Lerith Il y a 4 mois et 3 jours

Le premier voyage dans cette lointaine contrée inhospitalière qu'est la jungle de Golmorre remontait à plus de deux ans. Elle s'était soldée par un sentiment d'inachevé bien qu'ils soient allé plus loin que beaucoup avant eux. Les viéras, hostiles aux étrangers, ne les avaient pas laissé pénétrer plus loin que la rive du fleuve. Là-bas, ils avaient sentit combien la nature y était puissante, vivante et omniprésente sans parler des anciens et sombres pouvoirs bien dissimulés dans les profondeurs de la jungle.
Ils y avaient rencontré Meleth qui avait fait le choix de partir avec eux et voilà qu'aujourd'hui, à la veille d'une apocalypse sans précédent, elle entendait l'appel venu de la Mère-Forêt.

Etait-ce seulement plausible ? Il fallait en avoir le coeur net, et se risquer à remonter le fleuve une nouvelle fois sur la terre sacrée des viéras jusqu'à la Terre des Torrents où jadis le Dévoreur fit disparaitre une tribu toute entière, ne laissant qu'une seule survivante à la mémoire brisée. A moins que...?














Lerith Il y a 4 mois et 3 jours
Le silence dans la jungle n'existe pas. Même lorsque tout semble calme, les bruits sont omniprésents, qu'ils s'agisse des grognements d'animaux ou de leur déplacement dans les fourrés, du chant des oiseaux ou celui de la rivière, chaque son et chaque créature, ses oreilles pouvaient l'identifier. Le silence, dans la jungle, n'existe pas.

Sauf ici.

Les années n'avaient pas fait disparaitre l'ombre funeste qui régnait sur cette partie de la forêt. Il avait toujours fait sombre ici, mais cela était autrefois compensé par les plantes luminescentes, les pierres et les quelques rayons de soleil ou de lune réfléchissant sur la surface de l'eau. A présent, c'est comme si un rideau opaque s'était abattu sur la cime des hauts arbres, comme si un voile posé sur la végétation en filtrait la lumière, comme si un brouillard léger rendait l'air plus lourd. Il n'y avait plus d'oiseaux, plus d'animaux, plus un bruit, juste l'obscurité.
Lui, continuait de marcher le long de la frontière sans s'aventurer plus loin que ses sens ne lui suggéraient. Il était né ici, et pendant de nombreuses décennies, il avait protégé ces terres jusqu'à ce que... le temps s'arrête. Il rebroussa chemin le long du fleuve, en amont des cascades qui, jadis, chantaient pour lui.

Un battement d'ailes dans son dos troubla le silence macabre de la Terre du Torrent. Un corbeau s'échappa d'entre les arbres, son cri accompagnant son vol comme un avertissement. D'instinct, il se tourna les bras en avant, l'eau du fleuve s'agita à ses pieds. L'oiseau disparut. Pendant quelques secondes, le silence revint, bientôt coupé par un long râle provenant du sous-bois, là où le corbeau s'était trouvé un instant plus tôt. les arbres se mirent à craquer comme si une masse imposante se déplaçait, invisible. A sa ceinture, le gardien sentit le cristal de glace à sa ceinture se fissurer et fronça les sourcils.
"Impossible."
Il leva les yeux. A l'horizon, plus loin, la colonne de lumière émanant de cette maudite tour apparue du jour au lendemain déchirait le ciel. Était-elle responsable du réveil de ce monstre ? Vingt années de silence, et soudain du mouvement, ce ne pouvait être une coïncidence.
Une nouvelle fissure à la surface du cristal le sortit de ses songes, un grognement remonta dans sa gorge alors qu'il tourna les talons pour disparaitre dans la jungle. Sur son passage, les corbeaux recommencèrent à crier et s'envoler vers le crépuscule, la forêt saigne. L'avertissement serait bientôt relayé dans tous les villages environnants, aussi loin que les oreilles des viéras pourraient entendre.

La fin est proche. Plus rien ne serait comment avant, à Golmorre.





L'expédition débutera le 10ème soleil de la Lune de Nophica pour une durée de deux semaines minimum. L'Eternal lèvera l'ancre à 8h45 du matin, port de Limsa Lominsa, quai numéro 8. Assurez-vous d'avoir pré-embarqué vos effets personnels avant cet horaire. Nous ferons une première escale sur l'île de Takao ainsi qu'à Valnain avant d'entamer notre remontée du fleuve le 12, soit après deux jours de navigation.
L'objectif principal de ce voyage est le suivant : atteindre la Terre des Torrent afin d'y lever le voile sur les évènements qui s'y sont produits et qui concernent Meleth, si possible y retrouver le ou les survivants qu'elle pense avoir vu dans l'eau noire. Nous prendrons le temps d'étudier la fauneet la flore qui nous sont accessibles. Nous devons le moins possible nous faire -trop- remarquer des locaux et jusqu'à notre arrivée à destination, effectuer nos recherches sans nous éloigner de la rive du fleuve.

Sont attendus à bord en qualité d'invités de l'équipage :
- Le Baron Delacroix en qualité d'allié et investisseur, ainsi que le sire Fauchet son escorte.
- Magnus Esmond, candidat au recrutement
- Miraven Glynlenn, médecin de support- Eadweald Marsh, spécialiste des réseaux ethérés


Capitaine K. Kurusu


Lerith Il y a 4 mois et 3 jours
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Huit heures et quarante cinq minutes tapantes, tout le monde était à bord. Recrues et anciens, invités et alliés, chacun pouvait maintenant prendre ses quartiers et se préparer à lever l'ancre. C'était sans compter sur un "imprévu" de dernière minute. Une heure avant d'arriver sur le port -c'est dire s'il s'était levé tôt- le capitaine Kurusu avait été abordée par Haku Rei à la sortie de l'Escale alors qu'elle finissait de faire charger les affaires de ses enfants. L'homme voulait ni plus ni moins qu'une place à bord, et avait à l'évidence préparé tout un argumentaire.
Aussi, en arrivant à son poste, le capitaine réunit l'équipage.
"Puisque ce monsieur insiste tant, voici ce que je lui propose. Si un seul de vous s'oppose à sa venue il reste sur le quai, et si il vient et qu'un seul problème est signalé en sa présence, il sera débarqué sur la première île que l'on croise et se débrouillera pour rentrer tout seul."
Suite à cela, et une fois que l'équipage aurait statué sur le cas de l'audacieux -ou impertinent- candidat, capitaine à la barre donna l'ordre de lever l'ancre.




