INCROYABLES HISTOIRES ET PENSÉES ADAPTÉES À UN PUBLIC ENNUYEUX
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INCROYABLES HISTOIRES ET PENSÉES ADAPTÉES À UN PUBLIC ENNUYEUX
Mahruvvet
Il y a 11 mois et 1 semaine
[HRP : le carnet de ces "chroniques" existe en RP, généralement porté par Mahru' ou parfois caché à l'escale]
Musique nulle d'accompagnement
Me voilà gelée. Me voilà affamée. Mais pire que tout cela, voilà que l’ennui me prend à la gorge ! Il m’étouffe ! Je n’aime guère le nord et je ne comprends guère comment les locaux peuvent survivre à cette absence de couleurs, de vie. De temps à autre, j’en viens à me demander si les habitants n’étaient pas déjà morts en dedans avant même les tristes évènements.
Peu importent les gens du cru. Je dois d’urgence tromper l’ennui.
Je pensais écrire. Pas mon premier roman. Je ne suis pas encore prête pour mon premier chef-d’œuvre ! Mais je ne dois pas perdre la main, pas même congelée par le vent glacial. Prenons la plume, et écrivons.
Mais sur quoi ?
Ces derniers temps, je m’en veux. Je commence à penser que mes nouveaux compagnons me font confiance. Une triste erreur de leur part. Néanmoins, cette naïveté me touche. Elle me force à ressentir quelques remords vis-à-vis de ce que je leur offre de ma personne. Voyez-vous, ces missions sont dangereuses. Parfois terrifiantes. J’ai cru mourir il y a quelques lunes. Je n’aimerais pas leur laisser que quelques mirages.
Je désire être floue. Mais un flou dont il demeurera quelques marques, quelques traces.
Compagnons, ce carnet est donc le vôtre. Si vous vous questionnez quant à votre compagne de route de quelques lunes, lisez donc. J'ai bon espoir, qu'un jour, après ma mort, Lysia en voulant ranger les pots de confiture, trouvera mon corps, le cou brisé par une chute dans les escaliers, et à côté ce petit carnet à lire, à déchiffrer. Mais d’abord, posons ensemble les règles du jeu :
Maintenant que bases de notre petit jeu sont placées. Par quoi débuter ? Peut-être par une réponse. Un premier chapitre, à peine une introduction fainéante qui répondra à une interrogation portant sur la raison même de la nécessité de ce carnet que j'ai décidé, en toute humilité, de baptiser Incroyables pensées et histoires adaptées à un public ennuyeux (vous), par Mahruvvet (moi)
Il y a quelques lunes de cela, Ney et moi nous disputions quelque peu. Il ne supportait pas ma tendance à mentir. Il n’était pas à l’aise avec l’idée de quelques vilains morts éclipsent la grande réalité des actions. Je lui ai donc donné une réponse : car cela me protège. De par ma vie de crimes, le mensonge était la plus belle des armures, une protection nécessaire.
J’ai bien sûr menti à Ney, ce jour.
Non pas que cela soit faux ! Il y a une utilité au mensonge. Mais ce n’est pas pour cela que je m’adonne au jeu du déguisement de réalité. La raison est plus simple : la vérité est ennuyeuse.
L’honnêteté est pathétique. Elle n’apporte rien de bien intéressant. Quel crime de laisser une belle histoire, une jolie morale, être éclipsée par une vérité autrement moins palpitante ! Me voilà face à une incompréhension terrible : le mensonge n’est pas nécessaire. Il est toujours dispensable. C’est ce qui lui donne toute sa beauté ! Tout son éclat !
Lecteur dévoué, pourquoi ne pas passer par un exemple ? J’aimerais te prouver que le faux est plus beau que le vrai.
J’aime à raconter l’histoire du cambriolage qui m’a menée en prison. Le vol de la Pomme de Radz-at-Han ! Un coup de maître qui tourne mal ! C’est une aventure que j’aime partager ainsi : avec mes deux compères de toujours, nous avions repéré un rubis gigantesque ! D’une qualité indéniable ! Reconnaissable parmi mille, la pierre était gardée chez un marchand, derrière de nombreux gardes et plusieurs systèmes de sécurité. Sa vente nous aurait permis de vivre à l’abri de la misère durant des lunes et des lunes.
Mon premier associé l’avait trouvé. Je ne désire pas mettre son nom ici, appelons le… Belle-Gueule. Car de l’aveu de ses suivants, masculins comme féminins, il est magnifique. Une langue d’or joliment rangée dans un coffre parfaitement décoré. J’aime à penser que je suis douée pour parler, pour convaincre. Mais je n’ai jamais su hypnotiser comme il le savait.
Ma seconde associée s’était chargée de la logistique. Petit-Livre. Appelons la Petite-Souris. De notre trio, elle est la plus grande, et pourtant, la plus petite. Elle est une Arkasodara qui n’a jamais tout à fait compris qu’elle avait la capacité à écraser des crânes entre ses mains. Un parfait petit rat de bibliothèque, timide au possible. La meilleure empoisonneuse que j’ai pu connaître.
J’étais chargée de l’action. Et me voilà jalouse. Pourquoi n’ai-je pas le droit à un surnom, moi aussi ? Je décide de me baptiser Le Spectre des Ruelles. C’était un surnom que je prenais à mes débuts, adolescente. N’est-il pas mignon ? N’est-il pas parfaitement ridicule ? Je garde ce sobriquet quelque part prêt de mon cœur, encore aujourd’hui, doux lecteur.
Tout avait donc été préparé, et je connaissais ma mission : entrer, éviter les pièges, ouvrir quelques portes, prendre le trésor puis sortir par une fenêtre. Tout était parfait ! Je connaissais les plans par cœur, par cent fois, je m’étais entraînée à défaire les pièges que j’avais devinés. Mais voilà, ce fut un échec ! Je me suis faite attraper par les gardes de la résidence.
