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À l’attention de I.Terrechant & S.Noctua

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Théolin Il y a 1 mois et 1 semaine

À l’attention de Messire Invanhault Terrechant et Messire Silius Noctua


Messires,

Nous vous écrivons au nom du Couvent Saint-Faloix et en ma qualité de Mère supérieure, pour vous exprimer toute notre gratitude. Votre bienveillance à l’endroit de Théolin et votre proposition généreuse de l’accueillir à bord de votre machine volante témoignent d’un esprit que nous respectons.

Vous avez su éveiller chez lui l’attrait d’horizons qu’il contemple encore avec la ferveur de ceux qui n’ont pas appris à en mesurer la rigueur. Nous ne saurions blâmer cette inclination : il est naturel qu’un esprit généreux comme le sien se tourne vers ce qui paraît plus vaste que lui.

Il nous revient toutefois de rappeler qu’il est des fidélités que l’on ne quitte pas sans conséquence, même lorsque le cœur se persuade qu’il s’agit d’un simple détour. Théolin occupe auprès de ceux qui demeurent ici une place qui s’est imposée par le devoir et le poids de l’exemple qu’il incarne, et notre sanctuaire ne saurait se passer de cette lumière. Nous ne doutons pas que des hommes de votre expérience perçoivent la nature de ces liens, qui engagent davantage que l’enthousiasme d’un jeune idéaliste.

Nous vous serions donc gré de considérer, avec la sagesse qu’il m’a lui-même longuement vantée à votre sujet, l’opportunité de tempérer ces élans. Il nous semble qu’en cela, vous lui rendrez un service plus durable que celui de nourrir un désir qu’il ne pourra assouvir qu’au prix d’un renoncement dont il ne soupçonne pas encore la portée et de risques bien mal calculés.
Nous nous fions à votre discernement pour juger de la manière dont il convient de le lui faire comprendre. Peut-être n’avez-vous pas encore découvert sa ténacité ; mais il nous a semblé, en la matière, que vous seriez mieux armés que nous pour lui faire entendre raison. 

Nous sommes certaines que cette requête trouvera chez vous un écho attentif : il serait détestable que notre première rencontre ait lieu dans les larmes de sa disparition, s’il venait de nouveau à prendre part à de périlleux voyages loin de son foyer.

Puisse Azeyma éclairer votre jugement.


Mère Berthildam 
Couvent de Saint-Faloix d'Ishgard

Mahruvvet Il y a 1 mois et 1 semaine
La très sans-gêne Mahruvvet s’était approprié les lettres destinées à Ivanhault. Pour les ignorants, c’était pour assurer l’intendance en l’absence de ses collègues, un rôle d’officier consciencieuse, diront les naïfs. Mais ceux qui connaissent la hannoise ne s’y tromperont pas : c’est avant tout sa curiosité qui l’a poussée à fouiller. Quoiqu'il en soit, la religieuse recevra une réponse quelque peu… imprévue.

Mère Berthildam,

Dois-je vous appeler « maman » ? Oh ! Pardonnez la question ! Excusez l’outrecuidance ! Je ne suis, hélas, guère plus qu’une pauvre hannoise n’ayant jamais tout à fait rencontré les raffinements de la culture ishgardaise. La plupart du temps, je me contente de danser nue au bord des lacs, ce que nous faisons toutes et tous. Un bien joli spectacle, ma foi.

Comment ? Deux hommes, réputés pour leur sagesse, se permettent une telle familiarité ? N’ayez crainte, jolie dame. N’ayez peur ! Je ne suis qu’une sotte ayant trouvé votre lettre. Une secrétaire ! Moins encore : une simple préposée au courrier des officiers.

L’Astral Ivanhault et l’Érudit Silius ne sont point des nôtres au moment où j’écris ces lignes.

Où sont-ils, Mère Berthildam ?
Que font-ils, Mère Berthildam ?

