A travers la Brume
Ivanhault
Il y a 10 mois et 5 jours
Djazah ir Moshantu
Il y a 10 mois et 4 jours
Nashasha Nasha, Silius et Ivanhault ont fait d’importants progrès pour dissiper un peu plus du mystère qui s’est manifesté à bord de l’Eternal il y a une lune de cela.
La première, fidèle à son rôle d’archéologue, a mis au jour, décrypté, et consigné de précieux documents datant de la 5eme ère astrale. Elle a pu faire certaines connexions et commencer à lever le voile sur le Projet Reumacathore et ses protagonistes d’alors. Elle a également pu transcrire sous la forme d'une partition la musique entendue dans la vision qu'elle a eu grâce au don de l'Echo.
Les seconds (enfin, le second et celui à jamais premier dans son coeur) ont quant à eux réalisé des avancées techniques et scientifiques auxquelles ils ne s’attendaient probablement pas lorsqu’ils découvrirent des horloges déréglées. Grâce à leurs compétences remarquables et au partage d’informations, ils ont pu, pour Ivanhault, recréer une lentille en verre alchimique aux propriétés uniques, et, pour Silius, reconstituer une maquette fidèle, une sorte de prototype du Reumacathore. Si ce dernier ne possède pas les facultés magiques de l’antique instrument, il permet en revanche d’en appréhender le fonctionnement et, surtout, de visualiser précisément la place de chaque pièce et les divers éléments qui font encore défaut a l’équipage pour enfin compléter le puzzle.
(Vous êtes pleinement autorisés à vous moquez des compétences du MJ sur Paint.)
La première, fidèle à son rôle d’archéologue, a mis au jour, décrypté, et consigné de précieux documents datant de la 5eme ère astrale. Elle a pu faire certaines connexions et commencer à lever le voile sur le Projet Reumacathore et ses protagonistes d’alors. Elle a également pu transcrire sous la forme d'une partition la musique entendue dans la vision qu'elle a eu grâce au don de l'Echo.
Les seconds (enfin, le second et celui à jamais premier dans son coeur) ont quant à eux réalisé des avancées techniques et scientifiques auxquelles ils ne s’attendaient probablement pas lorsqu’ils découvrirent des horloges déréglées. Grâce à leurs compétences remarquables et au partage d’informations, ils ont pu, pour Ivanhault, recréer une lentille en verre alchimique aux propriétés uniques, et, pour Silius, reconstituer une maquette fidèle, une sorte de prototype du Reumacathore. Si ce dernier ne possède pas les facultés magiques de l’antique instrument, il permet en revanche d’en appréhender le fonctionnement et, surtout, de visualiser précisément la place de chaque pièce et les divers éléments qui font encore défaut a l’équipage pour enfin compléter le puzzle.
(Vous êtes pleinement autorisés à vous moquez des compétences du MJ sur Paint.)
Lyapaggy
Il y a 10 mois et 4 jours
Note supplémentaire basée sur les notes apportée par Liiz au sujet des ondes CSDP et Galdienne
J'ai demandé à Liiz si elle pouvait aller faire des recherches au sujet de certains détails technique du Reumacathore, particulièrement les ondes CSDP et les ondes Galdiennes.
Après plusieurs de recherches, voilà ce que Liiz a pu nous apporté :
Onde CSDP
- L'acronyme de CSDP signifie : "Cordon sinusoïdal à Différentiel Pondéré".
- L'étude de ces ondes a permis des avancées majeures dans des domaines encore inexploré. Note : Le livre qui contient ces informations date, les domaines auxquels l'auteur pense ne sont probablement plus si inexploré aujourd'hui.
Onde Galdienne
- Ces ondes semblent liée aux processus magiques et technique permettant la création d'un hologramme.
- Elles possèdent un rôle de conservation.
Général aux deux ondes
- Les deux ondes ont été catégoriser dans la section "Éthérologie"
[li]Aucune de ses ondes sont dû à une invention humaine. Elles sont présente naturellement dans l'éther mais sont invisible à l’œil nu, ne pouvant donc qu'être observé indirectement.
[/li]
- Certaines de ces fréquences sont plus facile à observer que d'autres, ou plus facile à combiner, notamment par des savants procédés d'optique physico-alchimiques.
- Aucun travail connu ne semble mêler les deux ondes. De ce fait les recherches d'Augustus Picastus sont unique et inconnues. Le résultat de ses deux ondes se rencontrent ainsi le sont donc tout autant.
Ivanhault
Il y a 10 mois et 4 jours
Mahruvvet
Il y a 10 mois et 4 jours
Compte rendu de la réunion du septième soleil : expédition Skalla
Nos aventuriers partirent de la cité rétablie dans sa grandeur, Ala Mhigo. Le départ s’effectua sous le poids de l’acerbe astre solaire, au point où le Docteur se posa une question simple, mais redoutable : pourquoi ne pas être sortis de nuit ? Nous laisserons notre imminent érudit seul face à ses propres réflexions et continuons notre récit.
Cheffe charismatique et incontestée de cette expédition, Lysia fit l’honneur aux locaux de se mêler à eux afin d’en apprendre plus sur le mystère qui les préoccupait. Sa prospection la mena face à une ainée, probablement une ancienne sage oubliée, mais qui au moment de notre récit, était occupée à nettoyer ses factices quenottes dans l’eau des pâtes. Elle accepta de prêter son attention et sa sagesse à l’indéniable meneuse, lui relevant qu’il il existait une légende, un mythe, une fable : celle de la fameuse énigme « Des trois tétons ».
Armé de cette seule information, le groupe se rendit à proximité du lac où l’aqueuse capitaine Meleth alla se mêler à son élément de prédilection. Loin, dans les abysses, là où le Roi Soleil se voyait renier sa souveraineté, elle trouva cinq statues, magnifiques, à peine touchées par le sel :
Un guerrier doté d’une lance, et dont la musculature semblait réelle.
Une jeune femme d’une grâce et d’une beauté que les Trois Sœurs n’auraient pas reniée, et qui était habillée d’une robe parfaitement taillée.
Un roi Triton portant un trident, sa puissante main levée au-dessus de ses yeux afin de les protéger des rayons du soleil.
Deux jeunes pouces, en quête d’une pomme d’un réalisme prenant.