C’est ici qu’apparaît mon petit mensonge !
J’explique la catastrophe que fut cette mission par une erreur de ma part ! Me voici dans la salle des trésors, la Pomme en main ! Je suis prête à partir ! Mais il y a ce coffre… un magnifique coffre, en bois rare, encadré d’or. Et par les Sœurs, mon si cher lecteur, tu connais mes faiblesses ! L’appel du gil ! J’ai donc décidé d’ouvrir le coffre pour en voler son contenu ! Les quelques secondes à assouvir mon avarice auront suffi à me faire capturer.
Une belle morale ! La talentueuse voleuse victime de sa gourmandise ! Une parfaite leçon à raconter aux enfants, avec ce qu’il faut d’action ! Ne jamais voler trop proche du soleil, ne pas se faire esclave de ses obsessions ! De quoi éveiller l’intérêt et la réflexion du jeune qui a été pris à chaparder un gâteau. Qui ne désire pas que ses erreurs servent les futures générations ? Qui ne veut pas être un exemple, même s’il est mauvais ?
Mais voilà, lecteur. Si j’ai survécu pendant tant d’années dans ce beau milieu, c’est bien qu’un simple coffre ne saurait pas m’éloigner d’un objectif si clair ! D’une mission si rondement menée ! Je suis tombée. J’ai simplement glissé et me suis tordue la cheville. Nous avions tout parfaitement prévu sauf une chose, un détail : la pluie. Le toit était devenu glissant, et j’ai copieusement dégringolé au milieu des employés du marchand.
Voyez donc votre vérité. Mais quel est l’intérêt ? Qu’apporte-t-elle ? Un échec est une chose ! Mais un échec vide de sens ? Qu’en faire ? Ainsi, lecteur. Voilà pourquoi je ne goûte guère le « vrai ». Je le trouve prétentieux, à vouloir se mettre sur le chemin d’une meilleure histoire.
Musique nulle d'accompagnement
Me voilà gelée. Me voilà affamée. Mais pire que tout cela, voilà que l’ennui me prend à la gorge ! Il m’étouffe ! Je n’aime guère le nord et je ne comprends guère comment les locaux peuvent survivre à cette absence de couleurs, de vie. De temps à autre, j’en viens à me demander si les habitants n’étaient pas déjà morts en dedans avant même les tristes évènements.
Peu importent les gens du cru. Je dois d’urgence tromper l’ennui.
Je pensais écrire. Pas mon premier roman. Je ne suis pas encore prête pour mon premier chef-d’œuvre ! Mais je ne dois pas perdre la main, pas même congelée par le vent glacial. Prenons la plume, et écrivons.
Mais sur quoi ?
Ces derniers temps, je m’en veux. Je commence à penser que mes nouveaux compagnons me font confiance. Une triste erreur de leur part. Néanmoins, cette naïveté me touche. Elle me force à ressentir quelques remords vis-à-vis de ce que je leur offre de ma personne. Voyez-vous, ces missions sont dangereuses. Parfois terrifiantes. J’ai cru mourir il y a quelques lunes. Je n’aimerais pas leur laisser que quelques mirages.
Je désire être floue. Mais un flou dont il demeurera quelques marques, quelques traces.
Compagnons, ce carnet est donc le vôtre. Si vous vous questionnez quant à votre compagne de route de quelques lunes, lisez donc. J'ai bon espoir, qu'un jour, après ma mort, Lysia en voulant ranger les pots de confiture, trouvera mon corps, le cou brisé par une chute dans les escaliers, et à côté ce petit carnet à lire, à déchiffrer. Mais d’abord, posons ensemble les règles du jeu :
- Premièrement : tu es parfaitement libre de lire ce carnet. Il appartient à la personne qui le trouvera. Me l’as-tu volé ? L’as-tu récupéré sur mon corps encore tiède ? L’as-tu trouvé dans ma chambre ? M’as-tu trompée pour l’obtenir ? Je ne serai pas fâchée. Je ne chercherai pas à me venger. Mon unique désir est qu’il soit obtenu par le fruit d’un acte vil. D’une fourberie notable. D’un bon mot pernicieux. D’une délicieuse et immorale action. Vous êtes tous si sages… si j’ai pu être cette première étincelle de corruption, j’en suis la plus heureuse.
- Deuxièmement : je mentirai. Pourquoi ne le ferais-je pas ? Pourquoi devrais-je arrêter ? Entendons-nous seulement sur une règle simple. Chaque mensonge sera marqué. Il sera visible pour l’œil curieux. Parfois directement. Parfois, un effort sera demandé.
- Troisièmement : laissons la troisième règle pour plus tard. Quelle histoire est-elle réellement amusante sans une petite surprise ?
Maintenant que bases de notre petit jeu sont placées. Par quoi débuter ? Peut-être par une réponse. Un premier chapitre, à peine une introduction fainéante qui répondra à une interrogation portant sur la raison même de la nécessité de ce carnet que j'ai décidé, en toute humilité, de baptiser Incroyables pensées et histoires adaptées à un public ennuyeux (vous), par Mahruvvet (moi)
I. Pourquoi vous mentir ?
Il y a quelques lunes de cela, Ney et moi nous disputions quelque peu. Il ne supportait pas ma tendance à mentir. Il n’était pas à l’aise avec l’idée de quelques vilains morts éclipsent la grande réalité des actions. Je lui ai donc donné une réponse : car cela me protège. De par ma vie de crimes, le mensonge était la plus belle des armures, une protection nécessaire.
J’ai bien sûr menti à Ney, ce jour.
