


La Légende du Serpent des Brumes
Baignade, surf, emplètes... La mission d'enquête à Tulliyollal n'était pas prise à la légère par le viéra mais avec la joie et la légèreté d'une brise d'été qui lui sont propres. Après s'être fait pigeonner pour une tenue qui lui avait tapé dans l'oeil, il se dirigea vers sa cabine sur pilotis au dessus du lagon, espérant s'y adonner à une confortable sieste. A l'approche des bâtiments de bois et de joncs dorés, il vit un géant aux yeux globuleux et peu soucieux de sa pudeur. Un Yok Huy ! Il en avait croisé il y a peu. C'était le premier qu'il croisait dans la capitale du Tural et visiblement, il n'était pas le seul à être impressionné. Le paisible et massif bonhomme lui sourit et lui montra l'affiche qu'il tenait dans la main : " J'en sais peu, mais je peux vous raconter."Tant pis pour la sieste ! Les Pastreviel invitèrent leur informateur à deviser autour d'un verre - et d'une glace pour le plus gourmand - dans une taverne de la capitale.

Paisible et bienveillant, le Hok Yui leur expliqua que le Quetzalcoatl était connu de son peuple, tout comme Valigarmanda mais bien moins tristement. En effet, le Serpent à plumes n'était pas un Tural Vidraal mais une légende, celle d'un sorcier tonawawta devenu divin. C'est bien malheureusement tout ce qu'il savait à son sujet mais il leur donna tout de même une nouvelle indication :
"Allez et trouvez l'ancien Gurfurlur à l'Echo de Worlar, lui saura des choses oubliées par d'autres."
L'information aussitôt récupérée, Ulysse récompensa le géant des cent pels promis puis répercuta l'information auprès de l'Escale via son pad.

![]() | Souvenez-vous du passé...La rencontre avec le grand chaman à l'Echo de Worlar offrit aux recherches une avancée significative. Qui aurait cru qu'après des lunes de fouilles dans la jungle, le début de réponse vienne finalement des hautes montagnes ? Jadis, l'empire Yok Huy dominait tout le sud du continent. Leur connaissance du passé dépassait de loin la capacité de leurs contemporains, encore bercés dans une tradition de transmission orale qui avait perdu beaucoup d'éléments au cours de l'Histoire.Gurfurlur leur raconta ce que son peuple savait du légendaire Quetzalcóatl, jadis mortel -dont le nom fut oublié au profit de la légende- qui tenta de protéger son village face à l'invasion des armées Yok Huy. Une résistance farouche mais qui ne dura qu'un temps. La brume pouvait camoufler ses guerriers et ralentir l'ennemi, mais pas les stopper totalement. Il fit alors le sacrifice de son humanité et devint Quetzalcóatl grâce au pouvoir du totem d'Ulekele. |
Ulekele signifie "Fidèles (d'un maître) Azur".
La canopée et tous ses habitants furent noyés dans une brume si épaisse que nul n'en ressortit jamais, ni Quetzalcóatl, ni ses fidèles, ni les Yok Huy qui tentèrent de les rattraper. Ce brouillard surnaturel ne se leva jamais et les Yok Huy cessèrent d'avancer, se contentant de passer à côté poursuivant leurs conquêtes. Cela fait bien longtemps que ces évènements ont eu lieu, que l'empire Yok Huy s'est éteint et qu'aucun de ses descendants n'a mit les pieds en bas de la montagne, bien que le règne de la nouvelle Aurarque tend à changer cela.
En guise de support, Gurfurlur leur remit une de leurs tablettes en pierre racontant de manière picturale l'avènement de Quetzalcóatl. A première vue, cette tablette ne leur apportera rien de plus mais on sait bien que les gravures turaliennes recèlent bien souvent des messages cachés.
Ce nouveau voyage pouvait enfin commencer.


