[Kikyo] III - Au-delà de l'Eternel
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Plus elles avançaient dans le goulet jusqu'à l'oasis, plus elle retrouvait l'espoir, voyant que les poursuivants de Lantis s'étaient fait descendre les uns après les autres. Il était solide, astucieux, il avait survécu à bien pire il pouvait s'en sortir. Elle s'accrochait à cette pensée qu'il avait survécu trois jours àYanxia avec une balle dans le pied et elle en piteux état, et ils avaient survécu tous les deux ; et il était avec sa fille il ne pouvait pas mourir, il ne pouvait pas ne pas la sauver. Akio flairait le sol, de plus en plus pressé par l'odeur du sang. Il était sans doute blessé quelque part attendant des secours.
"On arrive, tiens bon, on arrive."
Et puis soudain, elle leva les yeux sur un nouveau corps gisant face contre la roche, bloquant l'entrée d'une crevasse naturelle la tête vers l'intérieur, il ne bougeait pas. L'image de Lantis à genoux au-dessus de son corps pour la protéger des balles lui traversa l'esprit.
"On arrive, tiens bon, on arrive."
Et puis soudain, elle leva les yeux sur un nouveau corps gisant face contre la roche, bloquant l'entrée d'une crevasse naturelle la tête vers l'intérieur, il ne bougeait pas. L'image de Lantis à genoux au-dessus de son corps pour la protéger des balles lui traversa l'esprit.
"J'ai peur Lantis...!
- Kikyo regardes-moi, regardes-moi ça va aller ! ne regarde que moi d'accord ?!"
- Kikyo regardes-moi, regardes-moi ça va aller ! ne regarde que moi d'accord ?!"
"Non... non non non non !"
Elle sauta de sa monture, trébuchant à chaque pas pour aller vers le corps et tendit la main vers lui. Elle se stoppa avant de le toucher. Cette nuque, ces cheveux, ces épaules, c'était lui qui gisait là. Elle resta figée comme si elle refusait d'y croire. Elle le regardait sans le voir jusqu'à ce que Shana, après lui avoir pris le poul, secoue la tête et le déplace doucement pour dégager l'entrée de la crevasse.
Elle ne vit pas tout de suite Isha qui sortait du trou le petit corps ensanglanté enroulé dans un tissus blanc, dont la main dépassait, tendue vers Lantis. C'était Yumi, elle n'avait pas survécu elle non plus. La pauvre Isha était en larmes, les autres contenaient leur colère et leur dignité et un silence pesant s'installa, si ce n'est les gémissements d'Akio qui se muèrent en une longue plainte résonnant à travers les montagnes.
Quelque chose se brisa cette nuit-là. Kikyo ne craqua pas tout de suite, c'était comme si elle avait éteint son propre coeur jusqu'à ce qu'elles aient retrouvé les derniers poursuivants et assassins de son meilleur ami. Le combat fut bref, porté par une rage sans nom et les quelques survivants elle les laissa à Licinia et Akayane après avoir eu le plus de réponses possible à la seule question qui lui importait encore : qui avait commandité cela ? Qui avait ordonné que l'on traque Lantis et avait envoyé à sa poursuite des mercenaires, de fichus mercenaires, des tueurs d'enfants alors que selon leurs propres dires ils avaient ordre de le prendre vivant.
Elle retourna à l'endroit où elles avaient laissé les corps. Isha les avait nettoyé comme elle pouvait, la pauvre miqo'te avait les yeux rougis de larmes. Elle descendit d'Akio, la mine sombre et défaite. Elle peinait à regarder les corps et dut s'y prendre à plusieurs reprises pour affronter cette vision impensable. Elle écoutait Isha sans l'entendre.
"Je vais devoir l'annoncer à Iyori ... Et Orik... Et Yuki."
Kikyo pris plusieurs inspirations, elle vint s'agenouiller devant Lantis, toujours par accoups. La voix cassée, elle murmura :
"Quelque part dans une prison impériale... son frère attend que nous venions le libérer.... Mais il ne reviendra pas."
Elle tendit sa main, lentement, elle le toucha du bout des doigts. Il était froid.
"On voulait explorer le monde ensemble, et gouter à la liberté."
Elle laissa courir ses doigts sur son visage éteint.
"C'est moi qui lui ai dit de déserter, de venir avec moi. C'est moi qui ai promis à Yumi... qu'on la sortirait de là. Qu'elle pourrait recommencer à vivre. C'est moi qui les ai amené ici, après la libération d'Ala Mhigo, et qui les ai incité à rester. Baka... Tu voulais juste me suivre... et veiller sur moi."
Sa main tremblait. Isha s'en saisit et y plaça deux mèches de cheveux tressées et contenues par un ruban rouge. Ils étaient tous les deux bel et bien mort alors ?
"Baka... réveille-toi..."
Mais il ne se réveilla pas. Isha se mit à murmurer, doucement.
"Il n'est de devoir plus douloureux et difficile que de se souvenir de ceux qui sont partis avant nous en laissant un creux dans notre coeur..."
Kikyo serra les deux petites mèches, les yeux débordants de larmes mais aucune ne coule.
"...c'est votre devoir, désormais. Le mien, aussi. Celui de Licinia.
- ... Baka.... Baka...!"
Personne, excepté les deux miqo'tes et Akio, ne seraient plus jamais témoins d'une telle douleur sur le visage de Kikyo Kurusu, à moitié dissimulée entre son col et son chapeau. Elle se baissa, les épaules trahissant ses sanglots tandis que son front se posa contre le torse du hyur qui ne respirait plus depuis longtemps. Elle voulait hurler mais aucun son ne sortait de sa bouche. Quand elle se redressa enfin, son visage n'avait pas changé, on pouvait voir jusque dans son regard la déchirure de plus en plus grande chaque fois qu'elle le posait les yeux sur leurs visages morts.
"Je serais au lieu de rendez-vous demain, et je te jure Lantis... celui qui a fait ça devra en répondre."
Elle caressa les cheveux de la petite Yumi, victime innocente de cet enfer jusqu'à ses derniers instants. Une enfant de Doma de plus prise par ces chiens d'impériaux.
"Et je tiendrais ma promesse. Je vais libérer ton frère, dussais-je aller moi-même ouvrir sa cellule au coeur même d'Ilsabard..."
Elle commença à se relever, péniblement.
"Lantissu no baka... baka... baka..."
Enfin elle parvint à détacher ses yeux des corps pour les poser sur Isha. Cette miqo'te qui la détestait ouvertement mais qui faisait preuve d'une empathie profonde. Elle n'avait rien eu contre cette fille, elle ne la connaissait même pas. Elle se contenta de la regarder et de dire :
"Merci.
- De quoi, exactement ?"
Kikyo répondit, tout en nouant les mèches de cheveux aux grelots offerts par Shana. Les grelots cachent le son des pleurs d'après elle.
"D'exister.
- ... q..."
Isha resta interdite quelques secondes, alors que Kikyo avançait vers son dernier compagnon d'autrefois. Elle mit le pied à l'étrier et se hissa sur son dos.
"Dame Shana, merci à vous aussi. Je serais dans la baie demain matin mais pour cela il me faut décoller sur l'heure. Dites aux autres... que justice sera faite."
Shana se contenta d'acquiescer sobrement tandis qu'Isha se relevait à son tour. Avant de partit, Kikyo ne put s'empêcher de porter un ultime regard sur son meilleur ami, et sur l'enfant qu'ils avaient sauvé ensemble. Une partie importante de sa vie, presque la moitié, venait de voler en éclats. Elle avait mal, mais elle voulait ancrer en elle cette douleur et ne jamais l'oublier.
"Sans toi mon frère, comment vais-je m'en sortir ?"
Elle essuya rapidement ses yeux, les larmes commençaient à couler cette fois et Akio s'élança sur la plaine avant que quiconque puisse les voir. Licinia et Akayane le virent détaler comme un fou furieux en direction du village. Le vent se leva sur Gyr Abania emportant avec lui un hurlement de rage, de douleur et de chagrin qui se perdit à jamais dans ces terres où ils avaient connu la guerre tous les deux, où ils avaient connu l'amitié, la liberté, et pour l'un d'entre eux, la mort.
Ils s'étaient promis de rester ensemble pour toujours. Il avait son premier et, pendant longtemps, son seul ami. Il lui avait appris à regarder les hommes derrière les soldats ennemis. Il lui avait appris que seuls les actes comptent dans un monde ou le sang porte les imbéciles au pouvoir. Il lui avait appris l'amitié, et même l'amour. Mais la guerre n'avait eu de cesse de les séparer. Il était arrivé trop tard lorsqu'elle avait déserté, elle était arrivée trop tard lorsqu'il était partit à son tour, il était arrivé trop tard pour lui dire ce qu'il ressentait pour elle avant qu'elle ne tombe amoureuse du Tigre, elle était arrivée trop tard pour l'emmener avec elle sur l'Eternal loin de tout ceci... elle était arrivée trop tard pour le sauver.
Deux soldats impériaux en uniforme étaient assis sur un rocher près des chutes de la Velodyna.
"Ne, Lantissu...
- Hm ?
- Si on quitte l'armée un jour, si la guerre se termine... Qu'est ce que tu feras ?"
Il baissa son livre de poésie domienne, portant son regard sur l'immense édifice qui coupait l'horizon en deux.
"J'irai sauver des vies, à commencer par la tienne, qui sait dans quels ennuis tu serais capable de tomber.
- ... Lantissu no baka !"
Elle sauta de sa monture, trébuchant à chaque pas pour aller vers le corps et tendit la main vers lui. Elle se stoppa avant de le toucher. Cette nuque, ces cheveux, ces épaules, c'était lui qui gisait là. Elle resta figée comme si elle refusait d'y croire. Elle le regardait sans le voir jusqu'à ce que Shana, après lui avoir pris le poul, secoue la tête et le déplace doucement pour dégager l'entrée de la crevasse.
Elle ne vit pas tout de suite Isha qui sortait du trou le petit corps ensanglanté enroulé dans un tissus blanc, dont la main dépassait, tendue vers Lantis. C'était Yumi, elle n'avait pas survécu elle non plus. La pauvre Isha était en larmes, les autres contenaient leur colère et leur dignité et un silence pesant s'installa, si ce n'est les gémissements d'Akio qui se muèrent en une longue plainte résonnant à travers les montagnes.
Quelque chose se brisa cette nuit-là. Kikyo ne craqua pas tout de suite, c'était comme si elle avait éteint son propre coeur jusqu'à ce qu'elles aient retrouvé les derniers poursuivants et assassins de son meilleur ami. Le combat fut bref, porté par une rage sans nom et les quelques survivants elle les laissa à Licinia et Akayane après avoir eu le plus de réponses possible à la seule question qui lui importait encore : qui avait commandité cela ? Qui avait ordonné que l'on traque Lantis et avait envoyé à sa poursuite des mercenaires, de fichus mercenaires, des tueurs d'enfants alors que selon leurs propres dires ils avaient ordre de le prendre vivant.
Elle retourna à l'endroit où elles avaient laissé les corps. Isha les avait nettoyé comme elle pouvait, la pauvre miqo'te avait les yeux rougis de larmes. Elle descendit d'Akio, la mine sombre et défaite. Elle peinait à regarder les corps et dut s'y prendre à plusieurs reprises pour affronter cette vision impensable. Elle écoutait Isha sans l'entendre.
"Je vais devoir l'annoncer à Iyori ... Et Orik... Et Yuki."
Kikyo pris plusieurs inspirations, elle vint s'agenouiller devant Lantis, toujours par accoups. La voix cassée, elle murmura :
"Quelque part dans une prison impériale... son frère attend que nous venions le libérer.... Mais il ne reviendra pas."
Elle tendit sa main, lentement, elle le toucha du bout des doigts. Il était froid.
"On voulait explorer le monde ensemble, et gouter à la liberté."
Elle laissa courir ses doigts sur son visage éteint.
"C'est moi qui lui ai dit de déserter, de venir avec moi. C'est moi qui ai promis à Yumi... qu'on la sortirait de là. Qu'elle pourrait recommencer à vivre. C'est moi qui les ai amené ici, après la libération d'Ala Mhigo, et qui les ai incité à rester. Baka... Tu voulais juste me suivre... et veiller sur moi."
Sa main tremblait. Isha s'en saisit et y plaça deux mèches de cheveux tressées et contenues par un ruban rouge. Ils étaient tous les deux bel et bien mort alors ?
"Baka... réveille-toi..."
Mais il ne se réveilla pas. Isha se mit à murmurer, doucement.
"Il n'est de devoir plus douloureux et difficile que de se souvenir de ceux qui sont partis avant nous en laissant un creux dans notre coeur..."
Kikyo serra les deux petites mèches, les yeux débordants de larmes mais aucune ne coule.
"...c'est votre devoir, désormais. Le mien, aussi. Celui de Licinia.
- ... Baka.... Baka...!"
Personne, excepté les deux miqo'tes et Akio, ne seraient plus jamais témoins d'une telle douleur sur le visage de Kikyo Kurusu, à moitié dissimulée entre son col et son chapeau. Elle se baissa, les épaules trahissant ses sanglots tandis que son front se posa contre le torse du hyur qui ne respirait plus depuis longtemps. Elle voulait hurler mais aucun son ne sortait de sa bouche. Quand elle se redressa enfin, son visage n'avait pas changé, on pouvait voir jusque dans son regard la déchirure de plus en plus grande chaque fois qu'elle le posait les yeux sur leurs visages morts.
"Je serais au lieu de rendez-vous demain, et je te jure Lantis... celui qui a fait ça devra en répondre."
Elle caressa les cheveux de la petite Yumi, victime innocente de cet enfer jusqu'à ses derniers instants. Une enfant de Doma de plus prise par ces chiens d'impériaux.
"Et je tiendrais ma promesse. Je vais libérer ton frère, dussais-je aller moi-même ouvrir sa cellule au coeur même d'Ilsabard..."
Elle commença à se relever, péniblement.
"Lantissu no baka... baka... baka..."
Enfin elle parvint à détacher ses yeux des corps pour les poser sur Isha. Cette miqo'te qui la détestait ouvertement mais qui faisait preuve d'une empathie profonde. Elle n'avait rien eu contre cette fille, elle ne la connaissait même pas. Elle se contenta de la regarder et de dire :
"Merci.
- De quoi, exactement ?"
Kikyo répondit, tout en nouant les mèches de cheveux aux grelots offerts par Shana. Les grelots cachent le son des pleurs d'après elle.
"D'exister.
- ... q..."
Isha resta interdite quelques secondes, alors que Kikyo avançait vers son dernier compagnon d'autrefois. Elle mit le pied à l'étrier et se hissa sur son dos.