Non pas que cela soit faux ! Il y a une utilité au mensonge. Mais ce n’est pas pour cela que je m’adonne au jeu du déguisement de réalité. La raison est plus simple : la vérité est ennuyeuse.
L’honnêteté est pathétique. Elle n’apporte rien de bien intéressant. Quel crime de laisser une belle histoire, une jolie morale, être éclipsée par une vérité autrement moins palpitante ! Me voilà face à une incompréhension terrible : le mensonge n’est pas nécessaire. Il est toujours dispensable. C’est ce qui lui donne toute sa beauté ! Tout son éclat !
Lecteur dévoué, pourquoi ne pas passer par un exemple ? J’aimerais te prouver que le faux est plus beau que le vrai.
J’aime à raconter l’histoire du cambriolage qui m’a menée en prison. Le vol de la Pomme de Radz-at-Han ! Un coup de maître qui tourne mal ! C’est une aventure que j’aime partager ainsi : avec mes deux compères de toujours, nous avions repéré un rubis gigantesque ! D’une qualité indéniable ! Reconnaissable parmi mille, la pierre était gardée chez un marchand, derrière de nombreux gardes et plusieurs systèmes de sécurité. Sa vente nous aurait permis de vivre à l’abri de la misère durant des lunes et des lunes.
Mon premier associé l’avait trouvé. Je ne désire pas mettre son nom ici, appelons le… Belle-Gueule. Car de l’aveu de ses suivants, masculins comme féminins, il est magnifique. Une langue d’or joliment rangée dans un coffre parfaitement décoré. J’aime à penser que je suis douée pour parler, pour convaincre. Mais je n’ai jamais su hypnotiser comme il le savait.
Ma seconde associée s’était chargée de la logistique. Petit-Livre. Appelons la Petite-Souris. De notre trio, elle est la plus grande, et pourtant, la plus petite. Elle est une Arkasodara qui n’a jamais tout à fait compris qu’elle avait la capacité à écraser des crânes entre ses mains. Un parfait petit rat de bibliothèque, timide au possible. La meilleure empoisonneuse que j’ai pu connaître.
J’étais chargée de l’action. Et me voilà jalouse. Pourquoi n’ai-je pas le droit à un surnom, moi aussi ? Je décide de me baptiser Le Spectre des Ruelles. C’était un surnom que je prenais à mes débuts, adolescente. N’est-il pas mignon ? N’est-il pas parfaitement ridicule ? Je garde ce sobriquet quelque part prêt de mon cœur, encore aujourd’hui, doux lecteur.
Tout avait donc été préparé, et je connaissais ma mission : entrer, éviter les pièges, ouvrir quelques portes, prendre le trésor puis sortir par une fenêtre. Tout était parfait ! Je connaissais les plans par cœur, par cent fois, je m’étais entraînée à défaire les pièges que j’avais devinés. Mais voilà, ce fut un échec ! Je me suis faite attraper par les gardes de la résidence.
C’est ici qu’apparaît mon petit mensonge !
J’explique la catastrophe que fut cette mission par une erreur de ma part ! Me voici dans la salle des trésors, la Pomme en main ! Je suis prête à partir ! Mais il y a ce coffre… un magnifique coffre, en bois rare, encadré d’or. Et par les Sœurs, mon si cher lecteur, tu connais mes faiblesses ! L’appel du gil ! J’ai donc décidé d’ouvrir le coffre pour en voler son contenu ! Les quelques secondes à assouvir mon avarice auront suffi à me faire capturer.
Une belle morale ! La talentueuse voleuse victime de sa gourmandise ! Une parfaite leçon à raconter aux enfants, avec ce qu’il faut d’action ! Ne jamais voler trop proche du soleil, ne pas se faire esclave de ses obsessions ! De quoi éveiller l’intérêt et la réflexion du jeune qui a été pris à chaparder un gâteau. Qui ne désire pas que ses erreurs servent les futures générations ? Qui ne veut pas être un exemple, même s’il est mauvais ?
Mais voilà, lecteur. Si j’ai survécu pendant tant d’années dans ce beau milieu, c’est bien qu’un simple coffre ne saurait pas m’éloigner d’un objectif si clair ! D’une mission si rondement menée ! Je suis tombée. J’ai simplement glissé et me suis tordue la cheville. Nous avions tout parfaitement prévu sauf une chose, un détail : la pluie. Le toit était devenu glissant, et j’ai copieusement dégringolé au milieu des employés du marchand.
Voyez donc votre vérité. Mais quel est l’intérêt ? Qu’apporte-t-elle ? Un échec est une chose ! Mais un échec vide de sens ? Qu’en faire ? Ainsi, lecteur. Voilà pourquoi je ne goûte guère le « vrai ». Je le trouve prétentieux, à vouloir se mettre sur le chemin d’une meilleure histoire.
Mahruvvet
Il y a 11 mois et 1 jour
Musique nulle d'accompagnement.
Dans une auberge. Insomnie. Inquiète pour des cœurs mous. Envie d'écrire.
Mahruvvet.
C’est un joli prénom, n’est-ce pas ? Je l’aime beaucoup. Il est mon nom principal depuis quelques lunes. Il a une signification en hannois, mais c’est peu important. Ce qu’il faut savoir, c’est que je l’ai volé. Une petite marchande s’appelle ainsi à Radz-at-Han, et il n y a pas de secret particulier derrière ce choix. Elle n’a aucune importance dans ma vie, et nous avons seulement discuté une fois.
J’ai promis à Lysia et Floerswys de leur donner mon « vrai » prénom. J’ignore si je tiendrai cette promesse. Non pas car il cache un grand secret, une vérité qu’il conviendrait d’oublier, mais seulement car je ne saurais lequel donner. J’imagine que mes deux amies désirent mon prénom de naissance. Mesdames, quel est son intérêt ?
