L'Ecole du Chaos

Lerith Il y a 10 mois et 3 jours

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Le soleil était déjà haut dans le ciel quand ils se mirent en route pour le Grand Œuvre, sachant que peu avant leur arrivée, un petit groupe prendrait la direction d'un monument situé plus haut dans les terres, au-dessus de la jungle. Il faisait chaud -au grand dam de certains mais pour le plus grand plaisir d'autres- et le paysage ne pouvait que servir de prétexte à des pauses régulières sur le bord de la route afin de s'hydrater ; pas question de se presser. 

Ce qui était loin d'être le cas pour tout le monde...






"Oh, tu appelles-ça une pirouette ? Redresse le dos un peu on dirait ma grand-mère !"
Cela durait depuis des heures. Tourner, tourner et tourner encore jusqu'à l'épuisement, jusqu'à perdre tous ses repères. Au moins cela avait eu le mérite de la sortir de sa transe destructrice et de toute influence néfaste de l'Akasha. Il n'avait quasiment pas parlé, si ce n'est pour donner des directives ou la réprimander sans prendre de gants. Il ne lui avait même pas demandé son nom, ni donné le sien ! Pourtant, elle l'écoutait sans rechigner, allez savoir pourquoi. Hotaru, habituée par cette manière de procéder avait donc dansé toute la journée, se reprenant quand il lui signalait, concentrée, attentive. La raenne ne marquait d'ailleurs pas tellement de réactions, évanescente, toute à sa danse, dents serrées, une ride barrant son front.
"C'est bon, arrête."
La raenne s'arrête, reprenant son souffle, elle s'étire, le dos en compote. Il se lève, imposant dans toute sa stature, le dos droit et le pas fier il s'avance. Hotaru relève la tête vers le maître à danser, elle l'observe, attendant de voir pourquoi il s'est approché.
"Tu dois avoir l'esprit vidé à présent, et tu ne représente plus un risque pour personne.
- Et donc? Nous en avons terminé, c'est cela?
-Tout dépend de toi boule de nerfs. Tu as l'énergie d'une balle de revolver, mais tu tire dans tous les sens, c'est pas en faisant des pirouetes et des arabesques en étant pleine de bons sentiments et d'idéaux que tu vas devenir danseuse. Un de ces jours, tu vas déclencher une catastrophe à invoquer le chaos sans pouvoir danser avec lui. Pour le moment c'est lui qui danse avec toi. Ou plutôt qui te piétine comme un troupeau de gajas dans la plaine."

Il fronça alors les sourcils en se penchant au-dessus d'elle avec sévérité.
"Et je n'aime pas l'idée que deux petites libellules complètement irresponsable courent la plaine au milieu de gajas, pigé crevette ?"



"Si je ne me trompe pas ta copine la funambule devrait arriver dans quelques heures."







Arrivés à l'embranchement proche du Grand Œuvre, il était temps pour Meleth, et pour ceux qui avaient décidé de l'accompagner, de quitter la route principale afin d'emprunter le petit sentier vers le Pas de Kadjaya...

 




Lerith Il y a 10 mois et 3 jours
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"Vous vous croyez danseuses, mais il ne suffit pas de remuer le derrière et d'en appeler aux bons sentiments et aux idéaux pour renforcer vos compagnons comme par magie."

"Tu es une funambule qui marche sur des oeufs. Tu écoutes tout et tout le monde sauf toi-même contrairement à ta copine la boule de nerfs qui doit apprendre à danser avec autre chose que ses pieds et son ventre."

"Toutes les deux vous n'êtes que la moitié d'une danseuse."

"Si vous réussissez cette épreuve, alors peut-être que je pourrais faire quelque chose de vous deux. Sinon, fini les cristaux. Je ne vais pas laisser deux papillons insouciants jouer avec le feu dans la nature."



