturel avec lequel Ivanhault maniait la faux agricole qu'on lui avait prêté. Il n'en montra aucune fierté, et la remisa avec les autres, dès qu'il le put comme si l'engin lui brûlait les mains.
L'elezen se plaisait paysan, dans ce court moment hors du temps. Vivre au rythme de la terre, suivre le temps des récoltes, appréhender la danse des saisons. Les racines de Silius plongeaient dans le même genre de terreau que le sien. Bien que Silius l'eût toujours nié, ait de nombreuse fois traité Ivanhault de pécore des bois, parfois pire, ils étaient semblables par leur origine. Sur ça, et sur ce qui se cachait dans le bois aux hiboux.
Silius n'aimait pas les similitudes, il avait le sentiment, quand il était semblable à un autre, d'être noyé dans la masse et de ne plus exister en tant que personne. Ivanhault, lui, aimait retrouver chez ses semblables quelque chose de familier, de fraternel, et c'est sans doute ce qui lui permettait de se lier si facilement d'amitié avec Caelius, et avec les autres faucheurs qui avançaient pas à pas en abattant leur arpent. C'était, il n'en doutait pas, ce qui les avait rapprochés, lui et Silius. Au delà de leurs premiers contacts, au delà de leurs premières disputes, et des premiers moments où Silius avait cherché à le tourmenter sans vraiment comprendre qu'il cherchait en réalité à se faire remarquer, Ivanhault estimait que Silius avait repéré d'instinct en lui quelque chose qu'il reconnaissait, et dont il était nostalgique. Anima Sola, d'une certaine façon, les unissait.
On s'étonna de la dextérité et du naturel avec lequel Ivanhault maniait la faux agricole qu'on lui avait prêté. Il n'en montra aucune fierté, et la remisa avec les autres, dès qu'il le put comme si l'engin lui brûlait les mains.

Un pensionnaire hédoniste et studieux
Ulysse Pastreviel avait déboulé dans la vie de l'Escale avec une aisance et une facilité qui mimaient l'évidence. Depuis leur rencontre fortuite à un bal Ishgardais et l'invitation polie d'un Terrechant qui n'escomptait peut-être pas alors qu'elle serait honorée, le jeune homme s'était faufilé aussi bien dans les haubans de l'Eternal pour les vacances de la compagnie à l'Archipel Paradis que dans la vie quotidienne de l'Escale de Llymlaen. Il y avait eu un concert cataclysmique à Solution 9, du surf, des rires, des bavardages, et même une chasse au parapluie.
Bienheureux locataire de la suite uldienne, on le voyait aller et venir, toujours souriant, toujours affable, et, sans doute, toujours un peu charmeur. Son adorable pantin constamment sur les talons , il aimait varier les plaisirs. S'il occupait ses soirées à déguster des Eaux de l'Erudit dont il semblait friand ou à rencontrer des étrangers sur la plage, guitare à la main, ses journées étaient, elles, bien plus sérieuses.
Les matinées étaient le plus souvent consacrées à de l'exercice physique à l'arrière de l'Escale, les jours pairs de la course ou de la callisthénie, les jours impairs le maniement de son sabre et toujours il finissait dans les bains orientaux qu'il semblait trouver tout à fait à son goût.
Chaque après-midi, il passait de longues heures, lunettes sur le nez, à éplucher les rapports publics des expéditions de la compagnie tout en prenant des notes précises, d'une écriture fine et élégante. Il avait même appris à se servir de la console holographique, seul et avec une rapidité.
Sans chichi, il ne cachait pas deux facettes qu'on eu pu croire a priori incompatibles et qui pourtant, chez lui, semblaient évidemment complémentaires. Ulysse pouvait passer du maillot de bain à la cravate, de la paire de jeans usée à la chemise de la popeline la plus fine, d'une vie de bohème à celle d'un intellectuel.
Bienheureux locataire de la suite uldienne, on le voyait aller et venir, toujours souriant, toujours affable, et, sans doute, toujours un peu charmeur. Son adorable pantin constamment sur les talons , il aimait varier les plaisirs. S'il occupait ses soirées à déguster des Eaux de l'Erudit dont il semblait friand ou à rencontrer des étrangers sur la plage, guitare à la main, ses journées étaient, elles, bien plus sérieuses.
Les matinées étaient le plus souvent consacrées à de l'exercice physique à l'arrière de l'Escale, les jours pairs de la course ou de la callisthénie, les jours impairs le maniement de son sabre et toujours il finissait dans les bains orientaux qu'il semblait trouver tout à fait à son goût.
Chaque après-midi, il passait de longues heures, lunettes sur le nez, à éplucher les rapports publics des expéditions de la compagnie tout en prenant des notes précises, d'une écriture fine et élégante. Il avait même appris à se servir de la console holographique, seul et avec une rapidité.
Sans chichi, il ne cachait pas deux facettes qu'on eu pu croire a priori incompatibles et qui pourtant, chez lui, semblaient évidemment complémentaires. Ulysse pouvait passer du maillot de bain à la cravate, de la paire de jeans usée à la chemise de la popeline la plus fine, d'une vie de bohème à celle d'un intellectuel.

C'est en se promenant aux Arcades, en compagnie d'Historia, qu'elle eu une pensée brève pour les membres de l'Escale. Elle en croiserait peut-être certains, lors de la prochaine Neon Drive.