Discutons un instant, mes si adorables protectrices. Que représente un prénom à Thavnair ? Un choix paternel ? Une décision maternelle ? Ce prénom vous en apprendra plus sur mes parents que sur moi. Et n’en doutez pas ! Je suis infiniment plus intéressante, plus passionnante, plus charmantes que mes si médiocres géniteurs. Je suis une magnifique étoile ! Ils ne sont guère plus quelques notes de bas de page dans une histoire bien plus prenante qu’est celle de leur fille.
Mais parlons en. Ils sont mon point de départ après tout. Ma situation initiale crasseuse et sans pétillance.
Ma mère. Une ivrogne. D’aussi loin que je me souvienne, elle est liée dans mon esprit à une haleine alcoolisée. J’ignore tout à fait ce qui l’a amenée à boire autant. Une maladie ? Un chagrin ? Une triste histoire ? La réaction la plus mature serait peut-être de faire l’effort. L’effort de comprendre sa tare. Je ne le ferai pas. J’ai pu dire que la vieille femme était morte, je l’ignore. Je n’y porte guère d’intérêt.
Mon père. Guère mieux. Je me demande parfois comment il a réussi l’exploit de ne pas s’étouffer avec sa propre salive. Liann, tu l’aurais beaucoup aimé. Il est possible de retrouver dans ses yeux la même absence d’intelligence que l’on retrouve dans ceux des chocobos. Il me semble qu’il descend d’une famille de marchands et que la bicoque que nous occupions faisait partie de son héritage. Parfois, il aimait prendre de grands airs.
Mon cher curieux ! En me lisant, tu dois voir mon histoire comme pathétique ! La quasi-orpheline ! La gamine des rues ! En quelque sorte. Mais ce n’est même pas une histoire triste. Je ne l’accepterais pas, en réalité, j’ai un faible pour les histoires aux jolies fins, et j’ai à cœur de faire en sorte que la mienne en soit une.
Non. Ce petit retour quant à ma famille n’est qu’un moyen pour me poser une question « Aurais-je pu être autre chose ? ». Mon destin était il d’être voleuse ? Ou dans une autre famille, aurais je pu trouver une voie plus belle ? Cette interrogation se pose beaucoup, ces dernières lunes. Lorsque je suis arrivée dans la Compagnie, je ne voyais guère ce que je pouvais apporter. Fut un temps, je pensais voler un artefact puis disparaître, ne voyant pas tout à fait ma place.
Chère Compagnie, vous n’avez pas toujours conscience de ce que vous êtes. De ce que vous représentez. Aux nouveaux yeux, vous pouvez être terriblement impressionnants et il est aisé de se sentir dépassé. Des Vieras pouvant changer les cours de l’eau ? Une génie de la technologie ? Des érudits qui semblent tout comprendre sur tout ? Souvent, je me posais la question suivante « Aurais je pu être une héroïne comme ces idiots ? ». Oui, dans votre plus grand nombre, je vois en vous des idiots. Mais vous êtes mes idiots.
Je pense avoir une réponse. Et ce sera ma petite histoire d’aujourd’hui. J’avais quinze étés, et j’étais déjà une pie des rues, et j’avais rejoint un gang depuis un moment. Je commençais, me semble-t-il à avoir une petite renommée dans le quartier où j’agissais principalement. Un jour, alors je m’affairais à faire de la reconnaissance, j’ai aperçu une hyuroise. Magnifiquement habillée. Parfaitement maquillée. Ce n’est pas tant qu’elle était « belle », « séduisante » ou autre adjectif d’un ennui mortel. Elle avait une présence. Un charisme qui se trouvait moins dans ce qu’elle était que ce qu’elle faisait.
Je l’ai suivie durant trois Soleils. Je visais le collier qu’elle possédait. J’avais trouvé le bon moment. Avant chaque représentation, elle le retirait quelques secondes, le temps de passer sa tenue. Cette fois, je sautais de ma cachette ! Je m’emparais du bijou, et je fuyais ! Avant de n’avoir ne serait que le temps de le remarquer, je m’effondrais, la jambe sanglante. J’avais pris pour cible une maîtresse de la Kriegstanz et son chakram avait profondément taillé ma jambe. J’étais à sa merci. Elle n’avait qu’a appeler les gardes.
Elle m’a soignée. M’a nourrie. A écouté mon histoire. Elle et sa troupe ont décidé de m’accueillir. Durant six lunes, j’ai pu connaître ce qui s’est rapproché le plus d’une « vie de famille ». Ils étaient bons, profondément mus par la volonté de rendre ce monde un peu meilleur. Par leurs danses, mais aussi par leurs actions. Ils désiraient m’entraîner à leur art, et dans les derniers temps, j’avais même été intégrée à leurs représentations. J’avais un potentiel pour la Kriegstanz et de belles âmes décidées à me l’enseigner. Malgré les conditions de notre rencontre, nous avions construit une confiance mutuelle.
Puis je suis partie avec le collier. Six lunes à me rapprocher d’eux, à étudier la danse, à intégrer cette petite famille bienveillante. Ce fut long, mais j’avais réussi à faire en sorte qu’ils baissent leur garde. Qu’ils me voient comme l’une d’eux. Ce n’est pas mon plus beau travail. Mais il apporte une réponse à mon interrogation : Aurais je pu être autre chose ? Si l’on m’avait donné l’opportunité ?
La réponse est : oui. Bien évidemment. Mon potentiel est sans égal. Mais je n’en ai jamais vraiment eu envie.
Dans une auberge. Insomnie. Inquiète pour des cœurs mous. Envie d'écrire.
2. Un nom
Mahruvvet.