Les mots font mal, la chute est violente, mais c'est ainsi que cela doit se passer. Deux crétines, deux gamines qui se croyaient en progrès, mais il suffisait d'une étincelle sur ce tas de paille qu'elles avaient elles-même entassées fièrement, fort de son arrogance parce qu'elle était toujours parvenue à danser pour ses compagnons, parce que ses chants et parce que Lunaris apporte du bonheur et du rêve sur dans la sécurité d'une salle de concert ou le paisible pavé limséen. Voilà ce qu'elles étaient, deux enfants qui jouent avec des allumettes au milieu d'un tas de foin.
Pour qui se prenait-elle sérieusement ? Un cristal, quelques années d'entraînement et ça y est ça se croit autonome, sans mentor et sans véritable apprentissage ? idiote, idiote !

Autour du feu de camp, elle avait retrouvé un peu de sérénité. Voir Hotaru appuyée contre Ivanhault, Milah parler de ses projets, Djazah'ir essayer de leur présenter son amie du Grand Oeuvre, il n'y avait que Valorius encore qui ai du mal et culpabilisait toujours de ne "pas avoir été où il le devait" comme si cela avait de l'importance, il était là maintenant c'était plus que suffisant.
Le souffle retombé, elle les laissa pour la nuit et se trouva un coin pas trop loin d'eux sur le bord de la falaise derrière les buissons et un palmier courbé. L'instinct de groupe avait repris le dessus, le cœur penchait toujours du côté collectif, la cohésion, ce lien naturel qui résistait à tous les chocs. Elles en auraient besoin pour réussir l'épreuve de l'Arche du Chaos. Défier les lois de la causalité ne serait pas une mince affaire et l'échec signifierait la perte de leur cristal de danseur. 



"Un danseur ne danse pas uniquement pour lui, mais il ne danse pas non plus pour n'importe qui. Vous captez leurs émotions, vous dansez avec l'Akasha. Si vous ne vous ne maîtrisez pas ce flot, si vous refusez de le laisser entrer ou si au contraire vous vous oubliez à l'intérieur, c'est terminé. Je ne vous donne pas plus d'un an ou deux avant la catastrophe."


Elle laissa son regard vagabonder sur le paysage, sentant le sommeil venir, un sommeil apaisé qui l'emporta dans ses songes où elle se voyait danser à nouveau aux Pas de Kadjaya comme une véritable virtuose. Cette fois, elle ferait les choses bien, elle apprendrait les fondements de cet art et ce qu'il implique comme possibilités mais aussi ses dangers. Elle ne serait pas juste une danseuse du Torrent avec un cristal ; sans ses sœurs pour lui apprendre. Même si cela voulait dire reprendre tout à zéro, elle voulait le mériter. C'est sur cette pensée qu'elle ferma les yeux.

Demain serait un jour nouveau.
Demain ils seraient toujours tous ensemble.
C'est tout ce dont elle avait besoin.




Hotaru ouvrit les yeux pour se retrouver dans un endroit inconnu, langée dans un petit lit confortable comme un bébé, bien au chaud sous des couvertures assemblées au carré. Il lui fallut de longues et interminables minutes pour sortir du brouillard ensommeillé et, quand elle se retourna sur sa couche, un gémissement s'échappa entre ses lèvres: il n'y avait pas un muscle, pas un membre qui ne soit une courbature vivante. Le lancement lancinant à ses pieds lui indiqua que le sort d'Ivanhault s'était depuis longtemps dissipé et la ramenait à ses gonflements, ses ampoules, il faudrait prévoir des chaussures ouvertes pour ces prochains jours. Un épi sur sa tête blonde lui donnant un air comique, elle se frotta les yeux, grogna encore, regardant avec plus d'attention autour d'elle. C'était une jolie chambre et quand le regard mauve s'arrêta sur un petit talisman caractéristique en cours de fabrication, elle comprit qu'elle se trouvait dans le fameux sac sans fond de Dja! Un petit sourire triste se dessina, elle n'avait pas bien traité Dja et elle s'en voulait d'autant plus avec ce petit geste qu'elle savait guidé par Ivanhault mais qui la touchait. Elle se promit de prendre un peu de temps avec le lunaire pour lui expliquer cette attitude, non pas pour se dédouaner auprès de lui mais bien pour le rassurer et lui faire comprendre que tout ceci n'était pas sa faute et que ce n'était pas un problème de personne mais bien de sa peur à elle de s'attacher à des gens pour risquer de les voir partir après...

