[Démission] Je pense que c'en est assez.

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Mahruvvet Il y a 2 jours et 19 heures
Une lettre sera attachée au panneau d'affichage. L'écriture ne laisse aucun doute. 

Kikyo,

Je pense que c’est assez.
 
Je suis dans cette Compagnie depuis deux années. En y mettant les pieds, je pensais rester quelques Lunes et partir avec l’argenterie sous le bras. Et malgré votre ennuyeuse habitude à ne pas m’admirer comme il se doit, j’ai appris à vous aimer. J’ai appris à t’aimer. Difficilement dans le second cas, tu n’as pas pour habitude de rendre l’Amour facile. L’Amour de soi-même est chose magnifique, mais ta façon de t’aimer est plus un élan sadomasochiste, et cela a pour vilaine habitude de te rendre trop imposante, éclipsant le reste de notre belle constellation.

Je sais que derrière cette froideur, il y a autre chose. Je suis consciente que sous la carapace, il y a toutes les insécurités qui peuvent être de sombres voix durant tes pires moments. Il y a la crainte de l’abandon. Celle de ne pas être assez face à ton époux. De ne pas être respectée pour ce que tu es. Pour ce que tu fais. Je comprends cela, plus que tu ne le penses, « la Grande Dame » est moins éloignée du « rat des rues » que tu ne le penses. Je sais comment nos petites terreurs peuvent nous rendre cruelles, comment elles peuvent nous amener à échouer à être charmantes. Je sais tout cela.
 
Et pourtant, je pense que c’est assez.
 
Permets-moi de te citer, ou ne le fais guère, car je me le permets : « Ceux qui ne supportent pas de voir l'emblème de Doma au-dessus leur tête, bien qu'ils aient jusqu'ici servi sous les ordres d'une domienne qui n'a jamais caché son allégeance ni ses intentions, sont invités à rendre leur insigne s'ils le désirent. »

Nous t’avons toujours sue patriote. Parfois stupidement patriote. Comme si le fait de mettre un onsen dans le jardin allait te permettre d’être plus grandement validée par les tiens. Parfois, de façon plus intéressante, j’ai aimé t’entendre parler des guerres que tu as connu pour ton pays. J’ai aimé te voir finement vexée par toute remise en question de la perfection culturelle de Doma. Nous n’avons jamais ignoré ton amour pour ton pays. Je ne partage guère ce sentiment, mais il ne m’a jamais tout à fait gênée.
 
Mais Kikyo, en ce qui concerne mon admirable personne, je n’ai jamais considéré notre groupe comme « domien ». Et des discussions que j’ai pu avoir, je ne suis pas seule. Travailler sous un drapeau me gêne ? Quelque peu, mais j’aurais pu l’accepter. J’aurais certainement boudé avec n’importe quel pavillon. Mais il y en a un seul que je n’accepterai pas : c’est celui de Doma. Je refuse que cette Compagnie soit domienne. Je n’ai nulle haine contre Doma, mais je ne souffre guère que soudainement, tu m’imposes de servir ton pays, même symboliquement. Les symboles, les mots ont un pouvoir, ils nous transforment.

Je refuse donc de travailler pour Doma, car je refuse que cette compagnie soit ta compagnie, celle que tu peux modeler selon tes bons désirs sans en discuter avec nous. Et crois bien que cette décision est un changement. Un de tes plus proches officiers l’ignorait. Cela n’a jamais été dit. Il est temps que tu comprennes une chose, Kikyo : ce n’est pas ta compagnie, c’est la nôtre. La Compagnie Aethernal est peu de choses sans toi, mais elle n’est rien sans nous. De ces décisions, tu dois en parler avec nous. Peut-être d’autres acceptent tout sans poser de questions, mais j’aime suffisamment notre Compagnie pour te confronter, pour vouloir agir sur ce qu’elle est, ce qu’elle deviendra.

Donc, je pense que c’en est assez.

Je vais démissionner, Kikyo. 
De mon poste, des comptoirs, de la Compagnie.
 