C’est un joli prénom, n’est-ce pas ? Je l’aime beaucoup. Il est mon nom principal depuis quelques lunes. Il a une signification en hannois, mais c’est peu important. Ce qu’il faut savoir, c’est que je l’ai volé. Une petite marchande s’appelle ainsi à Radz-at-Han, et il n y a pas de secret particulier derrière ce choix. Elle n’a aucune importance dans ma vie, et nous avons seulement discuté une fois.
J’ai promis à Lysia et Floerswys de leur donner mon « vrai » prénom. J’ignore si je tiendrai cette promesse. Non pas car il cache un grand secret, une vérité qu’il conviendrait d’oublier, mais seulement car je ne saurais lequel donner. J’imagine que mes deux amies désirent mon prénom de naissance. Mesdames, quel est son intérêt ?
Discutons un instant, mes si adorables protectrices. Que représente un prénom à Thavnair ? Un choix paternel ? Une décision maternelle ? Ce prénom vous en apprendra plus sur mes parents que sur moi. Et n’en doutez pas ! Je suis infiniment plus intéressante, plus passionnante, plus charmantes que mes si médiocres géniteurs. Je suis une magnifique étoile ! Ils ne sont guère plus quelques notes de bas de page dans une histoire bien plus prenante qu’est celle de leur fille.
Mais parlons en. Ils sont mon point de départ après tout. Ma situation initiale crasseuse et sans pétillance.
Ma mère. Une ivrogne. D’aussi loin que je me souvienne, elle est liée dans mon esprit à une haleine alcoolisée. J’ignore tout à fait ce qui l’a amenée à boire autant. Une maladie ? Un chagrin ? Une triste histoire ? La réaction la plus mature serait peut-être de faire l’effort. L’effort de comprendre sa tare. Je ne le ferai pas. J’ai pu dire que la vieille femme était morte, je l’ignore. Je n’y porte guère d’intérêt.
Mon père. Guère mieux. Je me demande parfois comment il a réussi l’exploit de ne pas s’étouffer avec sa propre salive. Liann, tu l’aurais beaucoup aimé. Il est possible de retrouver dans ses yeux la même absence d’intelligence que l’on retrouve dans ceux des chocobos. Il me semble qu’il descend d’une famille de marchands et que la bicoque que nous occupions faisait partie de son héritage. Parfois, il aimait prendre de grands airs.
Mon cher curieux ! En me lisant, tu dois voir mon histoire comme pathétique ! La quasi-orpheline ! La gamine des rues ! En quelque sorte. Mais ce n’est même pas une histoire triste. Je ne l’accepterais pas, en réalité, j’ai un faible pour les histoires aux jolies fins, et j’ai à cœur de faire en sorte que la mienne en soit une.
Non. Ce petit retour quant à ma famille n’est qu’un moyen pour me poser une question « Aurais-je pu être autre chose ? ». Mon destin était il d’être voleuse ? Ou dans une autre famille, aurais je pu trouver une voie plus belle ? Cette interrogation se pose beaucoup, ces dernières lunes. Lorsque je suis arrivée dans la Compagnie, je ne voyais guère ce que je pouvais apporter. Fut un temps, je pensais voler un artefact puis disparaître, ne voyant pas tout à fait ma place.
Chère Compagnie, vous n’avez pas toujours conscience de ce que vous êtes. De ce que vous représentez. Aux nouveaux yeux, vous pouvez être terriblement impressionnants et il est aisé de se sentir dépassé. Des Vieras pouvant changer les cours de l’eau ? Une génie de la technologie ? Des érudits qui semblent tout comprendre sur tout ? Souvent, je me posais la question suivante « Aurais je pu être une héroïne comme ces idiots ? ». Oui, dans votre plus grand nombre, je vois en vous des idiots. Mais vous êtes mes idiots.
Je pense avoir une réponse. Et ce sera ma petite histoire d’aujourd’hui. J’avais quinze étés, et j’étais déjà une pie des rues, et j’avais rejoint un gang depuis un moment. Je commençais, me semble-t-il à avoir une petite renommée dans le quartier où j’agissais principalement. Un jour, alors je m’affairais à faire de la reconnaissance, j’ai aperçu une hyuroise. Magnifiquement habillée. Parfaitement maquillée. Ce n’est pas tant qu’elle était « belle », « séduisante » ou autre adjectif d’un ennui mortel. Elle avait une présence. Un charisme qui se trouvait moins dans ce qu’elle était que ce qu’elle faisait.
Je l’ai suivie durant trois Soleils. Je visais le collier qu’elle possédait. J’avais trouvé le bon moment. Avant chaque représentation, elle le retirait quelques secondes, le temps de passer sa tenue. Cette fois, je sautais de ma cachette ! Je m’emparais du bijou, et je fuyais ! Avant de n’avoir ne serait que le temps de le remarquer, je m’effondrais, la jambe sanglante. J’avais pris pour cible une maîtresse de la Kriegstanz et son chakram avait profondément taillé ma jambe. J’étais à sa merci. Elle n’avait qu’a appeler les gardes.
Elle m’a soignée. M’a nourrie. A écouté mon histoire. Elle et sa troupe ont décidé de m’accueillir. Durant six lunes, j’ai pu connaître ce qui s’est rapproché le plus d’une « vie de famille ». Ils étaient bons, profondément mus par la volonté de rendre ce monde un peu meilleur. Par leurs danses, mais aussi par leurs actions. Ils désiraient m’entraîner à leur art, et dans les derniers temps, j’avais même été intégrée à leurs représentations. J’avais un potentiel pour la Kriegstanz et de belles âmes décidées à me l’enseigner. Malgré les conditions de notre rencontre, nous avions construit une confiance mutuelle.