Une ancêtre endormie, sa main calmement posée sur son ami et compagnon félin.
Lecteur, nous te laissons ici réfléchir à la réponse de cette première énigme. Aurais-tu été aussi brillant que nos aventuriers ? Ta sagacité aurait-elle fait de toi le héros de cette journée ? Hé bien. Comment aurais-tu fait ? Nous te sentons confus, mon cher lecteur. Voici la façon dont nos héros s’y prirent, la despote bienveillante Lysia fit miroiter sa lame d’argent vers le visage du souverain. Son épiphanie ouvrit un passage au sein duquel la petite troupe eut bien vite de s’engouffrer.
Une entrée magnifique, digne des plus grands châteaux, des plus beaux temples : voilà ce qui apporta un peu de ravissement aux âmes épuisées de nos protagonistes d’une journée. Le farceur érudit eut la délicate idée de poursuivre en prenant le chemin dont l’hostilité olfactive serait la moins prononcée. Une riche proposition ! Mais qui se vit être quelque peu écartée par la dure réalité d’une voie indiquée par les symboles d’une sirène.
Une traversée fléchée et sécurisez pensez-vous ? Laissez-nous vous rappeler que même au sein des ruines les plus mystérieuses, l’art vient égayer les esprits, et le sharlayan ne put s’empêcher de faire profiter aux anciens murs de sa magnifique voix. Mais une réponse, comme une coda indésirable raisonna : un rugissement, un hurlement. Lecteur, nous te connaissons, et tu penses toi-même connaître nos baroudeurs. Tu les imagines, lames au clair, chargeant l’obscurité afin d’occire un ennemi inconnu. Hé bien non. Là où la ruse s’exprime, la force n’a qu’à se taire, et ils prirent la fille de l’air.
Une riche idée ! Mais nul brave n’esquive le danger à jamais, et une armée de viles, et infâmes créatures tapis dans les ombres les prirent d'un assaut frénétique. Nous n’y étions pas, et je ne peux affirmer que tout ce qui est dit est vrai. Mais j’ai le cœur optimiste, et l’esprit candide, et il nous a été rapporté que la satrape éclairée Lysia s’en serait chargée elle-même. Mais faisons fit des prouesses guerrières et continuons notre récit en de plus paisibles terres.
Ils continuèrent de s’engouffrer dans les couloirs de marbre, et enfin ! Ils arrivèrent face à une statue représentant une sirène, au sein d’une alcôve constellée de minuscules symboles gravés. Les lieux choquèrent les voyageurs par leur beauté, leur magnificence. Mais attention à ne pas trop devenir émotif, car voilà qu'une nouvelle énigme se présenta à eux ! Que faire de ces symboles ? Que faire de cette statue ? Une nouvelle fois , lecteur, nous allons te laisser un moment pour réfléchir à cet énième casse-tête, mais cette fois-ci avec quelques indices :
Venant du lalafel habitué des lieux : « cherche la Sirène et utilise tes magnifiques méninges »
Les symboles sont les suivants : Une abeille. Un forgeron travaillant sur une enclume. Une sorte de fauve avec de longues dents. Une maison. Une carotte. Une femme au visage dur qui semble gronder un enfant avec un bâton. Un bateau à voiles. Un soleil aux nombreux rayons. Un bûcheron coupant un arbre. Une flûte. Une mère berçant un enfant. Une trompette. Une araignée. Un jambon. Une lune entourée d'étoiles. Un oiseau avec une longue queue souple.
La réponse te surprendra, lecteur ! Elle te frustrera ! Mais la voici, il fallait presser l’araignée, la mère au bâton ainsi celle berçant l'enfant. Pourquoi ? Comment !? Hé bien, car les méninges, lecteur. Les tissus cérébraux : « Dure-mère », « Arachnoïde » et « Pire-mère ».
Mais rassure-toi ! Car nos, pourtant brillants, explorateurs ne purent trouver la réponse non plus, et le malin Ivanhault pressa les symboles, uniquement guidé par les sons des mécanismes. N’est-ce pas rusé ? N’est-ce pas astucieux ?
À nouveau, le trophée de l’esprit fut une entrée, une ouverture. Cette fois, vers un refuge de bonne taille et confortable. Il n’était habité que par deux squelettes de lalafels, et de nombreux documents. Nous ne voulons pas nous attarder sur une histoire malheureuse, car la nôtre se veut belle et réjouissante, mais un des résidents se sacrifia pour donner un peu de répit à l’autre. Quand plus aucun espoir n’est visible, la chaire se fait viande s’il le faut. C’est ce que les pouvoirs Maleth permirent de comprendre.
Des documents, donc. Ils étaient nombreux. Ils étaient divers. En premier lieu, une lettre que je laisse à lecture de chacun :
« Ma douce et si belle Amamina Belmina,
Je suis pris au piège et cette fois je ne m’en sortirai pas. Un garde qui m’est resté fidèle m’a juré de te faire parvenir cette lettre. C’est malheureusement la seule chose qu’il puisse pour moi. Reçois-la comme un baiser.
Cet infâme Teledji m’a fait passer pour un traître à la solde de Mhach et présente cette raclure de latrines de Rackham comme un héros. Mes geôliers disent qu’il sera nommé capitaine, pfeuh! Je t’en supplie, pars, va te cacher, car ils vont me torturer et vouloir te faire du mal pour m’atteindre et me faire parler.
Souviens-toi, Panilumo Nilumo est un ami fiable, tu pourras trouver refuge à Skalla auprès de lui. »
À ces mots, tu comprends que les os perdus sont ceux d’Amamina et de Panilumo. N’est-il pas touchant de voir que l’amitié de Panilumo l’amena à se sacrifier pour l’amie d’un ami ? Tu seras seul juge ici.
Enfin, les autres documents :
Un livre en excellent état fermé par une serrure magique, et orné d’une sirène chantante.
Arcanes Mécaniques : la magie à travers le temps et le mouvement, par Augustus Picastus et dédicacé à son ami de toujours, Panilumo Nilumo
Journal de recherches. Projet Reumacathore n°5
Grand précis d'anatomie, par Banana Bana, dédicacé à son meilleur élève, Panilumo Nilumo
Un manuscrit de Panilumi Nilumo : Animer la pierre : beauté astrale, souffle ombral
Un roman érotique : Les malicieuses facéties de Tikuku Tiku
Un ensemble de poèmes cousus ensemble, ils sont signés « Belmina ».