"Dame Shana, merci à vous aussi. Je serais dans la baie demain matin mais pour cela il me faut décoller sur l'heure. Dites aux autres... que justice sera faite."
Shana se contenta d'acquiescer sobrement tandis qu'Isha se relevait à son tour. Avant de partit, Kikyo ne put s'empêcher de porter un ultime regard sur son meilleur ami, et sur l'enfant qu'ils avaient sauvé ensemble. Une partie importante de sa vie, presque la moitié, venait de voler en éclats. Elle avait mal, mais elle voulait ancrer en elle cette douleur et ne jamais l'oublier.
"Sans toi mon frère, comment vais-je m'en sortir ?"
Elle essuya rapidement ses yeux, les larmes commençaient à couler cette fois et Akio s'élança sur la plaine avant que quiconque puisse les voir. Licinia et Akayane le virent détaler comme un fou furieux en direction du village. Le vent se leva sur Gyr Abania emportant avec lui un hurlement de rage, de douleur et de chagrin qui se perdit à jamais dans ces terres où ils avaient connu la guerre tous les deux, où ils avaient connu l'amitié, la liberté, et pour l'un d'entre eux, la mort.
Ils s'étaient promis de rester ensemble pour toujours. Il avait son premier et, pendant longtemps, son seul ami. Il lui avait appris à regarder les hommes derrière les soldats ennemis. Il lui avait appris que seuls les actes comptent dans un monde ou le sang porte les imbéciles au pouvoir. Il lui avait appris l'amitié, et même l'amour. Mais la guerre n'avait eu de cesse de les séparer. Il était arrivé trop tard lorsqu'elle avait déserté, elle était arrivée trop tard lorsqu'il était partit à son tour, il était arrivé trop tard pour lui dire ce qu'il ressentait pour elle avant qu'elle ne tombe amoureuse du Tigre, elle était arrivée trop tard pour l'emmener avec elle sur l'Eternal loin de tout ceci... elle était arrivée trop tard pour le sauver.
Deux soldats impériaux en uniforme étaient assis sur un rocher près des chutes de la Velodyna.
"Ne, Lantissu...
- Hm ?
- Si on quitte l'armée un jour, si la guerre se termine... Qu'est ce que tu feras ?"
Il baissa son livre de poésie domienne, portant son regard sur l'immense édifice qui coupait l'horizon en deux.
"J'irai sauver des vies, à commencer par la tienne, qui sait dans quels ennuis tu serais capable de tomber.
- ... Lantissu no baka !"
Baka... baka...
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Le soleil décline sur les sables du Thanalan. Combien de jours cela fait-il ? Quatre, cinq peut-être. Kikyo marchait le long des dunes de sables d'un port à l'autre, seule, avant que la nuit ne vienne. Ces promenades qu'elle s'accordait d'ordinaire en Noscea, elle avait fait le choix de les expatrier quelques temps. Ce n'était pas parce qu'il avait été enterré ici avec sa fille, ni parce que c'était ici qu'il l'avait retrouvée deux ans plus tôt après qu'il se soit exilé ; elle voulait simplement s'éloigner de tout et de tous le temps de son deuil.
Non sans honte, elle avait soigneusement évité de mêler Shinme à son chagrin. Sa précieuse Shinme maintenant proche du terme avait bien des choses à penser et déjà une grande fatigue sur ses épaules. Et puis... ce chagrin était le sien, égoïstement elle voulait le garder pour elle.
"Je ne parviens à ôter l'image de ton corps inerte de mes pensées." Murmura-t-elle face à la mer.
Le ciel avait pris une teinte orangée tandis que l'astre du jour disparaissait au loin derrière Vylbrand. Elle entendait dans le port de la Baie des Vêpres les dockers qui rentraient leurs marchandises, les rires et les échanges détendus des ouvriers en fin de journée, le Thanalan inspirait la joie de vivre à cette période, si proche du prochain festival, et personne ne faisait attention à cette femme au grand chapeau vêtue de noir qui parlait toute seule.
"Nous irons bientôt explorer cette île dont je t'avais parlé, je comptais te rapporter quelque chose de là-bas. J'ignore pourquoi, mais je continue de me poser la question et oublies trop souvent que tu n'es plus ici."
Un long soupir suivit sa déclaration, avant qu'elle ne remonte sa main pour maintenir son chapeau sur sa tête. Le vent se levait au dur et à mesure que la lumière baissait, déjà les premières étoiles apparaissaient au-dessus de la mer calme.
"C'est difficile, tu sais. J'ai toujours suivi ce chemin, voyant l'avenir avec toi dans mon sillage. Nous devions aller vers l'horizon ensemble. Ne crois pas que je te reproches tes choix, c'est juste... Bon, d'accord je t'en reproche encore certains mais là n'est pas la question. Tu sais...
- Madame ?"
La demi-raenne ne put retenir un léger sursaut. Par-dessus son épaule elle s'aperçut qu'un lalafell la regardait. Le jeune pêcheur semblait inquiet, son seau et sa canne à pêche sous le bras.
"Vous allez bien madame ? Vous marmonnez comme ma grand-mère quand elle a un problème."
D'abord vexée, Kikyo fut tentée de le rabrouer avec toute la froideur domienne mais n'en fit rien. Ce garçon semblait sincèrement inquiet pour elle, naïf peut-être mais pas mal intentionné.
"Je conversais avec un ami." répondit-elle. Le lalafell confus baissa les yeux. Il bredouilla un "désolé !" avant de filer. Kikyo soupira une nouvelle fois, revenant à sa contemplation de la mer de plus en plus sombre.
"On dirait que même ici je ne peux..."
Ses mots restèrent figés dans les airs, comme si le sujet lui-même venait de se révéler à la concernée. Un rire, léger, s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle porta deux doigts à son oeil pour essuyer une larme.
"Et je parle toute seule, comme si il était encore là. Ridicule."
L'ethérite n'était pas loin. Elle rabaissa son chapeau sur ses yeux et quitta les lieux avant que quiconque d'autre ne la prenne pour une folle. Lantis avait toujours été, d'une certaine manière, son confident à qui elle s'adressait même lorsqu'il était absent, mais jusqu'à lors ces absences n'étaient qu'ephémères et ils finissaient toujours par se rencontrer. Cette fois-ci, il ne reviendrait pas, et leur prochaine rencontre se ferait dans la mer d'étoiles lorsque son heure serait venue.
Non sans honte, elle avait soigneusement évité de mêler Shinme à son chagrin. Sa précieuse Shinme maintenant proche du terme avait bien des choses à penser et déjà une grande fatigue sur ses épaules. Et puis... ce chagrin était le sien, égoïstement elle voulait le garder pour elle.
"Je ne parviens à ôter l'image de ton corps inerte de mes pensées." Murmura-t-elle face à la mer.
Le ciel avait pris une teinte orangée tandis que l'astre du jour disparaissait au loin derrière Vylbrand. Elle entendait dans le port de la Baie des Vêpres les dockers qui rentraient leurs marchandises, les rires et les échanges détendus des ouvriers en fin de journée, le Thanalan inspirait la joie de vivre à cette période, si proche du prochain festival, et personne ne faisait attention à cette femme au grand chapeau vêtue de noir qui parlait toute seule.
"Nous irons bientôt explorer cette île dont je t'avais parlé, je comptais te rapporter quelque chose de là-bas. J'ignore pourquoi, mais je continue de me poser la question et oublies trop souvent que tu n'es plus ici."
Un long soupir suivit sa déclaration, avant qu'elle ne remonte sa main pour maintenir son chapeau sur sa tête. Le vent se levait au dur et à mesure que la lumière baissait, déjà les premières étoiles apparaissaient au-dessus de la mer calme.
"C'est difficile, tu sais. J'ai toujours suivi ce chemin, voyant l'avenir avec toi dans mon sillage. Nous devions aller vers l'horizon ensemble. Ne crois pas que je te reproches tes choix, c'est juste... Bon, d'accord je t'en reproche encore certains mais là n'est pas la question. Tu sais...
- Madame ?"
La demi-raenne ne put retenir un léger sursaut. Par-dessus son épaule elle s'aperçut qu'un lalafell la regardait. Le jeune pêcheur semblait inquiet, son seau et sa canne à pêche sous le bras.
"Vous allez bien madame ? Vous marmonnez comme ma grand-mère quand elle a un problème."
D'abord vexée, Kikyo fut tentée de le rabrouer avec toute la froideur domienne mais n'en fit rien. Ce garçon semblait sincèrement inquiet pour elle, naïf peut-être mais pas mal intentionné.
"Je conversais avec un ami." répondit-elle. Le lalafell confus baissa les yeux. Il bredouilla un "désolé !" avant de filer. Kikyo soupira une nouvelle fois, revenant à sa contemplation de la mer de plus en plus sombre.
"On dirait que même ici je ne peux..."
Ses mots restèrent figés dans les airs, comme si le sujet lui-même venait de se révéler à la concernée. Un rire, léger, s'échappa de ses lèvres tandis qu'elle porta deux doigts à son oeil pour essuyer une larme.
"Et je parle toute seule, comme si il était encore là. Ridicule."
L'ethérite n'était pas loin. Elle rabaissa son chapeau sur ses yeux et quitta les lieux avant que quiconque d'autre ne la prenne pour une folle. Lantis avait toujours été, d'une certaine manière, son confident à qui elle s'adressait même lorsqu'il était absent, mais jusqu'à lors ces absences n'étaient qu'ephémères et ils finissaient toujours par se rencontrer. Cette fois-ci, il ne reviendrait pas, et leur prochaine rencontre se ferait dans la mer d'étoiles lorsque son heure serait venue.
Quand elle entra dans la demeure silencieuse, tout le monde dormait, tout le monde sauf la petite fille assise sur les marches du grand escalier. Avant d'avoir pu discerner sa silhouette dans l'embrasure de la porte, elle avait déjà levé les bras dans sa direction.
"Mama !
- Kimiko, que fais-tu debout à cette heure ?"
Avant de répondre, l'enfant attendit d'être soulevée de terre et pressée contre la poitrine de sa mère avec tendresse, serrant dans ses bras sa peluche tigre blanc.
"Mama dodo."
Kikyo haussa un sourcil tout en montant les marches lentement, faisant un détour vers la chambre des enfants. Les jumeaux dormaient paisiblement dans leur berceau commun, se tenant la main dans leur sommeil comme toujours. Les peluches de Kimiko étaient parfaitement alignées au pied du lot, excepté le kojin et le namazu qui avaient fait leur devoir de vassal en amortissant l'évasion de la petite princesse hors de la chambre. L'enfant fit mine que tout était normal quand sa mère la posa sur les draps et se laissa border sans broncher, à nouveau elle répéta :
"Mama dodo.
- Oui petit lotus, je vais aller me coucher. Pardonne-moi de rentrer aussi tard ces jours-ci mais maman va bientôt partir explorer une île étrange."
Les grands yeux curieux de son aînée décrochèrent un sourire sur les lèvres de la froide domienne, son regard en disait long sur son envie d'en savoir plus. Kikyo se pencha sur elle pour lui baiser le front.
"Je te promets que j'aurais beaucoup d'histoires à te raconter lorsque je reviendrais, et encore plus car il n'y aura pas qu'un seul voyage."
Kimiko fronça les sourcils, clairement contrariée. Sa patience, égale à celle de son père, était mise à rude épreuve et pour peu elle aurait sommé sa mère de se rendre immédiatement sur l'île afin d'en apprendre plus, et surtout de tout lui raconter. Mais les bisous et la douce étreinte maternelle étaient bien plus importantes au quotidien. Soit, la petite fille ferait preuve de patience pour le moment. Elle hocha la tête une fois, d'un air assuré et en même temps une demande ferme de se hâter ; elle y gagna un second baiser avant de se noyer sous la couverture.
"Bonuit mama.
- Bonne nuit Kimiko."
Kikyo tira le rideau du lit et se leva pour sortir de la chambre sans un bruit. Dans le couloir, elle croisa une autre silhouette qui l'attendait devant la porte de la chambre conjugale.
Torse nu, les cheveux détachés, le tigre attendait bras croisés son épouse dont il n'avait pas l'habitude de la voir rentrer après lui, ce qui était devenu récurent ces dernières semaines. Sans la saluer il posa simplement sa main sur sa taille, ferme, lorsqu'elle passa devant lui.
"Avez-vous enfin fait votre deuil, Kurusu-tsubone ?"
Il n'avait jamais caché son opinion sur les choix de Lantis et les conséquences de ces derniers, pas plus qu'il n'avait feint la moindre compassion au-delà du respect minimum quel 'on doit aux défunts. Il avait respecté son chagrin, sa distance et son silence mais comme sa fille il n'avait guère de patience.
"Où que j'aille, il sera toujours une part de ma vie, Yumi aussi.
- Vous n'avez pas répondu à ma question."
Une dernière fois ses pensées se tournèrent vers son ami disparu, leurs rêves, leurs promesses et celles qu'elle pouvait encore tenir. Cette part de sa vie avait volé en éclats, une partie de son avenir avait disparu avec Lantis. Pour autant, l'avenir n'avait pas disparu et ses trois enfants endormis à quelques pas de l'autre côté du palier le lui rappelaient à chaque instant. Lentement, l'image disparut de son esprit, remplacée par les grands yeux impatients de Kimiko à qui elle devait une histoire d'explorateurs.
Ce ne fut pas sans un pincement au coeur qu'elle laissa cette image disparaitre, qu'elle le laissait s'envoler. Où qu'il soit, où qu'elle aille, ce souvenir resterait à jamais figé dans le temps à l'image de ce qu'elle avait éprouvé pour lui. Il pouvait partir.
"Oui, Akira-sama. C'est terminé."
La porte close marquait le début d'un autre futur que ce qu'elle avait envisagé. Avec Kikyo Kurusu, rien ne se passait jamais comme on l'aurait envisagé.
"Mama !
- Kimiko, que fais-tu debout à cette heure ?"
Avant de répondre, l'enfant attendit d'être soulevée de terre et pressée contre la poitrine de sa mère avec tendresse, serrant dans ses bras sa peluche tigre blanc.
"Mama dodo."
Kikyo haussa un sourcil tout en montant les marches lentement, faisant un détour vers la chambre des enfants. Les jumeaux dormaient paisiblement dans leur berceau commun, se tenant la main dans leur sommeil comme toujours. Les peluches de Kimiko étaient parfaitement alignées au pied du lot, excepté le kojin et le namazu qui avaient fait leur devoir de vassal en amortissant l'évasion de la petite princesse hors de la chambre. L'enfant fit mine que tout était normal quand sa mère la posa sur les draps et se laissa border sans broncher, à nouveau elle répéta :
"Mama dodo.