Puis je suis partie avec le collier. Six lunes à me rapprocher d’eux, à étudier la danse, à intégrer cette petite famille bienveillante. Ce fut long, mais j’avais réussi à faire en sorte qu’ils baissent leur garde. Qu’ils me voient comme l’une d’eux. Ce n’est pas mon plus beau travail. Mais il apporte une réponse à mon interrogation : Aurais je pu être autre chose ? Si l’on m’avait donné l’opportunité ?
La réponse est : oui. Bien évidemment. Mon potentiel est sans égal. Mais je n’en ai jamais vraiment eu envie.
Mahruvvet
Il y a 4 mois et 3 semaines
Musique nulle d'accompagnement.
Dans la forêt. J’étudie la chanson. Me sens médiocre. Besoin d’une pause.
3. La magie
J’ignore ce que deviendra ce carnet. L’un de vous le lira un jour ? Je l’espère. Mon plus grand rêve serait qu’après un mandat s’étant mal passé, vous le trouviez sur mon cadavre encore tiède. Par les Sœurs, je pense beaucoup à la mort en ce moment. Aux différents types de morts ! Je pense avoir peur pour ma vie depuis que le Trium est apparu. Quelque peu terrifiée, soyons honnêtes.
Mais ce n’est guère le sujet de ces quelques pages, Ô mes délicieux lecteurs. Je me questionnais quant à l’avenir de ce carnet, car j’ai un espoir ! Qu’un jour, l’un de nos brillants mages l’ouvre, lise les pages qui vont suivre, et mains sur les hanches, se mette à ronchonner quant à l’inexactitude de mes mots !
J’espère que vous le ferez.
J’ignore si je suis magie, magicienne ou sorcière comme dirait Vadimir. J’aime me dire mage pour ennuyer ceux qui le sont réellement. L’éclair de fierté quelque peu égratignée dans l’œil du Sharlayanais est un plaisir simple que beaucoup ignorent. Mais dans mon esprit, le mage sera ce bouquineux quelque peu taiseux, levant un doigt scolastique m’expliquant que toute chose égale par ailleurs, le flux d’éther à un degré de mouvance de 3.91 en climat sec et continental.
En cela, je ne suis pas mage. J’ignore comment l’éther fonctionne dans les détails théoriques, dirons-nous. Ô, mes lecteurs adorés, j’ai besoin de « pratiquer » l’éther pour comprendre son fonctionnement. J’ai besoin de le manipuler avant de savoir ce qui va se passer. Je connais quelques grandes lignes, mais rien qui n’échapperait à un élève médiocre d’une école de la cité blanche. Quoiqu’un peu plus tout de même, je reste « moi ».
Je dirais que mon rapport à l’usage de l’éther est avant tout profondément injuste. Pas pour moi ! Pour les autres ! J’ignore pourquoi, mais s’il existe un Mansuya de la magie, à ma naissance, le généreux s’est baissé au-dessus de mon berceau et m’a bénie. C’est une image, il ne me semble pas avoir eu un quelconque berceau. Mais quoiqu’il en soit ! J’ai de jolies quantités d’éther et j’ai toujours été très sensible à sa présence, et ses mouvements. Il m’arrive de penser que c’est en réalité une sorte de maladie, car j’ai aussi l’impression de plus subir les sorts contre mon imminente personne. Des blessures plus profondes, plus douloureuses ?
J’ai commencé à apprendre à l’utiliser auprès de la joyeuse troupe de danseurs dont j’écrivais quelques pages avant. Comment mobiliser son éther dans la danse, comment le puiser… J’avais reçu quelques brides, mais ma vile trahison aura rompu cet enseignement. Mon premier contact à la magie « classique » s’est fait lorsque j’ai commencé à apprendre à faire parler les serrures magiques. Ô mes Camarades, et Nazah le sait ! Le plaisir qu’il existe à vaincre une serrure qu’un mage bien plus intelligent, bien plus compétent que vous a mis des heures à forger ! J’ai pu apprendre l’existence de plusieurs arts magiques, et leur façon de « créer » des serrures !
Mais je n’avais aucunement l’intention d’apprendre quelques magies, simplement comment les casser. La magie s’est installée dans mon esprit suite à un besoin. Vois-tu, mon curieux ami, j’envisage plusieurs types de cambrioleurs. C’est une théorie de mon cru, j’espère que tu y trouveras un intérêt.
Je pense être une pie. J’ai pu me faire chat, mais ma carrière fut d’abord celle d’un oiseau. Je suis petite, légère, mais pour autant, je ne suis pas d’une fantastique agilité. Mais je sais chanter, et faire chanter ! Mais cela n’était pas toujours suffisant, et parfois, il manquait… une distraction, quelques secondes. Il nous fallait donc un nouvel outil pour vivre notre belle vie de criminalité, et ce fut la magie.
Thavnair n’est pas étranger à la magie. La Kriegstanz et l’alchimie peuvent s’en approcher. Et nous ne sommes pas sans prêtres dont les sorts me font penser à ceux de Kyuuji ou Albynn. Mais ce n’était pas ce que je désirais. Je me suis donc tournée vers la terre de la magie ! Eorzea. La première fois que venais chez vous ! J’envisageais deux voies : l’arcanisme et l’occultisme, ne voyant dans l’élémentalisme guère plus qu’une magie campagnarde et ennuyeuse, principalement utile pour soigner les pattes tordues du bétail. Je sortais de Thavnair pour la première fois, ne m’en voulez pas. Mais je pense toujours avoir raison.
L’arcanisme aurait pu me convenir, je savais déjà reconnaître quelques symboles et je pense avoir une tête bien faite. Mais ce que je n’ai pas dit, inattentif lecteur, j’étais venue cachée dans une caisse de soie. La douane, et donc quelques arcanistes n’ont guère goûté la plaisanterie de trouver une magnifique raenne endormie surprise dans de la soie froissée. J’ai pris la fuite, bien sûr ! Mais la rencontre ne laissait guère entendre des liens chaleureux entre les arcanistes et moi.