La Mangrove Silencieuse
Je tiens d'abord à dire que cette tablette était une perte de temps.En longeant la côte Turalienne depuis Tulliyolal en direction du sud, nous avons méthodiquement inspecté les embouchures de nombreuses rivières qui se jettent dans la mer. Il y a eu nombre de cours d'eau et de mangroves, dont aucun ne correspondait entièrement à la description supposée de notre destination révélée par l'enquête préliminaire de Pastreviel. C'est en début de soirée, après une longue journée ensoleillée, qu'une épaisse région embrumée au-dessus des arbres dans les terres a attiré notre attention.
Il a été possible d'engager l'Eternal dans une enfilade de cénotes particulièrement serrés, sur un bras de rivière remontant à l'intérieur des terres évoquant notre navigation de jadis à la recherche d'Esthar-Westhar, à Golmorre. Dans une brume de plus en plus opaque, Nazah a piloté l'Eternal en veillant à ne pas l'ensabler jusqu'à un débarcadère sis au pied d'une haute cascade. L'endroit est, encore une fois, familier, bien que la comparaison fasse bouder Meleth.
Groupe des éclaireurs : Quila, Eva, Adi'ra, Meleth, Ivanhault.
Le reste des personnes embarquées à bord s'est occupé de mettre l'Eternal en panne et de monter un campement sur la bordure, sous la supervision du capitaine Kohi.
Il existe à partir du débarcadère un petit chemin qui s'enfonce dans la forêt embrumée. Qu'il existe encore en dépit des siècles, suggère qu'il a dû être jadis très emprunté, et qu'il est encore possiblement entretenu de nos jours. Sur l'unique voie qui nous a menés dans la forêt était tendue une bannière à l'emblème des enfants de l'eau, nous confirmant que nous étions sur la bonne voie. Il a fallu nos expertises combinées, et surtout les bons yeux d'Adi'ra, pour suivre correctement le chemin qui se perdait parfois sous des racines ou de grandes rocailles. Il nous a conduits jusqu'à un village en ruines, abandonné depuis fort longtemps. Les maisons que nous avons fouillées n'y présentent aucun intérêt, tout ce qui pouvait s'emporter l'a été jadis. Le seul point d'intérêt du village est un ancien totem assez haut pour surplomber les toits, figurant quatre étages de gravures stylisées Turaliennes, mêlant inscriptions et dessins.
. Le premier niveau du totem, le plus bas, représente les tonawawta faisant face à des Yok Huy, sans doute référent à la guerre de colonisation de l'époque.
. Le second niveau représente un sorcier invoquant la brume entre les deux armées. Il a les pieds dans l'eau, les mains levées vers le ciel.
. Le troisième niveau représente le même personnage sorcier qui se transforme en serpent ailé au-dessus d'un nuage qui trace un mur symbolique entre les deux camps.
. Le dernier niveau enfin, représente ce qui semble un exode fait de tonawawta mais également de Yok Huy partant tous dans la même direction, vers ce qui ressemble à une étoile, le serpent ailé volant au-dessus d'eux.
Nous nous sommes relayés comme des imbéciles sur la tablette rapportée par Pastreviel. Je l'ai bazardé dès les premiers instants, mais elle évoquait quelque chose à Adi'ra qui a insisté et essayé de réfléchir ; les symboles inutiles gravés dessus, lui évoquaient quelque chose. Pris d'impatience devant la perte de temps, je suis allé fouiller le reste du village, sans trouvaille intéressante, jusqu'à ce que Quila vienne me chercher pour m'informer qu'Eva avait enfin réussi à faire sens de l'objet.
Figurez vous qu'il s'agit d'un plan de la forêt.
Je suis outré.
Il figure un tracé à suivre et plusieurs points d'intérêt à cocher sur la route afin de ne pas se perdre. En grimpant sur le totem, Adi'ra a pu voir le plus évident : un arbre immense qui domine au-dessus de la canopée. Ce sera notre destination de demain avec le reste de l'équipage. Pour l'heure, nous rentrons au camp.
Iv. T.