Le premier jour de navigation passa rapidement, trop peut-être. Le ciel était clair, dégagé, et tout le monde à son poste. A'iko s'occupait de montrer à Djazah'ir toutes les fonctions d'un gabier tandis que Faust, U'napa et Yone voltigeaient dans les haubans sou le regard d'une Hotaru perchée à la vigie ; quel meilleur point de vue y avait-il ? Après avoir pris possession de ses quartiers avec le baron, Lucien rejoignit son poste d'assistant aux cuisines pour le plus grand plaisir de J'srael. Tout allait pour le mieux et ceux qui n'avaient rien à faire trouvaient toujours le moyen de relayer les autres ou d'aider ça et là à faire l'inventaire, ranger l'infirmerie ou aider les invités à se repérer à bord.
Une fois au large, le moment tant attendu arriva, une première pour certains.
"Liiz, manoeuvre d'envol. Active le réacteur, décollage en douceur nous avons des invités.
- Aye, cap'tain !"

D'une pression sur un levier à côté du gouvernail, l'Eternal se souleva lentement au-dessus de la surface de l'eau. Cette drôle de sensation lorsque le pont vibre fut remplacée par la découverte de cette prise d'altitude, et la vision d'une mer de nuages sous le soleil lorsque le navire atteignit son altitude en vitesse de croisière.


"Première escale sur l'île de Takoa. Nous arriverons tard dans la soirée."
Lerith Il y a 4 mois et 3 jours

Le premier soir de l'expédition, l'Eternal fit escale sur la petite île de Takoa. Approchant de leur premier arrêt, ils pouvaient voir au tomber du jour les lumières de Thavnair à babord, cruelle tentation, mais le jour viendrait où le vent les y mènerait. Pour l'heure, ils ne faisaient que passer.
Takoa n'était pas bien grande, un gros rocher où les navires venaient s'approvisionner en eau douce et où les pêcheurs thavnairois faisaient parfois un bivouac lors de longues pêches en mer. C'est au sommet du rocher, sur un petit promontoire abrité, que l'équipage, ses alliés et invités établirent le camp, non pas pour dormir mais au moindre prendre le temps d'un repas et d'un repos sur la terre ferme. Le voyage qui les attendait ne serait pas sans dangers, cet interlude serait le bienvenu non seulement pour que les derniers arrivés puissent s'introduire au groupe, mais aussi pour se dégourdir un peu les jambes et l'esprit après un jour entier de manoeuvre ; le capitaine en premier en affichait le besoin pressant.

J'srael et Lucien préparèrent à dîner, Yone aida à charger des barils d'eau douce pour renflouer les réserves entamées de la première moitié du voyage. Iko joua d'un air de violon qui fit danser tout le monde ou presque à la fin du repas et pour finir, ils parlèrent du lendemain, de Golmorre et de leurs attentes. Djazah'ir y trouva également un soutient pour son apprentissage de l'écriture, et le feu crépitait joyeusement devant leurs pieds.
A l'aube, l'Eternal lèverait l'ancre à nouveau vers sa prochaine destination : Valnain, la porte d'entrée de Golmorre désormais aux mains du peuple libre de Dalmasca en pleine renaissance. L'occasion de premiers échanges, et d'un second souffle avant d'entamer la longue remontée du fleuve vers le Nord.




Valorius avait passé la première journée sur le pont, aidant aux manoeuvres. Pendant les pauses, il disparaissait dans les cabines ou s'installait seul à la proue pour fumer, le regard fixé sur l'océan. Silencieux, le regard sombre, il avait aidé Yone aux transport des barils, puis assisté au repas commun où il s'était contenté d'observer et écouter. Il s'était éclipsé dès le repas terminé, s'éloignant du groupe pour ne revenir que plus tard quand le Capitaine avait ordonné un retour de l'équipage à bord pour la nuit.







10ème soleil de Nophica,

Je ne suis pas certaine de pouvoir dire depuis combien de temps nous parlions de ce voyage ; avant même d'entamer la mission dans les Mers du Sud je crois. Ce que j'ignorais, c'était à quel point nos hommes comme nos alliés s'y intéressaient. Golmorre est pourtant l'un des endroits les plus dangereux au monde, les viéras ne font pas de sommation.

Nous avons levé l'ancre à 8h45, mais une heure avant cet oriental bien peu éduqué, Haku Rei, est venu me trouver pour me demander de l'accepter à bord. J'aurais dû refuser, j'allais refuser il est vrai mais son audace m'a poussé à lui demander pourquoi. Il était déterminé, prêt à tout pour nous accompagner quitte à dormir dans la cale et à s'acquitter de toutes les tâches ingrates sans aucune contrepartie. Tout ce qu'il voulait, c'est rejoindre mon équipage et être de ce voyage. J'ai fini par lui accorder un essai, l'équipage a voté pour qu'il monte à bord même à la dernière minute mais au moindre écart je n'hésiterais pas à l'abandonner sur la première île que nous croiserons... enfin bref.
Partir avec les enfants me soulage, bien que j'aimerais les ramener à la maison le temps de mon absence, sans leur père c'est impossible et dans la situation actuelle c'est impensable. Je me répète que la situation est exceptionnelle, et je pense qu'ils le supportent bien mieux que moi de toute façon. Ma cabine est leur terrain de jeu, et Hotaru les surveille en plus d'Akio quand elle n'est pas à la vigie, ils ne sont jamais seuls. L'Eternal est l'endroit le plus sûr pour eux.