Il restait donc l’occultisme. Me voilà donc m’aventurer à Uldah. La magnifique Uldah. Pendant bien des lunes, j’ai vécu dans une chambre rue de la perle que je payais en faisant quelques petits contrats pour la pègre locale. Et j’ai rejoint la guilde des occultistes. Le saviez-vous, mes douces âmes ? J’ai été une vraie occultiste ! Robe sombre et petite sceptre ridicule ! Je suivais leurs apprentissages et j’apprenais les rituels funéraires ! Petit à petit, j’ai adopté une sorte de vie monastique et communautaire à l’Ossuaire. Pendant un temps, je pense que j’ai aimé cette vie : elle protège de la solitude tout en donnant un certain sens.
Je pense avoir été aimée à la guilde. J’étais vue comme une apprentie studieuse, souriante et sérieuse, quoiqu’assez maladroite : je ne maîtrisais pas encore votre chère langue. J’ai pu y apprendre à faire usage de mon éther, à le manipuler, à lui donner la signature que je désirais. Et si j’étais douée, bien sûr que je l’étais, tout ce travail de méditation, interne m’était compliqué. Je n’avais jamais appris à faire cela.
Mes mirages ne sont donc qu’une base d’occultisme vidé de sa substance. Même les bagues que j’utilise pour canaliser ne sont qu’une reprise des sceptres occultistes, dans un bien plus petit format, bien moins efficace, mais plus discrets. J’ignore si je serais encore capable, sceptre entre les mains de lancer les sorts classiques ! J’imagine que non. Et je ne le désire guère. J’aime l’idée de garder cet enseignement pour les rites funéraires. Il y a une douceur à ce que le monde fasse sens.
Je n’allais bien sûr pas rester ! Un beau matin, après avoir obtenu ce que je désirais, je quittais la guilde sans un mot. Sans une trace. Je rentrais à Thavnair, prête à créer mon nouvel outil. En quelques lunes, j’avais mes premiers résultats. Une étincelle ici, un éclat là, assez pour gagner quelques secondes quand il le fallait. J’ai appris à aimer la magie, son étude. Je la vois comme mon droit inaliénable à faire du monde ce dont j’ai envie, à lui donner l’apparence que je veux. Elle est devenue mon plus bel outil, et une certaine fierté.
La vie à la guilde me manque parfois.
Mais elle n’était pas digne de moi.
Si mes ennuyeux tours de magie t'intéressent, érudit ami, j'ai laissé quelques papiers à la fin du carnet, expliquant mes si sombres arcanes.
Dans la forêt. J’étudie la chanson. Me sens médiocre. Besoin d’une pause.
3. La magie
J’ignore ce que deviendra ce carnet. L’un de vous le lira un jour ? Je l’espère. Mon plus grand rêve serait qu’après un mandat s’étant mal passé, vous le trouviez sur mon cadavre encore tiède. Par les Sœurs, je pense beaucoup à la mort en ce moment. Aux différents types de morts ! Je pense avoir peur pour ma vie depuis que le Trium est apparu. Quelque peu terrifiée, soyons honnêtes. Mais ce n’est guère le sujet de ces quelques pages, Ô mes délicieux lecteurs. Je me questionnais quant à l’avenir de ce carnet, car j’ai un espoir ! Qu’un jour, l’un de nos brillants mages l’ouvre, lise les pages qui vont suivre, et mains sur les hanches, se mette à ronchonner quant à l’inexactitude de mes mots !
J’espère que vous le ferez.
J’ignore si je suis magie, magicienne ou sorcière comme dirait Vadimir. J’aime me dire mage pour ennuyer ceux qui le sont réellement. L’éclair de fierté quelque peu égratignée dans l’œil du Sharlayanais est un plaisir simple que beaucoup ignorent. Mais dans mon esprit, le mage sera ce bouquineux quelque peu taiseux, levant un doigt scolastique m’expliquant que toute chose égale par ailleurs, le flux d’éther à un degré de mouvance de 3.91 en climat sec et continental.
En cela, je ne suis pas mage. J’ignore comment l’éther fonctionne dans les détails théoriques, dirons-nous. Ô, mes lecteurs adorés, j’ai besoin de « pratiquer » l’éther pour comprendre son fonctionnement. J’ai besoin de le manipuler avant de savoir ce qui va se passer. Je connais quelques grandes lignes, mais rien qui n’échapperait à un élève médiocre d’une école de la cité blanche. Quoiqu’un peu plus tout de même, je reste « moi ».
Je dirais que mon rapport à l’usage de l’éther est avant tout profondément injuste. Pas pour moi ! Pour les autres ! J’ignore pourquoi, mais s’il existe un Mansuya de la magie, à ma naissance, le généreux s’est baissé au-dessus de mon berceau et m’a bénie. C’est une image, il ne me semble pas avoir eu un quelconque berceau. Mais quoiqu’il en soit ! J’ai de jolies quantités d’éther et j’ai toujours été très sensible à sa présence, et ses mouvements. Il m’arrive de penser que c’est en réalité une sorte de maladie, car j’ai aussi l’impression de plus subir les sorts contre mon imminente personne. Des blessures plus profondes, plus douloureuses ?
J’ai commencé à apprendre à l’utiliser auprès de la joyeuse troupe de danseurs dont j’écrivais quelques pages avant. Comment mobiliser son éther dans la danse, comment le puiser… J’avais reçu quelques brides, mais ma vile trahison aura rompu cet enseignement. Mon premier contact à la magie « classique » s’est fait lorsque j’ai commencé à apprendre à faire parler les serrures magiques. Ô mes Camarades, et Nazah le sait ! Le plaisir qu’il existe à vaincre une serrure qu’un mage bien plus intelligent, bien plus compétent que vous a mis des heures à forger ! J’ai pu apprendre l’existence de plusieurs arts magiques, et leur façon de « créer » des serrures !