![]() | Nuit dans le BrouillardOn entendait les oiseaux, les insectes, le battement d'aile des chauve-souris tropicales et le bruissement des feuilles sur le pelage des prédateurs. Même noyée dans ce brouillard surnaturel la jungle grouillait de vie. Cela en rassurait certains mais le manque de visibilité au-delà de dix pas rendait l'ambiance lourde autour du campement. Pour ceux qui n'étaient guère habitués aux expéditions en pleine nature sauvage, le moindre son pouvait représenter un danger inconnu. Et même pour ceux qui en avaient l'habitude, ce manque de visibilité alimentait une tension dans l'air, ce sentiment d'être observé.Dans le cénote, le courant de la rivière faisait grincer le bois de l'Eternal qui raclait parfois contre la paroi rocheuse. Le campement s'était monté plus haut, loin du tumulte constant de la cascade à côté du ponton, laissant le navire caché là. |
Ils trouvèrent le sommeil plus ou moins vite, rassurés par le halo du feu de camp et la respiration régulière de leurs camarades dans leurs tentes à quelques yalms. L'humidité on s'y habitue, les moustiques un peu moins. Un tour de garde pour alimenter le feu préviendrait les prédateurs et comme toujours les plus expérimentés dormaient à portée de leurs armes. A force de tourner et se retourner les paupières s'alourdirent, et quel sommeil étrange ce fut, agité par des images, des sons indistincts et angoissants. La brume, toujours la brume qui vous enveloppe, la sensation pesante de solitude, de cécité alors que mille yeux vous observent. Puis, vient ce frisson suivi de sueurs froides. Quelque chose ne va pas. Il y a quelqu'un près de vous. Votre esprit s'éveille mais votre corps est paralysé par le sommeil. Vous yeux s'ouvrent sur une silhouette au-dessus de vous dans la tente. | ![]() |
Il est temps de poursuivre ce voyage jusqu'à la canopée qu'Adira jure avoir vu à travers la brume, touchée par une mystérieuse présence qui semble vouloir vous y attirer.


Comme souvent depuis leur arrivée à Tural, Ney avait pris le parti de rester auprès de l'Eternal, regardant ses compagnons disparaitre derrière le voile brumeux, Ulfur à ses côtés, ombre de son ombre. Pour une fois, le grand loup noir ne s'était pas aventuré dans les bois alentour.
Il les avait accueilli, à leur retour, par une solide collation, avait écouté le récit de leurs découvertes.
Ils étaient sur la bonne voie et c'était aussi encourageant qu'inquiétant.
La nuit... faisait partie de celles qu'il enfouirait à jamais au fond de son âme, enveloppée de silence.
Il les avait accueilli, à leur retour, par une solide collation, avait écouté le récit de leurs découvertes.
Ils étaient sur la bonne voie et c'était aussi encourageant qu'inquiétant.
La nuit... faisait partie de celles qu'il enfouirait à jamais au fond de son âme, enveloppée de silence.


Le Viera se sera pour une fois retenu de partir à l'exploration de l'inconnu dès leurs arrivée.
Coup de fatigue, mauvais préssentiment ou simple mix des deux, il sera resté au niveau du navire, guettant le danger qui aurait pu surgir de cette brume surnaturelle.
Il se sera tenu au courant des trouvailles des éclaireurs une fois ceux-ci revenus au camp établi avant de continuer sa surveillance des lieux.
"Décidément..." se sera t-il dit alors qu'il était déjà parti se placer dans un arbre afin de scruter la jungle.
L'ex-gardebois aura eu du mal à trouver le sommeil de la nuit, comme si ses sens lui avaient hurlé de ne pas se mettre en position de faiblesse. Alors bien parti pour tenir son rôle de veilleur jusqu'aux premières lueurs de l'aube, il se sera redressé vivement en se tapotant le torse en remarquant qu'il était en train de reprendre conscience dans sa tente, son visage déjà éclairé par l'éclat du jour.
"Par Rhalgr et les Kamis... j'ai vraiment abandonné mon poste ? Bizarre c'est pas mon genre..." se sera t-il demandé en se tenant la tête.
"Et c'était quoi cette chose...? Rah, me faut un peu d'eau." aura t-il ajouté avant de sortir de sa tente.
Coup de fatigue, mauvais préssentiment ou simple mix des deux, il sera resté au niveau du navire, guettant le danger qui aurait pu surgir de cette brume surnaturelle.
Il se sera tenu au courant des trouvailles des éclaireurs une fois ceux-ci revenus au camp établi avant de continuer sa surveillance des lieux.
"Décidément..." se sera t-il dit alors qu'il était déjà parti se placer dans un arbre afin de scruter la jungle.
L'ex-gardebois aura eu du mal à trouver le sommeil de la nuit, comme si ses sens lui avaient hurlé de ne pas se mettre en position de faiblesse. Alors bien parti pour tenir son rôle de veilleur jusqu'aux premières lueurs de l'aube, il se sera redressé vivement en se tapotant le torse en remarquant qu'il était en train de reprendre conscience dans sa tente, son visage déjà éclairé par l'éclat du jour.
"Par Rhalgr et les Kamis... j'ai vraiment abandonné mon poste ? Bizarre c'est pas mon genre..." se sera t-il demandé en se tenant la tête.
"Et c'était quoi cette chose...? Rah, me faut un peu d'eau." aura t-il ajouté avant de sortir de sa tente.