Je t’interpelle une ultime fois lecteur, si tu désires consulter ces ouvrages, tu n’as qu’à te rendre en Enfer.
(Note personnelle de Mahruvvat : j’ai étudié la serrure. Elle est complexe. Il est fermé via un enchantement dont la « serrure » n’est qu’une partie centrale. Cette dernière est divisée en deux parties, une première visant à ouvrir et fermer le mécanisme, et une seconde à détruire l’ouvrage si, par malheur, une personne venait à forcer. Étant donné la forme de la serrure (une bande), je pense qu’il faut lui présenter soit un item spécifique, soit un mot de passe. Je pense pouvoir la crocheter, mais je déconseille fortement, car à la moindre erreur (et bien qu’elles soient exceptionnelles), nous perdons l’ouvrage.
Mon conseil est de trouver le mot ou l’objet. Le Docteur semble, dans sa sagesse habituelle, partager mon avis.)
Nos aventuriers partirent de la cité rétablie dans sa grandeur, Ala Mhigo. Le départ s’effectua sous le poids de l’acerbe astre solaire, au point où le Docteur se posa une question simple, mais redoutable : pourquoi ne pas être sortis de nuit ? Nous laisserons notre imminent érudit seul face à ses propres réflexions et continuons notre récit.
Cheffe charismatique et incontestée de cette expédition, Lysia fit l’honneur aux locaux de se mêler à eux afin d’en apprendre plus sur le mystère qui les préoccupait. Sa prospection la mena face à une ainée, probablement une ancienne sage oubliée, mais qui au moment de notre récit, était occupée à nettoyer ses factices quenottes dans l’eau des pâtes. Elle accepta de prêter son attention et sa sagesse à l’indéniable meneuse, lui relevant qu’il il existait une légende, un mythe, une fable : celle de la fameuse énigme « Des trois tétons ».
Armé de cette seule information, le groupe se rendit à proximité du lac où l’aqueuse capitaine Meleth alla se mêler à son élément de prédilection. Loin, dans les abysses, là où le Roi Soleil se voyait renier sa souveraineté, elle trouva cinq statues, magnifiques, à peine touchées par le sel :
Un guerrier doté d’une lance, et dont la musculature semblait réelle.
Une jeune femme d’une grâce et d’une beauté que les Trois Sœurs n’auraient pas reniée, et qui était habillée d’une robe parfaitement taillée.
Un roi Triton portant un trident, sa puissante main levée au-dessus de ses yeux afin de les protéger des rayons du soleil.
Deux jeunes pouces, en quête d’une pomme d’un réalisme prenant.
Une ancêtre endormie, sa main calmement posée sur son ami et compagnon félin.
Lecteur, nous te laissons ici réfléchir à la réponse de cette première énigme. Aurais-tu été aussi brillant que nos aventuriers ? Ta sagacité aurait-elle fait de toi le héros de cette journée ? Hé bien. Comment aurais-tu fait ? Nous te sentons confus, mon cher lecteur. Voici la façon dont nos héros s’y prirent, la despote bienveillante Lysia fit miroiter sa lame d’argent vers le visage du souverain. Son épiphanie ouvrit un passage au sein duquel la petite troupe eut bien vite de s’engouffrer.
Une entrée magnifique, digne des plus grands châteaux, des plus beaux temples : voilà ce qui apporta un peu de ravissement aux âmes épuisées de nos protagonistes d’une journée. Le farceur érudit eut la délicate idée de poursuivre en prenant le chemin dont l’hostilité olfactive serait la moins prononcée. Une riche proposition ! Mais qui se vit être quelque peu écartée par la dure réalité d’une voie indiquée par les symboles d’une sirène.
Une traversée fléchée et sécurisez pensez-vous ? Laissez-nous vous rappeler que même au sein des ruines les plus mystérieuses, l’art vient égayer les esprits, et le sharlayan ne put s’empêcher de faire profiter aux anciens murs de sa magnifique voix. Mais une réponse, comme une coda indésirable raisonna : un rugissement, un hurlement. Lecteur, nous te connaissons, et tu penses toi-même connaître nos baroudeurs. Tu les imagines, lames au clair, chargeant l’obscurité afin d’occire un ennemi inconnu. Hé bien non. Là où la ruse s’exprime, la force n’a qu’à se taire, et ils prirent la fille de l’air.
Une riche idée ! Mais nul brave n’esquive le danger à jamais, et une armée de viles, et infâmes créatures tapis dans les ombres les prirent d'un assaut frénétique. Nous n’y étions pas, et je ne peux affirmer que tout ce qui est dit est vrai. Mais j’ai le cœur optimiste, et l’esprit candide, et il nous a été rapporté que la satrape éclairée Lysia s’en serait chargée elle-même. Mais faisons fit des prouesses guerrières et continuons notre récit en de plus paisibles terres.
Ils continuèrent de s’engouffrer dans les couloirs de marbre, et enfin ! Ils arrivèrent face à une statue représentant une sirène, au sein d’une alcôve constellée de minuscules symboles gravés. Les lieux choquèrent les voyageurs par leur beauté, leur magnificence. Mais attention à ne pas trop devenir émotif, car voilà qu'une nouvelle énigme se présenta à eux ! Que faire de ces symboles ? Que faire de cette statue ? Une nouvelle fois , lecteur, nous allons te laisser un moment pour réfléchir à cet énième casse-tête, mais cette fois-ci avec quelques indices :
Venant du lalafel habitué des lieux : « cherche la Sirène et utilise tes magnifiques méninges »
Les symboles sont les suivants : Une abeille. Un forgeron travaillant sur une enclume. Une sorte de fauve avec de longues dents. Une maison. Une carotte. Une femme au visage dur qui semble gronder un enfant avec un bâton. Un bateau à voiles. Un soleil aux nombreux rayons. Un bûcheron coupant un arbre. Une flûte. Une mère berçant un enfant. Une trompette. Une araignée. Un jambon. Une lune entourée d'étoiles. Un oiseau avec une longue queue souple.
