L'Ecole du Chaos
Lerith
Il y a 10 mois et 5 jours
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La Kriegstanz n'est pas un secret pour l'Eternal, qui compte dans ses rangs deux danseuses encore en apprentissage de cette discipline aux origines thavnairoises. Pourtant, si les effets de ces danses sont appréciés lors des affrontements autant que des spectacles qu'elles donnent, leur fonctionnement n'est pas si connu ; après tout du moment que ça marche !
La rencontre avec Hélène Al-Kabar et ses techniques influant la causalité, attirant soit-disant la bonne fortune à ses alliés, n'avait pas manqué de piquer la curiosité des membres de la compagnie et le triste sort qui fut le sien durant l'Apocalypse n'a fait qu'attiser le désir de Hotaru et Meleth d'en percer le mystère en hommage à cet oiseau écarlate fauché en plein vol. Elles n'ont malheureusement qu'un nom : Maître Dadjeel, danseur thavnairois, qui semble insaisissable.
A l'occasion d'une semaine de vacances à Thavnair, la quête de l’École du Chaos peut commencer.
La rencontre avec Hélène Al-Kabar et ses techniques influant la causalité, attirant soit-disant la bonne fortune à ses alliés, n'avait pas manqué de piquer la curiosité des membres de la compagnie et le triste sort qui fut le sien durant l'Apocalypse n'a fait qu'attiser le désir de Hotaru et Meleth d'en percer le mystère en hommage à cet oiseau écarlate fauché en plein vol. Elles n'ont malheureusement qu'un nom : Maître Dadjeel, danseur thavnairois, qui semble insaisissable.
A l'occasion d'une semaine de vacances à Thavnair, la quête de l’École du Chaos peut commencer.
Lerith
Il y a 10 mois et 4 jours
A tout l'équipage,
Soyez prêts à prendre la mer lundi matin à la première heure, destination l'île de Thavnair, pour un voyage de repos suite à nos dernières expéditions et avant les travaux de préparation à la conférence de rentrée à Sharlayan. Nous ferons la route de Yedlihmad à Radz-at-Han sur la route principale et ferons plusieurs arrêts durant la semaine. Meleth et Hotaru ont prévu de partir à la recherche d'un maître danseur, soyez libres de profiter du voyage pour vos propres intérêts et découvertes.
Les routes sont surveillées, le voyage ne présente aucun risque hors activités de chasse et autres initiatives en chemin.
Lundi matin, 8h30, sur le quai N°6.
K. Kurusu
La veille du départ, Valorius embarquera ses bagages.
Une malle de bois et cuir contenant des vêtements et autres objets personnels, ainsi qu'une lourde cantine du Maelstrom dont la surface arbore un réseau de symboles illuminés. La cantine ira en cale, et bien que le mage l'ait apportée sans difficulté, une fois déposée au sol et ses glyphes éteints, il faudra deux costauds pour la déplacer.
Le quartier maître, bien que ce soit la semaine de repos de l'équipage, est visiblement à pieds d'oeuvre. La préparation pour le voyage à Thavnair n'est pas particulièrement compliquée. La cargaison pour la semaine embarque petit à petit au fil des jours. Les denrées périssables seront par contre embarquées au dernier moment. Kyuuji ne semble pas prévoir d'être du voyage, évoquant sombrement un équilibre nécessaire entre expéditions et vie privée à terre.
Le soleil allait se lever quand deux silhouettes Miqo'tes montèrent à bord de l'Eternal. Elles étaient les premières à bord et Iko et Liiz allèrent poser leurs affaires dans la cabine qu'elles allaient désormais partager avant de se diriger à leur poste. L'une s'enfonça dans les profondeurs de la coque pour rejoindre la salle des machines tandis que l'autre grimpa au sommet du mât principal et commença son inspection des cordages et de la voilure. Assise à califourchon sur la traverse de la grande voile, le maitre d'équipage regarda les premiers rayons du soleil éclairés l'horizon, la douce lumière matinale se reflétant sur la mer. Quand elle eut terminé de passer en revue les haubans, quelques membres d'équipage étaient déjà montés à bord. C'est à ce moment qu'elle choisit d'effectuer son rituel: elle s'attacha la cheville avec une corde et fit un saut de l'ange dans le vide. Durant quelques minutes, la Miqo'te aura joué au pendule suspendue par un pied au dessus du vide en riant à gorge déployée.
Bien que la Cap'tain peste et soupire à chaque fois, rien n'empêche Iko de faire ça avant chaque départ !
Kyuuji est aussi sur le quai pour le départ, vérifiant les derniers préparatifs. Cherchant visiblement à se faire discret, il souhaite néanmoins un bon voyage, bonne expédition, et pourquoi pas de bonnes vacances à l'équipage qu'il croise. Un tour dans les cales, dans la cambuses, dans les réserves, tout est prêt et en ordre, le quartier maître retourne à terre pour regarder l'Eternal partir, pour la première fois depuis qu'il a rejoint son bord, sans lui. Il reste pour saluer le départ à grands renforts de vastes gestes d'au revoir, mais on devine, sous l'air froid et distant qu'il arbore depuis peu, le grand chagrin qui l'habite.
Lerith
Il y a 10 mois et 4 jours
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"Il va être l'heure. Tu es prête ?
- Oui, je crois.
- Si tu fatigues, Yone prendra la relève."
Au petit matin, alors qu'une partie de l'équipage était déjà sur place, on vit sortir de la cabine du capitaine Kikyo suivie de Meleth le regard à la fois sérieux et empreint d'un certain enthousiaste pour la viéra. La raenne enceinte resta en bas des marches, laissant la fille du torrent marcher jusqu'au gouvernail. Elle resta debout près du bastingage et posa son regard sur le quai où Kyuuji finissait de s'occuper des derniers chargements ; jusqu'au bout au travail mais privé de départ. Elle ne dit rien et se contenta de le regarder, on ne pouvait rien y faire de toute façon il ne pouvait pas les accompagner cette fois.
"WOUUUUUUUUUUH !"
La voix d'Iko riant aux éclats en se balançant dans le vide lui arracha un soupir. Elle posa ses mains sur son ventre arrondi, songeuse.
"Essayons d'en profiter un peu malgré tout, d'accord ?"
Pour lui répondre, la truffe d'Akio sortit de nullepart appuya contre ses doigts, la faisant sursauter. Le grand loup blanc portait sur son dos une Kimiko aussi stoïque et sérieuse que possible, essayant d'imiter la posture de son père lorsqu'il montait son cheval de guerre. Elle avait vissé sur sa tête le chapeau à plume offert par Ivanhault au dernier festival des étoiles.
"Allons retrouver ton frère et ta sœur, Kimiko."
C'était moins pour l'enfant que pour elle-même, ses jambes ne la portaient déjà plus. Avant de disparaitre à nouveau dans sa cabine, elle lança un regard sur l'équipage en train d'embarquer, les voiles lentement descendues, et la viéra debout à sa place habituelle. Elle ferma les yeux.
A la barre, Meleth prit une profonde inspiration. Gérer le départ, une première sans le capitaine. En plus, Ivanhault n'était pas là, Kyuuji non plus, Iko devait gérer les hommes sur le pont, la viéra était vraiment seule aux commandes de la navigation.
"Aller, aide-moi un peu."
Au bruit des vagues contre la coque s'ajoutèrent les tensions dans les cordages, les voiles qui se gonflent sous le vent, le sentiment de confiance que lui inspirait l'Eternal prêt à l'assister dans la manoeuvre. Curieusement, elle savait quoi faire, et en fermant les yeux elle pouvait sentir sa main et tout son corps guidé par une force bienveillante qui ne la forçait en rien mais l'accompagnait, ne demandait qu'à l'aider.