La lampe-tempête qui illuminait d'ombres domiennes les parois de la tente d'Ivanhault et de Silius resta allumée longtemps ; Ivanhault recopiait à l'exacte les tracés mystérieux sur lesquels ils s'étaient cassés la tête la veille, en n'ommettant ni une circonvolution bizarre, ni une brisure que l'on eût pu prendre pour un accident du travail de gravure, avec l'intention que plusieurs demain dans le groupe, disposent du plan de la forêt dans le cas où ils se seraient retrouvés dispersés dans la brume.
Quand au milieu de la nuit, la lampe enfin éteinte, il chercha le corps de Silius d'un mouvement du bras en se retournant sur le matelas gonflable, il réalisa que non seulement il était seul, mais qu'une figure horrifique se tenait au-dessus de lui. Une tentative pour attraper le couteau de chasse qui restait constamment à portée de sa main, demeura sans réponse, ses membres étaient lourds et morts. Un sortilège d'affrontement qui lui vint spontanément sur la langue, ne passa jamais la barrière de ses dents. Paralysie du sommeil, conclut-il froidement, tandis que le masque se rapprochait inexorablement de sa figure.
Le lendemain fut rude. Avait-on jamais vu Ivanhault se lever au aurores, hormis les moments où il était animé d'une lubie maniaque qui le faisait réveiller Kikyo à l'aube pour l'entraîner d'importance dans la salle d'armes, ou pour retourner les meubles de l'Escale ? Certainement pas. Il était de ces mages couche-tard qui ne reprenaient vie qu'avec leur premier café, partageant quelques grognements étouffés avec Nazah au coin du feu commun jusqu'à ce que le bon sens se fraie un chemin dans leurs pensées éteintes. Silius avait disparu à l'aube. Ivanhault ne semblait pas s'en inquiéter, bien qu'une couche supplémentaire de frustration le rendît ce matin là plus cinglant que d'ordinaire.
Alors comme ça, on cherchait à les impressionner ? Plus n'était besoin, en tout cas, de chercher à contacter le peuple de la brume.
Quand au milieu de la nuit, la lampe enfin éteinte, il chercha le corps de Silius d'un mouvement du bras en se retournant sur le matelas gonflable, il réalisa que non seulement il était seul, mais qu'une figure horrifique se tenait au-dessus de lui. Une tentative pour attraper le couteau de chasse qui restait constamment à portée de sa main, demeura sans réponse, ses membres étaient lourds et morts. Un sortilège d'affrontement qui lui vint spontanément sur la langue, ne passa jamais la barrière de ses dents. Paralysie du sommeil, conclut-il froidement, tandis que le masque se rapprochait inexorablement de sa figure.
Le lendemain fut rude. Avait-on jamais vu Ivanhault se lever au aurores, hormis les moments où il était animé d'une lubie maniaque qui le faisait réveiller Kikyo à l'aube pour l'entraîner d'importance dans la salle d'armes, ou pour retourner les meubles de l'Escale ? Certainement pas. Il était de ces mages couche-tard qui ne reprenaient vie qu'avec leur premier café, partageant quelques grognements étouffés avec Nazah au coin du feu commun jusqu'à ce que le bon sens se fraie un chemin dans leurs pensées éteintes. Silius avait disparu à l'aube. Ivanhault ne semblait pas s'en inquiéter, bien qu'une couche supplémentaire de frustration le rendît ce matin là plus cinglant que d'ordinaire.
Alors comme ça, on cherchait à les impressionner ? Plus n'était besoin, en tout cas, de chercher à contacter le peuple de la brume.

Le matin, Quila sortit de sa tente les cheveux en bataille et avec quelques cernes, elle qui d'ordinaire ne paraissait jamais fatiguée et toujours à 100 % avait cette fois l'air d'avoir passé une nuit absolument affreuse. Elle alla se poser près du feu et, le temps que les autres se réveillent, elle vérifia ses cartouches et son arme ainsi que son matériel d'urgence. Elle vit probablement Ivanhault se lever et lui demanda : " Vous avez vu ce que j'ai vu vous aussi ? " d'un air fatigué. Après quelques heures et plusieurs cafés, vous retrouverez votre Quila énergique et bien coiffée, en train d'entretenir le campement avant le départ. " Peu m'importe ce qui cherche à nous faire peur, il n'y arrivera pas ! ♪ " se dit-elle en elle-même.