- Oui petit lotus, je vais aller me coucher. Pardonne-moi de rentrer aussi tard ces jours-ci mais maman va bientôt partir explorer une île étrange."
Les grands yeux curieux de son aînée décrochèrent un sourire sur les lèvres de la froide domienne, son regard en disait long sur son envie d'en savoir plus. Kikyo se pencha sur elle pour lui baiser le front.
"Je te promets que j'aurais beaucoup d'histoires à te raconter lorsque je reviendrais, et encore plus car il n'y aura pas qu'un seul voyage."
Kimiko fronça les sourcils, clairement contrariée. Sa patience, égale à celle de son père, était mise à rude épreuve et pour peu elle aurait sommé sa mère de se rendre immédiatement sur l'île afin d'en apprendre plus, et surtout de tout lui raconter. Mais les bisous et la douce étreinte maternelle étaient bien plus importantes au quotidien. Soit, la petite fille ferait preuve de patience pour le moment. Elle hocha la tête une fois, d'un air assuré et en même temps une demande ferme de se hâter ; elle y gagna un second baiser avant de se noyer sous la couverture.
"Bonuit mama.
- Bonne nuit Kimiko."
Kikyo tira le rideau du lit et se leva pour sortir de la chambre sans un bruit. Dans le couloir, elle croisa une autre silhouette qui l'attendait devant la porte de la chambre conjugale.
Torse nu, les cheveux détachés, le tigre attendait bras croisés son épouse dont il n'avait pas l'habitude de la voir rentrer après lui, ce qui était devenu récurent ces dernières semaines. Sans la saluer il posa simplement sa main sur sa taille, ferme, lorsqu'elle passa devant lui.
"Avez-vous enfin fait votre deuil, Kurusu-tsubone ?"
Il n'avait jamais caché son opinion sur les choix de Lantis et les conséquences de ces derniers, pas plus qu'il n'avait feint la moindre compassion au-delà du respect minimum quel 'on doit aux défunts. Il avait respecté son chagrin, sa distance et son silence mais comme sa fille il n'avait guère de patience.
"Où que j'aille, il sera toujours une part de ma vie, Yumi aussi.
- Vous n'avez pas répondu à ma question."
Une dernière fois ses pensées se tournèrent vers son ami disparu, leurs rêves, leurs promesses et celles qu'elle pouvait encore tenir. Cette part de sa vie avait volé en éclats, une partie de son avenir avait disparu avec Lantis. Pour autant, l'avenir n'avait pas disparu et ses trois enfants endormis à quelques pas de l'autre côté du palier le lui rappelaient à chaque instant. Lentement, l'image disparut de son esprit, remplacée par les grands yeux impatients de Kimiko à qui elle devait une histoire d'explorateurs.
Ce ne fut pas sans un pincement au coeur qu'elle laissa cette image disparaitre, qu'elle le laissait s'envoler. Où qu'il soit, où qu'elle aille, ce souvenir resterait à jamais figé dans le temps à l'image de ce qu'elle avait éprouvé pour lui. Il pouvait partir.
"Oui, Akira-sama. C'est terminé."
La porte close marquait le début d'un autre futur que ce qu'elle avait envisagé. Avec Kikyo Kurusu, rien ne se passait jamais comme on l'aurait envisagé.
Reposes en paix, baka...
...Jusqu'à notre prochaine rencontre.
...Jusqu'à notre prochaine rencontre.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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La pile de documents attendait sur le coin du bureau que L'kihi passe les chercher. Lorsque celle-ci frappa à la porte, Kikyo avait déjà quitté son fauteuil.
"Entrez."
La miqo'te passa la tête dans l'embrasure de la porte pour voir que non seulement le travail était fait, mais la collation qu'elle avait pris soin de préparer avait été consommée. Le capitaine recommençait à manger correctement et ne se noyait plus dans le travail comme cela avait été le cas les jours suivant la mort de Lantis.
"Madame, le coursier du maelstrom est arrivé.
- Parfait, tout est là."
Elle pointa du doigt la pile de document, puis ajouta :
"Prévenez également Yul que tout est prêt. Waka vient de rentrer du front bozjien elle s'occupe du réacteur. Nous pourrons lever l'ancre le jour prévu."
L'kihi acquiesça, un large sourire sur le visage. La liasse de documents était moins lourde à porter qu'un capitaine en deuil, la voir ainsi quasiment sur le départ donnait du baume au coeur à tout le personnel, bien que Kikyo ne fut jamais moins distante avec eux, comme avec le reste du monde d'ailleurs. Assise sur le bord de la fenêtre vitrail, la demi-raenne ne regarda pas sortir la domestique, plongée dans ses pensées elle contemplait son vaisseau en contrebas dans la baie, assez loin de la plage mais suffisamment près pour qu'elle en distingue le pavillon. Elle en avait fait retirer l'étendard noir des pirates du capitaine Rahz et sa tête de mort à oreilles félines. A la place, elle avait simplement choisi le symbole de Llymlaen dans une rose des vents dorée, emblème de la ligue, sur un drapé bleu sombre.
"Cette fois, nous sommes prêts."
"Entrez."
La miqo'te passa la tête dans l'embrasure de la porte pour voir que non seulement le travail était fait, mais la collation qu'elle avait pris soin de préparer avait été consommée. Le capitaine recommençait à manger correctement et ne se noyait plus dans le travail comme cela avait été le cas les jours suivant la mort de Lantis.
"Madame, le coursier du maelstrom est arrivé.
- Parfait, tout est là."
Elle pointa du doigt la pile de document, puis ajouta :
"Prévenez également Yul que tout est prêt. Waka vient de rentrer du front bozjien elle s'occupe du réacteur. Nous pourrons lever l'ancre le jour prévu."
L'kihi acquiesça, un large sourire sur le visage. La liasse de documents était moins lourde à porter qu'un capitaine en deuil, la voir ainsi quasiment sur le départ donnait du baume au coeur à tout le personnel, bien que Kikyo ne fut jamais moins distante avec eux, comme avec le reste du monde d'ailleurs. Assise sur le bord de la fenêtre vitrail, la demi-raenne ne regarda pas sortir la domestique, plongée dans ses pensées elle contemplait son vaisseau en contrebas dans la baie, assez loin de la plage mais suffisamment près pour qu'elle en distingue le pavillon. Elle en avait fait retirer l'étendard noir des pirates du capitaine Rahz et sa tête de mort à oreilles félines. A la place, elle avait simplement choisi le symbole de Llymlaen dans une rose des vents dorée, emblème de la ligue, sur un drapé bleu sombre.
"Cette fois, nous sommes prêts."
"Les costumes pour les comédiens sont arrivés, madame.
- Parfait, mettez tout cela dans la loge sous clé. Où en est le menu pour le bal ?
- Il sera dévoilé à temps demain matin. Nous avons cependant un problème avec le dessert aux myrtilles.
- Appelez le pâtissier.
- Oui madame."
Shinme à l'approche du terme, elle ne voulait pas l'inciter à travailler davantage. Ces temps-ci elle se faisait d'ailleurs peu présente, et c'était bien raisonnable dans son état. Kikyo se retrouva donc seule, pour la première fois depuis longtemps, à organiser le prochain évènement de la Veillée des Saints. Le Bal des Monstres, à lui seul, représentait un tiers du budget alloué à l'établissement pour le festival, et près de la moitié de ses bénéfices sur la même période ; de son succès dépendrait une bonne partie des investissements sur l'expédition prochaine.
"Maîtresse ?"
Quand on parle du renard. Shinme venait d'entrer dans le relais, sage et le dos bien droit alors que son ventre lui pesait de plus en plus. Soutenue par Fjrn elle faisait tout son possible pour dissimuler la difficulté de ces derniers jours de grossesse ; difficultés que Kikyo ne connaissait que trop bien.
"Tu es pile à l'heure, yamaboto. j'arrive dans un instant, le temps de mettre mon manteau."
La suivante sourit. Elles n'auraient pour rien au monde manqué cette journée à faire les boutiques pour leur garde-robe d'automne. Plus les affaires prospèrent et plus ces longues heures d'essayages seront nombreuses.
Le départ prochain allait les séparer quelques jours, Kikyo était à la fois déçue tout en sachant qu'elle serait plus en sécurité ici. De plus, elle voyait d'un bon oeil le fait de laisser Shinme avec Kimiko et les jumeaux au cas où un nouvel incident surviendrait. Depuis cet épisode avec le tanuki, la crainte de voir ses enfants exposés une nouvelle fois à cet esprit malfaisant ne cessait de grandir ; en d'autres circonstances elles n'aurait pas souhaité non plus que Shinme s'en approche mais elle n'avait guère le choix.
- Parfait, mettez tout cela dans la loge sous clé. Où en est le menu pour le bal ?
- Il sera dévoilé à temps demain matin. Nous avons cependant un problème avec le dessert aux myrtilles.
- Appelez le pâtissier.
- Oui madame."
Shinme à l'approche du terme, elle ne voulait pas l'inciter à travailler davantage. Ces temps-ci elle se faisait d'ailleurs peu présente, et c'était bien raisonnable dans son état. Kikyo se retrouva donc seule, pour la première fois depuis longtemps, à organiser le prochain évènement de la Veillée des Saints. Le Bal des Monstres, à lui seul, représentait un tiers du budget alloué à l'établissement pour le festival, et près de la moitié de ses bénéfices sur la même période ; de son succès dépendrait une bonne partie des investissements sur l'expédition prochaine.
"Maîtresse ?"
Quand on parle du renard. Shinme venait d'entrer dans le relais, sage et le dos bien droit alors que son ventre lui pesait de plus en plus. Soutenue par Fjrn elle faisait tout son possible pour dissimuler la difficulté de ces derniers jours de grossesse ; difficultés que Kikyo ne connaissait que trop bien.
"Tu es pile à l'heure, yamaboto. j'arrive dans un instant, le temps de mettre mon manteau."
La suivante sourit. Elles n'auraient pour rien au monde manqué cette journée à faire les boutiques pour leur garde-robe d'automne. Plus les affaires prospèrent et plus ces longues heures d'essayages seront nombreuses.
Le départ prochain allait les séparer quelques jours, Kikyo était à la fois déçue tout en sachant qu'elle serait plus en sécurité ici. De plus, elle voyait d'un bon oeil le fait de laisser Shinme avec Kimiko et les jumeaux au cas où un nouvel incident surviendrait. Depuis cet épisode avec le tanuki, la crainte de voir ses enfants exposés une nouvelle fois à cet esprit malfaisant ne cessait de grandir ; en d'autres circonstances elles n'aurait pas souhaité non plus que Shinme s'en approche mais elle n'avait guère le choix.
Sur une tombe dans le Thanalan encore très fleurie, une petite boussole en bois vernis était posée à l'abris des intempéries, l'aiguille allait et venait sous le vent qui soufflait fort mais revenait toujours à sa place dans la même direction.
Sur le pont de l'Eternal, ce même vent faisait gonfler les voiles d'impatience et sourire le jeune mousse qui briquait le pont avec enthousiasme. Bien qu'il soit plus frais et le soleil plus pâle, il flottait dans son sillage comme un besoin d'aventure et de nouvelles découvertes.
Sur le pont de l'Eternal, ce même vent faisait gonfler les voiles d'impatience et sourire le jeune mousse qui briquait le pont avec enthousiasme. Bien qu'il soit plus frais et le soleil plus pâle, il flottait dans son sillage comme un besoin d'aventure et de nouvelles découvertes.
"L'Eternal s'est harmonisé à l'équipage, et maintenant à son capitaine."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Kikyo avait revêtu l'un de ses plus beaux manteaux pour le départ, même si elle savait qu'une fois en mer elle ne le garderait pas longtemps. Ce jour était peut-être le plus important dans sa carrière de capitaine. Elle embrassa ses enfants une dernière fois avant de hisser son sac sur l'épaule, Shinme veillerait sur eux en son absence. Elle lisait dans ses yeux la frustration de ne pouvoir l'accompagner mêlée à l'impatience de voir naître son enfant. Kikyo avait connu cela, par deux fois déjà, compatir trop ouvertement n'aurait fait que remuer le couteau dans la plaie.
"M'accompagneras-tu jusqu'au port ?
- Aussi loin que je pourrais vous suivre, maîtresse."
La maître de maison n'était pas présent, déjà sortit avaient répondu les servantes. Ce n'était qu'un voyage de plus à ses yeux, elle ne serait absente que quatre ou cinq jours, certainement pas de quoi déranger son emploi du temps déjà bien rempli afin d'assister à son départ.
"Toutes mes affaires sont déjà à bord j'imagine.
- Oui.
- Bien, c'est l'heure."
Elle avait plusieurs fois imaginé cet instant dans son esprit, durant ces longues semaines de préparation ; elle y était enfin. Elle était la première sur les lieux, les dockers engagés pour l'occasion finissaient de charger les derniers vivres dans la cambuse où de nombreux hamacs furent installés pour ceux de l'expédition qui ne pourraient se trouver une place en cabine. Ils étaient nombreux, rien qu'avec la division Ardente l'Eternal atteignait presque la limite de sa capacité maximale en passagers.
"Capitaine, l'interpella un vieux roegadyn en retirant son béret. Nous avons fini de charger les caisses. Mes gars et moi on va s'en aller, si vous avez rien de plus à nous demander.
- Faites prévenir le lieutenant Firaah que nous levons l'ancre dans la matinée."
Elle accompagna ses mots d'une poignée de gils qui éclaira ce visage marqué par les années d'un sourire ravi.
"Bien m'dame."
Elle inclina la tête avant de reporter son regard sur Shinme, celle-ci fatiguait à vue d'oeil bien qu'elle tentait de le cacher et de paraître comme il faut aux côtés de sa maîtresse quitte à se faire mal. Une main posée sur son épaule, ferme, suffit à lui témoigner sa reconnaissance.
"Fjrn est toujours ponctuelle. Tu devrais descendre pour l'accueillir, à elle aussi tu dois vouloir dire aurevoir comme il se doit."
Cela sonnait plus comme un ordre qu'une suggestion, évidemment. Elle se retrouva bientôt seule sur le pont entourée de la demi-douzaine de pantins qui préparaient le vaisseau pour le grand départ. L'Eternal allait porter la Ligue toute entière sur ce premier voyage, bien que ce fut un simple repérage elle n'aurait pu être plus fière et plus nerveuse en même temps. Elle voulait être à la hauteur de ce nouveau rôle dans lequel elle se sentait à sa place, sa vraie place.
Un temps clair et calme promettait un voyage paisible, du moins jusque dans les hauts fonds entre la Noscea et le Thanalan. S'il ne changeait pas, peut-être se donneraient-ils le luxe d'un voyage en mer jusqu'en fin d'après-midi. Le bois craquelait sous ses pieds tandis que le vent jouait dans la houle.