Les mots de Dadjeel avaient bien sûr fait mouche et elle avait ressenti combien tout cela avait affecté Meleth, sans doute bien plus qu'elle. Les mères d'Hotaru avaient été elles aussi très dures dans leur enseignement, alors Hotaru était un peu en terrain connu quand le raen, furieux de voir un tel gâchis, lui avait remonté les bretelles. Son apparente et surprenante docilité était venues d'un constat simple: quand on constitue un danger pour soi et pour les autres, on prend très au sérieux l'avis d'un expert. Sa vie et celle de ses compagnons étaient beaucoup plus importantes que son ego et sa dignité froissés et c'était de cela dont il s'agissait ici: leur sauver la vie.

Le petit cristal rose nacré roula entre ses mains, c'était le cristal de Mater, la plus vieille de ses deux mères. Elle le lui avait confié il y a longtemps déjà, tandis que les forces de la danseuse âgée déclinaient lentement. Hotaru ne pouvait concevoir sa vie sans danser, sans ressentir cet élan qui la centrait, la mettait à sa place. Et c'est dans cette peur de ne plus jamais être danseuse et de ne plus pouvoir aider ses compagnons qu'elle puisa toute la détermination et la volonté pour tirer la leçon de son échec. S'il fallait tout recommencer sur de nouvelles bases, alors elle recommencerait tout. Il faudrait du temps pour que tout s'apaise, pour que la confiance jaillisse de nouveau, pour qu'on cesse de la voir comme une bombe émotionnelle à retardement. Elle était là sa réelle punition, dans ce sentiment d'avoir trahi la confiance et l'affection que tous lui portaient elle le savait désormais.

La petite danseuse de Yanxia était rentrée à la maison.

Et avec un petit sourire suivi d'un "ouilleuh", Hotaru se dit qu'elle allait se prélasser un peu plus dans son lit. Danseuse elle était, danseuse elle resterait et tout maître qu'il soit, Dadjeel allait vite découvrir que du haut de ses trois pommes, la petite raenne pouvait être têtue et cabocharde....Parfois pour son plus grand bien!

Lerith Il y a 10 mois et 3 jours



"S'il y a bien un prédateur à Thavnair qui domine les autres, c'est le pishacha. Il s'attaque parfois même aux humains avec sa langue extensible... Un être redoutable. Ses écailles extrêmement rigides le rendent difficile à blesser. Elles sont probablement composés en partie de métal. Mais il existe une variété de pishacha plus rare, le Sphatika. Il est encore bien plus robuste que ses congénères ! Il a un comportement territorial et se montre sans pitié avec quiconque chasse sur son domaine. Nombre de traqueurs se sont déjà retrouvés dans son ventre. Surtout, prenez bien garde à vous !"

C'est en discutant avec les gens de Yedlihmad que Iko avait pu enfin trouver une cible de choix après toutes ces lunes de déception. Elle voulait partir en chasse sur le champ mais Hotaru manquait encore à l'appel. Un maitre d'équipage prend soin de ses subordonnés et il était hors de question de commencer la traque avant de l'avoir retrouvée et ramenée.
Quand la Raenne fut de nouveau parmi les siens, la Miqo'te se glissa lentement et discrètement en fin de marche, bifurqua à un croisement sans que personne ne le remarque et coupa sa perle. L'heure était enfin venue !

Pour le moment, aucune nouvelle ni aucune trace du chevalier noir de l'Eternal.
Lerith Il y a 10 mois et 3 jours
Djazah ir Moshantu Il y a 10 mois et 3 jours
« Mais je n’étais pas amourrrreux d’Iko!! c’est comme une grande sœur. Je suis même trrrès heureux si elle est amoureuse. C’est juste que j’aurais aimé qu’elle m’en parle; comme pour la cabine… »

« C’est marrant parce qu’elle dit beaucoup de bien de toi, mais elle dit aussi que tu es très secret… »


C’est presque toujours comme ça. Les conseils les plus avisés, les petites phrases qui agissent comme des détonateurs, des révélateurs, viennent presque toujours de ceux chez qui on les attend le moins. Les mots d’Ez Sigon avaient bousculé Djazah’ir parce qu’ils étaient simples et justes. Il reprochait à Iko son manque de communication alors qu’il était bien pire qu’elle à ce sujet. S’intégrer à l’équipage ce n’était pas seulement faire de son mieux pour eux, c’était aussi accepter de se dévoiler à eux.