La Canopée Silencieuse
![]() | Après une journée de marche difficile dans la brume, ralentie par le manque de visibilité et les boussoles détraquées qui faisaient perdre tout repères, la nuit tomba à nouveau sur la jungle d'Ulekele. Ils n'avaient parcouru qu'une dizaine de malms, car ils devaient avancer tout droit, dans la direction définie la veille depuis le village abandonné par Adi'ra. Juste avant d'atteindre la rivière dont ils percevaient le courant depuis plus d'une heure à travers les bruits de la faune sauvage, Noah devint encore plus silencieux. Ses sens s'éveillèrent d'un coup lorsqu'il sentit la présence d'une dizaine de personnes autour d'eux, aussi silencieux que la brume elle-même, parfaitement coordonnés pour les encercler ou les escorter il n'aurait su le dire. Ils avançaient en formation élargie, à égale distance, s'arrêtaient et repartaient en même temps qu'eux. Une fois devant le ponton de bois grinçant, ils s'immobilisèrent, invisibles mais bien là. Liann les sentit elle aussi. Ivanhault tenta d'appeler, aucune réponse ne vint. "Peut-être devriez-vous faire une démonstration de votre magie" suggéra Ulysse. Meleth hocha la tête et s'avança seule sur le ponton, disparaissant momentanément de leur champ de vision. Moins d'une minute plus tard, la brume s'écarta comme par magie sur son passage comme pour dessiner la route. Ils la virent au bout de la jetée, et derrière elle sur l'autre rive, non pas d'une rivière mais d'un grand lac, une canopée éclairée par des lanternes encore très loin mais surplombée d'un arbre gigantesque, d'une hauteur vertigineuse rappelant un peu la Gardienne d'Eternité. Poussée par une intuition et un courant étrange dans l'eau, Meleth et Noah usèrent de leur magie pour faire venir à eux une barge en bois assez large pour transporter le groupe entier. |
A peine furent-ils installés que les silhouettes de leurs "poursuivants" se dessinèrent dans la brume, approchant de leur embarcation. Ils ne prononcèrent pas un mot, même leur pas était silencieux, étouffé, à peine un bruissement dans l'air. L'inquiétude monta d'un cran chez Quila et Adi'ra qui ne savaient s'il fallait les considérer comme des ennemis ou des alliés. Ils levèrent leurs lances et, d'un mouvement parfaitement synchronisé, commencèrent à frapper du bas de l'arme contre les planches de bois à un rythme régulier, comme le son d'un tambour qui résonna en écho sur le lac. Le courant se leva, et la barge s'éloigna du ponton, suivant ce courant magique jusqu'à la canopée silencieuse. La traversée dura une quinzaine de minute. Au fur et à mesure que leur destination se rapprochait, ils en distinguaient les formes, le nombre de maisons et de sentinelles. Mais ils n'entendirent pas un bruit si ce n'est les craquements du bois sous le poids de leur embarcation et le souffle du vent dans les branches. | ![]() |
Malgré l'éclairage chaleureux des braseros, des peintures et des toiles colorées rappelant Tuliyollal et la présence de civils qui les observaient depuis les hauteurs de cette partie du village construite à l'intérieur de l'arbre, le silence pesait tant qu'Ivanhault suggéra -et avait raison- qu'une magie étouffait les sons. Entre la brume, leurs rêves de la nuit dernière qui n'en étaient peut-être pas finalement, et tout ce qu'ils voyaient à présent supposait que les pouvoirs de Quetzalcóatl tendaient vers le camouflage et la protection. Ils se sentaient dans cette brume comme ils se sentaient dans la rivière de Thlaloc : entièrement à la merci d'une main invisible.
Le yok huy masqué les conduisit à une porte immense, après avoir contourné un totem identique à celui du village abandonné à la différence que celui-ci ne se dressait pas sur quatre niveaux, mais douze. Il était donc bien plus grand.
On leur ouvrit la porte, et ils entrèrent dans un tunnel large qui descendait légèrement. Meleth et Noah n'hésitèrent qu'une seconde, le groupe les suivit. En bas, ils trouvèrent une salle souterraine éclairée par des centaines de bougies. Du sol on plafond, on avait peint les murs. Un gigantesque serpent à plumes qui semblait s'enrouler autour d'eux baignant dans une succession de fresques représentant des paysages, des scènes probablement narratives, et les astres au plafond, soleil et lune au milieu de nombreuses constellations pour la plupart connues. Au centre de la salle, une grande cuve en pierre circulaire et remplie d'eau était entourée de sept petits présentoirs sculptés. Mais le plus imposant était derrière, contre le mur et surélevé par une estrade naturelle : un trône taillé dans les racines de l'arbre dans un style semblable à celui de l'aurarque, sur lequel était assis leur hôte dont l'apparence leur coupa le souffle.