"Toi aussi, tu es nerveux. Ou bien est-ce mon sentiment que tu traduis ?"
Avec le temps elle commençait à comprendre le fonctionnement de l'Eternal, à se sentir à l'aise avec tout ce qui n'était pas naturel à bord et pourtant discret, diffus comme s'il respectait sa profonde rationalité.
Plusieurs voix s'élevèrent du ponton d'amarrage, elle en reconnut certaines dont Fjrn, toujours ponctuelle. Instinctivement ses jambes la portèrent rapidement jusqu'à sa cabine avant que les premiers passagers et membres d'équipage ne montent à bord ; elle n'était pas prête. Une violente poussée d'anxiété la poussa à s'y réfugier, elle ferma la porte et y colla son dos, prenant une profonde inspiration. Ce n'est qu'ensuite qu'elle réalisa qu'elle n'était pas seule.
"Akira-sama ?"
Il était là, évidemment, simplement venu en avance pour se faire une idée avant que tous les autres n'arrivent. Il attendait, appuyé contre la table où elle avait laissé ses cartes maritimes. Comme prise sur le fait, Kikyo se redressa immédiatement.
"Je vous pensais a...
- Je me demandais combien de temps cela prendrait.
- Combien de temps ?
- Avant que vous n'en sentiez le poids et cherchiez de l'air."
Toujours ce regard sévère, il décroisa lentement les bras.
" Que faites-vous ici ? Je croyais que ce voyage ne vous intéressait pas.
- En effet, je n'ai aucun intérêt dans cette île."
Elle avança de deux pas dans sa direction. Depuis la dernière conversation dans le bureau de Shinme, elle s'était montrée assez distante avec lui, assumant toutes les fautes de sa suivante afin de la préserver. Elle avait l'habitude d'être source de déception même lorsqu'elle n'était coupable de rien, une fois de plus serait préférable à renvoyer tout cet échec sur une Shinme déjà malmenée par sa grossesse.
"Dans ce cas, pourquoi vous déplacer ? Ce n'est qu'un voyage insignifiant pour vous je serais revenue dans quelques jours.
- Pour la même raison qui fait que vous êtes venue vous réfugier ici, femme."
Il ne haussa même pas un sourcil devant ce ton qu'elle ne prenait pas devant lui à moins d'être en colère.
"Je doute que ce soit la même. Vous êtes toujours prêt.
- Et c'est pour cela que vous êtes venue ici. Pour que votre équipage vous voit prête.
- Oui. Je sortirais quand il sera temps. Je dois être à la hauteur."
Il posa sa main sur la joue de Kikyo, elle réprima un sursaut.
"Ce poids que vous sentez, c'est celui de ceux qui comprennent ce que signifie mener. Ce que signifie avoir la vie d'autres entre les mains. Le poids d'une décision. Il n'y a pas de filet pour se rattraper, cette fois-ci. C'est un gouffre, sous vos pieds. C'est de là que nait votre anxiété. Qu'une décision coûte une vie. Je ne la connais que trop bien, anata."
Il redressa le visage de Kikyo vers le sien, plongeant son regard violet dans ses prunelles azures.
" Ne craignez plus. Vous êtes prête, ma femme.
- Comment en être sur ?
- Parce que vous êtes Kikyo Kurusu."
Elle baissa les yeux.
"Je vous ai encore déçu il y a un peu plus d'une semaine, et vous me pensez prête.
- Kikyo."
Son regard était bien moins dur que d'ordinaire, mais le ton toujours aussi ferme.
"Je veux simplement que vous et Shinme compreniez que faire ce que je désire, n'est pas forcément faire ce qui est juste. Pourtant, je vous en laisse la possibilité. Ne soyez pas moi.
- Je ne cherche pas à être vous.
Elle marqua un temps, avant de souffler :
"Simplement digne de vous."
Akira souffla du nez, un léger sourire doux sur le visage.
"Le destin qui vous a placé sur ma route m'a béni. Vous n'avez pas à être digne de moi, femme. Soyez digne de vous.C'est là la femme que j'aime.
- ... tsch."
Kikyo détourna le regard, rougissante.
"Est-ce vraiment le moment de détourner le regard, Kikyo.
- Si je ne le fais pas, vous savez ce qui arrivera."
Le silence qui suivit laissa place à un long baiser. Dehors, sur le pont, l'Eternal s'éveillait au fur et à mesure que les membres de l'expédition déjà présents s'agitaient dans tous les sens. Certains entraient dans la cambuse, d'autres descendaient visiter le pont inférieur et les cabines, mais dans celle du capitaine rien ne bougeait comme si elle avait été absente ; elle l'était d'une certaine manière jusqu'à ce qu'une voix chaude près de sa corne la ramène à la réalité.
"Montrez moi quel capitaine vous êtes, Kikyo Kurusu. Que je puisse raconter à Kimiko, Akihiko et Kiyoko l'image de leur mère prenant la mer."
Elle lui sourit.
" Bien, je vais partir avant que vous ne leviez l'ancre. Bon voyage, capitaine Kurusu."
Il s'apprêtait à sortir quand il ajouta :
"Et puis, je serais un peu avec vous. J'ai laissé ma chemise sur votre lit."
Un moment plus tard, quand tous furent prêts à appareiller, Kikyo sortit sur le pont plus sure d'elle que jamais. Ajustant son chapeau et ses manches, elle saisit la barre tout en donnant l'ordre de lever l'ancre. Elle était enfin prête pour ce jour dont elle se souviendrait longtemps.
"M'accompagneras-tu jusqu'au port ?
- Aussi loin que je pourrais vous suivre, maîtresse."
La maître de maison n'était pas présent, déjà sortit avaient répondu les servantes. Ce n'était qu'un voyage de plus à ses yeux, elle ne serait absente que quatre ou cinq jours, certainement pas de quoi déranger son emploi du temps déjà bien rempli afin d'assister à son départ.
"Toutes mes affaires sont déjà à bord j'imagine.
- Oui.
- Bien, c'est l'heure."
Elle avait plusieurs fois imaginé cet instant dans son esprit, durant ces longues semaines de préparation ; elle y était enfin. Elle était la première sur les lieux, les dockers engagés pour l'occasion finissaient de charger les derniers vivres dans la cambuse où de nombreux hamacs furent installés pour ceux de l'expédition qui ne pourraient se trouver une place en cabine. Ils étaient nombreux, rien qu'avec la division Ardente l'Eternal atteignait presque la limite de sa capacité maximale en passagers.
"Capitaine, l'interpella un vieux roegadyn en retirant son béret. Nous avons fini de charger les caisses. Mes gars et moi on va s'en aller, si vous avez rien de plus à nous demander.
- Faites prévenir le lieutenant Firaah que nous levons l'ancre dans la matinée."
Elle accompagna ses mots d'une poignée de gils qui éclaira ce visage marqué par les années d'un sourire ravi.
"Bien m'dame."
Elle inclina la tête avant de reporter son regard sur Shinme, celle-ci fatiguait à vue d'oeil bien qu'elle tentait de le cacher et de paraître comme il faut aux côtés de sa maîtresse quitte à se faire mal. Une main posée sur son épaule, ferme, suffit à lui témoigner sa reconnaissance.
"Fjrn est toujours ponctuelle. Tu devrais descendre pour l'accueillir, à elle aussi tu dois vouloir dire aurevoir comme il se doit."
Cela sonnait plus comme un ordre qu'une suggestion, évidemment. Elle se retrouva bientôt seule sur le pont entourée de la demi-douzaine de pantins qui préparaient le vaisseau pour le grand départ. L'Eternal allait porter la Ligue toute entière sur ce premier voyage, bien que ce fut un simple repérage elle n'aurait pu être plus fière et plus nerveuse en même temps. Elle voulait être à la hauteur de ce nouveau rôle dans lequel elle se sentait à sa place, sa vraie place.
Un temps clair et calme promettait un voyage paisible, du moins jusque dans les hauts fonds entre la Noscea et le Thanalan. S'il ne changeait pas, peut-être se donneraient-ils le luxe d'un voyage en mer jusqu'en fin d'après-midi. Le bois craquelait sous ses pieds tandis que le vent jouait dans la houle.
"Toi aussi, tu es nerveux. Ou bien est-ce mon sentiment que tu traduis ?"
Avec le temps elle commençait à comprendre le fonctionnement de l'Eternal, à se sentir à l'aise avec tout ce qui n'était pas naturel à bord et pourtant discret, diffus comme s'il respectait sa profonde rationalité.
Plusieurs voix s'élevèrent du ponton d'amarrage, elle en reconnut certaines dont Fjrn, toujours ponctuelle. Instinctivement ses jambes la portèrent rapidement jusqu'à sa cabine avant que les premiers passagers et membres d'équipage ne montent à bord ; elle n'était pas prête. Une violente poussée d'anxiété la poussa à s'y réfugier, elle ferma la porte et y colla son dos, prenant une profonde inspiration. Ce n'est qu'ensuite qu'elle réalisa qu'elle n'était pas seule.
"Akira-sama ?"
Il était là, évidemment, simplement venu en avance pour se faire une idée avant que tous les autres n'arrivent. Il attendait, appuyé contre la table où elle avait laissé ses cartes maritimes. Comme prise sur le fait, Kikyo se redressa immédiatement.
"Je vous pensais a...
- Je me demandais combien de temps cela prendrait.
- Combien de temps ?
- Avant que vous n'en sentiez le poids et cherchiez de l'air."
Toujours ce regard sévère, il décroisa lentement les bras.
" Que faites-vous ici ? Je croyais que ce voyage ne vous intéressait pas.
- En effet, je n'ai aucun intérêt dans cette île."
Elle avança de deux pas dans sa direction. Depuis la dernière conversation dans le bureau de Shinme, elle s'était montrée assez distante avec lui, assumant toutes les fautes de sa suivante afin de la préserver. Elle avait l'habitude d'être source de déception même lorsqu'elle n'était coupable de rien, une fois de plus serait préférable à renvoyer tout cet échec sur une Shinme déjà malmenée par sa grossesse.
"Dans ce cas, pourquoi vous déplacer ? Ce n'est qu'un voyage insignifiant pour vous je serais revenue dans quelques jours.
- Pour la même raison qui fait que vous êtes venue vous réfugier ici, femme."
Il ne haussa même pas un sourcil devant ce ton qu'elle ne prenait pas devant lui à moins d'être en colère.
"Je doute que ce soit la même. Vous êtes toujours prêt.
- Et c'est pour cela que vous êtes venue ici. Pour que votre équipage vous voit prête.
- Oui. Je sortirais quand il sera temps. Je dois être à la hauteur."
Il posa sa main sur la joue de Kikyo, elle réprima un sursaut.
"Ce poids que vous sentez, c'est celui de ceux qui comprennent ce que signifie mener. Ce que signifie avoir la vie d'autres entre les mains. Le poids d'une décision. Il n'y a pas de filet pour se rattraper, cette fois-ci. C'est un gouffre, sous vos pieds. C'est de là que nait votre anxiété. Qu'une décision coûte une vie. Je ne la connais que trop bien, anata."
Il redressa le visage de Kikyo vers le sien, plongeant son regard violet dans ses prunelles azures.
" Ne craignez plus. Vous êtes prête, ma femme.
- Comment en être sur ?
- Parce que vous êtes Kikyo Kurusu."
Elle baissa les yeux.
"Je vous ai encore déçu il y a un peu plus d'une semaine, et vous me pensez prête.
- Kikyo."
Son regard était bien moins dur que d'ordinaire, mais le ton toujours aussi ferme.
"Je veux simplement que vous et Shinme compreniez que faire ce que je désire, n'est pas forcément faire ce qui est juste. Pourtant, je vous en laisse la possibilité. Ne soyez pas moi.
- Je ne cherche pas à être vous.
Elle marqua un temps, avant de souffler :
"Simplement digne de vous."
Akira souffla du nez, un léger sourire doux sur le visage.
"Le destin qui vous a placé sur ma route m'a béni. Vous n'avez pas à être digne de moi, femme. Soyez digne de vous.C'est là la femme que j'aime.
- ... tsch."
Kikyo détourna le regard, rougissante.
"Est-ce vraiment le moment de détourner le regard, Kikyo.
- Si je ne le fais pas, vous savez ce qui arrivera."
Le silence qui suivit laissa place à un long baiser. Dehors, sur le pont, l'Eternal s'éveillait au fur et à mesure que les membres de l'expédition déjà présents s'agitaient dans tous les sens. Certains entraient dans la cambuse, d'autres descendaient visiter le pont inférieur et les cabines, mais dans celle du capitaine rien ne bougeait comme si elle avait été absente ; elle l'était d'une certaine manière jusqu'à ce qu'une voix chaude près de sa corne la ramène à la réalité.
"Montrez moi quel capitaine vous êtes, Kikyo Kurusu. Que je puisse raconter à Kimiko, Akihiko et Kiyoko l'image de leur mère prenant la mer."
Elle lui sourit.
" Bien, je vais partir avant que vous ne leviez l'ancre. Bon voyage, capitaine Kurusu."
Il s'apprêtait à sortir quand il ajouta :
"Et puis, je serais un peu avec vous. J'ai laissé ma chemise sur votre lit."
Un moment plus tard, quand tous furent prêts à appareiller, Kikyo sortit sur le pont plus sure d'elle que jamais. Ajustant son chapeau et ses manches, elle saisit la barre tout en donnant l'ordre de lever l'ancre. Elle était enfin prête pour ce jour dont elle se souviendrait longtemps.
A nous l'horizon, Il est temps d'ouvrir la voie.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Ce paysage singulier ne cessait de la surprendre. D'abord les arbres, le sol, la terre, puis les fruits et les fleurs, et même certains insectes. Ivanhault avait eu tôt fait de les analyser, signalant la présence d'une toxine à l'origine de cette teinte violette disparaissant à forte température. Elle n'avait que peu participé aux excursions organisées plus loin sur l'île, préférant se concentrer sur la logistique du camp et quelque exploration de ses environs. Nashasha en avait étudié les ruines, évalué approximativement leur âge, et Kikyo se demandait s'il était possible que les chercheurs ayant vécu ici soient originaires de Sharlayan, ou même plus ancien encore avant le Sixième Fléau ; si tel était le cas Limsa Lominsa aurait un argument de poids pour revendiquer le territoire.
Décidément, tout la ramenait à ses réflexions sur Nym et le passé de l'Eternal ; toujours les mêmes questions.