Canne à pêche à la main, suivant les conseils d’Akira, le miqo’te avait vidé son esprit, ou plutôt il l’avait empli de calme. Comme une bulle de verre contenant une eau si pure et immobile qu’on ne pourrait la distinguer de l’air. Il tenait ces exercices mentaux de sa grand-mère et avait appris à les perfectionner auprès des Thavnairois. Tout doucement, sans précipitation, il pouvait alors laisser ressurgir les données du problème une à une et décider quoi faire.


Comme souvent chez Dja, le choix fut guidé par un mélange de raison et d’instinct. Il se savait timide, peut-être même un peu solitaire et pudique parfois. Il aurait été incapable de faire un grand déballage dans un discours bien construit; ça n’aurait ni sens ni intérêt. Non, ce qu’il fallait faire c’était leur montrer.


Comme Ivanhault lui avait montré des cavernes semblables à celles occupées par son peuple et dont il voudrait l’extirper, comme Meleth en Golmorre leur avait montré à tous son lien avec le torrent, comme Yone qui avait reçu l’invisible couronne de ses ancêtres sous ses yeux. Bien sûr, sa vie à lui était nettement moins palpitante. Rien de grandiose ni de rare, mais peu importait. Cela comptait beaucoup pour lui et il voulait le partager avec ses compagnons.


Il n’y avait ni répétition ni texte écrit à l’avance mais tout de même, le jeune elementaliste avait un certain sens de la mise en scène.

En arrivant au Grand-oeuvre, les explorateurs de l’Eternal avaient pu entendre le son de sa flûte, mêlé à la voix la plus pure, la plus cristalline qu’ils aient jamais entendue. Portée par le vent qui s’engouffre là bas sous des arches de roche, la musique était une évocation du mystère. Comme un aperçu des secrets et de la magie des alchimistes de ce lieux.




Finalement, Djazah’ir pu leur présenter Garjana. Elle était un guide, une amie, un professeur, peut-être? De prime abord, elle paraissait plus timide encore que le miqo’te, ce qui n’est pas peu dire! Toutefois, au fil de la soirée, les plus attentifs auront sans doute affiné leur jugement. Elle n’était pas timide mais farouche. Comme un animal sauvage qui n’a pas envie d’être dérangé. Si elle fuit, ce n’est probablement pas (ou du moins pas que) par peur. Exigeante, vive et rêveuse, douce et piquante, la raenne était à la fois troublante de paradoxes et d’une volonté d’airain.


Près du feu et de ses amis, Dja (ou Ancati comme on l’appelait ici) avait alors entamé leur rituel. Garjana semblait ne voir que lui, son sourire et son esprit vagabondant. A les voir, on aurait pu croire à deux enfants, ou -pour les moins sympathiques- deux simplets ou deux drogués. Ils échangèrent plusieurs présents en leur donnant des noms que beaucoup auraient trouvé ridicules ou stupides. Entre leurs doigts, le marimo devenait une étoile de l’océan, la sève les larmes d’une mère ne sachant jamais si elle est heureuse, peinée ou en colère, et un morceau de bois flotté, un éclat d’os de géant dévoré par les flots.

Entre leurs mains se tissaient des histoires et du savoir. Un rêve, un jeu, une façon de voir le monde et la matière.


Sans oser le dire à ses camarades mais en souhaitant leur montrer, il avait fait devant eux de l’alchimie.
Ivanhault Il y a 10 mois et 3 jours
La raison du séjour d'Ivanhault au Grand Oeuvre ne semblait pas concerner que les vacances de l'Eternal dans la région de Thavnair ; il a en effet passé une partie de la journée en rendez-vous avec l'un des renommés spécialistes en fabrication d'esprits et âmes synthétiques. Les deux Maître-Alchimiste ayant néanmoins passé la moitié de l'heure du déjeuner à rire autour d'un plat de légumes locaux accompagné de nombreuses flasques d'alcool, on peut se demander si la conversation était si sérieuse que ça.
Lerith Il y a 10 mois et 3 jours
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Repos pour certains, travail pour d'autres, cette journée au Grand Oeuvre, hameau des alchimistes Daemir, ne manquant pas d'intérêt pour chacun. Tandis que Iko avait disparu on ne sait où à la recherche d'une proie à chasser, Hotaru soignait ses ampoules sous la surveillance discrète d'un Noah qui nierait même sous la torture avoir jamais eu le moindre frémissement de préoccupation pour un tiers. Certains, comme Milah, s'intéressaient de près à l'artisanat dérivé de l'alchimie qui pouvait tirer profit d'échanges et de discussion, et au milieu de tout ceci : Djazah'ir. Le miqo'te déjà bien intégré dans ce complexe y avait ses amis et ses relations, assez pour aider qui le demande à s'orienter.

