[Symbaroum] Iris

(fiche en travaux)
![]() | "Jamais des vôtres, mais toujours à vos côtés."Nom de naissance : inconnu Nom donné par les elfes : Iris Âge : 17ans Race : Humain-enlevé Classe : Scalde (aspiration : Frère-juré du Pacte) Origine : lieu de naissance inconnu, aurait été élevée quelque part sur les berges du lac Volgoma après son enlèvement par les elfes du Pacte de Fer. Allégeance : Le Pacte de Fer Statut : "Fille" du diplomate Ila'orakys, élève au conservatoire d'Yndaros. |
Entre deux peuplesÉchangée dans son berceau par un changeling à la naissance, Iris fait partie des nombreux enfants enlevés par les elfes. Elle n'a pas la moindre idée de quelle famille, quelle région ou classe sociale elle est issue. La seule famille qu'elle connaisse est Ila'orakys, à qui elle porte une profonde affection qui semble réciproque.Le Pacte de FerQu'on ne s'y trompe pas. Aussi aimable soit-elle envers les humains -autant que les autres peuples- Iris est loyale aux elfes qui l'ont élevée, ainsi qu'aux autres peuples alliés du Pacte de Fer. Si elle ne rejette pas son humanité, elle a conscience de sa différence. Son objectif est clair depuis son entrée à Yndaros : changer les choses et rallier le plus possible de son "peuple" à la cause du Pacte, quitte à semer la discorde et déclencher des conflits au sein des colonies. Tout cela de façon subtile et discrète, bien entendu...Le Chant des TrollsAuprès des Scaldes Trolls près de Volgoma, elle a appris le Chant du Monde et les anciens poèmes dont elle tire son pouvoir, celui des mots. En bonne fille de diplomate elle a compris très jeune qu'un auditoire conquis ou une parole bien placée peuvent être une arme plus redoutable que l'épée ou la magie. Ceci dit, pourquoi se priver de l'un ou l'autre ? | ![]() |


Prologue - Entre Vengeance et Pardon
![]() | Les ombres dansent au crépuscule à la lisière de la forêt, rendant le passage jadis interdit aussi terrifiant que dans les légendes. Le bruissement dans les feuilles laisse entrevoir la silhouette de ceux qui patientent, vêtus de vert et de gris, masquant leurs oreilles pointues sous des masques à bois de cerf. Sauf un, pâle, dont la chevelure argentée colle à son visage intemporel mais déjà marqué par le printemps et l'été de sa vie. Ils attendent, mais lui seul fixe l'horizon vers le sud le visage grave. Sa respiration est lente, mesurée. Enfin, trois silhouettes se dessinent sur la lande. Leurs semblables, qui avancent vers eux d'un pas rapide. L'elfe pâle s'avance à leur rencontre, avançant avec l'ombre qui s'étend depuis les arbres à la tombée du jour. "Ila'orakys" le salue celui qui mène le trio. "Nous avons eu un contretemps. - Anol-Sil. Nous vous attendions avant l'aube." L'elfe pâle baisse les yeux sur les trois éclaireurs, les bras croisés. Il cherche quelque chose du regard. L'un des deux autres, une femme, s'avance alors, soulevant sa cape, il dévoile la forme d'un nouveau né immobile, enroulé dans une de leurs couvertures de voyage. "Nous l'avons endormie à mi-chemin, mais elle est restée calme durant le voyage." Ila'orakys hausse un sourcil. "Elle ? Mais ce devait être... - Le contretemps en question." ajoute Anol-Sil, mais il fait signe à la femme de tendre l'enfant à l'elfe pâle. "Expliquez-vous." |
"Il clamait partout avoir un fils mais à l'évidence il n'avait aucune idée de ce que ce serait. Nous lui épargnons au moins cette déception puisque c'est un fils qu'il trouvera dans son berceau. La mère n'a pas survécu, elle ne pourra pas parler.
- Et les autres témoins ?
- Nous nous sommes occupés de la nourrice. Quant aux autres, qu'ils sachent ou non ils tairont ce qu'ils savent de peur de disparaitre à leur tour si leur maître venait à découvrir la vérité trop tôt. A eux de partir avant que l'enfant grandisse."
Ila'orakys ferme les yeux un instant, moins touché par l'émotion que par le respect dû aux morts. Un à un, les autres présents dans son dos se rapprochent, formant un cercle silencieux autour du "trophée" endormi dans ses bras, l'observant avec cette curiosité froide que l'on éprouve envers un spécimen nouveau d'une espèce un peu trop bien connue. Certains sourient légèrement, peut-être sont-ils malgré tout attendris par la vision d'un petit, tout humain qu'il soit.
"Très bien. Tristement cela fait mon affaire. Il ne pourra réclamer plus tard ce qu'il pourrait m'accuser d'avoir volé."