Petit à petit, l'équipage se rassembla sur le pont et chacun à sa tâche se préparait au départ. C'était étrange de ne plus danser dans les haubans avant de lever l'ancre mais en levant les yeux elle vit Hotaru escalader le mat jusqu'à la vigie et lui faire un grand signe de la main.
Quelque chose se passa en elle à cet instant, une sensation indéchiffrable qui la saisit au ventre. La viéra se mit à respirer très fort plusieurs fois. Au bout de quelques secondes, ce sentiment se calma un peu.
Elle ne comprit que bien plus tard ce qui venait de se passer, mais l'heure du départ était arrivée. Un signe de la main au maître d'équipage et les ordres fusèrent avant que Meleth ne prononce pour la première fois dans sa linkperle : "Liiz, on lève l'ancre."
Les voiles se gonflèrent un peu plus et l'Eternal quitta le port, porté par une brise matinale tombant à point nommé. Elle porta un regard par-dessus son épaule, sachant que sur le pont, restait derrière eux l'un des leurs coincé à terre. Elle se concentra sur la manœuvre. "Liiz, on passe en mode vol, active le décollage" annonça t-elle quand ils furent assez loin ; et l'Eternal se souleva dans les airs moins d'une minute plus tard, s'arrachant à la mer pour prendre de l'altitude.
Quelques minutes plus tard, une fois le souffle du départ retombé, on entendit une voix chanter à la barre. Ce n'était pas un chant marin, ce n'était même pas un chant connu. Ce n'était que Meleth, portée par ses propres émotions, les mains serrées autour du gouvernail, qui lâchait prise et l'Eternal semblait lui répondre car sous leurs pieds le pont paraissait vibrer au rythme de son chant. Les voiles ethérées scintillaient au soleil, pas un seul nuage à l'horizon.
- Oui, je crois.
- Si tu fatigues, Yone prendra la relève."
Au petit matin, alors qu'une partie de l'équipage était déjà sur place, on vit sortir de la cabine du capitaine Kikyo suivie de Meleth le regard à la fois sérieux et empreint d'un certain enthousiaste pour la viéra. La raenne enceinte resta en bas des marches, laissant la fille du torrent marcher jusqu'au gouvernail. Elle resta debout près du bastingage et posa son regard sur le quai où Kyuuji finissait de s'occuper des derniers chargements ; jusqu'au bout au travail mais privé de départ. Elle ne dit rien et se contenta de le regarder, on ne pouvait rien y faire de toute façon il ne pouvait pas les accompagner cette fois.
"WOUUUUUUUUUUH !"
La voix d'Iko riant aux éclats en se balançant dans le vide lui arracha un soupir. Elle posa ses mains sur son ventre arrondi, songeuse.
"Essayons d'en profiter un peu malgré tout, d'accord ?"
Pour lui répondre, la truffe d'Akio sortit de nullepart appuya contre ses doigts, la faisant sursauter. Le grand loup blanc portait sur son dos une Kimiko aussi stoïque et sérieuse que possible, essayant d'imiter la posture de son père lorsqu'il montait son cheval de guerre. Elle avait vissé sur sa tête le chapeau à plume offert par Ivanhault au dernier festival des étoiles.
"Allons retrouver ton frère et ta sœur, Kimiko."
C'était moins pour l'enfant que pour elle-même, ses jambes ne la portaient déjà plus. Avant de disparaitre à nouveau dans sa cabine, elle lança un regard sur l'équipage en train d'embarquer, les voiles lentement descendues, et la viéra debout à sa place habituelle. Elle ferma les yeux.
A la barre, Meleth prit une profonde inspiration. Gérer le départ, une première sans le capitaine. En plus, Ivanhault n'était pas là, Kyuuji non plus, Iko devait gérer les hommes sur le pont, la viéra était vraiment seule aux commandes de la navigation.
"Aller, aide-moi un peu."
Au bruit des vagues contre la coque s'ajoutèrent les tensions dans les cordages, les voiles qui se gonflent sous le vent, le sentiment de confiance que lui inspirait l'Eternal prêt à l'assister dans la manoeuvre. Curieusement, elle savait quoi faire, et en fermant les yeux elle pouvait sentir sa main et tout son corps guidé par une force bienveillante qui ne la forçait en rien mais l'accompagnait, ne demandait qu'à l'aider.
Petit à petit, l'équipage se rassembla sur le pont et chacun à sa tâche se préparait au départ. C'était étrange de ne plus danser dans les haubans avant de lever l'ancre mais en levant les yeux elle vit Hotaru escalader le mat jusqu'à la vigie et lui faire un grand signe de la main.
Quelque chose se passa en elle à cet instant, une sensation indéchiffrable qui la saisit au ventre. La viéra se mit à respirer très fort plusieurs fois. Au bout de quelques secondes, ce sentiment se calma un peu.
Elle ne comprit que bien plus tard ce qui venait de se passer, mais l'heure du départ était arrivée. Un signe de la main au maître d'équipage et les ordres fusèrent avant que Meleth ne prononce pour la première fois dans sa linkperle : "Liiz, on lève l'ancre."
Les voiles se gonflèrent un peu plus et l'Eternal quitta le port, porté par une brise matinale tombant à point nommé. Elle porta un regard par-dessus son épaule, sachant que sur le pont, restait derrière eux l'un des leurs coincé à terre. Elle se concentra sur la manœuvre. "Liiz, on passe en mode vol, active le décollage" annonça t-elle quand ils furent assez loin ; et l'Eternal se souleva dans les airs moins d'une minute plus tard, s'arrachant à la mer pour prendre de l'altitude.
Quelques minutes plus tard, une fois le souffle du départ retombé, on entendit une voix chanter à la barre. Ce n'était pas un chant marin, ce n'était même pas un chant connu. Ce n'était que Meleth, portée par ses propres émotions, les mains serrées autour du gouvernail, qui lâchait prise et l'Eternal semblait lui répondre car sous leurs pieds le pont paraissait vibrer au rythme de son chant. Les voiles ethérées scintillaient au soleil, pas un seul nuage à l'horizon.
Pourtant, ce voyage s'annonçait déjà hors du commun.
Lerith
Il y a 10 mois et 4 jours
Au petit matin, le pont s'animait progressivement, et Kyuuji qui s'était montré paternel et loyal envers les siens devait serrer les dents pour laisser l'agitation se dérouler devant ses yeux sous une bonne humeur remplaçant le silence de la nuit. Le moment paraît comme détaché du temps et une forme de magie venait remplir les lieux jusqu'à proposer des inversions tel qu'une Iko entrain d'imiter les singeries que d'ordinaire elle reprocherait aux autres, comme quoi l'Eternal est comme un père ravit de retrouver ses petits, et inversement. Même Adam habituellement calme et détendu ne pouvait pas s'empêcher de s'attarder sur chaque détail qui compose l'aéronef, lui aussi survolté.
Fatalement, Ez ne déroge pas à cette règle d'inversion de par une surprenante discrétion durant l'embarquement, du moins jusqu'à ce que Meleth donne l'ordre du décollage et détourne son regard une première fois dû à un sentiment étrange en voyant Hotaru au sommet de la vigie entrain agiter les bras, puis une seconde fois afin d'envoyer une pensée à Kyuuji resté à quai, une seconde d'inattention qui est largement assez pour qu'un Ez ait pop sur la proue une fois retournée.
Dangereux à souhait, c'est le minimum qu'on puisse dire, pourtant d'une il était déjà trop tard pour faire machine arrière et annuler le décollage, de deux son air de jeune chiot toufou perché à la portière d'une voiture en marche avec les oreilles qui flapflap au vent demeurent bien amusant et potentiellement attendrissant, mais surtout parce qu'il fait preuve d'une stabilité telle qu'on pourrait jurer qu'il est une partie intégrante de la figure de proue.