Qu’en sais-je ? Bien qu’hommes tout à fait virils, mes deux amis sont aussi de redoutables filles de l’air, qui vont et viennent selon les caprices de leur cœur. Aux dernières nouvelles, ils s’étaient envolés pour quelque expédition.

Loin de moi.
Loin de vous.

Et voici que la solitude emprisonne nos esprits unis, et nous enferme dans ce face-à-face épistolaire. Un duel sur vélin en quelque sorte.

Mettons fin à ce combat : il n’en sortirait rien de bon. Laissez-moi plutôt vous offrir un peu de baume pour l’âme. Silius, Ivanhault… ils reviendront. Probablement très bientôt. Ils surgiront, bras ouverts, dans une icône presque mystique, nimbés d’une lumière éclatante. Je leur remettrai votre jolie note en main propre, et les mains propres.

Mais afin que vous ne restiez ni les menottes vides ni l’âme grise, permettez moi de vous proposer la relecture d’un petit poème de ma composition. Je devine en votre verve littéraire celle d’une femme de lettres, j’ose espérer un retour, un peu d’aide, peut-être.

Feuille tremble au bord du bois.
Le vent l'appelle, il fait sa loi.
La branche craque, retient en vain.
La brise, toujours plus vive que le destin.
L'immobile use, le vert se fane.
À trop rester, la vie se fige et se damne.
Petite feuille, sans but, sans lieu.
Danse au souffle, affronte les cieux.
Mieux vaut chuter que moisir droit.
Le vent emporte ce qu'on croit.


Vous a-t-il plu ? Fait-il danser votre cœur, dame mère ? Ayez à cœur d’apporter le salut d’une joyeuse barde à Théolin, car toujours, sa présence me fut des plus douces.
Théolin Il y a 1 mois et 1 semaine
À l’attention de Dame Marhuvvet
-ou à la personne en charge du courrier de Messire Terrechant et Messire Noctua en leur absence-

Madame,

Nous vous remercions d’avoir bien voulu nous faire savoir que notre lettre avait été réceptionnée, bien qu’elle n’eût point été adressée à votre personne.

Il est des mains discrètes qui transmettent un message avec diligence ; d’autres, plus loquaces, en détournent le cours au profit d’un discours accessoire. Nous prenons acte de votre initiative audacieuse, et de la créativité qui l’a accompagné.

S’il est vrai que la poésie peut alléger les tensions et que le rire peut désarmer bien des murailles, permettez que nous restions, quant à nous, fidèles à la gravité des questions soulevées dans notre courrier initial. Théolin est cher à bien des cœurs -ravies d'apprendre qu'il l'est au sein du votre- mais l’affection ne dispense ni de prudence, ni de devoir.

Vous nous offrez des vers, nous vous en rendons quelques-uns, tirés de nos méditations :

« Feuille que l’hiver détache, ne maudis pas la branche.
Car c’est elle qui t’éleva jusqu’à voir le ciel. »


Nous ne doutons pas que vous saurez, à l’instant opportun, remettre notre lettre à ceux à qui elle était destinée. Nous vous en remercions par avance.

Puisse Azeyma faire Vérité, même auprès de ceux qui cherchent à se faire jeu,

Mère Berthildam 
Couvent de Saint-Faloix d'Ishgard
Ivanhault Il y a 1 mois et 6 jours
La véritable réponse parviendra quelques soleils plus tard au couvent de Saint Faloix, manuscrite à l'encre rouge d'une écriture allongée qui déroule sur le papier des boucles bien à l'aise.

Mère Berthildam,

Veuillez excuser en préambule ma méconnaissance des formes d’adresse propres au clergé de la Gardienne. Dans le doute, nous userons jusqu'à correction de "ma Mère".