La réponse te surprendra, lecteur ! Elle te frustrera ! Mais la voici, il fallait presser l’araignée, la mère au bâton ainsi celle berçant l'enfant. Pourquoi ? Comment !? Hé bien, car les méninges, lecteur. Les tissus cérébraux : « Dure-mère », « Arachnoïde » et « Pire-mère ».
Mais rassure-toi ! Car nos, pourtant brillants, explorateurs ne purent trouver la réponse non plus, et le malin Ivanhault pressa les symboles, uniquement guidé par les sons des mécanismes. N’est-ce pas rusé ? N’est-ce pas astucieux ?
À nouveau, le trophée de l’esprit fut une entrée, une ouverture. Cette fois, vers un refuge de bonne taille et confortable. Il n’était habité que par deux squelettes de lalafels, et de nombreux documents. Nous ne voulons pas nous attarder sur une histoire malheureuse, car la nôtre se veut belle et réjouissante, mais un des résidents se sacrifia pour donner un peu de répit à l’autre. Quand plus aucun espoir n’est visible, la chaire se fait viande s’il le faut. C’est ce que les pouvoirs Maleth permirent de comprendre.
Des documents, donc. Ils étaient nombreux. Ils étaient divers. En premier lieu, une lettre que je laisse à lecture de chacun :
« Ma douce et si belle Amamina Belmina,
Je suis pris au piège et cette fois je ne m’en sortirai pas. Un garde qui m’est resté fidèle m’a juré de te faire parvenir cette lettre. C’est malheureusement la seule chose qu’il puisse pour moi. Reçois-la comme un baiser.
Cet infâme Teledji m’a fait passer pour un traître à la solde de Mhach et présente cette raclure de latrines de Rackham comme un héros. Mes geôliers disent qu’il sera nommé capitaine, pfeuh! Je t’en supplie, pars, va te cacher, car ils vont me torturer et vouloir te faire du mal pour m’atteindre et me faire parler.
Souviens-toi, Panilumo Nilumo est un ami fiable, tu pourras trouver refuge à Skalla auprès de lui. »
À ces mots, tu comprends que les os perdus sont ceux d’Amamina et de Panilumo. N’est-il pas touchant de voir que l’amitié de Panilumo l’amena à se sacrifier pour l’amie d’un ami ? Tu seras seul juge ici.
Enfin, les autres documents :
Un livre en excellent état fermé par une serrure magique, et orné d’une sirène chantante.
Arcanes Mécaniques : la magie à travers le temps et le mouvement, par Augustus Picastus et dédicacé à son ami de toujours, Panilumo Nilumo
Journal de recherches. Projet Reumacathore n°5
Grand précis d'anatomie, par Banana Bana, dédicacé à son meilleur élève, Panilumo Nilumo
Un manuscrit de Panilumi Nilumo : Animer la pierre : beauté astrale, souffle ombral
Un roman érotique : Les malicieuses facéties de Tikuku Tiku
Un ensemble de poèmes cousus ensemble, ils sont signés « Belmina ».
Je t’interpelle une ultime fois lecteur, si tu désires consulter ces ouvrages, tu n’as qu’à te rendre en Enfer.
(Note personnelle de Mahruvvat : j’ai étudié la serrure. Elle est complexe. Il est fermé via un enchantement dont la « serrure » n’est qu’une partie centrale. Cette dernière est divisée en deux parties, une première visant à ouvrir et fermer le mécanisme, et une seconde à détruire l’ouvrage si, par malheur, une personne venait à forcer. Étant donné la forme de la serrure (une bande), je pense qu’il faut lui présenter soit un item spécifique, soit un mot de passe. Je pense pouvoir la crocheter, mais je déconseille fortement, car à la moindre erreur (et bien qu’elles soient exceptionnelles), nous perdons l’ouvrage.
Mon conseil est de trouver le mot ou l’objet. Le Docteur semble, dans sa sagesse habituelle, partager mon avis.)
Djazah ir Moshantu
Il y a 10 mois et 3 jours
Livre 1: Un très grand et épais grimoire
Une large couverture de cuir, finement ouvragée. L’ensemble est scellé par une serrure de métal magique ornée d’une sirène en train de chanter.
Il n'a pas encore été ouvert par l'équipage.
Djazah ir Moshantu
Il y a 10 mois et 3 jours
Livre 2: Un ouvrage imprimé.
Arcanes Mécaniques : la magie à travers le temps et le mouvement, par Augustus Picastus.
[Belle impression de qualité. Sur la première page figure une dédicace manuscrite.]
“A toi, mon ami de toujours, dont l’excellence en toutes choses nourrit sans cesse le flux de mes pensées. Plus qu’à quiconque, ces réflexions sur le temps te seront familières puisque tu as réussi la prouesse de lire ce livre avant qu’il n’existe. Pour tout le temps, si précieux, que tu as consacré à me relire et à me corriger, merci. Augustus Picastus”
[On trouve également une dédicace imprimée qui devait, elle, figurer sur tous les exemplaires]
"A ma muse, opiniâtre et courageuse, qui parle comme chantent les oiseaux et ne désespère jamais de faire de moi, chaque jour, quelqu'un de meilleur."
[Puis l'introduction de l'ouvrage]
La plus grande tristesse de notre condition de mortels n’est sans doute pas dans les adieux que nous avons fait, faisons, ou ferons à tous les lieux, toutes les odeurs, les musiques, à toutes les personnes que l’on aime. Changés, renouvelés, nous finirons bien par les revoir, car si par un “à dieux” nous les confions à ceux qui règnent au dessus et autour de nous, il est acquis que le thème original qui ouvrit notre existence sera rejoué dans d’infinies variations le long de la portée sans fin du fleuve d’éther.
Non, la plus grande tragédie de nos existences éphémères est bien de devoir se résoudre à ne pouvoir tout comprendre, tout embrasser de l’extraordinaire mécanique du monde. Inlassablement interrompus par le Temps lui-même, il nous faudra recommencer à partir de rien, jouissant à nouveau des joies oubliées mais privés à jamais des savoirs que seules patience, étude et expérience peuvent accorder. Ainsi, conscients de notre finitude infinie et tout enflés d’humilité, il nous faut choisir. Délimiter. Sélectionner et donc, éliminer. Ne garder que ce que l’on sera en mesure d’accomplir et en laissant une trace en espérant qu’elle permettra à d’autres de prendre la suite, perchés sur nos livres comme sur autant de marche-pieds. C’est par ce douloureux processus que débute l’écriture de chaque étude et aucune année, passant, n’adoucit ce moment.