"Je suis Quetzalcóatl, gardien du village caché de Tula.
Rares sont les visiteurs que nous avons laissé venir jusqu'à nous.
Mais vous n'êtes ni des voleurs, ni des envahisseurs n'est ce pas ?
Qui êtes-vous ?"

Après un bref entretient, durant lequel Quetzalcóatl leur accorda l'hospitalité du peuple Ulekele, on fit sortir les invités. Sauf Meleth et Noah qui restèrent dans la salle du trône. La grande porte se referma sur le groupe et le bruit ambiant fut presque assourdissant. La magie qui étouffait les sons avait été levée, Tula résonnait d'une ambiance tellement plus vivante à présent. Le grand yok huy se présenta comme Zorehmeh, membre de la garde du serpentaire. Il les guida jusqu'à leurs quartiers et veilla sur leur confort. A cette heure il n'y avait pas d'intérêt à chercher le marché ou le contact social mais dès demain ils seraient libres de circuler dans la canopée comme bon leur semble.
La seule consigne qui leur fut donnée : ne pas quitter les environs de Tula, car bien que leur maître contrôle la brume il ne peut en protéger chacun individuellement s'ils se montrent imprudents. Zorehmeh évoqua brièvement la menace latente qui s'y cache et les fameux "enfants de la brume" seuls à pouvoir s'y fondre sans risque car ils possèdent chacun une fraction du pouvoir de Quetzalcóatl. Il serait toujours temps d'apprendre demain. Et demain arriva bien vite après une nuit confortable, au sec, à l'intérieur du grand arbre.
Au matin, le soleil perça doucement à travers la brume. Toujours opaque autour de la canopée, on voyait un peu plus le bleu du ciel à travers le voile blanc d'ici. Tula était un ilot de lumière au milieu d'une région inquiétante même en journée.
Le marché au troc
La notion de monnaie semblait inconnue du peuple Ulekele. Comme tout village, le marché s'ouvrait tôt le matin et s'étendait sur les premiers niveaux de l'arbre, intérieur comme extérieur. Le nombre hallucinant d'échoppe n'en faisait pas pour autant un marché varié. En réalité, chaque famille ou presque s'adonnait au commerce local pour se fournir au quotidien grâce au troc, on retrouvait à peu près les mêmes choses partout, les gens s'échangeaient des objets entre voisins, on sociabilise plus qu'on marchande. Personne ne semblait à première vue manquer de rien mais sans surprise le sujet principal des conversations était la venue de ces étrangers "enfants du torrent" dont le maître avait annoncé la venue il y a longtemps. "Le temps est peut-être enfin venu" disait-on, "le brouillard pourrait se lever de notre vivant !"Les Enfants des Brumes
Les seuls habitants de Tula à demeurer silencieux -au moins devant eux- étaient ces fameux enfants des brumes dont on leur avait parlé, et qu'ils avaient rencontré la veille sur le ponton. On pouvait les voir patrouiller par groupe de deux ou surveiller les alentours. Ils semblaient toujours occupés, toujours en chemin d'un point à un autre ou immobile et silencieux scrutant la jungle. Même les autres habitants leurs passaient devant comme s'ils ne les voyaient pas, personne n'allait leur parler ou leur faire signe.Il arrivait qu'un petit groupe sorte de Tula avec des chasseurs, des cueilleurs ou juste entre eux. Quelques heures plus tard ils reviennent avec leurs prises. Ceux qui, comme Zorehmeh, portent un collier en forme de serpent ne quittent jamais leur poste autour du totem.