Le pont grouillait de monte durant ce premier jour de notre traversée des océans vers l'Est, très animé. Les gabiers ne cessaient de se balancer dans les haubans comme des singes au bout de leur liane ; des enfants. Il n'y a que Miraven qui a semble ailleurs, pensif, "mélancolique" a t-il dit ensuite, toute la journée. Il ne veut pas parler des raisons qui l'ont poussé à participer à ce voyage, seulement qu'il avait besoin de prendre l'air de façon radicale. Il n'a pas l'air de savoir comment s'y prendre pour s'intégrer bien qu'il soit plus connu de l'équipage que la plupart des recrues. Il a besoin de temps, sans doute.
Ce n'est pas le cas de Djazah'ir en revanche, lui semble s'être très vite acclimaté et ce ne sont pas nos miqo'tes solaires qui l'ont asticoté gentiment toute la journée qui lui auraient facilité la tâche, ou peut-être que si.
Lucien et le baron Delacroix sont restés égaux à eux-mêmes. Le baron a passé la journée à s'habituer au navire, à ses manoeuvres, l'altittude, il n'a que peu quitté sa cabine. Lucien en revanche ne m'a pas quitté ce que Hotaru n'a pas manqué de lui faire remarquer à sa manière. Nazah aussi, mais elle c'est plutôt pour faire de l'humour, cette sempiternelle plaisanterie sur mes amitiés avec les elezens. C'est la première fois qu'ils quittent le continent d'Aldenard, c'est même probablement la première fois qu'ils quittent Ishgard pour aussi longtemps. J'imagine qu'ils sont un peu soucieux, j'ai connu cela, mais d'ici un jour ou deux ils seront tellement pris dans l'expédition qu'ils n'y penseront plus jusqu'au trajet du retour.
Tout de petit monde commence certainement à sentir les effets de la conscience du navire, sans comprendre de quoi il s'agit. Cela aussi prendra du temps, je m'attends à ce qu'ils viennent me poser des questions le moment venu. Pour l'heure, je me contente de profiter du moment présent.

Ce voyage pourrait bien ne pas sauver que Meleth mais aussi Kyuuji qui m'a finalement révélé la vérité sur le mal qui le ronge, ce qu'il appelle la "malédiction de la Sylve", il n'est ni le seul ni le premier touché. Les tours de l'Apocalypse ont probablement accéléré le processus qui s'est subitement emballé. Golmorre est différente de Sombrelinceuil, mais c'est une forêt pleine d'esprits elle aussi. Je doute que les viéras nous accordent leur attention mais peut-être Meleth trouvera-t-elle encore quelque grâce auprès de ses anciennes amies ?

Je suis fourbue, mes muscles encaissent cette longue journée au gouvernail et demain il en sera de même. Mon esprit se perd dans ses réflexions, il est tard. Je veux garder en mémoire cette escale sur l'île de Takoa et le ciel étoilé au-dessus de nos têtes, et un air de violon qui nous a porté pendant un moment. Comme vous me manquez, Akira-sama, je n'ai cessé d'y penser aujourd'hui, que plus je me rapproche de Dalmasca plus je réduis la distance qui me sépare de Doma.
Demain nous serons à Valnain, demain sera notre dernier répits au contact du peuple libre de Dalmasca. Veillez sur nous, ancêtres, j'ignore ce qui nous attend au-delà de ce fleuve, je sais seulement que des vies sont en jeu.


Capitaine K. Kurusu

Lerith Il y a 4 mois et 3 jours
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Suite à la libération de Bozja et l'assassinat présumé du gouverneur Noah van Gabrandt, la forteresse Valnain, porte de Dalmasca, était retombée aux mains de son peuple et des rebelles, déjà bien occupés à reconstruire leur pays. L'accueil ne fut pas froid, mais pas des plus chaleureux non plus pour des étrangers. Les locaux avaient de toute évidence bien plus important à penser qu'un groupe d'explorateurs venant risquer leur vie sur le fleuve.
Le climat océanique semi-tropical n'était pas encore trop étouffant, bien que Valnain fut littéralement aux portes de Golmorre, entourée de végétation. Le port était immense mais encore bien vide maintenant que les impériaux étaient partit avec leurs appareils.

Le commerce n'avait pas encore repris mais cela ne saurait tarder. C'était peut-être, d'ailleurs, le moment d'en profiter ? Bien que pauvre en marchandises, le marché semblait fourmiller de monde, la liesse n'était pas encore retombée et l'on pouvait voir du monde dans les rues savourant le simple plaisir d'être libres de sortir et de se rassembler ou simplement de fumer sur une chaise devant sa porte. Il y avait quelques viéras aussi, des exilées membres de la résistance ayant choisi de vivre en ville, et regardaient parfois avec nostalgie les grands arbres derrière les murs de la forteresse, si près et pourtant si loin.

C'est dans cette ambiance à la fois insouciante et exotique, à une muraille de leur destination, que l'expédition s'apprêtait à passer la nuit.




Sur le marché à Valnain, chacun put y trouver des produits locaux et divers cadeaux à rapporter à leurs proches, ce qui aiderait certainement à l'économie locale tout juste sortie de l'eau, et ne les rendit que plus sympatiques au regard des habitants. Yone était à la recherche d'un instrument de musique depuis les discussions de la veille mais hélas ce n'était pas une priorité pour le marché local plus porté sur les matériaux de base à la survie tels que la nourriture et les produits de première nécessité, il trouva néanmoins du bois auprès d'un revendeur. Epices, vin, baies d'açaï que Meleth leur fit gouter et rapporta pour U'napa et Albynn, ils flânèrent sur le marché pendant quelques heures avant de se retrouver autour d'une table de fortune sur la place de l'ethérite en reconstruction. Ce n'était pas aujourd'hui qu'ils pourraient s'y harmoniser mais ces choses-là prennent du temps.