Il fera certainement face à des remontrances avec un bagou d'enfant grondé dès qu'il remettra le pied sur le pont, c'est à dire peu après le décollage.
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Valorius avait suivi calmement l'effervescence du départ, se contentant de venir se poster sur le pont supérieur près du gouvernail, accoudé à la gauche de Meleth pour un soutien moral à la jeune timonière.
Son bras posé sur la rambarde, sa main caressant le bois poli par les embruns et des générations de mains d'équipage, l'elezen contemplait le navire et ses occupants avec un léger sourire, appréciant l'air marin sur son visage et le soleil sur sa peau.
Valorius retint un rire en voyant Ez grimper sur la proue. Il n'aurait plus manqué qu'il prenne la pose telle la statue de Llymaren au sommet de Limsa... L'espiègle miqote ne risquait rien, l'Eternal ne laisserait jamais l'un des siens tomber par-dessus bord.
Le mage se retourna vers Kyuuji, attristé de laisser son ami derrière lui avec des soucis dont ils n'avaient pas eu le temps de parler, puis il se concentra sur Meleth et la manoeuvre, avant de s'allumer une cigarette tandis que l'Eternal décollait.
Quand Meleth se mit à chanter, il sourit, puis joignit sa voix à la sienne.
Le voyage commençait bien.
Fatalement, Ez ne déroge pas à cette règle d'inversion de par une surprenante discrétion durant l'embarquement, du moins jusqu'à ce que Meleth donne l'ordre du décollage et détourne son regard une première fois dû à un sentiment étrange en voyant Hotaru au sommet de la vigie entrain agiter les bras, puis une seconde fois afin d'envoyer une pensée à Kyuuji resté à quai, une seconde d'inattention qui est largement assez pour qu'un Ez ait pop sur la proue une fois retournée.
Dangereux à souhait, c'est le minimum qu'on puisse dire, pourtant d'une il était déjà trop tard pour faire machine arrière et annuler le décollage, de deux son air de jeune chiot toufou perché à la portière d'une voiture en marche avec les oreilles qui flapflap au vent demeurent bien amusant et potentiellement attendrissant, mais surtout parce qu'il fait preuve d'une stabilité telle qu'on pourrait jurer qu'il est une partie intégrante de la figure de proue.
Il fera certainement face à des remontrances avec un bagou d'enfant grondé dès qu'il remettra le pied sur le pont, c'est à dire peu après le décollage.
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Valorius avait suivi calmement l'effervescence du départ, se contentant de venir se poster sur le pont supérieur près du gouvernail, accoudé à la gauche de Meleth pour un soutien moral à la jeune timonière.
Son bras posé sur la rambarde, sa main caressant le bois poli par les embruns et des générations de mains d'équipage, l'elezen contemplait le navire et ses occupants avec un léger sourire, appréciant l'air marin sur son visage et le soleil sur sa peau.
Valorius retint un rire en voyant Ez grimper sur la proue. Il n'aurait plus manqué qu'il prenne la pose telle la statue de Llymaren au sommet de Limsa... L'espiègle miqote ne risquait rien, l'Eternal ne laisserait jamais l'un des siens tomber par-dessus bord.
Le mage se retourna vers Kyuuji, attristé de laisser son ami derrière lui avec des soucis dont ils n'avaient pas eu le temps de parler, puis il se concentra sur Meleth et la manoeuvre, avant de s'allumer une cigarette tandis que l'Eternal décollait.
Quand Meleth se mit à chanter, il sourit, puis joignit sa voix à la sienne.
Le voyage commençait bien.
Lerith
Il y a 10 mois et 4 jours
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"On arrive ! on arriiiiiiiiiiiiiiiiiive !"
Normalement, c'est là que la vigie aurait dû crier "terre en vue" afin de prévenir l'équipage, sauf que la vigie était Hotaru. Hotaru qui était impatiente de poser le pieds sur l'île de Thavnair. La raenne s'agitant en haut du mat transmit donc l'information, et on donna l'ordre de rentrer les voiles afin d'accoster au large du port de Yeldlihmad au milieu d'autres navires marchands et voyageurs en tous genre. D'autres embarcations, plus petites, se chargeaient de transporter hommes et marchandises jusqu'au port lui-même un peu plus loin.
Voir le commerce repartir après avoir vu cette île sous un ciel rouge Apocalypse avait de quoi faire du bien au moral de ceux qui n'étaient pas revenus depuis, comme Meleth qui -contrairement au capitaine d'ordinaire- fut l'une des premières à descendre de l'Eternal une fois l'ancre jetée et non la dernière. En fait, on ne la vit même pas descendre, simplement un "plouf" signalant qu'elle avait plongé depuis le pont supérieur et savourait l'eau tiède et transparente de ce climat tropical. Elle remonta peu de temps après pour chercher ses affaires et se rendre -dignement- à terre avec les autres.
Quand finalement l'équipage gagna l'île et le port de Yedlihmad, Kikyo s'adressa à l'un des raens sur le port qui les conduisit à un local désert, vide, mais propre. Assez de place dans l'unique salle pour y installer des couchettes, et surtout un escalier donnant sur une trappe au plafond, débouchant sur le toit du bâtiment. Et là, on trouvait une table et quatre chaises dans un espace ombragé et légèrement décoré, quelques vivres et boissons locales commandées à l'avance, et surtout une vue magnifique.
"Ce local est loué pour les trois prochains jours, profitez."
Normalement, c'est là que la vigie aurait dû crier "terre en vue" afin de prévenir l'équipage, sauf que la vigie était Hotaru. Hotaru qui était impatiente de poser le pieds sur l'île de Thavnair. La raenne s'agitant en haut du mat transmit donc l'information, et on donna l'ordre de rentrer les voiles afin d'accoster au large du port de Yeldlihmad au milieu d'autres navires marchands et voyageurs en tous genre. D'autres embarcations, plus petites, se chargeaient de transporter hommes et marchandises jusqu'au port lui-même un peu plus loin.
Voir le commerce repartir après avoir vu cette île sous un ciel rouge Apocalypse avait de quoi faire du bien au moral de ceux qui n'étaient pas revenus depuis, comme Meleth qui -contrairement au capitaine d'ordinaire- fut l'une des premières à descendre de l'Eternal une fois l'ancre jetée et non la dernière. En fait, on ne la vit même pas descendre, simplement un "plouf" signalant qu'elle avait plongé depuis le pont supérieur et savourait l'eau tiède et transparente de ce climat tropical. Elle remonta peu de temps après pour chercher ses affaires et se rendre -dignement- à terre avec les autres.
Quand finalement l'équipage gagna l'île et le port de Yedlihmad, Kikyo s'adressa à l'un des raens sur le port qui les conduisit à un local désert, vide, mais propre. Assez de place dans l'unique salle pour y installer des couchettes, et surtout un escalier donnant sur une trappe au plafond, débouchant sur le toit du bâtiment. Et là, on trouvait une table et quatre chaises dans un espace ombragé et légèrement décoré, quelques vivres et boissons locales commandées à l'avance, et surtout une vue magnifique.
"Ce local est loué pour les trois prochains jours, profitez."
C'était encore la fin de l'après-midi et le soleil baignait l'océan de sa lumière dorée. Les marchands fourmillaient sur le port, les pêcheurs rentraient leurs prises de la journée, d'autres voyageurs se mêlaient aux habitants le tout dans une relative bonne ambiance rappelant un peu celle du Souk, sans les corsaires. Ils avaient encore le temps de profiter de cette journée avant de se retrouver pour dîner. Qui sait ce qu'ils feraient ce soir, si ce n'est simplement profiter d'une première nuit sous les étoiles de Thavnair ?