L’idée première, comme un jaillissement, est toujours grande. Flamboyante, majestueuse, tonnante! Il ne pourrait en être autrement lorsqu’elle survient à la lecture du brillant ouvrage d’un physicien que j’ai l’honneur de compter parmi mes amis: Matière et magie: de l’influence de la forme et de l’espace dans la création d’un sort, par Panilumo Nilumo. Il faut une intelligence comme la sienne pour que les mathématiques et les arts plastiques se lient à un tel point qu’ils en deviennent indissociables et que des démonstrations d’un raffinement et d’une complexité comme notre belle cité de Nym n’en a que peu connues, apparaissent à nos yeux comme l’évidence même. Son ouvrage ne nous instruit pas, il révèle. Passée l’épiphanie, vient l’inspiration. L’urgent besoin de se glisser dans son sillage, de venir enrichir sa merveilleuse orchestration d’un nouvel instrument. Modeste, mais, je crois, utile car, en effet, après l’espace vient le temps, et donc le mouvement.
L’idée générale du présent ouvrage venait de naître, géante. Si ample et si vertigineuse qu’une vie ne saurait tout entière suffire à la circonscrire. Et malheureusement, la mienne est déjà bien entamée. Alors, ainsi que je le disais, il fallait restreindre le chant d’étude.
Léguant à d’autres la charge de poursuivre l’écoute studieuse de la musique de notre univers afin de la donner à voir aux aveugles et à entendre aux sourds que nous sommes, je souhaite par les lignes qui vont suivre, alléger, pour un peu, leur immense fardeau en leur faisant part de ce que je crois en avoir compris au travers de l’étude de ma passion de toujours: les arcanes mécaniques.
La formule n’est peut-être pas la meilleure mais elle présente deux vertus: ne pas suggérer une confusion avec la “mécanique des arcanes” d’une part, et (surtout?), sonner bien mieux à l’oreille qu’une lourde et pataude “application des glyphes arcaniques à des rouages et engrenages en mouvement”. Cette dernière formulation, par exemple, à mi-chemin entre le synthétique et le développé, hérite des défauts de chacun sans en avoir les qualités. D’une explication développée, elle n’a pas l’avantage de l’exhaustivité tout en souffrant de sa faiblesse pédagogique. Contrairement à une formule succincte, elle ne saisit pas la mémoire par sa mélodie mais garde l’inconvénient de nécessiter, malgré tout, un important développement pour être pleinement comprise.
Alors, qu’entendons-nous par “arcanes mécaniques”? La tentative, par l’automatisation et la miniaturisation, de transcender les limites d’un mage dans la pratique de son art. Ces limites sont, principalement, au nombre de trois (En toutes choses, décidément, ce chiffre est capital!). Nature, puissance, stabilité.
Ce que l’expression de “nature du sort” désigne ici pourrait être décrit comme le degré de raffinement et de complexité du sort. Si nous ne pouvons pas TOUT faire par magie, ce n’est pas que l’usage de l’éther serait ontologiquement bridé et limité mais bien que notre esprit, notre intellect, indispensable à la conception du sort n’est pas, lui, sans limite. Le nombre de calculs et d’étapes nécessaires à la conception d’un sort font qu’aujourd’hui, même les plus brillants esprits de notre belle cité ne peuvent modeler l’univers à leur guise. En décomposant chacun de ses éléments pour “l’inscrire” (formule impropre et volontairement simpliste) sur un rouage, nous pourrions multiplier à l’infini les circonvolutions de l’éther et le modeler avec plus de finesse qu’il ne l’a -probablement- jamais été, imaginer des sorts qui n’ont jamais été ne serait-ce qu’espérés. Nos grimoires, aussi fournis et complets soient-ils ne seraient alors que de maigres versions de papier sans relief de tous les calculs, toutes les probabilités, toutes les possibilités que les mécanismes pourraient représenter. L’ouvrage que j’ai pu rédiger sur ce sujet mériterait d’être revu et complété depuis les travaux de Panilumo Nilumo.
La puissance est la limite la plus évidente du mage pour tout un chacun mais également celle qu’on a le plus souvent essayé de dépasser. Il y a d’excellents ouvrages sur la question qui développent des points de vue tout à fait passionnants: puissance intrinsèque du lanceur de sort, capacité à puiser l’éther, déperdition et optimisation de l’éther… De nombreuses expériences ont déjà été menées sur ce sujet, de l’usage de certains artefacts en passant par la coopération de plusieurs mages. Je crois que les arcanes mécaniques ont aussi des éléments de réponse à apporter à l’ensemble de ces problématiques et il faudra sans doute que je m’y penche un jour mais je dois bien avouer que la recherche de puissance n’a jamais été, à proprement parler, au cœur de mes priorités.
Enfin, ultime limite, la stabilité. L’instabilité de nos sorts, notre incapacité à l’éternité est une chose infiniment complexe qui mériterait une vie d’étude. L’une des causes que j’ai pu isoler lors mes recherches -et à la lecture de mes amis et maîtres- tient à notre incapacité à créer une magie capable de se modeler sans cesse au gré des variations de l’environnement. Quand le vent souffle, nos cheveux se soulèvent, notre magie, elle, est par trop figée. Le mage qui, seul, voudrait tenter d’affronter ce problème d’éternité se lancerait un défi incommensurable, au sens premier du terme puisqu’il est - a priori- impossible aux mortels que nous sommes de mesurer l’infinité de variables nécessaires pour rationaliser l’infini. A travers notre faculté à percevoir le monde que je crois, peut-être à tort, liée à l’âme**, nous ne pouvons embrasser et surtout anticiper l’ensemble des mouvements de l’univers et ne pouvons donc créer, par magie, un sort pérenne. Nous n’avons pas les oreilles capables d’entendre la musique du Grand Tout, nous avons l’âme trop frêle! Je veux croire que mes mécanismes, en l’imitant, pourront nous le permettre.