D'un salut formel, un signe du menton, l'elfe pâle se détourne du trio et s'apprête à retourner vers la forêt. Mais le visage de son allié l'interpelle, il suspend son mouvement.
"Parle, Anol-Sil. Je sens bien que tu ne dis pas tout."
L'éclaireur secoue la tête, il retire son masque affichant la cicatrice qui traverse son visage par le centre.
"Ils se multiplient. Leurs villes vont bientôt s'établir plus loin sur la plaine jusqu'ici, leurs soldats aussi, leurs mercenaires. Ils déshonorent la parole de leurs ancêtres, trompent leurs propres semblables avec des mensonges et la promesse de richesses... Et tu pars avec cette enfant pour je ne sais combien d'années au lieu de faire ce qu'un diplomate comme toi devrait faire avant que les armes prennent le dessus."
Anol-Sil se tait. Ila'orakys garde le silence, son regard d'acier plongé dans le sien. Il couvre l'enfant d'un geste machinal et la soulève un peu plus, comme pour la montrer à l'assemblée qui se resserre davantage autour d'eux.
"Tu l'as dit très justement, mon ami. Ils se multiplient. Ils n'ont cure de nos paroles, ni de nos avertissements. Déjà les toits de leur nouvelle capitale sont visibles depuis la cime des grands arbres. Je peux rester, et assister à la mise à mort du Pacte de Fer, ou je peux me retirer quelques années et préparer notre réponse à ce qu'ils oseront faire avec ou sans notre accord. - Alors tu as bel et bien un plan. - Je suis un diplomate, pas un pacifiste." Il sourit en coin, et tourne les talons finalement. Anol-Sil s'incline respectueusement, imité par ses deux camarades. Dans un dernier sursaut, il lui lance : "Que vas-tu faire avec cet enfant ?" Ila'orakys s'arrête, et répond sans se retourner : "Tu devrais plutôt t'inquiéter du sort de celui que tu as laissé dans les bras froids de sa mère. Son futur sera bien pire, et ce bien avant que son père ne découvre sa vraie nature." Il s'en va, suivi par son escorte silencieuse. De retour dans les bois, la marche se fait plus souple et détendue. Certains s'écartent pour surveiller, d'autres murmurent entre eux. L'elfe pâle veille à ce que l'enfant ne soit pas trop secoué. Il finit par sourire, un peu, quand une feuille morte lui tombe sur le front. Il ne l'enlève pas tout de suite. Ils s'enfoncent toujours plus dans la forêt. Un des elfes masqués aux bois de cerf s'approche doucement et se penche légèrement pour l'observer avant de déclarer sur un ton neutre : "Ils sont nombreux à grandir auprès de notre peuple à l'insu de leurs semblables. Nous en avons enlevé des dizaines, il est vrai qu'ils font de bons disciples, peut-être de bons alliés mais ils ne seront jamais nos égaux. Qu'espérez-vous changer ? - Tout dépend de ce que nous ferons d'eux" répond Ila'orakys. "En ce qui me concerne, je sais exactement ce qu'elle sera pour nous. | ![]() |
- Cela fait-il d'elle un être indigne de notre amour pour autant ?"
Il sourit, l'autre aussi. Mais il ajoute :
"Seigneur Ila'orakys, on vous a offert de choisir entre la vengeance et le pardon pour combler le vide dans votre coeur. Vous n'en avez choisi aucun...
- Au contraire, mon ami. J'ai choisi les deux."
Alors qu'ils traversent une clairière, les ombres semblent s'effacer l'espace d'un instant. Sous leurs pas, les fleurs sauvages s'ouvrent sous les rayons de lune et avec eux les yeux de l'enfant de la même couleur que leurs pétales.
"Iris, c'est un joli nom pour toi."

"Que sont-ils, père ?
- Des trolls. Ce que tu entends est leur chant. Selon la légende, la race troll fut créée à travers les chants du monde, murmurés par les esprits de l’air et de la poussière au rythme des battements de la queue du Serpent du Monde contre la roche. Aux yeux des trolls, les chants des Scaldes accompagnés du martèlement des Forgerons et des Guerriers qui s’agrippent aux murs de pierre des Abysses composent le grand hymne de la vie.
- Alors ils chantent... la mélodie du monde ?
- Oui, mon enfant. Voudrais-tu apprendre avec eux ?
- Le puis-je ?
- Si tu parviens à convaincre l'un d'eux, j'y consentirais."