Bienvenue à Yedlihmad.
Ce n'était pas sensé se passer ainsi, mais le chaos ne prévient jamais. Partit d'un rien, une remarque peu agréable faite par Silius à Valorius, se montrant alors sec avec tout les autres et provoquant la réaction d'ivanhault et Iko qui se disputèrent. Vint alors Hotaru, dont le "je m'en fiche rien ne me gâchera le voyage" attisa les nerfs déjà entamés et une nouvelle dispute éclata entre second et raenne. Le repli stratégique de Meleth n'y pouvait rien, les deux cherchant à la rejoindre recommencèrent à s'écharper devant elle et sous les yeux de Djazah'ir passé là par hasard. Les échanges de plus en plus violents sur la linkperle firent réagir Silius réclamant l'intervention d'un capitaine à la perle coupée. Acculée, ne pouvant garder le silence, Meleth devait intervenir et ainsi briser le secret de ce qui aurait dû être annoncé à la fin du voyage.
"C'est un ordre du capitaine."
Et quel capitaine faisait-elle. Premier jour en service officieux, celui qui devait marquer le début d'un voyage tous ensemble, et ils se déchiraient sous ses yeux pour des broutilles. Meleth s'était isolée, cherchant à retrouver le peu de calme nécessaire à la réorganisation de ses pensées.
Comment diabolos en est-on arrivé là ?
Elle connaissait Hotaru mieux que personne sur l'Eternal, et même si elle lui en voulait elle savait... et elle devait la retrouver avant que la raenne retrouve ses esprits, réalise ce qu'elle avait fait, et cherche à disparaitre plutôt que d'affronter les conséquences par peur de l'abandon. Dans son état, elle était capable de partir très loin et même de prendre le premier bateau pour l'autre bout du monde, persuadée qu'on ne voudrait plus jamais d'elle après tout ça.
Le chaos explose, brûle, détruit.
Quelle est cette sensation ?
Des fourmis dans son corps, une sensation de frénésie comme si ses membres réclamaient à bouger alors qu'elle n'en pouvait plus. La soirée avait été éprouvante, et Akira n'y avait rien arrangé en la titillant sur sa musique. Mais il fallait qu'elle la trouve, qu'elle évacue avant la chute. Il fallait qu'elle règle la situation avant que tout s'enlise. Chaque fois, il suffit d'un seul, et c'est tous les autres qui subissent par ricochet.
Le chaos s'installe et continue de s'étendre à l'infini comme une vague au milieu de l'océan.
Elle la trouva au bout de la jetée, assise mais en train de se tortiller elle aussi, soumise aux mêmes fourmillements qu'elle des orteils à la pointe des cheveux. Ce phénomène allait devoir s'expliquer tôt ou tard mais cette nuit, elles avaient un autre problème à régler. Et tandis que la viéra venait s'asseoir aux côtés de son amie solitaire, le tintement d'une clochette retentit un peu plus loin sur le port. Dans la pénombre, un homme fronça les sourcils avant de disparaitre.
"C'est un ordre du capitaine."
Et quel capitaine faisait-elle. Premier jour en service officieux, celui qui devait marquer le début d'un voyage tous ensemble, et ils se déchiraient sous ses yeux pour des broutilles. Meleth s'était isolée, cherchant à retrouver le peu de calme nécessaire à la réorganisation de ses pensées.
Comment diabolos en est-on arrivé là ?
Elle connaissait Hotaru mieux que personne sur l'Eternal, et même si elle lui en voulait elle savait... et elle devait la retrouver avant que la raenne retrouve ses esprits, réalise ce qu'elle avait fait, et cherche à disparaitre plutôt que d'affronter les conséquences par peur de l'abandon. Dans son état, elle était capable de partir très loin et même de prendre le premier bateau pour l'autre bout du monde, persuadée qu'on ne voudrait plus jamais d'elle après tout ça.
Le chaos explose, brûle, détruit.
Quelle est cette sensation ?
Des fourmis dans son corps, une sensation de frénésie comme si ses membres réclamaient à bouger alors qu'elle n'en pouvait plus. La soirée avait été éprouvante, et Akira n'y avait rien arrangé en la titillant sur sa musique. Mais il fallait qu'elle la trouve, qu'elle évacue avant la chute. Il fallait qu'elle règle la situation avant que tout s'enlise. Chaque fois, il suffit d'un seul, et c'est tous les autres qui subissent par ricochet.
Le chaos s'installe et continue de s'étendre à l'infini comme une vague au milieu de l'océan.
Elle la trouva au bout de la jetée, assise mais en train de se tortiller elle aussi, soumise aux mêmes fourmillements qu'elle des orteils à la pointe des cheveux. Ce phénomène allait devoir s'expliquer tôt ou tard mais cette nuit, elles avaient un autre problème à régler. Et tandis que la viéra venait s'asseoir aux côtés de son amie solitaire, le tintement d'une clochette retentit un peu plus loin sur le port. Dans la pénombre, un homme fronça les sourcils avant de disparaitre.
"Ces deux-là sont une véritable bombe à retardement."
Lerith
Il y a 10 mois et 4 jours
Après avoir passée le reste de la nuit à travailler dans la cambuse, c'est à l'aube qu'Iko ira rejoindre sa cabine pour s'écrouler dans son lit, complètement épuisée. Elle ne se réveilla qu'en fin de matinée, d'une humeur massacrante, n'adressant même pas la parole à ceux qu'elle croiserait sur le chemin qui la séparait de son petit déjeuner. Une assiette avec trois tranches de dodo rôti et la voilà qui s'installa à la proue de l'Eternal pour déguster sa collation au calme, regardant les navires passés au large. Le chaos était vraiment au cœur de cette expédition et tandis qu'elle allait attaquer sa dernière tranche de viande, un rapace plongea sur elle et lui chipa la fin de son repas. C'en était trop pour la Miqo'te qui hurla "PUTAIN DE SALOPERIE DE PIAF DE MERDE !" en balançant l'assiette vide sur le pont du navire avant de sauter par dessus bord pour se lancer à la poursuite du volatile en courant comme une possédée.
Lerith
Il y a 10 mois et 4 jours
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La colère, brûlante, presque rassurante, lui assurant qu'elle était en vie. Les tempes bourdonnantes.
BOUM-BOUM. Le coeur aurait dû palpiter, il peinait seulement à se faire entendre, ralentissant encore sa cadence. Ces ralentissements étaient devenus plus familiers ces derniers jours.
La haine, la haine déferla alors sur elle, féroce prédatrice aux crocs acérés, venant éclater les dernières défenses qu'Ivanhault avait enfoncé sans aucune précaution, dévastant tout sur son passage.
Hotaru l'appela alors de toute sa colère et sa haine et elle sentit Meleth qui réagissait elle aussi. Ce fourmillement devint insupportable, le regard mauve chavira tandis que son aura se glaçait dans la chaleur tiède de la nuit soulevant une brise glacée. Elle avait peine à respirer, des étoiles noires plein les yeux.
Shiroyume se matérialisa à ses côtés prêt à se transformer en outil vengeur, l'eau frémit comme en proie d'un souffle. La raenne allait s'élancer pour hurler enfin sa libération. Dans son corps, cela enflait, cela montait, cela finissait de tout ravager sur son passage et peut être bien qu'elle hurla en fin de compte. Le cri d'une bête blessée, agonisante.
Une poigne terrible se referma derrière elle, elle sentit que son élan refluait alors elle mobilisa encore plus d'énergie pour faire face à cette nouvelle menace. Le regard mauve vitreux fixa la haute silhouette, les traits de la jeune femme déformés par les émotions qui la traversaient. Tout en elle brûlait d'une lueur froide, inhumaine. Les lèvres étaient retroussées, laissant apercevoir les dents, comme un animal. Et à regret avec un autre cri, de rage cette fois-ci, elle sentit qu'elle ne pourrait pas danser et cela la frustra encore davantage. Elle perdait tout humanité, glissant lentement dans les ténèbres.