Meleth avait pratiqué un peu l'alchimie mais son niveau ne dépassait pas la confection de ses pastilles de potion ultra concentrée et ses savons artisanaux aux plantes. Elle se contenta de regarder, depuis les hauteurs, ce petit monde fourmiller sous ses pieds.
"Décidément, tout dans ce pays est magnifique."
Elle avait entendu Hotaru dire qu'elle s'y installerait volontiers. Il est vrai que le climat lui convenait davantage qu'à Sombrelinceuil mais elle tenait trop à sa petite chaumière. Si elle pouvait ne serait-ce qu'apprendre ici, étudier la danse à Radz-at-Han serait déjà un plaisir.

La viéra s'étira et se laissa tomber sur le dos dans un soupir d'aise. Aujourd'hui, elle regardait les autres s'amuser en souriant ; aujourd'hui elle resterait ici à contempler le ciel, allongée dans l'herbe, perdue dans ses pensées.
"C'est une journée magnifique." 
Lerith Il y a 10 mois et 3 jours


Après un jour et une nuit supplémentaires passés au grand Œuvre, le voyage reprend en direction de Radz-at-Han, sachant qu'ils vont d'ores et déjà pour certains faire un détour par la Jungle des Sangha à la recherche de l'Arche du Chaos. En chemin, ils s'arrêtent à la mine de Fiel-de-Géant dont le minerai extrait, cette pierre magique à l'éclat violet si particulier, existe uniquement à Thavnair -du moins à ce que l'on en sait- et fait la fierté de l'île entre autres choses. Il aurait été bien mal avisé de ne pas faire un détour afin de voir de leurs yeux ce site peu commun en particulier pour les artisans.

Non loin de la mine se trouve le pont à mi-chemin entre eux et leur destination finale, c'est tout près qu'ils passeront la nuit à la belle étoile, la forêt et la cité toutes deux semblant à portée de main. 
Lerith Il y a 10 mois et 3 jours
Valorius se sera rendu à la mine pour voir de près l'étrange pierre violette et négocier avec les locaux. Son sac reviendra lesté d'un bloc de plusieurs pounz qu'il retournera ranger dans sa malle à échantillons sur le navire avant de rejoindre le campement nocturne.
L'elezen parle peu, reste légèrement à l'écart, pas assez pour vraiment s'isoler, mais suffisamment pour signifier qu'il n'a pas envie de socialiser. Si on lui parle il se montre calme et courtois, mais n'encourage pas les conversations. Il semble passer beaucoup de temps à méditer et à travailler ses exercices magiques. Il ne partage à l'évidence pas l'enthousiasme de certains pour le pays thavnairois.




Hotaru avait aperçu les hautes silhouettes d'Ivanhault et Silius discuter au loin mais elle resta dans le campement, à proximité de la mine, examinant d'un air critique, les mains sur les hanches, l'immense falaise à la coloration violette étrange qui lui faisait face. Ivanhault la rejoint, seul. Silius avait abdiqué, préférant la solitude de son bureau dans lequel il pourrait se laisser aller à sa propre langueur, refusant la visite.

La jeune femme sentait Ivanhault abattu, contrarié et inquiet. Il aurait fallu être aveugle pour voir combien le moral de l'équipage était affecté. Ils avaient dû affronter tellement de choses, faire des choix souvent difficiles, prendre sur eux tout en devant affronter les deuils, les événements tragiques, la guerre. Leurs esprits avaient été non seulement malmenés mais aussi marqués au fer rouge par des événements terribles. C'est ensemble à ce moment là qu'ils auraient dû affronter ces difficultés mais chacun dans son coin, plein de bonne volonté au demeurant, chacun avait tu en lui son propre tumulte pour tenter de continuer d'avancer, brinquebalant, meurtri, traumatisé.