La naissance, le jaillissement d’un acte magique se trouve à l’intersection exacte entre l’environnement du mage - autrement dit l’univers infini- et la profondeur insondable du mage lui-même.
Tout étudiant sait aujourd’hui que, pour lancer un sort, le mage (sauf exception) puise dans l’éther du monde autour de lui, le façonne grâce à son éther personnel, son esprit, ses mouvements incantatoires, ses mots de pouvoirs et sa volonté. Il s’agit en réalité, et la lecture de Panilumo Nilumo nous l’apprend, de sculpter l’énergie pour obtenir une création: le sort. Au sein d’une même classe, vous verrez vingt ou trente élèves reproduire aussi fidèlement que possible tous ces éléments qu’ils tiennent de leur professeur -Limite de l’Esprit, la nature du sort- et produire, chacun leur tour, un sort plus ou moins semblable. Il y aura, entre chacun, des déperditions d’énergie -Limite du Corps, la puissance du sort- , d’imperceptibles variations de résultat, et, pour tous, finalement, l’effondrement de leur création- Limite de l’âme, la pérennité du sort. Un effondrement auquel nous ne prêtons plus attention d’ailleurs tant il est admis par tous qu’un sort est temporaire. Comme s’il nous était impossible d’imaginer qu’une création puisse être éternelle.
Chaque sort que nous lançons, même le plus beau, est éphémère et limité parce que nous sommes nous-mêmes imparfaits et limités et parce que le référentiel dans lequel nous le sculptons n’est jamais deux fois le même. Ces deux mondes, dont la rencontre produit l’étincelle magique, sont en perpétuel mouvement. Ils changent, évoluent à chaque temps -vous me voyez venir - à chaque cran d’un engrenage. Face à ce chaos, le mage, lors d’une canalisation, puise dans toute sa concentration pour percevoir ces changements innombrables et essayer de les compenser -en utilisant toujours plus d’éther pour produire, en quelque sorte, sort adapté aux changements infimes à chaque instant- pour assurer la stabilité de sa création jusqu’à épuisement. Un mécanisme parfait pourrait accomplir cela sans fatigue, remplaçant le flux d’éther par sa plasticité.
Voilà donc le but de notre étude. Utiliser les arcanes mécaniques - ou l’horlogerie des mages- pour concevoir une magie capable de tendre vers l’éternité d’une part en ayant pour point de jaillissement un point d’une stabilité astrale, et d’autre part en ayant la faculté d’un auto-ajustement aux infinies variations de l’univers.
**[en note de bas de page] C’est ce qui expliquerait, selon moi, que nous parvenions, en intégrant dans nos équations une variable directement liée au lanceur du sort, à former des constructs magiques durables tels que les carbuncles. Étant une émanation du lanceur du sort, ils sont directement en lien avec la partie animique de son être et deviennent donc relativement pérenne en bénéficiant d’un lien permanent avec ce qui nous permet de sentir le monde. Ce lien avec l’âme de l’invocateur lui donne la plasticité nécessaire. Le point de départ, la fixation stable du construct se situe, évidemment, dans la gemme utilisée. La structure cristalline plus ou moins complexe de celle-ci déterminant le raffinement du résultat lui-même: la géométrie cristalline vient prolonger le projet établi par l’Esprit du mage. L’invocation d’un carbuncle n’est donc pas un contre-exemple à ce que j’écris, facétieux et contestataire lecteur, mais au contraire une illustration de la véracité de mes propos. Il s’agit simplement d’une autre méthode que les arcanes mécaniques, poursuivant des buts relativement similaires.
[L’ouvrage d’Augustus Picastus se développe alors en trois parties. Comprendre, Rationaliser, Forger. Dans une démarche très classique, ou du moins très claire, le savant commence par exposer les connaissances dont il dispose sur son sujet (le Temps et le Mouvement du monde). Il y fait état des recherches d’autres savants, mais aussi de ses propres postulats. Il n’hésite pas à employer la métaphore musicale, émettant l’hypothèse que la symphonie de l’univers, trop puissante et avec trop d’instruments pour que l’on puisse tout discerner, verrait sa mélodie se reproduire plus ou moins fidèlement, à chaque échelle, avec un peu moins d’instruments à chaque fois. Notre planète reprendrait le thème comme un orchestre de chambre, et l’individu comme un soliste.
C’est en partant de cet axiome qu’il développe une seconde partie consacrée à la conception abstraite de mécanismes capables de percevoir voire d’interpréter cette partition. Les schémas et les équations d’une finesse et d’une complexité ébouriffantes se succèdent. L’auteur confesse lui-même être aujourd’hui dans l’incapacité de concevoir un mécanisme universel. Une oeuvre à l’échelle de la planète serait déjà un exploit.
Ces considérations l’amènent très logiquement à sa troisième et dernière partie consacrée à la mise en pratique de ses théories. On notera l’absence totale de snobisme de chercheur. Augustus Picastus ne crée aucune hiérarchie de valeur -ou même de fierté- entre ses développement abstraits et mathématiques de haut-vol et cette partie beaucoup plus prosaïque et dans laquelle il décrit avec soin les divers métaux, méthodes de forge, formes et gravures de glyphes. La lecture complète de l’ouvrage démontre que, pour lui, il n’y a pas de différence entre philosophie, science, art, et artisanat ou plutôt que tous chez lui s’entremêlent.]
[Le plan est donc le suivant:]
I. Comprendre le Temps en mouvement: la partition universelle
II. Rationaliser le Temps en mouvement: identifier et modéliser les variables universelles
III. Forger pour le Temps en mouvement: stabilité et plasticité
[Enfin, l'auteur développe une longue conclusion tirant le bilan de son travail. Il semble à la fois heureux des progrès accompli, lui qui se trouve dans la position d'un découvreur, se frayant un chemin dans des forêts de savoir encore vierges, mais aussi de tout ce qu'il reste à découvrir pour et par les générations futures de curieux et d'amoureux des mécanismes. A la toute fin, il se permet quelques lignes plus personnelles qui trouvent peut-être chez vous un écho particulier.]