Et elle n'avait qu'une seule chose en tête: se libérer. De tout et de tous. Survivre? A quoi bon? Pour quelle existence morne et insipide? Pour croiser encore la panique au fond de leurs regards? Elle ressentait alors leur colère, s'en nourrissait, ivre, elle ressentait tellement et si précisément, c'était grisant. "Abandonne, abandonne...", susurait alors la petite voix. L'incompréhension, cette sensation de ne pas exister, le rejet. "Abandonne!". La voix enserrait sa tête comme dans un étau. Colère, haine, abandonne. Colère, haine, abandonne...
Pour la première fois, elle avait décidé de ne pas fuir, de rester, de ne pas céder un pouce de terrain. Mais la destinée avait décidé qu'elle devait disparaître, alors c'est ce qu'elle fit.
BOUM-BOUM. Le coeur aurait dû palpiter, il peinait seulement à se faire entendre, ralentissant encore sa cadence. Ces ralentissements étaient devenus plus familiers ces derniers jours.
La haine, la haine déferla alors sur elle, féroce prédatrice aux crocs acérés, venant éclater les dernières défenses qu'Ivanhault avait enfoncé sans aucune précaution, dévastant tout sur son passage.
Hotaru l'appela alors de toute sa colère et sa haine et elle sentit Meleth qui réagissait elle aussi. Ce fourmillement devint insupportable, le regard mauve chavira tandis que son aura se glaçait dans la chaleur tiède de la nuit soulevant une brise glacée. Elle avait peine à respirer, des étoiles noires plein les yeux.
Shiroyume se matérialisa à ses côtés prêt à se transformer en outil vengeur, l'eau frémit comme en proie d'un souffle. La raenne allait s'élancer pour hurler enfin sa libération. Dans son corps, cela enflait, cela montait, cela finissait de tout ravager sur son passage et peut être bien qu'elle hurla en fin de compte. Le cri d'une bête blessée, agonisante.
Une poigne terrible se referma derrière elle, elle sentit que son élan refluait alors elle mobilisa encore plus d'énergie pour faire face à cette nouvelle menace. Le regard mauve vitreux fixa la haute silhouette, les traits de la jeune femme déformés par les émotions qui la traversaient. Tout en elle brûlait d'une lueur froide, inhumaine. Les lèvres étaient retroussées, laissant apercevoir les dents, comme un animal. Et à regret avec un autre cri, de rage cette fois-ci, elle sentit qu'elle ne pourrait pas danser et cela la frustra encore davantage. Elle perdait tout humanité, glissant lentement dans les ténèbres.
Et elle n'avait qu'une seule chose en tête: se libérer. De tout et de tous. Survivre? A quoi bon? Pour quelle existence morne et insipide? Pour croiser encore la panique au fond de leurs regards? Elle ressentait alors leur colère, s'en nourrissait, ivre, elle ressentait tellement et si précisément, c'était grisant. "Abandonne, abandonne...", susurait alors la petite voix. L'incompréhension, cette sensation de ne pas exister, le rejet. "Abandonne!". La voix enserrait sa tête comme dans un étau. Colère, haine, abandonne. Colère, haine, abandonne...
Pour la première fois, elle avait décidé de ne pas fuir, de rester, de ne pas céder un pouce de terrain. Mais la destinée avait décidé qu'elle devait disparaître, alors c'est ce qu'elle fit.
L'aube commençait à poindre sur Yedlihmad. Au bout de la jetée, les deux amies continuaient de se balancer de gauche à droite, leur corps fourmillant d'une énergie inexpliquée, tout en parlant d'une voix morne et basse. Les pêcheurs partit se coucher la veille passèrent à côté d'elles, surpris de les voir encore debout.
".. je ferais ce qu'on me dit Meleth, j'assumerais mes actes qu'importe l'inutilité de la tâche qui me sera incombé. J'y gagnerais la solitude quelques heures."
Elle essayait de parler doucement, avec humour, mais c'était raté. Les larmes roulaient en continu jusqu'à tomber dans l'eau de mer. Une nuit entière de discussion n'y faisait rien et la colère avait laissé la place à une souffrance muette, un pas de plus vers l'abandon. Ces grésillements se multipliaient et leurs corps se balançaient sans cesse un peu plus, jusqu'à ce qu'une voix forte retentisse dans leur dos.
"Ah non, ça pas question mesdemoiselles."
Elles se tournèrent, et durent lever les yeux pour regarder l'homme qui se tenait devant elles dans la demi-obscurité qui précède l'aurore. Une coule sombre, noire ou brune, couvrait en grande partie ce qui se révéla comme une tenue de danseur grise tintant de breloques en tout genre. Son regard était dur, presque outré devant les deux jeunes femmes achevées par leur nuit blanche.
"On se lève, aller."
Sans comprendre pourquoi et sans réfléchir, elles se levèrent comme si la seule voix de l'inconnu suffisait à les convaincre ou les mettre en confiance, ou alors simplement qu'elles étaient trop fatiguées pour réfléchir avant d'agir.
"Non mais regardez-moi ce gâchis. Bon aller, toi la pelote de nerfs tu viens avec moi. Et toi là, j'ai demandé une danseuse pas une pisseuse, t'as deux jours pour me retrouver au Pas de Kadjaya."
Meleth n'eut même pas le temps de cligner des yeux ou de répondre à l'insulte qu'elle sentit le pied de l'homme contre son abdomen et bascula en arrière, tombant à l'eau sans autre forme de procès. Elle entendit vaguement un "ça te rafraichira les idées tiens" et à travers la surface de l'eau elle le vit emmener Hotaru, tout aussi abasourdie.
Une fois la tête sortie de l'eau, Meleth esquissa un mouvement pour attaquer mais elle réalisa que les fourmillements dans son bras, comme le reste de son corps, avaient disparu. Elle le regarda simplement s'éloigner en poussant légèrement Hotaru dans le dos, vers la sortie du village avec le sentiment que cet homme savait ce qu'il faisait, il avait tout l'air d'être celui qu'ils étaient venus chercher, c'était finalement lui qui les avait trouvé en suivant le chaos à la trace.
".. je ferais ce qu'on me dit Meleth, j'assumerais mes actes qu'importe l'inutilité de la tâche qui me sera incombé. J'y gagnerais la solitude quelques heures."
Elle essayait de parler doucement, avec humour, mais c'était raté. Les larmes roulaient en continu jusqu'à tomber dans l'eau de mer. Une nuit entière de discussion n'y faisait rien et la colère avait laissé la place à une souffrance muette, un pas de plus vers l'abandon. Ces grésillements se multipliaient et leurs corps se balançaient sans cesse un peu plus, jusqu'à ce qu'une voix forte retentisse dans leur dos.
"Ah non, ça pas question mesdemoiselles."
Elles se tournèrent, et durent lever les yeux pour regarder l'homme qui se tenait devant elles dans la demi-obscurité qui précède l'aurore. Une coule sombre, noire ou brune, couvrait en grande partie ce qui se révéla comme une tenue de danseur grise tintant de breloques en tout genre. Son regard était dur, presque outré devant les deux jeunes femmes achevées par leur nuit blanche.
"On se lève, aller."
Sans comprendre pourquoi et sans réfléchir, elles se levèrent comme si la seule voix de l'inconnu suffisait à les convaincre ou les mettre en confiance, ou alors simplement qu'elles étaient trop fatiguées pour réfléchir avant d'agir.