Lorsqu'elle quittait le camp, elle prenait toujours son pistolet avec elle en plus de son katana, et bien sur un linge humide pour retirer les toxines de ses mains au cas où elle toucherait quelque chose. Chose curieuse, l'eau était potable puisqu'ils en buvaient à la source près du camp. Elle ne pouvait s'empêcher de voir en cet endroit un ancien site de recherches scientifiques après tout ce que les autres avaient découvert. L'île n'était pas si grande que ça, mais elle avait plusieurs écosystèmes d'après Meleth, comme si il y avait eu ici plusieurs "bulles" de recherches qui, sans la main de l'homme, s'étaient partagées l'île laissée à l'abandon. Elle avait laissé dans sa tente la carte de l'île couvertes de notes et d'hypothèses, songeant déjà à une façon de délimiter les secteurs et les nommer au fur et à mesure que les groupes revenaient de leurs excursions, chaque fois avec de nouvelles informations.
Certains s'inquiétaient un peu, songeant qu'elle s'ennuyait et se privait d'aventure pour endosser la responsabilité du camp mais rien n'aurait été plus faux.
En bonne tacticienne Kikyo savait faire preuve de patience. Chacun son rôle, elle aurait tout le loisir de les accompagner lorsqu'elle aurait condensé ce flot de découvertes en une stratégie fiable à proposer lors du prochain voyage.
"Des araignées vivaient dans les ruines du village, il doit donc y avoir un nid quelques part, elles ne sont pas revenues depuis j'imagine donc que les locaux savaient déjà se protéger contre elles avant. Les crabes en revanche sont venus de la mer, hm... pour les morts-vivants dans le secteur des glaces il me faudrait attendre que Nashasha termine son étude. Peut-être au prochain voyage. Il y a aussi cette structure dans la zone désertique..."
Elle marchait doucement, le long du ruisseau, parlant toute seule. Un poisson aux écailles violacées vint troubler l'eau un instant. Dans son reflet, elle vit une pomme pendue à une branche au-dessus d'elle, le fruit violet brillait comme s'il avait été vernis. Sans savoir pourquoi, Kikyo se sentit attirée par ce fruit. Elle n'avait guère de trouvaille intéressante à rapporter à sa fille en dehors de nouvelles histoires, et il était hors de question qu'elle lui fasse manger une pomme couverte de toxines, mais il lui prenait l'envie de rapporter, ne serait-ce que pour lui montrer une de ces curiosités que le monde réserve. Prenant son élan sur le rocher, elle sauta le bras tendu pour décrocher la pomme qui ne résista pas. Elle avait tout juste posé le pied dans l'herbe couleur lavande qui crissa sous ses bottes, que Waka apparut derrière les arbres.
"Capitaine, nous avons fini de charger le matériel à bord !
- J'arrive tout de suite."
Elle fixa entre ses mains le précieux fruit si dangereux. La voix de Waka l'interpella de nouveau.
"Je ne mangerais pas cela si j'étais vous ! Louah n'a rien écouté des instructions d'Ivanhault je ne vous raconte pas l'état dans lequel il a laissé le buisson d-... bref. On n'attend plus que vous pour lever l'ancre !"
Kikyo se contenta d'un petit signe de main avant de soupirer. Même au dernier jour il y en aurait toujours un pour faire une bêtise, même anodine. Il vallait mieux rentrer au plus tôt avant que le jeune hyur ne rende les commodités de l'Eternal plus dangereuses que le fruit qu'il avait mangé.
Cinq jours sans voir sa famille, elle s'attendait à ce que Shinme l'accueille à Brumée. Elle fêterait le retour de l'expédition ce soir au relais avec les autres, puis rentrerait voir ses enfants pour leur raconter ce qu'ils avaient vu ici; et ce qu'ils avaient encore à voir.
Décidément, tout la ramenait à ses réflexions sur Nym et le passé de l'Eternal ; toujours les mêmes questions.
Lorsqu'elle quittait le camp, elle prenait toujours son pistolet avec elle en plus de son katana, et bien sur un linge humide pour retirer les toxines de ses mains au cas où elle toucherait quelque chose. Chose curieuse, l'eau était potable puisqu'ils en buvaient à la source près du camp. Elle ne pouvait s'empêcher de voir en cet endroit un ancien site de recherches scientifiques après tout ce que les autres avaient découvert. L'île n'était pas si grande que ça, mais elle avait plusieurs écosystèmes d'après Meleth, comme si il y avait eu ici plusieurs "bulles" de recherches qui, sans la main de l'homme, s'étaient partagées l'île laissée à l'abandon. Elle avait laissé dans sa tente la carte de l'île couvertes de notes et d'hypothèses, songeant déjà à une façon de délimiter les secteurs et les nommer au fur et à mesure que les groupes revenaient de leurs excursions, chaque fois avec de nouvelles informations.
Certains s'inquiétaient un peu, songeant qu'elle s'ennuyait et se privait d'aventure pour endosser la responsabilité du camp mais rien n'aurait été plus faux.
En bonne tacticienne Kikyo savait faire preuve de patience. Chacun son rôle, elle aurait tout le loisir de les accompagner lorsqu'elle aurait condensé ce flot de découvertes en une stratégie fiable à proposer lors du prochain voyage.
"Des araignées vivaient dans les ruines du village, il doit donc y avoir un nid quelques part, elles ne sont pas revenues depuis j'imagine donc que les locaux savaient déjà se protéger contre elles avant. Les crabes en revanche sont venus de la mer, hm... pour les morts-vivants dans le secteur des glaces il me faudrait attendre que Nashasha termine son étude. Peut-être au prochain voyage. Il y a aussi cette structure dans la zone désertique..."
Elle marchait doucement, le long du ruisseau, parlant toute seule. Un poisson aux écailles violacées vint troubler l'eau un instant. Dans son reflet, elle vit une pomme pendue à une branche au-dessus d'elle, le fruit violet brillait comme s'il avait été vernis. Sans savoir pourquoi, Kikyo se sentit attirée par ce fruit. Elle n'avait guère de trouvaille intéressante à rapporter à sa fille en dehors de nouvelles histoires, et il était hors de question qu'elle lui fasse manger une pomme couverte de toxines, mais il lui prenait l'envie de rapporter, ne serait-ce que pour lui montrer une de ces curiosités que le monde réserve. Prenant son élan sur le rocher, elle sauta le bras tendu pour décrocher la pomme qui ne résista pas. Elle avait tout juste posé le pied dans l'herbe couleur lavande qui crissa sous ses bottes, que Waka apparut derrière les arbres.
"Capitaine, nous avons fini de charger le matériel à bord !
- J'arrive tout de suite."
Elle fixa entre ses mains le précieux fruit si dangereux. La voix de Waka l'interpella de nouveau.
"Je ne mangerais pas cela si j'étais vous ! Louah n'a rien écouté des instructions d'Ivanhault je ne vous raconte pas l'état dans lequel il a laissé le buisson d-... bref. On n'attend plus que vous pour lever l'ancre !"
Kikyo se contenta d'un petit signe de main avant de soupirer. Même au dernier jour il y en aurait toujours un pour faire une bêtise, même anodine. Il vallait mieux rentrer au plus tôt avant que le jeune hyur ne rende les commodités de l'Eternal plus dangereuses que le fruit qu'il avait mangé.
Cinq jours sans voir sa famille, elle s'attendait à ce que Shinme l'accueille à Brumée. Elle fêterait le retour de l'expédition ce soir au relais avec les autres, puis rentrerait voir ses enfants pour leur raconter ce qu'ils avaient vu ici; et ce qu'ils avaient encore à voir.
Ce n'était que le premier voyage, après tout.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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"Je ne suis pas sa servante."
La gifle fut immédiate lorsque Isarmaux tenta de la soulever du sol. Il obéissait aux ordres, mais il était hors de question qu'elle se soumette comme une domestique. Elle ne pouvait se soustraire à ses engagements, mais au moins qu'on lui laisse la paix pour quelques minutes à l'issue de ce conseil qui n'aurait jamais du avoir lieu ce soir. Les événements de la veille étaient encore trop frais dans la tête des concernés même si certains le prenaient avec plus de calme. Mais le comble de sa fureur, lorsque Runne s'adressa à elle, avec toute la simplicité de ce jeune homme connu pour sa gentillesse :
"Admettez-le quand vous avez tort."
Tort de quoi ? D'avoir dit à maintes reprises que maintenir le conseil ce soir était une mauvaise idée ? Ils n'avaient qu'à l'écouter au lieu de vouloir à tout prix le faire. D'avoir soutenu l'intégration du Kurusu-Gumi à la ligue ? Elle n'avait pas été la seule, et elle avait bien insisté auprès de son époux sur le fait que plusieurs de ses compagnies étaient jeunes, l'organisation balbutiante et imparfaite. Du haut de ses vingt ans Jonas avait été le plus mauvais président de séance qui soit, ce n'était même pas une réunion mais un entretient collectif, où la Griffe parle, et chacun lui répond à tour de rôle avant qu'il ne réponde à son tour, il n'y avait eu aucun échange entre les membres simplement une réponse aux doléances de la Griffe comme s'il était leur supérieur, il leur avait à tous manqué de respect. Seulement là où elle -et peut-être d'autres- n'avaient vu que l'inexpérience d'un jeune homme idéaliste et ravalé leur fierté, Akira Kurusu avait été le seul à exploser. Non elle n'approuvait pas, mais en quoi avait-elle eu tort ? Parce qu'elle était son épouse ? Elle venait de prouver ici, devant tous, qu'elle était avant et surtout le capitaine Kurusu.
Elle se contenta de froncer les sourcils, froidement, répondant sans une once d'émotion :
"J'ai eu tort."
Personne ne saurait sur quoi, sur qui, elle avait eu tort. Elle sortit, laissant ses compagnons se relever après l'orage, tâchant de garder confiance. Elle n'était pas plus importante qu'un autre, ils s'en sortiraient sans elle.
La gifle fut immédiate lorsque Isarmaux tenta de la soulever du sol. Il obéissait aux ordres, mais il était hors de question qu'elle se soumette comme une domestique. Elle ne pouvait se soustraire à ses engagements, mais au moins qu'on lui laisse la paix pour quelques minutes à l'issue de ce conseil qui n'aurait jamais du avoir lieu ce soir. Les événements de la veille étaient encore trop frais dans la tête des concernés même si certains le prenaient avec plus de calme. Mais le comble de sa fureur, lorsque Runne s'adressa à elle, avec toute la simplicité de ce jeune homme connu pour sa gentillesse :
"Admettez-le quand vous avez tort."
Tort de quoi ? D'avoir dit à maintes reprises que maintenir le conseil ce soir était une mauvaise idée ? Ils n'avaient qu'à l'écouter au lieu de vouloir à tout prix le faire. D'avoir soutenu l'intégration du Kurusu-Gumi à la ligue ? Elle n'avait pas été la seule, et elle avait bien insisté auprès de son époux sur le fait que plusieurs de ses compagnies étaient jeunes, l'organisation balbutiante et imparfaite. Du haut de ses vingt ans Jonas avait été le plus mauvais président de séance qui soit, ce n'était même pas une réunion mais un entretient collectif, où la Griffe parle, et chacun lui répond à tour de rôle avant qu'il ne réponde à son tour, il n'y avait eu aucun échange entre les membres simplement une réponse aux doléances de la Griffe comme s'il était leur supérieur, il leur avait à tous manqué de respect. Seulement là où elle -et peut-être d'autres- n'avaient vu que l'inexpérience d'un jeune homme idéaliste et ravalé leur fierté, Akira Kurusu avait été le seul à exploser. Non elle n'approuvait pas, mais en quoi avait-elle eu tort ? Parce qu'elle était son épouse ? Elle venait de prouver ici, devant tous, qu'elle était avant et surtout le capitaine Kurusu.
Elle se contenta de froncer les sourcils, froidement, répondant sans une once d'émotion :
"J'ai eu tort."
Personne ne saurait sur quoi, sur qui, elle avait eu tort. Elle sortit, laissant ses compagnons se relever après l'orage, tâchant de garder confiance. Elle n'était pas plus importante qu'un autre, ils s'en sortiraient sans elle.
"Kikyoooo dépêchez-vous, je n'ai pas envie de perdre mes doigts ! ♪
- Si vous m'empêchez d'embrasser mes enfants, c'est moi qui vous les couperai."
Elle descendit les escaliers de Ten no Tsuki, son sac sur l'épaule. Devant l'aeronef qui devait les conduire à Nagxia, le patriarche ne lui adressa pas un mot, pas un regard, alors qu'il s'était épandu en venin sur la linkperle du clan en son absence, la perturbant en pleine fin de réaunion. Un enfant, il n'était vraiment qu'un enfant lorsqu'il était en colère, elle se rappela un moment les traits de l'enfant Akira issu de son cauchemar.
L'Uwabami décolla sans qu'elle n'adresse le moindre mot à quiconque, isolée sur le pont à donner ses instructions à l'équipage de l'Eternal pour la durée de son absence. Quand Atori vint la voir, dans un élan de gentillesse, elle la renvoya.
"Ne va pas t'attirer ses foudres toi aussi, s'il te voit me défendre."
La raenne se contenta de lui porter un thé, sans parler.
Un peu plus tard Isarmaux, qui portait encore la marque de sa gifle sur la joue, s'approcha à son tour.
"Il faudra quand même que l'on mette un jour sur la table la façon dont ses alliés le traitent.
- Il n'a pas d'allié, répondit-elle froidement. Il est seul. Il n'a que nous.
- Voilà qui est problématique.
- Allez donc le lui dire.
- Il me lancerait un de ces regards... c'est bien pour cela que je viens vers vous."
Kikyo serra les dents.
"Bien entendu, pour que ce soit moi qui me retrouve confrontée à sa colère.
- Le fardeau de toute compagne ♪
- Je l'ai choisi."
Tous des lâches, des faibles. Ce soir, sa colère était profonde, ce n'était pas plus mal qu'elle soit partie finalement elle n'aurait pas aidé la Ligue dans son état. "Vous brillez encore par votre passivité" avait-il osé dire, tout ce qui attisait sa rage. Imbécile de tigre, aveugle à son propre fléau.
Elle eu un instant l'idée fugace, juste un instant, de faire comme les autres, ceux qui ne veulent rien savoir et rien comprendre de lui, préférant le traiter de sale noble capricieux et orgueilleux ainsi il n'aurait que ce qu'il mérite. Elle secoua la tête en descendant vers la cabine prêtée par Isarmaux. Elle ne s'abaisserait pas à une telle médiocrité, elle était Kikyo Kurusu, la seule qui soit capable de l'aimer et d'endurer la confrontation des deux côtés, face à son époux dénué de toute raison, et face à ceux qui la rendent coupable d'être son rempart.
"Tel est mon rôle."
La porte de la cabine se referma derrière elle.
- Si vous m'empêchez d'embrasser mes enfants, c'est moi qui vous les couperai."