<Un journal d'expediton sera posé sur la table acompagné de nourriture locale. Ce dernier appartient à Quila et une note vous invite à le lire si vous le voulez. L'écriture est jolie bien qu'un peu écrasée et la plume utilisée semble de qualité.>
Semi-rapport de la journée au village :
J’ai fait les étals des marchés, les objets que j’ai pu trouver et commercer via le troc sont typiquement turaliens. Que ce soit les outils ou les bijoux, c’est très coloré, je suis conquise.
Au niveau de la nourriture, j’en ai profité pour aussi aller… examiner. Je mens, je me suis évidemment empressée de goûter des plats et je vous en ai rapporté sur la table.
J’ai cependant noté de petites choses : ils se nourrissent de poissons et de fruits, les "enfant des brumes" sortent pour aller chasser avec d’autres chasseurs, certains sont même chasseurs eux-mêmes. Ils ont aussi quelques carrés de culture.
Toutefois, j’aimerais porter votre attention sur quelque chose de moins commun : ils ont du blé et de la farine en très grande quantité et, croyez-moi, pour en avoir fait pousser pendant 20 ans, sans soleil ou avec le peu qu’ils en ont, tout ça acompagné de l'humidité, c’est quasi impossible. J’en déduis donc qu’ils commercent plus que ce qu’ils veulent bien nous dire.
Par la suite, j’ai discuté avec les habitants, vous me connaissez, j’aime parler !
Ils n’ont jamais rien vécu en rapport avec l’apocalypse, ou du moins ils ne l’ont pas remarqué.
Le quetzacoalt est vu comme un demi-dieu, un maître, qui les protège du "devoreur". Cependant, il est très absent, ce qui ne change rien à leur amour pour lui.
Ils ne sont en aucun cas malheureux ou n’en donnent pas l’air.
D’après eux, nous allons changer quelque chose chez eux. Ils ont l’air un peu tristes quand ils en parlent.
Ma dernière entrée de ce rapport concerne la légende de la brume dont nous avons entendu parler :
Ils en savent assez peu sur cette légende, mais leur "maitre", le quetzacoalt, est revenu d’une longue absence "physique" il y a deux ans et a annoncé la venue d’émissaires d’une tribu "soeurs" venant de l’autre bout du monde et qui "vincrai" le "devoreur". La brume pourrait alors enfin se lever.
Je suis heureuse de toutes ces découvertes !
Quila Haamir.
Semi-rapport de la journée au village :
J’ai fait les étals des marchés, les objets que j’ai pu trouver et commercer via le troc sont typiquement turaliens. Que ce soit les outils ou les bijoux, c’est très coloré, je suis conquise.
Au niveau de la nourriture, j’en ai profité pour aussi aller… examiner. Je mens, je me suis évidemment empressée de goûter des plats et je vous en ai rapporté sur la table.
J’ai cependant noté de petites choses : ils se nourrissent de poissons et de fruits, les "enfant des brumes" sortent pour aller chasser avec d’autres chasseurs, certains sont même chasseurs eux-mêmes. Ils ont aussi quelques carrés de culture.
Toutefois, j’aimerais porter votre attention sur quelque chose de moins commun : ils ont du blé et de la farine en très grande quantité et, croyez-moi, pour en avoir fait pousser pendant 20 ans, sans soleil ou avec le peu qu’ils en ont, tout ça acompagné de l'humidité, c’est quasi impossible. J’en déduis donc qu’ils commercent plus que ce qu’ils veulent bien nous dire.
Par la suite, j’ai discuté avec les habitants, vous me connaissez, j’aime parler !
Ils n’ont jamais rien vécu en rapport avec l’apocalypse, ou du moins ils ne l’ont pas remarqué.
Le quetzacoalt est vu comme un demi-dieu, un maître, qui les protège du "devoreur". Cependant, il est très absent, ce qui ne change rien à leur amour pour lui.
Ils ne sont en aucun cas malheureux ou n’en donnent pas l’air.
D’après eux, nous allons changer quelque chose chez eux. Ils ont l’air un peu tristes quand ils en parlent.
Ma dernière entrée de ce rapport concerne la légende de la brume dont nous avons entendu parler :
Ils en savent assez peu sur cette légende, mais leur "maitre", le quetzacoalt, est revenu d’une longue absence "physique" il y a deux ans et a annoncé la venue d’émissaires d’une tribu "soeurs" venant de l’autre bout du monde et qui "vincrai" le "devoreur". La brume pourrait alors enfin se lever.
Je suis heureuse de toutes ces découvertes !
Quila Haamir.