"Non mais regardez-moi ce gâchis. Bon aller, toi la pelote de nerfs tu viens avec moi. Et toi là, j'ai demandé une danseuse pas une pisseuse, t'as deux jours pour me retrouver au Pas de Kadjaya."
Meleth n'eut même pas le temps de cligner des yeux ou de répondre à l'insulte qu'elle sentit le pied de l'homme contre son abdomen et bascula en arrière, tombant à l'eau sans autre forme de procès. Elle entendit vaguement un "ça te rafraichira les idées tiens" et à travers la surface de l'eau elle le vit emmener Hotaru, tout aussi abasourdie.
Une fois la tête sortie de l'eau, Meleth esquissa un mouvement pour attaquer mais elle réalisa que les fourmillements dans son bras, comme le reste de son corps, avaient disparu. Elle le regarda simplement s'éloigner en poussant légèrement Hotaru dans le dos, vers la sortie du village avec le sentiment que cet homme savait ce qu'il faisait, il avait tout l'air d'être celui qu'ils étaient venus chercher, c'était finalement lui qui les avait trouvé en suivant le chaos à la trace.
"Vous êtes loin d'être prêtes, jeunes filles."
Valorius avait tourné les talons, retenant la colère qui avait succédé à une indescriptible déception.
Il avait entamé ce voyage heureux, en harmonie avec Meleth et avec le sentiment pour une fois d'être à sa place au sein de l'équipage.
Il leur avait apporté les insignes et le chaos qui avait suivi l'avait frappé plus fort que des coups. Aux reproches injustifiés s'ajoutait une humiliation publique.
Il ne voulait pas la charité. Il n'y avait rien de plus insultant. Et s'il pouvait entendre des constats désagréables sur son caractère, il était hors de question qu'il accepte que l'on mette en doute le sérieux de son travail.
Il était parti, seul sur son tapis, voler au dessus de la baie, avant de se poser dans un recoin isolé pour entamer une méditation destinée à garder le contrôle du feu qui montait en lui, tandis que sur la perle résonnaient les échos d'autres disputes.
Puis Meleth trancha, contrainte de révéler le secret qu'ils avaient promis de garder.
Valorius fit demi-tour, alerté davantage par ce qu'il ressentait en provenance d'Hotaru et Meleth que par les coups de gueule des uns et des autres. Il se passait quelque chose de grave.
Il vit un grand raen embarquer Hotaru, après avoir poussé Meleth à l'eau. Il était trop loin pour intervenir, et rejoignit Meleth pour la soutenir.
Sa fureur était tombée. Une grande tristesse l'avait remplacée, celle d'une nouvelle illusion brisée, mais cela même attendrait, enfermé au fond de son âme derrière les murs de sa volonté. Il était venu sur ces terres pour aider Hotaru et Meleth à trouver leur destin et cela seul comptait à présent. Il serait là pour elles.
Il avait entamé ce voyage heureux, en harmonie avec Meleth et avec le sentiment pour une fois d'être à sa place au sein de l'équipage.
Il leur avait apporté les insignes et le chaos qui avait suivi l'avait frappé plus fort que des coups. Aux reproches injustifiés s'ajoutait une humiliation publique.
Il ne voulait pas la charité. Il n'y avait rien de plus insultant. Et s'il pouvait entendre des constats désagréables sur son caractère, il était hors de question qu'il accepte que l'on mette en doute le sérieux de son travail.
Il était parti, seul sur son tapis, voler au dessus de la baie, avant de se poser dans un recoin isolé pour entamer une méditation destinée à garder le contrôle du feu qui montait en lui, tandis que sur la perle résonnaient les échos d'autres disputes.
Puis Meleth trancha, contrainte de révéler le secret qu'ils avaient promis de garder.
Valorius fit demi-tour, alerté davantage par ce qu'il ressentait en provenance d'Hotaru et Meleth que par les coups de gueule des uns et des autres. Il se passait quelque chose de grave.
Il vit un grand raen embarquer Hotaru, après avoir poussé Meleth à l'eau. Il était trop loin pour intervenir, et rejoignit Meleth pour la soutenir.
Sa fureur était tombée. Une grande tristesse l'avait remplacée, celle d'une nouvelle illusion brisée, mais cela même attendrait, enfermé au fond de son âme derrière les murs de sa volonté. Il était venu sur ces terres pour aider Hotaru et Meleth à trouver leur destin et cela seul comptait à présent. Il serait là pour elles.
Lerith
Il y a 10 mois et 4 jours
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Au fur et à mesure que la journée avançait, le chaos de la nuit dernière se dissipait pour laisser place à la réflexion et à la compréhension. Hotaru n'était plus là, emportée par un obscur raen à l'identité inconnue qui s'était montré bien familier avec les deux danseuses dans un piètre état ; Meleth semblait persuadée qu'il s'agissait du fameux Dadjeel qu'ils étaient venus chercher. Au final c'était lui qui les avait trouvé et ne semblait pas content du tout de ce qu'il avait vu. Les deux jeunes femmes avaient-elles seulement une chance d'apprendre de lui, ou bien les avait-il catégorisé d'entrée de jeu ?
Il y eut une hésitation quant à la visite à Svarna. Sans Hotaru justement, sans son enthousiasme à l'égard des hippochars, "c'est tout de suite moins intéressant", mais un regain d'optimisme était nécessaire pour reprendre la main.
"Il n'y a que deux façons de gérer le chaos" avait dit Ivanhault plus tard dans l'après-midi, à l'ombre sur le toit de l’entrepôt. Le temps n'était plus à la confusion mais à la cohésion, maintenir le cap afin qu'à son retour Hotaru s'intègre à nouveau dans un groupe stable, une fois que le supposé maître danseur la leur rendrait. C'est ainsi qu'en fin de journée, leurs affaires en ordre et bien décidés à resserrer les rangs envers et contre tout, ils prirent la direction du hameau de Svarna afin de rencontrer les Arkasodaras et leur fameuse entreprise de service-livraison et plus encore. Quelle surprise n'eurent-ils pas en voyant à peine arrivés, à gauche sous une tente, une taverne avec un panneau destiné aux aventuriers !
Il y eut une hésitation quant à la visite à Svarna. Sans Hotaru justement, sans son enthousiasme à l'égard des hippochars, "c'est tout de suite moins intéressant", mais un regain d'optimisme était nécessaire pour reprendre la main.
"Il n'y a que deux façons de gérer le chaos" avait dit Ivanhault plus tard dans l'après-midi, à l'ombre sur le toit de l’entrepôt. Le temps n'était plus à la confusion mais à la cohésion, maintenir le cap afin qu'à son retour Hotaru s'intègre à nouveau dans un groupe stable, une fois que le supposé maître danseur la leur rendrait. C'est ainsi qu'en fin de journée, leurs affaires en ordre et bien décidés à resserrer les rangs envers et contre tout, ils prirent la direction du hameau de Svarna afin de rencontrer les Arkasodaras et leur fameuse entreprise de service-livraison et plus encore. Quelle surprise n'eurent-ils pas en voyant à peine arrivés, à gauche sous une tente, une taverne avec un panneau destiné aux aventuriers !
Il y avait beaucoup à faire ici, en fin de compte.
Lerith
Il y a 10 mois et 4 jours
Après le chaos, l'apaisement. La fin de la journée au hameau de Svarna fut des plus paisibles. Entre le casse-tête en bois de Noah et les déboires d'Iko avec un oiseau chapardeur, les aventures d'Ivanhault donnant le bain au bébé hippopotame et le tour en hippochar pendant une heure le long de la plage à tour de rôle, miqo'brochettes et histoires nourrisant le tout, c'était finalement là cette soirée qu'ils auraient voulu dès le départ. Si la nuit précédente ne pouvait être effacée, il avaient choisi de ne pas s'en tenir à ce constat, ne pas laisser le chaos s'installer.