Elle descendit les escaliers de Ten no Tsuki, son sac sur l'épaule. Devant l'aeronef qui devait les conduire à Nagxia, le patriarche ne lui adressa pas un mot, pas un regard, alors qu'il s'était épandu en venin sur la linkperle du clan en son absence, la perturbant en pleine fin de réaunion. Un enfant, il n'était vraiment qu'un enfant lorsqu'il était en colère, elle se rappela un moment les traits de l'enfant Akira issu de son cauchemar.
L'Uwabami décolla sans qu'elle n'adresse le moindre mot à quiconque, isolée sur le pont à donner ses instructions à l'équipage de l'Eternal pour la durée de son absence. Quand Atori vint la voir, dans un élan de gentillesse, elle la renvoya.
"Ne va pas t'attirer ses foudres toi aussi, s'il te voit me défendre."
La raenne se contenta de lui porter un thé, sans parler.
Un peu plus tard Isarmaux, qui portait encore la marque de sa gifle sur la joue, s'approcha à son tour.
"Il faudra quand même que l'on mette un jour sur la table la façon dont ses alliés le traitent.
- Il n'a pas d'allié, répondit-elle froidement. Il est seul. Il n'a que nous.
- Voilà qui est problématique.
- Allez donc le lui dire.
- Il me lancerait un de ces regards... c'est bien pour cela que je viens vers vous."
Kikyo serra les dents.
"Bien entendu, pour que ce soit moi qui me retrouve confrontée à sa colère.
- Le fardeau de toute compagne ♪
- Je l'ai choisi."
Tous des lâches, des faibles. Ce soir, sa colère était profonde, ce n'était pas plus mal qu'elle soit partie finalement elle n'aurait pas aidé la Ligue dans son état. "Vous brillez encore par votre passivité" avait-il osé dire, tout ce qui attisait sa rage. Imbécile de tigre, aveugle à son propre fléau.
Elle eu un instant l'idée fugace, juste un instant, de faire comme les autres, ceux qui ne veulent rien savoir et rien comprendre de lui, préférant le traiter de sale noble capricieux et orgueilleux ainsi il n'aurait que ce qu'il mérite. Elle secoua la tête en descendant vers la cabine prêtée par Isarmaux. Elle ne s'abaisserait pas à une telle médiocrité, elle était Kikyo Kurusu, la seule qui soit capable de l'aimer et d'endurer la confrontation des deux côtés, face à son époux dénué de toute raison, et face à ceux qui la rendent coupable d'être son rempart.
"Tel est mon rôle."
La porte de la cabine se referma derrière elle.
Elle avait eu tort...
...de croire que ce rôle pourrait être un jour compris et accepté par qui que ce soit.
...de croire que ce rôle pourrait être un jour compris et accepté par qui que ce soit.
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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La pluie battante sur l'avant-poste impérial désormais aux mains des rebelles lavait l'épaisse muraille des traces de sang, mais les corps, eux, demeuraient là, froids, des hommes face contre terre à moitié noyés dans la boue. La victoire était aux mains dans Nagxiens, mais à quel prix ?
Ils passeraient la nuit dans un camp rebelle avant de prendre la route du village des tanukis, laissant la résistance à son deuil et son amère victoire.
"Shinme, comment vont les enfants ?"
A l'entrée de sa tente, Kikyo s'était mise en retrait pour appeler sa suivante tandis que les soigneurs retiraient de sa chair les morceaux de shrapnel qui lui cisaillaient le dos.
"Maîtresse ? Hai, je les ai laissé en début de soirée. Je suis actuellement avec les gens de Rivesthern, je désespérais d'avoir de vos nouvelles et que l'on vienne à m''annoncer le pire..."
La voix de l'ambra l'apaisa quelque peu, à côté du silence glacial de son époux qui n'avait pas daigné lui accorder le moindre regard ni avant ni après la bataille, et ce bien qu'il ai été gravement blessé.
Elle-même avait bien cru un temps que sa colère aurait raison d'elle, quand dans le déluge elle perdit ses armes dès le début de l'assaut ; elle s'était vite reprise, elle avait été soldat après tout, elle était née Kakita, elle était et devait rester imperméable à tout ce qui n'était pas l'objectif de sa mission. Son coeur de diamant devait ignorer la douleur, la rage et la peur, mais elle n'avait pu contenir cette poussée d'adrénaline lorsque l'épée ennemie se planta dans le torse du tigre déjà blessé au flanc. Son regard s'était alors figé sur le centurio dans son armure mécanique plutôt que sur soldat qui venait de blesser son mari : la cible d'abord. Plus vite il serait détruit, plus vite cet imbécile de tigre pourrait se faire soigner.
Elle s'était élancée vers l'avant après avoir dégagé une partie du passage pour les autres. Les rebelles autour d'eux avaient bien plus d'ardeur au combat que ne l'auraient eu les domiens il y a quatre ans malgré les pertes importantes. L'armure mécanique semblait trop solide, sans aucune faille apparente : pas de câbles, pas de boiter externe, qu'à cela ne tienne elle se laissa glisser dans la boue pour le contourner, chercher à l'arrière l'accès à son pilote. C'est à ce moment que le centurio activa la sortie de missiles dans le dos de l'armure, l'angle de tir était parfait... le risque tout aussi grand.
Soit elle les faisait exploser et mettait ainsi fin au carnage, soit ces missiles exploseraient sur le clan et la résistance, le choix fut rapide. Elle n'eut que le temps de tirer, crier aux autres de se mettre à couvert, et courir le plus loin possible. Elle n'avait pas le temps de contourner l'armure pour aller se réfugier derrière le bouclier d'ombre d'Akira, elle avait eu beaucoup de chance. Elle n'en dit rien, ne laissa rien paraitre, et se laissa soigner en silence.
"Serez-vous de retour demain ? demanda Shinme sur la linkperle.
- Nous avons encore à faire ici, mais je serais de retour à temps pour notre départ vers le village de ta famille. Il te faudra m'aider à me remettre sur pieds.
- Hai !" répondit à nouveau Shinme avec plus d'enthousiasme.
Elle ne s'attarda pas sur la conversation, elle savait que Shinme ne le lui aurait jamais demandé mais elle ne voulait pas la tenir davantage loin de ses amis, surtout si elle se trouvait en la demeure de dame Lenore pour qui elle avait un profond respect et, admettons-le, un début de sympathie au-delà de son appréciation de son talent artistique.
Son regard balaya le camp silencieux. Akame et Atori se soutenaient mutuellement à quelques pas d'un Isarmaux pensif -certainement à l'idée d'affronter la Guigne demain- tandis que le tigre était de dos, quelques yalms plus loin, échangeant avec Haku et Murasaki tout en recevant des soins. Elle ne voyait que sa nuque, mais devinait chaque trait de son visage. Akio n'était pas là, elle avait préféré le laisser avec les enfants cette fois au cas où d'autres "accidents" surviendraient en leur absence, alors elle restait seule.
Machinalement elle se saisit de la seule arme qu'elle n'avait pas utilisée aujourd'hui, qu'elle n'utilisait que rarement. Le petit revolver entre les mains, elle songea à Lantis.
"On a encore eu de la chance... il ne faudra pas compter dessus demain."
Ils passeraient la nuit dans un camp rebelle avant de prendre la route du village des tanukis, laissant la résistance à son deuil et son amère victoire.
"Shinme, comment vont les enfants ?"
A l'entrée de sa tente, Kikyo s'était mise en retrait pour appeler sa suivante tandis que les soigneurs retiraient de sa chair les morceaux de shrapnel qui lui cisaillaient le dos.
"Maîtresse ? Hai, je les ai laissé en début de soirée. Je suis actuellement avec les gens de Rivesthern, je désespérais d'avoir de vos nouvelles et que l'on vienne à m''annoncer le pire..."
La voix de l'ambra l'apaisa quelque peu, à côté du silence glacial de son époux qui n'avait pas daigné lui accorder le moindre regard ni avant ni après la bataille, et ce bien qu'il ai été gravement blessé.
Elle-même avait bien cru un temps que sa colère aurait raison d'elle, quand dans le déluge elle perdit ses armes dès le début de l'assaut ; elle s'était vite reprise, elle avait été soldat après tout, elle était née Kakita, elle était et devait rester imperméable à tout ce qui n'était pas l'objectif de sa mission. Son coeur de diamant devait ignorer la douleur, la rage et la peur, mais elle n'avait pu contenir cette poussée d'adrénaline lorsque l'épée ennemie se planta dans le torse du tigre déjà blessé au flanc. Son regard s'était alors figé sur le centurio dans son armure mécanique plutôt que sur soldat qui venait de blesser son mari : la cible d'abord. Plus vite il serait détruit, plus vite cet imbécile de tigre pourrait se faire soigner.
Elle s'était élancée vers l'avant après avoir dégagé une partie du passage pour les autres. Les rebelles autour d'eux avaient bien plus d'ardeur au combat que ne l'auraient eu les domiens il y a quatre ans malgré les pertes importantes. L'armure mécanique semblait trop solide, sans aucune faille apparente : pas de câbles, pas de boiter externe, qu'à cela ne tienne elle se laissa glisser dans la boue pour le contourner, chercher à l'arrière l'accès à son pilote. C'est à ce moment que le centurio activa la sortie de missiles dans le dos de l'armure, l'angle de tir était parfait... le risque tout aussi grand.
Soit elle les faisait exploser et mettait ainsi fin au carnage, soit ces missiles exploseraient sur le clan et la résistance, le choix fut rapide. Elle n'eut que le temps de tirer, crier aux autres de se mettre à couvert, et courir le plus loin possible. Elle n'avait pas le temps de contourner l'armure pour aller se réfugier derrière le bouclier d'ombre d'Akira, elle avait eu beaucoup de chance. Elle n'en dit rien, ne laissa rien paraitre, et se laissa soigner en silence.
"Serez-vous de retour demain ? demanda Shinme sur la linkperle.
- Nous avons encore à faire ici, mais je serais de retour à temps pour notre départ vers le village de ta famille. Il te faudra m'aider à me remettre sur pieds.
- Hai !" répondit à nouveau Shinme avec plus d'enthousiasme.
Elle ne s'attarda pas sur la conversation, elle savait que Shinme ne le lui aurait jamais demandé mais elle ne voulait pas la tenir davantage loin de ses amis, surtout si elle se trouvait en la demeure de dame Lenore pour qui elle avait un profond respect et, admettons-le, un début de sympathie au-delà de son appréciation de son talent artistique.
Son regard balaya le camp silencieux. Akame et Atori se soutenaient mutuellement à quelques pas d'un Isarmaux pensif -certainement à l'idée d'affronter la Guigne demain- tandis que le tigre était de dos, quelques yalms plus loin, échangeant avec Haku et Murasaki tout en recevant des soins. Elle ne voyait que sa nuque, mais devinait chaque trait de son visage. Akio n'était pas là, elle avait préféré le laisser avec les enfants cette fois au cas où d'autres "accidents" surviendraient en leur absence, alors elle restait seule.
Machinalement elle se saisit de la seule arme qu'elle n'avait pas utilisée aujourd'hui, qu'elle n'utilisait que rarement. Le petit revolver entre les mains, elle songea à Lantis.
"On a encore eu de la chance... il ne faudra pas compter dessus demain."
La Guigne ne risquait pas de leur en laisser beaucoup...
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Le calme revenu dans la demeure Takieiri, on n'entendait plus que le pas des domestiques dans les couloirs, qui ralliaient continuellement la chambre de Shinme et la buanderie. Quand tout le monde avait entendu les premiers pleurs du nouveau né de l'autre côté de la porte, la tension était retombée d'un coup : la mère et sa fille se portent bien.
Kikyo ne passa, au final, que peu de temps à son chevet. Il y avait bien assez de monde dans cette pièce, inutile d'en imposer une de plus au prétexte que Shinme était sa suivante. Elle avait cependant tenu à entrer pour voir de ces yeux cette enfant qui grandirait auprès des siens. Pour faire bonne mesure, elle avait accepté de la tenir quelques instants avant de la rendre à sa mère alitée, murmurant un "Bienvenue dans la famille, Cassandre" puis, elle avait laissé Shana et Fjrn s'occuper de Shinme comme elles le faisaient déjà si bien. Elle aurait tant aimé avoir le coeur à la fête, mais bien que Cassandre fut désirée, attendue et porteuse de joie, le coeur de Diamant saignait.
Confinés entre les murs de la résidence familiale, le jardin fut le seul endroit où elle pouvait espérer trouver un peu de solitude. En dehors des nombreuses statues de kitsune, et le grand Akio qui l'accompagna, il n'y avait personne, ils étaient tous à l'intérieur en train de se réjouir. Elle essaya de sourire elle aussi, voyant passer derrière un fusuma les parents de Shinme se pressant vers sa chambre pour voir Cassandre, suivis par un jeune homme roux, un raen qu'elle présuma être son frère. Ce sourire ne dura pas.
"Quand comptes-tu le lui dire ?" Demanda le loup qui s'allongea au pied d'une statue représentant deux renards en train de jouer. Il pouvait garder sa taille normale ici, sans choquer personne. Les habitants de ce village en avaient vu d'autres.
"Encore quelques heures, je t'en prie. Elle se souviendra de ce jour toute sa vie, laissons-lui encore quelques heures de paix.
- Tu n'as rien laissé paraître durant tout le voyage.
- Je craignais qu'en le lui annonçant cela ne déclenche son accouchement prématuré.
- Elle n'a pas eu besoin de toi pour cela."
Le hanyo souffla, marquant une pause.
"Tu ne pourras pas le lui cacher indéfiniment. Tôt ou tard il faudra lui dire."
Kikyo ne passa, au final, que peu de temps à son chevet. Il y avait bien assez de monde dans cette pièce, inutile d'en imposer une de plus au prétexte que Shinme était sa suivante. Elle avait cependant tenu à entrer pour voir de ces yeux cette enfant qui grandirait auprès des siens. Pour faire bonne mesure, elle avait accepté de la tenir quelques instants avant de la rendre à sa mère alitée, murmurant un "Bienvenue dans la famille, Cassandre" puis, elle avait laissé Shana et Fjrn s'occuper de Shinme comme elles le faisaient déjà si bien. Elle aurait tant aimé avoir le coeur à la fête, mais bien que Cassandre fut désirée, attendue et porteuse de joie, le coeur de Diamant saignait.
Confinés entre les murs de la résidence familiale, le jardin fut le seul endroit où elle pouvait espérer trouver un peu de solitude. En dehors des nombreuses statues de kitsune, et le grand Akio qui l'accompagna, il n'y avait personne, ils étaient tous à l'intérieur en train de se réjouir. Elle essaya de sourire elle aussi, voyant passer derrière un fusuma les parents de Shinme se pressant vers sa chambre pour voir Cassandre, suivis par un jeune homme roux, un raen qu'elle présuma être son frère. Ce sourire ne dura pas.