Mais je ne désire pas le faire sans nous laisser une dernière chance. Je veux croire que si tu m’as nommée, fut un temps officière, c’est que tu donnes assez de valeur à mes mots et mes actions. Je nous laisse très exactement une Lune. Durant cette lune, je te demande de tout faire pour faire revenir Silius. Les moyens importent peu. Parle lui. Hurle. Pleure. Pire : réfléchis. Sais-tu ce qu’est réfléchir, Kikyo ? Guère plus qu’un mot élégant qui veut dire : changer d’avis. Change d’avis. Remets-toi en question, pas dans le silence de ton bureau, pas en détruisant le mobilier de j’ignore quelle salle, mais devant nous ; avec nous surtout. Demande de l’aide.
 
Car ce n’est pas que Silius. C’est nous. C’est comment tu travailles avec nous. C’est, comment tu nous considères. Tu dis souvent « mes hommes ». Je n’ai jamais été un de tes hommes (une de tes femmes ? Peu importe, je suis bien des choses !) : j’ai toujours été un membre de notre compagnie, qui avait à cœur de travailler avec toi, pour la compagnie, sur la compagnie. Tes ordres ne m’ont jamais intéressée, je ne les ai jamais vraiment suivis. Tes idées, ton énergie, oui. J’ai toujours respecté ta force à faire bouger des choses. Je peux revêtir bien des masques : une connaissance, une amie, une collègue, mais je ne serai jamais un de tes sujets. Je considère que tu nous dois des mots, des explications : assez d’espace pour participer à ce qu’est notre compagnie.

Je pense que je ne serai pas écoutée.
 
Tu vas voir cette lettre comme une trahison. Cela peut en être une si cela peut te réconforter dans ta volonté de penser que tu es dans le vrai et que je ne désire que le mal.
Tu vas voir cette lettre comme un abandon. Cela peut en être un si cela te permet de garder cette confortable cohérence de toi-même, que tu es celle constamment abandonnée et oubliée.
Tu vas voir cette lettre comme une fuite car je suis ainsi. Cela peut en être une si cela t’offre de te reposer dans la douce illusion que tu connais tes hommes.
Tu vas voir cette lettre comme une mutinerie. Cela peut l’être, et j’espère que cela l’est ! Les meilleurs chefs sont ceux qui craignent les mutins de tout leur cœur.

Néanmoins, je désire essayer : par Amour. Car ici, j’ai rencontré des gens qui ont touché mon âme, mon cœur, mon esprit. J’y ai trouvé ma sœur, ma meilleure amie, des inspirations, des idiots qui ont su me changer pour le mieux.
Mais je suis convaincue que cette Compagnie ne fonctionne plus. Plus rien ne nous unit si ce n’est la peur de nous faire égorger par Coral. Nous n’avons plus de ligne conductrice qui nous permet d’encaisser les désagréments comme un drapeau que certains ne désirent guère. Elle doit changer, et pour qu’elle change, tu dois changer.
 
Repars à l’aventure avec nous, Kikyo. Pas comme cette forme appauvrie d’un Akira que tu n’es pas, et que tu ne seras jamais. Pas comme cette cheffe providentielle et aveugle. Mais comme une camarade. Comme une amie pour les chanceux. Comme notre architecte qui construit un avenir avec nous, pour nous, et pas contre nous. Tu en as la force, tu en as le talent.

Sans cela, je pense que c’est assez.

Bien sûr ! Tu peux déchirer cette lettre. Tu peux me répondre un vague « Hé bien, pars. ». Ou me proposer une longue réponse où tu démonteras point par point ce que je dis ou pour me rabaisser, car Kikyo Kurusu ne saurait être dans l’erreur face à ses gens. Fais donc ! Mais je t’invite, avec une réelle affection, à m’écouter. Mon départ ne signifiera pas la fin de la Compagnie. Mais il signifiera quelque chose pour ceux que tu aimes appeler « tes hommes », beaucoup d’entre ont un peu d'Amour pour mon estimée personne.
 
PS : Durant cette lune, j’arrête toute activité pour la Compagnie. Je me suis renseignée : cela s’appelle une grève.
Lerith Il y a 2 jours et 13 heures
Spoiler : cliquez pour afficher
Votre démission est acceptée.

K. Kurusu



[Ce contenu a été intercepté par un corbeau.]
Ivanhault Il y a 2 jours et 13 heures
La réponse de Kikyo ne parviendrait jamais à Mahruvvet. Le laconique petit courrier fut immédiatement intercepté par un corbeau décidément matinal. Il serait remplacé par le message suivant. A l'encre rouge typique.

"Elle a lu. Nous allons faire au mieux.

Iv. T.
"

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