Sans Hotaru, ce n'était pas la même chose, mais ils s'amusèrent malgré tout et quand Meleth les quitta, elle se sentait plus légère. Marchant le long de la route jusqu'à Yedlihmad elle leva les yeux vers les étoiles, fredonnant un chant à mi-voix.
"On ne peut pas enfermer le chaos mais on peut le diriger, glisser sur la vague et ne pas se laisser submerger."
Toujours la métaphore de l'eau, ce n'était pas anodin, pas plus que cette épreuve brutale alors que leur quête débutait tout juste. Elle avait goûté au chaos, à sa force destructrice incontrôlable, avait-elle la force de poursuivre sut cette voie ou bien ne valait-il pas mieux rebrousser chemin pendant qu'il en est encore temps ? Elle songeait à Hotaru, à sa dernière image de la raenne poussée dans le dos vers ce qui devait être un "traitement" beaucoup plus rude entre les mains d'un expert qui avait déjà l'ai de les prendre pour des petites filles irresponsables, et ne devait certainement pas ménager son amie.
Dadjeel, maître de l'Ecole du Chaos.
Demain, Ivanhault et peut-être d'autres l'accompagneraient au Pas de Kadjaya afin de le rencontrer, cet homme que même les Arkasoradas semblent connaître. Ce n'était pas un parfait inconnu même si son école ne figurait pas parmi les plus peuplées. Moins mystérieuse, mais plus dangereuse, sa destinée se révèlerait à elle demain soir, avec des réponses mais aussi des choix à faire.
Tout s'est enchaîné en une seule journée, peut-être parce qu'il s'agissait du premier jour de voyage, ou peut-être avait-ce été toujours ainsi, quoi qu'il en soit rien ne pouvait laisser présager tant de nouveautés du même coup, trop certainement pour les dénombrer.
Deux restent néanmoins importantes et seraient bientôt mises en devant de la scène:
Meleth avouait prendre la place du nouveau Capitaine, au mécontentement manifeste d'une partie des membres qui comptaient bien avoir leur voix au chapitre, et mettre au clair cette succession subite et dissimulée afin d'en comprendre les circonstances.
Et Hotaru venait d'être punie, mais le destin a voulu qu'elle fut emportée par un mystérieux inconnu. Cet inconnu n'étant vraisemblablement pas si inconnu ni mystérieux que ça puisqu'il est là question d'un maître danseur de Raz-at-Han se prénommant Dadjeel que Nashasha a reconnu de par son lien avec une ancienne élève appelée Hélène. De plus, il semblerait qu'il ait été déjà prévu pour Hotaru et Meleth d'aller à sa rencontre.
Oh, et une information importante aussi: les Miq'brochettes sont une TUERIE !
Cependant, on ne pouvait décemment pas laisser Ivanhault partir seul à la recherche d'Hotaru, et ce pour plusieurs raisons dont une qu'il n'a pas aimé se faire rappeler ce soir, il sera donc probablement escorté afin d'éviter tout débordement, à moins bien sûr qu'il ne se faufile dans le dos des autres.
Quoi qu'il en soit, l'île de Thavnair était encore loin d'avoir livrée tous ses secrets, et ce qui se profilait comme être des vacances pourrait bien être plus passionnant encore qu'un barbotage en maillot de bains sur la plage. Après tout, Thavnair montre et démontre en tout lieu et toute circonstance qu'elle est l'île qui pourrait le mieux héberger le savoir des mondes.
Un sourire en coin, une œillade sur le navire amarré plus loin, et le rideau se baisse sur une nouvelle journée qui se terminait sous une voûte céleste aux milliers éclats de lumières contemplée par un Miq'ote qui a eu la fantastique trouvaille de chaparder un tissu de auvent local pour s'en faire un hamac de fortune. Irrécupérable !
Sans Hotaru, ce n'était pas la même chose, mais ils s'amusèrent malgré tout et quand Meleth les quitta, elle se sentait plus légère. Marchant le long de la route jusqu'à Yedlihmad elle leva les yeux vers les étoiles, fredonnant un chant à mi-voix.
"On ne peut pas enfermer le chaos mais on peut le diriger, glisser sur la vague et ne pas se laisser submerger."
Toujours la métaphore de l'eau, ce n'était pas anodin, pas plus que cette épreuve brutale alors que leur quête débutait tout juste. Elle avait goûté au chaos, à sa force destructrice incontrôlable, avait-elle la force de poursuivre sut cette voie ou bien ne valait-il pas mieux rebrousser chemin pendant qu'il en est encore temps ? Elle songeait à Hotaru, à sa dernière image de la raenne poussée dans le dos vers ce qui devait être un "traitement" beaucoup plus rude entre les mains d'un expert qui avait déjà l'ai de les prendre pour des petites filles irresponsables, et ne devait certainement pas ménager son amie.
Dadjeel, maître de l'Ecole du Chaos.
Demain, Ivanhault et peut-être d'autres l'accompagneraient au Pas de Kadjaya afin de le rencontrer, cet homme que même les Arkasoradas semblent connaître. Ce n'était pas un parfait inconnu même si son école ne figurait pas parmi les plus peuplées. Moins mystérieuse, mais plus dangereuse, sa destinée se révèlerait à elle demain soir, avec des réponses mais aussi des choix à faire.
Tout s'est enchaîné en une seule journée, peut-être parce qu'il s'agissait du premier jour de voyage, ou peut-être avait-ce été toujours ainsi, quoi qu'il en soit rien ne pouvait laisser présager tant de nouveautés du même coup, trop certainement pour les dénombrer.
Deux restent néanmoins importantes et seraient bientôt mises en devant de la scène:
Meleth avouait prendre la place du nouveau Capitaine, au mécontentement manifeste d'une partie des membres qui comptaient bien avoir leur voix au chapitre, et mettre au clair cette succession subite et dissimulée afin d'en comprendre les circonstances.
Et Hotaru venait d'être punie, mais le destin a voulu qu'elle fut emportée par un mystérieux inconnu. Cet inconnu n'étant vraisemblablement pas si inconnu ni mystérieux que ça puisqu'il est là question d'un maître danseur de Raz-at-Han se prénommant Dadjeel que Nashasha a reconnu de par son lien avec une ancienne élève appelée Hélène. De plus, il semblerait qu'il ait été déjà prévu pour Hotaru et Meleth d'aller à sa rencontre.
Oh, et une information importante aussi: les Miq'brochettes sont une TUERIE !
Cependant, on ne pouvait décemment pas laisser Ivanhault partir seul à la recherche d'Hotaru, et ce pour plusieurs raisons dont une qu'il n'a pas aimé se faire rappeler ce soir, il sera donc probablement escorté afin d'éviter tout débordement, à moins bien sûr qu'il ne se faufile dans le dos des autres.
Quoi qu'il en soit, l'île de Thavnair était encore loin d'avoir livrée tous ses secrets, et ce qui se profilait comme être des vacances pourrait bien être plus passionnant encore qu'un barbotage en maillot de bains sur la plage. Après tout, Thavnair montre et démontre en tout lieu et toute circonstance qu'elle est l'île qui pourrait le mieux héberger le savoir des mondes.
Un sourire en coin, une œillade sur le navire amarré plus loin, et le rideau se baisse sur une nouvelle journée qui se terminait sous une voûte céleste aux milliers éclats de lumières contemplée par un Miq'ote qui a eu la fantastique trouvaille de chaparder un tissu de auvent local pour s'en faire un hamac de fortune. Irrécupérable !
Ivanhault
Il y a 10 mois et 1 jour
La douleur muette d'un animal blessé.