La grande nouvelle de la soirée fut le retour d'Isaudorel, occupé à rechercher une vieille connaissance dans la ville avant de rejoindre les autres. Il avait changé lui aussi, physiquement. Un aventurier de passage dans la ville se joignit à eux, un paladin venu aider la résistance et qui s'était vu entendre qu'un "navire volant" avait accosté dans le port.

La nuit avançait et l'un après l'autre, les membres de l'expédition rentrèrent se coucher. Celle qui ne pouvait dormir se dirigea vers la muraille dans les rues silencieuses mais encore éclairées d'une ville qui semblait enfin respirer après toutes ces années. Du haut des remparts, Meleth contempla de longues heures sa terre natale, une jungle dense et sauvage qui s'étendait à perte de vue. Ce paysage à la fois magnifique et dangereux confirmait ses craintes : loin au nord-est une tour de l'apocalypse envoyait son rayon pourpre vers le ciel.

Demain ils entameraient la lente remontée du fleuve vers le Nord, s'en rapprochant un peu plus. Mais pour l'heure, c'était pas la pire chose à laquelle elle pensait.
Lerith Il y a 4 mois et 3 jours



11ème soleil de Nophica,

Deux ans et demi déjà, il me semble que c'était la semaine dernière que je posait les yeux sur ma terre natale pour ce que je pensais être la dernière fois. Je suis partie si vite, sur un coup de tête presque sans rien emporter avec moi. Est-ce que je regrette ? Pas vraiment, mais elle m'a manqué, elle me manque encore. Je suis restée longtemps assise sur bord des remparts à la contempler, si proche et pourtant si loin.
Il y avait d'autres viéras à Valnain, des exilées membres de la résistance mais pas que. C'est là que j'ai été surprise, Shamti était là, elle vendait des baies d'açaï, elle m'a reconnu. Elle m'a dit ce qui s'est passé après mon départ je n'ai pas pu en parler aux autres. Ils savent que j'ai vu quelqu'un mais ils n'ont pas posé plus de questions. Je ne voulais pas gâcher ce moment si agréable pour tous de profité du marché, de découvrir cette forteresse aux portes du royaume de Dalmasca, le premier aperçu d'un peuple libre trop heureux de voir des étrangers venir leur acheter quelques marchandises. Silius est revenu, il s'est servi de son anneau du lien éternel pour se téléporter jusqu'à Ivanhault et il avait lui aussi quelqu'un à retrouver à Valnain, je crois qu'il l'a trouvé ; en tous les cas ce n'était pas le moment.
Et puis, nous avons rencontré un autre aventurier à Valnain, Gardhiver, un elezen venu aider la résitance qui a entendu parler de l'Eternal lorsque nous avons accosté dans le port, simplement curieux. Rencontrer une nouvelle tête a fait plaisir à tout le monde.

J'ai passé la nuit à méditer. Du haut des remparts j'ai vu Shamti retourner dans la forêt. Elle y habite encore et ne s'en éloigne jamais plus de quelques heures le temps de se ravitailler, je vais éviter de dire à Nazah que son compagnon n'est pas très loin elle a tellement envie de voir un véritable homme viéra, elle aurait été capable de courrir à sa poursuite et retarder le départ de l'expédition. Shamti n'a pas su me répondre mais elle a confirmé certains de mes soupçons quand elle m'a dit "je t'ai senti arriver", elle n'est pas tombée sur moi par hasard dans cette ruelle, elle m'a demandé pourquoi et je n'ai pas su lui répondre. Je devrais pourtant l'avoir perdu, et je suis là assise à écouter sa voix. Le Vermot. J'ai versé beaucoup de larmes, je me sens comme grâcier ou miraculée je ne saurais pas l'expliquer, mais je l'entends, je la sens et je sens qu'elle va mal.
Le fleuve est triste, les animaux ont peur, et cette tour... cette horrible tour. J'ai écouté les théories d'Ivanhault et Silius à propos de leur fonction, ce drainage d'ether destiné à la lune pour quelque obscure raison et faisant de Golmorre un point très intéressant s'ils ont raison. J'ai peur, j'ai l'impression que tout part en morceaux devant moi, d'arriver trop tard.

Ce mal qui gangrène le monde, celui pour lequel je suis partie, il a touché le coeur de la Mère-Forêt. J'aurais peut-être dû rester avec mes soeurs et mourir avec elles... Non, non je ne peux me laisser aller à ce genre de pensées. D'autres ont encore besoin de moi, Lhei est ici quelque part et je dois la trouver avant qu'il ne se réveille et ne la trouve en premier.

Shamti a pris de l'avance, elle m'a promis de nous attendre là-bas demain. Comment je vais pouvoir leur expliquer ça...


Meleth

Lerith Il y a 4 mois et 3 jours

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Le fleuve était immense, d'un côté comme de l'autre l'on peinait à voir la rive dans la brume du matin mais plus l'Eternal avançait, plus il semblait se rétrécir progressivement. Ce n'était de toute façon pas le plus important.
Le long de la berge ils pouvaient apercevoir les restes déserts de camps de la résistance, désormais inutiles, ils n'étaient de toute façon que tolérés et l'équipage le sentait bien. Il avait en ces lieux un sentiment étrange, une impression d'être observé, jugé par de multiples yeux. Pourtant d'où qu'ils regardent ils ne voyaient rien, ni sur la rive ni dans les arbres. On n'entendait que les oiseaux et le bruissement du vent dans les arbres. Ils n'étaient cependant pas dupes.