"Quand comptes-tu le lui dire ?" Demanda le loup qui s'allongea au pied d'une statue représentant deux renards en train de jouer. Il pouvait garder sa taille normale ici, sans choquer personne. Les habitants de ce village en avaient vu d'autres.
"Encore quelques heures, je t'en prie. Elle se souviendra de ce jour toute sa vie, laissons-lui encore quelques heures de paix.
- Tu n'as rien laissé paraître durant tout le voyage.
- Je craignais qu'en le lui annonçant cela ne déclenche son accouchement prématuré.
- Elle n'a pas eu besoin de toi pour cela."
Le hanyo souffla, marquant une pause.
"Tu ne pourras pas le lui cacher indéfiniment. Tôt ou tard il faudra lui dire."
Loin à Nagxia, dans le village des tanukis, le clan du Lotus Blanc avait affronté la Guigne afin d'aider Ahoki et ses frères, et lever le mauvais sort sur la maison Kurusu. Le combat ne fut pas simple, mais le pire était survenu lorsque le sombre tanuki avait invoqué la somme de leur malchance : Orochi. Ce démon était pour l'heure au-delà de leurs capacités. Orochi avait détruit la Guigne, et s'apprêtait à repartir sans même faire attention à eux mais Haku, puis Akame, croyant au danger, s'étaient attaqué à lui. Akame l'avait touché, à peine une égratignure, quelques gouttes de sang, suffisant pour qu'il décide de tous les tuer. Elle leur avait crié de ne pas attaquer, de battre en retrait, Isarmaux aussi mais en vain. Orochi broya la jambe d'Akame, elle et Haku gravement blessés furent emportés par le Terrechant sur le dos de Tengoku le zu d'Akame. Atori blessée, Kikyo avait jeté coup sur coup les fumigènes à sa ceinture pour couvrir leur fuite mais le démon s'était alors tourné dans sa direction. Elle avait vu le regard de son époux, son oeil écarquillé juste avant qu'il ne brandisse son épée pour s'avancer vers lui, ordonnant de fuir.
"Non, pas cette fois encore."
Elle ne voulait pas laisser cela se reproduire à nouveau. Elle lui saisit le bras, prête à le suivre peu importe où ce combat les emmènerait.
"Femme. C'est le rôle d'un seigneur de protéger ceux qui le suivent. Murasaki, je suis désolé pour ce que je vais faire. Je t'ordonne d'emporter ma femme auprès de mes enfants, de force s'il le faut."
Une larme perla au coin de ses yeux. Il était de nouveau lui-même ? Comme si une part de lui était en Orochi, et que face à ce démon il avait retrouvé l'entièreté de ce qu'il fut avant leur première confrontation, l'homme qu'elle aimait et avait juré de servir.
"Non, Anata pas ainsi, pas comme ça !"
Mais il la repoussa du bras en arrière, puis dressa un mur d'ombre. "Je ne serais pas long" suivi d'un léger sourire fut la dernière chose que Kikyo vit et entendit, bloquée par le dome de ténèbres, avant que Murasaki ne la saisisse par l'épaule et la taille pour la forcer à reculer.
Dans le paisible territoire des tanukis, on n'entendit que le cri déchirant d'une femme hurlant le nom de son mari, un souffle vibrant qui fit trembler la forêt, puis le silence et le bruissement des arbres. Plus tard, lorsqu'ils revinrent sur les lieux, ils ne trouvèrent ni homme, ni démon, ni cadavre.
"Non, pas cette fois encore."
Elle ne voulait pas laisser cela se reproduire à nouveau. Elle lui saisit le bras, prête à le suivre peu importe où ce combat les emmènerait.
"Femme. C'est le rôle d'un seigneur de protéger ceux qui le suivent. Murasaki, je suis désolé pour ce que je vais faire. Je t'ordonne d'emporter ma femme auprès de mes enfants, de force s'il le faut."
Une larme perla au coin de ses yeux. Il était de nouveau lui-même ? Comme si une part de lui était en Orochi, et que face à ce démon il avait retrouvé l'entièreté de ce qu'il fut avant leur première confrontation, l'homme qu'elle aimait et avait juré de servir.
"Non, Anata pas ainsi, pas comme ça !"
Mais il la repoussa du bras en arrière, puis dressa un mur d'ombre. "Je ne serais pas long" suivi d'un léger sourire fut la dernière chose que Kikyo vit et entendit, bloquée par le dome de ténèbres, avant que Murasaki ne la saisisse par l'épaule et la taille pour la forcer à reculer.
Dans le paisible territoire des tanukis, on n'entendit que le cri déchirant d'une femme hurlant le nom de son mari, un souffle vibrant qui fit trembler la forêt, puis le silence et le bruissement des arbres. Plus tard, lorsqu'ils revinrent sur les lieux, ils ne trouvèrent ni homme, ni démon, ni cadavre.
Kikyo enfouit son visage dans la fourrure d'Akio qui ferma les yeux. Elle ne pleurait pas, elle resta simplement là debout, puisant dans tout ce qui pouvait lui apporter un peu de force. Elle avait déjà dit à Kimiko que son père ne rentrerait pas tout de suite, personne d'autre n'était au courant.
"Crois-tu qu'il soit en vie, enfant ? Demanda Akio d'une voix qu'il voulait la plus douce possible.
- Oui. Oui il est vivant... Et j'irai le chercher où qu'il se trouve. Mais laissons Shinme à sa joie encore un peu je t'en prie. Je ne veux pas tout gâcher encore, je n'ai plus la force.
- ... Monte sur mon dos, avant qu'on te voit."
Sans mot et sans explication, les habitants du village virent un énorme loup blanc bondir par-dessus le mur du jardin de la résidence Takireiri et traverser à toute vitesse la rue principale, une femme à moitié couchée sur son dos. Ce n'est que plus tard, lorsqu'on l'appela sur la linkperle pour lui demander ce qui se passait, que Kikyo répondit à Fjrn qu'il fallait qu'elle rentre en urgence mais serait là pour accueillir Shinme à Shirogane, avec Kimiko et les jumeaux.
"Crois-tu qu'il soit en vie, enfant ? Demanda Akio d'une voix qu'il voulait la plus douce possible.
- Oui. Oui il est vivant... Et j'irai le chercher où qu'il se trouve. Mais laissons Shinme à sa joie encore un peu je t'en prie. Je ne veux pas tout gâcher encore, je n'ai plus la force.
- ... Monte sur mon dos, avant qu'on te voit."
Sans mot et sans explication, les habitants du village virent un énorme loup blanc bondir par-dessus le mur du jardin de la résidence Takireiri et traverser à toute vitesse la rue principale, une femme à moitié couchée sur son dos. Ce n'est que plus tard, lorsqu'on l'appela sur la linkperle pour lui demander ce qui se passait, que Kikyo répondit à Fjrn qu'il fallait qu'elle rentre en urgence mais serait là pour accueillir Shinme à Shirogane, avec Kimiko et les jumeaux.
"Je ne serais pas longue."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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Les enfants dorment, Mitsuhide avait fini par trouver le sommeil lui aussi. Kikyo referma la porte de sa chambre et descendit les escaliers jusque dans le hall. Comme chaque nuit, elle ne pouvait défaire les draps de ce grand lit froid pour espérer trouver le repos. Il avait manqué l'anniversaire de sa fille, il avait aussi manqué le réveillon de cette fête eorzéenne dont il n'avait cure mais appréciait de voir Kimiko s'émerveiller devant les lumières du quartier ijin et les présents qu'elle recevait. Il aurait du être là, dans son fauteuil avec un livre, feignant l'indifférence.
"Mama ?"
Tous les enfants de la maison n'étaient pas au lit finalement. Kimiko attendait debout devant la porte, fixant la poignée trop haute pour elle comme si elle attendait qu'elle s'ouvre pour voir entrer celui que tous attendaient.
"Tu devrais dormir petit Lotus.
- Papa pas rentré."
La jeune mère s'abaissa sur ses genoux et ramena sa fille dans ses bras.
"Il va revenir, tu connais ton père. Une armée ne l'arrêterait pas.
- Kimiko pas dormir."
Kikyo remarqua alors qu'elle tenait dans sa main l'ance de son petit panier, pour les soirs où Akira l'emmenait pécher. Elle se redressa, soulevant sa fille dans ses bras qui se blottit contre sa poitrine.
"Maman ne sait pas pécher, mais tu peux venir avec moi si tu veux."
La petite fille se contenta d'acquiescer en serrant très fort le panier contre elle.
Dehors la neige continuait de tomber en silence sur les pelouses et les toits des nombreuses maisons orientales. Les rues étaient décorées de guirlandes et de lanternes dont la lumière chaleureuse éclairait leurs pas jusqu'au Kobun-en où les sapins trônaient tels des statues d'empereur ; il y avait là assez pour émerveiller une petite fille de deux ans qui tendit une main pour attraper un flocon blanc.
"Neige !" s'exclama t-elle fièrement comme si elle venait de découvrir un trésor. Il ne neigeait jamais à Kugane en dehors de cette fête après tout, et elle n'était pas encore assez grande pour se souvenir qu'elle en avait déjà vu l'an passé à son premier anniversaire.
"Oui, une fois par an la neige tombe sur Shirogane à l'occasion d'une fête célébrée en Eorzéa. Mais il existe des pays où il neige toute l'année.
- Eorzéa ? papa toujours dire pas bien."
Kikyo ravala un rire et se contenta de déposer un baiser sur le front de Kimiko qui sourit un peu, croyant avoir dit quelque chose d'exceptionnel.
"Tu auras tout le loisir de découvrir le monde toi aussi un jour, et d'apprendre à connaître Eorzéa, Thavnair, Dalmasca et plus encore. Peut-être que tu pourras visiter Ilsabard, il neige beaucoup là-bas aussi.
- Neige !"
La petite fille laissa son panier pour tendre les deux bras vers le ciel, cherchant à saisir le plus de flocons possible avant qu'ils ne fondent entre ses petits doigts potelés. Portée par sa mère, elle était assez grande pour toucher tout ce qui passait à sa portée comme les guirlandes et les ornements des sapins, comme tous les enfants de son âge un rien attirait son attention et tout lui paraissait bon à saisir et à mettre dans son panier : branches de houx, confettis, et même une petite boule bleue saupoudrée de paillettes argentées qui s'était décrochée d'un sapin, ce trésor allait être le joyau de sa nouvelle collection. Toute fière la petite princesse la leva vers le visage de sa mère pour la lui montrer, c'est à ce moment qu'elle s'aperçut que des larmes avaient creusé un sillon brillant sur ses joues ; pourtant elle lui souriait.
"Maman malheureuse.
- Ce n'est rien mon petit lotus, répondit Kikyo en la serrant contre elle. Papa me manque, c'est tout."
Tenant fermement son panier, Kimiko entoura de ses deux bras le cou de sa mère.
"Papa manquer moi beaucoup, Kimiko attendre, Kimiko a été sage, Shinme-nee-chan avoir dit... Fête des Étoiles apporte des cadeaux, Kimiko a demandé papa."
Elle avait encore des difficultés à prononcer correctement la plupart de ces mots, jamais jusqu'à lors elle n'avait fait d'aussi longue phrase intelligible. Si jeune et déjà si sérieuse, elle leva ses grands yeux violets et pointant du doigt une des nombreuses étoiles qui décoraient le sommet des sapins. Kikyo suivit son regard tout en lui caressant les cheveux.
"Tu as souhaité que papa revienne ?"
Elle hocha la tête deux fois, avec conviction.
"Kimiko a été sage, répéta t-elle.
- C'est vrai, tu as été sage, tu as bien mérité que ton voeu se réalise.
- Maman fait aussi."
La demi-raenne leva une nouvelle fois les yeux vers les étoiles, celles qui parsemaient le ciel. Elle ne s'était jamais fiée aux kamis pour exaucer ses prières, elle n'avait toujours cru qu'en l'homme et obtenu ce qu'elle souhaitait par ses seuls moyens et l'aide de ceux qui comptaient. Cette fois-ci ne faisait pas exception à la règle, elle comptait avant tout sur ses hommes, ses amis, son clan même si Keiten n'arrivait pas à assumer sa nouvelle autorité, il faisait de son mieux.
Kikyo Kurusu n'était pas le genre à faire un voeu aux étoiles, à croire que les Saints éorzéens se souciaient de son existence étant donné qu'elle ne se souciait pas des leurs. Elle sourit à son enfant et poursuivit sa promenade nocturne sous la neige et la chaude lumière des lanternes.
"Mama ?"
Tous les enfants de la maison n'étaient pas au lit finalement. Kimiko attendait debout devant la porte, fixant la poignée trop haute pour elle comme si elle attendait qu'elle s'ouvre pour voir entrer celui que tous attendaient.
"Tu devrais dormir petit Lotus.
- Papa pas rentré."
La jeune mère s'abaissa sur ses genoux et ramena sa fille dans ses bras.
"Il va revenir, tu connais ton père. Une armée ne l'arrêterait pas.
- Kimiko pas dormir."
Kikyo remarqua alors qu'elle tenait dans sa main l'ance de son petit panier, pour les soirs où Akira l'emmenait pécher. Elle se redressa, soulevant sa fille dans ses bras qui se blottit contre sa poitrine.
"Maman ne sait pas pécher, mais tu peux venir avec moi si tu veux."
La petite fille se contenta d'acquiescer en serrant très fort le panier contre elle.
Dehors la neige continuait de tomber en silence sur les pelouses et les toits des nombreuses maisons orientales. Les rues étaient décorées de guirlandes et de lanternes dont la lumière chaleureuse éclairait leurs pas jusqu'au Kobun-en où les sapins trônaient tels des statues d'empereur ; il y avait là assez pour émerveiller une petite fille de deux ans qui tendit une main pour attraper un flocon blanc.
"Neige !" s'exclama t-elle fièrement comme si elle venait de découvrir un trésor. Il ne neigeait jamais à Kugane en dehors de cette fête après tout, et elle n'était pas encore assez grande pour se souvenir qu'elle en avait déjà vu l'an passé à son premier anniversaire.
"Oui, une fois par an la neige tombe sur Shirogane à l'occasion d'une fête célébrée en Eorzéa. Mais il existe des pays où il neige toute l'année.
- Eorzéa ? papa toujours dire pas bien."
Kikyo ravala un rire et se contenta de déposer un baiser sur le front de Kimiko qui sourit un peu, croyant avoir dit quelque chose d'exceptionnel.