Bien qu'Ivanhault refusa encore de parler de lui, ils parlèrent néanmoins. Calmement, à l'écoute de l'autre, ils abordèrent "l'incident". Hotaru s'efforçait de répondre à Ivanhault sincèrement, et surtout elle put enfin exprimer le regret de lui avoir imposé le fait qu'elle avait vu en lui une figure paternelle et qu'elle avait donc déporté sur Ivanhault des attentes qui n'avaient pas lieu d'être. L'elezen pensait qu'elle l'appréciait parce qu'il avait la force de lui "rentrer dedans", c'était en partie vraie, mais Hotaru aimait Ivanhault surtout parce qu'il ne lui avait jamais déguisé la vérité sous des vernis apaisants ou pire, polis et respectueux. Avec lui à ses côtés, elle gardait un peu mieux le cap sur sa personne, les remarques d'Ivanhault venant souvent lui faire prendre conscience d'un comportement ou de paroles inadéquates: il était un peu une balise dans le fouillis qu'était le relationnel de la jeune femme, elle n'avait pas tardé alors à déporter sur lui une sorte de responsabilité paternelle et c'était là toute son erreur. Pouvoir en parler la libéra d'un poids vraiment même si elle se savait écoutée, comprise par son interlocuteur, elle s'aperçut combien libérer la parole était porteur, sain.

Il fallait absolument parvenir à réunir l'équipage après l'expédition et à leur expliquer tout cela, cette nécessité absolue qu'ils avaient aujourd'hui à constituer un groupe, non pas parce qu'il leur avait été imposé non, mais parce qu'ils avaient envie d'en faire partie, qu'ils amenaient des choses avec eux et que ces choses ne devaient pas les diviser mais bien les rassembler. Il faudrait aussi leur expliquer ce qu'Ivanhault, avec ses mots à lui, avait déduit avec ce qui semblait beaucoup de justesse aux yeux d'Hotaru.

Tandis qu'elle essayait de voir comment elle pourrait mettre son projet en action, la petite danseuse réalisa alors que ce qu'elle était en train de faire c'était provoquer un chaos certes, ce qu'elle dirait à l'équipage serait peut être difficile à entendre, mais un chaos maîtrisé, avec un but: tout mettre en balance, tout questionner pour poser des bases solides, saines entre les gens, entre les rôles, entre les places de chacun. Il fallait sortir Silius de sa dépression, venir épauler Ivanhault, le relayer un peu aussi pour montrer à l'ingénieur combien il est aimé, apprécié et surtout pas seul pour affronter sa maladie. Il faudrait que la parole se libère entre elle et Dja pour qu'enfin leur relation puisse avoir une chance de naître. Il fallait que Valorius retrouve sa place et sa confiance en l'équipage. Il faudrait que Kikyo leur explique enfin son choix, sa passation de pouvoir. Hotaru en voulait beaucoup à sa cousine car pour elle, celle-ci n'avait pas su communiquer avec son équipage et surtout, les mettait au pied d'un choix dont ils auraient dû discuter tous ensemble.

La raenne croyait fermement à la cohésion du groupe mais aussi à sa capacité d'action. C'est ce qu'elle leur expliquerait aussi: la cohésion viendrait de la capacité à chacun à pouvoir s'impliquer, s'investir. C'était désormais les mentalités qu'il fallait changer. Cohésion, communication, coopération. Et arrêter de se voir comme une famille, elle en avait aussi convenu avec Ivanhault, se considérer comme une "famille" leur avait beaucoup beaucoup coûté et aujourd'hui il leur appartenait aussi à trouver une nouvelle définition à ce groupe librement constitué certes mais qui peinait à prendre ses marques et son indépendance.

Restée seule, Hotaru, un livre sur les genoux termina la soirée à côté de l'eau, pensive et en pleine réflexion. L'espoir et la détermination gonflaient son coeur et le désir d'action faisait fourmiller tout son corps. Avec un rire, elle s'apaisa. A chaque jour suffit sa peine et demain, demain, elle avait une épreuve à passer.