Pour plus de discrétion, le but n'étant pas d'alerter la jungle tout entière en la survolant, ils avaient choisis la voie des eaux. Cela leur prit toute la journée pour remonter depuis Valnain jusqu'à la région des premières cascades et toute cette journée ne fut marquée que par ce silence pesant venant de la forêt.
Ce n'est qu'au coucher du soleil qu'ils atteignirent les premières cascades, lieu de leur première expédition. L'ancien campement rebelle au pied de la petite chute d'eau n'avait pas bougé, mais la végétation avait depuis repris ses droits et recouvert la quasi intégralité des anciennes cabanes. Meleth, qui avait passé la journée dans le mutisme le plus total perchée dans les haubans, fut la première à courrir jusquà la proue à l'instant où le capitaine ordonna l'arrêt des machines. Tandis que l'on préparait le matériel pour débarquer, elle ne résista pas à ce besoin de plonger et nagea jusqu'à la rive. L'appréhension avait laissé place à une émotion qu'ils ne s'attendaient pas à voir dans ses yeux.
"Qu'est ce qui s'est passé ici...?"

Les arbres étaient marqués de traces de griffes plus grandes qu'un auroch, et des arbres brisées jonchaient le sol.







"A partir du moment où vous avez posé le pied sur ce sol, vos vies sont en danger."
Elle avait à peine eu le temps de prononcer ces mots qu'un cri strident retentit depuis les arbres. Une horrible petite créature à dents pointues, semblable à un primate monstrueux à la langue serpentine saute d'une branche, bientôt rejoint pas d'autres tout aussi affreux. Une vingtaine de ces choses les attaqua en masse et Meleth s'écria : "Les créatures du gouffre !"

Ils étaient dix-sept à être descendus de l'Eternal et il n'en furent pas de trop pour venir à bout de cette vingtaine de primates qui attaquaient en groupe, s'en prenaient aux armures et entamaient les plus solides avec leurs griffes et leurs crocs qui semblaient faits de pierre taillée. Vifs et agiles, ils esquivaient la plupart des attaques de zone mais peu solides. Ils étaient épuisants mais le groupe en vint à bout... juste à temps pour voir arriver trois créatures humanoïdes plus grandes, plus solides et plus intelligentes tout aussi monstueuses.
"Non, non non... laissa échapper Hotaru.
- Ils n'en finissent jamais !" hurla Yone, reprenant ses appuis.
Le combat continua, éprouvant tant physiquement les combattants et les soigneurs arrivant à court d'ether, les danseuses maintenaient leur kriegstanz du mieux qu'elle pouvaient. Les trois adversaires finirent par tomber mais il en arriva dix de plus. Cela semblait sans issue quand soudain un cri de femme retentit venant du Sud où Djazah'ir et Nazah avaient sentit quelque chose arriver sans pouvoir le discerner avec précision.

"EN AVANT MES SŒURS !"

Ceux qui s'étaient habituées aux viéras en dentelle de Brumée et de la Coupe se retrouvèrent face à des guerrières en pleine charge. Ils crurent un temps qu'elle venaient s'en prendre à eux, mais ce furent sur ces monstres qu'elles se jetèrent en hurlant, armes à la main, pour les repousser vers l'intérieur de la forêt. Une seule resta en retrait, une seule que certains d'entre eux connaissaient déjà.










Shamti se souvenait d'Ivanhault, de Nazah et de Valorius. Elle ne reconnut pas les autres excepté Meleth mais s'en contenta pour justifier qu'il s'aissait à ses yeux du même groupe, ceux qui deux ans et demi plus tôt étaient venu à leur aide au-dessus du gouffre. Il n'y avait que quelques blessés légers mais après de tels efforts, elle avait convaincu l'Ancienne de les accueillir une seule nuit dans le village, le "nouveau Naatu" construit plus au sud après que les vagues de monstres sorties du gouffre ai pris le dessus sur leur territoire ; depuis l'apparition de la tour de l'apocalypse.



Une nuit, et une seule. c'est ainsi que s'acheva le premier épisode de ce retour au pays pour Meleth dont les compagnons furent escortés par les sentinelles jusqu'à un pavillon le plus excentré du village, d'où ils pouvaient voir la jungle immense étendre ses bras autour d'eux à la fois menaçante et protectrice. Les lanternes éclairaient les visages de ces guerrières qui les jugent et les observent de loin sans leur adresser la parole, et ce repos bien mérité ne leur retirait pas ce sentiment de malaise et d'exclusion.
Néanmoins, la viéra put confirmer qu'elle avait retrouvé le Vermot, ou plutôt qu'elle ne l'avait pas perdu. L'ancienne lui expliquerait tout le lendemain matin, mais couchée dans son hamac elle savait, elle sentait qu'elle était bel et bien de retour chez elle.
Lerith Il y a 4 mois et 3 jours



12ème soleil de Nophica,

A peine avons-nous pénétrer dans Golmore, qu’elle nous faisait déjà savoir que nous n’étions pas les bienvenus. J’ai ressenti les nombreuses paires d’yeux qui nous épiaient, nous surveillaient. Mais aussi le brutal rejet de la forêt en elle-même. C’est la première fois, je prie pour que ce soit la dernière, que les arbres me rejetaient ainsi. Ca a été difficile de rester concentrer, au milieux de cette forêt qui n’est pas la mienne. Enfin.

En remontant le fleuve, nous sommes arrivés non loin de l’endroit où la première expédition eut lieux, il y a plus de deux ans. Au couché du soleil, nous avons enfin atteint les premières cascades, au plus proche de l’endroit où se situait le campement de résistants Dalmasquien. Meleth a été la première à rejoindre la rive, sans attendre qu’on ne descende les canots. Nous l’avons rejoint et suivi. Nous sommes arrivés devant un village en ruine, qui avait subit des attaques, les arbres étaient marqués de coup de griffes profondes, certains étaient même brisés et abattus.