“J’ai l’espoir qu’un jour toute cette encre étendue sur quelques centaines de pages puisse prendre corps. S’il m’arrive de prendre un plaisir non feint à laisser vagabonder mon esprit dans ces équations et conjectures, c’est avant tout parce que je crois sincèrement qu’elles pourront me permettre d’entendre le monde qui m’entoure, de traduire l’invisible. Oh, bien sûr, je ne commencerai pas par l’univers tout entier. Je voudrais commencer par l’océan. Et le vent qui gonfle les voiles d’un navire. Pouvoir naviguer en percevant chaque fluctuation, chaque vibration de l’environnement, sentir un courant naître et prendre appui sur la dérive comme le violoncelle grave d’un quartet qui jouerait un sourd canon du vent d’un violon.”
Djazah ir Moshantu
Il y a 10 mois et 3 jours
Livre 3: Journal de recherche. Projet Reumacathore - n°5.
Jour 824. Le refuge conçu par Fidalon Dédalon est en passe d’être achevé. Je vais pouvoir y apporter les gardiens que j’ai créés pour le sécuriser. Impact: une semaine complète sans travailler sur le projet R.
…
Jour 830. Suite aux nouveaux essais sur le Reumacathore assemblé, j’ai retravaillé les deux voies du feu sur le pied. La courbure d’accélération était trop vive à la base. A présent, la conduction se fait sans perte ET sans intensité excessive du signal. Je suis satisfait. Augustus Picastus le sera aussi.
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Jour 838. J’ai terminé l’installation des gardiens de pierre au refuge de Skalla. J’ai confié le code à Augustus Picastus. Il doit en informer les autres membres de l’Ordre. Il risque d’oublier. Journées perdues sur le projet R: 2.
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Jour 843: Hier a eu lieu la fête des Etoiles. Je relate l’événement car il a eu un impact sur l’organisation de mon laboratoire. Mon assistant Panini Loni a abusé de boissons alcoolisées. Il a tenu un discours interminable dans un sabir pénible. Je crois pouvoir le résumer en une déclaration d’amour. Je lui ai adressé un avertissement. C’était désagréable, inconvenant, et risquait de perturber la bonne marche du laboratoire.
PS: Augustus Picastus vient de me rendre visite. Il a parlé de mon paradoxe. Il dit que je perçois et figure les plus belles émotions, d’une part. D’autre part, il affirme que je me refuse à les vivre sans raison. J’ai trouvé sa remarque agaçante. Il sait que je n’aime pas parler, ni écrire. Cependant je sculpte. Je n’avais pas envie de sculpter mon assistant. C’est mon droit le plus strict. [L’ensemble du post-scriptum est barré d’un trait parfaitement régulier avec une simple mention en marge:] Sans rapport avec le sujet du journal.
…
Jour 862: Deux mauvaises nouvelles. Première mauvaise nouvelle. Panini Loni, mon assistant, a disparu. C’est très contrariant. Il connaissait mes exigences et mes méthodes. Augustus Picastus m’a dit qu’il était, je cite, “sans doute parti lécher ses plaies loin de moi”. J’ai fait semblant de comprendre cette expression qui m’a l’air laide. Autre possibilité envisageable: son départ serait la conséquence de l’avertissement que je lui ai adressé lors de la précédente fête des Etoiles.
Seconde mauvaise nouvelle. Elle est plus grave encore que la première. Augustus Picastus a relevé des irrégularités éthériques à la sortie de son gyroscope lorsque le Reumacathore est complet.
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Jour 885. Nous avons résolu le problème qui nous occupe depuis près de deux mois. Il s’agissait d’un problème purement mécanique. De micro-vibrations au point de jonction entre socle et coeur. Elles perturbaient l’un des gyroscopes conçus par Augustus Picastus. Amamina Belmina a confectionné une pâte aux propriétés remarquables. Voir recette en marge. La conduction n’est absolument pas affecté par la pâte qui est d’une neutralité totale. La stabilité mécanique est parfaite. Amamina Belmina n’est pas accréditée par les autorités pour travailler sur le projet. J’ai dû me présenter comme le concepteur de son produit. J’ai horreur de ça.
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Jour 900. Cela fait trente lunes que le projet Reumacathore a été lancé. Augustus Picastus a voulu faire une fête. Je n’aime pas la foule. J’aime sa musique.
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Jour 904. J’ai un nouvel assistant. Il se nomme Efialte Pafialte. Il travaillait au laboratoire alchimique de Rackham Manjham. A ce stade de nos recherches, nous n’avons plus le temps de former quelqu’un étranger au projet. Il me faudra m’en contenter.
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Jour 918. Réunion des directeurs de laboratoires. Nous avons abordé la question de l’harmonisation du -ou AU- Reumacathore. Un consensus a émergé au sein de l’équipe de conception: nous-mêmes mis à part, rares seront ceux qui pourront le comprendre suffisamment pour pouvoir s’harmoniser avec. Fidalon Dédalon s’inquiète de la réaction des autorités. Je crois qu’ils considèreront que le financement octroyé a été gaspillé si l’usage de l’appareil ne peut pas être vulgarisé. Augustus Picastus est optimiste. Il a dit “un esprit bien formé pourra sans mal espérer une harmonisation partielle en quelques semaines s’il prend la peine d’étudier un peu nos schémas!”. Rackham Manjham a suggéré qu’Augustus Picastus rédige un guide pour faciliter l’harmonisation. J’ignore s’il va s’y atteler. Je n’avais rien à dire.
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Jour 922. Fidalon Dédalon a été retrouvé mort, sur la plage devant chez lui. Je n’ai pas encore pu voir le corps et déterminer la cause du décès. Il n’avait aucun problème cardiaque, à ma connaissance. Son décès est sans conséquence notable pour le projet Reumacathore. Les aspects dont son laboratoire avait la charge étaient réglés depuis longtemps. Les conséquences pour l’Ordre seront nettement plus grandes. Note: penser à annuler le rendez-vous pour établir les renforts anti-sismiques nécessaires à Skalla.
Je suis triste.
Jour 931. J’ai terminé les derniers réglages relevant de mon champ de compétences. Ma contribution au projet Reumacathore semble donc achevée. Toutefois, je ne vais pas arrêter ce journal. Augustus Picastus est inquiet depuis la lecture de mon rapport d’autopsie. Un meurtre est toujours inquiétant, c’est normal. Lui pense à un complot contre l’Ordre.