Iris sourit, du haut de ses onze ans elle ne manquait déjà ni d'audace ni de curiosité, ainsi que Ila'orakys l'avait voulu. Il l'avait initié à l'histoire et à la vie en forêt, mais aussi aux arts et à la culture des peuples alliés du pacte. En bon diplomate qu'il était, l'elfe n'avait jamais perdu de vue son véritable objectif. Ce jour-là, proche de l'entrée des cavernes où vivait la tribu la plus proche des rives de Volgoma, il s'assit sur l'épaisse racine d'un arbre moussu et observa sa protégée s'avancer vers les scaldes qui la regardaient comme on regarde un chiot s'approcher en quête d'un compagnon de jeu. A son tour il sourit, confiant.
"Elle a grandi bien vite" dit une voix dans son dos.
Un troll âgé s'avança entre les arbres, et vint s'asseoir sur une large pierre plate juste à côté de lui. Gralusur n'était plus tout jeune mais son seuil œil encore valide passait du "père" à l'enfant, le sérieux grondant sous l'apparente paix de son visage.
"Tu veux qu'elle chante ?
- Elle, le veut. Si tes scaldes pensent qu'elle a du potentiel, si l'un d'eux veux lui enseigner, alors je la conduirais ici aussi souvent que nécessaire.
- J'aurais cru que tu l'inciterais au maniement des armes, que tu en ferais une guerrière pour le pacte plutôt qu'une chanteuse."
Ila'orakys souffla un rire, sa main se serra néanmoins autour de son bâton.
"Toutes les guerres ne se remportent pas sur le fil de l'épée ou la pointe d'une flèche. Le pacte ne manque pas de soldats, moi je suis un diplomate elfe appelé à retourner auprès des humains. Ces humains qui n'écoutent rien, ne respectent rien. La seule voix qu'ils entendent est celle du pouvoir de leurs semblables.
- C'est donc cela que je prépare depuis tout ce temps."
Le troll posa son regard sur l'enfant assise entre deux de ses congénères cinq fois plus grands qu'elle :
"Sa voix est semblable au chant de la rivière entre les arbres, et tu lui as déjà appris comment plaire à ceux qui croisent son regard. Nous lui apprendrons nos chants, et tu feras ce que tu as décidé. Mais crois-tu vraiment qu'une fois dehors, sa voix sera entendue par ses semblables ?
- J'y veillerais. Je ferais de mon Iris une fleur exotique dans leur jardin ennuyeux. Ils feront ce que font tous les humains, ils chercheront à la cueillir et user de ses dons sans s'inquiéter de ce qu'elle pense ou de qui elle sert."
Gralusur alluma sa pipe, indifférent.
"Et s'ils la reconnaissent ?"
L'elfe sourit un peu plus. L'amour sincère éprouvé pour son enfant enlevée se mua en un rictus cynique de politicien, puis ses yeux s'allumèrent d'une flamme plus dure encore.
"Alors puisse t-elle allumer le brasier de ma rancœur et rendre justice pour moi. Elle ne nous trahira pas même si la vérité éclate.
- Même nos anciens ne peuvent prédire l'avenir, mon ami. Veille à ne pas la laisser se consumer. Je crains que tu ne te relèves pas d'une autre perte."
Les elfes et les trolls marchent ensemble, chantent ensemble, se battent ensemble... et parfois décident ensemble d'un futur.

Iris ferma son sac après en avoir vérifié dix fois le contenu. La route jusqu'à l'orée des plaines sera longue mais une fois sortie du bois elle devra changer de vêtements, alors elle les a bien placé sur le dessus pour ne pas avoir à les chercher. Dehors, son père l'attend avec une escorte. Gralusur est venu leur dire aurevoir, ils ne reviendront pas avant plusieurs années.
"Allons-nous vivre dans une ambassade humaine ? Serons-nous accueillis au dehors ou dans les murs de la capitale ? Combien de temps faut-il pour s'y rendre, et combien de villes y a t-il sur le trajet ?
- Tu es bien curieuse, mon enfant."
Ila'orakys rit en lui caressant les cheveux.
"Tâche de te tenir comme il se doit lorsque nous seront arrivés. J'ai une surprise pour toi.
- Oh ?"
Face à un tel sourire désarmant, l'elfe leva les yeux au ciel. Il l'avait peut-être un peu trop bien formée dans l'art de la persuasion. Ou alors n'était-il finalement qu'un père comme un autre. Cette pensée lui arracha un nouveau rire.
"J'ai demandé à rencontrer les maîtres du conservatoire dès notre arrivée. Tu pourras poursuivre tes études à la capitale pendant que je travaillerais avec les autres diplomates."
Les yeux d'Iris s'illuminèrent à la mention du conservatoire et des deux écoles de danse dont son père lui avait parlé, à dessein bien sur, il n'avait jamais caché son intention de la pousser au plus haut niveau, qu'elle devienne un atout dans la manche de ses pairs. Ils quittèrent la demeure de l'elfe ensemble, comme une famille aux allures bien étrange. Une famille bâtie sur les braises de la vengeance et les cendres du pardon.
L'histoire n'avait pas encore commencé.