Nous avons tout juste eu le temps d’observer l’ampleur des dégâts qu’un hurlement a attiré notre attention et qu’une vingtaine de créatures sautaient des arbres. Belliqueuses et hargneuses. Elles ressemblaient à des singes, pourvus d’énormes griffes, de croc et d’une langue serpentine. Leurs intentions étaient sans équivoque, nous engageâmes l’affrontement.

Je dois avouer que je n’ai pas bien suivi son déroulement, j’en suis terriblement navré. Quand j’ai voulu incanté, Golmore m’a rejeté encore plus violemment. Elle s’opposait réellement. J’ai été choqué. Je me suis mis à couvert pour ne pas gêner, et j’ai vu que les membres de l’expédition parvenaient à réduire le nombre de nos opposants régulièrement, malgré l’agilité de ces singes aux allures démoniaques. J’ai essayé de prier et d’atteindre un peu Golmore pour tirer de sa force. J’ai été pris dans un tourbillon, je n’étais pas en harmonie avec la forêt, mais j’ai eu un aperçu d’elle et son rejet m’a frappé à nouveau. J’ai eu le temps de percevoir à travers Golmore les tambours de guerre de ses enfants. Elles étaient toutes proches. Elles arrivaient.

C’est à ce moment que trois créatures humanoïdes et autrement plus menaçantes que les singes sont apparues. Le combat continuait de faire rage et j’étais toujours presque inapte ici. Nous savions les vieras en approches, sûrement pour nous faire payer le prix de notre intrusion en leurs terres. Nous parvînmes à nous débarrasser des trois ennemis alors qu’Ivanhault nous offrait de nous aligner sur les meilleurs possibilités du destin, l’alignement des astres comme je l’appelle en mon fort intérieur. Mais d’autres de ces créatures sortaient des bois. Et en nombre.

Les vieras se joignirent à la bataille. En les voyant s’élancer depuis le couvert, j’ai cru que nous étions fini. Mais elles s’opposèrent aux créations, non à nous. Elles les repoussèrent rapidement, passant entre nous comme si nous n’étions que des brindilles qui les forçaient à faire un léger détour. Ce fut rapidement terminé, la brutalité et la rapidité des vieras, et le choix de leur cible, nous ont laissé dans un moment d’hébétude.

La vague d’enfants de Golmore passée, il ne restait plus aucune créature en vue, et une seule viera, outre Meleth et A’Iko, ne restait devant nous. Shamti, une connaissance de Meleth qui reconnut certains membre de la première expédition, il y a deux ans et demi. Ca lui suffit pour nous considéré tous du même groupe, de ceux qui les avaient aidé auparavant.
Shamti nous conduit à la nouvelle Naatu où nous avons été toléré pour la durée de la nuit et jusqu’au lendemain soir. Une seule nuit et quelques heures pour reprendre la route. Le village est extrêmement bien gardé, je pouvais ressentir leur méfiance, leur hostilité, leur désaccord à nous voir pénétrer leur village. Mais nous étions toléré, alors aucun mal ne nous serait fait tant que nous ne faisions rien qui aille à leur encontre.

Après nous avoir conduit à une plateforme à l’écart du reste du village, Shamti nous expliqua que ces créatures venaient du Gouffre que les siennes essaient de contenir depuis toujours. Depuis l’arrivée de la tour de l’apocalypse, ces créatures ont gagné en force et ont réussi à détruire leur village, les forçant à se replier et s’allier avec un autre village, ici, à la nouvelle Naatu. Elles perpétuent leur protection, tâchant de repousser les créature du Gouffre. Elle s’est enquit de la raison de notre retour ici. Ivanhault et ceux qui étaient les plus à mêmes d’en parler lui ont répondu que nous avions pour destination la région d’où vient Meleth, la région d’Esthar. Je n’ai pas forcément bien compris les tenants et aboutissant de tout cela. Shamti nous a révélé avoir cru apercevoir Meleth à plusieurs reprises après son départ de Golmore et qu’elle avait décidé de se mettre à sa recherche depuis, allant jusqu’à visiter Valnain. Mais ici comme ailleurs, les Tours de l’Apocalypse sévissent. Les plantes se meurent, les gardiens disparaissent, leurs forces diminuent. De plus en plus des leurs suivent le chemin de Meleth, celui de quitter la forêt.

Avant de partir, Shamti a également dit sentir la marque de la Sylve sur moi. D’après elle je deviens un Gardien. Et, elle a raison, je ne voudrais pas détailler ça ici, mais elle a raison.
Shamti m’a mené à un gardien ce matin. Il peut m’aider à contrôler ce qui m’affecte, mais le rituel est difficile. Il est possible que ça me sauve. Ou que je n'en revienne jamais. Nous verrons si j’en reviens demain matin.


Kyuuji

Lerith Il y a 4 mois et 3 jours

Un seul et unique jour accordé au village de Naatu, une journée sans qu'aucun viéra ne daigne leur adresser la parole, comme si elles attendaient simplement qu'ils s'en aillent. Toutefois Meleth fut reçue par l'ancienne et revint auprès de ses compagnons vêtue d'une nouvelle tenue de sentinelle. Kyuuji de son côté fut emmené par Shamti en fin de matinée, ainsi qu'elle l'avait promis, afin qu'il rencontre les mystérieux gardiens d'écorce. "Jadis des hommes, car jadis les hommes marchaient parmi nous" avait-elle dit. Ces silencieux marcheurs de bois possédaient un savoir très ancien qui allait peut-être le sauver ; pour Kyuuji la véritable épreuve commençait cette nuit.