"Oh je vais le donner le coup de pied dans la ruche les copains, vous n'allez pas y échapper, mais on va faire en sorte cette fois-ci de ne pas se laisser déborder. On peut le faire. On doit le faire. On le mérite."




Le soleil se levait à peine sur l'île de Thavnair quand elle rejoignit enfin l'Eternal. Sa buse, nouveau compagnon indésiré et imposé, laissa sortir un long cri aiguë comme pour signaler son retour avant de se poser sur la rambarde devant la barre. A'iko était finalement de retour à bord et se dirigea vers sa cabine. Liiz venait d'ouvrir les yeux quand elle entra dedans et l'ingénieure fut surprise et effrayée de découvrir sa compagne dans cet état: Iko était couverte de terre, d'herbes et de sang. La Miqo'te lâcha le sac qu'elle tenait dans la main et s'effondra sur le sol de la cabine. Liiz se précipita pour la relever et l'aida à la déshabiller et à la nettoyer. Le maitre d'équipage avait le visage et le corps recouvert d'hématomes, la lèvre inférieur coupée et des traces de griffes dans le dos et sur les bras.

" Mais qu'est-ce qui t'es arrivée ? T'as vu dans quel état tu es ?" lui demanda Liiz, inquiète de la voir si amochée.
" T'en fais pas, tu verrais l'état de l'autre !" répondit Iko en désignant le sac qu'elle avait ramené. Cette tentative d'humour lui couta de violentes douleurs dans tout le corps.
" Je vais chercher Silius ! Il faut te soigner.
- Non, c'est bon. Ne le déranges pas pour ça. Il a besoin de calme en ce moment. J'ai juste besoin... de repos."


Les blessures bien que nombreuses n'étaient guère profonde et ne nécessitaient pas d'être refermées par un médecin. Iko avait été rouée de coups plus qu'autre chose. Une fois propre, elle fut allongée sur le lit par Liiz, qui se coucha à ses cotés et la prit dans ses bras.
" Il y a une lettre pour toi de la part de Djazah'ir." lui dit sa compagne en lui tendant l'enveloppe.
Iko la prit et la posa sur le meuble à coté du lit en répondant seulement un "Plus tard..."

Elle s'endormit rapidement et Liiz la laissa se reposer. Avant de sortir, l'ingénieure de l'Eternal regarda dans le sac que sa compagne avait ramené pour y découvrir des écailles blanches et singulières: en les examinant de près Liiz comprit que la créature qui les possédait devait avoir une armure naturelle très résistante. Elle jeta un dernier regard sur Iko avant de sortir de la cabine pour la laisser dormir. Nul doute qu'elle n'allait pas se réveiller avant le milieu d'après midi.
Lerith Il y a 10 mois et 3 jours
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Quand un voyage s'achève, un autre commence. Au loin se dessinaient les portes de Radz-at-Han et son oeil coloré scrutant l'île de Thavnair, mais ce n'est pas ce chemin que prendraient la plupart des membres de expédition, bien décidés à suivre Hotaru et Meleth jusqu'au bout de leur aventure dans la jungle des Sangha, là où les attendait leur épreuve. Carte en mains, après de brèves mais chaleureuses salutations envers ceux qui restaient en arrière, et la promesse de vite se retrouver dans la capitale pour achever ensemble ces "vacances" thavnairoises, ils quittèrent la route principale pour suivre le sentier qui descendait sous les arbres.

Une longue marche les attendait dans la chaleur étouffante de l'été, l'humidité et les moustiques qui vont avec. le temps d'une brève halte à l’Écoute des palakas et les voici repartis, qui s'enfoncent plus profondément encore dans cette forêt vierge, longeant la Ksidora en faisant attention aux khumbiras affamés et autres prédateurs, jusqu'à ce que la carte indique un autre chemin caché dans la brousse. Le soleil se couchait alors, mais ils n'avaient fait que la moitié du trajet.
Marchant d'un bon pas, ils arriveraient peut-être avant qu'il ne fasse trop sombre. Au moins, ils faisait déjà plus frais.




[size=5]"Soyez prudents."[/size]

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