C'était ce que Silius lui avait évoqué dans les premiers temps de leur rencontre. Oh il était brillant, admiré, détesté ; les maîtres et les élèves faisaient grand cas de son intelligence quand d'autres tentaient de moucher son ego. Ivanhault, qui s'était laissé berner comme les autres dans les débuts de leur étrange relation, n'avait percé Isaudorel à jour qu'en le voyant seul un soir de fête, échappant à la pression des voix et des rires perçants. Dissimulé sous l'ombre d'un saule penché sur le torrent où il avait lui-même trouvé refuge, Ivanhault l'avait vu s'asseoir en soupirant et contempler le cours d'eau, les yeux et le visage vides. Là était le secret : quand la présence de personne ne l'éclairait, Isaudorel sombrait dans l'ombre et massait ce qui restait de sa cuisse déchiquetée d'un geste machinal et crispé qui ne soulageait ni la douleur, ni la mélancolie, ni la solitude. Comme les animaux, Silius taisait ces choses et préférait s'isoler. Les oiseaux gonflaient les plumes, les chats ronronnaient. Silius, lui, attendait que "ça passe". Ce soir là Ivanhault attendit longtemps, lui-même trop morcelé alors pour ressentir le déclic qui l'aurait poussé à aller s'asseoir près de Silius des années plus tard. Personne d'autre ne vint.
Ivanhault se le remémorait tandis qu'il était venu appuyer son épaule contre l'encadrement de la porte qui séparait l'infirmerie du couloir des chambrées. Des "ça va passer", Silius en avait beaucoup dit au cours des trois dernières semaines. Ivanhault avait voulu croire que son appel à l'aide servirait à quelque chose, mais il n'avait finalement fait qu'exposer l'animal blessé sous la lumière fugace des mêmes projecteurs que d'ordinaire. Depuis il était retourné à l'ombre dont il avait émergé. Ivanhault le voyait céder le terrain, pouce par pouce. Cesser de parler, cesser d'être présent. La prochaine étape, Ivanhault le savait, était de cesser d'exister. C'était ce contre quoi il luttait désormais, protégeant Silius pied à pied contre la dépression tentaculaire qui l'enserrait chaque jour de façon plus étroite.
Penché sur un grand cristal bleu issu de son quatuor de noulithes, reflets cyan miroitant contre son visage au teint crayeux, Silius était occupé à tailler une facette d'une extrême finesse devant la lumière chaude d'une lanterne alchimique avant d'allumer un éthéromètre de précision pour peser l'onde naturelle de la pierre. Il s'y reprit à trois fois pour rectifier l'angle, armé de ses outils d'orfèvre, avant de paraître satisfait et de l'enclencher à nouveau dans son armature conductrice. Il ne parut pas remarquer Ivanhault quand il voulut sortir, mais alors que leurs épaules allaient se heurter il s'arrêta, le regard fixement baissé devant lui et dit ; "Vous me bloquez le chemin, second."
La discipline. C'était le refuge de Silius quand le monde s'effondrait. On pouvait se fier aux règlements, aux titres. Tout était écrit, rien ne mentait. On pouvait se référer aux règles, on ne pouvait pas les inventer à la volée. La discipline le protégeait de l'anarchie, de la loi du plus fort. Elle mettait tout le monde à égalité, faible comme fort, adapté ou inadapté.
Sans se formaliser, Ivanhault s'effaça en plaquant ses épaules contre le mur du couloir, mais Silius resta immobile. Quelques secondes d'une réflexion qu'Ivanhault savait intense et riche en émotions produisirent un résumé factuel, une pure information : "Je ne souhaite pas faire de sexe pour le moment." Après un instant il ajouta : "Pardon", comme si son esprit lui avait soufflé de nouveau quelque chose d'important tiré d'expériences précédentes. C'était drôle, comme Silius ignorait souvent l'être. Ivanhault refoula son sourire et se pencha sur lui. Pas de sexe, promis, mais la règle permettait qu'il lui offre un baiser.
C'était ce que Silius lui avait évoqué dans les premiers temps de leur rencontre. Oh il était brillant, admiré, détesté ; les maîtres et les élèves faisaient grand cas de son intelligence quand d'autres tentaient de moucher son ego. Ivanhault, qui s'était laissé berner comme les autres dans les débuts de leur étrange relation, n'avait percé Isaudorel à jour qu'en le voyant seul un soir de fête, échappant à la pression des voix et des rires perçants. Dissimulé sous l'ombre d'un saule penché sur le torrent où il avait lui-même trouvé refuge, Ivanhault l'avait vu s'asseoir en soupirant et contempler le cours d'eau, les yeux et le visage vides. Là était le secret : quand la présence de personne ne l'éclairait, Isaudorel sombrait dans l'ombre et massait ce qui restait de sa cuisse déchiquetée d'un geste machinal et crispé qui ne soulageait ni la douleur, ni la mélancolie, ni la solitude. Comme les animaux, Silius taisait ces choses et préférait s'isoler. Les oiseaux gonflaient les plumes, les chats ronronnaient. Silius, lui, attendait que "ça passe". Ce soir là Ivanhault attendit longtemps, lui-même trop morcelé alors pour ressentir le déclic qui l'aurait poussé à aller s'asseoir près de Silius des années plus tard. Personne d'autre ne vint.
Ivanhault se le remémorait tandis qu'il était venu appuyer son épaule contre l'encadrement de la porte qui séparait l'infirmerie du couloir des chambrées. Des "ça va passer", Silius en avait beaucoup dit au cours des trois dernières semaines. Ivanhault avait voulu croire que son appel à l'aide servirait à quelque chose, mais il n'avait finalement fait qu'exposer l'animal blessé sous la lumière fugace des mêmes projecteurs que d'ordinaire. Depuis il était retourné à l'ombre dont il avait émergé. Ivanhault le voyait céder le terrain, pouce par pouce. Cesser de parler, cesser d'être présent. La prochaine étape, Ivanhault le savait, était de cesser d'exister. C'était ce contre quoi il luttait désormais, protégeant Silius pied à pied contre la dépression tentaculaire qui l'enserrait chaque jour de façon plus étroite.
Penché sur un grand cristal bleu issu de son quatuor de noulithes, reflets cyan miroitant contre son visage au teint crayeux, Silius était occupé à tailler une facette d'une extrême finesse devant la lumière chaude d'une lanterne alchimique avant d'allumer un éthéromètre de précision pour peser l'onde naturelle de la pierre. Il s'y reprit à trois fois pour rectifier l'angle, armé de ses outils d'orfèvre, avant de paraître satisfait et de l'enclencher à nouveau dans son armature conductrice. Il ne parut pas remarquer Ivanhault quand il voulut sortir, mais alors que leurs épaules allaient se heurter il s'arrêta, le regard fixement baissé devant lui et dit ; "Vous me bloquez le chemin, second."
La discipline. C'était le refuge de Silius quand le monde s'effondrait. On pouvait se fier aux règlements, aux titres. Tout était écrit, rien ne mentait. On pouvait se référer aux règles, on ne pouvait pas les inventer à la volée. La discipline le protégeait de l'anarchie, de la loi du plus fort. Elle mettait tout le monde à égalité, faible comme fort, adapté ou inadapté.
Sans se formaliser, Ivanhault s'effaça en plaquant ses épaules contre le mur du couloir, mais Silius resta immobile. Quelques secondes d'une réflexion qu'Ivanhault savait intense et riche en émotions produisirent un résumé factuel, une pure information : "Je ne souhaite pas faire de sexe pour le moment." Après un instant il ajouta : "Pardon", comme si son esprit lui avait soufflé de nouveau quelque chose d'important tiré d'expériences précédentes. C'était drôle, comme Silius ignorait souvent l'être. Ivanhault refoula son sourire et se pencha sur lui. Pas de sexe, promis, mais la règle permettait qu'il lui offre un baiser.
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