De son côté, Meleth était impatiente de retourner dans son ancienne chaumière mais elle devait attendre que la voie soit libre. Les créatures du gouffre continuaient d'apparaitre par vagues, et prudence est mère de sureté...




Elle ne s'attendait pas à ce qu'autant de monde veuille l'accompagner simplement pour chercher ses affaires, elle ne s'attendait pas non plus à trouver sa chaumière occupée, ni à ce que ce soit par deux viéras du village de Watharan dont une qu'elle reconnut sitôt qu'elle posa son regard sur elle.
"Lhei...?"
Prévisible, bien sur. Face à une dizaine d'étrangers les deux viéras se mirent sur la défensive, et si Lhei reconnut elle aussi Meleth ce n'était pas le cas de celle qui l'accompagnait. L'hostilité entre Elyth et Ivanhault ne tarda pas à éclater. Il quitta les lieux, excédé des menaces et des leçons, Isaudorel bien avant lui.

Meleth resta un long moment avec Lhei devant sa chaumière. Ma jeune femme lui ressemblait, mais avait aussi vécu des évènemets similaires : perte de mémoire, retrouvée près d'un village, la même passion pour l'eau et la danse et sa curiosité envers les étrangers, les résistants dalmasquiens qu'elle avait observé de longues années de loin. Mais Lhei n'avait jamais quitté Watharan depuis, jusqu'à ce qu'elle aussi entende l'appel. Les deux viéras se posaient encore beaucoup de questions mais il était une chose dont elles étaient certaines : il y a un sens à tout ceci.
Les Tours, les créatures, les ombres, la voix du torrent, l'appel... Elles devraient poursuivre ensemble cette route vers le Nord.




Ce n'est que bien plus tard que Meleth alla retrouver Ivanhault à la vigie de l'Eternal. Il était en colère et elle le savait, sa colère était légitime bien que prévisible. Elle connaissait son peuple et son dogme ; au-delà de l'arrogance c'était simplement ce qu'ils avaient toujours connus : l'étranger est une menace, il ne doit pas entrer ou bien il détruira tout. Ivanhault ne comprenait pas comment tout cela pouvait être possible, cohérent, lui qui connaissait si bien Sombrelinceuil. Son passif avec d'autres viéras jouait probablement, et Meleth n'y pouvait rien. Elle ne pouvait rien contre la fracture qui opposait son peuple au reste de l'humanité. Les un passant pour des envahisseur n'apportant que destruction, les autres pour des arrogants elitistes donneurs de leçons et se croyant fa voix et l'ordre de leur forêt.  Il ne serait pas simple de changer la perception des siens. Il serait plus dur encore de les faire accepter.






14ème soleil de Nophica,

Nous sommes enfin repartis, prenant la route du nord vers les terres de Meleth. L‘inaction et le fait d’être parqués dans le village a bien failli avoir raison de notre calme. On a vu ainsi Iko se faire admonester par ses ténèbres intérieures. Sans grand mal heureusement, elle a repris sa forme initiale et tout est rentré dans l’ordre. On ne m’ôtera pas de l’idée que ces potions sont source de danger et ne devraient pas être prises avec la légèreté qui caractérise mes collègues.

J’ai assez mal vécu le début du voyage à vrai dire. Je me sentais en décalage, pas dans le groupe. Comme souvent lorsque je parle, peu m’écoutent, j’ai du mal à faire entendre ma voix au sein de cet équipage et pourtant j’aurai tant à dire. Je me contente de faire ce que je fais d’habitude, je les observe, je tire les constats et je me tais. A quoi bon vouloir parler à celui qui ne désire pas tendre l’oreille ? Qu’ils restent donc avec leurs certitudes.

Cette voie du milieu qui a fini par caractériser les votes de l’équipage aura raison de nous un jour j’en suis sûre. Je suis de plus en plus agacée par ces gens qui pensent que se cacher derrière leur ombre et d’être tout le temps dans la médiation est la bonne solution. Il ne s’agirait pas de se faire remarquer et de faire des vagues. Nous sommes du coup toujours en train de discuter, d’argumenter et de ne rien décider de concret parce qu’il faut être dans la mesure, le raisonnable, la compassion et je ne sais encore quel autre bon sentiment qui finit en fin de compte par nous frustrer et nous laisser dans une solution tiède qui satisfait moyennement l’ensemble que nous formons.

Quelque chose s’est éveillé en moi à la suite des événements de Yume Dori. Une sorte de force énergique et résolue qui est en train de s’emparer de moi et de me transformer. Qui est cette personne qui n’a pas hésité à la force de ses chakrams d’aller exiger des excuses à Ivanhault ? Ou celle qui n’a jamais reculé dans notre premier combat dans la jungle ? J’ai vécu dans l’angoisse et dans la peur lorsque Chu a tenté de s’emparer de mon âme, j’ai vu les ravages causés par la peur, par le manque d’estime que nous nourrissons à l’égard de nous-mêmes et ce besoin absolu de vouloir toujours être reconnu et apprécié dans ce que l’on fait. Je n'en veux plus, ni pour moi, ni pour mon équipage.

Je suis déçue de ne pas avoir résonné – même pour me faire repousser- avec les esprits de la forêt. Pour la première fois de ma vie, je me suis présentée à un lieu qui ne m’a jamais répondu. C’est très déstabilisant pour moi. Du coup, j’ai un peu de mal à réellement me sentir concernée au-delà du « je veux aider Meleth ». J’aurai aimé rencontrer des gardiennes ou communier moi aussi mais j’imagine que Kyuuji était sans doute l’interlocuteur naturel et tout désigné pour cela. Chaque chose en son temps et il y a déjà fort à faire : étude des fleurs que j’ai récupérées et je dois commencer mon étude de la potion de cécité ainsi que le Professeur Aventin me l’a demandé.