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Jour 968. Augustus Picastus a été arrêté ainsi que la quasi-totalité de son laboratoire. Efialte Pafialte a essayé de me tuer. J’ai dû le torturer. C’était pénible. Il savait peu de choses. Ses maîtres veulent le Reumacathore. Il n’a pas parlé de l’Ordre. Il a mis dans mon thé une substance permettant de me traquer. Peu d’alchimistes seraient capables de créer cela à ma connaissance. Amamina Belmina pourrait, mais je sais qu’elle ne me trahirait pas. L’hypothèse la plus probable est l’ancien (?) maître d’Efialte Pafialte, Rackham Manjham. Je vais devoir utiliser le refuge de Skalla. Il a été conçu pour être isolé. J’emporte avec moi le strict nécessaire.
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Jour 971. J’espère que disparaître deux mois suffira à décourager mes poursuivants. Ils vont probablement tuer mon meilleur ami. J’aurais dû croire à ses soupçons. Suis-je partiellement responsable?
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Jour 975. J’ai ressenti une secousse de faible intensité. Je relis le travail d’Augustus Picastus. J’admire son habileté. Fausser ses calculs volontairement sans trahir sa démonstration est encore plus impressionnant que réussir la démonstration elle-même. J’aimerais en parler avec lui. A nouveau.
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Jour 980. Amamina Belmina a suivi les indications d’Augustus Picastus pour me rejoindre. Nous sommes donc deux. La perte d’intimité est compensée par sa compagnie. Elle pleure quand elle croit que je dors.
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Jour 981. Elle a voulu que nous jouions. Pour tromper l’ennui (l’inquiétude?). Je n’aime pas beaucoup ça. Ses énigmes demandent d’avoir l’esprit fourbe. Je ne suis pas ainsi. Elle est vraiment très agile. Il y a eu une secousse d’intensité modérée.
…
Jour 983. Le tunnel d’accès s’est effondré.
Jour 984. Il semble qu’il y ait des tonnes de roches. Je savais bien que Fidalon Dédalon devait renforcer la structure. Je lui avais dit. J’ai rationné les vivres.
Jour 985. Nous sommes piégés. Nos chances de survie sont infinitésimales. Seul un membre de l’ordre rescapé pourrait venir nous trouver dans ce refuge secret. En reste-t-il un seul encore vivant?
Djazah ir Moshantu
Il y a 10 mois et 3 jours
Livre 4: Un précis scientifique imprimé
Grand précis d’anatomie par Banana Bana dédicacé à son meilleur élève Panilumo Nilumo.
“Cela fait bien longtemps que j’ai perdu le droit de vous appeler disciple tant vous m’avez surpassé dans bien des domaines mais je vous prie de croire que la fierté et la tendresse que je mettais dans ce mot n’ont pas disparues. Je sais que vos pas vous ont mené depuis vers d’autres terres que celles de la médecine mais j’espère, malgré tout, que vous prendrez, à me lire, un peu du plaisir immense que j’ai à découvrir vos ouvrages.”
Il s’agit d’une somme anatomique d’excellente qualité et qui pourrait être étudiée sans gêne aujourd’hui dans les amphithéâtres de Sharlayan. On y découvre, chapitre après chapitre, chaque os, chaque muscle, chaque tendon, chaque organe des espèces humaines connues. L’ouvrage est très volumineux, chaque élément illustré par une gravure élégante du sujet étudié.
Djazah ir Moshantu
Il y a 10 mois et 3 jours
Livre 5: un manuscrit de Panilumo Nilumo
Animer la pierre: beauté astrale, souffle ombral
Il s’agit visiblement d’une sorte de mémoire de fin d’études.Dans un style concis, pour ne pas dire haché, le jeune Panilumo Nilumo développe un travail qui ravirait probablement tout directeur de recherche sharlayannais adorerait se voir remettre par un étudiant souhaitant embrasser une carrière de chercheur. Les premiers chapitres, impeccables de rigueur, font la somme des connaissances de l’époque sur la manière dont les machois d’un côté et les amdaporiens de l’autre font pour animer des “êtres” de pierre. Magie noire et magie blanche y sont décortiquées. Il semble que Panilumo Nilumo ne disposait pas de toutes les connaissances qui sont aujourd’hui les nôtres sur ces sujets mais les annotations de son directeur dans la marge, élogieuses, laissent à penser qu’il fait là un travail d’étude des techniques des ennemis de Nym particulièrement apprécié.
La dernière partie de l’ouvrage est celle qui est la plus personnelle. Les références à de savants auteurs laissent place à l’élaboration d’une théorie personnelle du jeune auteur. Il confesse que ses résultats sont encore balbutiants mais que, théoriquement, un sculpteur capable de “lire” et de suivre les lignes de cristallisation de la roche qu’il travaille pourrait, tout en la taillant, y graver des arcanes permettant de l’animer ou de lui conférer certaines propriétés notamment liées à l’éther de terre.
Le style est aride, et le staccato des mots contraste nettement avec toutes les esquisses, tous les schémas qui, plus que de simples illustrations, offrent la véritable démonstration visuelle. On découvre une grande sensibilité artistique, de la délicatesse, de la finesse et un goût pour le réalisme anatomique notamment. L’auteur évoque d’ailleurs la nécessité de ces connaissances médicales et du réalisme interne et externe de ses sculptures pour que l’éther y circule d’une manière comparable -et non identique- à celle observable chez un être humain.
Fait notable parce que inhabituel, certaines équations, certains calculs précis de sorts sont écrits le long des lignes des statues esquissées d’une plume ou d’un crayon à la finesse remarquable. La beauté se mêle à la science. La beauté des statues, leur harmonie, devient une condition au fonctionnement des arcanes.
A la fin de leur lecture, ceux qui ont une certaine habitude du milieu académique quitteront peut-être l’ouvrage avec un sourire, fruit de l’admiration et de la nostalgie. Le mémoire n’est pas parfait, et certainement pas complet, mais il a tout d’une jeune pousse formidable, de ces premiers travaux originaux, brillants et parfois malhabiles que produisent souvent les rares individus qui finissent, d’une manière ou d’une autre, par se démarquer du commun de leurs congénères.
Tous comprendront les derniers mots de la plume du directeur: “Manuscrit autorisé à la soutenance. Hors du commun.”