Permettez moi de vous remercier pour votre lettre. Elle exprime à l'égard de Théolin une inquiétude et une affection sincères qui m'ont, comme vous l'espériez, donné à réfléchir. Je ne m'estime cependant pas en mesure d'intervenir là où vous le demandez, convaincu que l'ascendant que vous me prêtez sur le garçon n'est point d'une telle ampleur. Par ailleurs, cette inquiétude m'apparaît injuste à l'égard de Théolin ; chacune de nos rencontres a été l'occasion de parler de ses responsabilités envers le couvent, de la façon dont il cherche des solutions afin de lui permettre de survivre sur les terres relativement stériles de la Furie, du devoir enfin, qu'il embrasse avec ferveur pour soutenir sa communauté. Il n'a nulle intention de fuir, et si l'évasion du voyage forme une tentation bien naturelle il me semble qu'il ne s'échappe pour le moment qu'en rêve. Comment le blâmer : a vingt ans, il est paré par plus anciens de tant d'espérances.

Je m'interroge à cet effet sur l'ampleur de la responsabilité qui pèse sur ses épaules. Elle devrait, à mon sens, être assortie de raisons en justifiant le poids. En bon jeune homme loyal, fidèle aux siens, juste, Théolin ne cèderait pas aisément une charge qu'il revendique comme sienne, mais la raison m'en paraît floue même pour lui. Comment si jeune homme hérite-t-il du devoir d'assurer la survie de sa communauté, de chercher des solutions, de solliciter des mécènes et de se colleter pour cela à des nobliauds tous plus frivoles les uns que les autres, comment sa fidélité est-elle vitale au point de s'ouvrir à des étrangers des inquiétudes que soulèvent ses possibles aspirations à la liberté, de quelle manière ai-je le sentiment, à la lecture de votre lettre, que sans Théolin c'est tout le couvent qui tombe ?

La foi embrassée au sein de votre petite enclave, est celle des Justes et de la Vérité. Dégoûté par ce qu'il voit d'Ishgard, il n'est que plus naturel pour Théolin de chercher en dehors des murs la vérité d'Azeyma. Je vous prie de nous pardonner d'avoir attisé la flamme. Le brandon était cependant déjà présent, et fort ardent. C'est moins le plaisir éphémère du voyage que la foi, qui alimentent les rêves de voyage de Théolin. La marque d'Azeyma est présente en de nombreux lieux antiques, c'est tout naturellement qu'un jeune dévot désire les suivre ainsi qu'en pélerinage.

Je ne suis, pour ma part, qu'un étranger de passage dans sa vie. Durant le temps où j'ai le plaisir de le côtoyer, il éclaire brièvement certaine clairière obscure que traverse mon esprit. Je suis convaincu qu'ayant achevé d'élucider mon mystère, il reviendra sereinement dans les bras de Saint Faloix. Je suis sensible à l'inquiétude filiale exprimée par votre lettre, aussi, et bien que je pense n'avoir pas le moindre pouvoir sur lui, je vous propose de partager les tâches : s'il existe des vérités dissimulées qui le concernent, qu'elles lui soient révélées afin d'ancrer le devoir dans son coeur, tandis que j'éviterai à l'avenir de l'encourager sur la pente de l'aventure.

Je vous prie de croire, ma Mère, à l’expression de mon profond respect.

Iv. T.
Théolin Il y a 1 mois et 5 jours
[Au courrier d’Invanhault, il n’y eut aucune réponse.]

Ce silence, pour qui sait lire, valait plus qu’un aveu : non pas de faiblesse, mais de lucidité contrainte.
La stratégie avait été habilement déjouée, et les mots d’Invanhault, posés, clairs, portaient une sincérité à laquelle il eût été cruel - et vain - de s’opposer sans s'enliser. La balance des responsabilités s’était renversée et avec elles, les culpabilités diffuses qu’on avait tenté d’instiller pour garder au nid un oiseau qui n’attend que d’apprendre à voler.
Un glissement discret, mais porteur de remous dans des coulisses que bien peu pourraient observer.

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