"Tu auras tout le loisir de découvrir le monde toi aussi un jour, et d'apprendre à connaître Eorzéa, Thavnair, Dalmasca et plus encore. Peut-être que tu pourras visiter Ilsabard, il neige beaucoup là-bas aussi.
- Neige !"
La petite fille laissa son panier pour tendre les deux bras vers le ciel, cherchant à saisir le plus de flocons possible avant qu'ils ne fondent entre ses petits doigts potelés. Portée par sa mère, elle était assez grande pour toucher tout ce qui passait à sa portée comme les guirlandes et les ornements des sapins, comme tous les enfants de son âge un rien attirait son attention et tout lui paraissait bon à saisir et à mettre dans son panier : branches de houx, confettis, et même une petite boule bleue saupoudrée de paillettes argentées qui s'était décrochée d'un sapin, ce trésor allait être le joyau de sa nouvelle collection. Toute fière la petite princesse la leva vers le visage de sa mère pour la lui montrer, c'est à ce moment qu'elle s'aperçut que des larmes avaient creusé un sillon brillant sur ses joues ; pourtant elle lui souriait.
"Maman malheureuse.
- Ce n'est rien mon petit lotus, répondit Kikyo en la serrant contre elle. Papa me manque, c'est tout."
Tenant fermement son panier, Kimiko entoura de ses deux bras le cou de sa mère.
"Papa manquer moi beaucoup, Kimiko attendre, Kimiko a été sage, Shinme-nee-chan avoir dit... Fête des Étoiles apporte des cadeaux, Kimiko a demandé papa."
Elle avait encore des difficultés à prononcer correctement la plupart de ces mots, jamais jusqu'à lors elle n'avait fait d'aussi longue phrase intelligible. Si jeune et déjà si sérieuse, elle leva ses grands yeux violets et pointant du doigt une des nombreuses étoiles qui décoraient le sommet des sapins. Kikyo suivit son regard tout en lui caressant les cheveux.
"Tu as souhaité que papa revienne ?"
Elle hocha la tête deux fois, avec conviction.
"Kimiko a été sage, répéta t-elle.
- C'est vrai, tu as été sage, tu as bien mérité que ton voeu se réalise.
- Maman fait aussi."
La demi-raenne leva une nouvelle fois les yeux vers les étoiles, celles qui parsemaient le ciel. Elle ne s'était jamais fiée aux kamis pour exaucer ses prières, elle n'avait toujours cru qu'en l'homme et obtenu ce qu'elle souhaitait par ses seuls moyens et l'aide de ceux qui comptaient. Cette fois-ci ne faisait pas exception à la règle, elle comptait avant tout sur ses hommes, ses amis, son clan même si Keiten n'arrivait pas à assumer sa nouvelle autorité, il faisait de son mieux.
Kikyo Kurusu n'était pas le genre à faire un voeu aux étoiles, à croire que les Saints éorzéens se souciaient de son existence étant donné qu'elle ne se souciait pas des leurs. Elle sourit à son enfant et poursuivit sa promenade nocturne sous la neige et la chaude lumière des lanternes.
"Faites qu'il tienne bon... Tenez bon anata, nous arrivons."
Lerith
Il y a 12 mois et 3 jours
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La pluie s'abattait violemment sur la plage, les nuages noir s'amoncelaient au loin sur la ligne d'horizon derrière le Couvercle des Enfers, signe d'une tempête à venir dans les prochains jours, les prochaines heures. D'après Ivanhault, demain soir serait le bon moment, et tout l'équipage comme le Clan du Lotus Blanc se préparaient au premier combat qui les attendait.
Kikyo tomba à genoux, reprenant son souffle. Après l'expérience du combat onirique face à Susano, par le biais du menestrel errant, l'expérience de la mort avait troublé ses sens durant de longues heures.
"Encore...
- Madââââme... vous devriez peut-êtr-
- ENCORE !"
Le brave kojin recula d'un pas, Akio leva la tête, couché plus loin contre un rocher. La demi-raenne se redressa en prenant appuis sur ses genoux, elle souffla un fois encore tout en s'essuyant le visage. Voyant l'hésitation de son partenaire d'entraînement, elle répéta :
"Je ne vous ai pas payé pour me servir d'infirmière, encore !"
Après un sursaut, le kojin s'éxécuta et leva son bâton. L'orbe à son sommet crépita de léger éclairs qui partirent dans plusieurs direction. Ce n'était pas un sort de foudre puissant, tout au plus les effets d'un cristal élémentaire, et il y avait peu de chance qu'ils touchent autre chose que des cailloux mais Kikyo s'élança une fois de plus dans leur direction et lança ses chakrams pour les détourner de leur trajectoire initiale. Sur les cinq rayons, elle parvint à en dévier deux avec une seule arme, mais le deuxième chakram n'en toucha aucun et ne fit que rayer un rocher avant de revenir dans sa main. Affaiblie, épuisée par une nuit sans sommeil, Kikyo manqua de le laisser échapper et s'écroula à genoux dans le sable. Cette fois le grand loup blanc grogna de désapprobation, d'une voix qu'elle seule pouvait entendre.
"C'en est assez, enfant. Tu dois dormir.
- Je n'y arrive pas encore assez bien... il faut...
- Il faut que tu reprennes des forces."
Le kojin fixa la bête qui approchait de sa compagne, pour soutenir son poids alors qu'elle se relevait.
"L'amour n'est pas une excuse, ni un prétexte à toutes les stupidités."
Les mots de son familier, répétant ses propres paroles, résonnèrent dans le coeur de Kikyo qui se résigna, mais sans s'adoucir. Elle hocha la tête et se saisit du harnais qui maintenait ses jambes lorsqu'elle montait Akio, elle reporta son regard vers le kojin.
"Cela suffira, je vais consacrer les dernières heures avant la bataille au repos, et à ma famille."
Kikyo tomba à genoux, reprenant son souffle. Après l'expérience du combat onirique face à Susano, par le biais du menestrel errant, l'expérience de la mort avait troublé ses sens durant de longues heures.
"Encore...
- Madââââme... vous devriez peut-êtr-
- ENCORE !"
Le brave kojin recula d'un pas, Akio leva la tête, couché plus loin contre un rocher. La demi-raenne se redressa en prenant appuis sur ses genoux, elle souffla un fois encore tout en s'essuyant le visage. Voyant l'hésitation de son partenaire d'entraînement, elle répéta :
"Je ne vous ai pas payé pour me servir d'infirmière, encore !"
Après un sursaut, le kojin s'éxécuta et leva son bâton. L'orbe à son sommet crépita de léger éclairs qui partirent dans plusieurs direction. Ce n'était pas un sort de foudre puissant, tout au plus les effets d'un cristal élémentaire, et il y avait peu de chance qu'ils touchent autre chose que des cailloux mais Kikyo s'élança une fois de plus dans leur direction et lança ses chakrams pour les détourner de leur trajectoire initiale. Sur les cinq rayons, elle parvint à en dévier deux avec une seule arme, mais le deuxième chakram n'en toucha aucun et ne fit que rayer un rocher avant de revenir dans sa main. Affaiblie, épuisée par une nuit sans sommeil, Kikyo manqua de le laisser échapper et s'écroula à genoux dans le sable. Cette fois le grand loup blanc grogna de désapprobation, d'une voix qu'elle seule pouvait entendre.
"C'en est assez, enfant. Tu dois dormir.
- Je n'y arrive pas encore assez bien... il faut...
- Il faut que tu reprennes des forces."
Le kojin fixa la bête qui approchait de sa compagne, pour soutenir son poids alors qu'elle se relevait.
"L'amour n'est pas une excuse, ni un prétexte à toutes les stupidités."
Les mots de son familier, répétant ses propres paroles, résonnèrent dans le coeur de Kikyo qui se résigna, mais sans s'adoucir. Elle hocha la tête et se saisit du harnais qui maintenait ses jambes lorsqu'elle montait Akio, elle reporta son regard vers le kojin.
"Cela suffira, je vais consacrer les dernières heures avant la bataille au repos, et à ma famille."
Dans l'obscurité de la chambre aux rideaux tirés, Kikyo demeurait en silence les yeux ouverts depuis de longues heures. Elle n'avait pas dormi ici depuis des semaines, elle serrait entre ses doigts les draps fins portant encore le parfum du tigre. Recroquevillée en position foetale, elle avait ordonné qu'on la laisse sous prétexte de prolonger son repos ; elle devait expier ses angoisses avant le combat.
Peut-être que tout cela ne servirait à rien, peut-être était-il déjà mort ou pire... Peut-être ce lit resterait-il vide quand tout serait fini, etl e dénouement approchait à grands pas. Elle ne pouvait ignorer la peur et le doute, elle ne pouvait refouler ses larmes et les laisser lui brouiller la vue quand le moment sera venu, elles devaient sortir dès à présent. En cet instant et à ses yeux, aucune femme sur terre ne pouvait aimer un homme plus qu'elle n'aimait Akira Kurusu, en cet instant tout ce qu'elle ressentait, cette douleur qui lui déchirait le ventre lui brisait les membres et la voix sans résistance.
L'amour n'est pas une excuse à la bêtise ou à la faiblesse, aimer la rendait plus forte, plus déterminée, mais un tel pouvoir, et aussi destructeur, pouvait aisément se retourner contre elle dans le pire moment si elle n'en gardait pas le contrôle. Et pour contrôler sa douleur, elle devait la connaître, l'accepter et la sentir dans tout son être petit à petit comme un poison auquel on s'habitue. Ce poison-là était peut-être le pire, celui de la peur, la peur de le perdre et de ne jamais le revoir, de voir ses enfants grandir sans père, de voir une partie de sa vie s'écrouler à tout jamais et de ne pas savoir comment surmonter cela.
Sa main chercha la garde de Byakuren qu'elle était allée demander à Keiten, au cas où le sabre serait nécessaire puisque la caverne où se trouvait l'autel était la même que la demeure précédente de cette relique. Au travers de la lame, elle ne cherchait pas seulement la présence de son époux mais celle de tous ses ancêtres. Tous des seigneurs de guerre, tous des hommes d'honneur et de justice, tous prêts à tout pour leur clan et pour Doma. Elle avait croisé la mémoire de Danzo Byakuren, de sa fille décédée, elle était elle aussi un membre de cette famille, avait porté leurs héritiers, elle ne renoncerait pas.
Lentement elle se leva, le regard brûlant, le corps tremblant d'une douleur qui commençait tout juste à s'atténuer. Etait-elle prête ? Elle manquait de temps pour le savoir, elle le saurait de toute façon bien assez tôt. De l'autre côté de la porte attendaient, inquiètes, les servantes de la maison et sans doute Kimiko.
Peut-être que tout cela ne servirait à rien, peut-être était-il déjà mort ou pire... Peut-être ce lit resterait-il vide quand tout serait fini, etl e dénouement approchait à grands pas. Elle ne pouvait ignorer la peur et le doute, elle ne pouvait refouler ses larmes et les laisser lui brouiller la vue quand le moment sera venu, elles devaient sortir dès à présent. En cet instant et à ses yeux, aucune femme sur terre ne pouvait aimer un homme plus qu'elle n'aimait Akira Kurusu, en cet instant tout ce qu'elle ressentait, cette douleur qui lui déchirait le ventre lui brisait les membres et la voix sans résistance.
L'amour n'est pas une excuse à la bêtise ou à la faiblesse, aimer la rendait plus forte, plus déterminée, mais un tel pouvoir, et aussi destructeur, pouvait aisément se retourner contre elle dans le pire moment si elle n'en gardait pas le contrôle. Et pour contrôler sa douleur, elle devait la connaître, l'accepter et la sentir dans tout son être petit à petit comme un poison auquel on s'habitue. Ce poison-là était peut-être le pire, celui de la peur, la peur de le perdre et de ne jamais le revoir, de voir ses enfants grandir sans père, de voir une partie de sa vie s'écrouler à tout jamais et de ne pas savoir comment surmonter cela.
Sa main chercha la garde de Byakuren qu'elle était allée demander à Keiten, au cas où le sabre serait nécessaire puisque la caverne où se trouvait l'autel était la même que la demeure précédente de cette relique. Au travers de la lame, elle ne cherchait pas seulement la présence de son époux mais celle de tous ses ancêtres. Tous des seigneurs de guerre, tous des hommes d'honneur et de justice, tous prêts à tout pour leur clan et pour Doma. Elle avait croisé la mémoire de Danzo Byakuren, de sa fille décédée, elle était elle aussi un membre de cette famille, avait porté leurs héritiers, elle ne renoncerait pas.
Lentement elle se leva, le regard brûlant, le corps tremblant d'une douleur qui commençait tout juste à s'atténuer. Etait-elle prête ? Elle manquait de temps pour le savoir, elle le saurait de toute façon bien assez tôt. De l'autre côté de la porte attendaient, inquiètes, les servantes de la maison et sans doute Kimiko.
Ils étaient tous là, ils étaient tous venus, tous volontaires, que ce soit le Lotus Blanc ou l'Eternal, et même Kyuuji. Que ce soit pour elle ou pour lui, ou pour les enfants, pour l'avenir, ils avaient répondu. L'Eternal était prêt à lever l'ancre, les voiles gonflées par un vent de tempête, les nuages noirs s'étirant de plus en plus au-dessus de la Mer de Rubis. Autour d'elle, aucun ne tremblait. Si elle échouait ils pouvaient réussir après elle, même Nazah qui avait perdu la flamme semblait en avoir retrouvé un peu, juste assez, pour se présenter à leurs côtés lors de l'entraînement.
L'heure approchait, toujours plus vite, encore un jour. Elle pouvait tout perdre, elle pouvait aussi tout reprendre.
L'heure approchait, toujours plus vite, encore un jour. Elle pouvait tout perdre, elle pouvait aussi tout reprendre.
"Ne mourrrez pas" avant demandé la jeune Ehla lorsqu'elle quitta le port.
"Je n'y vais pas pour mourrir, ni pour me sacrifier.
- Qu'est ce qui peut bien justifier un tel feu dans votre regard ?
- L'avenir de ma famille."
"Je n'y vais pas pour mourrir, ni pour me sacrifier.
- Qu'est ce qui peut bien justifier un tel feu dans votre regard ?
- L'avenir de ma famille."
Kikyo prit la barre, son regard passant d'une personne à l'autre au sein de l'équipage tout aussi déterminé qu'elle l'était. Aucun d'eux ne faiblirait, elle le savait. Elle partait affronter la tempête, les kamis et les démons, elle le ferait encore et encore autant de fois qu'on lui imposera cette même bataille. Qu'elle sorte victorieuse de ces derniers combats, ou qu'elle perde tout, elle leur devait plus que la reconnaissance ou la vie, elle leur devait plus qu'une fête manquée...
"L'avenir de toute ma famille."
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