Mais je n’avais aucunement l’intention d’apprendre quelques magies, simplement comment les casser. La magie s’est installée dans mon esprit suite à un besoin. Vois-tu, mon curieux ami, j’envisage plusieurs types de cambrioleurs. C’est une théorie de mon cru, j’espère que tu y trouveras un intérêt.
- Les ours : ils ne goûtent guère à la subtilité souvent prêtée aux voleurs. S’il est nécessaire de détruire un mur au marteau, la chose sera faite avec un plaisir visible ! Car après tout, pourquoi éviter un garde alors qu’il peut être neutralisé ?
- Les chats : de magnifiques athlètes ! Ils sont capables d’entrer n’importe où, et toute fenêtre n’est qu’une porte quelque peu coquine. Personne ne les entend et ils pourraient être dans la même pièce que vous sans même que vous ne le sachiez, tranquillement cachés dans votre meuble à biscuits.
- Les pies : vous laisserez vous-même entrer une pie chez vous. Elle chantera magnifiquement les mots que vous désirez entendre, mais un jour, elle disparaîtra, et avec elle, vos biens les plus précieux. Vous la pensiez amante ? Amie ? Servante ? Alors qu’au final, elle n’était que pie.
- Les cœurs : un cœurl peut aussi être voleur, mais je n’ai guère envie d’en parler. Ils ne méritent pas notre intérêt ce soir. Ce sont des brutes qui ne respectent pas notre art.
Je pense être une pie. J’ai pu me faire chat, mais ma carrière fut d’abord celle d’un oiseau. Je suis petite, légère, mais pour autant, je ne suis pas d’une fantastique agilité. Mais je sais chanter, et faire chanter ! Mais cela n’était pas toujours suffisant, et parfois, il manquait… une distraction, quelques secondes. Il nous fallait donc un nouvel outil pour vivre notre belle vie de criminalité, et ce fut la magie.
Thavnair n’est pas étranger à la magie. La Kriegstanz et l’alchimie peuvent s’en approcher. Et nous ne sommes pas sans prêtres dont les sorts me font penser à ceux de Kyuuji ou Albynn. Mais ce n’était pas ce que je désirais. Je me suis donc tournée vers la terre de la magie ! Eorzea. La première fois que venais chez vous ! J’envisageais deux voies : l’arcanisme et l’occultisme, ne voyant dans l’élémentalisme guère plus qu’une magie campagnarde et ennuyeuse, principalement utile pour soigner les pattes tordues du bétail. Je sortais de Thavnair pour la première fois, ne m’en voulez pas. Mais je pense toujours avoir raison.
L’arcanisme aurait pu me convenir, je savais déjà reconnaître quelques symboles et je pense avoir une tête bien faite. Mais ce que je n’ai pas dit, inattentif lecteur, j’étais venue cachée dans une caisse de soie. La douane, et donc quelques arcanistes n’ont guère goûté la plaisanterie de trouver une magnifique raenne endormie surprise dans de la soie froissée. J’ai pris la fuite, bien sûr ! Mais la rencontre ne laissait guère entendre des liens chaleureux entre les arcanistes et moi.
Il restait donc l’occultisme. Me voilà donc m’aventurer à Uldah. La magnifique Uldah. Pendant bien des lunes, j’ai vécu dans une chambre rue de la perle que je payais en faisant quelques petits contrats pour la pègre locale. Et j’ai rejoint la guilde des occultistes. Le saviez-vous, mes douces âmes ? J’ai été une vraie occultiste ! Robe sombre et petite sceptre ridicule ! Je suivais leurs apprentissages et j’apprenais les rituels funéraires ! Petit à petit, j’ai adopté une sorte de vie monastique et communautaire à l’Ossuaire. Pendant un temps, je pense que j’ai aimé cette vie : elle protège de la solitude tout en donnant un certain sens.
Je pense avoir été aimée à la guilde. J’étais vue comme une apprentie studieuse, souriante et sérieuse, quoiqu’assez maladroite : je ne maîtrisais pas encore votre chère langue. J’ai pu y apprendre à faire usage de mon éther, à le manipuler, à lui donner la signature que je désirais. Et si j’étais douée, bien sûr que je l’étais, tout ce travail de méditation, interne m’était compliqué. Je n’avais jamais appris à faire cela.
Mes mirages ne sont donc qu’une base d’occultisme vidé de sa substance. Même les bagues que j’utilise pour canaliser ne sont qu’une reprise des sceptres occultistes, dans un bien plus petit format, bien moins efficace, mais plus discrets. J’ignore si je serais encore capable, sceptre entre les mains de lancer les sorts classiques ! J’imagine que non. Et je ne le désire guère. J’aime l’idée de garder cet enseignement pour les rites funéraires. Il y a une douceur à ce que le monde fasse sens.
Je n’allais bien sûr pas rester ! Un beau matin, après avoir obtenu ce que je désirais, je quittais la guilde sans un mot. Sans une trace. Je rentrais à Thavnair, prête à créer mon nouvel outil. En quelques lunes, j’avais mes premiers résultats. Une étincelle ici, un éclat là, assez pour gagner quelques secondes quand il le fallait. J’ai appris à aimer la magie, son étude. Je la vois comme mon droit inaliénable à faire du monde ce dont j’ai envie, à lui donner l’apparence que je veux. Elle est devenue mon plus bel outil, et une certaine fierté.
La vie à la guilde me manque parfois.
Mais elle n’était pas digne de moi.
Si mes ennuyeux tours de magie t'intéressent, érudit ami, j'ai laissé quelques papiers à la fin du carnet, expliquant mes si sombres arcanes.