Ne pouvant m’intéresser réellement à ce qui m’entoure, je me concentre sur les membres de l’expédition. Il me faut me laisser apprivoiser par les nouveaux et laisser approcher par les autres. Ce voyage ne sera semblable à nul autre. Beaucoup ici, autres que Meleth, sont venus pour trouver des réponses sur lui-même. Je n’échappe pas à la règle : à l’issue de ce voyage sans doute, la fin du monde nous attend. Si nous sommes assez chanceux. Chaque jour qui passe est une victoire en soi qui nous permet de pouvoir envisager le lendemain. Je vis chaque instant intensément et pour la première fois de ma vie, j’ai décidé de ne rien m’interdire, de tout oser et ressentir.Si ce monde doit nous balayer, il le fera, je suis prête mais je ne veux avoir aucun regret.

Je les regarde en écrivant et mon cœur se serre autant qu’il se gonfle. J’ai décidé que je n’espérerais plus, que je n’attendrais plus que les choses viennent à moi ou de faire plaisir au gens. J’ai décidé que je serai désormais dans l’action, directe et réfléchie, et dans la conquête de chaque chose que je désire. Ce que je veux, je me mets en mouvement pour l'obtenir. Et il n'y aucune forme d'exception.

Ce voyage ne sera pas une simple expédition, il nous modèlera j’en suis sûre bien au-delà de ce que nous l’estimons. Dans les profondeurs de la jungle de Golmorre, ils seront nombreux à avoir l’opportunité de faire briller leur destin et d’aller à la rencontre de leur être intérieur pour mieux se connaître. Quelques noms me viennent en tête déjà mais je pourrai être surprise en fin de compte, pour d’autres.

Ils ne veulent pas de cette viera intégriste et de sa pupille à bord. J’avoue avoir été très déçue que nous prenions une telle décision. Nous avions tout à prouver et à démontrer à cette occasion et nous n’avons pas saisi cette opportunité. La voie du milieu l’emportant, nous voici à organiser une énième délégation diplomatique qui ira -bombarder comme à son habitude de questions- les amies de Meleth. Je suis lasse de ces façons de faire, je ne le cache pas mais égoïstement, je me dis que cela me permettra d’approcher enfin une Gardienne et de pouvoir m’entretenir avec elle. Nous avions l’occasion de pouvoir présenter nos idéaux, valeurs et les voici à se recroqueviller une fois encore parce qu’ils ont peur. Peur de l’inconnu, de l’adversité, de se faire mettre en défaut sans doute tandis qu’eux-mêmes ne sont pas sûrs d’eux. Quel gâchis. J’ai senti toute la déception que cela provoquait en Meleth et j’ai résonné avec cela…

Si j’avais la moitié de l’expérience et de la maîtrise de certains, je serais à même de pouvoir soulever des montagnes. Au lieu de cela, je les vois évoluer dans leur insécurité peureuse et je me dis que nous gâchons bien trop d’expertise et de talent. Et je le déplore bien que ces choses là désormais, me concernent de moins en moins. On ne peut pas aider tout le monde, c’est une réalité que je prends en compte chaque jour. Dans les événements à venir, il nous faudra garder la tête froide et je pense que certains à bord, s’avèreront être des bombes émotionnelles avec lesquels il faudra compter. Peut-être est ce que je ferai partie du lot d’ailleurs mais chaque jour, je me prépare mentalement à ne pas être un poids pour les miens mais bien un secours fiable, résolu et solide sur lequel ils pourront compter et s’appuyer. Je suis moi-même en pleine incertitude quant à mon avenir, la discussion avec Silius a portée et m'a ébranlée jusque dans mes bases. Sans doute parce que j'entendais pour la première fois ce que je devais entendre. Est ce que je me mens à moi-même? Sans doute et cela n'est pas acceptable moi qui m'insurge sur ces gens qui passent leur temps à se cacher.

Non, on ne m'ôtera pas de l'esprit que ce voyage va nous changer en profondeur, chacun de nous, et mon coeur se met alors à battre plus vite. J'ai hâte de vivre cette expérience avec vous. Je ne souhaiterai le partager avec personne d'autre que ces gens, que j'ai un jour choisi de suivre. En mon âme et conscience, je préside à ma destinée et je décide. Et ça fait un bien fou.


Hotaru

Lerith Il y a 4 mois et 3 jours
Pendant qu'une grande partie du groupe allait voir l'ancienne chaumière de Meleth, Iko retourna sur l'Eternal. Elle passa voir la capitaine et ses enfants avant de retourner dans sa cabine et de suivre les conseils d'Ivanhault. Un peu déçue d'arrêter l'expérience si vite, Iko ouvrit le flacon et bu son contenu d'une traite avant de se mettre au lit.
Elle était toujours là ! Cette voix, sa voix, ne lui laissant pas un moment de répit, s'amusant même à la narguer, comme lorsque la jeune femme obstrua ses oreilles avec des bouchons. Iko mit un certain temps avant de trouver le sommeil, mais celui-ci fut réparateur. Elle se réveilla en milieu de matinée, en pleine forme et surtout avec ses propres formes.

C'est après un copieux petit déjeuner à la cambuse que la Miqo'te prit son poste dans les haubants, voltigeant dans les cordages comme à son habitude. Cela pu passer inaperçue aux yeux des membres de l'équipage, mais alors que le jeune femme se dirigeait vers le grand mât, son corps se figea un instant, ce qui lui fit raté une prise. Elle commença une terrible chute avant que le navire gonfle une de ses voiles pour la rattraper, une fois de plus. Mais cette fois, pas de rires, pas de sourires, juste une expression de colère sur le visage d'Iko et une phrase à peine murmurée:

"Mais comment tu peux être encore là toi ?"




"Pourquoi devrais-je partir ?
C'est toi qui a demandé mon aide non ?"

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